« Mal-traité émoi » Que faire si je suis confronté à un risque de maltraitance d'enfants ? - Collectif - E-Book

« Mal-traité émoi » Que faire si je suis confronté à un risque de maltraitance d'enfants ? E-Book

Collectif

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Beschreibung

Comment déceler la maltraitance en milieu scolaire ?Toute personne appelée par son activité professionnelle à s'occuper d'enfants porte une responsabilité personnelle à l'égard de la prévention et de la détection de la maltraitance. Pour les enfants en âge scolaire, l'école reste le principal lieu où des inquiétudes concernant le bien-être de l'enfant sont exprimées. Les enseignants sont en première ligne et souvent extrêmement démunis face à ces situations qui les touchent en plein coeur. Il est donc essentiel qu'ils possèdent les connaissances de base en la matière.Ce manuel, outil pédagogique de référence adapté aux 3 baccalauréats (maternel, primaire et secondaire), fournit des moyens efficients afin d'identifier des situations de maltraitance infantile et d'y réagir adéquatement. Il sera utile aussi bien aux professeurs de psycho-pédagogie qu'aux formateurs d'étudiants en section pédagogique, aux enseignants, aux directeurs en fonction, aux agents PMS et PSE.Un outil pédagogique qui fournit de nombreux conseils aux professeurs pour reconnaître les signes de maltraitance au sein d'un environnement scolaire.EXTRAIT « L’état de bien-être d’un enfant n’est jamais un cadeau ou l’effet de la chance ou de la malchance. Au contraire, il est une production humaine, jamais purement individuelle, même pas uniquement familiale mais qui résulte de l’ensemble d’une communauté. » (BARUDY, 2005)Toute personne appelée par son activité professionnelle à s’occuper d’enfants porte une responsabilité personnelle en termes de prévention et de détection de la maltraitance.Il est indispensable que les enseignants, placés en première ligne, possédent un minimum de connaissances en la matière. [...]La maltraitance d’enfants a toujours existé. Toutefois, l’intérêt du monde médical envers cette problématique est très récent. Les premières lois concernant les droits de l’enfant apparaissent dans le courant du XXe siècle.En survolant l’histoire de l’humanité, on constate que l’enfant a toujours été victime de mauvais traitements de formes variées. Dans l’Antiquité, le père avait droit de vie et mort sur son enfant. Au Moyen-Age, les enfants étaient perçus comme des êtres pervers et diaboliques qu’il fallait dresser ou redresser.Le concept d’enfant maltraité sera clairement exprimé pour la première fois par Ambroise Tardieu en 1860. Ce médecin légiste a, le premier, décrit les sévices physiques ainsi que leurs conséquences psychologiques et médicales.

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Veröffentlichungsjahr: 2015

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Nous tenons à remercier :

Etienne Sottiaux, directeur de la catégorie pédagogique à l’HELMo

Anne-Marie Pétry, maître-assistant en pédagogie et méthodologie à l’HELMo

Anne Boskin, maître-assistant en pédagogie et méthodologie à l’HELMo

Patricia Daisomont, maître-assistant en dessin et éducation plastique à l’HELMo

Aurélie Cintori, maître-assistant en langue française à l’HELMo

Geneviève Beckers, gestionnaire du site et responsable comptable à l’HELMo-Sainte-Croix

Cécile Degueldre-Noël, directrice adjointe de la section normale préscolaire à l’HELMo

Régine Smal, Infographiste – Inforef

Julie Frères, réalisatrice

Avertissement

Le chapitre VI (partie 1) décrit les structures spécialisées dans la lutte contre la maltraitance en Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique. Les professionnels interviewés dans le DVD appartiennent à ces mêmes structures. Quelques coordonnées renvoient aux dispositifs équivalents en France, en Suisse et au Québec (cf. page 43).

Chapitre I : Introduction

« L’état de bien-être d’un enfant n’est jamais un cadeau ou l’effet de la chance ou de la malchance. Au contraire, il est une production humaine, jamais purement individuelle, même pas uniquement familiale mais qui résulte de l’ensemble d’une communauté. » (BARUDY, 2005)

Toute personne appelée par son activité professionnelle à s’occuper d’enfants porte une responsabilité personnelle en termes de prévention et de détection de la maltraitance.

Il est indispensable que les enseignants, placés en première ligne, possédent un minimum de connaissances en la matière.

Chapitre II : Rappel historique

La maltraitance d’enfants a toujours existé. Toutefois, l’intérêt du monde médical envers cette problématique est très récent. Les premières lois concernant les droits de l’enfant apparaissent dans le courant du XXe siècle.

En survolant l’histoire de l’humanité, on constate que l’enfant a toujours été victime de mauvais traitements de formes variées. Dans l’Antiquité, le père avait droit de vie et mort sur son enfant. Au Moyen-Age, les enfants étaient perçus comme des êtres pervers et diaboliques qu’il fallait dresser ou redresser.

Le concept d’enfant maltraité sera clairement exprimé pour la première fois par Ambroise Tardieu en 1860. Ce médecin légiste a, le premier, décrit les sévices physiques ainsi que leurs conséquences psychologiques et médicales.

En 1912, la Belgique se dote d’une loi concernant la protection de l’enfance. Il s’agit d’une des premières initiatives dans ce sens au niveau mondial.

L’Œuvre Nationale de l’Enfance (ONE) est fondée pendant la guerre 1914-1918 afin de soutenir les familles en difficulté en proposant une aide alimentaire et des moyens concrets pour la lutte contre la mortalité infantile.

C’est la loi du 5 septembre 1919 qui va organiser cette institution et lui conférer son nom. L’Œuvre Nationale de l’Enfance a pour mission d’encourager et de développer la protection de l’enfance. D’emblée, les objectifs de l’ONE sont définis dans une optique de santé publique, ce qui s’avère relativement novateur pour l’époque.

Il faudra attendre le milieu du XXe siècle pour que des radiologues, sous l’impulsion de John Caffey, reconnaissent l’origine traumatique de certaines fractures chez les jeunes enfants. C’est finalement Henry Kempe, un pédiatre américain, qui réussira en 1962 à sensibiliser ses contemporains à la réalité de la maltraitance des enfants.

En 1965, une loi relative à la protection de la jeunesse est votée en Belgique. Elle organise la défense sociale et judiciaire de l’enfant en danger, en visant particulièrement les familles qui ne peuvent résoudre leurs difficultés d’éducation et qui négligent le recours aux services sociaux compétents. Suite à cette loi, sont créés les Tribunaux de la Jeunesse et les Comités de Protection de la Jeunesse.

Entre 1979 et 1983, l’Œuvre Nationale de l’Enfance (ONE) subventionne une recherche interuniversitaire portant sur les thématiques de la maltraitance et de la négligence, sujets encore largement tabous à l’époque.

Ces recherches vont démontrer l’importance d’un soutien précoce à l’enfant maltraité et aux familles en crise, ainsi que la nécessité de favoriser une approche préventive et pluridisciplinaire. Enfin, ces mêmes recherches vont également souligner le fait que le phénomène de maltraitance se retrouve dans tous les milieux sociaux.

Suite à ces conclusions, l’ONE décide de multiplier les équipes pluridisciplinaires travaillant dans la confidentialité en Fédération Wallonie-Bruxelles. Elles seront appelées « équipes SOS Enfants » et seront chargées de venir en aide aux enfants victimes de maltraitance ainsi qu’à leur famille.

Au niveau mondial, la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989 fait pour la première fois de l’enfant un sujet de droit. De manière générale, elle reconnaît à l’enfant comme à toute personne des droits fondamentaux, tout en précisant qu’il bénéficie de droits renforcés et spécifiques du fait de son état de fragilité et de dépendance.

En Belgique, après la communautarisation de la protection de la jeunesse décidée par le législateur dès 1980, la Fédération Wallonie-Bruxelles met sur pied un décret de l’Aide à la Jeunesse en 1991. Ce décret vise spécifiquement les jeunes en difficulté et les personnes qui ne sont pas en mesure d’assumer leurs obligations parentales.

Les objectifs du décret sont, entre autres :

la priorité à la prévention ;

le droit à l’aide spécialisée et le respect des droits fondamentaux des jeunes et des familles ;

la priorité de l’aide en milieu de vie ;

la déjudiciarisation (privilégier les structures d’aide non judiciaire) ;

la protection des enfants abandonnés ou maltraités.

Selon les statistiques de l’ONE (2012), en Fédération Wallonie-Bruxelles, les équipes SOS Enfants reçoivent par an environ 5500 signalements d’enfants susceptibles de subir un problème de maltraitance au sens large du terme. Il apparaît que le nombre global de signalements augmente au fil des années. Cette hausse significative résulte d’une multitude de facteurs. Parmi eux, il faut souligner une sensibilisation grandissante au phénomène de maltraitance tant du côté de la population que des professionnels de l’enfance.

C’est toute une génération qui ose ouvrir les yeux sur la réalité de la maltraitance d’enfants, l’impact majeur de défaillances parentales graves sur le développement de l’enfant et l’importance des années d’enfance dans la construction de l’être humain. Une réflexion sur le phénomène s’engage avec le souci de mettre en place des stratégies d’action les plus adéquates possibles pour garantir à chaque enfant les conditions minimales de respect de ses besoins fondamentaux de stabilité et de sécurité indispensables à son développement.

Chapitre III : Les différents types de maltraitance et leurs conséquences

1. Définition générale

L’enfant maltraité peut être victime de violences physiques, de maltraitances sexuelles, de violences psychiques ou de négligences graves. Ces différents types de maltraitance peuvent entrainer des conséquences plus ou moins graves sur le développement physique, psychoaffectif et cognitif de l’enfant. Dans de nombreux cas, on observe le cumul de plusieurs de ces mauvais traitements.

On retiendra plus particulièrement que :

une attitude ou un comportement maltraitant peut être intentionnel ou non ;

la maltraitance peut être chronique ou ponctuelle ;

chacun d’entre nous peut, à un moment de sa vie, être maltraitant à l’égard d’un enfant ; la maltraitance survient dans tous les milieux sociaux même si elle est moins visible dans les milieux dits « favorisés » ;

face à cette problématique qui nous touche tous, chacun a un rôle à jouer selon la place qu’il occupe : être solidaire, offrir une aide professionnelle, une écoute, être un relais.

On distingue 4 types de maltraitance :

la négligence grave ;

la maltraitance psychique ;

la maltraitance physique ;

la maltraitance sexuelle.

Pour être tout à fait complet, il faut également évoquer un autre type de maltraitance. Les enfants ne les subissent pas au sein de leur famille mais à l’école ou dans l’institution où ils sont placés. Il s’agit de la maltraitance institutionnelle. Nous consacrons, à l’attention des enseignants, une catégorie spécifique consacrée à la maltraitance scolaire.

2. Les différents types de maltraitance

A. La négligence grave

« La négligence est un syndrome actuellement bien identifié dans le registre de la maltraitance. Elle consiste en une défaillance (intentionnelle ou par omission) des premières figures d’attachement qui n’apportent pas à l’enfant les soins de base nécessaires » (Zuravin, 1997).

On identifie 4 types de négligences : physique (nourriture, abri, vêtements), médicale (omission de soins, refus de traitement y compris en santé mentale), déficit d’éducation et de supervision des activités, et enfin négligence émotionnelle (Carter, 2007). On qualifie de « négligence grave » une situation recouvrant plusieurs de ces signes. Il est alors urgent de s’alerter.

Souvent, cette négligence dite « grave » se déploie sur plusieurs générations : les parents eux-mêmes ont connu des carences qui les rendent moins aptes à assumer leurs rôles parentaux. Ainsi, elle s’avère souvent chronique puisqu’elle se répète d’une génération à l’autre et concerne généralement tous les enfants de la famille. Cependant, la négligence peut parfois toucher un seul enfant, et ce, même dans des familles aisées et socialement favorisées. Elle peut aussi être de plus courte durée car liée à un moment de crise familiale. Les conséquences en sont alors moins lourdes.

Les conséquences sont multiples à court et à long termes. Elles ne sont pas toujours visibles immédiatement.

Conséquences émotionnelles et affectives

 : si les parents n’ont pas perçu, ou ont mal perçu les signaux émis par l’enfant (par exemple : faim, froid, anxiété…), celui-ci peut développer un attachement de type insécurisé ou angoissé. Dans une classe, cela peut se manifester sous les formes suivantes : un refus de dépendre de l’adulte même lorsque l’enfant est anxieux, une réaction persécutée et agressive à toute exigence ou frustration, des angoisses massives lors d’un changement de cadre de vie… (Berger, 2007).

Conséquences sociales

 : les difficultés de l’enfant au niveau de la reconnaissance de ses émotions et de celles des autres compliquent son adaptation sociale. Il peut osciller entre des positions de retrait social (peu d’interactions avec ses pairs) et des comportements plus agressifs.

Conséquences neurophysiologiques

 : le manque de stimulations dans les premières années de la vie ainsi que l’état de « stress chronique » dans lesquels peuvent vivre les enfants dont les adultes ne veillent pas aux besoins fondamentaux ont un impact négatif sur le développement du cerveau et donc des capacités intellectuelles de l’enfant.

Conséquences physiques

 : certains enfants ayant vécu une situation de négligence chronique peuvent présenter un retard staturo-pondéral et des carences alimentaires.

Conséquences cognitives

 : le manque de stimulations, le rythme de vie incohérent ainsi qu’une atmosphère stressante vont avoir des effets délétères sur la construction de la pensée, l’apprentissage de règles (règles de vie, de calcul ou de grammaire) et les capacités cognitives de l’enfant. L’absence de suivi et de soutien scolaire par la famille ne fera qu’accroître les difficultés lors de l’apprentissage. L’enfant se décourage souvent et se retrouve en décrochage scolaire ou orienté vers l’enseignement spécialisé alors qu’il ne rencontre fondamentalement aucun déficit intellectuel de base.

Le développement d’un enfant suppose la rencontre avec des adultes disponibles, stables et sécurisants, au sein d’un milieu stimulant. Un climat affectif peu chaleureux et/ou un manque d’attention aux besoins essentiels de l’enfant vont entamer son capital de développement.

En raison de leur histoire de vie, les parents négligents sont souvent très méfiants à l’égard du monde enseignant. Construire un lien de confiance avec eux peut les ouvrir à un autre regard sur l’institution scolaire. Offrir un cadre stable, respectueux et stimulant va jouer un très grand rôle dans l’évolution de ces enfants (cf. les témoignages du DVD).

B. La maltraitance psychique

La maltraitance psychique est certainement la plus difficile à définir et à reconnaitre alors qu’elle peut être très destructrice. Elle est souvent associée à d’autres formes de maltraitance.

La maltraitance psychique s’illustre par une série d’interactions entre le parent et l’enfant au cours desquelles le parent est constamment critique, dénigrant ou menaçant. Le parent peut en arriver à dénier les besoins de son enfant, voire même son existence.

Les principales inadéquations parentales psychiquement abusives correspondent à :

des attentes irréelles et démesurées concernant le comportement de l’enfant (exemple : scolarité, sport, obéissance…) ;

des qualifications humiliantes et injustes (débile, méchant, fou…) ;

des reproches injustifiés (l’enfant est bouc émissaire, il est jugé responsable de tous les problèmes de la famille) ;

des humiliations répétées en présence des autres (enseignants, amis, famille élargie) ;

des attributions de tâches et de responsabilités non compatibles avec son âge et sa qualité d’enfant ;

l’alternance de comportements de fusion et de rejet (« je t’aime plus que tout » puis à la moindre désobéissance « je ne veux plus te voir, je ne t’aime plus ») ;

des menaces régulières d’abandon ;

des perceptions déformées et/ou délirantes (inversion des rôles, persécution, suspicion…) : l’enfant est par exemple vécu comme cherchant volontairement à nuire à son parent, ou à l’inverse, le parent lui confie ses problèmes et attend de lui soutien et réconfort ;

la terrorisation (prendre plaisir à lui faire peur).

Les enfants émotionnellement maltraités vont développer une image négative d’eux-mêmes qu’ils vont garder tout au long de leur existence, sauf s’ils peuvent bénéficier d’un entourage affectif positif ultérieurement et d’une aide psychothérapeutique pour arriver à cerner l’origine de leur mal-être (ce n’est toutefois parfois pas suffisant). Ils risquent aussi de développer une perception menaçante de l’autre et du monde en général.