Maman Sabouleux - Eugène Labiche - E-Book

Maman Sabouleux E-Book

Eugène Labiche

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Extrait : " SUZANNE, chantant en ratissant des carottes : Si je meurs que l'on m'enterre, Dans la cave où est le vin... (Parlé Cristi ! j'ai manqué de me couper ! PÉPINOIS, entrant avec une enseigne sous le bras : Ohé! père Sabouleux ! père Sabouleux ! SUZANNE : Tiens ! c'est Pépinois, le perruquier... Bonjour, perruquier ! "À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARANLes éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes. LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants : • Livres rares• Livres libertins• Livres d'Histoire• Poésies• Première guerre mondiale• Jeunesse• Policier

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EAN : 9782335055177

©Ligaran 2015

Maman Sabouleux

Intérieur rustique, chez Sabouleux. – À droite, premier plan : une grande cheminée, garnie à l’intérieur d’ustensiles de cuisine, caillez à pot, écumoire, soufflet, etc. Une marmite est accrochée à une crémaillère au-dessus du feu ; une grande bouilloire près du feu. Sur la cheminée, une tasse, un plat à barbe, une serviette. – Même côté, deuxième plan, une porte. – Au troisième plan, formant pan coupé, est une vieille porte, avec deux marches, sur laquelle est écrit : PORTE DU CLOCHER.– Au fond, porte principale, et, à gauche de celle-ci, une grande fenêtre, ouvrant sur la place du village. – À gauche, aux troisième et deuxième plans deux portes. – Au premier plan, un buffet ; près du buffet, une table et deux chaises. – Sous la fenêtre, une autre table, sur laquelle est un tambour, un gros pain, du lard, une bouteille et un gobelet d’étain. – Sur le buffet, une bouteille et deux gobelets d’étain ; un balai entre la porte et le buffet.

Personnages

SABOULEUX, père nourricier.

PÉPINOIS, son voisin.

M. DE CLAQUEPONT, 45 ans.

GOBERVAL, 55 ans.

MADAME DE CLAQUEPONT, 36 ans.

SUZANNE, 8 ans, fille de Claquepont.

La scène se passe dans un petit village à trente lieues de Paris.

Scène première

Suzanne, puis Pépinois, puis la voix de Sabouleux.

Suzanne est en costume de petite paysanne, avec des sabots ; elle est assise près de la cheminée et ratisse des carottes sur ses genoux.

SUZANNE,chantant en ratissant des carottes
Si je meurs que l’on m’enterre
Dans la cave où est le vin…

(Parlé.). Cristi ! j’ai manqué de me couper !

PÉPINOIS,entrant avec une enseigne sous le bras

Ohé ! père Sabouleux ! père Sabouleux !

SUZANNE

Tiens ! c’est Pépinois, le perruquier… Bonjour, perruquier !

PÉPINOIS

La nourrissonne ! – Bonjour… qu’est-ce que tu fais là ?

SUZANNE

Je ratisse des carottes pour la soupe de maman Sabouleux.

PÉPINOIS,riant

Maman Sabouleux !… un vieux pochard de quarante-deux ans… tambour du village et gardien du clocher…

SUZANNE

Puisque c’est ma nourrice.

PÉPINOIS

Elle y tient !… Je viens lui faire la barbe, à ta nourrice. (Appelant.) Ohé ! père Sabouleux !

Il pose renseigne près de la table du premier plan.

VOIX DE SABOULEUX,dans la coulisse à gauche

Je suis dans mon lit… je prends mon café au lait !

PÉPINOIS

Dans son lit ! à neuf heures ! (À part.) Cristi ! quel bon état que d’être nourrice !… et dire que je ne pourrai jamais-t-être nourrice !

SUZANNE,qui a fini de ratisser ses carottes

Là !… j’vas mettre mes carottes dans la marmite.

Elle va à la marmite, y met les carottes et souffle le feu.

PÉPINOIS,riant

Et elle paye pour ça !… ah ! elle est bonne !

AIR de l’Ours et le Pacha.

Pendant que l’gaillard dans son lit
Comme un notaire se câline,
C’est sa nourrissonn’qui l’nourrit,
Et lui fricote sa cuisine !
Prrré Sabouleux ! quel bon métier !
Mais je dis qu’en bonne justice,
Au lieu d’en tirer bénéfice,
À sa nourrissonn’c’nourricier
Doit payer les mois de nourrice.

C’est égal, si le papa savait ça !… un Parisien qui a quarante mille livres de rente… et des breloques grosses comme ça !… y serait peu flatté. (Haut.) Nourrissonne, qu’est-ce qui t’a réveillée ce matin ?

SUZANNE,venant à lui

C’est le coq… je ne sais pas ce qu’il avait à brailler comme ça ?…

PÉPINOIS,hésitant

Dame !… il avait… il avait… mal aux dents, (À part.) Faut pas dire de bêtises aux enfants !

SUZANNE,qui a goûté le bouillon

J’ai oublié le sel.

PÉPINOIS,s’approchant de la cheminée

Mâtin !… ça sent bon.

SUZANNE

C’est du bouillon.

PÉPINOIS

Avec de la viande ?

SUZANNE

Qu’il est bête ! Est-ce qu’on fait du bouillon avec des briques ?

PÉPINOIS,riant

Ah ! ah ! ah !… Elle est gaie, la nourrissonne !(Prenant une tasse sur la cheminée.) Voyons ce bouillon ?

SUZANNE,le repoussant avec la cuiller à pot

À bas les pattes !

PÉPINOIS

C’est bon ! c’est bon ! (À part.) Cette petite fille est d’un rat !… (Allant à la porte de droite.) Ohé ! père Sabouleux !

VOIX DE SABOULEUX

De quoi ?

PÉPINOIS

J’ai rafistolé votre enseigne.

VOIX DE SABOULEUX

Veux-tu prendre la goutte ?

PÉPINOIS

Toujours.

VOIX DE SABOULEUX

Attends-moi… je m’habille.

PÉPINOIS,à Suzanne

J’ose dire que voilà une œuvre d’art ! (Montrant au public l’enseigne sur laquelle on lit ces mots : ALLARD NOMMÉ DES HOMMES LAIT : MAMAN SABOULEUX PRAN LES NOURRISSONS AN CEVRAJE. ENGLISH SPOKEN, et lisant) : « À la renommée des omelettes !… maman Sabouleux, prend les nourrissons en sevrage. English spoken. »

SUZANNE

Qu’est-ce que ça veut dire ?

PÉPINOIS

English spoken ? Je n’en sais rien… ça se met sur les enseignes.

SUZANNE

Ça doit être pour faire essuyer les pieds.

PÉPINOIS

C’est bien possible. English, essuyez… spoken, vos pieds.

SUZANNE

Alors pourquoi que t’as pas essuyé les tiens ?

PÉPINOIS

L’enseigne n’étiont pas accrochée

SUZANNE

Eh bien, accroche-la.

PÉPINOIS

C’est juste… Après, j’aurai-t-y du bouillon ?

SUZANNE

Oui… avec une fourchette.

PÉPINOIS,remontant vers le fond pour accrocher l’enseigne

Cette petite fille est d’un rat !…

Il disparaît un moment hors de la porte du fond.

SUZANNE,seule

Mon pot-au-feu mitonne… j’vas donner un coup de balai.

Elle remonte près du buffet et prend un balai.

PÉPINOIS,rentrant

Ça y est… c’est accroché…

SUZANNE,lui offrant le balai

Tiens ! prends ça…

PÉPINOIS

Moi ? pour quoi faire ?

SUZANNE

Pour balyer…

PÉPINOIS

Ah ! mais non ! j’ai pas le temps !…

SUZANNE,l’imitant

« J’ai pas le temps !… » Quand il s’agit de travailler, il a toujours un cheveu dans la main, celui-là !

Elle lui met le balai dans les mains.

PÉPINOIS,éclatant

Nourrissonne !

SUZANNE,sur le même ton

Perruquier !

Scène II