Manuel-Roret du relieur - Louis-Sébastien Lenormand - E-Book

Manuel-Roret du relieur E-Book

Louis-Sébastien Lenormand

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Beschreibung

Brocher un volume, c’est en disposer les feuilles dans un certain ordre, puis, pour les empêcher de se séparer, les réunir par quelques points de couture et coller par-dessus une couverture de papier.
Ce travail est précédé de trois opérations que la feuille imprimée reçoit au sortir de la presse le séchage, le satinage et l’assemblage. Les opérations de la brochure proprement dite sont la pliure, le collectionnage et la couture des feuilles.
Lorsque les feuilles d’un ouvrage les ont reçues, on met le volume sous presse entre des ais bien plats pour en rendre le dos plus carré et pour l’amincir ; on le couvre avec une couverture de papier imprimé ou uni, puis on ébarbe les feuilles qui dépassent les témoins ou marges régulières des feuilles pliées, ou bien on rogne le volume broché.
Les imprimeurs livrent habituellement au brocheur les feuilles séchées, lorsqu’elles ont été trem- pées avant l’impression ; lorsqu’ils tirent à sec, ils ne laissent les feuilles étendues que le temps nécessaire pour que l’encre sèche bien et ne macule pas. Le satinage, qui fait disparaître le foulage de l’impression, et le glaçage, qui donne une surface lisse et polie au papier, sont aussi exécutés dans la plupart des imprimeries, lorsque les locaux affectés à ces travaux sont assez importants.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Manuel-Roret du relieur

Louis-Sébastien Lenormand

1903

© 2023 Librorium Editions

ISBN : 9782385740870

PRÉFACE

Dans son Essai sur la Reliure des Livres chezles anciens, qui a paru en 1834, M. Peignot s’exprimait ainsi :

« L’art de la reliure a pris de nos jours un tel accroissement de luxe, un tel degré de fraicheur et d’éclat, que ses riches produits le disputent souvent au mérite ou à la rareté des ouvrages, et même quelquefois leur sont préférés. Nous n’osons cependant pas dire un tel degré de perfection ; car quels que soient les talents très-remarquables des plus habiles relieurs modernes, il faut convenir que l’on n’a point encore surpassé en solidité et même en beauté ces fameuses reliures dont les Grollier et les de Thou ont, au XVIe siècle, enrichi leurs bibliothèques. On peut en juger à l’aspect de ces chefs-d’œuvre dont la Bibliothèque impériale et quelques cabinets d’amateurs conservent de précieux débris. D’ailleurs n’est-ce pas à une infinité d’anciennes reliures qui remontent au règne de Henri II, et qui ont été exécutées par ce prince

lui-même, et plus haut encore, que l’on a emprunté ces compartiments admirables, ces fleurons élégants, ces gaufrures délicates qui font les délices des amateurs ? Non, disons-le franchement, la reliure n’est point perfectionnée ; mais on a eu le bon esprit de recourir, avec beaucoup d’art et de talent, aux errements de nos anciens artistes ; et en les imitant, on a donné à la reliure moderneun air de nouveauté bien fait pour séduire par le goût avec lequel ces antiques ornements sont disposés ; et l’on peut dire, sous ce rapport, que c’est une heureuse découverte. »

Depuis un demi-siècle, l’art a fait de véritables et réels progrès, et les reliures modernes ne le cèdent en rien à celles produites par les plus célèbres artistes des siècles précédents. C’est aux développements des arts mécaniques, à ceux qu’a pris dans ces derniers temps la chimie, aux arts du dessin plus répandus, plus étudiés qu’autrefois, et enfin au bon goût qui s’est perfectionné (ces artistes ayant sans cesse sous les yeux d’immortels chefs-d’œuvre), qu’on doit attribuer les perfectionnements qu’on peut à juste titre imputer à tous les arts industriels et auxquels celui de la reliure a largement participé.

C’est pour exposer les principes de cet art et ces perfectionnements que ce manuel a été rédigé, et nous espérons qu’il contribuera encore à former de nouveaux artistes recommandables par l’élégance, la grâce et la solidité de leurs œuvres.

La nouvelle édition du Manuel du Relieur, que nous publions aujourdhui, a été corrigée dans ses plus petits détails et augmentée des nouveaux procédés que l’ancienne ne contenait pas. Afin de ne pas trop grossir notre volume nous avons supprimé, quelquefois bien à regret, les anciens procédés qui ne sont plus en usage dans les grands ateliers de Paris. Si quelques-uns de nos lecteurs voulaient y revenir pour un motif quelconque, ils devraient recourir à l’édition de 1867, dans laquelle ils les retrouveraient. En effet, il arrive souvent, dans l’industrie, que des méthodes abandonnées servent de point de départ à des procédés nouveaux, par suite de modifications et de tours de main perfectionnés.

Quoique notre volume traite spécialement de l’Art de la Reliure, nous avons jugé utile de conserver, avec quelques modifications, la description des Arts qui s’y rattachent si intimement qu’aucun relieur voulant connaître à fond son métier, ne peut les ignorer. Tels sont l’Assemblage, le Brochage et le Cartonnage, industries exploitées dans les grands centres industriels, comme Paris, par des ouvriers spéciaux, mais que les petites maisons de reliure exercent journellement. Ces industries sont réunies dans la première partie de notre ouvrage.

La seconde partie traite spécialement de la Reliure ; elle renferme la marbrure et la dorure des tranches, ainsi que l’ornementation des dos et des plats ; industries qui emploient souvent des ouvriers spéciaux et des artistes d’un mérite incontestable. C’est cette partie de notre ouvrage qui a subi les modifications les plus importantes. Nous avons dû y introduire les méthodes nouvelles employées dans les principaux ateliers, et surtout les machines récentes qui ont si profondément changé l’art de la Reliure.

Pour ne parler que d’un détail, nous avons fait représenter les petits fers, qui servent à l’ornementation des reliures riches, et nous les avons classés par styles, en n’admettant que ceux d’une authenticité incontestable. Ces gravures seront de la plus grande utilité aux industriels qui sont éloignés des centres où ils peuvent recourir aux artistes en renom, et qui sont obligés d’exécuter par eux-mêmes des travaux qu’ils ne connaissent pas ou desquels ils n’ont qu’une idée imparfaite. De là ces erreurs grossières que l’on rencontre trop souvent sur des reliures coûteuses, peu en rapport avec les ouvrages qu’elles habillent. Nous espérons que nos lecteurs ne tomberont plus à l’avenir dans ce défaut.

Nous publions donc aujourd’hui avec confiance cette nouvelle édition d’un ouvrage déjà estimé, persuadé que nous sommes que le public nous saura gré des efforts que nous avons faits pour l’améliorer et le rendre digne de la faveur dont il a joui jusqu’à ce jour.

NOUVEAU MANUEL COMPLET

DU

RELIEUR

PREMIERE PARTIEBROCHAGE

Brocher un volume, c’est en disposer les feuilles dans un certain ordre, puis, pour les empêcher de se séparer, les réunir par quelques points de couture et coller par-dessus une couverture de papier.

Ce travail est précédé de trois opérations que la feuille imprimée reçoit au sortir de la presse le séchage, le satinage et l’assemblage. Les opérations de la brochure proprement dite sont la pliure, le collectionnage et la couture des feuilles.

Lorsque les feuilles d’un ouvrage les ont reçues, on met le volume sous presse entre des ais bien plats pour en rendre le dos plus carré et pour l’amincir ; on le couvre avec une couverture de papier imprimé ou uni, puis on ébarbe les feuilles qui dépassent les témoins ou marges régulières des feuille pliées, ou bien on rogne le volume broché.

Les imprimeurs livrent habituellement au brocheur les feuilles séchées, lorsqu’elles ont été trem- pées avant l’impression ; lorsqu’ils tirent à sec, ils ne laissent les feuilles étendues que le temps nécessaire pour que l’encre sèche bien et ne macule pas. Le satinage, qui fait disparaître le foulage de l’impression, et le glaçage, qui donne une surface lisse et polie au papier, sont aussi exécutés dans la plupart des imprimeries, lorsque les locaux affectés à ces travaux sont assez importants.

Mais ces dernières opérations sont aussi du ressort des brocheurs, lorsqu’elles n’ont pas été exécutées à l’imprimerie ; pour cela, ils doivent disposer de locaux vastes et bien aérés, dans lesquels ils font leur étendage jusqu’à complète siccité du papier.

Avant donc de parler des opérations qui sont spécialement du ressort du brocheur, il ne sera pas inutile que nous décrivions celles du séchage, de l’assemblage, de glaçage, du satinage et du pliage.

Elles se font toutes chez le brocheur, mais dans des ateliers distincts ; en outre, elles sont généralement confiées à des ouvriers spéciaux.

CHAPITRE Ier.Séchage.

Ainsi que nous venons de le dire, le séchage ou étendage ont pour but d’enlever au papier toute l’humidité qu’il contient, afin qu’il se conserve à l’abri de toute avarie ultérieure, et de faire sécher l’encre d’imprimerie pour qu’elle ne se reporte pas d’une feuille sur l’autre et qu’elle ne macule ou salisse pas les cartes à satiner que l’on emploie pour effacer les reliefs donnés au papier par les caractères typographiques.

Pour opérer, il faut choisir un local bien aéré, pourvu de tuyaux chauffés à la vapeur, de préférence aux tuyaux de poêles, qui ont le grave inconvénient de causer des incendies, ou chauffé à l’air chaud par des bouches de calorifère.

On fait encore usage de fours ou chambres à air chaud ou froid, que l’on introduit alternativement au moyen de ventilateurs, ce qui permet de passer au laminoir ou à la calendre, au bout de quelques heures, les feuilles ainsi séchées. Cette opération exige une grande prudence, afin de ne pas faire durcir les papiers jusquà les rendre cassants.

À une certaine distance du plafond, on dispose parallelement des cordes ou des tringles en bois blanc, destinées à recevoir les feuilles de papier.

Les cordes ont le grave défaut de tordre les feuilles de papier en les déformant plus ou moins.

Si l’on se sert de tringles en bois, il faut donner la préférence au peuplier, qui a l’avantage de ne pas tacher le papier. On dispose sur champ ces tringles, qui ont de 5 à 6 centimètres de hauteur sur 1 à 2 centimètres d’épaisseur et dont le dessus doit être arrondi, afin de ne pas laisser de pli sur la feuille de papier. Elles doivent être rigides, et ne pas avoir une portée trop grande ; on peut donc, suivant les exigences du local, les soutenir par une autre tringle transversale de 4 à 5 centimètres carrés.

Avant d’étendre les feuilles, on commence par les placer sur une table dans un certain ordre. Pour cela, après avoir pris l’une d’elles, on la pose à plat sur cette table, de façon que la signature touche cette dernière, sur la gauche de l’ouvrier, puis, sur cette feuille et de la même manière, on met, les unes sur les autres, pour en former une pile, toutes les feuilles semblables, c’est-à-dire qui portent la même signature.

Ces préparatifs terminés, on procéde à l’étendage. Pour cela, l’ouvrier prend ce qu’on appelle une pincée de feuilles, c’est-à-dire une poignée de cinq ou six feuilles, d’une demi-main au plus, mais composée d’une ou deux feuilles seulement si le séchage doit être fait rapidement. Il tire un peu vers lui cette pincée, que l’on nomme ferlet ou étendoir, couche l’excédant de la feuille par-dessus, puis pose cette première pincée à cheval sur l’une des cordes ou des tringles. Moyennant cette disposition, la signature se trouve en dehors, et l’on peut la retrouver facilement et la lire, si l’on en a besoin. On remplit ainsi successivement toute l’étendue de la première corde ou de la première tringle, après quoi on passe aux suivantes ; mais il faut toujours avoir soin que l’extrémité de chaque poignée porte d’environ 4 à 5 centimètres sur la précédente, ce qui, tout en économisant l’espace, permet, quand le papier est sec, de faire glisser plusieurs poignées sur une seule et abrège ainsi l’opération du détendage, qu’on nomme encore relevage.

Lorsqu’on est arrivé à la dernière pincée de la pile ou de la feuille dont on s’occupe, on a soin, avant de la poser sur la corde, de la couvrir d’une maculature, en d’autres termes, d’une feuille de gros papier commun. Cette maculature sert à indiquer la fin de chaque feuille, et à annoncer le commencement de la suivante. On distingue de la même manière les différentes sortes de papiers, par des maculatures de couleur ou de nature différente.

On ne doit pas oublier, quand on étend les feuilles, de les bien redresser. Il faut surtout se garder de les mêler et avoir soin de les tourner toutes dans le même sens. Enfin, on ne doit pas perdre de vue que le papier épais et sans colle sèche moins vite que le papier mince et collé, et qu’en général, quelle que soit la température du séchoir, il est bon que les feuilles restent sur les cordes au moins six heures et, de préférence, dix à douze heures, si cela est possible.

Lorsque les feuilles sont suffisamment sèches, l’ouvrier, toujours muni du ferlet, fait glisser plusieurs pincées l’une sur l’autre, pour en former une poignée, qu’il enlève et bat sur la table, pour les bien égaliser. Enfin, il réunit en un seul tas, ou pile, toutes celles d’une même signature, ou par séries de 100 ou au-des-sus, au moyen d’une marque quelconque.

CHAPITRE II.Assemblage.

Assembler les feuilles imprimées, c’est les réunir, et les mettre en ordre pour en former des volumes. Cette opération se fait toujours après le séchage.

Pour effectuer son travail, l’assembleur a besoin d’une table étroite, mais suffisamment longue pour qu’on puisse y placer à plat et à la file une quinzaine de piles ou tas de feuilles, les feuilles de chaque tas portant toutes la meme signature.

Si le volume a moins de quinze feuilles, on l’assemble en une seule fois ; s’il en a davantage, l’opération a lieu en deux ou trois reprises. Dans tous les cas, on compose les paquets, ou formes, d’un égal nombre de feuilles, celles de chaque tas ayant naturellement la même signature.

Avant de commencer son travail, l’assembleur doit s’assurer si, en empaquetant les feuilles après le séchage, l’imprimeur n’a commis aucune erreur. Pour cela, si l’ouvrage n’a qu’un volume, il examine si les feuilles de chaque paquet portent bien la même signature. Un coup d’œil jeté sur le titre courant lui apprend si les feuilles, qui ont la signature convenable, appartiennent bien au même ouvrage. Enfin quand l’ouvrage est en plusieurs volumes, un chiffre ou une réclame, qui se voit sur la gauche de la ligne de pied, dont la signature occupe la droite, lui indique le volume.

On distingue deux sortes d’assemblages : l’assemblage à l’allemande et l’assemblage à la française. Nous ne nous occuperons que du premier, parce qu’il est le plus sûr, le plus rapide et le plus employé.

Supposons que le nombre des feuilles soit inférieur à quinze. L’assembleur divise celles de chaque signatures en paquets qui en contiennent une quantité déterminée, comme 500, 1 000, etc. ; et qu’on appelle formes, après quoi il range ces paquets sur la table, en suivant l’ordre des signatures et allant de gauche à droite. En outre, il les dispose de façon que les signatures soient à sa gauche. De cette manière, la première forme à gauche renferme les feuilles marquées 1 ou A. Elle a à sa droite la forme dont les feuilles sont signées 2 ou B, de même que celle-ci a également à sa droite la forme contenant les feuilles 3 ou C, et ainsi de suite.

Ces préparatifs achevés, l’assembleur se place devant le premier parquet. Il appuie la main gauche sur le milieu du bord des feuilles, puis, avec le pouce de la main droite, qu’il a très-légèrement mouillé, il soulève la première feuille par l’angle du côté où se trouve la signature, et la transporte sur le second paquet.

Il soulève de même la première feuille de ce paquet et la transporte, avec celle qu’il y a posée, sur le troisième paquet, où il prend encore une feuille, pour la transporter, avec les deux précédentes, sur le quatrième. Il continue ainsi jusqu’à ce qu’il ait pris une feuille sur tous les paquets.

En procédant de cette manière, la feuille 1 ou A se trouve nécessairement sur la feuille 2 ou B, de même que les deux feuilles 1 et 2 se trouvent sur la feuille 3 ou C, les feuilles 1, 2 et 3 sur la feuille 4 ou D, les feuilles 1, 2, 3 et 4 sur la feuille 5 ou E, etc. Quand l’assembleur a terminé de lever ce qu’il appelle une pincée de feuilles, il les bat par les bouts sur l’extrémité de la table et, en même temps, il les manipule dans tous les sens, afin de les dresser en faisant rentrer celles qui dépassent les autres. Enfin, il les plie en deux dans le sens des pointures produites au tirage, et il met à part l’espèce de cahier qu’elles forment, et qu’on désigne sous le nom de partie.

La première partie étant faite, on en forme une seconde, puis une troisième, une quatrième, une cinquième, etc., jusqu’à épuisement des paquets, et, à mesure qu’elles sont terminées, on les met les unes sur les autres, en les tournant barbes et dos, de dix en dix, disposition qui a principalement pour objet de donner de la stabilité aux piles et qui, de plus, en affaissant le papier, communique un aspect plus agréable à l’impression quand, pour une raison quelconque, on a cru devoir se dispenser du glaçage et du satinage.

En procédant comme il vient d’être dit, chaque partie forme un volume complet. Il n’en est plus de même quand le volume se compose d’un très-grand nombre de feuilles, comme vingt, trente, quarante, etc. Dans ce cas, si l’on voulait assembler toutes les feuilles en une fois, il faudrait une table et, par suite un bâtiment d’une longueur trop considérable. On y supplée en divisant les feuilles en trois portions égales ou à peu près, et l’on assemble ces portions l’une après l’autre, ce qui rend plus que suffisante la table employée pour les volumes de moins de quinze feuilles. Supposons que les feuilles soient groupées par dix. On s’occupe d’abord de l’assemblage des dix premières formes, de celles par conséquent, qui renferment les dix premières feuilles, depuis la signature 1 ou A jusqu’à la signature 10 ou J. On les range sur la table, en suivant l’ordre des signatures, et allant de gauche à droite, absolument comme ci-dessus, puis, également comme ci-dessus, on enlève les feuilles pour en faire des parties.

Les dix premiers paquets étant épuisés, on passe aux dix suivants, lesquels se composent des feuilles qui vont depuis la signature 11 ou K jusqu’à la signature 20 ou T inclusivement, et l’on répète pour eux les opérations que l’on a faites pour les précédents.

L’assemblage des autres paquets s’effectuant comme celui des vingt premiers, il est inutile que nous nous y arrêtions.

Quand toutes les feuilles sont groupées en cahiers ou parties, il faut les réunir pour en former des volumes. Il suffit pour cela d’assembler les parties de la même manière qu’on a assemblé les feuilles. C’est ce qu’on appelle mettre les parties en corps ou simplement mettre en corps. On range donc sur la table, en allant de gauche à droite, d’abord la pile des dix premières feuilles, puis celle des dix suivantes etc., et, lorsque toutes les petites piles sont placées, on enlève un cahier à chacune d’elles, en opérant comme nous l’avons dit ci-dessus pour les feuilles. Enfin, on empile les volumes en les tournant, de dix en dix, barbes et dos, en sens contraire.

Que l’ouvrage se compose d’un seul volume ou de plusieurs, le travail de l’assembleur ne varie en rien. Dans le cas de plusieurs, on assemble nécessairement les volumes l’un après lautre.

Mais on n’assemble pas seulement les feuilles de texte ; on en fait autant pour les planches tirées à part. Toutefois, l’opération est ici plus simple. En effet, au lieu de grouper les planches en cahiers, on se contente de les placer les unes sur les autres en suivant l’ordre des numéros, et l’on sépare celles qui appartiennent à chaque volume au moyen d’une bande de papier, ordinairement de couleur, que l’on pose en travers et que l’on choisit assez longue pour dépasser un peu le paquet.

En exécutant son travail, l’assembleur a deux précautions importantes à prendre. Il doit

1° Faire en sorte de ne pas lever plus d’une feuille à la fois sur chaque forme, parce qu’alors le volume aurait plusieurs feuilles de la même signature, ce qui décompléterait autant d’exemplaires ;

2° S’arrêter immédiatement si, en arrivant vers la fin d’une série de paquets, il s’aperçoit qu’il lui manque quelque feuille. Il faut alors collationner toutes les parties déjà faites, c’est-à-dire en compter les feuilles et, en même temps, en vérifier les signatures. Si une erreur a été commise, la seule manière de la réparer consiste naturellement à extraire la feuille du cahier où elle a été introduite en trop, et à l’ajouter au cahier où elle manque.

Après qu’on a assemblé toutes les feuilles imprimées, il en reste toujours un certain nombre dont l’ensemble ne pourrait pas former des volumes complets, parce que, pour une cause quelconque, celles de plusieurs signatures manquent. Ces feuilles constituent ce qu’on nomme des défets. Il faut plier avec soin toutes celles qui portent la même signature, puis les classer par ordre les unes sur les autres, et enfin en faire un paquet particulier. On est plus tard fort heureux de les trouver pour compléter des volumes dont une feuille a été déchirée ou maculée en totalité ou en partie.

Quand les volumes ont été entièrement assemblés, et qu’on a livré au brocheur ou au relieur les exemplaires dont on a besoin pour le moment, toutes les parties d’assemblage sont mises en ballot, de façon qu’elles représentent la valeur de huit à dix rames, suivant la force du papier. Pour égaliser chaque ballot, on alterne dans le placement la barbe et le dos. De plus, on en garantit les extrémités avec de fortes maculatures, c’est-à-dire des feuilles d’un papier commun, mais très-solide, et on le serre avec des cordes au moyen d’une espèce de gros bâton qu’on appelle loup. Enfin, on colle sur chaque maculature une étiquette portant le titre de l’ouvrage et le nombre d’exemplaires ou de parties d’exemplaires contenu dans le ballot. Il n’y a plus alors qu’à empiler les ballots dans un endroit sec et bien abrité de l’humidité.

Cette manière d’opérer, qui est généralement usitée, est certainement la plus commode et la plus sûre pour garantir à l’imprimeur et surtout à l’éditeur le nombre d’exemplaires complets que les tirages ont produit ; mais elle n’est pas avantageuse pour le brocheur.

L’ouvrière, qui reçoit à la pliure un volume ainsi assemblé, se trouve en présence d’autant de points de repère à chercher qu’il y a de feuilles dans l’ouvrage ; de là et quelle que soit son habileté, des inégalites de pliure. Il ne saurait en être autrement ; les premiers volumes pliés donnent lieu à des recherches continuelles pour asseoir les points de repère, ce qui est long et difficile. Et pourtant, il faut débiter beaucoup de travail, car le temps passe, et l’ouvrière risque fort de n’avoir gagné que peu de chose à la fin de sa journée. Il en est tout autrement quand elle reçoit une quantité de feuilles de la même signature : la première suffit à établir les points de repère et les autres se font couramment, le repérage étant toujours le même. D’un autre côté, si l’ouvrage doit contenir des planches ou, ce qui arrive souvent, s’il contient des feuillets où il faut remplacer des pages fautives, appelées cartons, le brocheur ou le relieur est forcé de désassembler pour intercaler dans les feuilles pliées les planches ou les cartons, sous peine de décupler son travail et de le rendre presque impossible si le volume doit renfermer un grand nombre de gravures. Même lorsqu’il n’en contient pas, le désassemblage s’impose pour la reliure, quand, au premier et au dernier cahiers, on place au préalable des gardes et des sauve-gardes, travail dont nous parlerons plus loin en temps et lieu.

Il serait donc préférable, à notre avis de faire des paquets séparés des feuilles de même signature, après les avoir vérifiées et comptées avec soin, et d’opérer l’assemblage après la pliure pour les ouvrages sans planches, ou après le placement de celles-ci dès que l’ouvrage doit en contenir.

Pour faire cette opération et quel que soit le nombre de cahiers dont se compose un livre, on place sur une table assez longue, ou une table autour de laquelle on puisse circuler, les feuilles 1 à fin, en les étalant à la suite l’une de l’autre, la première pile contenant toutes les feuilles 1, la deuxième toutes les feuilles 2, et ainsi de suite. L’ouvrière prend de sa main droite, par le haut, la première feuille et la place dans sa main gauche, avec laquelle elle la retient ; elle passe ensuite la deuxième feuille, la troisième, puis les autres et les retient entre le pouce et l’index. Mais cette méthode est assez fatigante, si le volume contient un certain nombre de feuilles. Pour obvier à cet inconvénient, nous conseillons de commencer par la dernière feuille, dont on fait glisser le ou les cahiers sur la main gauche étendue à plat, et ainsi de suite jusqu’à la première feuille ; de la sorte, la dernière feuille se trouve en dessous et la première en dessus. Alors on prend des deux mains tous les cahiers qui composent le volume ; on les secoue en les faisant tomber à plusieurs reprises sur le dos, puis sur la tête, pour que les cahiers se trouvent parfaitement à la même hauteur. Ceci fait, on pose sur la table le volume secoué et égalisé.

On opère de même pour un autre volume et on le place sur le premier, mais en le bêchevétant, c’est- à-dire en les plaçant tous les deux tête-bêche ; les barbes du second volume sur le dos du premier, pour bien asseoir et bien équilibrer les piles de volumes.

CHAPITRE III.Glaçage et Satinage.

Le glaçage et le satinage ont le même objet, qui est de rendre la surface du papier aussi unie que possible ; mais le premier se fait avant le tirage et le second après. Ils rendent, l’un et l’autre, plus prompte et moins pénible celle des opérations du relieur que l’on nomme battage. Toutefois, comme ils augmentent sensiblement la dépense, on les supprime complétement pour les ouvrages communs, on en supprime un pour les ouvrages ordinaires, et l’on n’a recours à tous les deux que pour les ouvrages de luxe.

§ 1. — glaçage.

Le papier d’impression est loin d’être aussi uni qu’il le paraît. Il présente toujours des milliers de petites rugosités, souvent microscopiques, qui proviennent des empreintes laissées par les toiles métalliques sur lesquelles on a reçu la pâte, et que l’apprêt donné par le fabricant n’a pu détruire.

Ces rugosités, forment ce qu’on appelle le grain du papier. On les fait disparaître, pour les ouvrages qui demandent des soins particuliers, afin de disposer le papier à une impression parfaitement égale, où les moindres finesses de la lettre et de la gravure se montreront avec toutes leurs délicatesses. C’est l’opération destinée à produire cet effet qui porte le nom de glaçage. Elle s’effectue généralement chez l’imprimeur ; néanmoins, dans les très-grands ateliers typographiques, on juge économique de s’en dispenser et on la confie à des industriels spéciaux : c’est pour ce motif que nous avons cru devoir en faire l’objet d’une notice particulière.

Le papier que l’on veut glacer doit être mouillé modérément ; s’il l’était trop, les feuilles seraient difficiles à manier et l’opération deviendrait presque impraticable.

Pour procéder au glaçage, on encarte le papier, c’est-à-dire qu’on intercale chacune de ses feuilles entre deux plaques de zinc parfaitement polies et dressées. La grandeur de ces plaques varie nécessairement suivant le format des papiers et il est nécessaire qu’elles débordent de 2 centimètres au moins, sur tous les sens, les feuilles à la préparation desquelles elles doivent servir. Dans tous les cas, quand on a formé un paquet, ou jeu, de vingt-cinq feuilles environ, on les met en presse, et on leur donne un nombre plus ou moins grand de pressions, selon la qualité du tirage que l’on veut faire, suivant aussi l’épaisseur et la résistance du papier.

La presse qu’emploie le glaceur, et qu’on appelle presse à glacer, n’est autre chose qu’une sorte de laminoir à deux cylindres en fonte, placés l’un au-dessus de l’autre, dans le même plan vertical, et qui peuvent être écartés ou rapprochés à volonté au moyen d’un régulateur approprié. Le mouvement est donné directement au cylindre supérieur à l’aide d’une manivelle ou d’un moulinet actionné par un ou deux hommes, et des engrenages le transmettent au cylindre inférieur. Aussitôt que le jeu de feuilles et de plaques est engagé entre les cylindres, il est entraîné par ceux-ci, qui tournent en sens contraire, et il glisse sur l’inférieur en même temps qu’il est pressé par le supérieur. Quant il est arrivé de l’autre côté de la machine et qu’il ne s’y trouve pris que d’une très-petite quantité, on imprime un mouvement en sens contraire pour le ramener à son point de départ. On le fait ainsi passer et repasser autant de fois qu’on le juge nécessaire.

Les plaques de zinc doivent être essuyées très-souvent, à cause de l’oxydation qu’y produit le contact du papier humide. Autrement, les feuilles en sortiraient tachées ou tout au moins revêtues d’une teinte grisâtre qui dénaturerait leur couleur naturelle.

La presse que nous venons de décrire très-sommairement a été modifiée de différentes manières. Au lieu de fatiguer les hommes à tourner un moulinet ou une manivelle, plusieurs inventeurs ont eu l’idée de donner le mouvement à l’aide d’une courroie de transmission et d’un embrayage à double sens, et, en outre, de faire opérer par la machine elle-même l’écartement ou le rapprochement des cylindres, opération qui doit être exécutée très-souvent.

MM. Claye et Derniane ont réalisé ce double perfectionnement pour les divers cas où le papier doit recevoir plusieurs pressions. Au lieu d’un seul laminoir, ils en emploient deux, qui sont placés l’un derrière l’autre ; les cylindres du second laminoir, plus rapprochés que ceux du premier, servent à donner la seconde passe par un seul et même mouvement. Une fois qu’ils sont convenablement réglés, les deux jeux de cylindres produisent un glaçage parfait avec beaucoup de rapidité, et les choses se passent de telle sorte qu’une seule machine peut remplacer trois ou quatre laminoirs ordinaires, c’est-à-dire à mouvement alternatif.

Les fig. 1 et 2 (planche 1re} représentent deux vues de la presse à glacer de MM. Claye et Derniane ; la première en est une élévation de face, en partie coupée ; la seconde, une élévation par bout.

« La machine comprend deux bâtis CC, assemblés, par des entretoises fortement boulonnées. La partie supérieure de chacun de ces bâtis est munie d’une double annexe AA, ayant pour objet de recevoir les tourillons des cylindres supérieurs de pression.

« Ces supports reçoivent les coussinets dans lesquels s’engagent les arbres des cylindres ; à cet effet, ils présentent sur leurs faces latérales intérieures des coulisses dans lesquelles glissent les coussinets, et ces coussinets o peuvent monter ou descendre, et être fixés à demeure au moyen de vis de pression b et b’.

« Les glissières des supports-annexes A sont divisées, ainsi que la vis de calage, de manière à permettre un serrage de règlement en rapport avec le serrage des premiers cylindres BB.

« Les vis supérieures des supports-annexes A, sont d’ailleurs garnies de contre-écrous pour obvier au desserrage des coussinets.

« À l’avant des deux cylindres presseurs BB, sont disposés des petits rouleaux cc montés sur leurs axes. C’est sur ces rouleaux que sont placés les paquets de papier enveloppés dans les feuilles de zinc. Ils passent sous les cylindres BB convenablement rapprochés ; puis, à leur sortie de ces premiers cylindres, ils sont saisis par les seconds cylindres B’B’ qui, à leur tour, leur font subir l’opération du pressage, et sortent enfin de l’appareil en glissant sur les cylindres ou rouleaux c’c’, qui les conduisent sur la table de service.

« Pour produire les divers mouvements de transmission, un arbre L porte les deux poulies D et D’, l’une folle pour permettre le désembrayage, la seconde fixe. Sur ce même arbre sont calés une roue dentée F, et un volant régulateur E.

« Les deux cylindres inférieurs des presseurs sont munis de pigeons d, actionnés par une roue intermédiaire G en relation avec la roue dentée F. « L’arbre moteur L peut être mis en mouvement, soit à la main par l’effet d’une manivelle, soit par un moteur quelconque et l’intermédiaire des courroies de transmission. Les rouleaux d’arrière c’c’, reçoivent à leur circonférence une courroie ou toile sans fin ee, qui vient envelopper une poulie calée sur l’arbre du rouleau inférieur B’.

« Cette courroie peut être convenablement tendue par une poulie additionnelle f, disposée à l’extrémité d’un tendeur i, pouvant monter et descendre dans une rainure pratiquée sur l’aminci A du bâti.

« Pour opérer, une chasse plus rapide des paquets soumis à l’action de la machine, on a disposé les rouleaux c’ sur une ligne légèrement inclinée vers l’arrière du bâti.

« On se rend parfaitement compte du service de cette machine d’après la description qui vient d’en être faite, et surtout de la célérité et de l’énergie des pressions auxquelles sont soumis les paquets ; la double action ayant lieu pour ainsi dire instantanément, puisque, à peine les premiers cylindres presseurs finissent-ils d’opérer, que les seconds ont déjà commencé leur service. »

§ 2. — satinage.

On vient de voir que le glaçage se fait sur le papier blanc pour le préparer à recevoir l’impression, en abattant les aspérités provenant de la fabrication. Au contraire, comme nous l’avons dit, le satinage a lieu après le tirage, par conséquent sur le papier imprimé il a pour objet de détruire les petits reliefs produits, par l’action de la presse sur les formes, ce qu’on nomme foulage, sur le revers des feuilles, si elles ne sont imprimées que d’un côté, et sur leurs deux faces à la fois, si elles sont imprimées des deux côtés.

Si les livres n’étaient mis dans le commerce qu’après avoir été reliés, on pourrait, à la rigueur, supprimer le satinage, parce que le marteau du relieur produirait le même effet ; mais, comme il n’en est point ainsi, la plupart des ouvrages étant vendus simplement brochés, cette opération est devenue habituelle pour toutes les publications un peu soignées. Elle donne au papier un aspect uni et brillant, qui fait mieux ressortir la délicatesse des lettres et des vignettes, et rend l’impression plus nette, plus lisible et plus agréable à l’œil.

Pratiquement parlant, le travail du satineur ressemble beaucoup à celui du glaceur. Seulement, au lieu de plaques de zinc, on emploie des cartons minces qu’un cylindrage énergique a rendu parfaitement denses et lisses. En outre, on a besoin de presses plus puissantes.

De même que les plaques, les cartons doivent être un peu plus grands que les feuilles afin de pouvoir les contenir plus facilement. Ainsi, par exemple, on leur donne la dimension du grand-raisin pour le carré, celle du jésus pour le grand-raisin, etc.

Le papier que l’on veut satiner doit être parfaitement sec. On peut faire l’opération avant ou après l’assemblage. Néanmoins, en général, on préfère l’effectuer après, et cela pour trois raisons

1° Parce qu’il est rare qu’on fasse satiner à la fois toute une édition ;

2° Parce que si l’on satinait avant d’avoir assemblé, on s’exposerait à donner cette façon à des exemplaires incomplets, ce qui serait du temps perdu, puisqu’on ne s’apercevrait des feuilles manquantes que lorsque le travail serait entièrement achevé ;

3° Parce qu’un satinage récent est plus agréable à l’œil qu’un ancien, le papier perdant avec le temps, par suite de son hygrométricité, l’espèce de lustre qu’on lui a donné. On n’ignore pas que par hygrométricité, on entend la propriété que possèdent certains corps d’absorber l’humidité avec plus ou moins de facilité.

1. Satinage des feuilles de texte.

Voyons maintenant comment procède le satineur. Il se place devant une longue table, ayant à sa gauche les cahiers qui doivent former le volume, et à sa droite une pile de cartons bien secs. Après avoir ouvert par le milieu le premier cahier, il en fait l’encartage. Pour cela, il pose devant lui l’un des cartons, et il met par dessus la première feuille du cahier, en ayant soin qu’elle ne fasse aucun pli. Sur cette feuille, il pose un carton, qu’il couvre avec une autre feuille, et il continue ainsi, plaçant alternativement un carton et une feuille, jusqu’à ce qu’il ait formé une pile comprenant un nombre déterminé d’exemplaires. Il porte alors cette pile dans la presse en la soutenant, de distance en distance, par des plateaux.

La presse à glacer ordinaire est une presse à vis de construction fort simple, que l’on scelle généralement dans le sol, ou dans le plancher, et dans la muraille. Le plus souvent, le plateau mobile est fixé à une vis normale à ce plateau, et qui passe dans un écrou relié d’une manière invariable au plateau fixe. Lors donc qu’on fait tourner la vis, elle fait mouvoir le plateau mobile dans un sens ou dans l’autre, et les choses sont disposées de telle sorte qu’elle lui imprime seulement un mouvement rectiligne. On se sert pour cela, quelquefois d’un levier, le plus fréquemment d’un moulinet, assez rarement de la vapeur. Cette presse peut varier beaucoup quant aux détails. Dans les ateliers très-importants, il y a de grands avantages à la remplacer par une presse hydraulique on obtient ainsi des pressions infiniment plus fortes et, par suite, un satinage plus parfait.

On estime que le papier doit rester en presse de dix à douze heures au moins. Au bout de ce temps, le satineur transporte la pile sur la table, pour la défaire. À cet effet, il enlève alternativement un carton et une feuille, et place les feuilles à sa gauche, l’une sur l’autre, les cartons à sa droite, également l’un sur l’autre. En procédant ainsi, les feuilles se trouvent exactement dans l’ordre ou elles étaient au commencement, et l’assemblage n’éprouve aucun dérangement.

2. Entretien des cartons.

Quand l’impression est récente, ou que l’encre, de mauvaise qualité, n’a pas eu le temps de sécher suffisamment, les cartons finissent par se salir, et alors, si l’on n’y prend garde, ils ne manquent pas de maculer les feuilles qu’on satine plus tard. Il est donc nécessaire, pour prévenir cet inconvénient, de les nettoyer fréquemment, et l’on obtient des résultats convenables en les frottant vivement, avec des tampons de papier sans colle, jusqu’à ce qu’on en a fait disparaître toutes les taches.

À force de servir, les cartons deviennent toujours un peu humides, en sorte qu’on est obligé de les faire sécher, sans quoi ils ne pourraient servir de nouveau. On les place pour cela, sur l’une de leurs tranches, dans des casiers dont les séparations sont formées par des tringles de bois ou par de simples ficelles.

Ces meubles peuvent recevoir un assez grand nombre de dispositions particulières, mais il faut toujours que les cartons puissent y être bien séparés les uns des autres. Quant à l’emplacement qu’on leur assigne, c’est généralement contre les murs et, ce qui économise l’espace, à une hauteur un peu supérieure à celle d’un homme de grande taille, où on les fixe, au moyen de supports en bois ou en métal, ou de ferrures appropriées. Quelquefois cependant, on les suspend au-dessus de la table sur laquelle on fait l’encartage ou mise en cartons du papier. Dans ce cas, afin de les rendre plus légers, on les compose de deux cadres horizontaux, qui, longs de 4 à 5 mètres et larges d’environ un mètre, sont réunis à leurs quatre angles, à tenons et à mortaises, par des liteaux verticaux de 50 centimètres de haut. Des trous, percés de trois centimètres en trois centimètres dans les grands côtés de ces cadres, et bien en regard les uns des autres, reçoivent de grosses ficelles fortement tendues. On a ainsi une espèce de cage rectangulaire dont les barreaux sont formés par les ficelles, et c’est dans l’intervalle situé entre les ficelles consécutives que l’on glisse les cartons à faire sécher.

3. Satinage des planches, gravures, etc.

Le satineur n’opère pas seulement sur les feuilles de texte. Il s’occupe également des gravures en taille-douce, des planches lithographiques, des papiers à dessin. La manutention de chacun de ces produits, exige souvent des précautions particulières qu’aucune description ne saurait faire connaître, et qui ne peuvent s’apprendre que par la pratique. Aussi nous bornerons-nous aux indications suivantes :

1° Les gravures en taille-douce ne demandent et n’exigent pas d’autres précautions que les feuilles imprimées. Les manipulations sont donc les mêmes. En outre, on satine à sec.

2° Les planches lithographiées se traitent différemment. Le râteau qui frotte sur la pierre pour imprimer le dessin, tend à allonger le papier dans toute la partie où il frotte ; par conséquent, le milieu de celui-ci gode lorsque les marges sont unies, ce qui produit un mauvais effet. Pour obvier à ce défaut, le satineur mouille les bords de l’estampe avec une éponge et de d’eau propre, ce qui en fait allonger les bords, et il place les planches, ainsi mouillées par les bords, entre les cartons, comme il le fait pour les feuilles d’impression à sec. Moyennant cette précaution, les planches entières, en sortant de sous la presse, se trouvent également étendues partout.

3° Les feuilles de papier à dessin étant ordinairement pliées par le milieu, il s’agit de faire disparaître ce pli, afin de les bien étendre. Pour cela, on les mouille bien partout, on les met, entre des cartons épais, lisses mais mats, qui boivent promptement l’eau ; enfin, on les presse fortement, et lorsque les feuilles sont sèches, on les place entre des cartons polis, et l’on donne une forte pression. On procède de même pour les lithographies.

Observations.

1° Le mode de satinage que nous venons de décrire n’est pas le seul qui soit en usage. On s’est servi aussi pour cet objet d’un appareil établi sur le système des laminoirs, et à l’aide duquel on fait passer les feuilles entre des cylindres en métal, parfaitement tournés et polis, qui leur donnent le glacé convenable. Ce laminage peut se donner à froid, mais on construit quelquefois des cylindres creux et l’on y fait arriver de la vapeur. L’opération est alors dite satinage à chaud pour le distinguer de l’autre.

Le satinage à chaud est plus dangereux encore que celui à froid, quand l’encre n’est pas parfaitement sèche ; il redonne de la fluidité à l’huile qui entre dans sa composition, et cette huile, en s’étalant, environne chaque caractère d’une auréole jaunâtre qui dépare complétement l’impression.

2° On pourrait très-bien satiner le papier par un procédé analogue à celui dont se servent quelques industries qui se rattachent à la fabrication des tissus, c’est-à-dire en se servant de rouleaux en papier, qu’on fabrique en enfilant un nombre considérable de feuilles de papier sur un arbre où on les comprime ensuite entre deux bases avec une force considérable, qui leur donne une densité presque égale à celle des bois tendres ; puis on arrondit et l’on régularise le cylindre sur le tour, et on le polit à la pierre ponce jusqu’à ce qu’il ait acquis une surface parfaitement lisse. En cet état il serait très-propre à satiner le papier.

 

 

 

CHAPITRE IV.Pliage.

Après l’assemblage, les feuilles doivent être pliées de telle sorte que leurs pages se suivent exactement d’après l’ordre indiqué par leurs folios. Ce travail, qu’on nomme pliage, est généralement exécuté par des femmes appelées plieuses. Il exige, de la part de ces ouvrières, beaucoup de soin et d’attention, sans quoi il pourrait en résulter des transpositions qui obligeraient à interrompre la lecture, ou des omissions qui la rendraient impossible. D’ailleurs, un pliage négligé déprécie l’ouvrage le plus splendidement relié. Heureusement, il n’est pas difficile d’éviter ces divers inconvénients. Il faut pour cela que la plieuse, à mesure qu’elle travaille, examine si l’assembleur n’a commis aucune des fautes que nous avons indiquées. En conséquence, en pliant chaque feuille, elle ne doit perdre de vue aucune des recommandations suivantes :

1° Lire la signature, pour s’assurer que les feuilles se suivent exactement ;

2° Si l’ouvrage ne comprend qu’un volume, jeter un coup d’œil sur les titres courants, pour voir si toutes les feuilles lui appartiennent bien ;

3° Si l’ouvrage a plusieurs volumes, examiner aussi la réclame qui est sur la gauche de la signature, à la ligne de pied, et qui indique le volume, afin de s’as- surer que toutes les feuilles appartiennent réellement au volume dont elle s’occupe.

Chaque format ayant une imposition différente, a aussi un pliage différent. Nous allons dire comment il convient de procéder pour tous les formats usuels, depuis l’in-folio jusqu’à l’in-12. On n’emploie d’autre outil qu’une espèce de couteau à deux tranchants, qu’on nomme plioir, et qui peut être en bois, en os ou en ivoire.

1° In-folio.

L’in-folio s’imprime de deux manières, ou en une seule feuille, ou en deux feuilles. Les journaux seuls s’impriment en une feuille ; tous les autres ouvrages s’impriment en deux feuilles, lesquelles, étant placées l’une dans l’autre, forment un petit cahier de 8 pages. La première de ces deux feuilles porte pour signature A ou 1 sur le recto, et les chiffres de sa pagination sont 1, 2, 7 et 8. Quant à la seconde, qui, ainsi qu’il vient d’être dit, s’intercale dans la précédente elle porte pour signature A 2, ou 1, et les chiffres de sa pagination sont 3, 4, 5 et 6.

La plieuse commence par placer devant elle, sur une grande table, de manière que les lettres soient à rebours, et les signatures du côté de la table, à la droite en haut, l’un des paquets remis par l’assembleur. Cela fait, elle ouvre le paquet et passe dessus deux ou trois coups de plioir pour en bien étendre les feuilles.

Cette manœuvre du plioir n’est pas seulement nécessaire pour étendre les feuilles, elle est encore indispensable pour les faire glisser l’une sur l’autre, afin de pouvoir les prendre une à une avec plus de facilité. Pour obtenir ce dernier résultat, il suffit d’appuyer légèrement l’instrument sur le tas ; aussitôt la première feuille se détache et se porte un peu sur la droite.

Après avoir pris son plioir de la main droite, vers le milieu de sa longueur, l’ouvrière saisit la feuille avec la main gauche, par l’angle supérieur, qui est à sa droite, et porte cet angle sur l’angle inférieur du même côté, en ayant bien soin de placer les deux chiffres de la pagination l’un sur l’autre. Alors, appuyant l’index sur le dos du plioir, elle passe l’instrument sur la feuille, en montant diagonalement de bas en haut, en sorte que, tout à la fois, elle efface les plis qui ont pu se former et détermine celui que la feuille doit conserver. Ce double résultat obtenu, elle fait pirouetter le plioir d’un demi-tour, et le passe de nouveau sur la feuille, mais en sens inverse, c’est-à-dire diagonalement de haut en bas. Si, dans ce second mouvement, le plioir était dirigé dans le même sens que dans le premier, outre qu’il pourrait déchirer le papier, il changerait le pli que la feuille doit avoir.

Quand le pliage de la première moitié de la feuille est achevé, on passe à la seconde. On la plie comme on vient de faire de la première, et on l’intercale dans celle-ci, en observant que les signatures soient toujours l’une sur l’autre. Cette dernière opération se nomme encartation, la feuille intercalaire s’appelle encart, et l’action se désigne par le mot encarter.

La plieuse forme donc ainsi des petits cahiers de deux feuilles, qu’elle place l’une sur l’autre au-devant d’elle, et au-dehors du cahier sur lequel elle travaille, en ayant soin de renverser le petit cahier de manière que la première page touche la table.

Lorsqu’on plie un in-folio imprimé à une seule feuille, tel qu’un journal quotidien, on suit la même marche, avec cette seule différence que l’on n’encarte aucune feuille, et que les feuilles sont toutes séparées.

2° In-quarto.

Après avoir ouvert devant elle le paquet qu’elle a reçu de l’assembleur, de manière que les trous des pointures se trouvent dans une direction perpendiculaire au bord de la table devant laquelle elle est placée, la plieuse passe dessus deux ou trois coups de plioir pour bien étendre les feuilles. Elle tourne le cahier de telle sorte que la bonne lettre, ou, ce qui est la même chose, la signature, soit à sa gauche, en haut, la face contre la table, et qu’elle voie devant elle, et en travers, les chiffres de pagination 2, 3, 7, 6. L’ouvrière plie d’abord, comme nous l’avons dit pour l’in-folio, la feuille selon la ligne des pointures, en ayant soin de placer la première lettre de la dernière ligne de la page 6, sur la dernière lettre de la dernière ligne de la page 7, si ces deux lignes sont pleines.

Il faut bien observer cependant qu’il peut arriver plusieurs cas :

1° Que la dernière ligne de la page 6 soit un commencement d’alinéa ; alors comme le premier mot rentre dans la ligne, si elle se fixait sur cette pre- mière lettre, elle plierait mal, et la page irait de travers ;

2° Que cette page 6 finisse un chapitre, et alors il y aurait un blanc qui ne pourrait pas la diriger ;

3° Que la dernière ligne de la page 7 ne soit pas pleine, ou qu’elle présente une lacune, parce qu’un chapitre se serait terminé avant la dernière ligne.

Dans tous ces cas, la plieuse ne pouvant pas avoir recours aux chiffres de la pagination, parce qu’ils sont cachés, se guide, ou par les lignes supérieures, pourvu qu’elles ne soient pas trop rapprochées de la tête, ou bien par la justification, ou enfin par la vue, qui lui indique si la page est droite ou ne l’est pas. L’habitude la dirige mieux que toutes les règles que l’on pourrait prescrire. Nous ne répéterons plus cette observation, qui se renouvelle dans toutes les opérations du pliage.

Après avoir fixé le premier pli selon la ligne des pointures, et sans déranger la feuille, l’ouvrière la plie une seconde fois, en faisant tomber le chiffre 4 sur le chiffre 5, et elle la place au-devant d’elle, comme nous l’avons dit pour l’in-folio, le chiffre 1 sur la table. Elle forme ainsi autant de cahiers qu’il y a de feuilles ; mais elle n’en encarte aucun.

Les journaux quotidiens in-quarto s’impriment parfois par demi-feuille ; alors on les plie comme s’il s’agissait d’un in-folio.

L’in-quarto s’imprime quelquefois oblong ; dans ce cas, il se plie différemment. Le premier pli se fait sur la longueur du papier, entre les têtes des pages, dans une ligne perpendiculaire à celle des pointures, et le second pli dans la ligne des pointures.

3° In-octavo.

La plieuse dispose sa feuille de manière que la signature se trouve à sa gauche en bas, la face contre la table. Alors elle voit devant elle, dans une ligne horizontale, dans le sens naturel, les chiffres 2, 15, 14, 3, et au-dessus, à rebours et dans le même ordre, c’est-à-dire en lisant de gauche à droite, les pages 7, 10, 11, 6.

Elle plie suivant la ligne des pointures, en faisant tomber 3 sur 2, et 6 sur 7 ; elle voit alors dans le sens naturel les chiffres 4 et 13 et à rebours 5 et 12. Sans déranger la feuille, elle rabat de la main gauche le haut de la feuille sur la partie inférieure, en faisant bien tomber le chiffre 5 sur le 4 par ce moyen, 12 doit tomber sur 13 elle s’aide de son plioir afin de ne pas faire de faux plis, en dirigeant le pli à l’en droit où il doit se trouver.

La feuille pliée de cette manière, l’ouvrière voit les pages 8 et 9 ; alors elle prend avec la main gauche la feuille au chiffre 9, elle le place sur le chiffre 8 et forme le troisième pli, en l’assujétissant avec le plioir.

On imprime quelquefois l’in-octavo par demi-feuille. Dans ce cas, on fait de chaque feuille deux cahiers, on coupe chaque feuille dans la ligne des pointures, ce qui fait deux demi-feuilles qu’on plie séparément, comme nous l’avons indiqué pour l’in-quarto.

On imprime aussi quelquefois l’in-octavo oblong. Quand les choses sont ainsi, le premier pli se fait par son milieu dans la ligne des pointures ; le second, dans le même sens, entre les têtes des pages ; et le troisième, sur la longueur du papier.

4° In-douze.

Jusqu’ici la plieuse n’a eu besoin de couper aucune bande de sa feuille pour la plier ; mais, pour l’in-douze et les formats qui suivent, cette mesure est presque toujours indispensable.

La feuille in-douze contient 24 pages ou 12 feuillets. Il n’a pas été possible, en l’imprimant, de disposer les pages de manière que, par de simples plis, comme on le fait pour l’in-octavo, on puisse plier la feuille en entier. On est donc obligé de couper une bande qui contient huit pages, de la plier à part, et d’en former un cahier qu’on appelle petit cahier. Le reste de la feuille se plie comme l’in-octavo, et forme un second cahier qui contient 16 pages, et qu’on nomme gros cahier.

Il y a deux manières d’imposer la feuille in-douze ou bien le petit cahier doit être encarté dans le gros, ou il doit former un cahier à part ; la signature in dique toujours cette disposition.

Lorsque le cahier doit être encarté, la signature qui se trouve au bas de la 17e page est la même que celle qui se trouve à la 1re page du gros cahier ; elle est seulement différenciée par des points ou étoile, de sorte que si la signature est 1, l’encart porte 1, ou 1* ; si la signature est A, l’encart porte A 1, et ainsi de suite.

Quand le cahier ne doit pas être encarté, chaque cahier porte une signature différente, et selon l’ordre numérique ou alphabétique. Ainsi le gros cahier de la 1re feuille porte 1 ou A, et le petit cahier de la même feuille porte 2 ou B. Le volume a, par conséquent, le double de cahiers qu’il n’a de feuilles ; c’est ce qu’on appelle mettre le feuilleton en dehors.

Après avoir ouvert son cahier devant elle, de manière que la signature soit en haut, la face contre la table, et qu’elle voie en travers devant elle les pages 2, 7, 11 ; 23, 18, 14 ; 22, 19, 15 ; 3, 6, 10, la plieuse aperçoit sur la droite les pages 11, 14, 15, 10, séparées des autres huit pages à la gauche par une grande marge, au milieu de laquelle sont ou des pointures, ou mieux des lignes droites imprimées qui indiquent l’endroit où l’on doit couper. Elle plie la feuille selon ces traits, ou selon les pointures, et elle détache cette bande, qu’elle plie en plaçant 11 sur 10 ; elle fait un pli, puis elle place 13 sur 12 ; et alors la signature qui est à la page 9 se trouve en dehors son encart est plié.

Cela fait, elle revient au restant de la feuille qui doit former son gros cahier elle prend de la main gauche la partie inférieure de la feuille, en plaçant 3 sur 2, et 6 sur 7 elle plie. Elle fait un second pli en mettant 20 sur 21 et 5 sur 4. Enfin, elle forme un troisième pli en mettant 8 sur 17, et son gros cahier est plié, la signature en dessus ; elle encarte le petit cahier, et sa feuille est pliée.

Lorsque la feuille d’impression est disposée de manière que le feuilleton ne s’encarte pas, c’est-à-dire que le petit cahier se place à la suite du gros, les chiffres qui indiquent la pagination ne sont plus disposés dans le même ordre que dans le cas précédent. On place la feuille sur la table de la même manière que nous l’avons dit ; on coupe le feuilleton, que l’on plie en deux fois, d’abord par le milieu, puis encore dans le milieu, en observant de mettre la signature en dehors ; on le met à part, et l’on plie immédiatement le gros cahier.

Ce cahier se plie de la même manière que la feuille dans laquelle le petit cahier doit être encarté. On plie 1° 3 sur 2, et 6 sur 7 ; 2° 12 sur 13, et 5 sur 4 ; et 3° 8 sur 9 ; la feuille est alors pliée. On met en tas ce gros cahier et le petit dessus.

L’in-douze s’imprime quelquefois en format oblong. Dans ce cas, on coupe la bande dans la longueur du papier, et non dans sa largeur, comme dans les exemples précédents la coupure est toujours indiquée par des traits imprimés. Elle se plie de même que nous l’avons indiqué, et le gros cahier se plie comme l’in-octavo ; le petit cahier s’encarte ou ne s’encarte pas, selon que l’indique la signature.

5° In-seize.

L’in-seize s’imprime toujours par demi-feuille, c’est- à-dire que chaque feuille contient deux fois le même texte. La moitié de la feuille sert pour un exemplaire, et l’autre moitié sert pour un autre exemplaire du même ouvrage.

Chaque demi-feuille se plie séparément comme dans l’in-octavo, et l’on en fait deux tas séparés, de sorte que, lorsqu’on a plié la dernière feuille, on a deux exemplaires pour un.

6° In-dix-huit.

La feuille de l’in-dix-huit est formée de trois cahiers, composés chacun d’un gros cahier de huit pages, et d’un encart de quatre pages.

La feuille bien étendue, la signature en haut, à droite, la face contre la table, on plie la bande de la main droite sur celle du milieu, dans le sens de la ligne perpendiculaire au bord de la table devant laquelle on se trouve placé, en faisant tomber les chiffres 2, 3 et 7 sur les chiffes 23, 22 et 18, ce qui met à découvert la signature et la réclame de la page 12 ; on coupe cette bande, et on la met à part sur la table, la signature en dessus.

On plie de même la bande du milieu, en faisant tomber les chiffres 14, 15 et 19 sur ceux des pages 35, 34, 30 ; alors on aperçoit la seconde signature 2 ou B ; on coupe encore cette bande, et par ce moyen la feuille est partagée en trois bandes égales. On place la bande qui porte la seconde signature sur la première, et la troisième sur la seconde, la signature en dessus. On prend les trois bandes à la fois, on les porte devant soi, en les renversant sens dessus dessous, de sorte que les signatures sont du côté de la table, à gauche. On coupe l’encart selon la ligne tracée, on le plie la signature en dehors ; on plie le restant en deux, en ramenant les deux pages à droite sur les deux pages à gauche, les chiffres les uns sur les autres ; on fait un second pli, la signature toujours en dehors, et le gros cahier est plié. On met l’encart en dedans, et l’on couche ce cahier devant soi, la signature contre la table.

On plie de même la seconde et la troisième bande, et la première feuille est pliée en trois cahiers ; on opère de même pour les feuilles suivantes. Il arrive quelquefois que l’in-dix-huit n’a que deux cahiers alors on opère comme pour l’in-douze ; on enlève une bande pour former le feuilleton, on plie le gros cahier comme la feuille in-octavo, et l’on encarte le feuilleton dans le gros cahier. L’in-dix-huit s’imprime quelquefois en deux exemplaires sur la même feuille, comme l’in-seize. On en fait alors deux tas, comme pour ce dernier.

7° In-vingt.

Ce format, dont les pages sont presque carrées, est peu en usage ; il s’imprime par demi-feuille, comme nous l’avons dit pour l’in-seize.

Ce format sert pour les alphabets, les catéchismes ou les almanachs communs. Après avoir coupé la bande des quatre pages, on la place au milieu des seize autres pages, pliées en deux feuilles in-quarto en un seul cahier.

8° In-vingt-quatre.

L’in-vingt-quatre s’imprime par demi-feuille comme l’in-seize et l’in-vingt.

Chaque demi-feuille est composée de deux cahiers qui s’encartent ou ne s’encartent pas. Dans tous les cas, chaque demi-feuille peut être considérée comme une feuille in-douze ; on détache le feuilleton, on le plie comme le petit cahier de l’in-douze, la signature en dehors ; on plie ensuite le gros-cahier comme celui de l’in-douze, la signature en dehors.

Si les deux signatures sont les mêmes, on encarte le feuilleton ; mais si elles se suivent dans l’ordre numérique ou alphabétique, on n’encarte pas le petit cahier.

Quelquefois on imprime l’in-vingt-quatre en deux exemplaires sur la même feuille. Quand ce cas se présente, la plieuse opère comme nous l’avons dit pour l’in-seize.

9° In-trente-deux.

Ce format s’impose et s’imprime de deux manières : ou par demi-feuille, alors chaque feuille sert pour deux exemplaires, et est composée de deux cahiers, portant chacun une signature différente ; ou bien chaque feuille ne sert que pour un exemplaire, et alors elle forme quatre cahiers, qui ont chacun une signature particulière, en suivant toujours l’ordre numérique ou alphabétique.