Mémoire à la gloire de Normandie-Niémen - Claude R. Guiraud - E-Book

Mémoire à la gloire de Normandie-Niémen E-Book

Claude R. Guiraud

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Beschreibung

Mémoire à la gloire de Normandie-Niémen évoque la genèse du groupe de chasse Normandie-Niémen dans le contexte d’avant-guerre, puis de Londres au Liban. L’auteur y retrace leur formation, leur expédition en Russie, leur matériel russe et leurs trois campagnes sur le front de l’Est. Il présente également la bibliographie complète de quatre-vingt-seize pilotes français, sans oublier de mettre en exergue les précieux souvenirs de l’unité en France et particulièrement en Russie.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Passionné d’aéronautique, Claude R. Guiraud rend hommage aux pilotes du Normandie-Niémen par ce mémoire, après avoir vécu leur souvenir à la faveur d’une affectation à Moscou.

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Claude R. Guiraud

Mémoire à la gloire

de Normandie-Niémen

Essai

© Lys Bleu Éditions – Claude R. Guiraud

ISBN : 979-10-377-5061-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Le fanion du « Normandie-Niémen » est déposé au Musée-Mémorial de l’Ordre de la Libération en l’Hôtel des Invalides à Paris, ses décorations sont décernées par la France et l’URSS.

La description des décorations figure après les fiches bibliographiques.

« Le régiment Normandie-Niémen a soutenu, démontré, accru la gloire de la France ».

Charles de Gaulle

Avertissement

Il me paraît tout d’abord nécessaire de révéler ici les raisons de cette composition à la mémoire du prestigieux Groupe de Chasse N° 3 « Normandie-Niémen » (parfois dénommé : Escadrille Normandie-Niémen)

Car tant de fois, parlant avec tellement de conviction, voire de précision sur ce sujet, j’éveillais un particulier étonnement, qui me faisait rétorquer des objections du genre : « Mais comment connais-tu et parles-tu de ça ? » « Tu n’es pas de cette génération ! », etc., etc. !

Eh oui, c’est bien vrai, je n’étais alors âgé que de neuf ans, lorsque ce Groupe de Chasse débuta ses combats sur le front de l’Est ! Et ce n’est que beaucoup plus tard que je commençais à me passionner à propos de ses péripéties. J’étais alors adolescent, en Tunisie, où mon père était officier de Marine. J’avais découvert Normandie-Niémen à la lecture du livre de Roger Sauvage (Un du Normandie-Niémen).

J’avais la fringale de ces récits d’Aviation et de guerre aérienne, à la lecture de : le grand Cirque, les carnets de René Mouchotte, la vie d’Henri Guillaumet, Feux du ciel, Jusqu’au bout sur nos Stukas, Retour à l’aube, Marins de métier, pilote de fortune, etc., etc.

J’avoue que « Un du Normandie-Niémen » fut pour moi celui qui me passionna le plus, parmi tous ces récits ! En outre, peu de temps auparavant s’était trouvé stationné tout près de Bizerte (où je résidais) et sur la base de Sidi-Ahmed, le II/6 Normandie-Niémen, équipé à l’époque de Bell P-63 « Kingcobra » ! J’ajouterai enfin que son commandant, le Colonel Jean Menu, habitait un étage au-dessus de chez moi et c’était un grand ami de mes parents… ! J’admirais alors cet As de 39/45, à la poitrine gauche couverte de décorations, une croix de guerre débordant de citations. Alors qu’il était Capitaine, en octobre 1944, il prit le commandement du groupe 2/3 Dauphiné, sur chasseur bombardier P-47 « Thunderbolt » !

En 1966, au cours de ma carrière militaire, je fus affecté, à ma demande, au Poste de l’Attaché des Forces Armées à Moscou ! Où donc mieux se trouver pour entendre parler de Normandie-Niémen… ?

J’ai donc passé quatre années à Moscou, ayant dans mes attributions les relations extérieures de la Mission, la charge de l’organisation des cérémonies ! J’ai eu donc maintes fois l’occasion de m’occuper des dépôts de gerbes au mémorial Normandie-Niémen, apposé sur le mur du palais Koutouzov, à l’époque siège de la Mission Militaire.

J’ai pu aussi constater durant ce séjour en URSS, combien le culte de la mémoire de ce prestigieux Régiment d’Aviation, venu combattre aux côtés des Forces Soviétiques, était assidûment entretenu. Combien d’articles dans la presse soviétique étaient publiés à son propos, que de conférences étaient faites dans les écoles par des vétérans soviétiques de la Seconde Guerre Mondiale, pour parler aux jeunes et aux moins jeunes, de ces pilotes français venus combattre à leur côté sur le front de l’Est !

Alors ai-je eu l’envie de collationner tout ce que je pouvais trouver sur Normandie-Niémen, et depuis 1966, combien ai-je pu accumuler d’informations diverses dans un press-book !

Je me promettais d’humblement déposer celui-ci au Musée Normandie-Niémen des Andelys (27), mais j’ai tout de même désiré produire un mémoire personnel à l’appui de cette documentation et de mes recherches personnelles.

Pour répondre aux personnes étonnées de tout ceci, je crois pouvoir affirmer que depuis j’ai appris à relativement bien connaître Normandie-Niémen, animé par mon admiration pour tout ce qui l’intéresse.

Ainsi doit-on considérer que réside là mon désir suprême d’en honorer, à mon tour, le souvenir de ces dignes et valeureux combattants volontaires français.

Préambule

Voici donc le récit de l’épopée d’une unité d’aviateurs volontaires français, pour aller combattre sur le Front de l’Est aux côtés des forces soviétiques, les épaulant ainsi dans la libération de leur territoire envahi par les troupes allemandes. Ces dernières étaient presque parvenues en hiver 1942, aux portes de Moscou, à seulement une centaine de kilomètres.

Ce récit du Normandie-Niémen débute courant 1942, lors de sa création ! La guerre avait effectivement débuté courant 1939, elle fut suivie pour les Français par un court intermède qui s’était produit avec l’Armistice.

C’est alors que progressivement des Français regagnèrent tour à tour Londres et la France Libre, après l’Appel du 18 juin 1940. Ce n’est que fin 1941 et début 1942 que commenceront à se constituer ce qu’on véritablement considérer comme Les Forces Françaises Libres.

Tous ces combattants volontaires qui auparavant avaient rallié Londres ou quelques rares territoires ayant rallié la France Libre, avaient été tout d’abord été enrôlés dans des unités anglaises, où ils avaient ainsi repris le combat libérateur face aux Forces de l’Axe (germano-italiennes).

Voici donc posé grosso modo, le tableau de la situation Générale au moment où va débuter notre relation.

Cependant nous parut-il utile de revenir sur certains faits historiques qui expliqueront ensuite l’émergence de certains événements surprenants face à la situation internationale du moment et qui feront paraître parfois un étonnant décalage avec celle-ci !

Tout d’abord, étant entendu que nous allons traiter un sujet intéressant principalement une unité de l’Armée de l’Air, il sera nécessaire de replacer cette Arme dans sa situation exacte du moment. Nous allons découvrir qu’en tant qu’Arme, elle était d’une création assez récente, avec évidemment les inévitables balbutiements des débuts… !

Puis, envisagerons-nous la situation internationale à partir de l’année 1939, ce qui placera le tableau de scène des évolutions ultérieures, permettra de comprendre bien des phénomènes étranges qui vont mettre en condition pour le démarrage de cette Seconde Guerre mondiale.

Puis tout au long de ce récit concernant plus particulièrement Normandie-Niémen, envisagerons-nous des situations parallèles du moment sur le territoire russe, tout comme quelques rappels historiques présentant une coïncidence étrange avec notre point d’intérêt principal, cette héroïque formation aérienne que fût le Groupe de Chasse N° 3Normandie. C’était sa désignation d’origine ! Il allait plus tard recevoir, en novembre 1944, la prestigieuse appellation de Régiment d’Aviation du Niémen, par oukase de Josef Staline, en récompense de son héroïque traversée du fleuve frontalier Niémen à cette même époque ! Et cette unité de Chasse conservera ensuite, jusqu’à nos jours, l’appellation de Normandie-Niémen.

Voici donc l’explication de ces chapitres différents, qui pourraient paraître superflus, mais qui en réalité vont prendre place en entrée de matière, pour permettre une illustration plus complète de notre relation.

Nous avons enfin tenu à établir une bibliographie détaillée des 96 pilotes qui ont combattu au Normandie-Niémen. Le lecteur découvrira ces personnages venus de tous horizons, les éléments d’information de cette bibliographie mettent en exergue les conditions dans lesquelles chacun de ces combattants aura rejoint le combat de la Libération. On retrouvera au sein de ces valeureux aviateurs des personnes d’origine et conditions diverses, des Saint-Cyriens, une belle cohorte de ci-devant, de riches héritiers, côtoieront d’autres concitoyens de conditions plus modestes. De quelque manière que se soit produit leur ralliement à la France Libre, tous ensembles, sans distinction de classe, ils mettront en œuvre leur courage, leur talent d’aviateur et de combattant pour accomplir leur mission au coude à coude, parvenant ainsi à connaître cette célébrité, qu’ils méritaient grandement.

De même, on retrouvera dans cette bibliographie des personnages qui parallèlement jouèrent un rôle important dans la création et de le devenir de cette prestigieuse unité. Enfin nous apparut-il indispensable de porter à la connaissance du lecteur l’indéfectible attachement du pouvoir soviétique, puis russe et de la population, pour le Devoir de Mémoire à l’adresse de ces combattants français qui étaient venus se battre pour la libération de leur patrie ! Ce phénomène perdure à l’heure actuelle au sein des jeunes générations !

Ceci apparaît tout à fait surprenant, alors que chez nous, même au sein de l’Armée de l’Air, Normandie-Niémen ne représente aux yeux d’aviateurs, qu’une unité de chasse basée quelque part en France… ? J’ai personnellement fait l’expérience de ceci, en m’entretenant avec un Capitaine (!), chargé d’animer un stand de propagande de l’Armée de l’Air dans le cadre d’une exposition, il ne connaissait alors qu’ainsi le Normandie-Niémen… !

Nous souhaitons donc qu’à l’issue de la lecture de notre mémoire, nous serons parvenus à mieux faire connaître et apprécier, tout autant que nous-mêmes, cette prestigieuse unité et ses valeureux combattants, qui ont dignement représenté la France à un moment où notre Patrie avait grand besoin de retrouver une certaine reconnaissance internationale, après la rude expérience qu’elle venait de connaître en 39/40 !

Préface (en russe)

Уважаемые читатели !

Вы держите в руках уникальную книгу о французских лётчиках – интернационалистах авиационной эскадрильи «Нормандия – Неман».

В годы Второй мировой войны, когда решалась судьба человечества в ожесточённых, кровопролитных боях с германским фашизмом, группа лётчиков – интернационалистов вместе с советскими лётчиками вступила в бой с немецкими ассами. Это был достойный пример мужества и отваги,не покорившихся оккупантам сынов Франции, которые готовы были отдать жизнь вжестокой схватке с врагом.

В книге собраны малоизвестные факты и эпизоды боёв французских лётчиков с хвалёнными фашистскими ассами, систематизированы документы о взаимодействии эскадрильи и, в дальнейшем, полка «Нормандия – Неман» с авиационными частями Красной Армии.

Фронтовое братство советских и французских лётчиковзакалилосьв боях и получило достойное признание у нашего народа. Чем дальше в историю уходят события тех фронтовых лет, тем глубже они проникают в наше сознание.

Сохранение исторической памяти и правды о войне, о подвигах героев, рядовых гражданах является святой обязанностьюпослевоенного поколения. Это особенно актуально в наши дни, когда в мире нарастает информационная война, подвергаются ревизии причины, ход и исход войны. Не прекращаются попытки сформировать у народов Европы, в том числе и у французского народа негативное отношение к России.

Представляемая книга, служит хорошим примером сохранения верности интернациональным традициям, фронтовой дружбе, укреплению добрых отношений между нашими народами. Она вызовет несомненный интерес не только у французского, но и российского читателя.

Ветераны России уверены, что нынешнее поколение гражданбудет достойным памяти своих великих предков и возьмёт на себя ответственность за сохранение мира на нашей земле.

Председатель Ордена Отечественной войны I степени

Общероссийской общественной организации ветеранов

«Российский Союз ветеранов», доктор военных наук,

генерал армии М. Моисеев

Le Général d’Armée M. Moiseev

Préface (traduite en français)

Chers lecteurs !

Vous tenez entre vos mains un livre unique sur les pilotes français de l’Escadrille Aérienne « Normandie-Niémen ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le sort de l’humanité se décidait dans des batailles féroces et sanglantes contre l’Allemagne nazie, un groupe de pilotes français, ainsi que des pilotes soviétiques, entrèrent en bataille contre les meilleurs pilotes allemands. C’était un digne exemple de courage, les Fils de la France qui ne se soumettaient pas à l’Occupant, étaient prêts à donner de leur vie, sur un Théâtre d’Opération Extérieure, dans une bataille acharnée contre l’ennemi.

Ce livre contient des faits et des épisodes peu connus des batailles de pilotes français contre les meilleurs pilotes allemands tant vantés, des documents systématisés sur les interactions de l’Escadron Normandie et, plus tard du Régiment Normandie-Niémen, avec les unités de l’Aviation de l’Armée rouge.

Cette fraternité de première ligne des pilotes soviétiques et français a reçu la digne reconnaissance du peuple Russe. Plus les événements de ces années de première ligne avancent dans l’histoire, plus ils pénètrent profondément dans notre conscience.

Préserver la mémoire historique et la vérité sur la guerre, sur les exploits de ces héros, des citoyens ordinaires, est le devoir sacré de la génération d’après-guerre. Cela est particulièrement vrai aujourd’hui, alors que la guerre de l’information s’intensifie dans le monde, les raisons, le cours et l’issue de la guerre sont en train d’être révisés. Des tentatives visent à générer une tension entre la Russie et les peuples de l’Union européenne.

Ce livre présenté est là comme un bon exemple du maintien de la fidélité aux traditions internationales, de l’amitié de première ligne, du renforcement des bonnes relations entre nos peuples. Il suscitera sans aucun doute l’intérêt non seulement du lecteur français, mais aussi du lecteur russe !

Les anciens combattants russes sont convaincus que la génération actuelle de citoyens sera digne de la mémoire de leurs grands ancêtres et assumera la responsabilité de préserver la paix dans notre pays.

Président de l’Ordre de la Guerre patriotique du 1er degré

Organisation publique panrusse des Anciens Combattants

« Union Russe des Anciens Combattants », Docteur en sciences militaires,

Général d’Armée M. Moiseev

L’escadrille du tsar

Une surprenante coïncidence historique…

Nous avons estimé intéressant de rappeler ici un pareil soutien de la France à la Russie, mais alors ceci se passait en 1916… ! À l’exemple donc de ce qui fut réalisé en 1942, entre la France Libre et l’Union soviétique.

C’était tout juste avant le début de la Première Guerre mondiale, dans le cadre d’un plan d’aide, trois pays alliés d’Europe occidentale, envoyèrent en Russie des missions d’aide militaire.

La Belgique et la Grande-Bretagne vont assurer la fourniture de voitures blindées, la France va accomplir un effort considérable dans la fourniture de matériels aéronautiques et de personnels spécialistes.

En 1916, la Russie disposait certes d’une aviation militaire, mais celle-ci était faible en moyens par rapport à celle des pays de l’Europe occidentale, ceci en raison d’une industrie aéronautique modeste.

Outre cette fourniture de matériels, la France expédia une mission militaire, à la tête de laquelle se trouvait le Général Pau, qui sera ensuite relevé par le Général Janin. Ce fut plus de deux cents officiers, un millier de sous-officiers et hommes de troupe de toutes armes, qui furent détachés. Le détachement aéronautique représentera de son côté l’effectif de deux escadrilles.

C’était donc pour répondre aux demandes pressantes du gouvernement russe de Petrograd en matériels aéronautiques que la France va adresser des avions en caisses, ainsi que ce personnel militaire spécialiste.

L’accord fut signé le 30 avril 1916, à Paris entre le Général Roques, ministre de la Guerre et le comte Ignatieff, Attaché militaire russe en France.

Le détachement aviation de la mission française sera dirigé par le Commandant Berger, il sera tout d’abord basé à Kiev (Ukraine). Outre leurs missions de combat, les Français vont concourir à assurer un complément de formation aéronautique des pilotes russes, qui se trouveront au début, intégrés dans cette unité, en parfaite symbiose.

Mais la situation va se trouver perturbée dès février 1917, au moment où éclata la première révolution, qui voit l’abdication du Tsar Nicolas II. Le gouvernement de Kerensky va prendre dans un premier temps les commandes.

Devant cette perturbation, les soldats russes vont perdre de leur valeur guerrière et malgré tous ses efforts, la mission française ne parviendra pas à rendre aux armées russes cette qualité de combat.

Par ailleurs, vont intervenir des relèves à la tête de l’ensemble de notre mission d’aide militaire. Le Général Janin est remplacé par le Général Niessel. Le détachement aviation va être confié au Commandant Bordage, en remplacement du Commandant Berger. Parallèlement, un renfort en pilotes très expérimentés va étoffer nos deux escadrilles. La 581e sera commandée par le Capitaine Balavoine, la 582e par le Capitaine Lachmann, un Alsacien, spécialiste dans l’attaque des ballons « saucisses » ;

Les escadrilles sont toutes deux équipées d’avions Spad de chasse et d’avions Farmann de reconnaissance. L’effectif total de ces deux escadrilles représente alors 42 officiers, 25 sous-officiers, 200 hommes de troupe.

De Kiev, les aviateurs français vont se porter en Galicie, à Robrotsche, plus proche du front, où ils vont côtoyer le groupe russe du Capitaine Kasakov, un pilote déjà couvert de gloire. Il terminera la guerre avec un total de 15 victoires, son adjoint le Capitaine Toumianoff avec 17 victoires, le Lieutenant Smirnoff avec 9 victoires, le Lieutenant Arguev avec 4 victoires. Ils servaient tous sur des avions de fabrication française, des Nieuport. Les pilotes français surent aussi se distinguer, avec néanmoins des pertes au combat.

Courant 1917, les armées russes se montrèrent déstabilisées par les conflits politiques internes, de ce pays en pleine révolution Devant l’offensive allemande et austro-hongroise, ses armées opéreront plusieurs replis successifs. Le premier en fin juillet 1917, puis un second repli en septembre, de 110 km. En automne interviendra un troisième repli et enfin le quatrième repli, au moment même de la révolution d’octobre (7 novembre pour notre calendrier Julien !).

L’armée russe ne semble plus alors en condition du moindre acte de guerre. Les aviateurs français vont tenter un coup de force pour enrayer l’avance ennemie, ils vont réussir quelques brillants actes de guerre et c’est finalement l’Armistice de 1918 qui va stopper l’ardeur guerrière ennemie.

Durant l’année 1918, la mission française demeure en liaison radio quotidienne avec Paris. Sur ordre du Général Niessel, une partie des aviateurs de l’escadrille 582 se replie sur Simferopol, en Crimée.

La 581 démonte ses appareils et par voie ferrée regagne Loubny à 200 km de Kiev.

Lorsque les Bolcheviks prennent Kiev, au prix de durs combats, maison par maison et procèdent à des exécutions sommaires, les Français seront épargnés, que parce qu’ils portaient leur uniforme national ! C’est dire avec quelle sauvagerie se déroula cette période de l’histoire de la Russie !

Après un voyage épique, le détachement aviation français entreprend par Vologda à l’est de Petrograd (bientôt baptisée Leningrad…) et par Petrozavodsk, son déplacement vers la mer Blanche, pour être ensuite rapatrié sur la France.

Ce détachement aviation français n’aura pas démérité, il eut une conduite exemplaire en toutes circonstances, se trouvant tiraillé entre une guerre face aux envahisseurs germano-austro-hongrois et les conflits internes liés à cette Révolution Soviétique.

Le Général Niessel adressa en cette circonstance les suivantes sages directives :

« Le détachement en entier doit en toutes circonstances se considérer comme le porte-drapeau de l’Aviation française, et faire preuve, au milieu des pires difficultés, de sentiments intangibles de discipline, d’honneur et de sacrifice. »

Voici donc quels furent les précurseurs de Groupe Normandie !

La situation de l’aviation avant-guerre

À l’origine, le moyen de dominer le terrain fut l’apparition des premiers ballons en 1783 ! Il apparaît clairement, par nature même, que le défaut majeur de ces ballons résidait dans leur incapacité à se diriger, ils étaient reliés au sol par un guiderope, un cordage maintenu par un équipage. Ce qui permettait de contrôler le déplacement et de ramener au sol, le moment venu. Dans la nacelle suspendue sous le ballon se trouvait l’équipage de deux aérostiers qui notaient leurs observations pour ensuite les transmettre, tout en larguant un étui lesté, qu’ils expédiaient au sol. C’est donc dès 1783 que le savant Général Jean-Baptiste Marie Meusnier de La Place imagina les organes de direction et exposera ce qui sera à la base de l’aérostation de l’époque !

Par la suite, l’idée germa de mettre en œuvre ce moyen de domination du terrain, afin de permettre une meilleure observation lors de conflits guerriers. Ainsi pouvait-on à distance, mais en altitude suffisante, connaître la position de l’ennemi, apprécier l’importance de sa troupe de combattants, etc. !

Puis naquit un moyen encore plus efficace, dès la création du plus lourd que l’air, c’est-à-dire des premiers aéronefs à moteur ! Là, s’ajoutait à la possibilité de s’élever en altitude, celle de pouvoir se déplacer, donc avoir une meilleure appréciation du terrain et de l’objectif ! Lors de manœuvres de l’Est en 1911, se produisit le premier exercice d’observation aérienne, avec information des observations relevées aux troupes au sol. Comme il n’existait pas à l’époque de moyen radio, l’observateur larguait un petit container renfermant son message.

Ci-dessous, nous en produisons une vue. On observera le pilote en poste à l’arrière et à l’avant les deux observateurs : l’un observant avec ses jumelles, l’autre larguant le message d’informations à l’adresse des troupes au sol.

C’est ainsi que l’aviation devint un nouveau moyen de combat lors de la Première Guerre mondiale ! S’ajouta bien vite l’armement de ces aéronefs, non pas seulement pour attaquer les positions ennemies, mais aussi lutter contre l’aviation adverse, qui elle aussi prenait son essor !

La Première Guerre mondiale fut donc réellement l’origine d’utilisation de ce moyen aéronautique de combat. Ce n’était pas encore une Arme définie tout comme l’Armée de Terre, ou la Marine, mais elle sera rattachée à l’Armée de Terre pour en organiser son utilisation. Voici donc que nous allons à présent examiner et découvrir au fur et à mesure la véritable naissance de l’Aviation Militaire.

1933 – Naissance de l’Armée de l’Air

Une genèse contrariée…

Nous ne prétendons pas venir relater toutes les péripéties de cette genèse, mais apporter des informations qui permettront de mieux comprendre les raisons des déroulements ultérieurs, seulement 6 ans plus tard, lors de la mise en œuvre de cette Arme nouvelle dans le conflit de 39/40 !

Ceci confirmera que des lacunes dans les décisions politiques et les actes de commandement, ne faciliteront pas l’action de notre Armée de l’Air, face au rouleau compresseur d’une Deutsche Luftwaffe, bien armée et utilisée sous une forme de commandement autonome et moderne… !

Dijon, 13 mai 1916, présentation du 1er drapeau

de l’aviation par Georges Guynemer

Concernant l’Aviation Militaire, appelée à l’époque : Armée Aérienne Aviatrice Armée…, sa création remonte à la période qui suivit immédiatement le vol de Clément Ader à Gretz (château d’Armainvilliers), le 09/10/1890. Puis ce fut à Satory le 14/10/1897, toujours avec Clément Ader, suivi le 16/101906 par Santos-Dumont, etc. Cette arme nouvelle était encore intégrée dans l’Armée de Terre.

Ce n’est que le 31 janvier 1933 (décidément une année fertile en nouveautés de part et d’autre du Rhin… !), que Pierre Cot est nommé au poste de ministre de l’Air, dans le gouvernement d’Édouard Daladier.

Jusque-là, à ce poste les figures de proue de l’Aéronautique Militaire, au lendemain de la Première Guerre mondiale : Pierre-Etienne Flandin, Laurent Eynac, Paul Painlevé, vont céder leur place à ce jeune agrégé de Droit, qui ne dispose d’ailleurs que de très peu d’expérience de l’Aviation !

L’esprit vif de ce nouveau ministre va lui faire désigner dès le 7 février 1933, en qualité de Chef d’État-Major des forces aériennes, le Général Victor Denain. Un officier général de tempérament qui a déjà dirigé l’aéronautique militaire durant la Grande Guerre…

C’est donc à cet homme d’expérience que Pierre Cot va s’en remettre pour ce renouveau espéré de l’Armée de L’air.

En Europe se produit déjà une politique active de ce type de développement, le Général Denain a observé la doctrine italienne en ce sens, conduite par Guilio Douhet, qui prône la primauté de l’aviation dans la guerre moderne !

Nos deux responsables français vont donc reprendre ces idées et œuvrer de consorts. Car précisons que ce renouveau touchera simultanément la création de l’Armée de l’Air, mais aussi de l’Aéronautique Navale !

Tout ne se passera pas sans difficulté car les Généralissimes de l’Armée de Terre avaient leurs propres options, évidemment basées sur le passé, donc en contradiction avec une solution moderne et adaptée aux futurs conflits, où la donne allait grandement changer… !

On trouve déjà là ce qui se reproduisit une vingtaine d’années plus tard lors de la création de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre, où il fallut guerroyer face à la résistance conjointe de l’Armée de l’Air et de l’Artillerie. Cette dernière ne voulant croire à autre chose, qu’à un simple moyen aérien de repérage et d’aide au réglage de tirs d’Artillerie… !

Commentaire du côté Armée de l’Air, par le Haut Commandement :

« … onvoyait un danger dans la constitution d’aviations indépendantes rattachées à des départements ministériels autres que l’Armée de l’Air… ».

Encore une fois nous trouvions-nous en totale contradiction avec ce qui se faisait partout ailleurs : aux USA, en Grande-Bretagne, en Italie, en Allemagne, etc. !

Mais alors concernant cette Armée de l’Air, ce qui incita à bouger dans le courant des années Trente, c’est qu’après la surprise de l’observation des progrès réalisés en aéronautique chez les Italiens, on découvrit qu’à leur tour les Allemands, qui venaient de perdre la guerre, créaient la surprise avec leur politique de développement d’une aviation moderne !

Ne manquons pas de rappeler que ces derniers venaient de faire une véritable démonstration de force dans leur concours efficace lors de la Guerre d’Espagne en 1936 ! Ils nous faisaient déjà découvrir leurs nouvelles armes !

Encore une fois la France, prenait la suite avec toujours la même prudence et les mêmes atermoiements de Généralissimeshyper prudents… Déclaration du Ministre de l’Air français en 1933 : « Pour que notre aéronautique soit en mesure de répondre à l’espoir que le pays met en elle, pour que les deniers publics ne soient pas consacrés à l’achat d’appareils déjà périmés quand ils sont remis aux utilisateurs, il importe de réduire au minimum le temps qui s’écoule entre la conception initiale et l’entrée en service. »

En effet en ce siècle de la vitesse il y avait longtemps à attendre pour voir arriver en unité un nouveau modèle d’appareil ! Un minimum de sept ans entre le moment où un programme d’avion nouveau était étudié et le moment où les utilisateurs pouvaient être mis en possession des premiers appareils de présérie… ! La conception et la réalisation d’un cuirassé de 12 000 tonnes exigeait bien moins de temps !

C’était le Service Technique qui mit longtemps à saisir ce grave problème. Au lieu de jouer le simple rôle de contrôle du produit livré, eut-il fallu qu’il entre en contact avec les constructeurs potentiels en concours, pour établir un véritable cahier des charges du type d’appareil désiré ? Et non pas laisser les constructeurs proposer des modèles issus de leur propre service d’étude, sans savoir s’ils répondaient à un véritable besoin tactique de notre Armée de l’Air !

Louis Blériot, comme d’autres ne manquèrent pas de relever cette carence du Service Technique. Un déchet de 90 % des appareils commandés emplissait le terrain de Villacoublay devenu un véritable cimetière d’appareils, dont certains ne volèrent qu’une fois ! Qu’en aurait dit Courteline… ?

Le 1er avril représentera assurément une victoire morale pour les aviateurs par la naissance de l’Armée de l’Air ! Évidemment, tout reste à bâtir, mais l’essentiel est en place et c’est une réelle victoire de nos deux pionniers !

Au plan tactique il faudra encore lutter contre les principes intransigeants de Général Weygand, considérant l’action de l’Armée de l’Air, comme une servitude du haut commandement des Terriens, toujours ces querelles corporatistes, tout comme nous le rappelions plus haut, à propos de l’A.L.A.T., bien des années plus tard !

Voici donc la situation dans laquelle notre Armée de l’Air va se trouver à la veille du Second Conflit mondial et va, à la fin du 1er semestre 1940, sombrer du fait, a-t-on prétendu, de sa trop grande jeunesse !

Nous estimons bien au contraire que c’est à cause du caractère improvisé et des hésitations en haut lieu que de valeureux chevaliers du ciel sur des montures d’autrefois, malgré toute leur adresse, se sont vaillamment battus, mais ont été contraints de rendre les armes.

Le contexte politique dès 1939

Il convient à présent d’examiner d’autres sources d’information, expliquant le contexte politique européen de cette époque et l’attitude des Pouvoirs Publics en France dans les moments qui précédèrent ce qui allait devenir la Seconde Guerre mondiale.

Cet examen permet de mieux comprendre pourquoi les Français ne se sentaient pas en péril, face à ce dilemme qui se présentait à eux. Car rien dans l’attitude des Pouvoirs Publics, encore durant le 1er semestre de 1939, ne les alerta et leur permit de réellement apprécier le risque latent et ensuite ce qui déferla brusquement sur le pays.

Que de surprises avons-nous lors de l’examen des articles de presse, relatant les préoccupations des hommes politiques au pouvoir, tout comme bon nombre de chefs militaires ! Tout paraissait baigner dans le calme et dans la joie de vivre, jusqu’à la fin du premier semestre de cette année 1939 ! Quand on sait ce qui se passa aussitôt après, on peut se demander si lorsqu’on demanda des comptes à certains après la guerre en 1945, on n’oublia pas dans le nombre bien des hommes politiques, ou hauts responsables militaires qui firent alors preuve d’une totale incurie !

Nous avons eu l’opportune coïncidence de disposer des articles de presse du journal « Les Ailes », couvrant toute l’année 1939 ! Nous nous sommes donc prêtés à une attentive lecture et avons ainsi découvert la nature de la situation avant et au début des conflits de la drôle de guerre de 39/40.

Nous croyons pouvoir estimer que ce journal est l’écho d’une certaine objectivité concernant le contexte politique de l’époque, à la différence d’autres journaux à visée purement politique… ! Et alors, il est surprenant de constater combien tout se passait dans le plus grand calme et la plus grande sérénité, bien que commençaient à résonner ici ou là des bruits de bottes en Europe, sinon pour le moins les signes d’une politique d’armement au-delà du Rhin… !

Le journal Les Ailes accordait un intérêt tant à l’aviation commerciale, qu’à l’aviation militaire ou sportive. Si bien que, concernant l’aviation militaire, on pouvait y prendre connaissance de ce qui se passait tant en France, que dans le monde et particulièrement en Allemagne et en Italie… !

Déjà dans le N° 916 du 5 janvier 1939, dans l’éditorial qui s’intitule Une année est finie : une autre commence, on peut lire concernant la construction aéronautique militaire que les résultats de 1938 sont décevants : « … combien de nos formations militaires ont-elles reçu les matériels modernes qui leur avaient été promis ? Le chiffre est inexistant, et si l’on se contente de mesurer le résultat à ce seul chiffre, celui de 1938 est décevant… Si l’on dresse la liste des avions véritablement nouveaux qui sont apparus sur les terrains, au cours de l’année, un tout petit papier suffit car cette liste, vraiment, est bien courte. ».

On constate tout au long de cette période qu’un effort considérable semble avoir été consacré dans la recherche au profit de l’aviation commerciale, plutôt qu’au profit de l’aviation militaire. Quantité de mastodontes, avions ou hydravions, seront expérimentés et même mis en ligne. Un peu comme si on avait voulu concurrencer les États-Unis qui faisaient dans ce domaine une percée remarquable ! Mais étions-nous capables de poursuivre pareillement comme eux, plusieurs objectifs à la fois ? Il avait été accumulé un tel retard dans le domaine militaire, au cours de ces années 20 et 30, où on désirait s’amuser et absolument croire que la guerre de 1914/1918 eût été la « der des der » !

Sans réelle volonté politique depuis la fin de ce conflit, nous en sommes arrivés à nous trouver en face de deux nations alliées (Allemagne et Italie) qui avaient su donner à leur pays à la fois du beurre et des canons. Et nous en payerons cher cette erreur de ne pas avoir voulu croire qu’il fallait continuer à s’armer en prévision de risque de conflit ! Une sorte d’obscurantisme forcené nous empêchait de voir ce qui se tramait tout près de chez nous, hors de nos frontières.

On fêtait sans arrêt des records de vitesse ou de distance, des prouesses de compagnies aériennes, etc. C’était une sorte de liesse permanente tout juste à la veille de ce qui allait tomber sur la tête, au début du second semestre de cette année 1939. Le Ministère et le Haut Commandement de l’Armée de l’Air inspectaient et inauguraient à tour de bras, toujours satisfaits de la situation.

Parallèlement, on est stupéfait de constater comment les présentations au Salon Aéronautique de Bruxelles du mois d’août 1939, du bombardier biplace Junkers-87 « Stuka », furent prises avec une totale sérénité ! Il était annoncé alors avec un certain détachement, les caractéristiques de cet appareil, qui nous causa tant de dégâts quelques mois plus tard, puis tout au long de la guerre !

Ju – 87 « STUKA »

« Sturz kampf flugzeug » (« Bombardier en piqué »)

Nous avons pu relever ces commentaires à propos, de cet appareil, tel que : « … cet avion est, paraît-il, en service à environ 1000 exemplaires. Nos voisins ont en effet largement développé le bombardement en piqué qui s’est avéré particulièrement efficace… »

Eh oui ! On s’en aperçoit soudain ! C’était l’expérience de la Guerre d’Espagne, à laquelle les Allemands participèrent au travers de leur Légion Condor,ceci avait servi d’exemple… ! Ils venaient de découvrir et mettre en pratique la tactique du chasseur bombardier en piqué ! Alors pourquoi n’avions-nous pas nous-mêmes été capables d’observer et d’en retirer de pareils enseignements ? On prenait encore une fois une guerre de retard ! Peut-être étions-nous un peu trop passionnés sur le conflit politique interne en Espagne… ?

Plus loin nous découvrions au N° 918 des Ailes, du 19 janvier 1939, dans l’éditorial : « Sous les cocardes », un très long article intitulé : « Les dictatures sélectionnent les meilleurs des hommes pour constituer le personnel de leur Aviation » ! Et on cite aussitôt après : l’Allemagne, l’URSS, l’Italie, en disant ainsi : « … l’engouement pour l’Aviation est tel que toute la jeunesse est soumise à un tri et à une préparation de haute qualité qui permettent de choisir vraiment les meilleurs, etc., etc. » ! Encore une fois, pourquoi pas nous ? Certes existait-il l’Aviation populaire, oui bravo, mais constatait-on plus tard que la formation n’était absolument pas adaptée aux besoins de l’Aviation militaire (?).

Nous en voulons pour référence le très long article paru dans le N° 925 du 9 mars 1939 « Les trois équivoques de l’Aviation populaire », qui dit ainsi en préambule : « l’Aviation Populaire dont le but est d’accroître les possibilités de recrutement de l’Armée de l’Air n’est pas adaptée aux besoins militaires. Il faut donc réformer ou s’en passer… ». Voilà, aura-t-on tout au moins réussi à distraire cette jeunesse, grâce à ce populaire mouvement… ?

Notons tout de même que les Allemands et les Soviétiques qui formèrent au début essentiellement leurs pilotes sur planeur réussirent ainsi à créer une élite de pilotes de guerre ? Mais on ne rigolait pas pareillement d’un côté comme de l’autre… !

Au N° 921 du 9 février 1939 (c’est la période où n’y croyait pas encore… !), dans la rubrique « Ici ou là », on peut lire : « un pilote allemand, le Lieutenant Haguenauer de l’école de Detmold se serait perdu dans le brouillard entre Cologne et Mannheim (?), et finalement posé à Haguenau, en zone interdite ! Il a été autorisé à regagner sa base, par la voie des airs avec son appareil. »

Le commentaire du moment :

« C’est un progrès dans les relations de bon voisinage… ».

Lorsqu’on examine ce périple sur une carte, on se demande si ce Lieutenant pilote de la Luftwaffe s’était véritablement paumé dans la brume, vu : l’écart de parcours, on constate le nombre de bases aériennes allemandes survolées en cours de route, dont la base-école de Mayence-Finthen !

Ou alors pourrait-on aussi supposer que le Lieutenant Haguenhauer serait venu survoler ce lieu d’Haguenau, ce patronyme cher à sa généalogie… ? N’oublions pas tout de même que c’était là une zone interdite… !

En fin de compte, comme dira si bien en conclusion l’aimable rédacteur : « … un progrès dans les relations de bon voisinage »… !

Il est alors regrettable que de tels bons sentiments ne fussent ressentis qu’à sens unique, au regard de ce qui se passera quelques mois plus tard… ! Ainsi, il ne semble pas qu’on ait une seconde, douté de l’innocence de ce périple aérien dans la brume… !

Soudain, voici une tonitruante déclaration dans le N° 934 du 11 mai 1939. À la rubrique « Sous les cocardes » : « Laisserons-nous les Allemands maîtres du cielde l’Europe ? ». On peut aussi y lire le mot d’ordre donné par le Maréchal Goering en 1939, concernant l’organisation aérienne du pays :

« … Assurer définitivement et à tout jamais, à l’Aviation allemande, une avance qui ne pourra jamais plus être rattrapée, quoiqu’il arrive ! »

Voilà qui aurait dû en réveiller plus d’un ! Cet article du Commandant André Lanceron, était brillant par sa parfaite documentation sur la situation de l’époque et terminait-il ainsi : « … comment répondre aux prétentions hégémoniques allemandes ? ». Où étaient donc occupés nos politiciens au pouvoir en ces instants ? Inauguraient-ils peut-être quelques brillants salons mondains à Paris ou à Deauville ?

Dans le N° 944 du 20 juillet 1939, on constate au travers d’un article « Faire face » à propos des Forces Aériennes de l’Europe, la reproduction d’une réflexion tout à fait réaliste du Commandant d’Escadre Aérienne Payne, parue dans le Daily Telegraph : « … Ce n’est qu’en 1940 que les flottes aériennes respectives de la France et de l’Angleterre atteindront les valeurs prévues… L’Aviation allemande et l’Aviation italienne se sont étroitement concertées pour une utilisation commune… ». En voici un autre qui se rendait compte de la situation, il poursuivait par un inventaire complet des forces en présence.

Encore une fameuse, c’est dans le N° 953 du 2 novembre 1939. Nous sommes déjà en pleine guerre et nous doutons encore de l’efficacité des forces ennemies ! Ainsi dans la rubrique « Le matériel de l’aviation ennemie », à propos d’un certain bombardier Junkers-88, on peut lire : « … C’est avec un “Ju-88” que les Allemands ont porté à 517 et à 501 km/h, les records de vitesse, sur 1 000 et 2 000 km, avec 2 000 kg de charge. Mais ce nouvel avion ne paraît pas être encore en service dans les escadrilles du Reich. » !

Ça va venir et bien plus vite qu’on ne semblait l’imaginer… !

La meilleure est fournie par le N° 955 du 16 novembre 1939 ! Dans la rubrique « Le matériel de l’aviation ennemie » : on y parle principalement du Messerschmitt-109… !

En préambule de l’article on écrit ainsi : « … Ce sont des appareils rapides, mais ils manquent de maniabilité et la précision de leur tir laisse à désirer, opinion que de récents combats aériens semblent bien confirmer… ». Heureusement mon coco ! Encore une fois que pour nos franchouillards, cet appareil ne semblait pas faire le poids face à nos Morane-406, pourtant estimés dépassés, ou nos poussifs Bloch-151. Car nous disposions d’un appareil, paraît-il plus moderne et meilleur chasseur : le Dewoitine-520, mais en nombre tellement infime ! Il mettait tant de temps à sortir d’usine en raison de cette timide politique d’armement ! Pour en revenir à ces fameux Messerschmitt Bf-109, ils auront tout de même remporté la victoire et ils n’étaient pas les seuls, car il ne faut pas oublier son alternative dans les combats aériens, le remarquable Focke Wulf-190… !

Notons aussi un propos amusant de ce journaliste (André Frachet). Dans le même article sur le Bf-109, ainsi écrit-il: « … le nom de Messerschmitt est devenu aussi familier…(!)… aux Français que leur était celui de Gotha, de sinistre mémoire, en 1914-1918… ». En plus, il avait envie de plaisanter cet Indien, ce n’était pourtant pas le moment, mais peut-être croyait-il lui aussi : qu’on allait les avoir ! … on vaincrait, parce qu’on était les meilleurs… !

Dans le N° 957 du 30 novembre 1939, à cette récente rubrique « Notes et faits de guerre aérienne sur le front occidental », on trouve des informations sur chaque jour de la semaine passée, mais la censure distille avec parcimonie les vraies nouvelles, ainsi la surprise, quelques mois plus tard, sera encore plus grande… ! Alors pour émailler son article d’une note amusante (eine Grosse Blaisanterie Franzaise), pensant lui donner plus de relief et probablement s’ingénier à son tour à endormir l’assidu lecteur, on trouve une surprenante nouvelle, voulue pour ridiculiser les Forces aériennes ennemies.

C’est présenté sous forme d’un tableau comparatif de mise en œuvre de moyens et des résultats obtenus, sous le titre :

« Le prix du lapin »… ?

Ainsi le texte relate :

Le 13 novembre 1939, une formation aérienne du Reich a bombardé à deux reprises l’archipel des Shetlands, distant de 1 000 km environ de la base allemande la plus proche.

Le bilan de l’opération peut se traduire ainsi :

Au passif : 5 avions bimoteurs engagés, 20 hommes d’équipage, 20 bombes de gros calibre, 10 000 km.

Totalisés : 10 000 CV en action, 20 000 litres d’essence consommés – au moins !

À l’actif : 1 lapin tué, 1 maison inhabitée endommagée.

La mort du pauvre lapin a coûté cher à l’Aviation allemande, même en admettant que les cinq avions aient rejoint, intacts, leur base. Tous les raids ne sont pas aussi inoffensifs. N’empêche, répétons-le, celui-là a coûté cher…

Voici vraiment les élucubrations d’un abruti, qui fort heureusement a songé à mettre un bémol en fin d’article, en reconnaissant que d’autres bombardements font plus de mal ! Les gens ayant subi ceux-ci apprécieront tout de même… !

Donc en conclusion, les exemples seront multiples à la lecture d’articles de l’époque, voilà l’état d’esprit qui semblait prévaloir à l’époque et par suite comment nous allions être jetés dans la bagarre, d’une manière aberrante, nos Forces Armées démunies de moyens et parfois même de commandement judicieux, en rapport avec l’invasion déferlante de cette soldatesque d’Outre-Rhin, entraînée et super-armée qui dévalera sur l’Europe.

Nous pensons qu’il faut dès lors savoir encore plus rendre hommage à ces glorieux combattants qui se sont trouvés subitement plongés dans un conflit lors de ce sursaut d’héroïsme de nos gouvernants, qui voulut prononcer la déclaration de guerre à l’Allemagne, après l’avoir laissée si longtemps se réarmer et déployer son hégémonie sur l’Europe… !

Nos glorieux combattants ont tenté de faire face, ils se sont vite trouvés impuissants face à l’envahisseur et ont été démis. Sachons qu’il existait chez nous des unités combattantes montées à cheval (Eh : la Cavalerie !). Les Allemands préférèrent tout de même le char de combat pour faire la guerre… ! Mais aussi avions-nous des unités montées sur bicyclettes (la France, Patrie du Tour de France !).

Alors, apprécions plus particulièrement, une fois l’Armistice prononcé avec l’Allemagne, ce courage et cette force de caractère dont firent preuve ces combattants volontaires, qui rejoignirent les Forces Françaises Libres. Certains parmi eux ont réagi très spontanément à l’appel du 18 juin 1940. Et pourtant qui connaissait vraiment ce Général, qui depuis Londres, appelait au sursaut national ? Très peu en somme, de Gaulle était en fait, pour un grand nombre de Français, un illustre inconnu !

D’autres n’ont eu connaissance de cet appel qu’avec un certain délai car la communication n’était pas aussi rapide et fiable à cette période du XXe siècle ! Une grande partie de ceux qui mirent le cap sur Londres se rendait en réalité dans le seul et unique pays européen, non occupé et opposé aux Forces de l’Axe ! Évidemment, c’est là qu’ils découvriront de Gaulle et la France Libre !

D’autres, enfin hésitèrent encore un certain temps, non pas toujours par conviction politique, mais tout bonnement par respect pur et simple de la discipline militaire, en cette armée de Vichy… ! Depuis quelques années, on avait tellement trompé tout le monde à force de paroles rassurantes, que certains auraient pu y croire encore un temps… ? Et puis, y eut-il ceux qui désiraient prendre grand soin de leur carrière militaire et dont l’objectif principal était les tableaux d’avancement dans les grades… (on en retrouve parmi les recrues de Normandie-Niémen en 1944 !)

1939/1940 : la drôle de guerre

Mars 1938 : l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne.

22 mai 1939 : signature du « Pacte d’acier » entre l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini.

1er septembre 1939 : l’Allemagne envahit la Pologne.

23 août 1939 : signature du pacte germano-soviétique, pacte de « non-agression et de consultation ».

3 septembre 1939 : la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. C’est la « drôle de guerre » avec ses incertitudes, elle durera 8 mois, sans véritables combats, mais avec de sanglants échanges surtout subis par la population en fuite devant ces assauts.

10 mai 1940 : les armées allemandes bousculent nos défenses et envahissent la France.

10 juin 1940 : l’Italie en profite pour déclarer la guerre à la France qui vient d’être envahie et battue par les Allemands ; elle occupe Nice et sa région, poussant vers la Provence et Marseille.

18 juin 1940 : Appel du Général de Gaulle depuis Londres.

22 juin 1940 : c’est la signature de l’armistice de Rethondes avec les Allemands. La France est coupée en deux, avec une zone Nord occupée et une zone Sud libre, où s’est réfugié à Vichy le gouvernement de l’époque.

25 juin 1940 : signature de l’armistice entre la France et l’Italie et désarmement du département des Alpes-Maritimes. La frange orientale du département est purement et simplement annexée par les Italiens.

10 juillet 1940 : Le gouvernement français s’installe à Vichy. Vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. (80 parlementaires votent contre)

Rappelons au passage qu’en l’année 1938, les usines aéronautiques françaises sortaient 2 500 avions, alors que celles de l’Allemagne en sortaient 8 000… !

Ce n’est qu’en octobre 1939, que les premières escadrilles vont se voir équipées d’un avion de chasse plus moderne : le Morane 406, et d’autres par l’appareil américain Curtiss H-75 (P-40 dans l’US-Aircraft).

Jusque-là et depuis 1934, l’équipement des unités de Chasse était à base de trapanelles du genre : Morane-Saulnier MS-225 !

MS-225

Curtiss H-75 ou P-36

Nous retrouverons plus loin leur principal adversaire de l’époque, l’excellent Messerschmitt 109 ! Avec çà, fallait-il pouvoir lutter à armes égales, d’autant que le nombre d’appareils en service était-il, lui aussi, bien plus important du côté allemand que du nôtre… ! Quant à la mise en œuvre, notre attaché de l’Air en Allemagne (le futur Général Stehlin) découvrait alors que l’esprit tactique de mise en œuvre de la Force Aérienne était tout différent de l’autre côté du Rhin, avec une liberté de mission offensive mieux adaptée à cette guerre moderne, qui prenait lieu et place de l’antique 1re Guerre mondiale… !

Dans son volumineux ouvrage, il relate son expérience de tout ce qui se passa avant la déclaration de guerre. Il avait eu tout loisir d’observer, grâce à la permanente et aimable invitation de Göehring, tout ce qui se réalisait au sein de la Luftwaffe, qui s’inspirait du Premier Conflit mondial et la Guerre d’Espagne, pour moderniser le matériel et adapter sa mise en œuvre à un nouveau type de conflit !

Prenons un exemple de mise en place de la Force Aérienne, sur une base française :

Base aérienne 102 Guynemer à Dijon-Longvic

1er septembre 1939 : installation de l’État-Major de la 32e Escadre et arrivée des avions du 2/52 (les M/S 225) qui seront stationnés jusqu’en février 1940.

17 octobre 1939 : des premiers Morane Saulnier 406 (la nouveauté…) du Groupe de Chasse 2/3, qui seront stationnés jusqu’au 17 janvier 1940.

– Construction de la piste en dur (800 m x 40m)

– Armement par des unités spécialisées des Potez 63,11 sortant d’usine !

À la page suivante, une représentation de cette nouveauté, témoigne des erreurs commises dans l’armement, au moment où on allait entrer en guerre… !

Le bombardier Potez 63,11 !

Voici quelle nouveauté, sortait d’usine… !

10 mai 1940 à 6 h du matin bombardement de la base par deux Heinkel 111. Ils remettront çà à 15 h !

Ce Heinkel 111 ! Mais d’où les Allemands,

sortaient-ils de tels engins ?

13 mai 1940 : une formation de Junkers 88 attaque les hangars et détruit une douzaine de Potez 63,11

14-15 juin 1940 : la base accueille le repli des Morane Saulnier 406 du G.C. 1/2

16 juin 1940 : les Curtiss H 75 du G.C. 2/5 stationnant à Dijon, obtiennent deux victoires aériennes ; un Dornier 215 et un Heinkel 111 s’apprêtant à survoler la base.

25 juin 1940 : l’occupant prend possession de la base.

Et disposaient-ils déjà de cet appareil de chasse. (conçu en 1936)

Le redoutable Messerschmitt Me 109

Nos moyens aériens pour l’Aviation de Chasse en 39/40

Le Bloch-151, l’un des fers de lance de la Chasse en 1939. Piètre appareil à la motorisation insuffisante et peu fiable, parallèlement présentant une masse importante pour un chasseur !

Le Morane-406, faisait partie de ces appareils des programmes de 1934 ! Arrivé en 1937 en unité, on ne peut pas prétendre qu’en 1939, il put vraiment rivaliser en quoique ce soit avec son adversaire principal, le Bf-109 « Messerschmitt » conçu à la même époque… !

Le Dewoitine-520, chasseur de conception plus moderne, mais qui n’arriva qu’en mars et avril 1940, et au compte-gouttes au moment où la « drôle de guerre de 39/40 » battait son plein et approchait même de son terme… !

Le Curtiss H-75A (P-36 dans l’USAAF). Il avait été commandé à 800 exemplaires en 1938, mais seulement 300 furent livrés. Pourtant cet appareil démontra de bonnes qualités et s’avérait supérieur aux appareils français Bloch 151 et Morane 406, bien que contemporains avec lui… ! Il arrivait en unité encore au bon moment.

Les moyens aériens de l’Aviation de Chasse allemande

Messerschmitt Bf-109

Concepteur : Willy Messerschmitt – 1ervol, 29/05/1935 – en service, 1937 avec un moteur V-12 Daimler-Benz 1475 cv

Focke-Wulf – Fw-190

Concepteur : Kurt Tank – 1er vol, 01/06/1939 – en service, août 1941 avec un moteur en étoile BMW 1730 cv

Le soutien matériel des États-Unis à l’URSS : « ALSIB »

ALSIB (ou Northern Trace) était la partie Union soviétique de la route aérienne Alaska – Sibérie recevant des aéronefs de prêt-bail de la route de transit du nord – ouest. Des aéronefs fabriqués aux États-Unis ont survolé cette route pour le service de combat de la Seconde Guerre mondiale sur le front de l’Est.

Venons-en à ce que nous évoquions plus haut, ce convoyage d’appareil entre l’Alaska et l’URSS !