Mi-figue Mi-raison - tome 3 - Fanny Dl - E-Book

Mi-figue Mi-raison - tome 3 E-Book

Fanny Dl

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Beschreibung

Pourront-ils concrétiser leur rêve le plus profond ?

C’est officiel, Emilie et Samy vont pouvoir vivre leur amour pleinement, et (presque) sans nouvelles règles ! Les préparatifs sont lancés, et ils ne rêvent plus que d’une chose : pouvoir savourer leur nuit de noces et vivre enfin ensemble. Mais cette union mixte n’est pas vue d’un bon oeil par tout le monde. Emy va devoir apprendre à vivre avec le regard des autres, ce qui n’est pas si facile, car Paris traverse une période sombre... À côté de ça, Emy reçoit une terrible nouvelle. Le futur qu’elle s’était imaginé commence peu à peu à s’effacer... Leur amour demeurera-t-il plus fort que tout ? 

Fanny Dl termine admirablement sa saga Mi-figue Mi-raison, avec un troisième tome renversant. Ancré plus que jamais dans la réalité, ce roman nous rend totalement accro à la plume de l’auteure.

EXTRAIT

L’atmosphère est insupportable et mon coeur bat tellement fort que je me demande s’ils ne l’entendent pas.
J’ai besoin d’air, mais nous venons à peine d’arriver, alors j’essaie de me concentrer sur autre chose. Samy fronce les sourcils alors que je mate clairement le paquet de clopes posé sur la table basse. Il a compris que je m’en grillerais bien une.
Je regarde maman, assise sur le canapé en face de nous, boire son thé tout en gardant le silence.
Quand nous sommes arrivés il y a à peine dix minutes, qui me semblent plutôt être des heures, j’ai tout de suite vu à la tête de maman que ça allait être dur. Son visage fermé montrait clairement son désaccord. Samy est resté flegmatique et lui a gentiment dit des phrases comme « ravi de vous rencontrer » et « votre maison est magnifique ».
Elle a juste murmuré un simple « bonsoir » sans même m’embrasser.
Ça va faire mal !

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"En bref, Fanny Dl a su faire preuve d'originalité en nous offrant cette histoire peu commune. J'ai passé un excellent moment. Mi-Figue mi-raison est un très beau livre qui est à découvrir…" - Mon Paradis des Livres.

"L'auteur a une écriture fluide, facile à lire et très agréable à suivre. On comprend et on ressent facilement les sentiments du personnage narrateur." - Bbook_NW sur Booknode.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Titulaire d’un diplôme en psychologie, Fanny Dl écrit son premier livre en 2015. Sa meilleure amie d’enfance vivait une histoire d’amour atypique et à force de lui répéter qu’elle était digne d’un roman d’amour, elle a fini par se lancer dans cette incroyable aventure ! Elle écrit alors trois tomes intitulés Mi-figue Mi-raison. À partir de là, l’écriture a fait partie intégrante de sa vie et elle passe tout son temps libre à imaginer des histoires. Elle publie également un autre roman chez les éditions Addictives et chez Harlequin.

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Prologue

Mon travail enfin terminé, je ferme mon ordinateur et m’installe sur mon canapé avec une couverture bien chaude. Je suis épuisée de ma journée, mais c’est ce que j’appelle une bonne fatigue. En fait, c’est mon père qui disait toujours ça. Une fatigue due au travail acharné menant à de l’épanouissement est ce qu’on appelle une bonne fatigue. Mes yeux commencent déjà à se fermer alors j’allume la télé sans me préoccuper de la chaîne, consciente que je ne tiendrai pas éveillée plus de dix minutes.

Je me laisse doucement aller au sommeil lorsqu’un bruit assourdissant me fait sursauter. Je me relève d’un coup, le cœur battant.

C’était quoi ça ?!

Tout à coup, une multitude de ce même son s’enchaîne, comme des feux d’artifices, ce que je trouve bizarre à cette époque de l’année, et surtout à cette heure. Mais quand j’entends des gens crier, je me demande s’il ne s’agit pas… de coups de feu ?

Je m’élance à la fenêtre de mon salon, intriguée et un peu apeurée, je dois l’avouer. Après tout, les rues de Paris sont toujours animées le soir et bien évidemment que quelques jeunes sortant de bars à proximité ou de salles de concert peuvent finir en beuglant ou en se bagarrant mais si violemment, c’est très rare. Alors, la curiosité l’emportant sur ma peur, je soulève légèrement le rideau de ma fenêtre. En apercevant ce qui se trame dans ma rue, j’ai du mal à me dire que je suis bien éveillée et pas dans un de mes pires cauchemars !

Des gens hurlent et courent dans tous les sens. Je rapproche mon visage de la vitre et plisse les yeux pour tenter de voir ce qu’il se passe dans la grande avenue près des bars et je crois voir… des corps allongés sur le sol ? Oh, mon Dieu ! Ahuris et abasourdis, je fixe la scène un long moment avant que des cris résonnent de nouveau à mes oreilles et m’oblige à reculer, une main sur la bouche. La bile me prend, je suis à deux doigts de vomir.

Suis-je en train d’halluciner ?

J’hésite à me pincer tellement je doute que tout ça soit bien réel.

De nouveaux coups de feu suivis de hurlements me font crier si fort que ma voix se brise. Je cours jusqu’à ma chambre pour chercher mon téléphone, mais je suis tellement horrifiée et affolée par ces images que je trébuche plus d’une fois avant d’y arriver. La panique m’empêche de respirer et je suis au bord de l’évanouissement quand je mets enfin la main sur mon portable. Je comptais appeler la police, mais le bruit strident des sirènes prouve qu’ils sont déjà en chemin.

Je constate que j’ai plusieurs appels et messages en absence, mais ce que j’entends à la télé attire bien plus mon attention. Je retourne rapidement dans mon salon et je manque une fois de plus de m’étaler sur le sol pour attraper la télécommande et augmenter le son. Je comprends alors ce qu’il se passe. Je viens d’assister à la pire scène de toute ma vie et ce n’était pas un rêve, mais bien la triste réalité.

Chapitre 1

— Je n’y crois pas, je n’y crois pas !

Fanny crie en applaudissant et tout le monde dans le restaurant nous regarde, mais ce soir, je m’en moque totalement. Elles sautillent toutes les deux sur leurs chaises et pour une fois, je me joins à elles.

— Reprends depuis le début, s’il te plaît ! demande Mina, impatiente.

Je marque une pause, car Gino, le patron du Napoli, vient prendre notre commande, mais mes deux amies l’ignorent carrément.

— Accouche, Emy ! hurle de nouveau Fanny, hystérique.

Je m’excuse silencieusement auprès du serveur, en lui faisant signe de revenir dans cinq minutes. J’aurais sûrement dû attendre un peu avant de leur dire, mais je n’ai pas réussi. Elles étaient déjà installées à notre table habituelle quand je suis arrivée. Je me suis immédiatement précipitée pour prendre Mina dans mes bras. Je n’avais pas revu mon amie depuis son départ en Irlande, il y a un mois déjà ! Elle m’a ensuite demandé, furieuse, quelle était la raison pour oser être en retard à notre dîner de retrouvailles et j’ai répondu :

— Une demande en mariage !

Oui, c’est bien ça. Je n’arrive pas à y croire moi-même, mais c’est bien ce qu’il s’est passé ce soir. L’homme que j’aime, la personne avec qui rien n’était possible, m’a demandé de l’épouser. Alors que j’étais persuadée qu’il allait me quitter et me briser le cœur, il m’a, contre toute attente, fait la plus belle demande que l’on ne m’ait jamais faite.

— Je ne sais pas par où commencer, dis-je songeuse.

Je réfléchis quelques secondes afin de revoir la scène dans ma tête, mais Fanny secoue ses mains devant moi.

— T’as intérêt à dire quelque chose, Emilie Rachel Martin !

Son air faussement furax me fait glousser avant que je ne me racle la gorge pour commencer :

— Il a insisté pour me voir avant que je vous rejoigne et m’a demandé si j’avais fait le ramadan.

Oups. Leur regard surpris me rappelle que je ne leur en avais pas parlé non plus…

— Mais tu ne l’as pas fait, n’est-ce pas ? m’interroge Fanny, les sourcils froncés.

Je me pince les lèvres et elles écarquillent les yeux.

— OK mademoiselle ! lance Mina. On reparlera du fait que tu aies omis de nous parler de ça plus tard. Et après ?

— Je lui ai répondu oui et il m’a dit que le fait de le lui avoir caché prouve ma sincérité.

Elles hochent la tête en signe d’approbation et je poursuis, ravie de voir qu’elles me comprennent.

— Il m’a ensuite dit que l’on ne pouvait pas continuer comme ça lui et moi. J’ai vraiment cru qu’il allait me quitter mais au lieu de ça… il m’a fait sa demande !

— Comment ? demande Fanny.

— Il m’a dit… Épouse-moi, Emilie.

En répétant ses mots, je prends conscience qu’en réalité, il ne m’a pas posé la question.

Bon sang, même sa demande en mariage sonnait comme un ordre ! Mais peu importe la façon, c’était inespéré et magique.

Je ferme les yeux pour revenir dans mon appartement, en plein milieu de mon salon avec la poitrine en feu comme si j’y étais encore…

Chapitre 2

Quelques heures plus tôt

— Emilie… ?

Je suis complètement tétanisée par ce qu’il vient de me dire. Samy m’a-t-il réellement demandé de l’épouser ou c’est encore mon cerveau qui me joue des tours ? Je relève mon regard vers le sien.

— Tu peux répéter, s’il te plaît ?

Il rit doucement.

— Épouse-moi, habibti.

OH-MON-DIEU !

— Mais… je… je ne comprends pas !

— Ça veut dire ma chérie en arabe, me taquine-t-il.

Je lui tape doucement l’épaule avant de me joindre à lui en riant. Puis je reprends mon sérieux en le fixant sérieusement.

— Tout ça est si improbable.

— Un musulman peut épouser une femme croyante, tu te souviens ? C’est toi qui me l’avais dit.

Je me rappelle parfaitement lui avoir dit ça quand nous étions à Lille, durant notre séminaire. Je lui avais même parlé des parents de Mina qui sont un couple mixte.

— Oui, mais tu m’as également dit ce jour-là que ce n’est pas ce que tu voulais… Je veux dire, tu voulais une femme qui…

— Emilie, me coupe-t-il. J’avais une femme idéale en tête, mais en réalité, elle ne l’était pas. La seule femme que je veux aujourd’hui, c’est toi.

Je vais m’évanouir tellement mon cœur saute de joie. Est-ce réellement Samy qui vient de me dire cela ? J’hallucine, je ne peux pas y croire ! Il reprend la parole avant que je n’aie le temps de digérer :

— Je t’ai également dit ce jour-là qu’un mariage mixte était beaucoup plus compliqué. Et je n’ai pas menti, Emy. Tu dois savoir que ça risque d’être dur, même extrêmement dur parfois. Tu ne peux pas me répondre à la légère, tu comprends ?

Je hoche la tête en tentant d’assimiler tout ça, mais il poursuit :

— Je ne t’ai pas appelée ces derniers jours, car j’avais besoin de temps pour réfléchir. Ma décision est prise et je ne reviendrai pas dessus. À toi de me donner la tienne.

Je lève mes yeux vers cet homme magnifique et j’ai envie de lui crier que la réponse est oui, mais des milliers de questions se chamboulent dans ma tête. Il regarde sa montre et part vers l’entrée.

— Tu es en retard.

— Non Sam, attends ! m’exclamé-je en me plaçant devant la porte pour l’empêcher de sortir. Tu ne peux pas me dire tout ça et partir ensuite !

Il sourit largement.

— Je suis désolé, j’avais besoin de te le dire. Mais tu dois y aller, c’est ta seule soirée avec tes amies avant longtemps. Tu dois en profiter.

Il se penche vers moi pour continuer à voix basse :

— Toi et moi on a tout notre temps maintenant.

Tout en délicatesse, Samy dépose un baiser sur le coin de ma lèvre et ça suffit pour m’électriser tout le corps. Puis, il sort de mon appartement et je m’adosse contre ma porte le cœur prêt à sortir de ma poitrine. Comment pourrais-je lui dire non ?

Chapitre 3

Mes amies me fixent avec des étoiles plein les yeux comme si elles regardaient un film d’amour et qu’elles attendaient le dénouement de l’histoire.

— Tu vas dire quoi ? m’interroge Mina.

— T’as une bague ? demande Fanny à son tour.

Je leur souris.

— Je sais que cette union va être difficile mais… pas plus que de passer ma vie sans lui.

Je lève ma main en l’air avant de poursuivre :

— Et non, pas de bague !

Elle paraît déçue pendant, je dirais, une demie seconde avant de se remettre à sautiller.

— Alors tu vas dire oui ?

Je leur adresse un énorme sourire en guise de réponse.

— Oh mon Dieu ! s’exclame Fanny avant d’attraper mes mains.

— Tu vas te marier ! s’enflamme Mina encore plus fort.

— Attendez avant de crier victoire. Il m’a demandé de bien réfléchir et j’avoue avoir plein de choses à mettre au clair.

Je me demande intérieurement s’il y aura de nouvelles règles puis je secoue la tête, car ce soir, j’ai envie de me concentrer sur mes amies, même si ça risque d’être extrêmement difficile.

— De toute façon, je passe le voir ce soir donc je vous dirai tout demain ! Bon, et toi Mina, comment ça va ? Bien installée ?

Incrédules, elles se jettent un bref regard avant d’exploser de rire.

— Quoi ? demandé-je.

— T’as vraiment cru qu’on allait parler d’autre chose ? demande Fanny encore morte de rire.

— On s’écrit tous les jours et on se voit en face time toutes les semaines, Emy, tu sais pertinemment que je suis bien installée, que tout va beaucoup mieux avec Mehdi et que j’adore passer du temps avec mes nouvelles voisines telles une desperate housewive !

Elle nous fusille alors du regard et nous rions avec Fanny. Depuis qu’on lui a donné ce surnom, il ne la quitte plus.

— Oui, allez, raconte-nous ! Ça va être quoi le thème du mariage ? On va s’habiller de quelle couleur ? Est-ce que…

Je lève ma main pour stopper Fanny qui me mitraille de questions, car si je la laisse faire, elle ne s’arrêtera plus.

— Vous croyez vraiment que j’ai eu le temps de penser à tout ça ?

Je m’imagine rapidement dans une robe blanche en dentelle comme celle que j’ai vue sur cette photo… Non mais il faut que j’arrête ça !

— Les filles, dis-je en secouant la tête. Je dois d’abord tout mettre au clair avec Samy avant d’envisager quoi que ce soit. Et puis tout ça est nouveau pour moi. Le mariage ! Ce n’est pas comme si je l’avais envisagé un jour.

— Mais d’ailleurs, c’est fou que tu aies changé d’avis à ce sujet, dit Mina. Tu penses que tu veux l’épouser car c’est l’unique moyen d’être ensemble ou tu n’es plus contre le mariage ?

Je réfléchis quelques secondes, car je n’ai pas eu le temps de penser à ça non plus.

— Au départ, je pensais que c’était le seul moyen d’être ensemble, mais je me suis rendu compte de tellement de choses dernièrement… C’est un engagement qui prouve notre amour devant nos proches. On montre aussi qu’on est sûrs de vouloir passer notre vie entière avec l’autre. Et c’est ce que je veux. Lui pour toute ma vie.

Malgré leur expression émue, Mina prend un air sérieux.

— Chérie… Je veux que tu saches que je suis heureuse pour toi, vraiment ! Mais en tant qu’amie, je dois te dire que ça va être dur. La vie à deux est déjà compliquée alors quand on a des points de vue différents, c’est…. Tu sais, mon père m’a raconté un jour, qu’avant leur mariage, ma mère acceptait tout de lui. Mais au bout de quelques années, elle en avait marre de faire des concessions.

— Je comprends Mina, mais sache que, si je suis bien sûr d’une chose, c’est que j’aime Samy pour ce qu’il est. Et je sais que l’homme qu’il est, c’est en très grosse partie dû à ses croyances.

Je repense à Samy, respectueux, dévoué, sensible à sa façon…

— Mais, et toi par rapport à la religion ? demande Fanny.

— Comment ça ?

— Tu as fait le ramadan et tu as été sincère, OK. Mais maintenant ? Tu comptes faire quoi ? Est-ce qu’en lui prouvant ta sincérité il ne s’est pas dit que tu irais plus loin, c’est-à-dire…

Elle n’ose pas finir sa phrase, alors Mina le fait à sa place :

— Te convertir ?

Je sursaute presque.

— Non ! m’écrié-je. Je veux dire, non, je ne suis pas prête pour ça ! Je crois désormais en Dieu, mais je m’étais dit que je voulais faire plus de recherches, vous voyez ? Il y a tellement de religions… je ne sais pas où j’en suis, mais ce qui est sûr, c’est que je ne suis vraiment pas prête à un tel engagement et d’ailleurs, je ne pense même pas le faire un jour.

Elles acquiescent sans rien ajouter et une panique monte en moi. Et si le fait d’avoir fait le ramadan avait laissé croire à Samy que j’allais sur ce chemin ? Je ne pourrais jamais envisager une telle chose juste par amour.

Oh non…

En sentant la déception m’accaparer, je pose mes mains sur mon visage, mais Mina les retire rapidement.

— Emy, tu as raison ! Tu dois mettre tout ça au clair avec lui. Ne te prends pas la tête maintenant.

Elles me sourient toutes les deux et Fanny reprend son air excité.

— C’est tellement beau tout ça ! Toi qui as toujours douté, tu peux être sûre maintenant qu’il t’aime vraiment !

Bordel, Samy m’aime !

Tout à coup, je me rends compte qu’il ne me l’a jamais dit et je n’ose imaginer cette scène, car rien que le fait d’y penser me donne le tournis.

Nous passons le reste de la soirée à parler de moi et encore de moi et de moi. Ce n’est pas faute d’avoir essayé de changer de sujet.

Il est presque minuit quand nous nous quittons devant le restaurant.

— Il n’est pas trop tard pour que tu y ailles ? demande Mina avant de sortir de mon étreinte.

Avant que je n’aie le temps d’ouvrir la bouche, Fanny répond à ma place :

— Tu plaisantes ? Bien sûr qu’elle y va !

Nous rions brièvement, car il est de nouveau l’heure de nous dire au revoir pour plusieurs semaines. C’est beaucoup moins difficile que la première fois, mais ça l’est tout de même.

— Allez, on se revoit bientôt, me rassure Mina.

Nous nous enlaçons une dernière fois et quand je rentre dans ma voiture, je ne peux m’empêcher de leur envoyer un message :

* Que serait ma vie sans vous ?

Chapitre 4

Quelques instants plus tard, je toque à la porte de Samy.

L’attente parait énorme alors qu’il m’ouvre en quelques secondes seulement. Il est vêtu de son fameux short en coton qu’il met pour traîner. Et en haut ? Bien évidemment, il ne porte rien. Toute mon attention est désormais concentrée sur ce torse nu, bronzé et musclé. Bon sang…

Quelle que soit ma décision ce soir, je ne sors pas d’ici sans l’avoir touché. Il ouvre grand la porte et se décale sur le côté pour me laisser entrer.

— Ne chercherais-tu pas à orienter ma décision par hasard ? dis-je en m’installant sur son canapé.

Il part dans sa chambre en riant et ressort habillé d’un t-shirt blanc, à mon grand désespoir. Puis il s’assied près de moi en laissant tout de même une petite distance.

— Comment était ta soirée ? m’interroge-t-il.

— Très bien.

J’évite de lui dire qu’il était au centre de la discussion. Il me demande comment vont mes amies et le fait qu’il s’attarde sur Mina et sa nouvelle vie me surprend.

Il me fixe plusieurs secondes et j’attends qu’il commence à lancer le sujet, mais il ne le fait pas et mon impatience me fait craquer la première.

— Sam, j’ai tellement de questions.

Il s’installe confortablement et penche la tête sur le côté en attendant que je poursuive. Je tourne mon visage, car s’il continue de me regarder comme ça je vais lui sauter dessus. Il m’a tellement manqué !

D’avoir vu son torse nu et de sentir son odeur m’excite sans qu’il n’ait rien à faire d’autre.

Je me concentre de nouveau sur tout ce que j’ai à lui dire : j’aurais peut-être dû faire une liste ? Je secoue la tête et fixe mes doigts entremêlés. Ma nervosité le fait rire, mais il attend patiemment. J’inspire profondément et commence avec ma pire crainte depuis sa demande.

— Est-ce que… tu es vraiment sûr de toi ? Je veux dire, c’est énorme comme décision. Qu’est-ce qui t’a poussé à me demander une telle chose ?

Je fronce les sourcils tellement je n’y crois toujours pas, mais il reste impassible. Je suis tellement stressée et lui si… calme !

— Je ne veux plus de cette situation entre nous. Tu sais que je veux me marier et fonder une famille. Donc la solution était soit de te fuir, soit de t’épouser. C’est toi que j’ai choisie, Emy.

Ces dernières paroles accélèrent les battements de mon cœur et j’ai envie de le prendre dans mes bras, mais je dois continuer. Il faut que l’on mette cartes sur table, maintenant !

— Mais… tu m’as dit tellement de fois que tu voulais quelqu’un qui partage ta religion.

— Comme je te l’ai dit tout à l’heure, Dieu autorise un musulman d’épouser une femme qui croit en lui et tu m’as prouvé que c’était le cas.

— Oui, mais…

J’hésite une seconde puis je décide d’aller droit au but.

— Je ne compte pas me convertir, Sam.

Il soupire en s’approchant de moi puis il attrape doucement mon visage pour me forcer à le regarder dans les yeux. Je ne sais pas si c’est sa main sur moi ou son regard qui enflamme mon bas ventre.

— Écoute, Emilie. Je ne peux pas te dire que ça ne me ferait pas plaisir que tu le fasses un jour, mais je peux te promettre que ce n’est pas ce que j’envisage. Premièrement, car c’est une décision que personne ne peut prendre à ta place. Je ne t’ai pas demandé ta main en attente de quelque chose en retour. Deuxièmement, si je t’ai choisie, c’est parce que j’ai confiance en toi. Tu m’as prouvé que tu croyais en Dieu et c’est un honneur de t’avoir aidée à percevoir les choses autrement. Tu m’as aussi montré que je pourrais pratiquer ma religion sans problème, voire même avec ton aide. C’est tout ce qui compte. Une fois marié, j’en aurai fini avec tous ces péchés qui ne font pas de moi quelqu’un de bien.

Je tente de détourner une fois de plus les yeux tellement c’est dur de ne pas pleurer en entendant tout ça, mais il m’en empêche et replonge son regard dans le mien. Je m’apprête à lui dire qu’il est bien meilleur qu’il ne le croit. Il est de loin l’homme le plus bon que je n’ai jamais connu, mais il poursuit :

— Je me suis rendu compte que les deux choses qui importent le plus pour moi et qui peuvent me rendre heureux sont compatibles. C’est tout ce qui compte.

— Waouh, dis-je doucement avant de me mordre la lèvre.

Samy se met à les fixer intensément ce qui me fait frissonner de désir.

— Continue, souffle-t-il.

— Continuer quoi ?

— Bah tes questions ! Tu as dit que tu en avais une tonne.

— Ah… oui.

Ma déception le fait marrer.

— Je veux que tout soit clair, Emy. Continue, s’il te plaît.

Je détourne de nouveau le regard en secouant la tête.

— Oui… alors… euh… concernant l’Islam. Je comptais m’intéresser à d’autres religions. Je veux dire… je crois en Dieu, mais je ne sais pas quelle…

Je m’arrête. J’ai un peu du mal à m’exprimer et je n’ose pas le regarder en face, de peur de le décevoir.

— Très bien, lâche-t-il.

Je le fixe, surprise.

— Tu trouves ?

— Oui, c’est honnête. Le Coran dit que tous les livres religieux sont sacrés.

Je dois rêver…

Alors il n’y a plus rien d’impossible entre lui et moi ? Est-ce vraiment réel ? Tout ça me parait beaucoup trop facile !

— Tu veux dire que si un jour je deviens chrétienne ça ne te dérangerait pas ? insisté-je.

— Je ne peux pas dire que ça ne me dérangerait pas, mais je peux t’assurer que je te laisserai faire tes propres choix. Enfin… ne deviens pas bouddhiste, s’il te plaît, je n’ai jamais compris leur délire !

Nous éclatons de rire avant que je ne reprenne la parole :

— Y a-t-il des règles ?

S’il continue à me sourire comme ça, je vais finir par fondre comme du chocolat !

— À part celles du mariage, comme m’être fidèle, non.

Lui être fidèle ? Sérieusement, quel homme pourrait m’attirer autant que lui ?

— Par rapport à ça justement, que penses-tu de la polygamie ?

Il éclate de rire. Cette question ne faisait pas partie de ma liste invisible, mais ce sujet m’y a fait penser.

— Elle est interdite en France, répond-il amusé. Alors à moins que l’on déménage….

Je le fusille du regard et il reprend alors son sérieux :

— Je ne veux que toi dans ma vie, Emy.

À peine cette phrase sortie de sa bouche que mes lèvres sont déjà sur les siennes. Il me rend timidement mon baiser avant de se reculer.

— Ça va, je n’ai plus de questions ! dis-je en agrippant fermement ses bras pour l’embrasser à nouveau.

Mais il m’en empêche en tournant le visage.

— Attends, il y a autre chose, Emilie.

Il se racle la gorge et la mienne se resserre, car ça n’a pas l’air d’être une bonne chose. Je savais bien que ça ne pouvait pas être aussi simple !

— Je t’ai longtemps considérée comme une femme avec qui je profitais et j’en suis désolé, car je n’aurais jamais fait ça avec une femme que je respecte.

Je le fixe d’un regard interrogateur. Qu’est-ce qu’il raconte ?!

— Donc maintenant que je te considère comme mon éventuelle future femme, ça change tout.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire plus de sexe, lâche-t-il.

— Quoi ? crié-je presque.

— Pas avant qu’on soit mariés.

— Mais attends, c’est ridicule, on l’a fait une centaine de fois ! Qu’est-ce que ça change ? Ce n’est pas du tout irrespectueux pour moi Sam, ne t’en fais pas pour ça je…

— Emilie, me coupe-t-il on ne peut plus sérieux. Pour moi ça change tout et je ne te toucherai plus, à moins que tu ne deviennes ma femme.

Nom de Dieu !

Cet aveu me donne encore plus envie de lui… Je ne vais pas y arriver !

— Tu… tu es vraiment sérieux ?

Samy s’esclaffe en notant mon désespoir.

— Tu me manques beaucoup aussi Emy, crois-moi. Mais ça compte pour moi. Et tu verras, tu ne le regretteras pas. Enfin, si tu acceptes.

Les yeux plissés, il m’adresse un sourire malicieux.

— Si j’accepte quoi ? demandé-je d’un air faussement supérieur. Tu ne m’as pas vraiment demandé quoi que ce soit !

Son expression amusée s’évapore et il se rapproche de nouveau pour prendre ma main dans la sienne.

— Veux-tu m’épouser, Emilie ?

Sa manière de me regarder est tellement profonde que je crois voir des étoiles autour de lui.

Seigneur, je manque d’air…

Je reprends mon souffle et essuie mes larmes naissantes avant de lui répondre :

— Oui.

Chapitre 5

Rien, ni même le fait que Sam n’ait pas voulu que je reste ce soir, n’effacera ce sourire béat que j’ai collé aux lèvres.

Je vais me marier ! 

Samy a insisté pour qu’on ne dorme pas ensemble. Pas parce qu’on est en semaine ou que l’on est fâchés, mais parce qu’il veut rendre notre union plus pure et plus respectueuse. Et il ne veut pas qu’on joue avec le feu donc on ne passera plus de nuit ensemble dorénavant. 

Même si j’ai joué la fille têtue qui ne comprenait pas, il y a quelque chose dans tout ça qui m’excite encore plus. Et j’avoue adorer une fois de plus la façon dont il voit les choses. Ça pourrait paraître ridicule et dépassé, mais ça ne l’est pas. Au contraire, ça rend notre relation encore plus intense et passionnée. 

Je me mords la lèvre en m’allongeant sur mon lit. Comment vais-je réussir à dormir après cette soirée ? Mais surtout, comment vais-je tenir tout ce temps ? Ça me fait penser qu’on n’a même pas parlé du mariage en lui-même. 

Bien qu’il soit déjà presque quatre heures du matin, je lui envoie un message.

*On se marie quand ?

Je me demande si on ne pourrait pas le faire dans dix mois, on serait au printemps et donc plus de chance qu’il fasse beau. Mais peut-être que ça va lui sembler trop tôt ? Je souris quand j’entends qu’il m’a répondu et fais un bon de mon lit en ouvrant le message.

*J’avais pensé dans trois mois.

Quoi ?! Il se moque de moi ? Trois mois ?

C’est juste impossible !

*Tu n’es pas sérieux ?

*Bien sûr que si.

*Dans trois mois nous serons en décembre ! Qui se marie en hiver ?

*Les couples pas comme les autres…

Sa réponse me fait sourire. Ça me paraît impossible d’organiser un mariage en si peu de temps, mais je n’ai pas non plus envie de refuser. Je m’en fiche de la météo ou de quoi que ce soit d’autre d’ailleurs.

*Je pensais plutôt dans un an…

*Un an ? Si c’est ce que tu veux alors d’accord. Reste à savoir si tu tiendras jusque-là… ?

Là il m’a eue ! Je ne tiendrai jamais toute une année ! Mais attends, c’est lui l’homme après tout, pourquoi c’est moi qui ai l’impression de ne penser qu’à ça ? 

*Car pour toi tenir une année, c’est facile ? 

*Non, Emilie, ça ne sera pas facile, mais je sais que tu feras tout pour ne pas me tenter et respecter ma décision. Ça compte pour moi.

Sa réponse me montre encore une fois pourquoi je l’aime autant. Je me sens tellement chanceuse d’être celle qu’il a choisie. Il me renvoie un message sans que je n’aie le temps de lui répondre.

*Dors maintenant. Je passerai te prendre demain pour déjeuner et on reparlera de tout ça. Bonne nuit, madame Belaoui.

Oh la la ! Je pose mon téléphone et c’est le cœur battant que je tente désespérément de trouver le sommeil. 

Chapitre 6

Le « poumon vert » de Paris ! L’appellation du bois de Vincennes lui correspond totalement, surtout en cette période de l’année. Je prends une dernière photo de cet îlot de verdure avec ces quelques feuilles qui commencent à tomber doucement de leurs arbres. C’est magnifique !

Je retourne m’assoir près du banc et un frisson remonte doucement le long de mon dos. Est-ce la brise qui commence à se rafraîchir en cette fin d’été ou la vision de cet homme magnifique en train de me regarder le rejoindre ?

Après m’être finalement endormie vers cinq heures du matin, j’ai profité de mon dimanche pour faire la grasse matinée. J’ai été réveillée un peu avant midi par un message de Samy, me proposant de déjeuner dehors. J’avais plutôt envie de flemmarder avec lui, mais il a insisté pour sortir. Quand j’ai vu son sourire aux lèvres en ouvrant ma porte d’entrée, je me suis souvenue alors que le côté raisonnable de notre relation avait vraiment disparu.

J’ai souvent payé très cher les bons moments passés avec lui, quand sa raison le rattrapait et qu’il regrettait aussitôt ses paroles et gestes. Mais aujourd’hui, c’est terminé. Il va falloir que je m’y habitue !

— Tu as froid ? me demande-t-il en enveloppant mes bras des siens.

— Un peu… l’été parait terminé.

— Ce n’est pas comme si on en avait eu un.

Cette saison censée nous réchauffer les cœurs a été plutôt chaotique à Paris, pas de grosses chaleurs et beaucoup de pluie. Il resserre son étreinte et j’ai des papillons dans le ventre tandis que je me rappelle qu’il faut qu’on discute.

Je me détache doucement pour lui faire face.

— Bon alors, commencé-je. Tu voudrais te marier au mois de décembre ?

Il me sourit tendrement avant de répondre :

— Ce n’est pas que je veux me marier ce mois-là, c’est que je veux me marier le plus vite possible.

Je réfléchis quelques secondes.

— Sachant qu’il faut préparer les invitations, les envoyer, réserver le traiteur, trouver ma robe qui ne sera sûrement pas à ma taille. Oh mon Dieu, et mes demoiselles d’honneur ? La couturière avait mis cinq mois à réajuster ma robe pour le mariage de Fanny !

Ma voix est montée crescendo avec la panique, mais Sam attrape mes mains posées sur mes joues.

— Emilie, calme-toi ! Tu sais… je veux qu’on s’unisse. C’est tout ce qui compte, tu te souviens ? Toi et moi.

Mon angoisse se calme pour laisser place à de… l’excitation ? Encore ? Je ne vais pas tenir !

— Tu ne veux pas de beau mariage ? demandé-je.

— Si mais… ce n’est pas le plus important.

— Oui c’est sûr, dis-je en baissant les yeux au sol. Ce n’est pas comme si j’avais toujours rêvé d’un grand mariage avec une belle robe et des fleurs !

Il me sourit de nouveau et je secoue la tête.

— Bon, et les alliances ? le questionné-je.

— On ira les choisir ensemble.

— Et…

J’hésite une seconde en tournant légèrement le visage pour qu’il ne me voie pas rougir. Il penche la tête pour me forcer à le regarder.

— Tu… Je n’ai pas de bague. Je veux dire… de fiançailles.

— Ma demande s’est faite rapidement et je ne pensais pas qu’on avait besoin de tout ça.

— Comment ça ?

— De toutes ces traditions liées au mariage. Ce n’est pas ce qui compte, si ?

— Non, bien sûr que non.

Je souris largement pour cacher ma déception. Après tout, je n’y aurais peut-être même pas pensé si Fanny ne m’en avait pas parlé. Et puis sa demande était tellement magique. Il a raison, je n’ai pas besoin de tout ça. Il parle à une convaincue ! Alors pourquoi ai-je une boule au ventre comme quand je suis contrariée ? Bref. Il faut que je me force à passer à autre chose.

— On commence par quoi alors ? Il faudrait faire une liste.

— Je te laisse gérer la liste. Aujourd’hui il y a surtout deux choses importantes à établir. La première : la date du mariage.

Je m’allonge sur le banc la tête sur ses genoux et nous débattons un long moment avant de nous décider sur une date : le samedi vingt-huit décembre. Dans un peu plus de trois mois.

Prononcer notre date à voix haute fait monter l’excitation en moi. Le froid ou la pluie ne me font pas peur. C’est plutôt le fait de préparer un mariage en si peu de temps qui m’inquiète. La seule raison de ne pas paniquer est que je sais que je peux compter sur mes deux meilleures amies accros au mariage depuis leur tout jeune âge.

Je me relève pour le prendre dans mes bras et le serre fort en chuchotant à son oreille :

— Alors dans trois mois tu es à moi ?

— C’est plutôt toi qui seras mienne, habibty.

— Ne m’appelle plus comme ça si tu veux que je tienne trois mois, dis-je en me mordant la lèvre.

Il sourit et s’approche pour m’embrasser, mais nous sommes interrompus par le rire d’enfants. Deux jeunes garçons et une petite fille courent derrière un homme qui semble être leur père. Cette image si simple, mais magnifique, attire désormais toute notre attention.

— Il y a bien une règle finalement, dit-il en regardant les enfants jouer un peu plus loin de nous.

— De quoi tu parles ?

— Tu m’as demandé s’il y avait des règles.

Il tourne son visage vers le mien avant de poursuivre :

— Je veux des enfants.

Je lui souris en guise d’accord.

— Attends avant d’accepter, me prévient-il. Je n’en veux pas qu’un ou deux…

Mes yeux s’écarquillent et je repense à la tête que j’ai faite quand Mina nous a annoncé qu’elle et son mari en voulaient cinq.

— Euh… trois ?

— Adjugé ! Va pour trois, répond-il en riant.

— Tu es sérieux ?

— Je sais que quatre ou cinq, c’est beaucoup pour vous…

— Pour une babtou tu veux dire ? notifié-je en le fusillant du regard, ce qui le fait rire de plus belle.

— Désolé, mais… oui. En général, vous baissez les bras au bout d’un ou deux enfants.

Je ravale mon air outré, bien décidée à me défendre.

— Et vous, vous en faites six ou sept, tu ne trouves pas ça démesuré ?

Mon audace le fait rire encore plus fort.

— C’est pour cela que trois est un excellent compromis, me dit-il doucement avant de poser ses lèvres dans mon cou.

Les milliers de papillons sont de retour. Je repense à tout ce qu’on vient de dire et me rends compte que quand nous avons décidé de parler mariage, moi je pensais à la forme et lui pensait plutôt au fond, ce qui est bien plus important.

Je ferme les yeux pour profiter de ses baisers et je suis tellement bien que je laisse échapper mes paroles, sans réfléchir :

— Je t’aime.

Mon cœur s’accélère. C’est la première fois que je le lui dis sans crainte avec la certitude de sa réponse cette fois.

— Emy…

Quoique…

Il relève son visage de mon cou et baisse son regard gêné au sol. Je le fixe en écarquillant les yeux. Samy gêné ? Qu’est-ce qu’il se passe ? C’est comme quand sa raison revient.

— Tu sais que je ne suis pas un grand romantique. Tu dois savoir que malgré le fait que j’aie joué un rôle avec toi pour tenter de te repousser, j’étais tout de même moi-même.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire que je ne suis pas… je ne suis pas tendre.

Impossible de ne pas sourire.

— Tu l’es pour moi. Et puis… tu m’as demandé de t’épouser alors j’imagine que…

Je ne finis pas ma phrase volontairement afin qu’il réagisse, mais il n’en fait rien alors je poursuis, inquiète :

— C’est que tu m’aimes, non ?

Il ne répond pas et inspire profondément.

Merde, il me fait quoi là ?

— Je ne l’ai jamais dit à personne, m’apprend-il.

Je ne sais pas comment prendre sa réponse. D’un côté, je suis soulagée et ravie d’être la première, mais d’un autre… je me demande s’il m’aime vraiment.

— Emilie, regarde-moi.

Je relève mes yeux brillants vers lui.

— Je ne l’ai jamais dit à personne et quand je dis personne, je ne parle pas seulement des femmes que j’ai pu avoir dans ma vie.

— Oh… mais…

— Non, même pas à ma famille.

— Tu m’as pourtant dit être très proche de ta famille.

— Oui mais chez nous, on ne se dit pas ce genre de choses, tu vois ? C’est comme ça !

Il semble contrarié et j’ai envie de le rassurer. Ce qu’il vient de me dire me fait de la peine. Je pose mes mains sur son visage et colle mon front au sien.

— Ça n’a pas d’importance. J’ai dit un millier de fois je t’aime à mes parents et regarde où on en est aujourd’hui… dis-je, ironique.

Il recule légèrement son visage afin que l’on puisse se regarder de nouveau dans les yeux.

— Tu n’as pas compris.

Je hausse les sourcils comme pour le questionner silencieusement.

— Avec toi, ce n’est pas pareil. Je voulais juste que tu saches tout ça avant.

J’essaie de tenir face à ce regard ténébreux, mais c’est dur.

— Tu es prête ? demande-t-il en souriant. Car moi je le suis maintenant.

Oh mon Dieu ! Mes mains tremblent et mes yeux s’arrondissent. Il fait durer le plaisir en se mordant légèrement la lèvre et en me fixant intensément.

Cet homme va finir par m’achever !

— Je t’aime, Emilie. Je t’aime de tout mon être. Je n’ai jamais aimé quelqu’un à ce point.

Les larmes s’échappent trop vite pour que je puisse les arrêter. Ma poitrine se resserre et je dois ouvrir la bouche pour mieux respirer. Savourant l’instant présent, je tente de graver ses paroles en moi à tout jamais.

Il m’aide à essuyer mes larmes de ses pouces.

— Ce n’était pas si dur que ça, si ? demandé-je entre deux sanglots.

— Non… c’était même très agréable.

Il approche son visage pour caresser le mien avec le bout de son nez avant de l’enfouir dans mon cou. Nous restons ainsi quelques minutes pendant lesquelles ses belles paroles résonnent dans ma tête.

Puis, il se redresse.

— Maintenant que la date du mariage est fixée, il y avait une deuxième chose importante à voir aujourd’hui.

Mon futur mari me sort lentement de mon petit nuage. J’ai entendu ce qu’il m’a dit, mais mon esprit divague encore sur tout ce qu’il se passe. Lui et moi, dorénavant possible. Tout est parfait maintenant.

— Il faut qu’on annonce la nouvelle à nos parents.

Choc électrique. Retour à la réalité immédiat.

Chapitre 7

— Elles sont superbes !

J’esquisse un sourire. La journée commence très bien. J’en viens à me demander si ce n’est pas un peu trop de bonheur d’un coup, mais je reçois comme une claque en plein visage lorsque je me souviens que je vois ma mère ce soir.

Je reporte de nouveau mon attention sur Léon, qui n’a même pas remarqué que mon esprit était ailleurs tellement il est excité.

En arrivant ce matin, j’ai tout de suite vu son mail me demandant de le rejoindre dans son bureau, dès que possible. J’ai préféré prendre mon temps pour qu’il comprenne qu’il n’est pas ma priorité. C’est important de mettre des limites depuis ce qu’il s’est passé entre nous. Enfin, depuis ce qu’il ne s’est pas passé, finalement.

Quand mon supérieur a débarqué dans mon bureau alors que j’étais en pleine discussion, non professionnelle avec Anna, mon sourire s’est évaporé en pensant qu’il allait être furieux, mais au lieu de ça, il m’a félicitée ! Il a déposé le magazine sur lequel nos photos d’Athènes sont en premières pages. Non, en fait, ce sont toutes mes photos, à moi ! Pas une seule de Léon.

Je ne le lui fais pas remarquer et le remercie. C’est tellement plaisant de voir son travail comme ça.

— Emilie…

Il jette un bref regard vers Anna, montrant que ce qu’il s’apprête à dire est privé, mais elle ne le remarque pas et plonge dans ses dossiers en faisant mine de ne pas écouter.

— Je crois qu’il est tant que tu changes de fonctions.

Anna relève vivement la tête alors que j’ouvre grand la bouche de surprise.

— Ce n’est pas vrai ?

— Si ça l’est ! Te voilà photographe officielle ! Je veux que tu m’accompagnes à tous mes shootings dorénavant. Le prochain est à Londres dans trois mois. Tu imagines cet endroit avec les décorations de Noël et avec un peu de chance… de la neige ?

Il continue de parler, mais moi je reste concentrée sur la date du shooting : dans trois mois. Date à laquelle je suis censée me marier. De plus Samy avait été clair sur ce point : sa future femme n’ira pas en soirée, donc sûrement pas de voyage seule avec un autre homme, j’imagine. Il y a encore tellement de points que nous devons aborder ensemble maintenant que notre relation est officielle. Cette pensée suffit pour que mon cœur s’emballe.

Léon me fixe en attendant une réponse. Sa proposition m’attire vraiment, mais moins que le seul intérêt que j’ai dans la vie.

— C’est que… ça ne sera pas possible, je suis désolée.

Surpris, mes deux collègues attendent que je m’explique.

— Enfin si, pour t’accompagner aux shootings et être photographe bien évidemment, mais je veux dire pour Londres…. C’est que… Je vais me marier !

Anna fait un bond de sa chaise et en quelques secondes elle se retrouve près de moi pour me prendre dans ses bras en me félicitant, les larmes aux yeux. Son enthousiasme m’étonne, mais me fait tellement plaisir. Léon lui, reste impassible.