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Extrait : "Marcelly : Non, pas celle-là… la vieille. Germain, lui donnant une autre cravate : Voilà, monsieur. Marcelly, à part : Elle est affreuse !... enfin ! Germain, même jeu : L'habit de monsieur ! Marcelly : Pas celui-là… le vieux !... Oh ! que c'est ennuyeux, un nouveau domestique ! il faut tout lui dire. Germain : Monsieur ne mettra donc jamais son bel habit neuf ? Marcelly : Je le mettrai quand il sera vieux. Germain : Tiens !"
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 51
Veröffentlichungsjahr: 2016
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MARCELLY, avoué, (trente-cinq ans) : M. NUMA.
FERNAND, cousin de Marcelly et son premier clerc, (vingt-cinq ans) : M. LANDROL fils.
GRÉGORET, avoué, (cinquante ans) : M. MONVAL.
GERMAIN, domestique de Marcelly : M. PRISTON.
CAMILLE, femme de Marcelly, (vingt ans) : Mlle LUTHER.
ANGÈLE, veuve, amie de Camille, (vingt-quatre-ans) : Mlle DUVERGER.
Un petit salon ; deux portes au fond, dans les angles de droite et de gauche. – Au fond, au milieu, une cheminée, et au-dessus une glace sans tain, par laquelle on voit dans le jardin ; au premier plan, à gauche, un piano avec de la musique dessus ; à droite, une causeuse, et, devant, une table à ouvrage. Au milieu du salon un guéridon.
Marcelly, Germain
Marcelly est debout devant une glace qui est à gauche, au-dessus du piano, et achève sa toilette. – Germain lui présente une cravate.
Non, pas celle-là… la vieille.
Voilà, monsieur.
Elle est affreuse !… enfin !
L’habit de monsieur !
Pas celui-là… le vieux !… Oh ! que c’est ennuyeux, un nouveau domestique ! il faut tout lui dire.
Monsieur ne mettra donc jamais son bel habit neuf ?
Je le mettrai quand il sera vieux.
Tiens !
D’ailleurs, je l’ai déjà mis… une fois… pour aller faire des visites.
Ah ! oui… avec madame…
Donne-moi mon chapeau.
V’la le vieux.
Bien.
C’est drôle, monsieur ne s’habille jamais quand il sort sans madame.
Tu m’ennuies. Très haut. D’ailleurs, est-ce qu’on a besoin de toilette quand on sort tout seul encore plus haut, en se retournant vers la droite pour ses affaires ?
Tiens… comme monsieur crie…
Tu m’ennuies, va-t’en.
C’est pas la peine d’avoir des habits pour ne les mettre jamais. Haut. Je vas atteler le cheval.
Oui le vieux… Se reprenant. Va-t’en donc, je te dis que tu m’ennuies.
Parce que je vas atteler le cheval ? Tiens, c’est drôle. Il sort par le fond à gauche.
Pauvre Marcelly ! as-tu l’air assez avoué, mon bonhomme ? Et toi, Camille, ma femme, diable de petit ange !… pourras-tu me soupçonner de courir le guilledou dans ce costume-là… une femme jalouse ! c’est gentil !… mais c’est ennuyeux !… Voyons ? où dois-je aller ? chez monsieur Janodet pour cette liquidation, ou chez madame Guingand ? Madame Guingand, c’est une vieille !… ma femme m’a interdit les clientes au-dessous de cinquante ans… j’ai été obligé de m’arranger avec Grégoret, un confrère… il m’envoie les vieilles, et moi je lui envoie les jeunes… je suis avoué en vieux. C’est humiliant ! Enfin !… où dois-je aller d’abord ? Je ne sais plus ce que j’ai fait de mon carnet… Je suis sûr que Camille me l’a dérobé pour voir s’il ne renfermait pas quelque pièce accusatrice… Il cherche dans ses poches et sur la cheminée. Ça, ça m’est égal… je n’ai rien à craindre… je lui ai même ordonné de décacheter toutes mes lettres ! et elle m’a obéi… Eh bien ça ne fait rien… elle me soupçonne tout de même… à la promenade, avec elle, je n’ose pas lever les yeux… je connais le macadam, allez !… ça n’est pas drôle !… au spectacle, je n’ose pas regarder les actrices… je lis le Moniteur… toute la soirée… Ah ! cependant si, une fois, elle m’a prêté sa lorgnette pendant tout un spectacle, au Palais-Royal, chez Séraphin, c’était bien joué !… Ah ! une femme jalouse… c’est gentil… mais c’est ennuyeux… Je m’en vais chez monsieur Janodet et chez madame Guingand… Il remonte.
Marcelly, Fernand.
Ah ! tu n’es pas parti… tant mieux…
Oui, mais je vais partir ; tant pis.
Il faut que je te parle.
Monsieur Fernand, s’agit-il des affaires de l’étude ?
Non. Il s’agit d’une affaire de cœur.
Ce n’est pas ma partie… adieu.
Marcelly !
Voyons ?… es-tu mon premier clerc ? ou n’es-tu pas mon premier clerc ?
Eh bien… et toi ? es-tu, oui ou non, mon cousin ?
Je suis ton cousin… mais aux heures des repas seulement… et le soir, quand l’étude est fermée.
Mais mon cher Marcelly je suis amoureux.
Chut !
Amoureux fou d’Angèle.
Veux-tu te taire.
De madame de Férieux, l’amie de ta femme… cette jeune veuve si charmante !… si !…
Veux-tu bien ne pas parler de femme ici !
Imagine-toi, mon ami, que, tout à l’heure, en copiant une minute concernant son procès…
Son procès ?… quel procès ?…
Le procès qu’elle soutient contre un petit cousin de feu son mari.
Comment ? c’est nous qui avons cette affaire-là… Tu ne l’as pas envoyée à Grégoret ?
Par exemple !
Mais malheureux ! est-ce que tu ignores que madame de Férieux n’a pas cinquante ans ?
Non, pardieu !
Alors tu es un serpent que j’ai réchauffé dans mon étude ?
Explique-toi !
Tu ne sais donc pas que Camille, que ma femme est née au Bengale pour la jalousie.
Qu’est-ce que cela fait à…
Cela fait qu’elle est jalouse de toutes les femmes en général, et d’Angèle en particulier.
Qu’importe puisque c’est moi qui suis amoureux.
Je sais bien, mais…
Ah ! mon ami je l’aime plus que la vie… et tout à l’heure en parcourant une des pièces du procès, j’ai tremblé pour mon amour, car ce cousin qui plaide contre elle aujourd’hui, lui a fait la cour autrefois, et si pour terminer le débat ?…
Elle l’épousait ? Eh bien ! tant mieux, Camille n’aurait peut-être plus de soupçons.
Mais si j’épouse Angèle, le but est atteint, je crois ?
Épouse-la si tu veux, mais à l’heure des repas, quand l’étude sera fermée.
C’est que je voulais te prier de lui dire que je l’aime.
Que je l’aime… Effrayé et se reprenant. Que tu l’aimes…