Miscellanea dramatiques - Ligaran - E-Book

Miscellanea dramatiques E-Book

Ligaran

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Inventaire dans lequel le lecteur trouvera des plans de comédies, de drames, de tragédies et également des proverbes de Diderot.

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EAN : 9782335001785

©Ligaran 2015

Miscellanea dramatiques
Observations sur l’Iphigénie en Tauride

DE M. GUYMOND DE LA TOUCHE 1757

Il y a deux choses entre beaucoup d’autres, auxquelles on rend un bien mauvais service en les surfaisant, les hommes et les ouvrages. On les compare avec l’opinion excessive qu’on en a prise, et ils y perdent. Il me semble qu’il vaudrait beaucoup mieux laisser au temps et aux circonstances le soin de faire commencer et celui de faire accroître l’estime. J’ai vu la pièce nouvelle, elle ne m’a presque pas touché, parce que j’y portais l’enthousiasme des autres, et qu’il n’y avait plus de place pour celui que j’y aurais pu prendre. En général, quand elle est bien écrite, elle m’a paru l’être très bien. Les vers de sentiment surtout sont de main de maître, et il y en a plusieurs : on en remarque tout à travers une infinité d’autres qui sont guindés, tortillés, boursouflés, et ce sont ceux-là qu’on applaudit. Si j’étais l’auteur de cette pièce, je serais content du succès, mais mécontent des applaudissements. On bat des pieds, on se récrie sur des choses déclamatoires et communes, et l’on ne sent pas une infinité de choses sublimes, telles que celles-ci :

Embrassez votre ami que vous ne verrez plus…

Jusqu’au fond de son cœur faites couler mes larmes…

le mot d’Iphigénie à son frère : « eh bien ! mourez ; » beaucoup d’autres choses simples… Avec cela, je trouve que la pièce se soutient infiniment plus par la force des situations que par l’art du poète ; je trouve aussi qu’il n’a pas tiré parti de ces situations. Il est long et verbeux dans la première entrevue d’Iphigénie et des captifs ; même défaut, avec un peu d’entortillage, dans la scène des amis. Une grande faute, c’est de n’avoir pas senti à la fin du premier ou du second acte, après l’entrevue d’Iphigénie et des captifs, que la situation était si forte, que tout ce qui suivrait serait traînant… Il y a aussi de la maladresse à avoir de temps en temps réveillé dans l’esprit du spectateur des morceaux de Racine et de différents poètes, mais de Racine surtout… Le dernier acte m’a paru froid. Cela vient, je crois, et de ce que je ne crains pas assez de la part de Thoas, et de ce que le péril d’Oreste et le secours de Pylade ne sont pas montrés assez pressants. Le secours de Pylade surtout n’est ni assez connu, ni assez annoncé, ni assez attendu, et puis il fallait aller plus vite, cela était d’autant plus important, que toutes les grandes situations étaient passées… Cela commence par un rêve, où Iphigénie voit tout ce qui est arrivé dans Argos, et tout ce qui doit arriver dans la pièce. J’aime les rêves où l’on revoit les choses passées, et point ceux où l’on voit les choses à venir, à moins que ce rêve ne soit de l’histoire. D’ailleurs les songes sont usés. Rotrou a fait un songe dans Venceslas ; Corneille, à son imitation, un songe dans Polyeucte ; Racine, à l’imitation de Corneille, un songe dans Athalie ; Crébillon, à l’imitation de Racine, un songe dans Électre. Au diable la race de ces songeurs ! c’est une chose si peu naturelle qu’un songe ! Que ce soit un épisode dans une pièce, à la bonne heure ; mais qu’un auteur n’en fasse jamais l’exposition de son sujet. S’il l’expose par un songe, par une chose qui est presque absurde, comment croirai-je le reste de ce qu’il a à me dire ?… L’autre chose qui n’a nulle vérité, c’est le pressentiment d’Iphigénie ; c’est une folie que ce pressentiment, d’autant plus folie qu’Oreste ne l’a point eu. Est-il moins son frère qu’elle n’est sa sœur ? et ce pressentiment fait malheureusement tout le fonds de la pièce… Thoas est en général un froid personnage ; il fallait y substituer le peuple, et avoir le courage de faire paraître sur la scène ce peuple, l’effet aurait été bien autre… Il y a au moins douze ans qu’Iphigénie égorge des hommes ; c’est une prêtresse dont les mains sont accoutumées au sang. Pourquoi lui a-t-on donné le caractère et les discours pusillanimes d’une femme qui en serait au premier sacrifice ? Il me semble qu’en lui donnant moins de sensibilité, on en eût fait sortir davantage la tendresse fraternelle… Reste à savoir après cela si les évènements sont bien distribués. Il m’a semblé, par exemple, que quand Iphigénie les a reconnus pour Grecs, et qu’elle leur a demandé des nouvelles d’Agamemnon, etc., toute la reconnaissance devrait s’ensuivre. On sépare ces deux évènements contre toute vraisemblance ; ils s’entraînent si nécessairement, qu’il n’est aucun spectateur qui ne s’y soit attendu. C’est donc la vérité. Comment peut-on se tromper et aller là-contre ?

Don Carlos

TRAGÉDIE DU MARQUIS DE XIMENÈS 1759

M. le marquis de Ximenès a fait une tragédie intitulée Don Carlos. Il l’a présentée aux comédiens, qui l’ont refusée. Il a appelé de ce tribunal à celui du public, devant lequel on l’a représentée sur un théâtre particulier. J’ai été invité ; j’ai écouté avec attention, et voici ce qu’il m’a semblé.

Je ne vous dirai rien du sujet ; vous le connaissez. C’est le même que Campistron a traité avec succès sous le nom d’Andronic, et dont Saint-Réal a fait un morceau d’histoire si pathétique.

Acte premier

Scène première. La princesse d’Eboli et sa Confidente. – Cette princesse est mariée à Ruy-Gomez, un des ministres de Philippe II. Elle aimait Don Carlos avant son mariage. Elle l’aime encore. Elle en est négligée. Elle en est transportée de fureur. Elle se vengera. Elle entraînera dans son projet de vengeance Ruy-Gomez son mari, et le duc d’Albe. Ils sont haïs de Don Carlos ; ils en ont tout à craindre. Ce sont eux qui ont fait le mariage du roi avec la princesse qui lui était destinée. La difficulté est de rapprocher le duc d’Albe de Gomez, deux rivaux dans le ministère ; mais elle y réussira en leur montrant à tous les deux le danger qui leur est commun, l’inconvénient de leur rivalité, etc.

Il m’a paru que cette exposition, qui est amenée par les questions de la confidente, qui était absente lorsque la princesse d’Eboli a épousé Ruy-Gomez, et qui connaissait ses prétentions sur Carlos, n’était pas assez claire ; qu’on n’était pas assez avancé dans l’action ; qu’on n’entendait pas ; qu’on ne craignait pas ; qu’on ne savait où l’on allait.

Scène II La princesse d’Eboli et le duc d’Albe. – Elle lui fait sentir tout le danger de son aversion pour Gomez son mari ; leur perte, s’ils ne la préviennent par celle de Carlos, etc., comme il est dit scène première.

Le duc d’Albe ne se méfie point de la princesse. Il entre dans ses projets. La princesse d’Eboli sort ; et Don Carlos entre avec le marquis de Bergh, son confident.

Scène III Le duc d’Albe et Don Carlos. – Don Carlos jette quelque propos d’indignation au duc d’Albe sur le malheur des peuples et la mauvaise administration du royaume. Le duc écoute patiemment, et se retire.

Scène IV Don Carlos et le marquis de Bergh. – Carlos dit au marquis des choses vagues sur son malheur. Il voudrait aller en Flandre ; il s’éloignerait de la cour, qui est devenue un séjour odieux pour lui ; il sollicitera le commandement de l’armée contre les rebelles. S’il ne l’obtient pas, que fera-t-il ? Il n’en sait rien, et l’acte finit.

Le dialogue me paraît long, froid, diffus, tout plein de feuilles… La princesse d’Eboli n’a pas le ton ni le caractère de méchanceté sourde et profonde qui lui conviendrait.

Le duc d’Albe se livre à elle comme un imprudent. Cela n’est pas d’un ministre soupçonneux, qui a pour rival le mari de la princesse.

On ne voit pas les raisons que peut avoir Carlos de haïr la cour, d’aller à l’armée, d’être porté à la révolte. On a traité ce sujet comme il était connu. C’est une grande faute.

Carlos ne disant rien de clair et ne se déterminant à rien, l’acte finit froidement.

Si ce caractère de la princesse d’Eboli était dessiné fortement, l’effet en serait terrible.

Et puis peut-être fallait-il renverser l’acte entier, commencer par la dernière scène et finir par la première.

Tout marche trop froidement. Le ton des caractères est trop bas. C’est un défaut bien général que ce dernier. On dirait qu’on lit une histoire, et qu’on est à trois ou quatre volumes de la catastrophe.

Acte II

Scène première. La Reine et la comtesse de Montmorency, sa confidente. – Le sujet de cette scène est le même que celui de la belle scène de Phèdre et d’OEnone. Avec quel art elle voulait être filée ! Ah ! maudit talent de faire de beaux vers ; tu tues tout. Il n’y a rien de brisé, rien d’interrompu ; tout marche pompeusement ; tout se dit clairement, tout s’avoue sans souffrance, sans contrainte et sans honte, à la cour, à la cour d’un roi soupçonneux ; la femme d’un roi, la mère de son amant !

La comtesse dit à la reine :

Plus ses jours vous sont chers, plus vous devez, madame,
Renfermer vos secrets dans le fond de votre âme.

Voilà la critique de la scène. Ô que cette scène pourrait être belle !

Scène II La Reine, la comtesse de Montmorency, le duc d’Albe. – Il vient annoncer à la reine que le roi s’est enfin déterminé à donner audience au comte d’Egmont, le député des rebelles de Flandre. La reine et sa confidente se retirent.

Scène de liaison froide. Rien n’empêche pourtant qu’elle ne soit belle et chaude. Imaginez une reine en présence de celui qui l’a arrachée à son amant pour la marier à son père. Mais il fallait encore plus d’art pour cette scène peut-être que pour la première, et l’on a esquivé la difficulté en ne la faisant point du tout. Elle se réduit à dire à la reine : « Madame, le roi vient, allez-vous-en ; » et la reine s’en va.

Autre défaut : les traits historiques répandus dans le dialogue ne sont pas assez décidés. Ô combien cela m’apprendra à être clair !

Scène III Le duc d’Albe seul. – Il dit que Don Carlos est sur le bord du précipice ; mais du diable si l’on sait pourquoi ni comment.

Scène IV Le duc d’Albe, le Roi, Don Carlos, le comte d’Egmont, les gens du conseil et de la cour du roi. – Plaintes et remontrances des rebelles de Flandre, malheureux, opprimés, persécutés. Le comte d’Egmont est un pauvre sire, en comparaison du paysan du Danube. Cette scène est froide comme une audience. Il a fait une audience réelle, au lieu d’en faire une poétique. Le comte est bien modéré, le roi bien décent, et le spectateur bien ennuyé.

Scène V Le Roi, Don Carlos. – Carlos intercède pour les rebelles il intercède pour d’Egmont, qu’il regarde comme un homme perdu, sans qu’on ait vu, ni dans la conduite ni dans les propos du comte, rien qui le compromette ; dans la conduite ni dans les propos du roi, rien qui le menace. Roi, fils, reine, député, tout peint faiblement et froidement. Occasions d’irriter, de faire naître le péril, de l’accroître, manquées.

Carlos demande d’aller en Flandre ; se charge d’apaiser les troubles. Le roi refuse d’abord, accorde ensuite, et l’acte finit.

Cet acte pourrait être beau, et n’est que bien versifié. Il me paraît que cette versification, qui ne peut être que l’accessoire, est devenue l’essentiel, et je n’en suis pas surpris.

Jusqu’à présent rien ne m’effraye. Si je crains quelque chose, c’est le projet de la princesse d’Eboli et la liaison du duc d’Albe et de Gomez ; mais cette crainte n’est pas de l’effroi. Me voilà à la fin du second acte, et rien n’est avancé. Ah ! si j’avais eu la première, la seconde et la troisième scène de cet acte à faire ! Ces gens-là trouvent par hasard des situations ; mais la valeur de ces situations les fuit. Ils ne savent ce que c’est que d’entrer en scène ; tout meurt entre leurs mains.

Acte III

Scène première. La princesse d’Eboli et le duc d’Albe. – Carlos part pour l’armée. Ils ne doutent point de ses succès. Il leur échappe. Ils en sont désespérés.

À propos, remarquez-vous que dans cette pièce le sujet et la difficulté de Phèdre sont doublés ? Deux femmes mariées, et toutes les deux amoureuses. Le poète ne s’en est seulement pas douté.

Mais, princesse, rassurez-vous ; on a rendu Carlos suspect. Il ne partira pas.

Récit à la princesse de ce qui s’est passé au conseil. Ce récit devait être supposé derrière la scène.

Toujours même défaut. Ministre imprudent, femme froidement violente.

Scène II La princesse d’Eboli seule. – Ce qu’il y a de singulier dans cette scène, c’est qu’il lui prend des remords sur la ruine de Carlos, comme si c’était une affaire faite ; et je veux mourir si j’ai encore songé à trembler pour lui, ni vous, ni moi, ni personne. On parle d’un complot, et il y en a bien un ; mais tout dépend de la disposition du roi depuis le conseil tenu, et on ne l’a point vu. Il fallait commencer cet acte par le roi, et c’est une imbécillité de n’y avoir pas pensé. Toujours point de vitesse.

Scène III La princesse d’Eboli et Don Carlos. – Il part pour l’armée. Il voudrait parler à la reine. C’est d’elle qu’il attend cette faveur. Beau sujet de scène ; mais encore manqué. Imagine donc, poète, que cette femme aime, et qu’on sollicite auprès d’elle l’entrevue avec une rivale. Cet homme ne sent rien. Quoi ! pas un mot ex visceribus rei et personæ ? Non, il l’a juré, et il ne manquera pas à son serment.

Scène IV Carlos seul. – Il craint que la princesse d’Eboli ne l’ait deviné. Il va voir la reine. Il va s’en éloigner. Il va chercher la mort… Il ne sera pas assez heureux pour la trouver… C’est moi qui vois tout cela, au moins, ne vous y trompez pas.

Scène V Don Carlos, la Reine, la comtesse de Montmorency au fond du théâtre. – Quelle scène à faire ! Ô Racine ! où êtes-vous ?

Elle avait défendu à Carlos de la voir. Elle lui rappelle sa défense. Ce devrait être une scène d’embarras. Il n’y en a point. Ils se parlent. Ils s’entendent ; et vous jugez bien comme cela fait. Ces gens sont d’un sang-froid admirable. Toujours ignorance des personnes et de la situation.

Scène VI Le Roi survient avec sa suite.

LE ROI

Mon abord vous surprend : je vois que ma présence

Interrompt vos secrets et vous trouble tous deux.

Bonne critique de la scène précédente. Eh, oui, il fallait que cela fût ; il fallait les faire plaindre, se désespérer, au lieu de les faire phraser et versifier ; et le roi aurait eu raison. Et puis, pourquoi le roi vient-il ? est-ce la princesse d’Eboli qui l’a fait avertir ? Elle eût bien fait ; mais il fallait m’en avertir. Je l’aurais attendu au milieu de ces deux tendres amants, et j’aurais tremblé pour eux.

Scène VII La Reine est sortie, Carlos reste. – Le roi dit à Carlos : J’ai changé de dessein. Il le dit froidement ; le prince l’écoute froidement. Celui-ci se contente d’accuser les ministres et de les menacer. Point de force, point de hardiesse ; rien.

Scène VIII Le Roi seul. – Cet homme vient de surprendre sa femme et son fils ; il est ombrageux ; il est jaloux, et il oublie tout cela pour se répandre en lieux communs sur le malheur de la condition des rois. Mais où est le duc d’Albe ? où est la princesse d’Eboli ? pourquoi donc ne viennent-ils pas achever d’empoisonner l’âme du roi ? Mais voici le duc ; Dieu soit loué.

Scène IX Le Roi, le duc d’Albe.

LE DUC.

Soyez moins troublé, sire, il n’en veut qu’à ma vie.

Fort bien. Il fallait soutenir ce début hypocrite. On craint que l’infant ne parte. On prend des précautions contre les conseils d’Egmont ; et l’acte finit.

Acte IV

Scène première. Don Carlos, d’Egmont. – Carlos a résolu de se rendre à l’armée, malgré la défense de son père, d’Egmont l’encourage à suivre ce parti.

DON CARLOS.

Tu l’emportes, ami ; je n’y résiste plus.

Fort bien. Il n’y a eu rien ni d’objecté, ni de pesé, ni de délibéré, ni de répondu.

À tout moment on trouve de ces vers-là, qui sont la critique ou de la scène même, ou de celle qui précède. On dirait que le poète craignît que l’on n’aperçût pas qu’il ne faisait rien de ce qu’il avait à faire.

Scène II Carlos seul, d’Egmont est allé préparer la fuite. – Faible, faible : cet homme risque sa vie, son honneur, manque à son père, s’éloigne de celle qu’il aime, et ne se dit rien de cela. Ces gens auraient grand besoin qu’avant que d’écrire, on les envoyât en rhétorique apprendre quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando.

Scène III Carlos, d’Egmont.

D’EGMONT.

Tout nous seconde, prince. Allons, éloignons-nous.

Scène IV Carlos, d’Egmont, le Roi, le duc d’Albe. – Ils viennent fort à propos ; mais qu’est-ce qui les envoie ? On n’en sait rien. Est-ce hasard ? est-ce trahison ? est-ce la princesse d’Eboli ? est-ce le duc d’Albe ? Enragé, maudit poète, dis-moi donc qu’ils sont trahis ; dis-moi qu’ils le seront. Que je le sache. As-tu peur que je ne frémisse ? As-tu peur que je ne frémisse trop tôt ?… Mais que fait cette princesse d’Eboli ? où est-elle ?

LE ROI

Gardes, qu’on les arrête.

Carlos est arrêté ; d’Egmont est enchaîné. Le roi se répand en reproches sur son fils. On ne sait ce que c’est que cet homme-là. Il fallait qu’il fût sombre, ombrageux, jaloux, taciturne ; qu’il fit également trembler son fils et les ministres, soit qu’il parlât, soit qu’il se tût. Oui, me direz-vous, il fallait du génie.

Il menace Don Carlos de le faire mourir. Cependant il n’est coupable que de désobéissance. Il n’y a pas encore contre lui l’ombre de révolte. Il aime la reine, mais le roi l’ignore. Oh ! que tout cela est mal fagoté ! Je ne sais comment j’aurais fait ma pièce ; mais je suis sûr qu’au premier acte Don Carlos aurait été rebelle, ou soupçonné de l’être, et convaincu d’amour pour la reine ; ensuite nous aurions vu. Voici un Anglais qui a fait la Mort de Socrate, et qui finit précisément par où j’aurais commencé, par ouvrir les portes de la prison à Socrate.

Scène V Carlos en sortant de la scène rencontre la Reine qui rentre.