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Extrait : "CYPRIEN, à Germain : Le calorifère est allumé ? GERMAIN : Oui, depuis ce matin. CYPRIEN : Bon... Voyons le thermomètre... Seize degrés ; c'est le compte. GEORGES, paraissant au fond : M. Dutrécy. CYPRIEN : C'est ici... mais monsieur n'est pas visible..."
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EAN : 9782335055115
©Ligaran 2015
Chez Dutrécy.
DUTRÉCY.
DE LA PORCHERAIE.
FOURCINIER.
ARMAND BERNIER.
AUBIN.
GEORGES FROMENTAL
FROMENTAL.
CYPRIEN.
GERMAIN.
THÉRÈSE.
MADAME DE VERRIÈRES.
La scène est à Paris, de nos jours. Premier et troisième acte, chez Dutrécy ; deuxième acte, chez Fromental.
Aubin, Germain, Cyprien, puis Georges Fromental.
Le calorifère est allumé ?
Oui, depuis ce matin.
Bon…, Voyons le thermomètre… Seize degrés ; c’est le compte.
M. Dutrécy.
C’est ici… mais monsieur, n’est pas visible…
Et M. Armand Bernier, son neveu ?
Son neveu !
Nous ne connaissons pas ça.
Monsieur n’a qu’une nièce : mademoiselle Thérèse, qui est en pension…
Oui… je sais, (À part.) Armand n’est pas encore arrivé. (Haut.) À quelle heure M. Dutrécy reçoit-il ?
Mais… vers midi.
Très bien… (À part.) Mon père et ma sœur auront le temps de le voir… et aujourd’hui mon sort sera fixé.
Si monsieur veut laisser son nom ?
C’est inutile… je reviendrai.
Il sort.
Quel est ce monsieur ?
Je le vois pour la première fois. (Regardant à sa montre.) Attention ! monsieur ne va pas tarder à sonner.
Mais qu’est-ce qu’il fait par là, monsieur ?
Il fait de l’hydrothérapie.
Comment dites-vous ça ? De l’hydro…
C’est juste ! Un homme arrivé depuis hier du fond de la Bretagne…
Et avec quels cheveux !
Mon ami, on appelle hydrothérapie un réservoir en zinc… sous lequel monsieur se place naturellement ; quand il se trouve suffisamment arrosé, monsieur donne un premier coup de sonnette… ce sera pour toi.
Pour moi ?
Tu entreras et tu le frotteras avec un linge épais et dur comme une râpe, jusqu’à ce qu’il devienne tout rouge…
C’est pour amener la réaction…
Ensuite, monsieur donne un second coup de sonnette… c’est le tour de Germain.
J’entre avec ceci… un verre de madère et deux biscuits… ça complète la réaction.
C’est bien arrangé, tout ça…
Ah ! c’est que M. Dutrécy entend la vie !… Il sait se faire soigner celui-là !
Il est peut-être d’une mauvaise santé ?
Lui ? Il est frais ! il est rose !… mais aussi, quand un de ses cheveux se dérange, il appelle trois médecins en consultation.
On entend sonner à droite.
Premier coup !
C’est pour toi, Aubin !… va, vite ! et ne ménage pas tes bras…
Ne craignez rien… j’ai servi les chevaux pendant cinq ans… je vais m’appliquer.
Il entre à droite.
Quelle idée a eue monsieur de prendre ce pataud ?
Un paysan… c’est robuste, ça frotte plus longtemps (On sonne à droite.) Deuxième coup !
C’est pour le madère !
Il entre vivement à droite.
Cyprien, de la Porcheraie.
C’est bien… ne m’annoncez pas !
Il paraît.
M. de la Porcheraie.
Bonjour, Cyprien… Où est Dutrécy ?…
Monsieur est sous sa cascade.
Neuf heures et demie… C’est juste !
Si monsieur veut que je l’annonce ?
C’est inutile… je vais l’attendre… Ah ! vous n’auriez pas ici un plan du nouveau Paris ?
Il y en a un tout ouvert sur le bureau de monsieur.
Ouvert ?
Monsieur l’a consulté plus d’une heure hier soir en rentrant.
Tiens !… Est-ce qu’il aurait la même idée que moi ? Ce serait drôle. (Haut.) Allons, conduis-moi.
Par ici, monsieur.
Tous deux entrent à gauche.
Aubin, puis Dutrécy, puis Cyprien.
Eh bien, il doit être content ! je l’ai frotté… Il me disait toujours : « Plus fort ! plus fort ! » J’avais peur de faire du dégât !
Ah ! je me sens bien, je me sens léger… les muscles sont souples, la peau fait ses fonctions. (Apercevant Aubin.) Ah ! te voilà… approche, mon garçon !
Monsieur…
Mon ami, je suis content de toi… Tu ne frottes pas mal… Tu n’as pas encore les mouvements très réguliers… mais ça viendra ! Dis-moi… étais-je bien rouge… dans le dos ?
Ah ! monsieur… je n’ai pas regardé…
Une autre fois, tu me feras le plaisir de regarder… c’est très important… tout est là !… Eh bien, commences-tu à t’habituer un peu à Paris ?
Dame, je ne suis encore sorti qu’une fois pour aller vous chercher une voiture… (Fouillant à sa poche.) Alors, j’ai cinq sous à vous remettre…
Comment, cinq sous ?
C’est le cocher… quand je l’ai pris sous sa remise, il m’a dit : « Voilà vos cinq sous. »
Et tu me les rends ?
Naturellement.
C’est splendide ! oh ! la Bretagne ! (Haut.) Mon ami… c’est très bien, ce que tu fais là… garde-les !… pour te faire couper les cheveux…
Si ça ne fait rien à monsieur, je me les couperai moi-même…
Comme tu voudras… (À part.) Il a de l’ordre, de la probité. Tiens, une idée ! (Haut.) Aubin !
Monsieur ?
Je vais te donner une grande preuve de ma confiance… J’ai la coquetterie de ma cave ; jusqu’à présent, j’y suis toujours allé moi-même… C’est très imprudent, parce qu’on rentre, on a chaud, on change subitement de température… et paf ! une fluxion de poitrine… dont on peut mourir !… Mon ami, tu iras à ma place.
Si ça fait plaisir à monsieur…
Superbe ! un autre aurait poussé un cri de joie… Oh ! la Bretagne ! (Haut.) Ah ! une recommandation pour le vin !… j’ai presque toujours quelque ami à déjeuner ou à dîner, le docteur me le recommande… on se presse moins et l’estomac y trouve son compte… Or, j’ai deux espèces de vin, écoute-moi bien : l’un porte un cachet rouge, c’est un cos. Destourmel, 1846, un vin bienfaisant… je le garde pour moi… l’autre, cachet vert, est un mâcon généreux… mais qui me réussit moins… Tu verseras du cachet vert à mes amis… quant au cachet rouge, tu n’en donneras qu’à moi… à moi seul… sans que cela paraisse, bien entendu.
Oui, monsieur.
Ce n’est pas pour la valeur… mais il ne m’en reste plus que soixante-deux bouteilles… Ainsi, c’est bien entendu…
Oui, monsieur : le bon pour vous et le mauvais pour vos amis.
Il n’est pas mauvais !… du 58… s’il était mauvais, je ne l’offrirais pas… il est un peu plus vert… c’est un vin d’invités…
Cyprien venant de gauche et parlant à la cantonade.
Oui, monsieur… je vais le prévenir !…
Cyprien… À qui parlez-vous donc ?
À M. de la Porcheraie, qui est dans votre cabinet…
Tiens ! il est là, ce cher ami !… pourquoi ne l’avez-vous pas fait entrer ?
Il m’a demandé si monsieur avait un plan du nouveau Paris…
Un plan ?
Voici M. de la Porcheraie.
Bonjour, cher ami.
Bonjour !… (À part.) Est-ce qu’il aurait la même idée que moi ?… ce ne serait pas drôle… (À Aubin et à Cyprien.) C’est bien… laissez-nous.
Aubin et Cyprien sortent par la droite.
Dutrécy, de la Porcheraie, puis Aubin.
Asseyez-vous donc.
Mais que faisiez-vous donc si matin dans ma bibliothèque ?
Je prenais un renseignement… Hier, à l’Opéra, j’étais avec vous dans votre loge, pendant le ballet…
Oui.
Vous regardiez se développer les danseuses, vous… moi, j’écoutais…
Ah ! la musique ?
Un monsieur placé dans la loge voisine et qui me semblait avoir toute sorte de raisons pour être bien informé… Ce monsieur disait qu’on allait percer une nouvelle rue…
À Passy… dans le jardin du docteur Fourcinier ?…
Tiens ! vous écoutiez aussi ? ce jardin a trois arpents…
Au moins !
Et si on pouvait acheter la maison avant que la nouvelle fût ébruitée… il y a là cent mille écus à gagner… Je songe à emmancher cette petite opération…
Ah ! permettez, j’y songe aussi.
Comment ! vous iriez sur mes brisées ?…
Pardon ! c’est vous, au contraire… D’abord l’affaire m’appartient.
Pourquoi ?
C’est dans ma loge que vous avez appris la nouvelle.
Allons donc ! Il est tombé un mot dans mon oreille, et mon oreille ne fait pas partie de votre loge.
C’est tout au moins une question de convenance…
Oh ! pas de phrases !… nous parlons affaires…
Cependant… voyons… écoutez-moi… vous ne pouvez pas agir ainsi… vous ! un ami de dix ans… auquel je serre la main tous les jours !…
Eh bien, est-ce que je ne vous la serre pas aussi la main. Une poignée de main… qu’est-ce que cela prouve ?
Comment ?
Que nous nous connaissons… un peu. Nous vivons de la même vie, nous sommes du même cercle, vous aimez ce qui est bon… j’aime ce qui est exquis. Nous avons les mêmes goûts… et probablement les mêmes vices…
Bien obligé !
Vous êtes riche, j’ai quarante mille-livres de rente… Nous sommes certains que nous ne nous emprunterons jamais d’argent… donc, poignée de main !
À la bonne heure !
Mais, si vous partez de là pour croire que je vais sacrifier une magnifique affaire sur l’autel de l’amitié… non, je ne suis plus votre homme… je retire ma main !
Il a raison, au fond ! (Haut.) Allons, mon cher, n’en parlons plus… suivez l’affaire… portez-vous acquéreur…
Vous renoncez ?
Ah ! je ne dis pas cela !
Comment ?
Je me réserve le droit de vous faire concurrence… de surenchérir…
Eh bien, à la bonne heure ! voilà parler raison ! C’est sensé, ce que vous me dites là… Voyons… causons…
Asseyez-vous donc.
Non, merci.
À votre aise.
Voyons… voulez-vous faire l’affaire ensemble ?
Franchement, j’aimerais mieux la faire tout seul.
Parbleu ! moi aussi !… Mais puis qu’il n’y a pas moyen…
C’est juste… allons ! j’accepte ! touchez là !…
Notre amitié se trouve d’accord avec notre intérêt… donc…
Ils se serrent la main.
Donc, poignée de main !
Poignée de main.
C’est étonnant comme nous nous entendons.
Nous sommes deux esprits justes… La première fois que je vous ai vu, je vous ai tout de suite apprécié… Nous étions dans un coupé de diligence…
Route de Toulouse… Il y avait encore des diligences dans ce temps-là…
Nous étions seuls… nous occupions chacun un coin.
Et votre sac de nuit était au milieu… ce qui me gênait passablement…
J’aime à étendre mes jambes… je suis comme vous… À un des relais, une dame monte… assez jolie pour le pays… vous ne bougez pas, vous fermez les yeux et vous gardez votre coin.
Vous aussi !
Moi ? parbleu ! Alors, je me suis dit : « Voilà un homme fort ! voilà un homme qui est dans le vrai ! » Et j’ai conçu pour vous une certaine estime.
Mon cher ami, vous vous trompez… je sais ce qu’on doit aux dames… mais j’étais souffrant… je dormais.
Allons donc ! moi, j’ai le courage de mon opinion ; si je n’ai pas cédé ma place à cette dame, c’est que j’étais très bien dans mon coin et que j’aurais été très mal au milieu !
Tenez, taisez-vous ! vous n’êtes qu’un égoïste !
Je crois que nous sommes un peu de la même famille…
Par exemple !… Je puis avoir des défauts… mais pas celui-là… je le trouve horrible.
Savez-vous la différence qu’il y a entre nous ?… Vous, vous êtes un égoïste timide… un égoïste peint en rose… Moi, j’ai économisé les frais de pointure, j’ai conservé ma couleur naturelle.
Il est atroce ! (Haut.) Vous déjeunez avec moi ?…
Impossible ! j’ai accepté une autre invitation.
Eh bien, vous la manquerez… je vous en prie…
Voyons… franchement… qu’est-ce que vous avez pour déjeuner ?
Gourmand !… un perdreau truffé !… bien rebondi !
Là-bas, il y a un salmis de bécasse… Après ?…
Des asperges en branche… le 20 février !
Là-bas, des petits pois nouveaux… Je suis bien embarrassé.
Enfin, hier, en passant devant Chevet, j’ai aperçu un petit melon…
Tiens ! je n’en ai pas encore mangé de l’année… Je déjeune avec vous !