Mon Paris insolite (et illustré) - Miguel S. Ruiz - E-Book

Mon Paris insolite (et illustré) E-Book

Miguel S. Ruiz

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Beschreibung

"Mon Paris Insolite " est la version mise à jour de l'édition originale de 2019, agrémentée de près de 500 photos, gravures, peintures et/ou dessins. Laissez-vous guider à travers les âges et les pages de ce guide amoureux de la capitale : lieux et personnages célèbres, emblématiques ou incongrus ; figures artistiques, historiques ou littéraires, etc. Et n'ayez crainte : l'auteur connaît la musique, lui qui est né au sein de la capitale - Xème arrondissement -, un jour béni du siècle dernier... Espagnol la première moitié de sa vie, français durant la deuxième et ayant depuis acquis la double nationalité, Miguel 'Sÿd' Ruiz ne se reconnaît aucune patrie. Ou plutôt si, deux : le monde et Paname... L'auteur est par ailleurs coupable de nombreux autres ouvrages - humoristiques (la série des "Aphorismes, paradoxes et autres...", "Les fins mots de la fin"), de photographies ("Paysages/Visages/Voyages : un tour du monde en 100 photos", "Le Père-Lachaise, un cimetière bien vivant") ou autres ("Dictionnaire de la guerre civile espagnole et de ses prémices", "Dark Syd of the Floyd : les deux vies de Roger K. Barrett", "Dictionnaire des rues de Paris", "Une banale histoire d'amour du temps jadis"). www.miguelsydruiz.jimdo.com

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Veröffentlichungsjahr: 2022

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Table des matières

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Le Paris de Charles Baudelaire

Le Paris du Comte de Lautréamont

Le Paris de James D. Morrison

Le Paris de Gérard de Nerval

Le Paris d’Arthur Rimbaud

Index des entrées-rues

Index des noms

Liste des autres rues citées

« Paris, point le plus éloigné du Paradis, n'en demeure pas moins le seul endroit où il fait bon désespérer. »

(Emil Cioran)

« Paris sera toujours Pariiiiiiiiiiiis ! »

(Maurice Chevalier)

1er ARRONDISSEMENT

Arbre Sec (rue de l’)

Et si on remontait le temps au n° 52 ? Dans cette librairie, huit millions d’exemplaires de journaux, de magazines, de revues et de cartes postales sont posés sur les rayons ou à même le sol – par ordre alphabétique, par année ou par thème… Véritable caverne d’Ali Baba aux allures Art Déco, La Galcante (acronyme pour Galerie-brocante) a ouvert ses portes en 1975, pour le plus grand bonheur des collectionneurs et des simples lecteurs curieux.

Remontons le temps encore plus loin : ici en août 1572, à l’angle de cette petite voie et de la rue de Rivoli, s’élevait jadis l’hôtel de Ponthieu. Le chef du parti Protestant, l’amiral Gaspard de Coligny, y fut assassiné – en prélude aux massacres de la St-Barthélémy (lesquels furent lancés par le carillon de l’église Saint-Germainl’Auxerrois toute proche).

L’académicien Alexandre Arnoux (de nos jours auteur bien oublié mais créateur en son temps de la pièce de théâtre La Belle et la Bête – oui celle qui inspira le film de Cocteau), Alexandre Arnoux donc, affirmait que le centre de gravité de Paris se trouvait au bout de la rue de l’Arbre Sec. Très exactement au niveau du lampadaire qui se trouve à la hauteur du chevet de l’église St-Germain-l’Auxerrois ! On veut bien le croire – même si l’IGN (Institut National Géographique) le situe lui plutôt au niveau de la pointe de l’île de la Cité, place Dauphine…

Bons-Enfants (rue des)

Le 8 novembre 1892, une bombe fut déposée au siège de la Compagnie des mines de Carmaux, avenue de l’Opéra. Le concierge ayant trouvé l’engin, celui-ci fut rapporté par des agents au commissariat de la rue des Bons-Enfants… où il explosa avant même d’avoir pu être examiné. Qui avait déposé la bombe ? On ne le sut jamais vraiment. L’anarchiste Emile Henry la revendiqua mais Félix Fénéon, intellectuel du mouvement, le traita de fanfaron. Mystère donc – un mystère qui tua tout de même six personnes présentes dans le commissariat – et qui fut un des points culminants de la vague d’attentats attribués à la mouvance anarcho-libertaire de cette fin de siècle.

Courtalon (rue)

En 1684, dans le quartier des Halles, la rue Courtalon fut le théâtre d’un fait divers retentissant. En l’espace de quelques mois, on signala la disparition de 26 jeunes gens âgés de 17 à 25 ans. Les hypothèses les plus farfelues circulèrent dans une population affolée… L’affaire faisant grand bruit, elle arriva aux oreilles de Louis XIV qui diligenta son plus fin limier, Nicolas de La Reynie. Lequel découvrit le pot aux roses : une bande utilisait les charmes d’une belle princesse anglaise pour attirer les jeunes gens, puis des complices les trucidaient et revendaient leurs têtes embaumées en Allemagne – à des fins d’études anatomiques. Quant aux corps, on les négociait à des étudiants en médecine, contre espèces sonnantes et trébuchantes ! Pas de petits profits pour la fausse princesse et sa bande d’affreux, qui furent tous jugés et pendus.

Dauphine (place)

Anciennement Île aux Juifs intégrée de nos jours à l’île de la Cité, la place Dauphine fut longtemps un lieu d’exécutions, en particulier lors des autodafés religieux et autres persécutions politiques. Au niveau du n° 26, le 18 mars 1314, furent élevés quatre bûchers ou brûlèrent le Grand Maître de l’ordre du Temple et trois autres chevaliers – point final au conflit opposant les Templiers au pouvoir royal. Selon la légende, le Grand Maître Jacques de Molay y lança sa célèbre malédiction contre ses persécuteurs : "Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à comparaître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! "… De fait, le pape et le roi moururent tous deux dans l’année ! (Clément V le 20 avril, Philippe le Bel le 29 novembre).

Ici, au n° 15 de cette petite place royale datant du XVIIIème siècle, l’actrice Simone Signoret a élu domicile en 1951, juste après son union avec Yves Montand. Le lieu : une ancienne petite librairie, exiguë mais néanmoins coquette, transformée en duplex par le couple et que l’on surnommait « La Roulotte ». De nos jours, une célèbre chaîne de restauration s’est installée au n° 15. Grandeur et décadence des lieux. Mais moindre mal : la chaîne en question est française, pas américaine… On se console comme on peut !

Ferronerie (rue de la)

C’est ici dans cette rue étroite et encombrée que, le 14 mai 1610 à 4 heures du soir, Henri IV fut assassiné. Son meurtrier, François Ravaillac – un illuminé qui avait eu une vision lui demandant de convaincre le souverain de convertir les huguenots –, voulait punir le roi pour ses tentatives de réconciliation religieuse et pour son intention de déclarer la guerre à l’Espagne, puissance catholique s’il en fut. Une plaque au n° 11 marque le lieu de l'assassinat, elle est caractérisée par les emblèmes du roi de France (trois fleurs de lys) et du roi de Navarre (chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir).

Jean-Jacques Rousseau (rue)

Si les parisiens sont bien habitués aux passages couverts des Grands Boulevards, peu connaissent celui de la Galerie Véro-Dodat, dont l’entrée principale se trouve au 19 rue Jean-Jacques Rousseau. Tout droit sortir d'un roman de Balzac, elle porte le nom de ses deux créateurs (un financier, Dodat, et Benoit Véro, un… charcutier !). De facture néo-classique, la galerie associe le bois sombre et des ornements en cuivre et fonte, formant des arcades en plein cintre. Le tout est agrémenté de miroirs, de peintures et de colonnes. Un des tout premiers endroits de la capitale éclairé au gaz, la galerie fut entièrement restaurée dans les années 1980. Aujourd'hui, parmi les nombreuses élégantes adresses, citons celles du n° 19 (l’excellent restaurant " Le Véro-Dodat ") et de la boutique de poupées anciennes de Robert Capia, au désordre savamment agencé (n° 23).

Joachim du Bellay (place)

Le cimetière des Innocents était situé sur cette place, au centre de laquelle se tient encore la fontaine du même nom. Tout près des Halles, où les foires attiraient les marchés, le lieu devint vite un repère de brigands, une véritable petite Cour des Miracles bis. Aussi, Philippe Auguste souhaita qu’il fût entouré d’une enceinte et fermé la nuit. Cependant les écrivains publics et les dames de petite vertu continuaient d’envahir les charniers, de jour… comme de nuit. Dans les derniers siècles, c'était sous les galetas remplis de débris vermoulus, au milieu d'une odeur fétide, qu'on venait se parer et dicter des lettres d’amour… Finalement, le cimetière fut fermé dans les années 1780 – après que des caves de maisons voisines, rue de la Lingerie, se soient écroulées sous le poids des ossements !

Louvre (place du)

Autour de l’église St-Germain-l’Auxerrois, on peut admirer les étranges gargouilles et marmousets qui ornent l’édifice religieux. Tous plus étonnants les uns que les autres : grotesques, drôles et sinistres à la fois… Sinistre, tout comme le carillon de l’église. C’est en effet lui qui donna le signal du massacre de la St-Barthélémy (24 août 1572), point culminant des guerres de Religion. Il sonna alors le glas pour les quelque 3 000 protestants habitant Paris, exécutés méthodiquement trois jours durant.

Palais (boulevard du)

Ancien logement du gouverneur du Palais du Roi, la Conciergerie (2 boulevard du Palais) devient une prison en 1391. Ravaillac, Damiens, Cartouche et Mandrin figureront parmi les célébrités qui y « logèrent ». Plus tard, pendant l’épisode de la Terreur révolutionnaire, 4 200 prisonniers y furent détenus... Dont 2 268 finirent sur l’échafaud ! (Danton, Marie-Antoinette, André Chénier, Robespierre, St-Just, etc...). De nos jours, la prison de la Conciergerie peut se visiter mais n’est plus une partie du site occupé par le Palais de Justice de Paris... En effet, le nouveau Palais vient, depuis le printemps 2018, de se délocaliser dans le quartier des Batignolles (17ème arrondissement). Un véritable tournant dans l’histoire deux fois millénaire du Palais de Justice de l’île de la Cité.

Palais-Royal (jardins du)

Construit par Richelieu en 1628, le Palais-Cardinal, offert au roi Louis XIII en 1636, sert ensuite de résidence à Louis XIV, pendant les troubles de la Fronde. Il prend alors le nom de Palais-Royal. Le Régent Philippe d'Orléans y réside en 1692, et Louis-Philippe, qui deviendra roi des Français, y voit le jour le 6 octobre 1773. 1780 : une grandiose opération immobilière conduite par l'architecte Victor Louis est réalisée ; on encadre le jardin de constructions uniformes et de galeries. Celles-ci vont devenir pendant un demi-siècle, par leurs cafés, restaurants, salons de jeu et autres divertissements, le rendez-vous à la mode d’une société parisienne élégante… et souvent libertine. La fermeture des maisons de jeu et la chasse à la prostitution y mettront fin en 1836. Le Palais-Royal est alors, à partir de 1871, affecté à différentes administrations de la République. Il abrite aujourd’hui le Conseil d'État, le Conseil Constitutionnel et le ministère de la Culture.

Le 20 janvier 1793, veille de l’exécution de Louis XVI, le député Le Peletier de St-Fargeau, qui avait voté la mort du souverain, est tué par un ancien garde du roi (au n° 113 de la Galerie de Valois). Préfiguration de l’attentat à venir de Charlotte Corday ?... En tout cas, cette même Charlotte achètera, dans une boutique de cette même Galerie de Valois (au n° 177), le fatal couteau qui servit à tuer Marat…

Pont-Neuf

Dans la série des "plus vieux" de Paris, je demande le pont… Les plus cultivés connaissent sûrement la réponse, pour les autres la voici : le plus vieux pont de Paris n'est autre que le… Pont-Neuf ! Hé oui, Il a gardé le nom que lui avaient donné les Parisiens à l'époque de son édification au début du XVIIème siècle… C’est le roi Henri III qui ordonne sa construction en 1578, pour joindre les deux rives de la Seine en une seule fois (et non en deux temps, comme c’était le cas avant). Alors, quand il est érigé en 1607, c’est une véritable révolution pour les Parisiens : un pont dénué d'habitations et pourvu de trottoirs protégeant les piétons de la boue, des chevaux et des calèches ! Autre innovation, il est aussi le tout premier pont de pierre à traverser entièrement la Seine. Classé monument historique depuis 1889, il est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco. (Pour info, le deuxième plus vieux pont de Paris est le Pont-Marie, érigé entre 1614 et 1635).

Rambuteau (rue)

Dans l’ordre des peines criminelles du Moyen Âge, les piloris, dont l’appareil d’exposition tournait au sommet d’une tour, étaient essentiellement réservés aux banqueroutiers, aux concussionnaires, aux faux témoins, aux blasphémateurs, et aux entremetteuses et autres femmes adultères. À Paris, il s’élevait aux Halles, à l’angle des rues Pirouette (disparue aujourd’hui) et Rambuteau. La roue effectuait un tour complet toutes les deux heures et avait une capacité de six places… Preuve qu’à l’époque déjà, la justice était débordée !

Rivoli (rue de)

59 Rivoli, initialement baptisé « Chez Robert : Electrons Libres », est un collectif d'artistes basé au – je vous le donne en mille – 59 rue de Rivoli. Fondé dans un bâtiment haussmannien laissé à l’abandon par le Crédit Lyonnais et les pouvoirs publics, le 59 Rivoli accueille dans ses murs plus de trente artistes en résidence. Programmés tous les samedis et dimanches, pléthore de concerts animent aussi le lieu et sa galerie (ouverte aux expositions collectives extérieures). Le 59 se veut un pôle artistique autour duquel expressions singulières, langues d’art et créativités variées gravitent. C’est le vecteur d’un « cheminement culturel à la fois alternatif et institutionnalisé, véritable fabrique des possibles ancrée dans le paysage touristique parisien ». Autrement dit et pour faire plus simple : un îlot d’originalité au cœur de la capitale.

Hebdomadaire publié par Arthème Fayard, Je Suis Partout sort son premier numéro le 29 novembre 1930. Jusqu'en 1942, la rédaction se trouve rue Marguerin à Paris avant de s'installer rue de Rivoli, au n° 186. Il rassemblait des plumes souvent issues de l'Action Française (Pierre Gaxotte, Claude Jeantet, Alain Laubreaux, Pierre Drieu La Rochelle, le dessinateur Ralph Soupault...). Le journal – d’antiparlementaire, antidémocrate, nationaliste et convaincu de la « décadence » de la France – durcit vite ses positions. Alors que la rédaction est de plus en plus séduite par les partis d’extrême droite, il devient, à partir de 1941, le principal journal collaborationniste et antisémite français. Le dernier numéro est daté du 16 août 1944, ses rédacteurs étant ensuite – vite fait bien fait – jugés et condamnés (Brasillach, Céline, P.-A. Cousteau, Maurice Bardèche, Lucien Rebatet…).

Vendôme (place)

Au n° 16 de la place Vendôme s’installa en 1778 l’illustre docteur Franz-Anton Mesmer, dont les cures magnétiques allaient soulever maintes polémiques et faire courir le Tout-Paris. Né en 1734, ce médecin badois avait établi un ensemble de théories et pratiques thérapeutiques, lesquelles eurent par la suite un impact certain sur la médecine, la psychologie et la parapsychologie. Pourtant, pour avoir prétendu guérir en dehors des règles académiques de la médecine, il fut jugé et condamné. Alors Mesmer, charlatan ?... Peut-être pas autant que le Messmer canadien (Eric Normandin de son vrai patronyme) qui, de nos jours, sévit en pratiquant l’hypnose sur scène !

Viarmes (rue de)

La Bourse de Commerce, construite sous Louis XVI, s’élève à l’emplacement de l’ancien hôtel de Catherine de Médicis, dont il ne reste plus qu’une impressionnante colonne (n° 2 rue de Viarmes). Vestige d’un passé où durant le règne de la souveraine, astrologues et faiseurs de philtre étaient… rois ! En effet, passionnée d’astrologie, on pense que Catherine la fit construire afin de permettre à son astrologue personnel, Cosimo Ruggieri, l’observation des planètes. Surmonté d’une verrière dont il ne reste plus que la structure métallique et doté d’un escalier intérieur de 147 marches, le monument se dresse encore, fier et mystérieux.

La Galcante & Le centre de Paris à St-Germain-l’Auxerrois, rue de l’Arbre Sec

Gaspard de Coligny, rue de l’Arbre Sec & L’attentat de la rue des Bons-Enfants

L’affaire de la rue Courtalon & Simone Signoret et Yves Montand, place Dauphine

Place Dauphine

François Ravaillac, rue de la Ferronerie & La galerie Véro-Dodat, rue Jean-Jacques Rousseau

Le cimetière des Innocents, place Joachim du Bellay & La place du Louvre

La Conciergerie, boulevard du Palais & Les jardins du Palais-Royal

Le Peletier de St-Fargeau, jardins du Palais-Royal & Le Pont-Neuf

Le Pilori de la rue Rambuteau

Electrons Libres & Je Suis Partout, rue de Rivoli

La place Vendôme du temps de Mesmer & La colonne Médicis, rue de Viarmes

ème ARRONDISSEMENT

Beauregard (rue)

La tradition admet que les immeubles portant les nos 23 et 25 de la rue Beauregard ont été construits sur l’emplacement qu’habitait, sous le règne de Louis XIV, la célèbre voyante et empoisonneuse Catherine Deshayes, plus connue sous le nom de La Voisin. Chez l’ensorceleuse, on disait aussi des messes noires auxquelles furent mêlés d’importants personnages de la Cour, dans la célèbre Affaire des Poisons. Tout cela termina mal pour elle et ses complices de basse extraction… Les autres – les « grosses huiles » – échappèrent à l’échafaud et au bûcher (la marquise de Montespan fut exilée, l’abbé Guibourg simplement emprisonné et Racine tout juste suspecté)... Justice de classe, quand tu nous tiens !

Tout de même, la sinistre La Voisin, en dehors de ces meurtres, avait avoué plus de 2500 fœtus enterrés dans son jardin – résultat de ses activités « complémentaires » de faiseuse d’anges ! Elle finit brûlée en place de Grève, le 22 février 1680.

Blondel (rue)

Au n° 32 de la rue Blondel, la décoration intérieure de l’ancienne maison close Aux Belles Poules était l’une des plus spectaculaires de Paris. Des mosaïques de faïence rouge rendaient hommage à la beauté féminine... en l’associant à celle de gallinacés – misogynie de l’époque, sans doute ! Au-dessus des portes, de belles odalisques alanguies voisinaient avec des compositions mythologiques mettant en scène des jeunes femmes dénudées au fessier rebondi. De nos jours, après restauration de son décor des années 20, Aux Belles Poules a rouvert. Sa propriétaire y organise des conférences, des lectures de pièces érotiques (on ne se refait pas…), ou encore des dîners avec danseuses burlesques.

Caire (place du)

Construit en 1798, le passage du Caire est le plus ancien passage couvert de la capitale. Il porte le nom de la capitale égyptienne en raison des trois statues à l’effigie de la déesse Hathor, aux oreilles de vaches, ornant l’entrée. Le passage est connu pour être le plus long et le plus étroit de Paris. L’activité y est permanente sous sa grande verrière en arête de poisson. Situé dans le quartier du Sentier, le passage du Caire est presque intégralement dédié aux grossistes du prêt-à-porter. La visite mérite le détour – pour le style architectural de ses belles façades du niveau supérieur, lesquelles ont conservé leur aspect d’origine. De nombreuses entrées secondaires permettent l’accès au passage : rue d’Alexandrie, rue Saint-Denis et rue du Caire.

Paris, sous l’ancien régime, comptait près d’une douzaine de cours des Miracles, la principale, la Grande Cour, abritant prés de 4 000 personnes à l’époque. Elle était située autour de l’actuelle place du Caire, entre la rue du même nom et la rue Réaumur. La partie la plus dangereuse était celle située dans l’arc de cercle formé par les rues Damiette et des Forges. À partir de 1656, Gabriel Nicolas de La Reynie, lieutenant général de police, fut chargé de les détruire. 60 000 voleurs, mendiants et faux estropiés furent alors envoyés aux galères et marqués au fer rouge.

L’expression « Cour des Miracles » proviendrait du fait qu’une fois la nuit tombée, tout ce beau monde disparaissait comme par magie. Ainsi les pseudo estropiés retrouvaient leurs capacités physiques et les vieillards rajeunissaient … Cette Cour des Miracles n’était donc en fait qu’un théâtre destiné à apitoyer les bourgeois – afin d’obtenir l’aumône…

Sur la façade du n° 2, on remarquera, parmi les hiéroglyphes, un profil d’homme nanti d’un nez phénoménal. C’est le nez de Bouginier. Bouginier était un rapin qui fréquentait l’atelier du peintre Jean-Antoine Gros, et qui fut pris pour cible par ses camarades de cours. Ceux-ci décidèrent de reproduire partout dans Paris, et même à l’étranger, son profil particulier, en guise de moqueries… Cyrano de Bergerac est passé à la postérité pour son appendice nasal certes, mais aussi pour sa truculence et son œuvre littéraire… Bouginier lui, juste pour son nez !

Chabanais (rue)

Le Chabanais, situé au no 12 de la rue du même nom fut, entre 1878 et 1946, l'une des maisons de tolérance les plus courues et les plus luxueuses de Paris. Madame Kelly (pseudonyme d’une certaine Alexandrine Joannet) y avait investi tout son pécule pour faire de cet immeuble un des spots les plus luxueux de Paris… en terme de nid d'amour tarifé. Une flopée de rois et de personnalités y avait leurs habitudes. Notamment Édouard VII d'Angleterre, qui y avait fait installer une chaise de volupté (avec coussins et étriers) et… une baignoire à champagne !

Le 13 avril 1946, la loi Marthe-Richard mit un terme aux activités du Chabanais (et à celles de toutes les maisons closes de France). Ce qui fit dire à l’actrice Arletty ce bon mot : « La fermeture des maisons closes, plus qu’un crime : un pléonasme ! ».

Daunou (rue)

Dans ce petit bar-restaurant du 10 de la rue Daunou, les prix des consommations sont affichés en fonction des dernières demandes… comme à la Bourse et sur écran plasma ! Boiseries et hauts plafonds à l’ancienne, au Footsie (terme anglais équivalent de notre Cac 40) il ne manque plus que la corbeille et les crieurs du Palais Brongniart…

Degrés (rue des)

La rue des Degrés, au cœur du Sentier, a jeté ses quatorze marches, de la rue Beauregard vers la rue de Cléry. Cette voie-escalier aménagée après la démolition de l'enceinte de Charles V mesure à peine 3m30 de large sur 5m75 de long – ce qui en fait la plus courte de la capitale. Les bâtiments riverains sont accessibles par les voies des niveaux inférieur et supérieur. Longée par ses façades aveugles, la rue des Degrés possède le charme pittoresque des curiosités architecturales et topographiques, auxquelles seule l'histoire de la ville peut donner un sens.

Etienne-Marcel (rue)

La Tour Jean-sans-Peur, coincée dans la cour d’une école au 20 rue Etienne-Marcel, passe au premier abord assez inaperçue. C’est pourtant un monument exceptionnel, rare témoin de l’architecture moyenâgeuse à Paris. Haute de 27 mètres, c’est la plus haute tour médiévale civile visible dans la capitale, représentative des grands logis princiers de l’époque. L’intérieur concentre des éléments architecturaux d’exception, dont un fabuleux escalier à vis surplombé par une voûte au décor végétal. On remarquera aussi deux chambres, répliques exactes l’une de l’autre… Portant bien mal son nom, le duc Jean-sans-Peur souhaitait ainsi induire en erreur ses éventuels assaillants… en logeant ses serviteurs dans une chambre identique à la sienne ! Ce qui ne l’empêcha pas de se faire bel et bien assassiner, un beau jour de septembre 1419... Mais à Montereau (Seine-et-Marne), bien loin de Paris et de sa tour.

La Ville-Neuve (rue de)

Petite mort du dernier cinéma porno de Paris, c’était la dernière séance du Beverley, situé au 14 rue de la Ville-Neuve… A qui Maurice Laroche, son directeur depuis 1983, a-t-il cédé l’affaire ? Pour l’instant, n’ayant pas trouvé repreneur : personne. Mais ne désespérons pas, cet espace de 112 m2pourrait bien rester une salle obscure – qui ne serait plus réservée aux adultes, celle-là…

Montmartre (rue)

Il y a fort à parier que le Café du Croissant (146 rue Montmartre) n’existerait plus s’il n’avait pas été le théâtre d’un des épisodes les plus marquants de l’Histoire de France. C’est en effet dans cette petite brasserie que fut assassiné Jean Jaurès – figure politique majeure de l’avant-guerre et grand artisan de la paix – le 30 juillet 1914 (une inscription à même le sol indique l’endroit exact de l’attentat). Son assassin Raoul Villain, un exalté royaliste va-t-en guerre qui portait bien son nom, mourra vingt-deux ans plus tard en pleine guerre d’Espagne… assassiné à son tour par des militants de gauche ! Ironie de l’histoire : on n’est même pas sûr que les militants en question savaient qui il était. Alors, justice immanente ou simple retour des choses ?

Petits-Champs (rue des)

Luxueux passage couvert construit en 1823 selon les plans de l'architecte François-Jean Delannoy, la galerie Vivienne est inscrite aux monuments historiques depuis juillet 1974 ; elle est accessible, entre autres, par le n° 4 de la rue des Petits-Champs. Mesurant 176 mètres de long, son sol est entièrement recouvert d'une œuvre signée du mosaïste franco-italien Facchina. Inaugurée en 1826 sous le nom de « Marchoux », puis rapidement baptisée « Vivienne », cette galerie tire profit de son emplacement exceptionnel, attirant nombre de visiteurs grâce à ses boutiques de tailleur, marchand de vin, restaurateur, libraire, confiseur et autres marchand d’estampes. L'escalier monumental du no 13 conduit à l'ancienne demeure du célèbre Vidocq, ce bagnard devenu chef de la police sous l’Empire.

D’une longueur de 190 mètres – ce qui en fait la plus grande des galeries parisiennes couvertes du XIXème siècle – le passage Choiseul prolonge la rue du même nom en reliant la rue Saint-Augustin (au n° 23) à la rue des Petits-Champs (n° 40). Le passage fut construit entre 1825 et 1827 par les architectes Mazois et Tavernier. Loin de pouvoir rivaliser avec le luxe de la galerie Vivienne toute proche, il a tout de même – grâce à son atmosphère surannée – un charme certain.

Louis-Ferdinand Céline vécut ici une grande partie de ses jeunes années, sa mère y tenant un commerce… « Moi, j’ai été élevé au passage Choiseul, dans le gaz des becs d’éclairage. Du gaz et des claques, voilà ce que c’était, de mon temps, l’éducation. J’oubliais : du gaz, des claques et des nouilles. Parce que ma mère était dentellière et que les dentelles, ça prend les odeurs... » (in ‘’Mort à Crédit’’). Retrouvez ici l’ambiance de l’enfance de l’écrivain, picaresque et pathétique à souhait, lui qui n’hésitait pas à rebaptiser le lieu « Passage des Bérézinas » ! La boutique-domicile de ses parents se situait au nos 65-67.

Petits-Pères (place des)

L’immeuble du n° 1 de la Place des Petits-Pères était jadis occupé par la banque Léopold-Louis Dreyfus. Sous le régime de Vichy, il fut annexé par un sinistre organisme d’Etat : Le Commissariat Général aux Questions Juives (CGQJ). Destiné à appliquer la politique discriminatoire du régime à l’égard des Juifs de France, il était dirigé par Xavier Vallat puis, à partir de mai 1942, par Louis Darquier de Pellepoix. Le commissariat (créé en mars 1941) était aussi chargé du traitement des Roms, eux aussi ciblés par la politique raciale des nazis et promis à la déportation. Fermé fin août 1944, le CGQJ compta jusqu’à 1 200 employés dans toute la France ; ses biens furent mis sous séquestre et celui-ci confié au ministère des Finances.

Après qu’une voix céleste eut ordonné au bon curé Charles-Eleonore Dufriche-Desgenettes de consacrer sa paroisse au « Très Saint et Immaculé cœur de Marie » (1836), les fidèles se pressèrent en l’église Notre-Dame-des-Victoires... et la couvrirent d’ex-votos. Qui pourrait à la lecture de ces milliers de plaques commémoratives douter de l’intercession de la Vierge ? Tous les grands corps de l’Etat furent touchés par la bonté divine… avec une priorité pour le clergé, l’armée et le sang bleu ! Paradigme et synthèse de la reconnaissance, un dernier ex-voto s’orne de l’inscription : « Ex-votos en tous genres »… dans la vitrine du marchand d’objets de piété qui fait face à l’église ! Est-il, celui-là aussi, doux au cœur de la Vierge ?

Poissonnière (boulevard)

Le Grand Rex (inscrit au patrimoine et construit sur le modèle du célèbre Radio City Music Hall de New York) est devenu – en France comme en Europe – l'un des lieux emblématiques du 7ème art, remarquable en particulier par son style architectural. Le cinéma du 1 boulevard Poissonnière est aussi connu pour la décoration intérieure de sa grande salle (2 800 places). Elle a été créée dans le style d’une ville « méditérranéo-antique » restituant l'ambiance Art Déco des villas de la « French Riviera », et avec un plafond-ciel étoilé culminant à plus de 30 mètres. Des jeux d'eau animent cette salle mythique chaque année à Noël depuis 1954 – la célèbre « Féerie des Eaux ».

En 1988, le Grand Rex s'offre le plus grand écran de France, le « Grand Large », 300 m2, ce qui en fait le plus grand d’Europe (hors IMAX). Enfin, en 1997, il a ouvert sa programmation à des festivals, à des concerts et aux one-man-shows de nombreux artistes qui se produisent sur sa scène.

Richelieu (rue de)

Il était tout naturel que Paul Masson (1849-1896) – ancien procureur de la République à Pondichéry, avocat, écrivain et grand mystificateur qui se parait du double titre de « yogi » et de « magistrat honoraire » – devienne à un moment de sa vie… fonctionnaire. Et, en effet, il finit sa carrière comme « Chargé du catalogue de la Bibliothèque Nationale de France », sise au 58 rue de Richelieu. Masson aurait alors rédigé de multiples notices de faux ouvrages : « Recherches sur les peintres aveugles », « Dictionnaire des diminutifs », « Essai sur les bibliothèques des Mérovingiens », le tout à l’avenant… A l’écrivain Colette qui lui demandait si ses livres existaient vraiment, il répondait tout de go : « Ah mais je ne peux pas tout faire ! ». Cinq ans plus tard, ce grand excentrique se suicide à Strasbourg… Remords de la supercherie ou simple spleen engendré par la vie de fonctionnaire ?

Le comte de Saint-Germain, personnage légendaire s’il en fut, fut l’une des figures les plus singulières du siècle des Lumières. Maître de l’occulte, il aurait possédé l’Élixir de longue vie et détenu le secret de l’immortalité. Il parcourut le vaste monde, côtoya les plus grands monarques de son temps et, toujours selon lui, aurait même taillé le bout de gras avec Jésus-Christ ! Cet homme étonnant, réputé aussi musicien, peintre et polyglotte, aurait ainsi vécu plusieurs siècles...

Ce dont on est sûr, c’est que le charlatanesque comte de Saint-Germain habita ici, au 101 rue de Richelieu. Et qu’il finit ses jours en Allemagne, à l’age de 93 ans… Presque centenaire – mais pas immortel !

La Voisin, rue Beauregard & Aux Belles Poules, rue Blondel

Le passage du Caire & La Cour des Miracles, place du Caire

Le nez de Bouginier, place du Caire & Le Chabanais, rue Chabanais

Le Footsie, rue Daunou & La plus petite voie de Paris, rue des Degrés

La Tour Jean-sans-Peur, rue Etienne-Marcel

Le Beverley, rue de la Ville-Neuve

Café du Croissant, rue Montmartre & La galerie Vivienne, rue des Petits-Champs

Le passage Choiseul & Louis-Ferdinand Céline, rue des Petits-Champs

Le Commissariat Général aux Questions Juives (1942) & Les ex-votos de l’église Notre-Dame-des-Victoires, place des Petits-Pères

Le Grand Rex, boulevard Poissonnière

La BNF & Le comte de St-Germain, rue de Richelieu

3ème ARRONDISSEMENT

Arts-et-Métiers (métro)

La station de métro Arts-et-Métiers est probablement l’une des plus étonnantes du réseau parisien. Inspirée de l’univers de Jules Verne, elle nous embarque dans un monde parallèle, celui de François Schuiten. Aménagée sur les quais de la ligne 11 en 1994, cette station unique en son genre a en effet été réalisée à partir des dessins de l’artiste belge, auteur avec Benoît Peeters de la célèbre série des Cités Obscures (Casterman).

Composé de 800 plaques de cuivre fixées par des rivets, le revêtement mural évoque donc le célèbre Nautilus de Jules Verne. L’ensemble du mobilier, des plaques aux poubelles en passant par les sièges, a été créé spécialement pour la station. Résultat : venu d’un lointain passé ou d’un futur indéterminé, un monstre sous-marin… souterrain.

Bretagne (rue de)

Le marché couvert des Enfants Rouges, créé en 1615, n’a pas pris une ride. Le plus vieux marché alimentaire de la capitale est situé dans le Haut Marais, au n° 39 de la rue de Bretagne. Parisiens et touristes font le plein de produits frais en profitant des étals colorés et odorants. Dans une ambiance conviviale et… bon enfant, on improvise une pause déjeuner, à l’épicerie italienne, au stand bio, au traiteur libanais ou encore au snack japonais. Le dimanche, les amateurs de brunch se précipitent à l’Estaminet, restaurant niché au cœur du marché, à La Petite Fabrique ou au Burger Fermier.

(Pour la petite histoire, le nom des « Enfants-Rouges » viendrait de l'hospice du même nom créé en 1524 pour recueillir les orphelins, orphelins dont l'uniforme était – je vous le donne en mille – … rouge.)

Montmorency (rue de)

Bâtie en 1407 et à juste titre classée monument historique, la maison du 51 rue de Montmorency serait la plus ancienne de Paris. Construite par Nicolas Flamel pour accueillir les pauvres, sur sa façade on peut encore lire l’inscription suivante : « Nous homes et femes laboureurs demourans ou porche de ceste maison qui fut faite en l'an de grâce mil quatre cens et sept somes tenus chascun en droit soy dire tous les jours une paternostre et un ave maria en priant Dieu que sa grâce face pardon aus povres pescheurs trespasses ». Les deux premiers étages conservent leur décoration originelle : l'inscription gothique mentionnée ci-dessus, ainsi que les piliers moulurés et les décors d'anges et de colonnettes. Sur les deuxième et cinquième piliers sont gravées les initiales « NF », en hommage au célèbre alchimiste – à qui l’on prêterait la découverte de la Pierre philosophale… Autrement dit le pouvoir de changer le plomb en or et celui de prolonger la vie humaine au-delà de ses bornes naturelles. L’immortalité quoi, rien que ça ! L’édifice a fait l'objet de nouvelles restaurations en juin 2007 et est de nos jours occupé par un restaurant.

Payenne (rue)

La « Chapelle de l’Humanité » du 5 rue Payenne est le seul temple positiviste qui subsiste en Europe. Elle aurait été inaugurée sur un quiproquo : l’Eglise positiviste du Mexique, qui acheta le lieu en 1903, pensait en fait acquérir la maison de Clotilde de Vaux – l’égérie du « mouvement » d’Auguste Comte. Mais en réalité Clotilde mourut au numéro 7… Le 5, hôtel particulier que François Mansart avait fait construire en 1666, abrite donc au 1er étage une Chapelle de l’Humanité, reproduction à échelle réduite du plan qu’avait conçu initialement le philosophe. L’allégorie sur l’autel représente « l’Humanité tenant l’Avenir dans ses bras » tandis que la façade sur rue a été transformée par l’architecte Gustave Goy. On y aperçoit un buste de Comte, avec cette édifiante inscription résumant la pensée du positivisme : « L’amour pour principe, l’ordre pour base et le progrès pour but »… et une statue de l’Immaculée Clotilde de Vaux, représentée en « vierge mère ». Quand la philosophie dérape en religion…

Quincampoix (rue)

Dans ce restaurant plongé dans le noir, vous serez conduits et servis par des non-voyants ! Le chef Jéremy Niquet et son équipe de Dans le Noir (51 rue Quincampoix) proposent des menus surprises, les clients n’ayant aucune idée de ce qu’ils vont manger… Toute l’expérience porte sur les saveurs et les textures. C’est un vieux principe souvent utilisé dans l’industrie alimentaire ou du luxe, appelé « dégustation à l’aveugle » et qui tend à combattre les idées préconçues. Unique en France, ici c’est vous qui serez « handicapé » et qui ne pourrez vous fier qu’à votre odorat et à vos papilles.

Saint-Claude (rue)

Cette belle demeure du n° 1 a été habitée par le célèbre aventurier italien, Joseph Balsamo, alias le Comte de Cagliostro. Devenu circa 1785 la coqueluche du Tout-Paris, ce mage, guérisseur (et charlatan !) sut duper le naïf cardinal de Rohan, qu’il guérit d’une crise d’asthme et à qui il fabriqua un magnifique faux diamant… Impliqué dans l’affaire du Collier de la Reine, l’aventurier fut finalement arrêté et banni de France. Ayant perdu de sa superbe, il mena dès lors une vie errante, jusqu’à sa mort en 1795. L’Hôtel du 1 rue St-Claude date de 1719. Les vantaux de sa porte cochère, déposés en 1853, proviennent du Temple ; ils constituent un des rares vestiges qui nous restent de cet édifice.

Saint-Martin (boulevard)

C’est un des serpents de mer les plus tenaces de la capitale : les stations fantômes du métro parisien – Saint-Martin, Arsenal, Haxo, Croix-Rouge, Champ-de-Mars ou encore Porte Molitor… Invisibles et désaffectées, mais bien présentes sous nos pieds, elles alimentent depuis toujours la curiosité des Franciliens ; jugées trop proches des arrêts suivants ou peu fréquentées, elles ont été fermées en 1939. La station Saint-Martin a trouvé elle une seconde vie : un temps réquisitionnée pour recevoir de nuit les personnes sans domicile fixe, elle accueille maintenant régulièrement des manifestations publicitaires (Nissan, H&M, Microsoft, Nike…). Elle dispose de deux accès (toujours fermés aux usagers) : l'un à l'extrémité ouest de la rue René-Boulanger et l'autre au 31, boulevard Saint-Martin.

Saintonge (rue de)

Qu’y a-t-il de commun entre Blaise Pascal et Robespierre ? Réponse : la rue de Saintonge. Ici vécut Pascal au n° 13, de 1648 à 1651. On ne sait trop ce qu'on doit célébrer le plus chez lui : le mathématicien, le physicien ou le philosophe ? C’est en tout cas ici qu'il a développé ses recherches sur le vide, donnant par la suite son nom à l'unité de pression : le "Pascal". L’Incorruptible lui, vécut au 64, d'octobre 1789 à juillet 1791… bien avant qu’il ne succombe à son tour à la Terreur qu’il avait prônée (28 juillet 1794). Le bâtiment originel, démoli en 1934 pour laisser place à la hideuse Poste toute proche, devait vraisemblablement ressembler aux immeubles de style XVIIIème qui l'encadrent (au nos 62 et 66).

Turbigo (rue de)

Sur la façade du 57 rue de Turbigo, une belle sculpture étire sa silhouette démesurée. Quelle est-elle ? Nul ne le sait. Ange, cariatide ou génie ? Personne ne peut en effet dire ce que cette imposante statue représente. La seule chose dont on est sûr, c’est qu’elle s’étend sur trois étages, drapée à l’antique et soutenant le balcon situé au-dessus. Elle aurait été imaginée par un certain Auguste Del…ange (faut-il voir dans ce nom un indice sur la nature de la statue ou un pseudonyme bien trouvé ?) – et installée là lors de la construction de l’immeuble, en 1859. On pense aussi qu’elle fut créée initialement pour un concours des Beaux-Arts, lequel se proposait de réaliser un phare en l’honneur du physicien Augustin Fresnel, inventeur d’une lentille destinée aux phares de signalisation. Mais encore là, le doute reste entier puisqu’on n’a retrouvé nulle part trace d’un tel concours… ni d’un phare en l’honneur du physicien.

Autre loufoquerie-mystère du lieu : une triple plaque de rue sur le mur latéral de l’entrée du 57 – exemple unique à Paris… Pour ceux qui auraient des problèmes visuels ?

Volta (rue)

Pendant plus d’un siècle, on a cru que la belle maison située au 3 rue Volta était la plus vieille de Paris... La légende date du Second Empire, à une époque où se développe un important mouvement de préservation du patrimoine, le but étant de limiter les dégâts causés par les travaux du baron Haussmann. Et donc, sous l’impulsion de Victor Hugo en particulier, cette maison va être officiellement « datée » du XIIIème siècle – 1240 précisément – ceci afin de la préserver d’une éventuelle démolition. La supercherie/légende va tenir jusqu’en en 1979 lorsque des recherches prouveront qu’il s’agit en réalité d’un pastiche de maison médiévale, bâtie en fait au XVIIème (le cadastre prouvant que jusqu’en 1644 le terrain était vierge de toute construction et que ce n’est qu’à partir cette année que les propriétaires avaient pu faire édifier la maison). Bref, très vite la demeure se voit retirer le titre de « plus vieille maison de Paris »… au profit de la Maison de Nicolas Flamel (51 rue de Montmorency), qui date elle de 1407, soit de plus de 600 ans. Quant à celle de la rue Volta, elle, elle n’est aujourd’hui plus âgée que de 375 ans… Ce qui n’est déjà pas si mal.

La station de métro Arts-et-Métiers & Le marché des Enfants-Rouges, rue de Bretagne

Maison de Nicolas Flamel, rue de