Noisette et Mia - Valérie Michel - E-Book

Noisette et Mia E-Book

Valérie Michel

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Beschreibung

« Dans quelques mois, tu seras grand-mère ! » Une phrase d’apparence anodine mais qui, en quelques secondes, bouleverse une vie et vous submerge de bonheur. Depuis l’annonce de cette merveilleuse nouvelle, je vis des instants magiques, savourant l'immense chance qui m'est offerte. Attendre, accueillir, chérir, voir grandir un petit-enfant et vivre avec lui des moments de complicité, pleins d’amour et de tendresse, sont autant de joies qui, chaque jour, comblent votre existence de félicité. Des joies intemporelles, universelles, qu’il convenait de partager…


À PROPOS DE L'AUTEURE


Ex-professeur des écoles, Valérie Michel se lance dans l’écriture grâce à des poèmes auxquels elle donne un rôle clef dans son premier roman, Comme une évidence, dans lequel les sentiments, l’amour en particulier, jouent un rôle majeur. Elle change ensuite d’époque, de ton, d’atmosphère, de thème, avec ses romans suivants, tous très différents : des policiers, des romances, des feel good, toujours sur fond de poésie. Elle y véhicule les mêmes valeurs que celles qu’elle défend dans son mandat de conseillère municipale, à savoir la liberté, l’égalité, la fraternité et la solidarité. Après avoir publié deux recueils de poèmes, elle présente son douzième roman, autobiographique et teinté de poésie.

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Valérie Michel

Noisette et Mia

Roman

© Lys Bleu Éditions – Valérie Michel

ISBN : 979-10-377-5938-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

De la même auteure

Le Lys Bleu Éditions

Romans

Comme une évidence, septembre 2019

La lettre à Élise, décembre 2019

Les héros de la différence, mai 2020

Le rêve d’Émilie, mai 2020

L’imposture, juin 2020

Passage aux aveux, juin 2020

L’héritière, juin 2020

Il n’y a pas d’âge pour être heureux, septembre 2020

Toujours un mal pour un bien, septembre 2020

Sonate au clairde lune, mars 2021

Une campagne inédite, juin 2021

Recueils

Dictionnaire des caractères, octobre 2021

Les déclinaisons de l’amour, janvier 2022

À mes petites-filles,

Lucie et Pauline, que j’adore…

À toutes les mamies…

Première partie

Jusqu’à ta naissance

Chapitre 1

Sais-tu que je suis la troisième personne, m’a-t-on dit, à avoir été informée de ton existence ? Lorsque tes parents me l’ont annoncée par téléphone, je ne m’y attendais pas. Enfin si, mais pas si vite ! J’étais folle de joie ! Rien n’aurait pu me combler plus que cette extraordinaire nouvelle ! Apparemment, Claire, alias Mimi, la sœur de ton père Guillaume, complice avec lui depuis sa naissance, avait été mise au courant avant moi, après d’innombrables questions. Elle devait se douter ! Coquine curieuse ! Il est dommage que je n’aie pu voir sa réaction : elle en rêvait depuis longtemps… J’aurais été ravie de voir le visage de l’espérance se transformer en réalité : il devait sourire à pleines dents !

Stéphane, mon mari, ton grand-père, l’a su juste après elle car je n’avais pas répondu au téléphone, en charge à la maison, alors que je jardinais dehors. Il avait été visiblement très ému… Il s’agissait pour lui d’une grande première !

Heureusement, le scoop n’a pas tardé à me parvenir ! Quel bonheur infini ! J’étais transportée, en l’espace de quelques secondes, dans un fabuleux futur. J’allais bientôt devenir une autre moi-même : une nouvelle femme, avec le bénéfice de l’âge. J’allais superposer la casquette de grand-mère à celle de mère… Quelle belle projection ! J’exultais à l’idée que ton père, mon fils, allait, à son tour, devenir papa : la chair de la chair de ma chair ! Fascinant, rien qu’à y songer ! Comme j’adorais Constance, ma belle-fille, je ne pouvais que jubiler et me réjouir pour eux deux, si rayonnants et si bien assortis… Je ne pouvais m’empêcher de resonger à mon mari et moi-même lorsque nous avions appris, par trois fois, ravis, que nous attendions un enfant : à chaque grossesse, une nouvelle aventure démarrait. Tu es, pour ta part, l’objet de leur première épopée dans les réjouissances de la procréation.

Je savais que tes parents désiraient ardemment un enfant, mais ils restaient tributaires, par l’alchimie nécessaire à la création, du temps, de la conjoncture, de la nature et des joies de l’amour…

Jamais je n’aurais imaginé qu’à peine mariés, leur union produirait aussi rapidement un aussi précieux et goûteux fruit ! Ils en avaient de la chance ! Moi aussi !

Le lendemain de leur mariage, après un brunch très réussi à Valsemé organisé par les parents de ta maman, Sylvie et Stéphane, devenus chers à notre cœur, tes parents sont partis en amoureux, « just married », quelques jours dans le Cotentin. L’amour leur a offert le plus beau cadeau de mariage qui puisse exister : un bébé ! Un petit Normand ou une petite Normande ! À ce moment-là, ils ne le savaient pas encore… Ils jouissaient juste de leur bonheur à deux.

Si tu savais comme tes parents avaient l’air heureux au téléphone ! Ils m’ont demandé de garder ce merveilleux secret pendant quelque temps : ils ne souhaitaient pas ébruiter l’affaire avant d’être certains que tu étais bien accroché à la vie. Ils préféraient rester prudents. Ils avaient raison. Seuls les proches allaient donc être mis au courant. Il était convenu entre nous que tu t’appellerais Noisette, pour l’instant. Je trouvais ce petit surnom vraiment très mignon. Il était asexué et te représentait bien, à l’aube de ta croissance anténatale. Je me plaisais à le prononcer, évoquant par là même ce petit être cher à ma descendance, qui me réjouissait déjà tant.

Lorsqu’ils m’ont parlé de toi, ils étaient totalement euphoriques et ravis de m’annoncer qu’ils avaient entendu battre ton cœur. Un moment intense, émouvant et exaltant : la preuve irréfutable de ta présence dans le cocon maternel ! Après datation du début de la grossesse, il s’avérait que tu avais probablement été conçu quatre jours après le très beau mariage de tes heureux parents qui avait comblé famille et amis : un mariage consumé avec panache ! Ta naissance était donc annoncée pour le printemps autour du 17 avril. Nous étions voués à fêter nos anniversaires ensemble puisque je suis du 25 du même mois ! Quel beau présage !

Le 19 septembre 2019 fut un grand jour : celui où je t’ai vu, toi, bébé Noisette, pour la première fois. Tes parents, en effervescence et radieux après la première échographie, m’ont envoyé cette première photo magique. Je t’ai regardé longtemps, très fièrement. Je n’observais pas n’importe qui, mais bel et bien mon petit-fils ou ma petite-fille. Le premier ou la première. Tu mesurais 48 mm à 11 semaines et trois jours. Tout petit mais si grand dans mon cœur déjà… Voilà à quoi tu ressemblais à ce moment-là : un petit ange pour moi. Je souriais béatement en t’admirant.

Lorsque ton oncle Antoine, âgé de 16 ans, a appris qu’il allait avoir une nièce ou un neveu, il était trop content ! Il entrait en première à ce moment-là. Il m’a dit tout de suite « tu crois qu’il va m’appeler tonton ? » Lorsque je lui ai répondu « pas forcément », il m’a demandé comment tu allais bien pouvoir l’appeler. Il s’interrogeait vraiment. Lui aussi se faisait une immense joie de devenir quelqu’un d’important à tes yeux. Je lui ai répondu que s’il entendait son papa t’appeler Bibou, du surnom qu’il lui avait donné depuis toujours, il deviendrait sûrement aussi Bibou pour toi, Noisette. Cela a eu l’air de lui plaire.

Chapitre 2

Tes parents sont partis en voyage de noces en Grèce, avec toi dans ta bulle tiède et sécurisante, rassurés par cette première échographie et les bonnes nouvelles qui l’accompagnaient. Ils y sont encore. Ils profitent pleinement de tout, ils croquent la vie à pleines dents.

Toute la fin de ce mois de septembre 2019, ils nous envoient de sublimes photos romantiques qui nous font rêver : de magnifiques paysages méditerranéens surplombant la mer bleue, des couchers de soleil divins aux teintes chaudes d’un sublime rouge orangé, des repas où nous pouvons constater qu’ils ne boivent très sagement que de l’eau. Ils pensent à toi, forcément, en mangeant, en se promenant. Nous aussi, de loin. Ta maman se sentant gaie, détendue et décontractée, je me dis que tu profites bien de cette ambiance joviale, calme et plaisante. Le soleil est au rendez-vous pour tes parents : il leur chauffe le corps, l’esprit et le cœur. Il illumine les perspectives, au sens propre comme au sens figuré. Il fait beau dedans, il fait beau dehors.

Constance te fait goûter les saveurs de la cuisine grecque, saine, simple et naturelle que j’apprécie tant ! Tu découvres, sans le savoir, le goût de la feta, de l’origan et du tzatzíki qui régalent toujours mes papilles dans ce pays que j’adore. Tu te familiarises aussi avec le goût du poisson. Tes parents en mangent beaucoup tout au long de ce charmant périple d’île en île après un passage obligé par le Péloponnèse. Ta maman prend grand soin d’elle et de toi. Ton papa veille sur vous et votre bien-être.

Chapitre 3

Tu as remarqué ? Je te parle au présent maintenant. En effet, je pense souvent à toi et j’accompagne tes parents dans leur joie. Hier, j’ai eu envie de te parler, de te dire que tu avais de la chance : tu as des parents aimants et attentionnés qui t’attendent, comme nous tous, avec allégresse. Certains sont impatients. Pour ma part, je savoure, je ne suis pas pressée, je me prépare gentiment à t’accueillir avec les honneurs et l’amour qui te sont dus. Il faut profiter du temps qui passe, des espoirs nés de ton arrivée, de l’imaginaire aussi : je me vois déjà, à la maternité, à cet instant merveilleux de notre première rencontre… L’idée même s’avère franchement émouvante. Ta grand-mère est une grande sensible, tu sais.

Hier, j’ai décidé de te raconter cette fantastique aventure qui est la mienne, celle qui m’entraîne joyeusement vers mon nouveau rôle de grand-mère. Elle est à la fois l’exacte reproduction de la destinée de millions de femmes sur terre, depuis la nuit des temps, et un vécu unique.

J’aurais tellement aimé le partager avec ma propre maman, Mamie Rose, comme l’appelaient ses petits-enfants : elle aurait été immensément heureuse de devenir arrière-grand-mère. Elle n’en a pas eu le temps malheureusement, elle est partie brutalement, il y a un an. Elle fut une merveilleuse maman, tendre et rassurante, une mamie affectueuse également. Tu ne la connaîtras pas mais je t’en parlerai. Tu sauras quelle femme douce et droite elle était. Depuis qu’elle n’est plus de ce monde, j’écris, j’en ai besoin. Elle me manque. L’écriture me sourit. Cet exutoire est devenu une nécessité, une passion, presque une addiction.

T’attendre, te découvrir, te prendre dans mes bras, te sourire, te chérir sont autant de joies qui vont s’offrir à moi et que j’aurais aimé partager avec elle. Ce ne sera pas le cas mais, en écrivant, je te parle et je lui raconte en même temps. Tu sauras ainsi plus tard combien ta venue m’a transportée. Je me réjouis de te voir grandir, appréhender et t’approprier le monde. J’espère que nous serons proches et complices tous les deux. J’en rêve !

L’idée d’écrire ce livre, tu la dois à Sylvie, ton autre grand-mère : elle m’a offert dernièrement un livre à l’occasion de l’une de nos fréquentes et agréables rencontres et il m’a beaucoup plu. Il a été écrit par Noëlle Châtelet et s’intitule « Au pays des vermeilles ». L’auteur y dépeint avec ses mots et son ressenti, son expérience et ses précieuses connivences avec sa petite-fille. Je me suis dit « Moi aussi, je vais vivre des moments forts et inoubliables avec Noisette, sa photo me fait déjà sourire ! » Il faut que je les mette par écrit, pour toi, pour la pérennité, pour pouvoir les revivre aussi, plus tard, quand tu auras grandi et que je serai une vieille mamie. C’est la première fois que je deviens grand-maman, n’oublie pas. Il s’agit d’une expérience nouvelle, excitante, fantastique…

Tes autres grands-parents sont aussi heureux que moi de savoir que tu arriveras bientôt en chair et en os, parmi nous, dans quelques mois. Ils t’attendent avec une égale bienveillance et une joie similaire, mais ils sont déjà plusieurs fois grands-parents. Ils savent déjà ce que cela fait d’endosser ce nouveau rôle. Moi, pas…

Chapitre 4

Pendant que tes parents profitent du bon temps et de leurs vacances, nous avons des discussions fréquentes à la maison, te concernant.

Ton grand-père Stéphane, mon mari, cherche vainement le petit nom que tu lui donneras. Il est très important ce petit nom parce que tes deux grands-pères s’appelant Stéphane, le nom que tu leur attribueras permettra définitivement de les différencier. Ouf ! Mon Stéphane à moi ne souhaite pas s’appeler « Papi » pour la bonne raison que « Papi » représente son père aux yeux de nos enfants. Il veut tout naturellement s’appeler autrement. Mais comment ? Papou ? Padi ? Il n’a pas encore trouvé celui qui lui plaît, qui sonne bien, qui ne sera pas trop compliqué pour toi. Qu’il est difficile à trouver ce petit nom qui doit tinter tendrement à ses oreilles et le représenter dignement !

Moi, j’ai trouvé le mien hier. Je l’aime bien ! Mais je ne sais pas s’il va plaire à ta tante, à tes parents, à Leslie aussi. Pour l’instant, il est accrédité par mon Stéphane et ton oncle Antoine. Je suis contente : ils ont aimé. Et toi ? Dommage que tu ne puisses pas encore me donner ton avis ! Après tout, c’est toi qui vas souvent le prononcer ! Tu veux savoir quel est ce petit nom mignon ? Mia. Il est simple et doux, comme moi. Il te plaît ? J’ai hâte de voir la réaction de tes parents et des autres membres de la famille : j’aimerais sincèrement qu’il soit apprécié de tous. Quant à toi, je me dis qu’il sera toujours temps d’en changer s’il ne te convient pas, pour une raison ou une autre (prononciation, sonorités, etc.). Tu as aussi ton mot à dire, mais il est encore un peu tôt… Au besoin, tu le modifieras plus tard, comme bon te semblera.

Tu te demandes peut-être pourquoi nous n’optons pas pour le classique « papi et mamie » : il y en a trop ! Nous voulons être uniques à tes yeux ! Lorsque ce choix s’est opéré pour ton papa à la naissance, les grands-parents avaient pour la plupart choisi ce surnom classique et du coup, il a fallu les dissocier… Ton père a donc appelé « Papi », mon beau-père, « Mamie Rose », ma maman (elle s’appelait Marie Rose de son vrai prénom qui s’est naturellement transformé). Quant aux arrière-grands-parents, le choix s’est spontanément porté sur « Mamie de Lectoure », « Mamie d’Aubigny », « Mamie de Paris » et « Papi de Givry » en ajoutant le lieu où ils vivaient communément. Nous allons essayer de faire simple : ce sera plus commode pour tout le monde…

Hier soir, mon Stéphane m’a dit « si tu es Mia, je pourrais être Pia ». Mais aucun de nous ne s’est montré convaincu : alors, il cherche toujours ! Tu n’as pas une idée pour lui, toi, Noisette ?

Chapitre 5

Alors que tes parents sont encore en voyage de noces, je crois que j’ai trouvé un petit nom sympathique pour ton grand-père. De la même façon que je souhaitais une consonance en m pour moi, je cherchais une consonance en p pour lui. Une idée lumineuse m’est venue aujourd’hui alors que je rentrais de la brocante annuelle automnale de Chennevières : Pilou. J’ai trouvé ce surnom simple et doux, comme le mien. Ton grand-père n’a pas dit non. Mais il a envie également qu’il plaise à tous.

Lorsque nous avons parlé par SMS ce soir avec tes parents, je n’ai pas pu m’empêcher de leur dire que nous avions enfin des propositions à leur faire, mais que j’avais envie de voir leur réaction de visu. Ton père a insisté pour que nous les dévoilions : avec Constance, ils avaient trop envie de les découvrir. Et moi, bien sûr, je n’ai pas résisté ! Déjà que je n’ai pas encore le droit de parler de toi alors que j’en crève d’envie, j’ai craqué et je leur ai dit… Figure-toi que les deux, à l’unanimité, les ont trouvés charmants et semblent les avoir déjà adoptés. Ton oncle a dit « ça fait doudou », il a souri. Nous attendons encore l’avis de ta tante ainsi que celui de Leslie, son amie de cœur. Mais ce soir, ce n’était pas le moment de leur demander quoi que ce soit : en rentrant de week-end, elles ont vu que Fifi, le chat de tes parents dont elles avaient la garde, avait fait ses besoins partout sur leur lit… Après avoir été entouré, chouchouté et câliné par Leslie tous les jours à la maison pendant deux semaines, il n’a pas du tout apprécié la solitude pendant deux jours et s’est clairement vengé : « On ne m’abandonne pas ainsi comme ça, sachez-le à l’avenir ! », le message était clair. Fifi est un chat affectueux et expressif : il se fait toujours parfaitement comprendre en actes et en paroles de chat… Je le trouve craquant. Ce n’est pas l’avis des filles ce soir ! Je les comprends !

J’ai un premier petit secret à te confier : à la brocante, j’ai rencontré une ancienne mère d’élève dont la fille Céline est devenue maman d’une petite Clémence. Elle travaille à l’hôpital Trousseau et comme ta maman va te donner la vie dans cet hôpital parisien, je n’ai pas pu m’empêcher d’annoncer ta venue, mais je lui ai dit « motus et bouche cousue, c’est trop dur, je ne tiens plus ! Le feu vert de toute façon est imminent maintenant ! » Il faut dire que l’heureuse mamie m’avait montré de nombreuses photos de sa petite-fille de deux ans. Je bavais devant. Je n’ai pas pu résister à la tentation de clamer ma joie : après tout, moi aussi je vais bientôt pouvoir m’occuper de Ma Noisette… J’ai tellement envie de le crier sur les toits ! Annoncer ton arrivée est une fierté que tu ne soupçonnes pas ! J’ai vraiment hâte de pouvoir l’annoncer à tout le monde… Je suis très impatiente : je pourrai même montrer une photo, moi aussi !

Chapitre 6

Tu as désormais trois mois de vie intra-utérine. Il paraît que tu es formé et que tu grossis : six grammes par jour, m’a dit ta maman. Avec ton papa, ils t’imaginent à chaque instant dans ton bain tiède, confortable et rassurant, avec les battements du cœur de ta maman comme agréable horloge pour marquer le temps qui passe. À chaque pulsation, tu évolues, grandis, te transformes : c’est la métamorphose de la vie, des cellules qui se divisent pour former un embryon, un fœtus puis un petit enfant… Les merveilles fascinantes de la Nature s’accomplissent : l’amour devient vie… Deux êtres qui s’aiment profondément ont donné lieu à la plus belle création qui existe : la leur… Fantastiques, non, les prouesses de Dame Nature ? N’est-elle pas la plus extraordinaire prestidigitatrice, cette magicienne du temps capable de le perpétuer à l’infini ?

Tes parents m’ont donné le Go… Je suis si fière et si heureuse d’annoncer ta venue ! Dans six mois, tu seras là, parmi nous ! Je pourrai te tenir dans mes bras ! Je n’en reviens pas… La famille et tous nos amis se réjouissent pour nous : nouveau statut, nouveau rôle, nouvelle vie agrémentée d’innombrables perspectives enchanteresses. Que du bonheur devant nous !

Ta Mia se prépare ! J’ai le sourire quand je parle de toi : mon cœur est en fête. Tu sais ce que me disent les gens que je croise, en riant : « Alors ça y est, tu vas devenir une youpouf ! » ou « Bienvenue au club des chicoufs ! ». Je les trouve vraiment marrantes ces expressions au goût du jour qui proviennent d’expressions de grands-parents aguerris : Youpi ou chic ils arrivent, ouf, ils repartent nos petits monstres chéris et adorés qui nous en font voir ! Eh oui, les papis et les mamies ne sont plus tout à fait les jeunes parents dynamiques, vigoureux, vaillants, exigeants et inflexibles qu’ils ont pu être autrefois. Ils sont restés quelque part les mêmes, avec de grands cœurs attendris, de l’affection à offrir à profusion, de l’émerveillement dans les yeux. Et pourtant ils ont subi une petite métamorphose avec le passage du temps. L’âge et l’expérience ont modifié leurs points de vue, leur regard sur la vie : ils sont devenus plus tolérants, plus ouverts d’esprit, plus compréhensifs aussi. Et surtout, plus « cool », plus « zen » : ils n’ont plus envie de se prendre la tête, de lutter, de mener des combats. Ils ont déjà courageusement mené des batailles, surmonté des échecs, assumé des peines. Maintenant, ils aspirent seulement à profiter du temps qui passe, cette « peau de chagrin » qui les entraîne inéluctablement vers un affaiblissement progressif. Ils souhaitent profiter de chaque seconde de bonheur que peut offrir la vie, comme si les lendemains étaient plus précaires, leur santé plus vulnérable aussi. Ils se disent que toutes les joies qui se présentent n’auront peut-être plus lieu d’exister plus tard, dans les jours à venir, dans les mois ou les années qui approchent, malgré leur envie d’arrêter les pendules pour savourer les plaisirs partagés du moment.

Tu en fais partie, toi, Noisette, de cette allégresse qui enflamme le cœur de ta Mia, plus toute jeune et pas encore vieille. Je réalise quelle joie j’ai offert à ton arrière-grand-mère que tu ne connaîtras pas, le jour où je lui ai annoncé la venue de ton papa, mon premier enfant. Je n’avais que vingt-quatre ans à l’époque mais cet instant est gravé dans ma mémoire à tout jamais. Je revois encore ma maman avec une lueur de doute, sceptique, comme si elle n’y croyait pas, puis avec une flamme de bonheur dans les yeux : elle s’est élancée vers moi et m’a serrée très fort dans ses bras qu’elle a ouverts en grand pour me signifier sa joie. Elle m’a juste dit, émue, en m’embrassant : « Je suis si heureuse ! ». Heureuse elle a été, heureuse elle ne sera plus : elle n’aura pas le plaisir d’apprendre qu’elle est devenue arrière-grand-mère. Pourtant, cette femme douce, tendre et aimante, t’aurait offert un amour intense, débordant, extrême. Elle aimait tellement les enfants, leur candeur, leur spontanéité. J’aurais aimé pouvoir la regarder partager des instants précieux avec toi…

Je ne sais pas ce que me réserve le destin : aurai-je la chance, un jour, de découvrir ta fille ou ton fils ? Seul l’avenir nous le dira.

Comme, de toute façon, personne ne devient arrière-arrière-grand-mère, je compte bien profiter de toi au maximum pendant que la vitalité et ma santé me le permettent. En tant que mère de famille nombreuse, j’espère que ce cadeau de la vie que représente un petit-enfant se reproduira encore plusieurs fois pour multiplier cette joie, si intense. Je me vois bien à la tête d’une petite ribambelle de joyeux gais lurons et de coquines mignonnes choupinettes… La classe de mes rêves d’institutrice : celle où l’on offre sans compter, où l’on dispense du savoir pour le plaisir, pour l’épanouissement et la réussite, celle des échanges et de la complicité, du partage affectueux.

Tu vois, les jeunes enfants permettent aux anciens d’appréhender les lendemains avec joie et satisfaction, de regarder le futur avec envie, d’envisager l’avenir positivement. Inconsciemment, ils participent à l’acceptation des vieux jours, ceux que l’on redoute et que l’on voit venir malgré nous. Vive la vie avec des petits-enfants ! À leurs côtés, on continue, on avance, on est fier de ses enfants que l’on revoit tout petits, on profite, avec les soucis en moins. On jouit de l’instant sans avoir la responsabilité réelle de leur devenir. On aide avec plaisir, on gâte, on chouchoute, mais on ne décide pas, on accompagne et on épaule les parents : on respecte leur choix. C’est ainsi que je perçois mon futur rôle… J’espère que je serai à la hauteur de la tâche et de leurs attentes. En tant que parent, on a transmis des valeurs, à leur tour de faire les choix qu’ils jugent les meilleurs. Ce sont leurs enfants.

Chapitre 7

Ta maman est dans son quatrième mois de grossesse. Elle a une forme olympique, après un petit virus qui lui a donné une bonne pharyngite, un peu de toux et un rhume à la suite. Aujourd’hui même, alors qu’elle revenait de Normandie avec ton papa au volant, elle m’a appelée : elle te tricotait une jolie petite couverture pendant le trajet. Elle sait tout faire ! Elle prépare d’ores et déjà ta venue avec beaucoup d’amour.

De mon côté, je commence à regarder les jolies petites grenouillères premier âge mais je les admire seulement en me réjouissant, faute de savoir si j’attends une petite-fille ou un petit-fils.

Je vais attendre encore un peu pour faire des folies ! Ces petits vêtements tout doux sont vraiment trop mignons et me font déjà bien envie, mais je suis raisonnable pour le moment. En Andalousie où nous sommes partis en vacances, je t’aurais bien acheté une sortie de bain en faisant coudre ton nom dessus mais pour l’instant, tu t’appelles encore Noisette ! J’ai préféré m’abstenir !

Par contre, j’annonce ta venue à toute la famille, à tous mes amis, très fièrement. Tout le monde s’en réjouit : tes parents, tes grands-parents, tes arrière-grands-parents et tous ceux qui nous sont chers. Tous ont hâte de savoir ton sexe et ton prénom : avec un peu de chance, selon ta position pendant la prochaine échographie, le 5 décembre, nous serons fixés. En attendant, Noisette me convient parfaitement.

Le week-end dernier, j’ai pu faire un petit câlin sur le ventre de ta maman qui s’est déjà arrondi. Quelle joie de sentir ainsi la vie sous mes doigts hésitants ! Ta maman portait un pantalon à taille élastique très pratique, confortable pour elle et qui ne te serre pas. Tu dois te sentir bien à l’abri et en sécurité, en entendant les doux battements de son cœur. Constance nous a montré une application qu’elle suit avec ferveur sur son smartphone : une pure merveille ! Dommage que je n’aie pu bénéficier de ces précieuses informations pendant que j’attendais ton papa, puis ta tante Claire et ton oncle Antoine : à l’époque, nous n’avions pas de portable ! Ta maman suit chaque jour à peu près ton poids, ta taille, elle apprend tout ce qui tourne autour de ta croissance et de la formation de tes organes. Elle sait exactement ce que tu es d’ores et déjà capable de faire : elle sait ainsi à partir de quand tu peux déglutir, uriner, entendre… Bouger, elle sait que tu en es capable : alors qu’elle regardait le film « Au bout des doigts », il y a quelques jours, elle a senti de ta part un mouvement. Aimerais-tu le piano ? Peut-être en joueras-tu un jour ? J’aime éperdument cet instrument mais je ne m’y suis jamais assez consacrée. J’espérais que l’un de mes enfants prendrait la relève, haut la main, mais ton papa préférait la trompette, ta tante, la flûte traversière et ton oncle le saxophone, comme ton grand-père Pilou. Mon piano t’attend ! Il faudrait le réaccorder mais cela ne pose aucun problème. Nous le faisions régulièrement pendant les quelques années où ton papa en a joué, conjointement avec la trompette. Il s’est arrêté car cet apprentissage lui prenait beaucoup de temps : il préférait se consacrer à son instrument à vent préféré. À l’époque, il passait de nombreux concours qu’il gagnait souvent : le son qui s’évadait de sa trompette était pur, clair et juste. Il charmait toutes les oreilles… Dans quelques années, tu seras à même de choisir l’instrument qui te plaît et dont tu as envie de jouer : l’apprentissage de la musique est enrichissant, épanouissant et jouissif. Je t’emmènerai à tes cours s’il le faut… Tu vois, tu n’es pas encore né et je me projette déjà à tes côtés, dans le futur : j’ai tellement hâte de jouer, cuisiner, me balader avec toi, te lire des histoires…

Aujourd’hui, un poème m’est venu :

L’attente

Je vois tes heureux parents tellement fous de joie !

Tu es le plus précieux fruit de leur bel amour.

Je partage de loin leur bonheur avec émoi.

Tu es l’élu que j’attendais depuis toujours…

Le simple fait de connaître ton existence,

Alors que tu n’étais encore qu’un embryon,

M’a fait réaliser combien j’avais de chance.

Depuis, tu fais l’objet de nombreuses discussions.

Chaque jour, comme tes parents, je t’imagine.

J’ai conservé en tête ta première photo.

Combien tu as changé et grandi, je devine.

J’attends la deuxième échographie, très bientôt.

De toi, je découvrirai un nouveau visage.

Tu auras pris l’allure d’un fœtus cette fois.

De ton doux minois je déduirai le présage

D’une ressemblance, en toute bonne foi.

Verrai-je en toi un portrait déjà existant ?

Il paraît que les photos en trois dimensions

Offrent une vision et un regard très pertinents.

J’espère ne pas me faire de trop grandes illusions.

Je ressens d’ores et déjà de l’exaltation.

Nous allons avec plaisir découvrir ton sexe.

La nouvelle sera reçue avec émotion,

Ne nous laissant, j’espère, pas perplexes.

Si tu es mal positionné, il se pourrait

Que nous passions à côté de cette surprise.

Patienter quelques semaines il nous faudrait

Pour nous projeter dans un futur sans méprise.

Le plus important réside dans ta santé.

Le reste n’a que peu d’importance à mes yeux.

Ta maman me parle de ta vitalité

Qui augure de la croissance dont tu es l’enjeu.

J’attends ce grand moment avec impatience.

J’ai hâte d’avoir de tes nouvelles,

De savoir si tu te meus avec aisance

Dans ta douce et paisible bulle maternelle.

Cette grossesse me rappelle toutes les miennes,

L’immense fierté que je ressentais alors.

Tant de merveilleux souvenirs me reviennent,

Évoquant, dans ma vie, mes superbes trésors.

À travers ta maman, quelque part, je revis

Cette belle et extraordinaire aventure,

Cette fabuleuse joie de donner la vie.

Je touche son ventre, émue, sans désinvolture.

Plus il s’arrondit, plus Constance s’épanouit,

Ravie de ce que vous partagez ensemble.

Plus, de mon côté, à l’avance, je me réjouis

De cette deuxième vie qui nous rassemble.

À l’idée que mon fils va devenir papa,

Je ressens une immense et vive satisfaction.

À son tour, il va franchir le plus grand pas :

À sa famille, il devra prêter attention.

Il veillera désormais sur toi, ta maman,

Avec la plus débordante des affections.

Il appréciera la chaleur des bons moments,

Se consacrera à vous avec dévotion.

Moi, je savourerai à distance la tendresse

Qui vous unira dans votre charmant foyer

Rempli d’amour, de jeunesse et d’allégresse.

Je sourirai alors, heureuse, émerveillée.

Je vais devenir une tout autre personne.

Je rêve chaque jour de ce nouveau beau rôle :

Celui d’une Mia dont la joie résonne

Dans une maison où ta présence fera drôle.

Peut-être entends-tu déjà le son de ma voix ?

Quel superbe avenir se dessine devant moi !

De tendres caresses et de doux bisous je t’envoie…

Je songe souvent à ta naissance avec émoi.

Chapitre 8

Ta venue se prépare. Constance fait du vide dans l’appartement de Reuilly Diderot et organise l’espace autrement.

Avec ton papa, elle se fait une joie d’aller chercher à Givry, en cette fin de mois de novembre, le mobilier qui composait, anciennement, la chambre de ton oncle Antoine. Il s’agit de jolis meubles laqués blancs : un lit réglable en hauteur, un meuble à langer, ainsi qu’une commode et une armoire faite pour ton père, à l’époque, par ton arrière-arrière-grand-père, papi de Givry, le papa de ton arrière-grand-mère Marie Rose, laquelle se serait fait une immense joie de ta naissance si elle était encore de ce monde.

Tes parents escomptent récupérer tout ce dont ils pourront avoir besoin dès ta naissance et pour les mois qui s’ensuivront : un babyphone, un coffre à jouets, une chaise haute, un parc, un transat, et tant d’autres choses. Ils n’oublieront pas les innombrables adorables peluches qui seront relavées, bien sûr, tout comme les vêtements premier âge que j’ai conservés. Ils apprécieront également les jeux d’initiation, les tricycles et vélos de tous âges, sans parler des sièges auto, des pots et autres objets utilitaires au quotidien comme le porte-bébé ventral.

Nous allons revenir bien chargés, je crois, pour leur plus grande joie et la nôtre. Il faut que tout soit prêt pour le mois d’avril… Quel beau printemps s’annonce pour l’année prochaine !

Ce premier week-end de décembre a été aussi agréable que constructif à Givry. Nous avons emmené tes parents au grenier, une véritable caverne d’Ali Baba. Ils y ont découvert tant de choses qui seront nécessaires à ton quotidien, ta croissance, ton éveil, ton épanouissement… Pour ma part, ils évoquaient tant de bons souvenirs lorsque ton papa, ta tante et ton oncle étaient petits ! Dire que tu vas dormir dans ce petit lit blanc comme eux lorsqu’ils étaient nourrissons et me comblaient de joie ! Je les revois encore dedans ! Souriants, coquins, gazouillant ! Ton tour est venu de l’étrenner, je m’en fais une nouvelle joie… Ton grand-père Pilou se souvient pour sa part qu’il n’était pas simple à monter. Nous allons donc retrouver tes parents chez eux le week-end prochain afin qu’il puisse les aider à le mettre sur pied. Ta maman me dit qu’elle est ravie de nous faire participer à la préparation de leur petit nid d’amour pour t’accueillir au mieux. Inutile de préciser que nous en sommes fiers et heureux.

Samedi 30 novembre, en fin d’après-midi, après avoir chargé les deux voitures, la C4 de tes autres grands-parents et notre 807, à ras, nous avons pris un moment pour regarder des photos de famille anciennes avec ta maman : elle semblait vraiment ravie de mettre des visages sur tous mes ancêtres. Elle a ainsi vu ton arrière-grand-mère, Marie Rose, ma petite maman qui me manque tant, lorsqu’elle était bébé, enfant, communiante. Elle a fait la connaissance de mes grands-parents : Rose, Pierrette de son vrai prénom, et Léon, ainsi appelé à la place de Léonard. Ta maman a trouvé que ton père ressemblait beaucoup à Léon lorsqu’il était jeune. Elle a même pris une photo et la lui a montrée. Nous nous sommes attardés également sur les frères et sœurs de ma grand-mère qui ne se sont tous jamais mariés et ont vécu au 8 de la même rue Emiland Gauthey (propriété en cours de vente qui appartenait à Maman, seule héritière de tous ses oncles et tantes) : Jeanne, Marthe, Marie et Jean, Lucien étant décédé jeune. C’est ainsi que ta maman s’est intéressée à mes origines bourguignonnes.

Ce même samedi, après un charmant dîner avec tes parents dans la salle de séjour de Givry, nous sommes restés un moment avec Pilou, chacun d’un côté du ventre de ta maman déjà bien proéminent, à attendre que tu nous fasses un petit signe. Nos mains attendries ont senti une vie intérieure et des mouvements, légers mais certains, comme de tout petits coups gentillets. Tu sembles en grande forme, plein de vitalité et d’énergie. Ta maman nous a présentés : nous étions comblés. Sa voix rassurante doit te sécuriser. Tu as l’air de prendre toute la place qui te paraît nécessaire pour te mouvoir. Ce premier contact était émouvant. Nous avons ainsi vraiment pris toute la mesure de ton existence.

Pour ton plus grand bonheur, une petite cousine qui aura peu de mois d’écart avec toi est née ce samedi soir : elle s’appelle Judith. Cécile, la belle-sœur de ta maman, l’a mise au monde vers 22 h 30, en fin de soirée. Il lui tardait apparemment. Thomas, son mari et deuxième frère de Constance, est désormais le papa de deux petites filles. Héloïse a pris le nouveau statut de grande sœur. Quand j’ai vu son adorable petit minois en photo, je me suis imaginé ta maman bébé : je trouve qu’elle lui ressemble beaucoup, un air de famille Madaule indéniable… En la voyant, je t’ai de suite aussi imaginé, toi, bébé Noisette… Tu as beaucoup de chance car tu vas grandir avec une cousine du même âge, qui sera sûrement ravie de t’avoir pour compagnon de jeu… Jamais tu ne t’ennuieras à ses côtés. J’aurais, moi-même, tellement aimé avoir des frères et sœurs, des cousins et cousines proches pour jouer, moi qui étais enfant unique… Je suis heureuse pour vous deux.

Le lendemain matin, Constance s’était levée avant moi et était même déjà allée acheter des pâtisseries à la boulangerie ! Elle témoigne d’une forme olympique ! Elle prend bien soin d’elle et de toi à la fois : elle mange bien, en veillant à ce que tout soit bien cuit, ne boit pas d’alcool, se promène au grand air, s’octroie des petites siestes bienfaitrices pour prendre des forces. Elle fait même du yoga, comme moi, et apprécie de pouvoir faire de nombreuses postures adaptées pour rester active, bouger sans risque, apprendre à respirer. Elle espère pouvoir continuer cette activité assouplissante jusqu’au terme de sa grossesse : elle prêche pour une convaincue puisque je suis adepte… L’équitation qu’elle adore n’est plus au goût du jour : elle ne souhaite faire aucune imprudence, elle a totalement raison. J’apprécie sa sagesse. Elle me ressemble quand j’attendais ton papa, soucieuse de son bien-être, respectueuse de sa sécurité : elle tricote même comme je le faisais ! Je me revois quand j’étais jeune, avec la même attention, la même bienveillance, le même plaisir à tout anticiper, tout préparer, tout organiser. Une maman poule, comme je l’étais… Je sais depuis longtemps combien elle aura plaisir à s’occuper de toi, ton papa aussi bien sûr. Il a toujours aimé les enfants. Tout petit, il allait vers eux spontanément. De nombreuses mamans me disaient : « Vous savez, il est fin prêt pour avoir un petit frère ou une petite sœur. » Je répondais qu’il en avait déjà une, dont il était fier et dont il s’occupait énormément, avec tendresse et complicité, mais pas toujours en douceur, il faut le reconnaître, du haut de ses deux ans !

En observant ta maman, je me revois plus jeune, je repense aussi à toutes les photos de ma propre maman que l’on m’a montrées, où elle s’occupait de moi. Devenir mamie, c’est cela aussi : prendre conscience du temps qui passe, de l’éternel bonheur qui se reproduit lorsqu’une famille se construit. C’est se souvenir d’hier avec nostalgie, profiter du présent pleinement et anticiper les lendemains joyeusement…

Le dimanche matin s’est vivement écoulé, nous souhaitions rentrer sur la région parisienne après le déjeuner. Nous avons fait quelques allers-retours à la déchetterie, fini de tout ranger, savouré le délicieux dessert choisi par ta maman que je sais aussi gourmande que moi. Tes parents sont partis avant nous. Avec Pilou, il nous fallait préparer la maison du 3 pour l’hiver, en coupant l’eau, la chaudière, l’électricité, en vidangeant les tuyauteries, en fermant tous les vasistas, en protégeant tout du gel et du froid glacial. Nous avons consciencieusement suivi toutes les consignes de mon père, Daniel, ton arrière-grand-père. Il est si triste depuis que Maman est partie. Son chagrin est très lourd, très profond, inguérissable, inconsolable. Il ne souhaite plus aller à Givry où trop de souvenirs le font souffrir. Il me fait de la peine. Il est courageux et se prend en charge pourtant, mais je le sais malheureux. Il aimait ton arrière-grand-mère d’un amour fou, entier, fusionnel, depuis plus de soixante ans. Je n’imaginais d’ailleurs pas l’un sans l’autre : la vie est dure quand elle nous enlève ceux qui nous sont vraiment très chers… Même si nous l’entourons, nous ne remplaçons pas Maman et sa solitude est pesante.

Devenir mamie, c’est cela aussi : regretter que certaines personnes ne puissent jamais faire la connaissance de notre descendance parce qu’elles sont parties trop tôt…

Chapitre 9

Tes parents se sont sérieusement mis à l’ouvrage : peinture de la commode et du meuble à langer qui avaient, tous deux, besoin d’un rafraîchissement, tri puis lavage des vêtements et des jeux, achat du sapin de Noël…

Eh oui : nous sommes déjà le 5 décembre, le grand jour de la seconde échographie que nous attendions tous avec une vive impatience.

Lorsque ton papa m’a appelée, je faisais des courses dans un supermarché : il m’a dit « ELLE bouge beaucoup, ELLE a une bonne vitalité et le médecin a dit que tout allait pour le mieux. »

Pour ma plus grande joie, je me projetais avec une petite-fille… Et en plus je pouvais te voir avec une nouvelle photographie : un beau profil cette fois ! Regarde le portrait tout mignon que j’ai vu de toi aujourd’hui… Tu as déjà l’air si belle !

Petite Choupinette, tu me plais déjà tant !

Le week-end prochain, nous allons aller aider tes parents à monter ton petit lit. Nous préparons tous ta venue si heureux… Ton papa a l’intention de le repeindre également.

Pour ce Noël 2019, ta maman a un joli petit ventre rond : elle te parle très souvent. Elle te présente tout le monde dans la famille. Je ne rate pas une occasion non plus de te faire entendre le son de ma voix ! J’essaie aussi de te sentir bouger en mettant ma main sur ce mignon petit ballon qui te sert de protection, de couffin, de restaurant ambulant. Que tu dois être bien dans ta bulle ! En tout cas, tu t’y sens à l’aise car tu bouges énormément : j’ai pu sentir quelques-uns de tes mouvements… Profites-en bien car d’ici quelque temps, l’espace autour de toi va se restreindre fortement et tu ne pourras plus te mouvoir avec autant de facilité. Tu vas grandir, grossir, et te sentir plus à l’étroit : il faudra dès lors, par la force des choses, limiter ta gymnastique quotidienne…

Chapitre 10