Notes d'un voyage en Auvergne - Ligaran - E-Book

Notes d'un voyage en Auvergne E-Book

Ligaran

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  • Herausgeber: Ligaran
  • Kategorie: Lebensstil
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2015
Beschreibung

Extrait : "Cœur. La façade qui regarde la place de Berry, présente à la base de ses tours le parement et les lits de briques que j'ai déjà décrits ; on voit en outre dans une tour ronde une ouverture cintrée, bouchée aujourd'hui, surmontée d'une archivolte à claveaux entremêlés de briques. Jusqu'au XIIIe siècle, cette muraille bornait la ville de ce côté et touchait aux Arènes, entièrement détruites aujourd'hui, mais dont le quartier voisin a pourtant retenu le nom."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Bourges

(Avaricum.)

Antiquités romaines

Il ne paraît pas douteux que la ville actuelle de Bourges n’occupe l’emplacement de l’antique Avaricum ; on ne doit point s’attendre pourtant à retrouver aujourd’hui des monuments de la cité des Bituriges. Si l’armée de César avait laissé quelque chose à détruire, la civilisation romaine, encore plus puissante, aurait bientôt promené son niveau sur ces vestiges d’un temps de liberté. L’inscription suivante prouve que, dès le premier siècle de notre ère, Avaricum était devenu une ville romaine.

 

PRO SALVTE

CAESARVM ET PR

MINERVAE ET DIVAE

DRUSILLAE SACRVM

IN PERPETVVM

C ACILEIVS PRIMS

AVG CCRDSS PD

 

On voit dans les caves de plusieurs maisons de Bourges quantité de blocs de pierre sculptés, employés dans des constructions plus ou moins modernes. Parmi ces débris, quelques fragments d’une frise couverte d’armures, et des bas-reliefs mutilés paraissent avoir fait partie d’un arc de triomphe ; enfin une certaine étendue des murs de l’enceinte actuelle atteste encore une origine romaine. Le long de la promenade de Séraucourt on peut suivre pendant plusieurs centaines de pas une muraille construite en opus incertum, lié par un ciment de chaux et de brique pilée, et interrompu régulièrement de distance en distance par des assises de briques longues et larges, disposées sur trois rangs, et séparées par une couche épaisse de mortier ; çà et là, quelques portions du parement en petit appareil subsistent encore. Entre la porte de Séraucourt et le jardin de l’archevêché et sur la ligne de l’enceinte antique, une construction de grand appareil se projette hors de la muraille en demi-cercle ou plutôt en demi-ovale. La perfection qu’on observe dans la coupe et l’appareil des pierres, les pilastres qui flanquent cette ruine ne laissent pas douter que ce ne soit un ouvrage romain ; mais quelle a été sa destination ? À n’en considérer que la position, on serait tenté de croire que ç’a été une tour de défense ; mais alors pourquoi lui donner un appareil si supérieur à celui de l’enceinte ? pourquoi ces pilastres qui annoncent une ornementation d’une certaine élégance ? On observera en outre que le demi-ovale ne se lie nullement à la muraille ; au contraire il la pénètre brusquement. Il semble donc plus probable de le considérer comme un reste de quelque édifice antique, d’un petit sacellum, par exemple, antérieur à l’érection de la muraille, et plus tard compris dans l’enceinte fortifiée qu’on dut élever à la hâte lors des invasions des Barbares ; sa forme le rendant propre à la défense, on en aura fait la base d’une tour.

D’autres murailles romaines existent dans le jardin de l’archevêché, toujours à petit appareil entremêlé de lits de briques, mais avec un parement mieux conservé. D’après leur position très voisine des murs de Séraucourt et leur direction sensiblement parallèle, on a lieu de croire ou qu’autrefois Avaricum avait une double enceinte, ou bien que les remparts de l’archevêché ont fait partie d’une fortification intérieure, d’une espèce de citadelle. C’est sur l’emplacement de ce jardin que s’élevait autrefois la fameuse tour de Bourges dont il est souvent question dans l’histoire de nos guerres civiles ; aujourd’hui il n’en reste plus aucun vestige.

Il faut encore citer comme un reste des fortifications romaines, une partie de l’hôtel de Jacques Cœur. La façade qui regarde la place de Berry, présente à la base de ses tours le parement et les lits de briques que j’ai déjà décrits ; on voit en outre dans une tour ronde une ouverture cintrée, bouchée aujourd’hui, surmontée d’une archivolte à claveaux entremêlés de briques. Jusqu’au XIIIe siècle, cette muraille bornait la ville de ce côté et touchait aux Arènes, entièrement détruites aujourd’hui, mais dont le quartier voisin a pourtant retenu le nom.

Saint-Étienne

CATHÉDRALE.

La cathédrale est assurément le monument le plus remarquable et le plus digne d’intérêt qu’il y ait à Bourges ; on la met avec raison au nombre des plus belles églises de France, et il n’y en aurait peut-être pas qu’on pût lui comparer, si cet immense édifice eût été achevé assez rapidement pour éviter des différences de style qui nuisent aujourd’hui à l’effet de l’ensemble.

Saint-Étienne est trop connu par de nombreuses publications, pour que je m’arrête à le décrire en détail ; je me bornerai donc à ; indiquer brièvement ses principales dispositions, et seulement pour motiver les observations auxquelles elles me semblent devoir donner lieu.

C’est une basilique arrondie à son extrémité orientale, et entourée en ce point de cinq chapelles toutes remarquablement petites ; le terrain s’abaissant vers l’Est, ces chapelles reposent en encorbellement sur des espèces de consoles. Sous les bas-côtés du chœur, s’étend en demi-cercle une crypte, ou plutôt une église souterraine, dont les voûtes retombent sur d’énormes piliers composés de colonnes trapues, groupées en faisceau ; le centre de cette crypte est plein, à l’exception d’un réduit correspondant à peu près au maître-autel de l’église supérieure, et occupé aujourd’hui par un calvaire dans le style de la Renaissance, d’une très médiocre exécution.

Je reviens : à l’église ; supérieure. Quatre rangs d’arcades de hauteur inégale, la divisent parallèlement à son axe. Pour la nef et le chœur, la disposition des travées, est sensiblement la même, il n’y a guère de différence que dans la décoration des galeries supérieures ; et contre la pratique ordinaire du Moyen Âge, celles de la nef présentent plus de recherche que celles du chœur, d’où l’on peut conclure, ce me semble, qu’elles leur sont postérieures en date.

Les piliers, à l’exception de ceux qui touchent à la façade, sont uniformément cylindriques, entourés de longues colonnettes faiblement engagées dans le massif qui forme le noyau du pilier. Très fréquemment reproduite pendant la période du gothique primitif, cette disposition donne sans doute l’apparence de la légèreté, mais elle n’a pas à mon sentiment l’élégance des colonnettes groupées en faisceau, dont l’usage prévalut dans la suite. Quant aux chapiteaux, je les trouve décidément médiocres. En général, leur ornementation se réduit à des crochets ou de larges feuilles plates et collées à la corbeille, comme si l’on eût craint de leur donner quelque saillie. J’ai remarqué çà et là des figurines entremêlées à ces larges feuilles. Quelle que soit leur forme, tous ces chapiteaux annoncent des ouvriers encore peu familiarisés avec l’ornementation végétale qui caractérise le style gothique. Au contraire, les chapelles ajoutées à l’église dans le XVe siècle se distinguent par la richesse et l’élégance de leur décoration. À partir de cette époque, et jusqu’à la fin de la Renaissance, tous les monuments de Bourges se font remarquer par la grâce et le bon goût de leurs détails ; d’un autre côté, pendant la période byzantine, nous en aurons bientôt la preuve, il y avait à Bourges de très habiles sculpteurs. Il semble que du XIIIe au XIVe siècle on ait négligé l’ornementation, je dis l’ornementation végétale qui s’applique aux moulures et aux chapiteaux, car le portail nous révélera tout à l’heure des statues et des bas-reliefs de ce temps, admirables par leur exécution.

Il y a peu de voûtes aussi hardies que celle de la grande nef de Saint-Étienne ; elle a cent dix pieds sous clé, et sa portée est considérable ; pourtant l’effet de cette grande élévation est perdu en partie, et n’a guère d’autres résultats que de faire désirer une élévation encore plus considérable, nécessaire pour conserver à la nef de justes proportions. En effet, l’œil le moins exercé est d’abord choqué du contraste entre la hauteur inusitée des arcades et le peu d’élévation des galeries supérieures et des fenêtres qui les surmontent ; ces galeries sont basses et comme écrasées. L’église ayant cinq nefs, on conçoit qu’il a fallu allonger extraordinairement les arcades centrales, pour que celles des collatéraux, qui vont en décroissant, ne fussent pas trop basses ; de là, le défaut que je viens de signaler, défaut presque inévitable avec le parti pris de doubler les collatéraux. Dans le véritable système gothique, on observe un rapport constant dans la division des travées ; rarement, je crois, trouvera-t-on que le sommet des arcades inférieures dépasse la moitié de la hauteur totale. On sent qu’on ne peut formuler ici une proportion mathématique ; mais il est certain que le goût ne permet pas l’exagération d’une partie aux dépens d’une autre. Le raccourcissement des fenêtres produit encore un effet plus fâcheux, c’est de diminuer l’impression de surprise que cause dans la fabrique gothique une voûte séparée des piliers qui la soutiennent par un vide immense.

Il semble au reste que l’architecte ait senti lui-même les défauts que je viens de marquer, et c’est sans doute pour les dissimuler autant que possible, qu’il a multiplié les divisions dans le haut de ses travées : ainsi les galeries ont six arcades, et l’ogive maîtresse des fenêtres, renferme trois ogives étroites qui, considérées isolément, ont l’élancement qui donne tant de grâce aux bonnes constructions gothiques ; toutefois les fenêtres prisés dans leur ensemble, ont une forme bizarre et presque désagréable.

On peut en outre leur reprocher de ne donner qu’une lumière insuffisante, et s’il faut éviter de jeter dans un monument religieux un jour trop éclatant, nul doute que l’excès contraire ne soit une faute assez grave ; il est juste d’ajouter qu’elle paraît plus sensible aujourd’hui que les galeries supérieures, à jour autrefois, sont bouchées par suite de l’élévation du toit des collatéraux.

Saint-Étienne a conservé en grande partie ses vitraux. Il y a en de toutes les époques, depuis le XIIIe siècle jusqu’au XVIIe. On y passe en revue pour ainsi dire, tous les systèmes successivement adoptés dans la peinture sur verre. Ici, des verrières du XIIIe siècle, divisées en petits compartiments, représentent la plus ancienne manière, que l’on peut comparer à une mosaïque transparente ; là, de grandes figures du XVe et du XVIe siècle, travaillées par les procédés de la miniature, montrent un dessin plus correct, une exécution plus soignée, quelquefois des couleurs aussi riches et aussi éclatantes, mais rarement l’effet général et de décoration est aussi heureux que dans le premier système. À mesure que les peintres verriers se perfectionnèrent dans le dessin, il semble qu’ils aient voulu se rendre indépendants des architectes, isoler pour ainsi dire leurs ouvrages, et d’accessoires qu’ils étaient leur donner une importance capitale.

Parmi les verrières, relativement modernes, je citerai les compositions qui ornent la chapelle, dont on attribue l’érection à Jacques Cœur, très remarquable d’ailleurs par l’élégance des sculptures d’ornement ; celles des chapelles de Saint-Loup et de Saint-Denis ; une espèce de tableau de famille représentant son donataire, P. Tuillier et ses enfants (daté de 1531) ; enfin une belle Ascension de la Vierge, offerte par le maréchal de Montigny, en 1619 : le maréchal et sa femme, peints à genoux, presque de grandeur naturelle, occupent le bas de la verrière. Ce sont deux excellents portraits.

Avant de passer à l’extérieur de la cathédrale, je dois parler de quelques statues, de marbre pour la plupart, déposées dans la crypte. La première, qui attire d’abord l’attention, est celle du duc Jean, couchée sur son tombeau. En la voyant il est impossible de ne pas croire qu’elle rend fidèlement les traits du prince. Large et carrée, la tête, dépourvue de noblesse, exprime la bienveillance et la douceur avec une naïveté qui garantit la ressemblance. Les draperies, simplement ajustées, ont un mouvement vrai et naturel. Autour du tombeau on a groupé récemment d’autres statues beaucoup plus modernes, et d’une assez bonne exécution ; ce sont les portraits en pied du maréchal de Montigny, remarquable par sa ressemblance avec Henri IV, de Guillaume de l’Aubespine, de Charles, son fils, et de Marie de la Châtre, épouse de ce dernier. Trois autres statues sans têtes et fort mutilées, ont été déposées dans des coins obscurs de la même crypte ; deux, peintes et dorées, de la fin du XVe siècle, proviennent, m’a-t-on dit, de l’ancienne chapelle royale, aujourd’hui complètement détruite ; l’autre, en marbre tellement poli qu’il ressemble à de la porcelaine, me paraît un excellent morceau du XIIIe siècle. C’est une Vierge assise, avec l’enfant Jésus sur ses genoux. Les draperies sont admirablement rendues, et je ne connais point de statue de la même époque qui, pour la finesse du travail, soit comparable à celle-ci. Elle rappelle la charmante Vierge qu’on voit à Paris dans la sacristie de Saint-Germain-des-Prés. Il serait bien à désirer que cette belle statue fût retirée de la crypte et placée honorablement au grand jour.

La façade de Saint-Étienne est décidément mauvaise, et du plus triste effet ; il est vrai que ce fut la dernière partie de l’église à laquelle on travailla, sans chercher aucunement d’ailleurs à la mettre en harmonie avec le reste de l’édifice. Les tours ne sont point pareilles, et tout le haut de la façade appartient à un style qui contraste désagréablement avec celui des parties inférieures. Enfin, pour compléter le désaccord, la tour S. est contrebutée par un énorme massif, qui se lie à la façade au moyen d’un arc servant d’éperon. Rien de plus lourd et de plus disgracieux que cette construction, dont on ignore la date. Entièrement dépourvue d’ornementation, il est bien difficile de la rattacher à une époque précise. Quelques antiquaires la croient du XVe siècle, d’autres la font encore plus moderne. On sait, que dans le principe la façade était flanquée de deux tours semblables et régulières. En 1506, la tour du Nord s’écroula, et fut bientôt après remplacée par la tour actuelle. Comme cet accident dut inspirer des craintes sur la solidité de la tour du Sud, il serait possible qu’on eût songé alors à la contrebuter. Je ne cacherai pas cependant que cette date me paraît bien moderne pour qu’il n’en reste pas de témoignage authentique. Pour en finir avec cette masse singulière, j’ajouterai qu’on y a pratiqué une chapelle et des cellules pour les prisonniers de l’officialité, mais rien dans l’intérieur ne donne des renseignements sur l’époque de sa construction.

La tour du Nord actuelle, qu’on nomme la tour de Beurre, parce que le produit d’un impôt sur cette denrée servit, dit-on, à la bâtir, fut achevée vers le milieu du XVIe siècle. On lit sur une pierre, placée à peu près à moitié de la hauteur de l’escalier, l’inscription suivante, qui indique, je crois, la date du commencement de la reconstruction :

« Ce fust l’an mil cinq cens et six de decebre le derr iorq pr ung fondemet mal sis de St. Estie follit la tour 1523 le IIIe iour fut assise cette pnte pierre. »

L’escalier qui mène au sommet de la tour est renfermé dans une tourelle octogone tangente à celle-ci, et éclairé par vingt-trois fenêtres disposées en spirale. Malgré la profusion d’ornements, les clochetons, les pinacles, etc., les larges moulures qu’on voit aux différentes divisions de cette tour, son aspect est totalement dépourvu de noblesse ou d’élégance, et lorsqu’on l’examine à distance il est impossible, au milieu de la forêt de clochetons qui l’environne, de reconnaître son profil. Cette confusion dans la décoration, et surtout sa forme trop sensiblement pyramidale, lui ôtent de la hardiesse sans lui donner l’apparence de la solidité.

Je ne trouve à louer dans la façade, que ses cinq portails, tous ornés de belles voussures et de riches archivoltes en retraite les unes sur les autres. Dans le nombre prodigieux de figurines qui couvrent les voussures et les tympans, j’en ai observé beaucoup d’une admirable exécution et qui pourraient entrer en parallèle avec tout ce que l’art gothique nous a laissé de plus gracieux. Un échafaud élevé pour des réparations que l’on faisait au grand portail, m’a permis d’examiner de très près beaucoup de ces jolies statuettes, et ce ne fut pas sans étonnement que je les vis toutes terminées avec un soin minutieux, quelle que fût la distance à laquelle elles devaient se trouver du spectateur. J’ai surtout admiré une statue de sainte, à gauche de la rose du grand fronton, et je ne connais point de sculpture de la même époque (probablement la fin du XIIIe siècle), qui soit exécutée avec plus de grâce et de naïveté.

Comme on le pense bien, les cinq portes ne sont point toutes du même style ni du même temps ; outre des retouches nombreuses, plus ou moins modernes et qu’on observe partout, il n’est personne qui ne remarque que la porte voisine de la tour de Beurre est la dernière terminée. En raison de la grandeur du travail, on peut croire que cette partie de la façade, commencée dès le XIIIe siècle, n’a été achevée qu’au XVe. Les parties supérieures sont encore plus modernes.

Depuis plusieurs années on s’occupe d’une grande restauration de Saint-Étienne, et le portail principal surtout, mutilé par les guerres civiles et la révolution, a donné lieu à des travaux considérables. Sans doute on pourrait critiquer bien des statuettes modernes qui remplacent celles qui avaient disparu, mais il est juste de convenir qu’en général il y a plus à louer qu’à reprendre, et l’on a lieu de s’étonner qu’avec des ouvriers qu’il a fallu former, on soit parvenu à faire des pastiches aussi fidèles. Le haut de la façade est fort en retraite sur l’alignement des portails, et ne s’y lie même que par d’énormes contreforts qui la divisent verticalement. Je ne puis comprendre pourquoi l’on n’a pas essayé de les déguiser en portant en avant la grande fenêtre occidentale. Vues de la place, les portions de cette façade comprises entre les contreforts rappellent involontairement un édifice en démolition, dont la paroi extérieure serait déjà abattue et dont il ne resterait que les murs perpendiculaires à la rue.

Les arcs-boutants appliqués le long des murs de la nef sont de hauteur différente ; on voit des contreforts avec trois arcs, tandis que le plus grand nombre n’en a que deux. Je ne puis guère m’expliquer cette bizarrerie, justifiée seulement vers le milieu de l’église, en un point où s’élevait jadis une petite flèche qui partait du toit. Là, le besoin d’une plus forte résistance devait faire multiplier les arcs-boutants ; ailleurs, on croirait qu’ils n’ont été placés que par tâtonnement et à mesure que le besoin s’en faisait sentir.

Autrefois il n’y avait pas de balustrade autour des toits : celle qu’on voit aujourd’hui est toute moderne. Sans doute, en principe, on a tort de faire des additions au plan original ; celle-ci pourtant est d’un effet agréable, surtout vue de loin. Seulement, il est fâcheux que l’on n’ait point teinté les pierres modernes qui tranchent trop crument avec les murailles noircies du XIIIe siècle. Je blâmerai encore la forme qu’on a donnée à ces balustrades, ce sont des quatrefeuilles dont les crochets rentrants se terminent en boules. Pour s’accorder avec le style général de la nef et du chœur, il aurait fallu copier les balustrades le plus fréquemment reproduites dans le style gothique primitif, c’est-à-dire une suite d’arcades en ogive ou de cintres trilobés.

Dans toutes les parties de la cathédrale dont j’ai parlé jusqu’à présent, il n’en est aucune qui ne se rattache au style gothique : on le trouve, primitif, dans la crypte et le chœur ; un peu plus orné, dans la nef ; fleuri, dans les portails ; enfin, sur son déclin, dans les parties supérieures de la façade et surtout dans l’ornementation de la tour Nord. Il me reste à parler des deux portes latérales s’ouvrant au centre de l’église, toutes deux appartenant au style byzantin fleuri et qui, par leur disposition générale aussi bien que par leurs détails, contrastent fortement avec le reste de la fabrique.

L’une et l’autre sont en plein cintre, divisées en deux ventaux par un pilier sur lequel s’appuie un large bandeau d’imposte ; au-dessus un tympan décoré de bas-reliefs. Sur le tympan de la porte du Sud on voit le Christ au milieu des attributs des évangélistes, et sur le linteau au-dessous, les apôtres, chacun dans l’intérieur d’une petite arcade. La statue de saint Étienne est appliquée sur le pilier qui refend la porte, et six grandes statues garnissent les parois latérales. Du côté opposé, le bas-relief du tympan représente la Vierge assise, entourée d’anges, et tenant dans ses bras l’enfant Jésus. Le reste du tympan est rempli par des figures moindres de proportions qui forment plusieurs sujets, distincts, tels que l’Adoration des mages, l’Annonciation etc. Il n’y a sur le bandeau d’imposte qu’un rinceau très large et d’un caractère singulier ; on le croirait copié d’après une frise antique. Point de statue sur le pilier de ce côté ; mais deux statues de femmes fort mutilées sont sculptées sur les piédroits de la porte. Colonnes à fûts guillochés, chapiteaux historiés, riches archivoltes, tout cela est commun aux deux portails. Dans l’un et l’autre les figures longues et roides, revêtues de draperies à plis fins et serrés, les costumes d’une richesse extrême et d’une forme orientale rappellent d’une manière frappante les statues de la porte royale de Chartres ou du portail Sud de Saint-Julien, au Mans. Il est impossible d’y méconnaître le style byzantin fleuri, et toute personne familiarisée avec la sculpture du Moyen Âge n’hésitera pas à fixer leur date vers la fin du XIIe siècle. Les deux portes sont précédées d’un porche ouvert de trois côtés et d’un style tout différent, du moins quant aux détails. Chacune de ses faces présente un grand arc en plein cintre qu’un pilier, fermé de quatre colonnettes groupées, divise en deux arcades à cintre trilobé. Une rose à six lobes occupe le haut du tympan ; À côté de ces arcs en plein cintre on observe avec surprise les chapiteaux des colonnes ornés de feuillages ou de crochets bien évidemment gothiques. On en voit même quelques-uns avec le double bouquet du XIVe siècle, et le contraste est frappant entre ces chapiteaux si caractéristiques et ceux des colonnes byzantines qui les touchent. La différence de style et de date est manifeste.

Si l’on en croit une tradition dont je n’ai pu retrouver l’origine, mais qui ne me semble qu’une explication anciennement proposée pour l’espèce d’énigme qui nous occupe, ces portes n’auraient point été destinées primitivement à l’église de Saint-Étienne : elles seraient les seuls vestiges d’un édifice détruit anciennement ; et conservées en raison de leurs belles sculptures, on les aurait transportées à la place qu’elles Occupent aujourd’hui. Je ne puis admettre cette explication. Quelque soin qu’on ait pu apporter à ce déplacement, il serait impossible qu’on n’en vît pas les traces. Bien plus, les blocs d’un échantillon considérable, dans lesquels sont taillées les statues et les colonnes, font corps avec l’appareil des murs de l’église. Les assises se suivent régulièrement, et l’on ne voit aucun point de soudure si ce n’est aux porches gothiques dont je viens de parler. À l’intérieur de l’église du côté Sud, le tympan de la porte est ogival et entouré de moulures identiques avec celles qui ornent la face extérieure. Tout se réunit en un mot pour former une construction originale et de toutes pièces. Quant à moi, je n’hésite point à regarder ces portes comme appartenant à la construction primitive de Saint-Étienne. Il y a plus d’un exemple, on le sait, de mélange de styles semblable à celui-ci, dans les églises bâties à l’époque de la transition du byzantin au gothique. Pourquoi ne pas admettre que les soubassements de l’église et les deux portes en question ont été achevés à la fin du XIIe siècle ? La crypte peut aussi bien dater de cette époque que du commencement du XIIIe. J’ajouterai que la simplicité remarquable de l’intérieur de l’église fait supposer qu’il a été achevé avant le XIVe Siècle, et si l’on fait attention à la grandeur du travail, la durée d’un siècle pour ces constructions ne paraîtra pas improbable. Quant aux porches, la forme caractéristique de leurs chapiteaux m’engage à les croire du XIVe siècle, et il faut ici noter ce fait singulier des arcs en plein cintre, construits comme il semble avec l’intention de raccorder cette construction ajoutée, avec celles qui l’avoisinent. Déjà j’avais remarqué un exemple encore plus frappant d’une tentative semblable ; c’est à Saint-Sernin de Toulouse, dont la tour, bâtie également dans le XIVe siècle, conserve le caractère byzantin de l’église avec une fidélité que nos architectes modernes n’imitent pas, malheureusement, dans toutes leurs réparations.

Autrefois la voûte et les parois du porche Sud étaient ornées de fresques ; on voit encore un ange de grande proportion peint sur un des tympans intérieurs ; quant aux statues, on peut se convaincre que toutes ont été enluminées, et il ne serait pas difficile de retrouver les couleurs de tous leurs ajustements.

Je ne dois point oublier une jolie porte de la Renaissance qui donne sur ce même porche, et communique à une sacristie moderne ; ses chapiteaux et ses arabesques d’un fini merveilleux, mériteraient les plus ; grands éloges ; mais à l’époque de la Renaissance, il y avait à Bourges de si habiles artistes, qu’il faut réserver toute son admiration pour d’autres monuments plus complets et encore plus remarquables ; j’aurai bientôt à vous en entretenir.

Pour compléter les restaurations que l’on fait à Saint-Étienne, il serait nécessaire de faire disparaître la ridicule clôture du chœur, et les statues détestables qu’on voit à l’entrée ; partout malheureusement le clergé a sacrifié l’effet pittoresque des églises à la satisfaction de s’isoler dans une enceinte réservée, peu soucieux d’ailleurs de la mettre en harmonie avec les monuments si nobles et si imposants, qui l’entourent.

Maison de Jacques Cœur

Après la cathédrale, la maison de Jacques Cœur est le monument le plus célébré de Bourges, celui que les habitants montrent avec le plus de plaisir et de fierté ; c’est en effet un grand nom que celui de Jacques Cœur, et sa ville natale doit à juste titre s’enorgueillir d’avoir conservé ce souvenir de cet homme extraordinaire ; Jacques Cœur ne fut pas un parvenu, son mérite ne se borna pas à faire une immense fortune ; tour à tour diplomate, ministre, des finances, amiral, il se montra toujours digne des hautes fonctions qui lui étaient confiées ; il fut en quelque sorte le représentant de l’émancipation de la bourgeoisie.

Aujourd’hui l’hôtel de Jacques Cœur, après avoir passé en différentes mains, est devenu une propriété de la ville, et la cour royale tient ses séances dans la maison d’un homme dont le nom rappelle une éclatante injustice ; cette destination a dénaturé presque entièrement les dispositions intérieures de l’édifice ; jusqu’alors il avait peu souffert, du moins les fortunes diverses qu’il avait éprouvées n’avaient point détruit son caractère original. Maintenait, au milieu d’aménagements nouveaux, on a peine à deviner la distribution primitive des appartements. Pour donner du jour aux salles d’audience, on a brisé les meneaux qui divisaient les fenêtres ; des ouvertures nouvelles ont été percées sans aucun égard pour l’effet qu’elles devaient produire ; ailleurs, pour s’agrandir, on a bouché des arcades, c’est ainsi que la galerie qui environnait la cour intérieure s’est transformée en une suite de chambres pour les huissiers, les greffiers et autres gens de justice. Ce n’est pas tout, le besoin de place a forcé de diviser plusieurs hautes salles par des planchers de refend ; ou bien d’une grande chambre on a fait quatre cabinets. Comment retrouver aujourd’hui ces vastes salles morcelées de la sorte ? Enfin, et c’est ce qu’il y a de plus déplorable, toute l’ornementation intérieure a disparu par suite de ces tristes changements ; adieu les lambris, les corniches, les sculptures qui couvraient les parois ; on n’a pas même épargné les vastes cheminées, dont une surtout était célèbre pour la richesse des bas-reliefs qui la décoraient.

L’apparence extérieure de l’hôtel a moins changé ; on devine pourtant tout ce que ces moulures flamboyantes, si fragiles, ont dû souffrir des injures du temps et de la négligence des hommes ; mais là du moins on n’a pas détruit à plaisir, et l’on comprend qu’avec de l’argent et du soin on pourrait tout restaurer ; il ne s’agirait en effet que de remplacer des pierres vermoulues, boucher des crevasses, sculpter des portions de moulures endommagées, nulle part on ne serait réduit à tout refaire à neuf et sans modèle, comme ce serait le cas si l’on essayait de restaurer l’intérieur du palais.

L’hôtel de Jacques Cœur fut bâti vers la décadence de l’architecture gothique, lorsqu’elle avait perdu le secret de ces constructions grandioses et hardies qui signalèrent ses débuts ; pour racheter ses défauts, elle n’avait alors que la grâce, et si je puis m’exprimer ainsi, la coquetterie de ses détails. Or aujourd’hui, par la destruction de la décoration intérieure, la plus grande partie de ce mérite est perdue ; ma tâche sera courte pour indiquer les parties qui existent encore.

Le plan est d’une extrême irrégularité. J’ai déjà, dit plus haut qu’une partie de l’hôtel était bâtie sur d’anciennes fortifications romaines ; c’est le corps de bâtiment donnant sur la place de Berry ; de ce côté, la façade se compose de trois tours inégalement espacées, différentes de hauteur et de forme toutes presque entièrement nues ; une seule se distingue par un balcon dont la balustrade est ornée ; l’apparence de cette façade est toute militaire. Au contraire, la façade opposée qui donne sur la rue Jacques Cœur n’a rien de féodal, et n’annonce qu’une grande et opulente maison ; elle se compose d’un pavillon flanqué d’une petite tourelle fort ornée de clochetons et de moulures flamboyantes, et à droite et à gauche, de deux corps de bâtiment d’un seul étagé, dont toute la décoration consiste dans les ornements capricieux des chambranles, et des balustrades qui garnissent les fenêtres ; celles-ci sont irrégulièrement espacées, et l’on n’en trouverait pas, je crois, deux du même diamètre.

Le pavillon central renferme une petite chapelle très ornée, dont la voûte surtout est couverte de fresques d’une admirable exécution, et qui représentent des anges en robes blanches sur un fond bleu semé d’étoiles d’or. Ils tiennent une grande banderole qui se contourne en mille replis, et sur laquelle sont tracées des inscriptions tirées des livres saints. À un dessin toujours correct, souvent d’une pureté singulière, l’artiste a su joindre une si grande variété de types et d’expressions, qu’on serait tenté de prendre cette multitude de têtes pour autant de portraits de beaux enfantin. Si cette voûte a été peinte du temps de Jacques Cœur, je ne doute pas qu’il n’en ait confié l’exécution à des artistes italiens, qui peut-être se seront servis des cartons de grands maîtres. À mon avis, cette chapelle seule est un monument admirable, et l’on ne peut trop déplorer le peu de soins qu’on a mis à la conserver. Aujourd’hui elle est coupée horizontalement par un plancher moderne, et la division supérieure servant de grenier est encombrée de vieilles paperasses. Après ces admirables peintures, je n’ai que peu de mots à dire de ce qui reste de la décoration intérieure. Quelques jolies statuettes, des feuillages tourmentés, mais d’ailleurs bien refouillés à l’effet, subsistent encore, mais peints à l’huile. Deux niches ou tribunes en encorbellement se projettent hors de la chapelle, l’une donnant sur la cour intérieure, l’autre sur la rue ; toutes les deux vides aujourd’hui et à moitié dépouillées de leurs ornements Autrefois elles contenaient : la première, une statue équestre de Charles VII armé de toutes pièces ; l’autre, celle de Jacques Cœur monté sur sa mule ferrée à rebours. C’est ainsi, rapporte la tradition, qu’il trompa sur la direction qu’il suivait les archers envoyés à sa poursuite. À côté de cette dernière tribune, on voit à droite et à gauche deux fausses fenêtres, avec les statues à mi-corps d’un homme et d’une femme entrouvrant une croisée et regardant dans la rue d’un air inquiet. C’est encore une tradition, que je ne garantis nullement, qui donne l’explication de ces figures. Elles rappellent, dit-on, la fidélité de deux domestiques qui, feignant d’attendre leur maître, persuadèrent à ses ennemis de faire sentinelle à cette porte pendant que l’argentier du roi s’échappait par une porte de derrière. La statue de Jacques Cœur et celles de ses domestiques fuirent placées là par son petit-fils, ce qui doit faire présumer que la maison tout entière a pu éprouver bien des changements depuis la mort de son premier propriétaire.

Encore un mot sur la chapelle. Elle est tellement petite que Jacques Cœur et sa famille pouvaient à peine y trouver place en même temps que l’officiant. Les gens de sa maison entendaient sans doute la messe dans la galerie voisine.

Deux portes conduisent de la rue dans la cour intérieure, l’une assez grande pour admettre une voiture, l’autre, à côté, très étroite. On sent là la prudence forcée de ces temps malheureux. Il eût été dangereux souvent d’ouvrir la grande porte, et la petite mettait à l’abri d’une surprise. L’ornementation en pierre au-dessus de la porte principale est médiocre ; mais les ventaux en bois, semés de clous dont les têtes représentent des cœurs, sont fort bien travaillés. Bien que toute vermoulue, cette porte subsisté encore ; mais on l’a remplacée récemment par une porte en chêne, d’ailleurs fidèlement copiée sur l’ancienne. Quant aux portes intérieures, on observe que toutes sont si étroites que deux personnes de front y passeraient à peine. Jamais dans l’architecture de ce temps, on ne voit de larges entrées ni de grands escaliers.

Dans la cour intérieure, même irrégularité, même insouciance pour la symétrie ; nul alignement, pas un mur qui rencontre à angle droit le mur voisin. En admettant qu’à l’époque où l’hôtel fut bâti, le terrain se trouvât resserré par des bâtiments plus anciens, il paraîtrait incroyable qu’on n’eût pas fait quelque tentative pour déguiser sa forme vicieuse ; il semble au contraire, qu’on se soit complu dans le manque de symétrie. Par exemple, le corps de bâtiment principal entre la place de Berry et la cour intérieure, permettait à l’architecte de s’aligner à son gré. Point, sur une ligne de moins de trente mètres, on voit un angle rentrant très prononcé, ce corps de logis n’est point parallèle à celui qui donne sur la rue, ni perpendiculaire à ceux qui les réunissent latéralement. Si notre pédanterie moderne attache trop d’importance peut-être à une régularité quelquefois monotone, avouons que le mépris complet de cette régularité, lorsque rien ne le justifie, lorsqu’il n’est point racheté par des avantages réels, fatigue bien autrement et choque l’œil le moins exercé.

À l’intérieur de la cour, la partie la plus remarquable de la décoration consiste dans des bas-reliefs fort bien exécutés et pour la plupart d’une bonne conservation, appliqués à l’extérieur des tours prismatiques qui servent de cages d’escalier, ou bien sur les tympans des portes. Il y a de la grâce et de la naïveté dans ces figurines : les attitudes sont vraies, les costumes bien rendus, le travail partout est soigné ; mais toutes ont un même défaut de proportion. Je les trouve un peu courtes et ramassées, avec les têtes sensiblement trop grosses pour le corps. Parmi les figures qui décorent l’escalier principal, on en voit deux que la richesse de leur costume distingue de toutes les autres : ce sont les anciens propriétaires de l’hôtel, Jacques Cœur et sa femme, Marie de Léodepart ; Jacques Cœur, bien reconnaissable à son camail semé de cœurs et de coquilles, tient d’une main un marteau, de l’autre un bouquet qu’il semble offrir à sa femme. Ce marteau indique, je crois, ses fonctions comme maître des monnaies.

La salle à manger, aujourd’hui la cour d’assises, a moins souffert que les autres ; du moins on a respecté ses proportions primitives. On y remarque une tribune pour les musiciens, accompagnement alors obligé de tous les repas de cérémonie. Vers le milieu de l’aire de la salle, une large dalle couvre l’entrée d’une cave, destinée, dit-on, dans la prévoyance de quelque catastrophe imprévue, à renfermer l’argenterie et les meublés précieux. Peut-être si l’on enlevait le crépi moderne appliqué sur les murs, retrouverait-on dessous quelques débris de l’ornementation qui devait couvrir les parois.

J’ai examiné avec beaucoup d’intérêt un bas-relief fort mutilé, qui représente une galère. Enlevé depuis longtemps à l’une des salles principales de l’hôtel, il est déposé aujourd’hui dans un coin du greffe. Il représente, si l’on en croit la tradition, la galère de Jacques Cœur, et c’est un modèle de la capitane à bord de laquelle il mourut, vraisemblablement exécuté par l’ordre de son fils ou de son petit-fils. Le navire porte à la poupe une tour à plusieurs étages surmontée d’une plateforme ; la proue a une autre tour, mais moins haute. Il y a deux mâts, chacun d’une seule pièce ; le plus grand ayant à son sommet une hune, assez semblable à un baquet, remplie de soldats qui lancent des projectiles enflammés, peut-être du feu grégeois. Les rameurs sont armés de toutes pièces, et l’artimon porte le pavillon de France à trois fleurs de lys seulement. Je n’ai vu ni artillerie ni machines de guerre ; car je ne regarde pas comme des sabords de petites ouvertures percées à la poupe et à la proue. Ce sont, je crois, les fenêtres des appartements intérieurs.

Les toits du palais ont conservé quantité d’ornements et de statuettes en plomb, exécutés avec beaucoup de soin malgré la hauteur à laquelle ils étaient placés. On doit noter la forme des tuyaux de cheminées qui représentent des colonnes en faisceaux avec un chapiteau de feuillages frisés ; assurément cela vaut mieux que les tuyaux de tôle qui déshonorent nos plus beaux monuments modernes.

On s’occupe à Bourges en ce moment de construire un palais de justice ; lorsqu’il sera achevé, la maison de Jacques-Cœur deviendra libre, et il est question d’y installer la mairie, aujourd’hui assez peu convenablement établie dans l’hôtel de Limoges ; je fais des vœux pour que cette translation ait lieu promptement, car on ne peut, ce me semble, donner une meilleure destination à la maison de Jacques-Cœur ; alors de grandes réparations deviendront nécessites, et je ne pense pas qu’il soit difficile d’approprier l’hôtel à son nouvel emploi, tout en faisant disparaître les aménagements modernes qui l’ont défiguré. Toutefois, ainsi que je le disais dans le rapport que j’ai eu l’honneur de vous adresser lors de mon passage à Bourges, je crois qu’il ne faut pas songer à rétablir la décoration intérieure dans son état primitif. Sans parler des dépenses qu’entraînerait cette restauration, on serait obligé d’inventer à chaque instant ; il faut se borner à réparer les ornements extérieurs, supprimer les cloisons, refaire les meneaux enlever les planchers modernes ; en un mot, il faut restaurer ce qui a été endommagé, mais non pas remplacer ce qui a été complètement perdu.

Bâtiment de l’École Normale

Cet édifice qui servait d’hôtel-de-ville il y a peu d’années, paraît avoir été construit presque à la même époque que la maison de Jacques Cœur, peut-être est-il un peu plus moderne. L’ornementation extérieure est riche, prodiguée surtout sur une tour octogone servant de cage d’escalier ; c’est la répétition du système que je signalais tout à l’heure. Tout en admirant la perfection avec laquelle sont refouillées les moulures composées de chardons et de mauves qui couronnent toutes les fenêtres, je ferai remarquer un défaut très commun dans l’architecture de cette époque, c’est une régularité monotone dans la forme des feuillages sculptés que l’on pourrait tous inscrire dans un carré. – On voit, dans la salle qui sert de réfectoire, une belle cheminée surmontée d’un écusson dont les armoiries ont été détruites ; les supports sont un berger et une bergère, fort bien sculptés. Le manteau de la cheminée est couvert de moutons ; on sait que les armes de Bourges sont trois moutons et trois fleurs de lys. Dans la proscription qui a effacé les armoiries de la cheminée, on a compris un autre écusson au-dessus de la porte de la tourelle ; des anges le soutiennent, et l’on voit au-dessous le cordon de saint Michel. Ce morceau d’ailleurs est sensiblement plus moderne que le reste des sculptures. Je n’ai pu apprendre à qui cette jolie maison avait appartenu dans le principe.

Maison des Sœurs Bleues

On voit à Bourges un assez grand nombre de constructions civiles, médiocrement remarquables par leur architecture, mais dont l’ensemble jette quelque lumière sur les habitudes de la vie privée au Moyen Âge. Malheureusement peu de ces maisons sont antérieures au XVe siècle ; j’ai cité les deux plus intéressantes de cette époque, je vais parler d’un édifice encore plus moderne, et qui nous montrera les débuts de la Renaissance à Bourges, c’est l’école des Sœurs-Bleues, autrefois l’hôtel de Lallemand, qui tirait son nom de ses anciens propriétaires, riches financiers de la fin du XVIe siècle. On ignore pour qui et par qui il fut bâti ; mais une tradition populaire rapporte que Louis XI y est né. Il suffit d’examiner le style de l’architecture pour rejeter cette histoire que n’appuie d’ailleurs aucun témoignage historique. Des altérations assez graves, et de mauvais goût, qui n’ont eu pour objet que de mettre en évidence de grands écussons exécutés en apparence à la fin du XVIe ou au commencement du XVIIe siècle, ne peuvent être attribuées qu’à la famille Lallemand, dont les armoiries étaient sculptées sur ces écussons ; c’est dont une probabilité que cette famille avait acheté et non construit cette maison.

Quelle que soit son origine, il est impossible d’imaginer rien de plus joli, de plus complètement gracieux que ce petit hôtel, si coquettement orné qu’on croirait voir la maison qu’un artiste se serait faite à lui-même, car il y a tant de recherche et tant d’amour dans tous ses détails, que je ne puis m’imaginer qu’un architecte trouve une telle verve quand il ne travaille que pour l’intérêt ou même pour la gloire. Mozart, dit-on, voulut se faire un opéra, et fit Dore Juan. Pourquoi ne serait-ce point un architecte qui se serait bâti pour lui-même ce charmant petit palais ?

Du côté de la rue, une grande simplicité annonce l’homme de goût qui ne cherche point à faire parade de sa richesse aux passants ; il faut cependant s’arrêter un instant devant deux très jolies portes, une grande et une petite (j’ai déjà remarqué que les portes vont toujours deux à deux), dont les pilastres et les piédroits sont recouverts d’arabesques d’un fini merveilleux ; le fronton de la plus grande a été malheureusement mutilé pour y guinder un de ces lourds écussons dont je parlais tout à l’heure, et ce signe féodal, qui d’abord a mutilé de charmantes moulures, a de plus attiré sur toutes les sculptures voisines l’indignation populaire, qui ne distingue pas les arabesques des signes du blason.

On entre dans une cour très petite (car là tout est d’une proportion coquette et mignonne), bordée à main droite par une espèce de terrasse élevée de quelques pieds au-dessus de vastes caves ; les murs qui la bordent du côté de la rue sont ornés de médaillons, dont les cadres seuls, très richement travaillés, subsistent aujourd’hui. À l’angle que formé la terrasse avec la cour, du côté de l’entrée, s’élève une tourelle ronde avec une plateforme couverte d’un toit. Je manque de termes pour exprimer la grâce, la délicatesse des arabesques et d’une foule d’ornements capricieux, prodigués sur cette seule tourelle ; toute la finesse, toute la fantaisie qu’on aimerait à trouver dans un meuble à placer sur une table, le sculpteur l’a employée pour décorer les fenêtres, les chambranles, toutes les parties susceptibles de recevoir une ornementation. Qu’on se figure un magnifique bijou ciselé, mais haut de vingt-cinq pieds. Tel est l’art avec lequel ces sculptures sont exécutées, que, malgré leur peu de saillie, les rinceaux les plus délicats se dessinent purement à distance, et que l’œil en suit facilement tous les contours. Au-dessus de la porte de la tourelle, on remarque un grand médaillon contenant une tête de guerrier coiffée d’un casque de forme bizarre, mais pourtant très élégante ; la devise, en lettres onciales, paraît faire allusion à la légende d’après laquelle les rois de France descendraient de Priam, dont un fils aurait fondé la ville de Troyes en Champagne ; c’est du moins ainsi que je l’explique ; on en jugera : PARBIVS. FILI. PRIAM. REX. TRECENTEN. MAGNAM. On notera la forme ancienne des lettres, et la prétention fort mal justifiée d’ailleurs d’imiter les abréviations antiques.

Le couronnement de la tourelle est la seule partie sur laquelle puisse porter la critique. C’est une espèce de lanternon sous lequel vient aboutir un escalier en hélice. Du noyau part un pilier cylindrique qui reçoit les nervures de la voûte du lanternon, soutenue en outre à l’extérieur par des colonnes disposées en cercle comme dans certains temples antiques. Je trouve ces colonnes beaucoup trop courtes pour leur diamètre.

Une autre tourelle, presque aussi jolie que celle-ci, occupe une des extrémités de la façade intérieure ; bâtie en encorbellement, elle s’appuie sur une statue de guerrier assez ridiculement posée pour faire office de console. Il tient une espèce de renard et son casque est orné d’ailes. À part sa position forcée, tous les détails de cette figure sont de la plus grande élégance. Je suis obligé de répéter sans cesse les mêmes formules d’admiration pour parler du reste de la façade intérieure. Partout la même richesse dans l’ornementation, la même variété dans les détails, la même verve dans leur exécution. Ce sont surtout les fenêtres qui étalent le plus grand luxe d’ornements. De loin leur disposition semble uniforme, mais, si l’on s’approche on reconnaît qu’il n’y a pas deux moulures semblables. On pourrait, je le sais, sans être taxé de pédantisme, blâmer ici un manque de symétrie calculé et systématique ; on pourrait critiquer les formes hasardés de beaucoup d’ornements, et le mélange hétérogène des motifs grecs et gothiques. Pourtant toutes ces parties, celles-là même qu’on peut le moins justifier, sont au fond si élégantes, si riches, elles prouvent tant d’imagination et tant de ressources que personne ne penserait à en désirer la suppression. Il y a dans les défauts du génie quelque chose de si séduisant qu’on se prend quelquefois à les admirer comme des qualités originales.

On passerait des heures entières à étudier tous les caprices de cette charmante façade, et pourtant leur inconcevable variété ne fait que vous préparer à l’impression que va produire la chapelle ou plutôt un oratoire fort petit, admirable miniature sculptée si je puis me servir de cette expression. Je ne connais rien qu’on lui puisse comparer pour la richesse et l’élégance. Les parois couvertes sans doute autrefois de tapisseries ou de peintures, ne présentent plus aujourd’hui que des pilastres un peu trop grands peut-être pour les proportions de la pièce. Tout le luxe de sculpture est réservé pour le plafond. Formé de trois grandes dalles de pierre, il se divise en trente caissons ou compartiments contenant chacun des compositions différentes, de bas-relief, admirablement travaillées, et d’un effet merveilleux. Ces compositions sont comme autant d’énigmes, et leur seul défaut c’est d’être aujourd’hui à peu près indéchiffrables. Involontairement on en cherche le sens au lieu de se borner à en admirer la belle exécution. Que signifie cette main ramassant une châtaigne ? cette sphère enflammée ? ce génie ailé qui monte un cheval de bois ? cet autre qui se sert d’un sabot pour… Sûrement l’auteur de ces rébus était, en ce genre, un génie d’une fécondité extraordinaire, mais à coup sûr tout son esprit ne vaut pas celui du sculpteur. J’observe dans les caissons les lettres E et R fréquemment répétées. Elles se trouvent encore dans une petite niche fort ornée, près de l’autel. Semées sur le fond elles sont disposées dans cet ordre RERE./RER./RERE. Je suppose, d’après quelques exemples analogues, que ces lettres sont les initiales du premier propriétaire, ou peut-être celles de sa devise.

Tout auprès de la chapelle est un salon dont le plafond en bois est aussi divisé en caissons avec des rosacés très riches aux intersections des poutrelles. Autrefois chaque rosace portait une lettre. On y voit l’E et l’R, puis I et G, mais trop de lettres manquent aujourd’hui pour qu’il soit possible de les grouper de manière à faire un sens. Peut-être même de tout temps la chose eût-elle été impossible.

Descendant au rez-de-chaussée, on trouve une salle qui probablement était autrefois une salle à manger, aujourd’hui sans autre décoration qu’une magnifique cheminée enrichie d’arabesques d’une finesse admirable. Sur le manteau oh voit sculptés le porc-épic de Louis XII et l’hermine d’Anne de Bretagne. De la réunion de ces emblèmes on peut induire que la maison n’est pas antérieure à 1500 ni postérieure à 1512.

Presque toutes les maisons du Moyen Âge ont deux ou plusieurs portes donnant sur des rues différentes. C’était une pratique prudente, et je crois d’une fréquente utilité dans ces temps orageux. Ici un passage en pente, voûté, conduit à la porte de derrière. La voûte est doublée de nervures qui pénètrent les parois latérales. Bien que beaucoup moins orné, le derrière de la maison est encore d’une élégance remarquable ; mais on ne peut s’y arrêter lorsqu’on vient de voir la façade principale.

J’oubliais de mentionner des escaliers en hélice d’une hardiesse et d’une légèreté surprenantes, partout ornés de figurines en consoles exécutées avec la perfection qui caractérise toute l’ornementation de l’hôtel.

Cette charmante maison appartient à la ville, qui vient d’y établir une école de filles dirigée par des sœurs bleues. S’il faut féliciter le corps municipal de Bourges, d’avoir voulu Conserver un monument d’un aussi grand intérêt, on ne peut que regretter sa destination actuelle qui tend à le dégrader rapidement. Ne pourrait-on pas placer là le musée, et établir l’école ailleurs ? Dans le rapport que j’ai eu l’honneur de vous adresser, de Bourges, au mois de juin dernier, je vous donnais un aperçu des dépenses qu’exigeraient cette translation, ainsi que les réparations complètes de la maison Lallemand. Je les crois d’une grande nécessité, et je ne puis qu’insister de nouveau pour vous prier d’appeler sur ce sujet l’attention du conseil municipal de Bourges, et de seconder ses généreuses intentions.

Maison de Cujas

Je citerai encore une maison célèbre, à Bourges, c’est celle de Cujas, aujourd’hui le quartier de la gendarmerie. Elle est bâtie en grande partie de briques qui forment, par leur appareil, une manière de camaïeu. Son architecture appartient aux derniers temps du gothique, pauvre d’ornementation et dépourvue d’élégance. Une tourelle bâtie en encorbellement occupe un des angles de la cour ; mais, au lieu de console, c’est une espèce de trompe ou de concavité bizarre qui la termine par le bas. L’effet en est détestable. Autrefois une grande fresque en grisaille couvrait une partie de la muraille extérieure à gauche de la porte d’entrée ; mais les figures sont aujourd’hui en partie effacées par la pluie, et des fenêtres modernes, percées dans la muraille, ont achevé la destruction de ce tableau. On n’en voit plus aujourd’hui qu’une figure de moine monté sur une charrette et entouré de démons. Suivant une tradition conservée à Bourges, cette composition aurait eu une intention satirique ; mais personne n’a pu m’en donner la description, et j’ignore absolument si elle existe quelque part dessinée ou gravée.

Une porte, bouchée aujourd’hui, couverte d’arabesques dans le style de la Renaissance, voilà ce qui reste de plus intéressant dans la maison de Cujas, si toutefois elle en a jamais fait partie. À voir la finesse du travail, le charmant caprice de ces arabesques, on croit reconnaître la même main qui sculpta la délicieuse tourelle de la maison Lallemand. Les chambranles de cette porte sont exposés à toutes les injures de l’air, et déjà la partie inférieure est altérée. Je vous demanderai de les faire mouler, car c’est, je crois, le seul moyen de conserver leurs admirables sculptures. On devrait également mouler plusieurs parties de la tourelle, et les caissons de la chapelle de la maison Lallemand. Ces plâtres figureraient parfaitement dans le Musée qui se forme à l’école des Beaux-Arts.

Églises de Bourges

Pour donner à mes observations un ordre chronologique, j’aurais dû vous entretenir plus tôt d’un fragment très remarquable du XIe siècle, provenant de l’église de Saint-Ursin, détruite depuis plusieurs années ; c’est une porte byzantine très ornée qu’on a transportée à l’entrée du jardin de la Préfecture, tout près de la promenade de Séraucourt. Le tympan, contenu dans une archivolte cintrée, représente dans sa partie inférieure les douze mois de l’année caractérisés, non par les signes du zodiaque, mais par les travaux ou les occupations qui leur correspondent ; les mois se suivent régulièrement de gauche à droite, mais février commencé la série ; au milieu du tympan, on voit en bas-relief une chasse au sanglier, dont les figures offrent une correction et une vérité de mouvement qu’on ne s’attendrait pas à rencontrer dans une sculpture de cette époque : on dirait une copie d’un bas-relief romain, et c’est peut-être en effet un bas-relief antique, que l’artiste du XIe siècle aura pris pour modèle ; la composition a d’étonnants rapports, avec une chasse antique, encastrée dans la façade de l’église du Luc (Var). Plusieurs autres petites compositions remplissent le haut du tympan ; ce sont des grotesques, inspirés sans doute par les fabliaux et les contes populaires ; on y remarque par exemple le renard et la cigogne, un renard traîné dans un char par des poules, etc. Sur l’archivolte et les piédroits serpente un rinceau de fort boni goût, et les fûts des colonnes engagées, curieusement guillochés, présentent une espèce d’enroulement de feuillages fantastiques, entremêlés d’animaux bizarres ; il est à remarquer qu’à l’exception des rinceaux et seulement dans la partie supérieure des piédroits, toutes ces sculptures n’ont point de saillie sur le nu de la porte, et se détachent sur un fond légèrement refouillé, en sorte qu’une règle appliquée sur le tympan ou sur les fûts affleurerait tous les reliefs. Il est évident qu’avant de sculpter on commençait par bien dresser la pierre. Cette pratique, que j’ai déjà remarquée nombre de fois, paraît constante dans la première époque de la sculpture byzantine. Les colonnes guillochées m’ont rappelé les colonnes antiques de la Porte-Noire à Besançon, décorées de la sorte ; mais, malgré tout mon respect pour l’antiquité, je n’hésite point à déclarer que les colonnes de Saint-Ursin sont infiniment plus élégantes, infiniment mieux travaillées que celles de l’arc-de-triomphe romain. Saint-Ursin fut fondé en 1012.

Les églises de Bourges, si l’on en excepte la cathédrale, n’offrent qu’un bien médiocre intérêt.

Saint-Pierre-Guillard porte les traces de grandes et nombreuses réparations, où tous les styles ont été étrangement confondus. Dans les parties les plus anciennes on trouve des piliers gothiques, mais encore bas et lourds, avec de grossiers chapiteau. La remarque que je faisais à Saint-Étienne se confirme ici, c’est que l’ornementation végétale du gothique fleuri est inconnue à Bourges, et la transition est soudaine entre la première manière du XIIIe siècle, et le style flamboyant du XVe.

Saint-Bonnet, du XVe siècle, n’a point de façade, ses piliers sans chapiteaux portent une voûte assez hardie ; ce qu’il y a surtout à remarquer dans cette église, ce sont de beaux vitraux du XVIe