Le Palais du Luxembourg - Ligaran - E-Book

Le Palais du Luxembourg E-Book

Ligaran

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Extrait : "L'histoire du Palais du Luxembourg est fort complexe. On peut rechercher en quelles mains son sol a passé ; c'est son histoire immobilière. On peut envisager sa construction et ses transformations, suivant ses affectations successives ; c'est son histoire architecturale. Et celle-ci a un corollaire obligé : son histoire décorative. L'histoire de ces affectations successives et des événements dont il a été le théâtre apparaît comme le complément naturel de ces..."À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran : Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : • Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. • Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Le Palais d’Orleans appellé Luxembourg
Le Palais du Luxembourg

L’histoire du Palais du Luxembourg est fort complexe. On peut rechercher en quelles mains son sol a passé ; c’est son histoire immobilière. On peut envisager sa construction et ses transformations, suivant ses affectations successives ; c’est son histoire architecturale. Et celle-ci a un corollaire obligé : son histoire décorative.

L’histoire de ces affectations successives et des évènements dont il a été le théâtre apparaît comme le complément naturel de ces divers chapitres. Elle a déjà tenté des écrivains dont quelques-uns n’ont pas résisté au désir d’intercaler dans leur récit des pages entières de notre histoire nationale.

Il ne s’agira ici que du Palais lui-même et de sa décoration, à l’exclusion de ses dépendances.

CE QUI EXISTAIT EN 1605 SUR L’EMPLACEMENT OÙ FUT CONSTRUIT DIX ANS PLUS TARD LE PALAIS DU LUXEMBOURG.Plan de Fr. Quesnel, conservé aux Archives Nationales.
L’édifice – Ses transformations – Son agrandissement

IL y a, dans l’histoire architecturale du Palais, trois périodes :

1° De 1615, date de sa construction, à l’an V, époque de l’installation du Directoire ;

2° De 1797 à 1836, date de son agrandissement ;

3° De 1836 à nos jours.

Ces trois périodes sont graphiquement exprimées dans le plan d’ensemble ci-contre du premier étage.

La partie couverte de hachures en diagonale indique les adjonctions faites au milieu du XIXe siècle ;

La partie couverte en quadrillé indique la transformation principale réalisée au commencement du même siècle ;

Enfin la partie du plan sans hachures ni quadrillé figure l’édifice à l’origine.

C’est en 1615 que furent jetées les fondations du Palais sur des terrains achetés à dater de 1612, aménagés en jardin en 1613 et où furent amenées les eaux de Rongis.

Marie de Médicis avait donné pour programme à son architecte, Salomon de Brosse, de s’inspirer des palais florentins au milieu desquels elle avait passé sa jeunesse. De Brosse fit plusieurs projets. Celui que la reine préféra fut communiqué pour avis aux architectes les plus renommés de l’époque. Il rallia la majorité des suffrages.

LE PALAIS DU LUXEMBOURG, LE PETIT LUXEMBOURG, LA CHARTREUSE DE PARIS ET LES CONSTRUCTIONS ENVIRONNANTES

D’après le plan de Paris dessiné et gravé sous les plans de Michel-Étienne TURGOT, prévôt des marchands.

1739

 

Le plan de Turgot comporte vingt et une feuilles. Le Luxembourg et les immeubles avoisinants nécessitent l’assemble quatre feuilles dont la réunion ne peut être rigoureuse par suite des distensions que le papier subit souvent un tirage notre reproduction en photogravure.

 

LE PALAIS DU LUXEMBOURG SOUS MARIE DE MÉDICIS

 

PLAN DU REZ-DE-CHAUSSÉE.

Côté du jardin.

LE PALAIS DU LUXEMBOURG SOUS MARIE DE MÉDICIS

 

PLAN DU PREMIER ÉTAGE,

Côté du jardin.

 
Vue du Palais d’Orléans appelé LuxembourgÀ Paris chez N. Langlois rue St. Jacques à la victoire avec Privilège du Roi
Vue et perspective du Palais de Luxembourg du côté du Jardin à Paris1. Le Jardin 2. Le Jardin du petit Luxembourg 3. Saint Sulpice 4. Abbaye St. Germain des Prés fait par Austine avec Privilège du Roi

Il donnait au Palais la forme d’un vaste parallélogramme de 118 mètres sur 90.

Au Nord, face à la rue de Tournon, une grande galerie à rez-de-chaussée, fermée sur la rue de Vaugirard, avec, dans le milieu, un pavillon surmonté d’une coupole et formant entrée principale ;

À l’Est et à l’Ouest, deux autres galeries ajourées, avec un étage, joignant un corps de bâtiment principal, auquel on accédait, au fond d’une cour d’honneur, par une terrasse élevée d’environ un mètre au-dessus du sol, avec perron demi-circulaire, et balustrade à jour en marbre blanc, coupée de piédestaux surmontés de statues.

À chacun des angles des galeries et du bâtiment principal, des pavillons carrés à deux étages, comme ce dernier.

Au Sud, la façade sur le jardin comportait au centre de l’arrière-corps un petit pavillon terminé en dôme, avec un portique ne s’élevant que d’un rez-de-chaussée et supportant une terrasse.

De Brosse avait adopté, pour la physionomie générale de l’édifice, l’ordonnance florentine ou toscane, en bossages, en la subordonnant cependant au goût de l’art français, avec des combles élevés, inconnus en Italie, mais commandés par notre climat et dont, dans les bâtiments de l’époque, les Du Cerceau avaient déjà donné la formule.

Au rez-de-chaussée, l’ordre toscan. Au premier étage, l’ordre dorique. Au second, dans les pavillons d’angle du bâtiment central, l’ionique. Pour les autres parties moins élevées, un ordre composite.

Vue et Perspective de Luxembourg du côté du Jardin, à présent appelé Palais d’Orléans. À Paris, chez N. Langlois rue St. Jacques à la victoire avec privil. du Roi et gravé par Perelle
LE LUXEMBOURG, CÔTÉ DU JARDIN, dessiné par Perelle et I. Silvestre, vers 1650.

La construction dura près de dix ans et fut marquée par des incidents. Le premier nous est conté par Bassompierre.

C’est la participation du chantier au pillage de l’Hôtel du maréchal d’Ancre, dans la rue de Tournon, le 1er septembre 1616.

LES PROMENADES AU LUXEMBOURG.

On y prit des madriers pour enfoncer les portes. Les maçons qui travaillaient au Palais de la Reine le quittèrent pour faire chorus avec les pillards. Avec ceux-ci ils furent condamnés par arrêt de la cour du Parlement de Paris.

La Reine s’intéressait aux travaux. Plusieurs fois avant et après son exil à Blois, elle vint se rendre compte de leur état d’avancement et nous trouvons, dans la correspondance de Richelieu la preuve qu’elle les pressait. Richelieu note en effet, pour son secrétaire, à la date de 1621, qu’il y a lieu d’écrire une « Lettre à d’Argouges, qui portera qu’il aye soing de faire avancer le bâtiment de la Royne, qui désire voir toute la maçonnerie achevée cet esté. Pour cet effet il délivrera deux mille livres par semaine au sieur Brosse tout l’esté. »

« Deux mille livres par semaine » à de Brosse, – qui n’était pas seulement architecte, mais encore entrepreneur des bâtiments du Palais, – c’était bien peu de chose, puisque nous voyons par un procès-verbal de visite, métrage et estimation des travaux, dressé contradictoirement du 26 juin au 23 août 1623 entre les deux experts désignés par la Reine et les deux experts choisis par de Brosse, que sur un ensemble de 700 130 livres de dépenses (évaluation des représentants de l’entrepreneur) et de 581 653 (évaluation des représentants de la Reine), la maçonnerie entrait pour un total de 566 212 livres (de Brosse) ou 452 970 (Marie de Médicis).

De Brosse ne reçut-il pas satisfaction ? Ou bien la Reine fut-elle mécontente de la façon dont il avait construit le gros œuvre ? Ce qui est certain c’est que moins d’un an après cette expertise, la Reine traitait avec un maître maçon de Paris, Marin de la Vallée, pour l’achèvement du Palais, en stipulant le paiement à de Brosse des matériaux et du matériel par lui laissés sur le chantier.

Le contrat que nous reproduisons ci-dessous in extenso, est des 26 et 27 mars 1624. Il nous révèle, entre autres détails, que la nature du sous-sol sur lequel le Palais avait été édifié, sous-sol coupé de carrières, avait nécessité le fonçage de 69 puits qu’il fallut remplir de maçonnerie pour assurer la solidité des murs.

Marie de Médicis n’habita que fort peu de temps son Palais. Elle le quitta en 1631 pour l’exil et, jusqu’en 1646, celui-ci fut délaissé, – comme il le fut encore de 1652 à 1660 à la suite du départ de Gaston d’Orléans pour Blois, où il mourut.

Les comptes des Bâtiments du Roi montrent que, pendant toute la durée du règne de Louis XIV, on ne fit au Palais que de très sommaires travaux d’entretien et d’appropriation. Mais de 1733 à 1736, il fallut entreprendre d’importantes réparations, et aménager l’aile Est, qu’habita la fille du Régent, devenue veuve de Louis Ier, roi d’Espagne.

C’est dans ces appartements, inoccupés depuis la mort de la reine douairière d’Espagne, que M. de Tournehem, directeur général des Bâtiments, organisa en 1750 une exposition permanente de tableaux tirés du cabinet du Roi, qui fut l’origine du musée.

En 1776, le Palais fut menacé d’adjonctions par Soufflot ! Soufflot trouvait excessive la saillie des pavillons du principal corps de bâtiment. Et comme on lui demandait d’aménager le Palais pour la résidence du comte de Provence et de Madame, il avait très résolument proposé de dissimuler ces saillies par des « additions ». La lettre qu’il écrit à ce sujet au comte d’Angivilliers précise sa pensée. On la lira ci-dessous avec quelque profit.

Chalgrin, qui succéda comme architecte des Bâtiments du Roi, à Soufflot, mort le 27 août 1780, présenta en 1781 un projet général de restauration du Palais. Mais les évènements se précipitaient. La Révolution éclatait. Le comte de Provence gagnait l’étranger et le Directoire s’installait au Luxembourg. Au commencement de l’an V, des travaux furent entrepris et poursuivis en l’an VI et surtout en l’an VII, pour être suspendus après les évènements de Brumaire.

En créant un Sénat Conservateur au service duquel elle mettait le Palais du Luxembourg, la Constitution de l’an VIII ouvrait à la vie architecturale de ce Palais une ère nouvelle.

Fac-simile d’une partie du plan du Palais du Luxembourg, établi par Soufflot, avec les adjonctions qu’il proposait. Ces adjonctions sont figurées en hachures.

Cessant d’être une résidence princière ou gouvernementale, le Luxembourg, transformé en Palais Parlementaire, devait être approprié aux besoins de l’assemblée à laquelle il était affecté. Il fallait y aménager une salle des séances, des localités réservées aux commissions, à la bureaucratie, aux archives, aux livres et à tous les organismes que comporte le fonctionnement des corps délibérants. Chalgrin fut l’artisan de cette transformation.

Afin d’utiliser les galeries à rez-de-chaussée, il en ferma les arcades ajourées qu’il coupa par le milieu d’avant-corps à colonnes.

Au fond de la cour, il supprima la terrasse.

Au rez-de-chaussée du corps de bâtiment principal, il supprima l’escalier central qui conduisait aux salles du premier étage et à la chapelle du Palais. Sur son emplacement, il construisit un vestibule à colonnes dont Soufflot avait déjà formulé l’idée dans son plan de 1776.

Dans la galerie de Rubens, il jeta bas les voûtes de la partie méridionale et y aménagea un grand escalier droit à palier, pendant qu’au Nord, à l’étage, il créait diverses salles réservées au musée.

L’ancienne distribution des appartements de la Reine était bouleversée. L’oratoire et la chambre contiguë de Marie de Médicis étaient réunis pour former la salle des gardes. Dans la chambre à coucher d’apparat, où apparaissaient des colonnes en marbre du Languedoc, on installait les garçons de salle et les huissiers. Le Cabinet Doré devenait le salon des messagers. La grande salle d’introduction se transformait en salle de Réunion pour les sénateurs. Dans la partie centrale et la chapelle était aménagée la Salle des séances du Sénat, pendant qu’à côté, à l’Est, on réservait le salon de l’Empereur.

Sur la terrasse faisant face au jardin, et qu’on avait couverte et fermée, on installait les petites archives et quelques rayons de livres.

Dans les combles, les grandes archives et la Bibliothèque.

Enfin, à l’Est, des localités étaient aménagées pour les bureaux, les commissions et le musée.

Chalgrin, qui était fort audacieux, n’avait pas hésité, pour gagner la place nécessaire au dais et au placement des 80 membres du Sénat Conservateur dans la Salle des séances, à supprimer le mur où se trouve aujourd’hui la cheminée monumentale, à évider les piliers de la façade, qui supportent le fronton au Nord. Il en résulta des tassements qui nécessitèrent plus tard d’onéreuses reprises.

Dans le grand escalier d’honneur, il rapporta les colonnes qui supportent la voûte.

Un jour vint où le Sénat eut le sentiment qu’il était trop à l’étroit. Il demanda à Chalgrin s’il ne serait pas possible de lui accorder plus d’espace. Et Chalgrin, qui partageait les préventions de Soufflot contre la saillie des pavillons d’angle, proposa d’ajouter deux ailes au Palais, pour lui donnera la fois plus de « grâce » et de surface. Voici le rapport qu’il adressait le 16 floréal, an XI, à la Commission administrative du Sénat :

 

Paris, ce 16 floréal an XI.

 

« L’architecte du Sénat ayant rempli les intentions de la Commission en isolant le Palais sur ses parties latérales, croit de son devoir de lui faire connaître les motifs qui l’avaient déterminé à faire construire deux bâtiments en aile au levant et au couchant sur le jardin.