Notice Historique sur  l'Hostel-Dieu de Coulommiers - Didier Moreau - E-Book

Notice Historique sur l'Hostel-Dieu de Coulommiers E-Book

Didier Moreau

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Beschreibung

Les prémices d'une Maison-Dieu apparaissent à Coulommiers dès le début du XIIe siècle. C'est lors de la première croisade que la très grande et pieuse générosité du sieur Thibault se manifeste pour accueillir, sur leur chemin, les pélerins impécunieux. Très vite, il est assisté par les habitants de la ville animés d'une fraternité respectueuse. Au fil des siècles la Maison-Dieu devient un Hôtel-Dieu capable d'accueillir les malades ainsi que les pauvres vieillards puis un hospice et, enfin, un hôpital. Son destin fut ponctué d'embûches et de malheurs mais aussi de grâces et de réjouissances à l'image du pays de Brie. Ce fier refuge peut s'enorgueillir de son passé bienfaiteur de même que de son présent salvateur. Emblême et fleuron de notre patrimoine, son histoire se lit à travers les épisodes météorologiques, les combats et les épidémies.

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L'hospice (l'Hôtel-Dieu) de Coulommiers au début du XXe siècle.

Quis non potest intelligere oblitus præteritum et futurum

Qui oublie le passé ne saurait comprendre l’avenir.Lucius Annæus Seneca Sénèque

Table des matières

Notes préliminaires

La Maison-Dieu et la Maladrerie XIII

e

L'Hôtel-Dieu de Coulommiers et la Maladrerie

Le prieuré du Paraclet

L'Hôtel-Dieu XIV

e

Jacques de Patras

L'Hôtel-Dieu XV

e

Le pré de Coupe-Oreilles

L'Hôtel-Dieu XVI

e

La léproserie de Saint-Lazare

L'Hôtel-Dieu XVII

e

La peste

Catherine de Gonzagues

L'Hôtel-Dieu XVIII

e

La Révolution

L'Hôtel-Dieu XIX

e

Les sœurs de Saint-Vincent de Paul

L'Hôtel-Dieu devenu Hôpital-Hospice XX

e

Edouard Lucien Désiré Abel-Leblanc

René Arbeltier

Naissance de l'Hôpital de la Ville Haute

L'Hôpital Abel-Leblanc XXI

e

Le Pôle santé

Le

GHEF

Donations et legs

Au fil du temps

Photographies et plans

Chronogramme historique

Ouvrages consultés

NOTES PRÉLIMINAIRES

Le droit à l'hospitalité était sacré chez les anciens. Il s'exerçait non seulement dans les familles mais aussi entre les villes et même les provinces. Les étrangers de passage, les voyageurs et les marchands, se trouvaient invariablement privés de relation avec les habitants lorsqu'ils séjournaient momentanément dans un lieu habité mais inconnu. Les grecs, déjà, avaient fondé dans plusieurs villes et, dans cette prévision, des établissements nommés ξενοδοχία (xenodokhía)*. Les citoyens recevaient ces itinérants et pourvoyaient gratuitement à leurs besoins. Vitruve (Marcus Vitruvius Pollio) emploie le mot hospitalia pour désigner les appartements séparés que l'on affectait spécialement à l'exercice de l'hospitalité envers les étrangers (De architectura, 1er siècle avant J-C).

Dans le pays de Brie, les notions de 'droit à l'eau' et d'hospitalité subsistent depuis des siècles. 'L'assiette du pauvre', ce couvert supplémentaire dressé ostensiblement à l'adresse d'une âme démunie, encense les principes de l'éducation.

* Hospitalité : Nom commun ξενοδοχεῖον, ksenodokheion : hôtel, auberge, lieu qui accueille les étrangers.

Le soir de Noël, frimas mordants, le gueux le plus esseulé accédait de coutume à une soupe chaude et pouvait se réjouir d'une couche de paille et, à la Toussaint, il était d'usage de distribuer aux orphelins des petites douceurs sucrées appelées niflettes(*) afin d'apaiser leur désolation et de mettre fin à leurs pleurs.

Alors que les principes d'hygiène étaient encore embryonnaires, l'on recevait et l'on côtoyait indifféremment le passant robuste et sain comme l'indigent souffreteux ou contagieux.

Dans les campagnes, la notion de maladie se confondait couramment avec une sanction divine. Il était fréquent, ou usuel, de prier pour son rétablissement sans autre forme de remède.

Si les maisons romaines et les cités gallo-romaines connaissaient une relative discipline durant la Pax Romana, les invasions, les guerres et les migrations firent se répandre vigoureusement des maux jusque-là supportables.

Note sur les niflettes

Les niflètes sont des petites tartelettes de 5 à 6 cm de diamètre en pâte feuilletée garnie de crème pâtissière.

Son nom pourrait venir du latin ne flete signifiant 'ne pleure pas'. Mais il pourrait aussi être issu du vieux françois nifler devenu de nos jours 'renifler'.

Le VIe siècle vit apparaître la première pandémie connue, appelée 'peste de Justinien'. On trouvera encore sa trace, et ses effets dévastateurs, jusqu'au milieu du VIIIe siècle, sous le règne de Charlemagne.

De grands bouleversements météorologiques se font sentir dès les premières décennies de l'an 1000. Ils entraînent d'importantes famines en 1032 et en 1033. De nouveau, en 1074 et en 1077, les gelées sont persistantes de novembre à avril. Elles paralysent les moulins, entravent le commerce, annihilent tout développement. Puis viennent les sécheresses et les hivers douillets de 1094 et 1097 entraînant de nouveau les famines et leurs conséquences, à savoir l'émergence de bandes de routiers(*), ces mercenaires qui pillaient et accablaient des plus cruelles exactions.

Sous le joug de la disette et du dénuement, les maladies et les épidémies réapparaissent, plus sournoises, plus violentes. La peste est de nouveau signalée dans le royaume et dans les comtés.

Note sur les routiers

Les routiers étaient des bandes de paysans désœuvrés ou ayant perdu leurs terres. Souvent menées par des seigneurs bâtards, ces compagnies redoutables écumaient les campagnes et les routes, pillaient et détroussaient avec force cruauté. A la fin du XIIe siècle, Philippe Auguste tenta de décimer ces malandrins qui désolaient et ruinaient les pays qu'ils traversaient.

En 1125, l'hiver est non seulement très froid mais très long. Les rivières ainsi que la Seine, la Loire et le Rhin sont gelés. Puis l'été arrivant est très chaud et particulièrement sec. Les récoltes sont sévèrement maigres, souvent inexistantes.

En 1183, une canicule persistante provoque une sécheresse redoutable et meurtrière : la ville de Chartres brûle, les récoltes, échaudées(*), sont pitoyables préméditant de nouvelles famines et autres épidémies.

Note sur l'échaudage (échaudées)

L'échaudage est un accident de croissance des grains de céréales dû à une chaleur excessive ou à une attaque parasitaire. Il se traduit par un manque de maturation des grains ou par leur rareté.

Durant cette période troublée du XIIe siècle, à l'autre bout du monde, chez les chrétiens d'orient, un guerrier Kurde du nom de Saladin a réuni les terres d'Égypte et de Syrie. La religion musulmane intensifie son emprise. Ce sultan guerrier oriente ses vœux vers la reconquête des terres arabes occupées depuis plus d'un siècle par les Francs(*). La route vers Jérusalem s'en trouve menacée, voire coupée. Saladin ranime le djihad (la guerre sainte contre l'infidèle). Le 3 Juillet 1187, son armée est victorieuse à Hattîn, près du lac de Tibériade. Guy de Lusignan et 300 soldats croisés sont massacrés. La ville de Jérusalem est conquise dans les mois suivants. Plusieurs milliers de chrétiens sont envoyés en esclavage.

La nouvelle de l'occupation de la ville sainte fait grand bruit en occident. Le tombeau du Christ menacé, les reliques perdues, les sanctuaires profanés raniment la fougue des dignitaires de l'église. Le peuple réclame une troisième croisade. Philippe II dit 'Auguste' s'embarque de Messine le 30 Mars 1191 en direction de Acre où il perdra l'usage d'un œil. Il rentre à Paris affaibli et diminué le 27 décembre 1191.

* Francs : Nom donné aux chrétiens d'occident arrivés à la fin du XIe siècle lors des premières croisades.

Tous ces événements, mêlés aux 'fléaux de Dieu', exaltent la foi des paroissiens. Les juifs sont chassés du domaine de France. Le roi Philippe Auguste, en monarque pieux, fait édifier l'Hospice Sainte-Catherine à Paris en 1185. D'autres constructions suivront dans le royaume pour héberger les pèlerins et les indigents. Son fils, Louis VIII dit 'le lion', poursuivra sa quête de la piété et de la charité.

Le royaume de France en 1180

Le 8 novembre 1226, l’aîné des cinq fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, Louis IX, devient roi de France. Son nom de Saint-Louis restera dans l'Histoire au sortir de sa canonisation, en 1287.

Ce roi très pieux, élevé dans la ferveur catholique, altruiste, proche des ordres mendiants(*) et disciple des principes de Saint-Colomban fondera, encouragera ou subventionnera de multiples hospices, hôpitaux et monastères. Il suivra avec attention l'achèvement de la cathédrale Notre-Dame de Paris et de sa grande rosace.

Après le mariage de Thibault V de Champagne avec sa fille Isabelle de France, en 1255, les terres du comté de Champagne sont placées sous sa dépendance. Coulommiers rejoint, en l'an 1256, le domaine royal.

Tout comme son grand-père, Philippe Auguste, il martyrise et dépouille, vers la fin de son règne, les juifs qu'il qualifie d'usuriers. Puisqu'il échoue à les convertir, il tente de les mortifier en leur imposant le port de la rouelle(*voir page suivante). Durant son règne, ce saint roi aura bénéficié de conditions clémentes, sans famine ni épidémie. Louis IX, dit Saint-Louis, décède à Tunis dans l'année 1270, des suites du scorbut, lors de la 8e croisade.

Note sur les ordres mendiants.

Les ordres mendiants ne sont pas cloîtrés comme les ordres monastiques. Ils dépendent de la charité pour vivre, prêchent et mendient librement au sein du peuple et se consacrent au service des pauvres. Ces ordres sont au nombre de quatre : les Dominicains et les Franciscains pour les plus importants, puis les Carmes et les Augustins (ermites de Saint Augustin).

La fin du XIIe siècle et le XIIIe siècle recensent un élan de la foi et une relance de la charité, motivés par de pieux monarques fervents catholiques. Les élévations d'églises, de chapelles et de cathédrales se multiplient. La construction de la cathédrale de Paris débute en 1163, puis celle de Chartres en 1194. La cathédrale Saint-Etienne de Meaux s'élance en 1175, sous la tutelle de Henri Ier, comte de Champagne et de Brie.

Les abbayes cisterciennes ou bénédictines éclosent aux quatre horizons du domaine royal ou des comtés. Celle de Molène naît en 1075 ; les cloîtres bénédictins de Clervaux en 1115 et celui de Cluny en 1130. L'abbaye cistercienne de Cîteaux est fondée en 1193 et l'abbaye de Fontenay consacrée en 1147.

Les maisons de charité, les Maisons-Dieu, Hôtels-Dieu, hospices et hôpitaux ne sont point en reste. Les léproseries et les maladreries naissent un peu partout sous l'influence des seigneurs et des notables ainsi que des habitants.

Note sur la rouelle ou roue.

Ce signe vestimentaire distinctif imposé aux juifs était un morceau d'étoffe circulaire de couleur jaune porté ostensiblement à la ceinture ou à la poitrine et sur le dos. Ce durcissement envers les hérétiques juifs fut ordonné par le pape Innocent III à la suite du concile de Latran en 1215.

Pour recueillir les indigents aveugles de Paris Louis IX fonde l'Hospice des 'Quinze-Vingts' auquel il accorde une rente de 30 livres parisis. Celui-ci est terminé au mois de juin 1260. Auparavant, en 1248, il avait commandé la restauration de l'Hôtel-Dieu de Paris et fait édifier, la même année, l'Hôtel-Dieu de Vernon pour une somme de 30000 livres et dans lequel 25 religieuses officieront.

Outre les activités journalières communes et celles qui consistaient à prier le plus souvent possible pour la famille royale et les bienfaiteurs, le travail des pensionnaires était principalement la quête. Lorsqu'il s'agissait d'argent, la totalité de la somme était remise à la communauté. Les quêtes de pain étaient, elles, généralement partagées équitablement entre le mendiant et l'établissement.

Ces actes royaux dévoilent, pour la première fois dans l'histoire, l’existence des responsabilités de la monarchie vis-à-vis des infirmes et de la population délaissée. Cette empathie monarchique pose les premiers jalons de la prise en charge par l'État d'une situation sociale jusque-là abandonnée à l'Église et à la générosité des particuliers.

***

LA MAISON DIEUetLA MALADRERIE

de leur fondation au XIIIe siècle

Maison Dieu ou Hôtel-Dieu est un mot générique que l'on voit émerger principalement au cours du XIIe siècle. Il désignait avant tout un établissement refuge pour les miséreux ou les errants, s’apparentant à un lieu de soin et de réconfort. A l'origine, il était mal aisé de distinguer les Hôtels-Dieu des hospices ou des hôpitaux. Il semblerait que les Maisons Dieu ou Hôtels-Dieu aient été désignés ainsi parce qu'ils étaient dirigés et gérés par des évêques, contrairement aux hospices ou aux hôpitaux qui l'étaient par des ordres religieux ou des laïcs.

Lors de sa création, l'Hôtel-Dieu accueillait l'ensemble des indigents et des voyageurs. Du vieillard impotent au gueux malade, en passant par le pèlerin impécunieux, tous pouvaient séjourner momentanément entre ses murs pour espérer y trouver quelque réconfort.

Mais, très vite, une orientation, une spécialisation, s'opéra parmi l'ensemble des établissements émergeant de l'esprit de charité. L'Hôtel-Dieu se refusa aux pèlerins pour s'orienter vers les souffreteux, les malades ou les âmes bienfaitrices en fin de vie. Cependant, il fallait nécessairement être fervent chrétien et faire don de ses biens pour être admis ad domus.

Les soins promulgués dans ces maisons salvatrices étaient rudimentaires, la médicalisation primitive et les notions d'hygiène quasi inexistantes. Avec les pensionnaires, généralement entassés dans des couches communes au mépris des infections et des contagions, le bâtiment devenait souvent un dangereux centre de propagations bactériennes et de contaminations. Les tentatives de guérisons étaient davantage dirigées vers l'âme et l'esprit que vers le corps. Les soins étaient alors considérés comme une œuvre de miséricorde, une dévotion chrétienne. La priorité était donnée à la confession, à la communion et à la prière si bien que les salles communes s'apparentaient souvent à de véritables chapelles.

A cette époque du Moyen-Âge, hormis la peste et la lèpre, les maladies les plus graves s’appelaient dysenterie, typhus, choléra et scorbut. La fièvre typhoïde, souvent confondue avec le typhus, ne sera reconnue qu'au XVe siècle.

La médecine efficiente était balbutiante ; elle se rappelait des traités hérités de l'Antiquité et conservés dans les monastères ou dans les bibliothèques de quelques abbayes. Les remèdes étaient exclusivement naturels et spirituels. Les règles d'hygiène se trouvaient réduites au lavage des plaies à l'eau vinaigrée, au lavage des mains à la cendre de bois et à l'usage de pansements non seulement propres mais aussi repassés.

Pour la médication proprement dite, outre la pratique de la saignée à l'aide de sangsues, l'on avait presque exclusivement recours aux simples, ces plantes médicinales que chacun prélevait dans la nature ou que les moines cultivaient jalousement.

Ces simples étaient gérées grâce à la 'théorie des signatures'. Cette théorie avait pour dogme que le principe de la compréhension du monde est lié à l'apparence des créatures qui révèlent leur usage et leur fonction. Dieu aurait ainsi placé des marques sur chaque créature, invitant l'homme à les reconnaître et à en user religieusement :

La sauge, qui se dit salvare en latin, se doit d'être toujours présente dans un jardin. Le saule sera planté prioritairement près du bouge ou de la longère : ses décoctions de jeunes feuilles apaiseront l'être souffreteux. La passiflore, dont la fleur évoque la passion du Christ, sera un puissant anxiolytique. La bourrache ou la consoude sera un énergique cicatrisant en cas de blessure due à une lance ou une flèche.

On dit aussi que l'angélique, cette grande herbacée de presque six pieds de haut, protège contre la peste.

Ce n'est qu'au XIVe siècle que, dans les villes importantes, l'on recevra des médecins ou des barbiers, payés, officiant à demeure et à temps complet.

L'Hôtel-Dieu de Coulommiers semble avoir été fondé autour de l'année 1140, sous le règne de Louis VII, alors que Coulommiers n'appartenait pas encore au domaine royal mais se trouvait sous la tutelle de Henri Ier, comte de Champagne et de Brie. Cette maison hospitalière fut initialement un refuge charitable de secours et d'asile pour les pèlerins démunis ou les ouailles de retour de croisade. Cette halte bienfaitrice remplit ce rôle pendant une quarantaine d'années puis, vers l'an 1180, s'orienta vers une maison de secours et d'assistance pour les indigents et les vieillards. Elle prit alors le nom de 'Maison Dieu'.

A cette époque, l'établissement se composait de huit bouges. Le bouge prend ici le sens de petit habitat ne comprenant généralement qu'une pièce et un emplacement de feux. Les maisonnettes étaient d'usage construites en bois, très étroites et massées les unes contre les autres. Elles étaient très proches des anciens logis gaulois, d'une largeur de sept à dix pieds de large, d'un étage accessible par un escalier à vis.

Cette Maison Dieu était située hors de l'enceinte de la ville, derrière les premiers fossés bordant les premiers remparts. Les bouges ou 'chas-bas' bordaient une cour commune dont l'ensemble formait les corps de bâtiments du sieur Thibuald avec son entrée par une porte cochère donnant sur une rue alors appelée la rue du puits Girost. Le puits qui, en effet, était au centre de la cour était un puits commun. La rue prit ensuite, au fil du temps, les noms de 'chemin du Roy', 'rue de l'Hôtel Dieu' puis 'rue de la Porte de Meaux' (au XXe siècle elle portait le nom de 'rue de la Ferté-Sous-Jouarre' puis aujourd'hui 'rue du Docteur René Arbeltier').

On ignore véritablement la nature des premiers bienfaits exercés dans ce rassemblement. Les quelques personnes charitables qui demeuraient dans cette cour commune nourrissaient et logeaient chez elles des pauvres et leur donnaient les secours nécessaires au soulagement de leurs infirmités. Ce sont ces mêmes personnes qui, désirant que cette charité fut exercée pareillement après leur mort, léguèrent leurs biens au profit de cette institution.

Le sieur Thibuald, charitable hospitalier, hébergeait d'abord les pèlerins chez lui et encourageait ses voisins et locataires généreux à parcourir la ville et les campagnes afin de collecter des aumônes soit en comestibles, soit en argent. Ces dons étaient ensuite centralisés dans le dépôt collectif de sa maison. Cette assistance et ce secours aux pèlerins eurent lieu pendant une quarantaine d'années.

Lorsque plusieurs mois se furent écoulés sans qu'aucun pèlerin ne se soit présenté, l'on décida d'admettre dans ces bouges désertés les pauvres et les vieillards démunis de la ville pour partager les aumônes qui avaient été amassées.

C'est véritablement autour de cette année, 1180, que cet ensemble prit le nom de 'Maison Dieu' sans qu'aucun fondement ou statut royal ne lui ait été accordé.

Plan supposé de la 'Maison Dieu'

Gravure de B. Roulet (Promenade dans les rues de Coulommiers), 1980.

Pour satisfaire à l'asile d'éventuels pèlerins, bien que leurs visites soient devenues moins fréquentes, le gentil Thibuald(*) leur attribua un autre logis dans le même corps de bâtiment, attenant à la porte d'entrée de la cour, près de la porte de Meaux (deuxième clôture). Cet asile prit le nom de 'Hostellerie de la Maison Dieu'.

Cet office perdurera jusqu'en 1516, date à laquelle la bâtisse a été donnée en location à un certain Jean Feulles.

Note sur le droit de feuage

Le droit de feuage (fouage) est un impôt perçu par les seigneurs sur chaque ménage roturier. C'est une contribution directe qui s'applique à toutes les cheminées dans chaque habitation et repose sur l'existence d'un feu ou d'un foyer.

Note sur le cartulaire

C'est un registre qui contient les titres de propriétés ou les privilèges temporels d'une église ou d'un monastère, d'une abbaye ou d'un prieuré.