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Beschreibung

Maurice : Ici s’est jouée l’Histoire. À la croisée des grandes routes maritimes qui reliaient l’Europe aux Indes orientales et à l’Extrême-Orient, l’Europe à l’Afrique. l’Afrique à l’Asie, c’est à l’île Maurice qu’accostèrent les boutres arabes. les caraques portugais. les galions ou caravelles hollandais et espagnols, les goélettes ou voiliers français et anglais… De cet incessant « trafic maritime » , et humain, qui dura du XVIe au XIXe siècle, est née l’île-mosaïque.
Peuplée de descendants d’esclaves africains et malgaches d’abord, d’Indiens. de descendants d’Européens, de Chinois, elle est une petite planète, un miracle de coexistence entre hindous, chrétiens. musulmans, tamouls. taoistes et bouddhistes. La littérature ne pouvait rendre cette richesse que par un imaginaire unique. Une littérature d’une grande diversité est née du terreau mauricien, irrigué par la mer indienne.
Alors que la mondialisation des échanges progresse, que le monde devient un pour tous, des mondes-miniatures s’imposent, des pays et des régions entières affirment leur identité, revendiquent leur histoire ou leur langue, réinvestissent pleinement leur espace. Quoi de plus parlant qu’une miniature, la nouvelle, pour lever le voile sur ce monde-là, celui d’une diversité infinie et porteuse d’espoir ?

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Couverture

Page de titre

Avant-propos

Ici s’est jouée l’Histoire. À la croisée des grandes routes maritimes qui reliaient l’Europe aux Indes orientales et à l’Extrême-Orient, l’Europe à l’Afrique, l’Afrique à l’Asie, c’est à l’Île Maurice, appelée ainsi en l’honneur du prince hollandais Maurice de Nassau, mais aussi à son île-sœur, l’île de La Réunion, qu’accostèrent les boutres arabes, les caraques portugais, les galions et les caravelles hollandais et espagnols, les goélettes et les voiliers français et anglais, et tous ces navires-marchands chargés d’épices, de poivre, de clous de girofle, de cannelle, de muscade, d’ébène, de sucre, d’or, de pierres précieuses, de perles, d’ivoire, d’ambre, de porcelaines, de diamants, de musc, de tapisseries avant de poursuivre la traversée de l’immense océan Indien et d’affronter ses violentes moussons, en route vers les Indes orientales ou retour d’Extrême-Orient.

De cet incessant « trafic maritime » qui dura du XVIe au XIXe siècle, et qui s’accompagna d’un « trafic » humain, est née l’île-mosaïque. Peuplée de descendants d’esclaves africains et malgaches d’abord, d’Indiens arrivés là sous le règne des Anglais, de descendants d’Européens, de Chinois, soit un million deux cent trente-huit mille habitants au total aujourd’hui, elle est une petite planète où se rejoignent les mondes indien, malgache, africain et européen. Un monde miniature où l’on parle français, anglais, créole, bhojpuri, hindi, tamoul, telegu, urdu, hakka, arabe, mandarin, marathi, gujerati. D’une polyvalence qui fait sa particularité, Maurice offre un prototype original de métissage « biologique et culturel » qui préfigure l’avenir de l’humanité, dans sa marche irréversible vers le mélange et la mixité des races. Elle est un « miracle de coexistence » entre hindous, chrétiens, musulmans, tamouls, taoistes et bouddhistes.

Une spécificité de Maurice : « Le climat, le métissage psychique commun aux divers pays et races mêlées qui composent le substrat des îles australes de l’océan Indien et qui se manifeste à travers le brassage de leurs ethnies, de leurs coutumes, de leurs pensées et croyances ainsi que dans leur(s) littérature(s) » écrivait le Mauricien Camille de Rauville, auteur de L’Indianocéanisme.

La littérature ne pouvait pas ne pas rendre cette riche expérience autrement que par un imaginaire unique. Paul et Virginie, de Bernardin de Saint-Pierre, fit certes beaucoup pour la renommée de l’île. Mais une littérature d’une grande diversité est née du terreau mauricien, irrigué par la mer indienne, du fait du multi-linguisme de beaucoup de Mauriciens. Malcolm de Chazal le grand aîné ouvrit la voix à une littérature moderne. Ananda Devi, Shenaz Patel, Vinod Ruhoonundun, Bertrand de Robillard, Sailesh Ramchurn, mais bien d’autres encore… Elle a été traversée par des thèmes aussi divers que l’exotisme, le métissage, les conflits sociaux et raciaux, l’indianocéanisme ou, plus récemment, par des constructions alliant postmodernisme et post-structuralisme. Les voix en provenance de Maurice sont uniques de douceur indienne et de violence rentrée. Elles méritent qu’on les entende.

Pierre Astier

Shenaz Patel est née en 1966 à Rose Hill (Île Maurice), où elle vit. Elle exerce le métier de journaliste depuis 1985, d’abord au sein d’un journal politique (Le Nouveau Militant, dont elle a été rédactrice en chef), puis du principal hebdomadaire de l’île (Week-End) où elle se passionne plus particulièrement pour le secteur Culture et Société, et anime une rubrique éditoriale sous le titre Interrogations. « L’écriture littéraire est pour moi une autre respiration, toute aussi primordiale, tant ce qu’on appelle “la fiction” rend vrai le mystère du monde et de ceux qui tentent de l’habiter, de s’habiter », dit-elle.

Elle a aussi participé en 2000, avec un groupe d’écrivains mauriciens, à la création de la revue littéraire Tracés, revue qui ambitionnait d’offrir un nouvel espace de rencontre autour de la littérature mauricienne contemporaine.

Un monde de douceur, publiée ici, est une nouvelle nostalgique, toute en finesse, où les thèmes chers à Shenaz Patel sont développés, que ce soit l’évocation d’une Île Maurice où la terre a tant compté pour des générations d’immigrants et leur descendance, ou celui du devenir des îles de l’océan Indien.

Repères bibliographiques

Shenaz Patel est l’auteure de trois romans : Le Portrait Chamarel (Grand Océan, Saint-Denis de La Réunion, 2002, prix Radio France du Livre de l’océan Indien 2002), Sensitive (Éditions de l’Olivier, Paris, 2003), Le Silence des Chagos (Éditions de l’Olivier, Paris, 2005, prix Soroptimist de la Romancière francophone, Grenoble, 2006 ; Grand Prix Littéraire des océans Indien et Pacifique, Paris 2006). Elle a publié également de nombreuses nouvelles en français ou en créole mauricien, dans la « Collection Maurice » dirigée par Rama Poonoosamy et Barlen Pyamootoo (Publication Immedia, Port-Louis), ainsi qu’une pièce de théâtre : La Phobie du caméléon (prix Beaumarchais des écritures dramatiques de l’océan Indien 2005).

UN MONDE DE DOUCEUR

C’est le silence, à chaque fois, qui le frappe.

La sensation d’une masse énorme qui choit soudain au milieu de sa cervelle, le poussant instinctivement à porter les deux mains à ses oreilles, pour ne pas laisser s’écouler ce qu’il y aurait là.

Chaque matin, la même latence, qui magnifie l’irruption brutale de ce silence. Un silence qui abolit le temps.

Son horloge intérieure ne lui fait jamais défaut. Il n’a pas besoin de tourner la tête vers la phosphorescence des aiguilles qui tictaquent lentement au cadran du réveil posé sur la commode. Dès que parvient à sa conscience le poids de son corps allongé sur la dureté du matelas, avant même d’ouvrir les yeux, il sait déjà qu’il est quatre heures. À ses côtés, il perçoit la respiration tiède de Lakshmi. Le bras rejeté derrière la tête, ses cheveux grisonnants échappés du gros élastique qui les noue en début de nuit, elle dort dans un abandon auquel seul le sommeil semble l’autoriser.

Lui, il attend. Il sait qu’il ne devrait pas. Ne devrait plus. Mais il ne peut s’empêcher d’espérer, qu’aujourd’hui, peut-être, à nouveau.