Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Extrait : "QUI VOUDRA VOIR - Qui voudra voir comme Amour me surmonte. Comme il m'assaut, comme il se fait vainqueur. Comme il renflame et renglace mon cœur. Comme il reçoit un honneur de ma honte : Qui voudra voir une jeunesse pronte A suivre en vain l'objet de son malheur, Me vienne lire, il voirra ma douleur, Dont ma Deesse et mon Dieu ne font conte."
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 331
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
EAN : 9782335001143
©Ligaran 2015
Nous suivrons dans le choix que nous allons faire la division adoptée et consacrée dans toutes les anciennes éditions de Ronsard. C’est donc par les Amours en sonnets que nous commencerons. Les contemporains ont loué dans les sonnets adressés à Cassandre l’érudition, ou comme on disait, la doctrine, et une grande élévation de pensées ; et dans les sonnets adressés à Marie et Hélène, plus de douceur, de naturel et de délicatesse. Cette distinction, avouons-le, n’est pas très frappante pour nous. Parmi ces centaines de sonnets uniformes, nous n’en choisirons qu’un assez petit nombre, et notre attention se portera de préférence sur les jolies chansons qui s’y trouvent entremêlées.
Il paraît que cette Cassandre était une demoiselle de Blois. On lit dans le 136e sonnet du premier livre :
L’or de ses nouds, l’or de ses nœuds. – Tant doucement, ainsi Pétrarque :
L’or crespe, l’or frisé des cheveux.
Ce sonnet, est un peu alambiqué ; mais tout le second quatrain est délicieux, surtout le vers
Il respire une sensibilité molle et naïve.
Ce sonnet est pris de Pétrarque : Grazie, ch’a pochi’l ciel largo destina, etc. Quoique fort joliment tourné, il est inférieur à l’original. – Une vertu de telle beauté digne, on prononçait dine. – Un cœur ja meur en un sein verdelet traduit parfaitement Sotto biondi capei canuta mente. – Avec un chant découpé doucement, Coi sospir soavemente rotti.
Admirable sonnet. Ronsard identifie sa maîtresse Cassandre avec l’antique prophétesse de ce nom, et se fait prédire par elle ses destinées, qui se sont accomplies presque à la lettre. Il mourut en effet tout infirme et cassé, dans un âge peu avancé encore. Ses neveux ont ri de ses soupirs, et il a été fait la fable du vulgaire. – Avant le soir. Vers tout moderne, qu’on croirait d’André Chénier, – Pour abuser les poètes. On faisait alors poète de deux syllabes ; on le trouve encore ainsi dans Regnier. – Et vainement tu peindras dans les cieux. Peindre dans les cieux est une expression magnifique et splendide qui va au sublime. – D’un dextre éclair. On pensait anciennement que les foudres et les éclairs du côté gauche étaient signes et présages de bonheur, et ceux du côté droit, de malheur.
Le commencement est imité du Bembe. On remarquera ce cep voluptueux,
Voilà des images poétiques qu’on chercherait vainement dans nos poètes avant Ronsard et Dubellay.
L’idée de ce sonnet n’a rien de bien neuf ; mais les deux derniers vers sont pleins de mouvement, et rendent à merveille l’impulsion imprimée à l’âme.
Ce sonnet est pris du Bembe : Si come suol, poiche’l verno aspro e rio, etc., etc. Il n’est pas inférieur à l’original, et j’oserai même dire que je le lui préfère. Le charmant vers : Pour mieux brouter la fueille emmiellée appartient tout entier à Ronsard ; et cet autre vers, allègre et sémillant, Libre s’égaye où son pied le conduit, vaut mieux que Ovunque più ta porta il suo desio.
Ainsi Tibulle :
Ainsi Properce, Ovide, et tous les élégiaques de l’antiquité.
De pareilles beautés ne réclament ni ne souffrent aucun commentaire. Bien malheureux qui, en lisant ces vers, n’y verrait que des scènes de plaisir et des espiègleries folâtres ! Tout cela y est, et de plus, surtout vers le milieu, il y a des larmes, larmes de tristesse autant que de volupté…. .
Lucrèce .
Ou pour parler avec Lamartine :
Imité de Pétrarque : Senuccio ; i’vo’che sappi in qual maniera, etc.
Icy chanter :
Il faut avouer que ces deux derniers vers de Pétrarque sont bien au-dessous des deux vers correspondants de Ronsard, qui offrent une riche et gracieuse image.
Ingénieux et bien tourné. Il paraît que l’invention appartient à Ronsard.
Le tableau du premier quatrain est parfaitement touché : cet air pensif, cette tête penchante, et cette façon d’exprimer la rêverie : Toute amusée avecs ta pensée ! La Fontaine eût-il pu trouver mieux ?
Dédaigné de la fière Cassandre, le poète se console avec Marie, qui paraît avoir été une simple fille de Bourgueil ; Belleau va même jusqu’à dire qu’elle servait dans une hôtellerie de l’endroit. Ces nouvelles amours sont célébrées sur un ton un peu moins fastueux que celles de Cassandre. La jeune Marie ne tarda pas à mourir, et le poète a déploré ce trépas prématuré comme Pétrarque a fait celui de Laure. M. Nodier dans sa belle collection possède un livre d’heures qui pourrait bien avoir appartenu à cette Marie, et sur lequel on lit les vers suivants, qui sont de la main de Ronsard.
Au reste, la discussion de ce point piquant de bibliologie a fourni matière à un intéressant chapitre des Mélanges tirésd’une petite bibliothèque, que le public lettré attend avec une si vive impatience.
Ainsi Tibulle :
Belleau, qui a commenté ce sonnet, en trouve avec raison les mignardises plus belles en leur simplicité que toutes les inventions alambiquées des Espagnols et de quelques Italiens. – Marie se comptait de trois syllabes, parce qu’on faisait sentir l’e final. – Harsoir, pour hier soir.
Ce sonnet pourrait être de Marot, tant il est facile et naturel.
Je traverse parmi les espions. Malgré notre prédilection pour l’enjambement, nous trouvons celui-ci un peu hasardé ; pourtant il n’est pas trop mal en rapport avec l’idée exprimée, et oblige le lecteur de traverser le vers furtivement et comme à la dérobée parmi les espions. – Le dieu Pan. Pan, étant amoureux de la Lune, l’obtint moyennant la toison d’une brebis blanche :
Munere sic niveo lanæ (si credere dignum est)
Pan, deus Arcadiæ, captam te, Luna, fefellit.
Virgile, Georg.
N’a place dans le ciel. Vers d’une justesse ingénieuse et d’un sentiment exquis.
Chanson aimable et naïve d’un rythme léger et courant, tout à fait dans le goût de Marot ou de Saint-Gelais. – Une jeunette mauvaistié. Il est à regretter que ce substantif mauvaistié n’ait pas été conservé dans la langue ; malice n’est pas son équivalent. Ronsard a dit ailleurs à sa maîtresse dans le même sens :
Ha ! tu fais la mauvaise !
Qui m’est plus douce et non si belle. Vers exquis, comme nous en avons déjà rencontré tant de fois.
Chanson
Toute cette pièce est prise du latin de Marulle :
Nous la citons surtout pour le rythme, qui est de l’invention de Ronsard. Si les petits vers, troisième et sixième de chaque strophe, avaient quatre pieds au lieu de trois, ce serait précisément le rythme de la Jeune Captive. Or il y a un grand charme et une singulière impression pour les oreilles délicates dans ce petit vers féminin qui vient après les deux grands vers masculins. Si la rime masculine portait sur le petit vers, et si celle des alexandrins était féminine, on n’aurait plus la même impression, et le rythme, quoique d’un fort bon effet, serait plus ordinaire et moins savant.
Thoinet et Perrot.