Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Extrait : "Ma chère amie, En me disposant à visiter Paris, j'ai bien certainement eu l'intention de publier mon opinion sur ce que je verrais ou entendrais dans cette capitale; et afin d'être aussi fidèle que possible dans ma description, je m'étais proposé de suivre mon ancienne habitude et d'inscrire dans mon journal tout ce qui me paraîtrait offrir quelque intérêt, les grandes choses comme les petites."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 311
Veröffentlichungsjahr: 2015
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Difficulté de rendre compte systématiquement de ce qui se passe aujourd’hui en France. – Plaisir de revoir Paris après une longue absence. – Ce qu’il y a de changé. – Ce qui est reste de même.
Paris, 11 avril 1835
Ma chère amie,
En me disposant à visiter Paris, j’ai bien certainement eu l’intention de publier mon opinion sur ce que je verrais ou entendrais dans cette capitale ; et afin d’être aussi fidèle que possible dans ma description, je m’étais proposé de suivre mon ancienne habitude et d’inscrire dans mon journal tout ce qui me paraîtrait offrir quelque intérêt, les grandes choses comme les petites. Mais la tâche que je me suis imposée m’effraie. Il n’y a encore que peu de jours que je suis arrivée ici, et déjà je m’aperçois que mon journal s’étend bien plus que je ne l’aurais voulu. Je me vois embarrassée dans un tel labyrinthe de sujets intéressants, que si je voulais les décrire avec un ordre et une règle quelconque, je me verrais entraînée dans une entreprise bien au-dessus de mes forces.
Tout ce que je pourrais me flatter de faire serait d’effleurer les objets, et en vous écrivant j’aurai du moins cet avantage, que je me dissimulerai à moi-même la présomption qu’il y aurait de ma part à vouloir écrire un ouvrage sur la France, et il me semble que je ne fais que jeter mes notes dans une forme un peu moins familière.
Je m’entretiendrai donc avec vous, comme je le pourrai, des choses qui auront fait le plus d’impression sur moi au milieu des innombrables objets qui frappent de tous côtés mes yeux, et des sons qui retentissent de toutes parts à mon oreille. Si plus tard, nous nous décidons, d’un commun accord, à faire passer ces lettres sous les regards du public, j’ose croire que mes lecteurs ne seront pas assez exigeants pour prétendre que je les instruise en détail de tout ce qui a rapport aux destinées passées, présentes et futures de ce remarquable pays.
Il faudrait en effet que ma plume fût bien hardie pour essayer d’écrire sur la Jeune France, comme on se plaît à l’appeler, avec un ordre ou une précision quelconque, dans un moment où je suis encore environnée de toutes les singulières nouveautés qu’elle me présente. Raisonner sur ce qu’elle a fait, sur ce qu’elle fait encore, et, ce qui est bien plus difficile, sur ce qu’elle s’apprête à faire, quand on ne s’est pas encore bien rendu compte de ce qu’elle est, exigerait une tête plus forte que n’en possède la généralité des personnes.
À dire la vérité, je suis portée à croire que mes descriptions ressembleront beaucoup à ces vers énigmatiques dont on amuse les enfants.
Or, ces vers offrent des vérités toutes simples et toutes naturelles, et le merveilleux ne gît que dans la manière de placer la virgule. Ce sera donc à vous, et aux autres lecteurs que je pourrai avoir, que j’abandonnerai le soin de ponctuer mon récit, et je me bornerai à dire : « J’ai vu ; » car ce n’est pas d’aujourd’hui que je sais que s’il est assez facile de voir ou d’entendre, il n’est pas toujours sûr que l’on ait bien compris ce que l’on a vu ou entendu.
Il y a tout juste sept ans et sept mois que j’ai visité pour la dernière fois la capitale de la Grande Nation. Cet intervalle est long, si on le considère comme faisant partie de la vie de l’homme, mais qu’il est court quand on réfléchit aux évènements qu’il a amenés ! J’ai laissé le blanc drapeau de la France flottant gaiement sur un palais, et je le retrouve arraché, foulé aux pieds. Les lis si renommés, qui pendant tant de siècles furent le symbole de la valeur chevaleresque, sont partout effacés, et l’on dirait que l’écu de saint Louis et François Ier est brisé et renversé pour toujours.
Mais tout cela, dit-on, était des vieilleries. La France est rajeunie, et l’on m’assure que, d’après l’état actuel de l’esprit humain, les choses ne devaient pas se passer autrement. La chevalerie, la gloire, les écussons, les bannières, la foi, la loyauté, et autres bagatelles de ce genre, sont toutes passées de mode. On me dit qu’il suffira que je jette les yeux autour de moi pour me convaincre que la génération actuelle des Français sait parfaitement bien s’en passer ; et l’on ajoute que cette occupation sera beaucoup plus profitable et plus divertissante pour moi que de pleurer sur les vieux souvenirs de leur ancienne grandeur.
La sagesse de cette observation m’a paru si évidente que j’ai résolu d’en profiter ; je me rappelai qu’étant Anglaise ce n’est pas précisément à moi qu’il convient de porter le deuil de la gloire déchue de la rivale de ma patrie. Dorénavant donc je tâcherai, tant que je pourrai, d’oublier le drapeau tricolore qui me déplaît, quand ce ne serait que parce qu’il jure singulièrement avec les règles du blason, et je ne songerai qu’à m’amuser, affaire à laquelle on ne se livre nulle part aussi facilement qu’à Paris. Depuis que j’ai quitté Paris, j’ai fait le demi-tour du globe, mais rien de ce que j’ai vu dans mes voyages n’a pu affaiblir le sentiment de plaisir avec lequel je rentre dans cette ville gaie, brillante, pleine de bruit et de mouvement, dans cette ville que, plus que tout autre, on peut appeler la Cité des Vivants.
Et, en effet, où trouver un lieu dont le souvenir fasse paraître triste l’air de joie perpétuelle qui règne à Paris ? Y a-t-il dans le monde entier des assemblages d’objets d’arts aussi jolis et aussi variés que ceux qui s’y rencontrent à chaque pas ? Quel est le pays où l’âme, oppressée de chagrins, puisse avec plus de facilité oublier un instant ses peines ? Il doit vraiment être froid, usé et mort, le cœur qui ne bondit pas de plaisir en revoyant Paris après une longue absence.
Car, quoique un trône ait été renversé, les Tuileries restent encore ; quoique le principal tronc d’un arbre, vraiment royal, ait été déraciné, une pousse qui restait et qui s’était égarée au loin a été soigneusement barricadée, arrosée, cultivée, afin de le remplacer. Les boulevards sont toujours les mêmes ; et il n’est point de révolution, si violente qu’elle soit, qui puisse faire disparaître cette légère et précieuse essence des attraits de Paris. Les fondements de la société se sont ébranlés, et les vieux ormes des boulevards continuent à jeter leur ombrage sur une foule bigarrée, que l’on pourrait prendre, si ce n’était pour l’imagination toujours active des marchandes de modes et des tailleurs, pour la même qui se réunissait gaiement sous leur vert feuillage quand ces arbres étaient jeunes encore.
Puisqu’il en est ainsi, et puisque divers autres charmes, dont je parlerai à leur tour, continuent à proclamer que Paris est toujours Paris, il y aurait de la folie à passer le temps de notre séjour ici à rêver d’un passé qui n’est plus, au lieu de nous efforcer d’être aussi éveillés que possible pour bien jouir d’un présent qui existe.
Adieu
Absence de l’ambassade anglaise. – Menace du Procès-Monstre. – L’église de la Madeleine. – La Statue de Napoléon.
Il serait difficile de décider si l’époque actuelle est favorable ou non à l’arrivée des voyageurs anglais à Paris.
L’espèce d’interrègne qui a lieu dans notre ambassade nous prive du centre autour duquel a coutume de se mouvoir tout ce qu’il y a de plus brillant dans la société anglaise ; mais d’un autre côté, l’approche du procès des prisonniers de Lyon et de leurs complices de Paris, remue en ce moment toutes les passions qui fermentent dans la nation. Chaque principe, quelque prudemment qu’il s’exprime d’ordinaire ; chaque sentiment, quelque soigneusement qu’il a coutume de se cacher, flotte aujourd’hui sur la surface, et l’observateur le plus superficiel peut reconnaître sans peine la véritable disposition du peuple.
La véritable disposition du peuple ! ai-je dit ?… Non, il faut que je change cette phrase, si je désire vous donner une idée de ce qui se verra probablement ici ; car, de la manière dont je me suis exprimée, vous pourriez croire que tout le peuple a la même disposition, et rien ne saurait être plus loin de la vérité.
La disposition du peuple de Paris au sujet de ce procès-monstre, nom qui lui a été donné par tous ceux qui ne tiennent point au gouvernement, varie selon l’opinion politique des divers partis, depuis la rage et le désespoir jusqu’à la joie la plus vive, depuis l’indifférence jusqu’à l’enthousiasme, depuis le triomphe jusqu’à l’abattement.
Il me sera impossible, ma chère amie, de parcourir Paris, dans tous les sens, pendant huit ou neuf semaines, mes tablettes à la main, sans revenir souvent sur un sujet que l’on retrouve dans tous les salons, qui se murmure dans les couloirs de tous les spectacles, qui brille dans les yeux du républicain, excite le sourire du doctrinaire, en un mot, se présente à vous sous une forme ou sous une autre, en quelque lieu que l’on se trouve.
Cela étant ainsi, il ne faut pas vous en prendre à moi, si, obligée de laisser paraître de temps en temps les cornes du monstre, vous finissez par le trouver ennuyeux. En attendant, après vous avoir annoncé ses visites assez fréquentes, je vous laisserai pour le moment dans la même incertitude à son égard que nous le sommes nous-mêmes ; et, profitant du repos qu’il veut bien nous laisser encore, je m’occuperai du paisible tableau qui s’offre à mes regards.
Les premiers objets qui, en rentrant à Paris, m’ont frappée, si non comme neufs, du moins comme changés depuis mon dernier voyage, sont la colonne de la place Vendôme et l’église achevée de la Madeleine.
Ce n’est pas sans raison que je me suis servie du mot achevée. La Grèce vit-elle jamais monument plus gracieux, plus majestueux ? Si elle en a possédé, ce ne pouvait être qu’aux jours de sa jeunesse, car, abstraction faite des souvenirs poétiques et du plaisir que causent les recherches scientifiques, il n’y a point de ruine qui puisse offrir à l’œil une symétrie aussi parfaite, aussi aimable, ou satisfaire l’âme comme ce temple moderne.
Pourquoi notre galerie nationale ne s’est-elle pas élevée aussi noble, aussi simple, aussi belle que cet édifice ?
Quanta l’autre nouveauté, je veux dire la statue de l’ex-empereur de France, je ne sais si je ne l’ai pas contemplée avec plus d’approbation qu’il ne convenait à une Anglaise. Mais quoique le souvenir de Napoléon doive naturellement exciter dans mon âme des sentiments hostiles, toutes les fois que je me trouve à Paris, je songe involontairement beaucoup plus à ses belles qu’à ses terribles actions. Peut-être aussi, en fixant les yeux sur ce monument de ses conquêtes, un Anglais éprouve-t-il un mouvement d’orgueil en songeant que son drapeau victorieux n’a jamais flotté sous une brise anglaise.
Quoi qu’il en soit, mettant de côté des sentiments personnels de tout genre, il est certain que la ville de Paris lui doit une si grande partie de ce qu’elle présente d’admirable, que l’on oublie, malgré que l’on en ait, son ambition et ses monstrueuses usurpations ; l’usage qu’il a fait d’un pouvoir mal acquis efface en quelque sorte la tyrannie sans frein de ce pouvoir lui-même. En plaçant sa statue sur le haut de la colonne, formée du bronze des canons pris par les armées françaises commandées par lui, on me paraît avoir agi avec autant de convenance que de bon goût.
Quand son image fut renversée, il y a vingt ans, par les mains vengeresses des alliés, ils firent un acte dicté à la fois par la justice morale et par les sentiments de la nature. D’un autre côté, il n’y a pas lieu d’être surpris si les légitimes souverains dont il avait renversé le trône ne l’ont point replacé. Mais en le voyant aujourd’hui contempler du haut de sa colonne les capricieuses destinées du peuple français, on trouve dans sa présence une sorte de convenance historique qui plaît à l’imagination.
Cette statue de Napoléon offre, je crois, le seul exemple de la plus grotesque de toutes les coiffures européennes, un chapeau à trois cornes, immortalisé avec succès, soit en marbre, soit en bronze. La statue originale, avec ses longs plis de draperies modernes, avait été érigée par un sentiment de vanité ; mais celle-ci a cet air simple et familier qui doit satisfaire l’attachement. Au lieu de se détourner avec dégoût, comme il n’arrive que trop souvent à la vue de certaines copies trop fidèles du costume moderne, on trouve dans ce chapeau à trois cornes et dans cette redingote négligée, un air de vérité pittoresque qui plaît à l’œil, même quand elle ne touche pas le cœur.
Quant aux Français, cette statue est pour eux presque l’objet d’un culte. Des couronnes de fleurs toujours fraîches, sans cesse suspendues autour du piédestal, à de petites draperies de crêpe noir constamment renouvelées, prouvent clairement que sa mémoire est toujours conservée avec orgueil par le peuple.
Pendant que Napoléon était encore au milieu des Français, l’éclat de son auréole militaire, toute brillante qu’elle était, ne put éblouir la nation au point de l’aveugler sur les taches qui obscurcissaient cet éclat ; mais maintenant qu’il ne lui apparaît plus qu’à travers les brouillards de la tombe, elle le contemple avec un enthousiasme d’affection et de dévouement qui ne permet au souvenir d’aucune erreur de venir se mêler à ses regrets.
Je crois qu’il serait difficile de trouver un Français, à quelque parti qu’il appartint, qui parlât de Napoléon d’une façon peu respectueuse.
Je passais un jour devant ce superbe monument avec un légitimiste sans reproche. Levant les yeux vers la statue, il me dit : « Notre position, madame Trollope, est bien dure : nous avons perdu le droit d’être fidèles, sans avoir recouvré celui d’être fiers. »
Le jargon à la mode. – Les jeunes gens de Paris. – La Jeune France. – Le Rococo. – Le Décousu.
J’imagine que, chez toutes les nations et dans tous les temps, une certaine partie de ce que l’on appelle le jargon populaire s’introduit dans la conversation familière des personnes comme il faut, et fait même parfois entendre ses accents, non autorisés, dans la tribune ou sur le théâtre. J’avoue que la France me paraît prendre en ce moment d’étranges libertés avec sa langue. Mais pour bien traiter ce sujet, il faudrait être Français soi-même et savant par-dessus le marché. Quant à moi, je ne puis en parler que d’une manière vague et dubitative, et le traiter comme un des points sur lesquels l’esprit d’innovation m’a semblé être le plus actif.
Je sais que l’on peut répondre que chaque mot que l’on ajoute a une langue, soit qu’on le crée ou qu’on l’emprunte, ajoute à ses richesses, et cela est en effet incontestable ; mais il n’en est pas moins vrai que le langage de la France, tel qu’il se montre dans les écrits de son beau siècle, a une grâce polie, une élégance parfaite, qui peuvent bien suppléer au défaut de richesse qu’on lui a parfois reproché. Lui donner de la rudesse pour augmenter sa force serait comme si l’on changeait un noble et élégant coursier contre un cheval de brasseur, sous le prétexte qu’on gagne en vigueur ce que l’on perd en grâce. C’est possible. Mais je crois que, même dans le siècle si positif dans lequel nous vivons, il y a encore bien des gens qui ne consentiraient pas à cet échange.
Mais, comme je viens de le dire, c’est là un sujet sur lequel je ne me sens pas le droit de m’étendre. Nul ne devrait se permettre d’examiner, ou du moins de discuter, les délicatesses d’une langue qui n’est pas la sienne. Mais sans entrer dans cet examen présomptueux, il y a des mots et des phrases qui tombent de droit dans la sphère d’observation des étrangers, et qui m’ont frappée comme particulièrement remarquable aujourd’hui, soit par la fréquence avec laquelle ils reviennent dans la conversation, soit par l’accent inusité qu’on lui donne en s’en servant.
Les jeunes gens de Paris me paraît être une de ces phrases. Traduisez-la en anglais, et vous n’y trouverez aucun sens plus remarquable que si vous disiez les jeunes gens de Londres ou de toute autre capitale ; mais entendez-la sortir d’une bouche parisienne… Miséricorde ! On dirait le roulement du tonnerre. Elle n’a pourtant rien de bruyant ou de fanfaron, elle renferme plutôt un sens terrible et mystérieux. Elle paraît offrir le type solennel de toute la puissance, de toute l’autorité, de toute la science et même de toute la sagesse réunies de la nation.
La jeune France est encore une de ces tournures cabalistiques, qui a la prétention d’exprimer une idée grande, terrible, volcanique, sublime. J’avoue du reste que l’une et l’autre de ces phrases, prononcées, comme elles le sont toujours, avec cette espèce d’emphase mystérieuse qui semble dire qu’un sens profond est caché sous les paroles, exercent sur moi un effet stupéfiant. Je suis bien convaincue que je suis loin de comprendre tout le sens qu’elles renferment, et pourtant je n’ose chercher à m’instruire, de peur que l’explication qui me sera donnée ne soit ou plus inintelligible ou plus alarmante que les mots eux-mêmes. Je me flatte cependant que je deviendrai avec le temps ou plus pénétrante ou moins timide. Quand cela m’arrivera et quand le sens de ces expressions me sera complètement dévoilé, je ne manquerai pas de vous le transmettre avec fidélité.
Indépendamment de ces phrases et de quelques autres que je pourrai citer par la suite, comme étant difficiles à comprendre, j’ai appris un mot qui m’est tout à fait inconnu et que je soupçonne avoir été très récemment introduit dans la langue française. Je ne l’ai du moins trouvé dans aucun dictionnaire et je présume, d’après cela, qu’il faut le ranger au nombre de ces heureuses inventions qui viennent de temps à autre enrichir et donner de la force au langage. Je ne sais ce que l’Académie en aurait pensé autrefois, mais il me semble que ce mot est fort expressif et qu’il pourrait même être introduit avec succès dans notre propre langue. En tout cas il pourra souvent, je pense, venir à mon secours comme un utile adjectif. Ce mot nouveau est celui de rococo, et me semble être appliqué, par la jeunesse innovatrice, à tout ce qui porte l’empreinte du goût, des principes ou des sentiments des temps passés. La partie de la population française à laquelle on applique ainsi l’épithète de rococo, renferme toutes les nombreuses variétés des personnes qui ne sont plus à la mode, depuis les partisans des habits galonnés et des nœuds d’épée en diamants, jusqu’au vénérable et généreux royaliste, qui est d’autant plus attaché à son roi légitime que ce roi n’a plus de quoi récompenser son dévouement. C’est le sens du mot rococo dans la bouche d’un doctrinaire ; mais quand c’est un républicain qui le prononce, il range dans la même catégorie toute espèce d’ordre et d’obéissance, même aux puissances du jour, en un mot tout ce qui a le moindre rapport à la loi ou à l’Évangile.
Il y a encore un autre adjectif qui m’a paru aussi revenir assez souvent dans la conversation pour mériter d’être regardé comme un mot à la mode. Ce mot est du reste depuis longtemps connu ; il est remarquablement expressif, et aujourd’hui surtout il est d’une utilité plus qu’ordinaire : c’est celui de décousu ; cette épithète se donne par les esprits sages à tout ce qui se ressent de l’égarement et de la folie de la nouvelle école de littérature, ainsi qu’à ces lambeaux d’opinions que paraissent avoir ramassés, çà et là, les jeunes gens qui mêlent à Paris une prétendue philosophie à leurs discours.
S’il fallait classer toute la population sous deux grandes divisions, je ne crois pas qu’il fût possible de les désigner d’une manière plus expressive que par les deux mots que je viens de citer. J’ai déjà fait connaître de quoi se composerait la classe des rococos. Celle des décousus embrasserait toute l’école romantique, soit poètes, romanciers ou écrivains dramatiques, ainsi que toutes les différentes nuances de républicains, depuis les admirateurs avoués du courageux Robespierre jusqu’aux disciples moins fougueux de La Mennais ; la plupart des écoliers et toute la populace de Paris.
Le Théâtre-Français. – Mademoiselle Mars. – Elmire. – Charlotte Brown. – Extrait d’un sermon.
Je craignais, à la vérité, de passer pour rococo, quand je me suis permis, peu de temps après mon arrivée, d’exprimer le désir ardent de détourner pour un moment les yeux de tout ce que je voyais de neuf, afin d’assister encore à une représentation du Tartufe avec mademoiselle Mars dans le rôle d’Elmire.
Je n’étais pas non plus sans crainte que le changement, que sept années devaient naturellement avoir produit en elle, n’effaçât en partie les délicieux souvenirs qu’elle avait laissés dans mon esprit. Je reculais devant la pensée de faire voir à mes enfants une réalité qui détruirait peut-être le beau idéal que je leur avais tracé de la seule actrice parfaite qu’il y ait encore sur le théâtre.
Mais on avait annoncé le Tartufe ; peut-être ne serait-il plus joué de longtemps. Nous dînâmes donc de bonne heure et à la hâte, et bientôt je me retrouvai devant cette même toile que j’avais vue si souvent se lever pour me présenter Talma, Duchesnois et Mars.
Je reconnus avec un vrai plaisir, en entrant dans la salle, que les Parisiens, si inconstants sous tout autre rapport, sont fidèles dans leur admiration pour mademoiselle Mars. À cette représentation, peut-être la cinq centième fois qu’elle jouait le rôle d’Elmire, les barrières étaient toujours aussi nécessaires et la queue aussi longue, que lorsque quinze ans auparavant, on m’avait fait, pour la première fois, remarquer la merveilleuse puissance d’attraction que possédait encore une actrice qui depuis longtemps déjà avait passé la première fleur de sa jeunesse et de sa beauté. S’il était aussi facile aux Parisiens de justifier leur amour habituel du changement que la singulière preuve de fidélité qu’ils donnent dans cette occasion, il faudrait les en féliciter : il faut convenir pourtant qu’en elle il y a un étrange sortilège.
Que l’oreille soit flattée et le cœur ému par les accents remplis d’art de l’organe le plus suave dont jamais mortelle ait été douée, c’est ce qui se comprend fort bien ; mais que l’œil puisse s’attacher avec un charme toujours nouveau, à chaque regard, à chaque mouvement d’une femme, je ne dis pas vieille, car cela arrive quelquefois à Paris, mais qui, d’un bout de l’Europe à l’autre, est connue pour être vieille, c’est là certainement un singulier phénomène. Et cependant ce phénomène existe ; et si vous pouviez la voir, vous comprendriez fort bien le pourquoi, mais non pas le comment. Il y a réellement encore un charme, une grâce, dans chacun des moindres mouvements de mademoiselle Mars, qui captive les yeux et ne leur permet d’errer vers aucun autre objet, fût-il incomparablement plus jeune et plus aimable.
Comment se fait-il qu’aucune de toutes ces jeunes têtes ne peut apprendre à se tourner comme la sienne ? qu’aucun de ces bras ne peut s’accouder avec cette noble aisance ? Ses doigts mêmes, et gantés encore, semblent ajouter à l’expression de son jeu ; et l’actrice la plus tranquille, celle qui étudie le moins ses poses, trouve moyen d’augmenter l’effet de son rôle par les mouvements les plus ordinaires et les plus insignifiants.
Je consentirais volontiers à mourir pour quelques heures, si, par ce moyen, je pouvais rappeler Molière au monde et lui faire voir mademoiselle Mars jouer dans un de ses chefs-d’œuvre. Que sa joie serait grande en voyant ainsi la créature de son imagination présente devant ses yeux, en observant aussi le tressaillement qui se communique aux groupes serrés du parterre quand les étincelles de son esprit, transmises par cette charmante conductrice, électrisent toute la salle. Pensez-vous que le sourire approbateur de Louis XIV lui-même pût valoir cela ?
La comédie du Tartufe fut suivie d’une petite pièce, intitulée Charlotte Brown, sortie de la plume de madame de Bawr, qui a, je crois, l’honneur d’être la seule femme qui écrive en ce moment pour le théâtre en France.
J’ai pour coutume invariable de quitter la salle aussitôt qu’une pièce de Molière est terminée, de même qu’autre fois en Angleterre on évitait de voir les pièces qui se donnaient après celles où avait paru mistress Siddons ou Kemble ; j’aime à me retirer pleine de satisfaction, et sans aucun mélange de personnages dans mes souvenirs qui puisse détruire l’illusion que j’ai entretenue avec tant de plaisir. Mais c’était mademoiselle Mars qui devait jouer le rôle de Charlotte, et il devenait d’après cela indispensable de rester au spectacle. D’ailleurs madame de Bawr est l’auteur de la charmante petite comédie de la Suite d’un Bal masqué, et j’avais vu l’enchanteresse jouer cet ouvrage avec tant de grâce et de vivacité, que la pièce se voyait avec plaisir, même après le Misanthrope.
La fable de Charlotte Brown n’est pas, selon moi, de nature à exciter une grande sympathie en faveur de l’héroïne, car bien que les scènes dans lesquelles elle paraît soient touchantes, il y a dans son caractère des traits trop ignobles pour rendre l’intérêt qu’inspirent ses peines très profond ou très agréable. En attendant, je crois qu’à cet égard, c’est Kotzebue qui est le vrai coupable, le sujet de la pièce étant pris dans sa Baronne de Trounn.
Mais que ne peut le talent de cette actrice extraordinaire ? Tous les sentiments que l’auteur d’un drame cherche à reproduire acquièrent sous son pinceau une si grande puissance ; ils se montrent en un si beau relief, que tous leurs défauts sont rejetés dans l’ombre et oubliés. Quand Charlotte Brown n’aurait pas d’autre attrait, elle mériterait d’être vue, ne fut ce que pour un seul regard tragique lancé par cette admirable actrice au moment où sa supercherie est découverte. Je n’exagère point en disant que jamais mistress Siddons n’a eu un plus beau moment.
Depuis longtemps je n’avais vu de salle aussi remplie.
Je me rappelle avoir entendu, il y a plusieurs années, un excellent sermon prêché par un vénérable curé, dont le vicaire était plus remarquable par la manière consciencieuse dont il remplissait ses fonctions que par la bonté de ses sermons. « Le devoir d’un ministre, dit le vieillard, est d’adresser au troupeau qui s’est assemblé pour l’écouter les discours les plus persuasifs, les plus éloquents que ses moyens lui permettent ; et il vaudrait infiniment mieux que les sages exhortations de ceux qui en sont pleins fussent lues du haut de la chaire de vérité, que d’entendre les faibles efforts d’un prédicateur ignorant frapper lourdement et inutilement l’oreille de ses auditeurs. Ce ne sera qu’une bien faible consolation pour eux de savoir que son discours est manuscrit au lieu d’être imprimé. »
Ne pensez-vous pas que le même argument pût s’adresser avantageusement aux directeurs de spectacles, non seulement en France, mais dans le monde entier ? S’il en coûte trop pour avoir une nouvelle pièce qui soit bonne, ne vaudrait-il pas mieux jouer les bonnes pièces anciennes ?
Le Salon. – Il y a de la maladresse à mettre les tableaux modernes au-dessus des anciens. – Martin. – Steuben. – Delaroche. – Les Portraits. – Les Spectateurs. – Quel genre de liberté la révolution a donnée au peuple français.
Je me suis si peu occupée des dates et des saisons, que j’avais tout à fait oublié, ou plutôt que j’avais négligé d’apprendre que l’époque de notre arrivée à Paris était celle de l’exposition des ouvrages des artistes vivants au Louvre ; et il me serait facile de décrire la sensation que j’éprouvai, lorsque, en entrant dans la galerie, au lieu d’y voir les tableaux que j’avais coutume d’y trouver, mes regards tombèrent sur des objets si différents.
L’exposition est cependant fort belle, et si fort supérieure à tout ce que j’avais encore vu de l’école française moderne, que nous eûmes bientôt la consolation de nous sentir charmés, pourrais-je dire, nonobstant notre premier désappointement.
Mais, certes, il est difficile de rien imaginer de plus maladroit que de couvrir les tableaux du Poussin, de Rubens, de Raphaël, du Titien et de Corrége, pour mettre par-dessus les nouvelles productions des modernes palettes. Il faut convenir, que pour fixer l’attention, un peu plus de coquetterie serait excusable.
Il y a surtout certains tableaux de la galerie du Louvre que mes enfants connaissent bien, soit par les estampes, soit par la description, et dont l’éclipse produisait un fort triste effet. De ce nombre est le Déluge du Poussin. C’est peut-être la description frappante que mon frère a faite de ce tableau qui lui donnait pour nous un intérêt tout particulier. Vous vous rappelez peut-être ce que M. Millen dit à ce sujet dans le curieux et élégant petit ouvrage sur les beaux-arts, qu’il composa à Paris, peu de temps avant la disposition du Musée Napoléon. « Le coloris, dit-il, est incontestablement la moindre des qualités du Poussin, et pourtant il y a dans cette galerie un de ses tableaux, le Déluge, dans lequel l’effet produit par le coloris seul est frappant et singulier. L’air est lourd et chargé d’eau ; la terre, partout où elle n’est pas encore inondée, semble toute déchirée par sa violence ; la lumière même du ciel est absorbée et perdue. » J’ai cité ce passage parce que je ne me rappelle pas avoir jamais lu de description de tableau à la fois aussi courte et parlant avec autant de vivacité à l’imagination du lecteur.
Dans un lieu où l’on vient chercher un pareil ouvrage, celui de notre illustre compatriote, sur le même sujet, peut-il être avantageusement placé ? C’est, selon moi, lui rendre un honneur très peu satisfaisant, et si j’étais M. Martin, ou tout autre peintre vivant, je ne consentirais pas à m’exposer à la comparaison dangereuse, à laquelle doit nécessairement donner lieu un arrangement si peu judicieux.
Qu’il doit être désagréable, par exemple, pour un artiste si, comme je crois qu’il leur arrive souvent d’errer sous le voile de l’incognito autour de leurs ouvrages de prédilection, si, dis-je, il entendait des réflexions comme celles-ci, qui me frappèrent hier dans la partie de la galerie occupée par la suite des tableaux de saint Bruno, par Lesueur. « J’avoue que les rubans qui ornent la robe de cette dame sont d’un bleu fort délicat, mais les draperies de Lesueur que, pour mes péchés, je sais être placées immédiatement dessous, ne sont pas d’une nuance moins agréable ; et quand j’y songe, quel contraste entre cette carnation froide, lisse, vernie, ces membres inanimés, en un mot toute la nullité de cette œuvre que le livret appelle le portrait d’une dame, et le chef-d’œuvre que ce portrait cache ? »
Le critique disait vrai ; cependant j’ai vu avec plaisir, qu’à tout prendre, les portraits dominent beaucoup moins dans cette exposition qu’ils ne le font d’ordinaire chez nous ; et dans le nombre, il y en a qui pour la grandeur, la composition et l’excellent style, ne seraient jamais de trop dans aucune collection. Je désirerais bien que ce style fût adopté en Angleterre pour les portraits.
Lawrence n’est plus ; Gérard est en France, et malgré cela il ne reste que trop de peintres qui font des portraits admirables de vérité, quant à la nature, à l’art, à l’expression, et même au manque d’expression. Je suis portée à croire que les sommes énormes que l’on dépense annuellement à leur faire faire des portraits, contribuent plutôt à ravaler l’art qu’à l’élever dans l’estime et le goût général du public. C’est du patronage, il est vrai ; mais c’est un patronage qui corrompt l’artiste et le porte, par l’appât de l’or, à étouffer son génie.
Est-il en effet possible de nier que rien ne saurait être plus ennuyeux que de parcourir un magnifique salon d’exposition, tout rempli de beaux messieurs et de belles dames peints sur toile, de grandeur naturelle ?
Nous éprouvons peut-être quelque satisfaction à reconnaître au premier coup-d’œil les yeux, le nez, la bouche et le menton de plusieurs de nos amis et connaissances ; nous sommes souvent, il est vrai, obligés de convenir que ces traits, qui nous sont familiers, sont représentés avec autant de talent que de vérité ; mais cela n’empêche pas que l’exposition ne soit ennuyeuse. Et puis après, quand chaque portrait ou couple de portraits, retirés du milieu de la brillante cohue, seront suspendus à jamais sous les yeux de leur famille et de leurs amis, la belle dame souriant avec amabilité dans un coin de l’appartement, et le monsieur bien mis, étalant son air distingué dans un autre, contribueront aussi peu au plaisir et à l’amusement de ceux qui les contempleront chez eux, qu’ils ne le faisaient sur les murs de l’Académie.
L’exposition de cette année contient un grand nombre de portraits en pied, qui n’ont que douze ou dix-huit pouces de haut, et dix ou douze pouces de large. La composition et le style de ces délicieux petits portraits sont si parfaits qu’on s’arrête longtemps devant eux, même quand on ne connaît pas l’original ; la petitesse de leur dimension fait qu’ils ne peuvent jamais dominer d’une manière désagréable dans la décoration d’un appartement ; tandis que la délicatesse de leur fini et la richesse de leur composition payent bien, non seulement l’attention, mais encore l’examen le plus rigoureux qu’on leur accorde, lorsque la politesse, l’affection ou même le goût de l’art engage à y jeter un coup-d’œil.
Le livret de l’exposition indique tous les tableaux qui ont été commandés ou achetés par le roi et par les divers membres de la famille royale ; ce nombre est si considérable qu’il prouve clairement qu’une protection large et libérale des beaux-arts fait ici partie du système gouvernemental.
La médaille d’or a été, par courtoisie, accordée à M. Martin pour son tableau du Déluge. Si mon avis eût été pris, je l’aurais donnée à la Bataille de Waterloo de Steuben. Il est bien certain que l’imagination est une des premières qualités requises dans un peintre, et que M. Martin la possède au plus haut degré. Mais l’imagination seule ne suffit pas, et le bon sens est pour le moins aussi nécessaire pour former un grand artiste. Le peintre de la Bataille de Waterloo possède l’un et l’autre. Son imagination l’a mis en état de pénétrer jusque dans le cœur et l’âme des personnages qu’il peignait. La passion parle dans chaque trait de son pinceau, et le bon sens lui a appris que quelque puissante, quelque véhémente même que puisse être l’impression qu’il voulait produire, il fallait l’obtenir plutôt par une imitation patiente et fidèle de la nature qu’en cherchant fièrement à se mettre au-dessus de ses lois.
L’Assassinat du duc de Guise, par M. Delaroche, est un tableau admirable et qui obtient beaucoup de succès. Il faut de la persévérance pour parvenir à percer la foule qui environne ce superbe ouvrage ; mais le temps et la peine qu’on y a consacrés, sont bien récompensés quand on est arrivé. Un ou deux jolis tableaux de Franquelin m’ont fait envier le sort de ceux qui sont en état d’acheter, et m’ont fait soupirer en songeant que, selon toute apparence, ils passeront dans des collections particulières où je ne les reverrai de ma vie. À dire vrai, il y a tant de beaux ouvrages que je croirais assez que les juges, en donnant la palme à l’étranger, ont eu principalement en vue de se délivrer de l’embarras du choix.
Si je ne craignais de vous fatiguer, je m’arrêterais bien plus longtemps aux agréables souvenirs que me rappelle cette vaste exposition, qui contient, par parenthèse, 2 174 tableaux, et je pourrais vous citer plusieurs ouvrages admirables. Je répète toutefois qu’en couvrant ainsi les inappréciables productions de toutes les écoles et de tous les siècles par celles des artistes vivants de la France, durant l’année qui vient de s’écouler, on n’a pas pris le moyen le plus judicieux pour montrer ceux-ci sous un jour favorable aux étrangers qui, de toutes les parties du monde civilisé, accourent pour visiter le Louvre.
Cette exposition occupe à peu près les deux tiers de la galerie ; à l’endroit où elle se termine, un triste rideau suspendu en travers cache les précieux travaux des écoles d’Espagne et d’Italie, qui sont placés à l’extrémité opposée. Peut-on imaginer un supplice de Tantale plus cruel que celui-là ? Quel artiste vivant pourrait se soutenir contre l’humeur que l’on doit éprouver ?
Pour rendre l’effet plus frappant encore, les plis de ce rideau laissent en retombant quelques pouces de distance entre le mur et lui, de sorte que les douces teintes brunes d’un célèbre Murillo frappent l’œil sans le satisfaire. Certes, tous les professeurs réunis de toutes les académies existantes ne pouvaient inventer une manière plus ingénieuse de faire connaître aux modernes artistes de la France quel est leur principal défaut. Espérons qu’ils en profiteront.
Puisque c’est à Paris que je suis, il est sans doute inutile d’ajouter que l’entrée de l’exposition est gratuite.