Pauvres de nous ! - Manuel Verlange - E-Book

Pauvres de nous ! E-Book

Manuel Verlange

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“…Ysaline et moi, nous avons fait de notre mieux pour être à la hauteur, mais on ne devient pas pauvre du jour au lendemain, ça s’apprend. Certains ont eu la chance de naître dedans, évidemment c’est plus facile. Ceux qui n’ont connu que la pauvreté ne se rendent pas compte de l’ampleur de la tâche, tirer le diable par la queue, c’est un entraînement de haut niveau. Nous avons dû faire preuve d’une grande détermination pour ne pas échouer…”
Ecrite en juillet et août 2018, cette farce sociale ignorait encore la brutalité des événements qui allaient marquer la société quelques mois plus tard…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Manuel Verlange a passé son enfance à Nantes, France. Après ses études, il est parti enseigner la langue française à Tokyo puis en Belgique. Il vit actuellement près de Bruxelles, où il travaille à l’écriture de ses romans. “Pauvres de nous !” est son deuxième livre après “Vue sur mère” paru en 2017. Un troisième roman “La Haine a de beaux jours devant elle” est en cours d’écriture.

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Manuel Verlange

L'argent a des limites...

"Salauds de pauvres !"

Jean Gabin dans La Traversée de Paris. 1956.

On est tombés pauvres, ma femme et moi, suite à l'excellent travail fourni durant des années pour Le Groupe. Nous avons été remerciés avec les félicitations de la direction, enchantée des résultats enregistrés.

Un responsable a délégué un responsable qui a demandé à un responsable de nous annoncer la bonne nouvelle. Gérard De Vogel a tenu à nous faire part de la décision de vive voix, eu égard à nos vingt années de brillants services. Il nous a convoqués au rez-de-chaussée plutôt que dans son bureau au dix-huitième étage, pour éviter que nous sautions de joie. Certaines âmes sensibles manifestent parfois des réactions d'enthousiasme inattendu, et dix-huit étages, ça ne pardonne pas.

La cérémonie a été courte. Gérard De Vogel a tenu à nous remercier au nom du Groupe, c'était très bien, au revoir et merci. Il nous a indiqué la porte. Ysaline a senti à quel point il était troublé en observant cette porte qui lui faisait de l'oeil... Lui-même sentait le préavis, il avait perdu huit kilos et attrapé un teint d'abat-jour.

L'instant a flotté hors du temps, s'apparentant à la poignée de secondes dans laquelle une voiture lancée à pleine vitesse se disloque contre un mur...

L'émotion nous a submergés, nous n'avons pas trouvé les mots. Gérard De Vogel, pâle, la bouche asséchée, nous a souhaité beaucoup de pauvreté dans notre nouvelle vie.

***

Ysaline et moi, nous avons fait de notre mieux pour être à la hauteur, mais on ne devient pas pauvre du jour au lendemain, ça s'apprend. Certains ont eu la chance de naître dedans, évidemment c'est plus facile. Ceux qui n'ont connu que la pauvreté ne se rendent pas compte de l'ampleur de la tâche, tirer le diable par la queue, c'est un entraînement de haut niveau. Nous avons dû faire preuve d'une grande détermination pour ne pas échouer.

L'injustice est d'une égalité sans faille, tout le monde y a droit. Certains naissent riches et d'autres sont pauvres d'origine, ils gagnent du temps. Une majorité profite de la pauvreté qui règne dans ce monde, c'est révoltant en regard des riches mis au ban de la société. Ces parias subissent des humiliations quotidiennes et se débattent dans des conditions indignes de l'humanité.

Avant son apprentissage en vue de devenir nécessiteuse, Ysaline avait fait des études de sociologie. Elle avait consacré sa thèse aux classes sociales défavorisées qui végétaient sur des portions de territoires exigus et surpeuplés comme Monaco, Manhattan, Kensington ou Neuilly. Elle avait également fait des recherches sur ces îles frappées d'une adversité bouleversante, Saint-Barth, les Bahamas ou Mykonos.

Dans ces lieux au niveau de vie révoltant se concentraient des populations manquant de l'essentiel. Ces habitants, parqués comme des animaux de zoo, s'efforçaient d'exister derrière des murs surmontés de fils barbelés et de caméras de surveillance. Ils finissaient par se refermer, écoeurés par les pauvres qui leur imposaient leur présence insolente.

Ysaline avait étudié le bilan de l'Inde, du Bangladesh et du Darfour. Ces pays exhibaient un état de santé d'une manière tapageuse. Se sentant prises de haut, les minorités silencieuses se recroquevillaient dans des quartiers sensibles à l'image d'Ibiza, de Santa Monica ou de José Ignacio, souffrant du terrible sentiment d'exclusion.

***

Nous n'avons pas pris conscience immédiatement de la chance qui s'offrait à nous. Il nous a fallu des mois pour réaliser ce qui nous arrivait. Les premiers temps, on a continué à vivre comme auparavant. On achetait les mêmes produits dans les mêmes magasins, et on était malades sans en profiter vraiment grâce à la sécurité sociale. On allait à la pharmacie et chez le dentiste sans se rendre compte qu'on pouvait se passer de soins.

Ysaline a continué à se rendre chez son coiffeur, Fernando, un homme méritant qui avait courageusement choisi l'aisance financière. Il avait ouvert quatre salons de coiffure, suite à de nombreuses épreuves, et il souffrait d'un penthouse à Monte-Carlo, d'une villa à Deauville et d'une troisième propriété à Sainte-Maxime. Fernando était un travailleur infatigable. En dépit des difficultés, il demeurait d'humeur joyeuse, toujours le mot pour rire avec la clientèle. Pourtant, sous le poids des soucis, il était devenu chauve comme sa voiture, une Lotus décapotable. Ysaline avait continué à aller se faire coiffer chez lui, cet homme avait besoin de voir du monde. Ce n'est que plusieurs mois plus tard qu'elle a décidé d'arrêter le coiffeur, se libérant de cette corvée.

Seulement elle a culpabilisé. Il s'agissait d'un acte égoïste, et elle a appris le décès de Fernando un vendredi matin... Le coeur avait lâché. L'abus d'argent, les épreuves, la mauvaise considération... Il était mort dans un sordide palace de Nassau où il était allé toucher les intérêts de ses placements. Il ne parlait jamais de cet enfer fiscal tant cela lui pesait.

Les semaines passaient. On découvrait peu à peu notre nouvelle existence, chaque jour représentant une source d'étonnement.

Ysaline a abandonné les boutiques de produits cosmétiques hors de prix pour les magasins low-cost fréquentés par les plus chanceux. Elle se rendait dans d'autres quartiers, pour ne pas risquer de rencontrer une connaissance, les gens sont vite jaloux. Elle achetait deux fois moins de crèmes et de lotions, pour deux fois moins cher, réalisant ainsi des économies, autant commencer tout de suite.

La pauvreté affichait une croissance économique indécente. En d'autres temps, les nécessiteux étalaient moins leur succès. L'époque changeait, aujourd'hui ceux qui réussissaient se pavanaient de manière ostentatoire. Les épiceries fines se désertifiaient, les boîtes de caviar se fossilisaient sur les rayonnages et la truffe souffrait de mévente. Par contre, les pâtes devenaient tendance ainsi que le riz et les pizzas bon marché. Un véritable engouement gagnait les populations épargnées par les revenus. Les supermarchés low-cost fleurissaient, ainsi que de pittoresques boutiques de seconde main, où les nombreux clients pouvaient se débarrasser d'objets futiles, comme leurs bijoux, leurs souvenirs de famille, ou leurs alliances de mariage. Jusqu'aux Restos du Coeur qui refusaient du monde alors que des établissements multi-étoilés fermaient... Une partie de plus en plus conséquente des hauts revenus goûtait à ces endroits populaires tendance, dans lesquels les riches s'introduisaient avec curiosité, portant des lunettes de soleil et des blue-jeans aux trous hors de prix.

Ysaline et moi, nous avons mis du temps à accepter notre nouvelle condition. Peu à peu, on a pris conscience d'être favorisés, et on s'est laissé aller dans une torpeur brumeuse...

***

Ysaline a toujours été mesurée, elle a refusé de devenir pauvre en un claquement de doigts. La pauvreté, ça se mérite. Elle a préféré prendre le temps afin que ce soit durable.

A notre tour, nous nous sommes séparés d'objets auxquels on croyait tenir. Elle a vendu ses bijoux dans des boutiques de seconde-main, et chez des bijoutiers. C'était touchant de se rendre compte à quel point ces gens étaient délicats et soucieux de nous venir en aide. A chaque fois, ils déclaraient que les bijoux d'Ysaline étaient magnifiques, mais plus à la mode, telle pierre ne se portait plus, les gens ne voulaient plus de bracelets équipés de ce type de fermoir, le mélange or blanc or rose ne rencontrait plus autant de succès, pourtant le commerçant acceptait de les payer une somme dérisoire.

Ysaline avait entrepris de vendre ma montre d'une célèbre fabrique suisse de Schaffhausen. Je la possédais depuis l'époque où l'on consommait à tour de bras, n'osant pas imaginer que la pauvreté était à notre portée. Comme beaucoup, on lisait la misère dans les magazines, on la voyait à la télé, mais c'était toujours les autres qui y avaient droit. Nous n'avions pas encore pris conscience qu'elle pouvait nous sourire.

Selon la cote de l'horlogerie de prestige, cette montre prenait de la valeur chaque année, et aujourd'hui elle devait atteindre un montant appréciable. Ysaline avait prévu que cet argent nous permettrait de ne pas couler de manière échevelée, mais nous aiderait à préparer notre vie future. Par bonheur, l'horloger avait pris la mesure de notre situation, et perçu cet avenir qui nous tendait les bras. Il nous a été d'un grand secours.

- Ce modèle n'est plus aussi prisé qu'auparavant, ne croyez pas ce que l'on raconte.

Il a eu ce regard de compassion.

- Faites-moi confiance, on ne vous en proposera presque rien ailleurs, les temps ne sont plus à ces complications sophistiquées. Aujourd'hui, les clients recherchent autre chose... Dommage, si vous étiez venus il y a seulement six mois !...

- On s'excuse, on vient de se lancer.

- Tenez, vous m'êtes sympathiques, je vais faire quelque chose pour vous...

Nous sommes ressortis de cette horlogerie-bijouterie, émus. Le commerçant nous avait proposé à peine le tiers du montant auquel on s'attendait. Ce n'était pas tous les jours que l'on rencontrait des gens qui aidaient leur prochain. Ysaline a serré l'enveloppe, les yeux brillants. La misère nous souriait, il était écrit qu'on était faits pour réussir.

***

Par bonheur, Ysaline était inventive. Afin d'éviter à nos proches le trouble de notre ascension, elle a élaboré un lexique de réponses. Il s'agissait de couper l'herbe sous le pied des questions indiscrètes... Quelques-uns, dans notre entourage, nous jugeaient incapables de réussir. Ysaline ne souhaitait révéler notre projet qu'une fois que nous aurions réussi.

Question :

- Tu ne portes plus les boucles d'oreilles que je t'ai offertes pour ton anniversaire ?...

Réponse d'Ysaline, ton détaché :

- Figure-toi que je souffre de démangeaisons aux lobes, une allergie aux métaux précieux...

Question :

- Tu as toujours le bracelet que tu as reçu à la mort de ta mère ?...

Réponse :

- Je ne sais pas où il est. De toutes façons, personne ne porte plus de trucs comme ça aujourd'hui...

Question :

- Qu'est-ce que tu as fait de ton collier de perles de Tahiti ?...

Réponse :

- Au coffre. Les perles sont vivantes, trop de lumière ça risque de les abîmer.

Question :

- Ton mari ne met plus sa splendide montre ?...

Réponse :

- Manuel a décidé de ne plus porter de montre, il ne veut plus être menotté par le temps qui passe.

- ... Et pour ses réunions avec Le Groupe ?

- L'horloge interne.

Les regards et les silences se succédaient. Ysaline y coupait court, dégainant son lexique. Elle brandissait toujours un prétexte pour éviter un dîner au restaurant. Ce week-end à la côte n'était plus possible, des rapports à rendre, une journée de dingue, un rendez-vous tôt le lendemain... Concernant les sports d'hiver, ses genoux la faisaient souffrir. On n'irait pas en Croatie comme prévu, ça tombait mal... Cette croisière en Suède ne nous tentait pas, les fjords c'est très surfait. Il ne fallait pas compter sur nous pour cette semaine à Biarritz, je faisais une réaction à l'air de la mer.

Au téléphone, sa cousine Monique s'était montrée pressante :

- Tu ne vas pas nous lâcher pour le mariage de ton neveu, à Buenos Aires ?...

Ysaline avait soupiré :

- Mon médecin me déconseille les longs voyages, surtout en Amérique du Sud. Ton fils aurait pu épouser une Bretonne...

Nous avons créé un cadre répondant aux questionnements des proches, on avait conscience du changement qui nous appelait, les gens n'aiment pas le changement.

Peu à peu, notre entourage s'est enveloppé dans des attitudes frileuses, une forme d'expectative teintée d'embarras... Nos proches sentaient qu'on préparait quelque chose, et ça les ramenait à leur inertie... Par un effet de miroir pervers, ils se rendaient compte à quel point le confort matériel et la stabilité bourgeoise les coulaient dans le béton... Leur existence les soudait à l'ordinaire. Jamais ils n'atteindraient les précipices, nous les interpellions depuis notre silence...

Surtout, ils avaient peur qu'on leur demande de l'argent. Le fric n'avait aucune importance, ce n'était pas la question, mais c'était gênant... Ils n'auraient pas voulu paraître indiscrets...

Parfois, nous avions honte de notre projet alors qu'eux s'enlisaient dans le carcan d'une vie quotidienne ponctuée de restaurants, de séjours thalasso, de shopping et de voyages...

Nous avons vécu des moments étranglés dans des silences lacérés d'inquiétude... On pensait à nos proches en état stationnaire, englués dans les filets du confort. Que nous apporterait cette nouvelle existence ?... Nous ne possédions que nos bras enroulés autour de l'autre, mais cette perspective frémissait d'interrogations...

***

Ysaline a pris la décision ne pas s'emballer. Nous ne devions pas devenir pauvres dans la précipitation :

- Des progressions comme la nôtre font parfois tourner la tête et amènent à commettre des erreurs. La hâte est mauvaise conseillère.

Je reconnaissais là son esprit pragmatique. Elle a marqué un instant de silence avant de poursuivre:

- Il existe des statistiques sur la misère, la majorité des élus ne franchit pas le cap des trois ans.

Ysaline a pris rendez-vous chez notre banquier afin de solliciter un prêt personnel. L'idée était de ralentir notre chute. Elle avait échafaudé un plan pour nous assurer une transition en douceur.

- Organisation. Planification. Tout doit être calculé.

Auparavant, nous avions bénéficié des conseils d'un ex-patron d'une société de construction de villas de luxe, qui n'avait pas hésité à faire faillite pour réussir dans la grande précarité. Il nous avait fait profiter de son expérience :

- C'est essentiel de prendre le temps de devenir pauvre pour mieux profiter de chaque moment. Cela s'apparente à la plongée sous-marine, il faut respecter les paliers.

Il nous avait regardés puis avait repris :

- De nos jours, trop de gens se jettent dans la pauvreté comme s'il y avait urgence, c'est du gâchis. Il faut prendre soin de s'organiser, sinon ce n'est pas durable, le rêve vous explose en pleine figure.

Il a soupiré.

- ... Ce serait dommage de devenir pauvre à la va-vite, la misère ça se déguste.

Le banquier nous a reçus un vendredi matin, avec un sourire engageant. En une vingtaine d'années, on ne lui avait rien demandé, on avait toujours été à l'aise. Il nous a invités à nous installer confortablement dans son bureau. Tout d'abord, il a tenu à nous féliciter, louant notre projet audacieux. Comme tous les banquiers, il préférait les pauvres qui rapportaient infiniment plus. Il a hoché la tête, répétant qu'il aimait les gens qui sautaient le pas pour se hisser vers le trottoir, cela demandait une vraie force de caractère. Dans une moue de pitié, il a regretté qu'aujourd'hui ses clients ne prenaient pas assez de risques.

- Des petits bourgeois sans relief qui font des économies à des taux d'intérêts ridicules, aucune ambition !

Puis il a ajouté, enthousiaste :

- Alors que vous êtes en voie de tomber en dessous de tout, félicitations !

Il a souri. Ensuite, il a expliqué que l'on profiterait de taux d'intérêt exorbitants, et que très rapidement la banque nous retirerait nos cartes et saisirait tous nos biens. Il nous a regardés avec une considération touchante, nous assurant qu'on pouvait compter sur lui.

- Vous avez frappé à la bonne porte.

Le banquier a examiné notre situation dans les détails, hochant la tête de satisfaction. Il a annoncé que nous réunissions toutes les conditions pour que notre dossier soit traité prioritairement par le contentieux. Il a indiqué que notre compte affichait un dépassement du tonnerre, que nous n'avions plus d'avoirs, et que nos assurances avaient été liquidées. Un cas idéal. La banque allait envoyer notre dossier chez l'huissier.

De nouveau, le banquier nous a félicités :

- Ce n'est pas tous les jours que j'observe une situation aussi encourageante, bravo !

J'ai regardé Ysaline, elle était émue, jamais elle n'aurait cru que notre banque nous comprendrait à ce point-là.

Notre chargé de relation bancaire a déclaré dans un sourire qui nous a fait chaud au coeur :

- Autant d'années au service du Groupe et vous avez réussi à ne rien mettre de côté, magnifique exemple d'imprévoyance !

Dans ce bureau cossu, des affiches évoquaient le surendettement qui chaque jour attirait plus d'adeptes. Nous étions sur la bonne voie.

Soudain, Ysaline a tenté :

- ... Tout est si rapide, un ami nous a conseillés de nous enfoncer progressivement...

- Ah non, vous étiez si bien partis, n'écoutez pas les rabat-joies ! Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, j'en sais quelque chose, lancez-vous, vous ne le regretterez pas !

Le banquier a levé les mains, expliquant qu'une opportunité comme celle-là ne se représenterait peut-être jamais, et que nous ne devions pas laisser passer notre chance.

- Le Groupe vous a offert un formidable tremplin sans préavis ni indemnité, peu de gens peuvent se vanter d'avoir une telle occasion de sombrer !

Il s'est avancé, débordant de conviction.

- Foncez, que diable !

Finalement, il nous a accordé un refus immédiat, heureux de nous donner un coup de pouce. Il aimait les clients volontaires et les prises de risques, des gens comme nous pouvaient compter sur la banque.

- Votre scoring est splendide. Plus aucun revenu, réserves épuisées, aucune perspective. En plus, à votre âge, vous ne vous en remettrez sans doute jamais, et vous hésiteriez ?!