Pour toujours - Tome 3 - Philippe Lebeau - E-Book

Pour toujours - Tome 3 E-Book

Philippe Lebeau

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Beschreibung

Voilà dix-huit ans qu'Arthur et Morgane sont revenus à Contes. Leur vie a changé, la tribu s'est agrandie de nouveaux venus. Certains sont, hélas, déjà partis. 5 juin 2010 : Arthur et Morgane ont cinquante-huit ans ! Ils sont à Contes dans leur village perché. Leurs cinq enfants vivent leur vie ici et ailleurs. Un appel téléphonique... Le 4 juin ne sera plus jamais un jour ordinaire. 26 mars 2011 : Ava est en mission humanitaire au Sénégal... Auguste a rencontré Leyla en Turquie... Maëve est dans le Colorado pour un reportage sur l'escalade ; elle dévisse... 13 novembre 2012 : Morgane et Arthur ont soixante ans ! Enfin ? Déjà ? Ava ne revient pas seule du Sénégal... Auguste n'est plus seul en Turquie... Achille et Maya sont de retour à Contes avec deux jeunes enfants... Vive la retraite et l'art d'être grands-parents de corps et de coeur ! Janvier 2015, novembre 2015, juillet 2016 : Les errances et la violence d'un monde ; la mort s'impose, mais la vie s'invite ! Oscar en Bretagne et Achille à Contes sont " Charlie ", Dominique se remémore Maxime Le Forestier au Bataclan, la vie ne tient qu'à une vingtaine de mètres pour Morgane et ses petits-enfants. Septembre 2021 : Cime, Valériane, Matthieu, les petits-enfants vivent leur adolescence entre Covid, réseaux sociaux et réchauffement climatique. Novembre 2032 : Il sait. Elle sait. Plus rien ne presse. Novembre 2042 : Dix ans déjà...


À PROPOS DE L'AUTEUR


Philippe Lebeau est né à Elbeuf en 1954. Il a travaillé dans l’industrie avant de s’engager dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Aujourd’hui retraité, il demeure dans les Alpes du Sud où se situe son roman "Pour Toujours Côté cœur, côté corps". Il est l’auteur d’un recueil de nouvelles, "Histoires d’Eux" paru en 2021, de romans : "Une semaine entre deux dimanches", en 2018, " Le Temps du trajet", en 2019, "D’une guerre à l’autre", en 2021, "D’étape en étape", en 2022, et de la trilogie "Pour toujours" dont les deux premiers opus sont parus en 2023," Pour Toujours – La Cinquième Marche" et "Pour Toujours – Côté cœur, côté corps".

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Éditions Encre Rouge

®

174 avenue de la libération – 20600 BASTIA

Philippe LEBEAU

Pour Toujours

Tome 3

« La Dernière Marche »

Roman

Il convient de vieillir avant de mourir.

Certains vont trop vite.

À Luce.

« … Mourir, cela n’est rien.

Mourir, la belle affaire !

Mais vieillir, oh, oh vieillir… »

Jacques Brel

À Patrick et Régine,

André et Marie-Claude.

Dix ans et huit cent quarante mois

Septembre 2032

Plus rien ne presse.

Le calme inonde la place, l’enveloppe et s’installe autour d’une vieille table ronde.

Deux tasses à moitié pleines ;

Deux mains qui se rejoignent ;

Deux souvenirs qui traînent ;

Deux sourires qui s’étreignent ;

Arthur, Morgane, la soixantaine et deux dizaines.

Plus rien ne presse.

Le calme inonde leur visage, l’enveloppe et s’installe autour de leurs rides-sourires.

Il y a quelques jours, il a su !

Il y a quelques jours, elle a su !

Destin ? Hasard ? Coïncidence ? Quelle importance !

Ce matin, elle lui a dit.

Ce matin, il lui a dit.

Morgane, Arthur, la soixantaine et deux dizaines.

Plus rien ne presse.

Entre leurs doigts qui se frôlent, se touchent, se perdent l’un à l’autre, l’un et l’autre, passe la vie.

Celle qui rit, celle qui pleure.

Celle qui court et qui s’envole à tire-d’aile.

Celle qui se pose et qui contemple l’hirondelle.

Celle qui vit, celle qui meurt aussi…

Arthur-Morgane.

Plus rien ne presse.

De la fontaine, l’eau ne s’écoule plus. Sur sa pierre lissée d’avoir tant accueilli de secrets partagés, de corps entrelacés, de baisers échangés, de caresses-tendresse, l’eau ne rebondit plus.

— Tu te souviens ? C’était…

— Il n’y a pas si longtemps…

— Attends, c’était…

— Quand nous avions douze ans…

— Quand nous en avions quatorze…

— Et même à la trentaine…

— Ainsi qu’à la quarantaine…

— Entre la cinquantaine et la soixantaine…

— Un peu après aussi…

— Et cela à jamais, pour toujours !

— Pour toujours !

Morgane-Arthur.

Plus rien ne presse.

La dernière marche peut attendre, un instant, un instant seulement.

Vieillir avant de mourir et prendre le temps de se dire « je t’aime ».

Mourir et s’être aimés ?

Mourir et s’aimer pour toujours, à jamais !

Arthur-Morgane… Morgane-Arthur…

D’autour de la table, ils partiront.

Leurs tasses vides resteront.

Leurs souvenirs aussi, pour toujours !

2010

La fin d’un monde

Achille

Contes, le village perché, 5 juin 2010

Le portable vibre dans ma poche.

Un SMS d’Oscar :

« J’arrive avec Aurore rejointe à Paris. Peux-tu nous récupérer à l’aéroport ? Atterrissage prévu à 16 h 50 terminal 2. Si pas possible, on prend un taxi, t’inquiète.

Bises, Oscar. »

« OK. Je viens vous chercher. Tu me phones quand vous êtes sortis. J’attends à l’extérieur. On se retrouve au dépose-minute.

Bises, Achille. »

Nouvelle vibration, nouveau SMS :

« Ça va ? »

Non, ça ne va pas et même pas du tout ! Ça bouchonne au coin des yeux, ça bloque au fond de la gorge, il y a un embouteillage monstre sur le périphérique de mon cœur et le centre de mon corps sature à en vomir.

« On fait aller. »

« Morgane ? Arthur ? »

« Des rocs comme d’habitude, mais couleur calcaire. »

« Je te laisse, l’avion va décoller. À toute. Bises de nous 2. »

Je glisse mon téléphone dans la poche arrière de mon jean.

— C’est qui ? me demande Maya.

— Oscar. Il arrive avec Aurore par l’avion en fin d’après-midi. Tu viendras avec moi les chercher ?

— Oui. Tu me prends en passant à la maison, je vais préparer leur chambre.

— D’ac, papa et maman garderont Matthieu. Tu leur demandes ?

— Il est déjà chez eux depuis ce matin…

— Je suis un peu à la ramasse.

— Normal. Je t’aime, me glisse Maya.

Comment fait-elle pour tenir le coup ?

Maya

Contes, Las Ayas, 5 juin 2010

Papi-Do et Mamie-Ma m’attendent sur le pas de leur porte. Ils ont entendu ma voiture arriver dans le chemin.

— Matthieu vient juste de s’endormir ; comment ça va au village ? me demande Papi-Do.

— Ils font face comme ils peuvent. Arthur ne laisse rien paraître. Il est allé à son bureau ce matin pour régler les urgences et organiser son absence pendant quelques jours.

— Et Morgane ? demande Mamie-Ma.

— Super active, elle n’arrête pas de ranger, de faire des lits, de balayer… À croire qu’il y a une inspection des services d’hygiène chez eux. Elle ne cesse de regarder Arthur qui ne cesse de l’observer. Leurs regards sont des SOS qu’ils se lancent. Ils n’ont pratiquement rien avalé ce midi. Ils se sont tenu la main pendant presque tout le repas. Ils s’amarrent l’un l’autre pour ne pas partir à la dérive.

— Et Auguste, Maëve, Ava ?

— Maëve va vous déposer les petites après leur sieste…

— Oui, je lui ai proposé, m’interrompt Mamie-Ma, vous serez plus tranquilles et c’est moins stressant pour les enfants. J’ai dit à Maëve que nous pouvions les garder cette nuit et demain. Avec Matthieu, ça fera l’affaire.

— C’est gentil. Je vous laisse, je vais préparer la chambre pour Oscar et Aurore, ils arrivent tout à l’heure.

Sortir les draps de l’armoire, faire le lit, passer un coup de chiffon pour chasser la poussière et ouvrir la fenêtre pour faire entrer le soleil… D’habitude, c’est le cœur léger, la chansonnette au coin des lèvres et le sourire en guirlande que je fais cela. Aujourd’hui, ça joue des castagnettes dans mon ventre et j’ai la nausée qui prend ses aises de mon estomac à ma gorge. Des images me hantent : Guillestre, le tour du Queyras, le génépi, les rires, les chansons hurlées autour du feu de camp, les étoiles que nous admirions en nous tenant la main, nos têtes en arc de cercle, serrés les uns contre les autres… Et j’ai les larmes qui m’inondent, qui viennent faire des taches grises sur les draps blancs… Tant pis ça va sécher.

Pourquoi ?

J’aurais voulu que tu prennes le temps de vieillir avec nous avant de mourir !

Rien ne presse ! Pourquoi cette vie expresse ? La mort pouvait attendre.

Putain, j’ai mon rimmel qui dégouline aux quatre coins de mon visage. C’est un carnage de maquillage. La mort tu n’es pas cool, tu sabotes tout sur ton passage.

Hector

Bamako, 5 juin 2010

— Allô, maman ? C’est moi, Hector. Je ne te demande pas comment tu vas.

— Tu as raison. Des coups à balancer le téléphone par la fenêtre. Je ne te retourne pas la question.

— Arthur ?

— Tu le connais. Tu arrives quand ?

— J’ai pris le premier vol. J’atterris à Orly à 16 heures où je retrouve Alex et nous prenons un avion pour arriver à 20 h 10 à Nice.

— Ron et Yann ?

— Les parents d’Alex viennent les garder à la maison.

— C’est sympa. Je viens vous chercher à l’aéroport.

— Non, laisse, maman, on va prendre un taxi.

— Pas question, je viens !

Inutile d’insister, je connais ma mère !

— Je te téléphone quand nous sommes dans l’aérogare et on se retrouve au dépose-minute ?

— On fait comme ça. Je vous prépare un lit. Oscar et Aurore arrivent cet après-midi. Ils vont chez Achille et Maya. Tout le monde dîne à la maison ce soir, on vous attendra pour manger. Maëve, Ava et Auguste ont pris les questions d’intendance en main. C’est gentil.

— Ava n’était pas à Paris ?

— Si, mais elle est arrivée à moto ce matin. Elle est partie dès qu’elle a appris hier soir…

Un silence. Le souffle de la respiration saccadée de maman. La cascade de ses larmes est au bord de la résurgence.

— Je te laisse, maman, mon avion va décoller. Tu fais un câlin à Arthur. Je vous aime fort !

— Promis, me répond-elle d’une voix qui n’est plus qu’un filet incapable d’attraper ses sanglots entre ses mailles.

Le soleil de Bamako écrase le paysage, écrase mes larmes.

Vite l’avion !

Retrouver Alex, me réfugier dans ses bras, dans son amour.

Ava

Contes, le village perché, 5 juin 2010

Je suis là, papa. Aujourd’hui, c’est mon tour, mon tour de te passer le mouchoir en papier, mon tour de te tenir la main, de te prendre dans mes bras, contre mon cœur, dans mon sourire. Papa, je t’aime ! Je suis dans ton chagrin, dans tes larmes. Les miennes coulent avec les tiennes le long de nos joues qui se joignent, qui se pleurent. Elles se perdent ensemble pour rejoindre le néant du désespoir.

Comme tu l’as fait il y a des années pour rejoindre maman à la mort de Papé, j’ai sauté sur ma moto et j’ai traversé la France du nord au sud en une nuit. Comme toi, je ne me suis arrêtée que le temps de faire le plein du réservoir. Je n’ai rien avalé de la nuit. Une boule s’est installée hier soir quand maman m’a appelée. Elle a bloqué l’accès à tout breuvage, à toute nourriture. Comme toi quand tu es venu rejoindre maman. Le compteur a dépassé les limites et derrière la visière de mon casque il y avait du brouillard.

Je suis là, maman. C’est à moi de te serrer sur mon cœur, d’essuyer le rimmel qui dégouline de tes yeux. Assois-toi, maman, ou bien va marcher avec papa. Allez vous tenir la main et regarder le ciel pour y retrouver l’hirondelle qui croisera peut-être son âme, son éclat de rire, son éclair d’amour, dans l’immensité du firmament, dans la musique du souvenir qui nous reste de son sourire.

Je n’ai rien mis dans mon sac, je n’ai pas pris de sac. Je n’ai que mon amour en guise de bagages. Pour le reste, Maëve me passera des habits, son maquillage et des sourires de rechange s’il lui en reste. Cette nuit, nous dormirons ensemble toutes les deux comme quand nous étions petites, que nous avions un chagrin ou fait un cauchemar, ou comme quand nous étions ados et qu’un p’tit con plaquait l’une de vos deux Mini-nous, Minettes et j’en passe.

— Maëve, on prend ta voiture avec Auguste pour aller à Auchan.

— Attendez, je viens avec vous. On dépose Cime et Valériane chez Papi-Do et Mamie-Ma. Il y a Matthieu. Elles y seront plus tranquilles et dans une ambiance plus gaie.

— D’ac, faut pas traîner. Auguste, tu es prêt ?

Auguste

Contes, le village perché, 5 juin 2010

Non, je ne suis pas prêt et je ne le serai jamais pour vivre ces choses-là.

Le coup de téléphone d’hier en fin d’après-midi…

Papa nous regarde maman et moi, son portable à la main et ses mains qui tombent le long du corps. Ses yeux brillent et se noient. Ses lèvres tremblent, sa tête se penche et son dos se voûte. Papa s’assoit, regarde maman.

— Qu’est-ce qui se passe ? demande-t-elle.

Papa reste muet, incapable de parler, incapable du moindre mot, du moindre geste.

— Arthur, qu’est-ce qu’il y a ?

Papa se redresse pour tomber dans les bras de maman. Entre deux souffles, il dit… Et je ne comprends rien. Et maman qui s’enfouit, se réfugie dans les bras de papa et papa me regarde, le malheur au fond de ses yeux.

— Qu’est-ce qui se passe ?

À mon tour.

Aucune phrase. Juste des mots. Gendarmerie, accident et prénom, son prénom.

Non, je ne suis pas prêt et je ne le serai jamais pour entendre ces mots-là.

Je suis silence. Je suis absence.

Pourquoi ce prénom ? Pourquoi celui-là et pas un autre ?

Il y a cinq minutes, le bonheur régnait.

Une sonnerie assassine a chassé le soleil.

Plus rien n’existe dans le ciel. Les hirondelles et les martinets s’en sont enfuis à tire-d’aile. Ne reste que la mort et son cortège d’incompréhension et sa litanie macabre qui se répète et se transmet d’un appel téléphonique à l’autre.

Non, je ne suis pas prêt. Je ne le serai jamais !

Maëve

Contes, le village perché, 5 juin 2010

Auguste est en ruine ! Mon petit frère a dévissé hier au soir.

De nous tous, c’est lui le plus détruit par la bombe qui nous est tombée dessus et ravage notre vie.

Ils étaient tellement complices, attachés l’un à l’autre. Parfois avec Ava ça nous énervait, ça nous rendait jalouses, envieuses. Une telle relation n’existe qu’entre des jumeaux comme Ava et moi !

Bah nan, la preuve.

Auguste est en ruine ! Mon petit frère a dévissé hier au soir et moi la championne d’escalade, je suis incapable de l’assurer, de le rassurer ! Le rassurer de quoi ?

La mort est là, bien présente, bien réelle, la salope ! Elle s’est servie, n’a pris aucune précaution ! La mort ne prend jamais de précaution, elle passe, arrache la bonne herbe et laisse les dégâts derrière elle !

La mort est tranquille, elle se fout des torrents de tristesse qu’elle provoque et qui inondent des vallées entières où régnaient la joie et les rires, qui ravagent les chemins du bonheur et laissent la roche à nue !

La mort s’est servie ; elle n’a pas laissé le temps à la vie de vieillir. Mais la putain qu’elle est, elle n’a pas honoré le deal ! Mourir ? OK ! Mais laisse donc vieillir avant ! Là, cette garce n’a rien respecté, elle est passée, sans même s’arrêter, elle a semé sa dévastation. Et mon petit frère, mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs, de cœur, de corps, tous en corps à corps en cœur à cœur, la mort nous a arraché des lambeaux de bonheur, une partie de nous. La mort, la salope !

Cime, Valériane, venez ! On va consoler tonton, papi et mamie et tous ceux qui l’aiment et l’aimeront toujours !

Arthur et Morgane

Chapelle de Châteauneuf-Villevieille, 5 juin 2010

Ils sont là tous les deux. Adossés à la porte de la chapelle ; assis sur l’imposante pierre qui en marque l’entrée ; le regard perdu dans le ciel, vers la baie de Nice et au loin celle d’Antibes. Ils sont là tous les deux.

Ils sont las tous les deux. Le cœur dans un étau, et l’étau se resserre. Et le cœur se ressert un verre de chagrin, même pas le dernier pour la route, la route est encore longue avant de faire le deuil !

Ils se tiennent la main, ils soutiennent la vie, car la mort est passée et elle s’est arrêtée.

C’est hier au matin d’une journée ordinaire, une comme les autres, sans plus ni moins, sans rien de spécial que d’être celle-ci.

C’est sur une route ordinaire, une comme les autres, sans plus ni moins de circulation, sans rien de spécial que d’être celle de son trajet quotidien.

C’est à un croisement ordinaire, un comme les autres, sans plus ni moins de visibilité, sans rien de spécial que d’être celui qui croise la mort !

C’est une fille, pas comme les autres, qu’une voiture a happée, et… la mort s’est installée.

C’est leur fille Hélène. Elle n’a pas fini le printemps ; elle n’a pas eu le temps de vieillir.

C’est la fille d’Arthur devenue celle de Morgane. C’est elle qu’ils cherchent dans ce ciel d’un bleu Provence sans nuages. Son corps s’est éteint et dans l’azur profond, son sourire illumine les souvenirs. Mais, aujourd’hui, la brume de tristesse tisse une tresse de détresse où se pressent les larmes qui cachent le ciel.

C’est une fille pas ordinaire que la mort a fauchée.

C’est une fille pas ordinaire ! C’est leur fille.

C’est une fille pas ordinaire ! C’est la sœur d’Hector, celle de Maëve et Ava, et celle unique d’Auguste, ce petit frère unique qui la fit émerger et revivre, ce petit frère unique qu’elle a poussé devant elle, qu’elle a bousculé, choyé, cajolé, aimé tout simplement.

C’est Hélène, celle qui manquera à la bande des six qui restent cinq, Oscar, Aurore, Achille, Maya, Hector.

C’est une fille pas ordinaire et le soleil semble comprendre la misère du moment. Quelques nuages passent, et au loin les rayons s’immiscent en un voile de pluie en un rideau de pleurs.

— Je t’aime, Hélène, disent en un cœur unique Arthur et Morgane.

— On retourne à la maison, dit Morgane.

— Les enfants nous attendent, complète Arthur.

Le 4 juin ne sera plus jamais un jour ordinaire !

Aurore

10 juin 2010

Nous sommes là, tous là.

Main dans la main, autour d’Hélène, tous là. Une ronde, une onde, un monde de tristesse, main dans la main.

Comment ne pas pleurer ?

Il y a le premier cercle, Morgane et Arthur, Hector et Alex, Achille et Maya, Maëve, Ava, Auguste, Isa et Lou, les enfants de chacun, Papi-Do et Mamie-Ma, Mamie-Zélie sans Pierre déjà fauché par la mort.

Et il y a les autres, tous les autres. Ceux de Contes, ceux de Guillestre, ceux de Paris et ceux d’ailleurs, de partout, de nulle part, tous ces hommes, toutes ces femmes qui se tiennent la main et font une farandole de larmes autour d’Hélène.

Comment ne pas pleurer ?

Auguste l’a voulu ainsi et les autres ont dit oui. Pas de fleurs, juste une rose, une unique rose, rouge, éclatante de vie et d’amour. Une unique rose rouge pour accompagner Hélène dans ce dernier voyage, ce tout petit voyage qui conduit à n’être que poussière éternelle.

Un chant retentit, une voix infinie, celle de Noa. Elle murmure les amen d’un Ave Maria qui chamboule le cœur, qui met en communion avec dame Nature ou Dieu ou Allah ou Yahvé… qu’importe. La mélopée de Noa serre les mains, serre les doigts, serre les cœurs.

Comment ne pas pleurer ?

Demain au premier rayon du soleil, nous serons au pied de la chapelle des ruines de Châteauneuf-Villevieille.

Le vent t’emportera Hélène. Vers la mer ? Vers la montagne ? Ce sera selon son désir et tu seras éternelle.

Comment ne pas pleurer ?

2010

Un autre monde

Ludwig von Beethoven et Martha Medeiros

Ava

Septembre 2010

Pourquoi a-t-il fallu qu’un jour

il s’amuse à faire demi-tour ?

Je l’ai cru parti faire un tour,

mais il m’a fait un vilain tour.

Un sale tour à sa façon

à « p’tit cœur » con qu’a le bourdon

qui se retrouve tout seul, tout con,

avec un arrière-goût de Picon,

un arrière-goût de chialer

qui dégringole sans filet.

Pas de filet : Amour tombé !

Amour blessé, à mort, cassé !

Il s’est cassé au bout du cœur,

au bout du monde, c’est une erreur.

À cause d’un mot taché de beurre,

de traces de moi, d’une noix de peur.

Il n’a rien dit, il est parti.

Moi comme toujours j’en ai trop dit.

Papa, maman j’ai le cœur qui fuit,

j’ai mal au cœur, mal à la vie.

La vie ensemble, elle était chouette ;

même la vieille chouette était en fête

quand elle voyait nos deux têtes

en tête-à-tête faire la fête.

La fête serait un mot de toi,

de toi à moi qu’en revient pas

de ne pouvoir penser à toi

sans un regret au bout des bras.

Mes bras sont cons, ils sont perdus,

ils t’ont perdu, ne servent plus

qu’à me porter quand j’ai trop bu

d’un mur à l’autre côté de la rue.

La rue est vide ce matin.

Et ce matin, rien ne s’y passe, rien !

J’ai écrit ce texte cette nuit, sur un rythme de blues, assise à mon piano électrique, le casque sur les oreilles.

Je suis chez mes parents, dans la chambre que nous occupions Maëve et moi. Je suis venue m’y perdre ou m’y retrouver ? Je ne sais pas, je ne sais plus.

Il y a deux mois, je pleurais Hélène. Aujourd’hui, je pleure mon amour, le premier, celui de toujours, de mon adolescence de mes premières fois. Il est parti ! Il en a trouvé une autre ! Depuis deux ans, nous vivions ensemble. J’ai tout organisé autour de nous deux, ma vie, mes concerts, mes récitals, mes amis. Peut-être trop ou pas assez ? Je ne sais pas, je ne sais plus.

À mon retour de l’inhumation d’Hélène, il n’était plus là, il est parti vivre avec une flûtiste de l’orchestre philharmonique. KO debout !

Tout remonte en un raz de marée de bile de regrets. Tout ce que j’ai mis de côté pour lui et la musique, tous mes rêves oubliés dans un coin, tout ce que je voulais faire et que j’ai délaissé dans l’absolu de cet amour éperdu que je croyais éternel comme celui de maman et papa. J’ai perdu mon amour éperdu !

Toute ma vie est sens dessus dessous, je ne crois plus en moi, je n’ai plus confiance en moi. Je suis allée voir un psychologue pendant l’été. Lors de ma dernière consultation, il m’a demandé : « Quels sont vos rêves à vous ? » Je me retrouve la tête à vide, toute conne, incapable de répondre. Ma vie ? Lui et le piano !

Pourtant je me souviens, petite je disais qu’un jour j’irai en Afrique pour aider.

Je me souviens aussi, il y a neuf ans. J’avais dix-sept ans ; j’étais en terminale. Un prof, je ne sais plus lequel, est entré dans la salle de cours, nous étions en histoire. Il a parlé à son collègue. Celui-ci est devenu blanc. Le prof d’histoire a laissé tomber le morceau de craie sur le bureau, il nous a regardés.

Nous avons tous compris que quelque chose de grave se passait. Nous avions tous les yeux rivés sur lui, même ceux qui, habituellement, l’ignoraient totalement, lui et son cours.

Il nous a dit les avions, les tours, la mort. Il nous a dit l’Amérique, Al-Qaïda, Ben Laden… J’ai pensé Hiroshima, Nagasaki… de nouveau un autre monde, d’autres guerres émergent !

Il n’a pas terminé son cours. Nous sommes sortis. Dans les couloirs, nous étions des centaines abasourdis, sonnés, révoltés. Nous disions : I’m New York et Maëve est venue me retrouver : « C’est terrible, tu vas voir, les Américains vont se venger et c’est sur des civils afghans que ça va tomber ; ce fou de Ben Laden va s’en sortir ! » Et j’ai pensé : I‘m Kaboul !

Ce jour-là, dans un coin de ma tête a germé l’idée d’être utile aux autres, à ceux qui n’ont pas comme moi la chance de naître et de grandir dans un pays qui s’appelle France ; dans ce pays où nous pouvons apprendre, être soignés, dire ce que nous voulons ; dans ce pays porteur de valeurs qui se nomment : Liberté, Égalité, Fraternité. Si être fière d’être Française, c’est être porteuse et militante de ces valeurs, alors j’étais et je suis toujours fière d’être Française. Et je ne voulais et je ne veux pas laisser les fachos de tout poil et de toutes origines s’approprier ces valeurs !

Pourtant, neuf ans après ce 11 septembre 2001, l’idée d’agir pour aider est restée à l’état de graine ; je l’ai oubliée, je ne l’ai pas arrosée.

Neuf ans après, je suis à Contes.

Où sont mes rêves passés, mes intentions proclamées ?

Aujourd’hui, j’ai besoin de m’écouter. Pas d’écouter les notes, résultat de mes doigts qui effleurent les touches du piano, mais d’entendre mes rêves, mes projets abandonnés dans les cartons de mon enfance et de mon adolescence. Je ne veux plus continuer cette ritournelle insensée qui me fait devenir adulte avant d’avoir vécu mes envies et mes utopies ! J’ai soif d’un breuvage nouveau qui se nomme Liberté ; liberté de découvertes, d’inconnus, de risques, de challenges ! Je veux retrouver cette volonté d’être utile aux autres. Je veux me découvrir, me mettre à nue.

Ce matin, quand je suis descendue pour déjeuner, j’ai trouvé une enveloppe sous mon bol. À l’intérieur, un papier avec un poème de Martha Medeiros retranscrit par papa, « Il meurt lentement ». Il se termine ainsi :

« … Il meurt lentement

 celui qui ne change pas de cap

lorsqu’il est malheureux

au travail ou en amour,

celui qui ne prend pas de risques

pour réaliser ses rêves,

celui qui, pas une seule fois dans sa vie,

n’a fui les conseils sensés.

Vis maintenant !

Risque-toi aujourd’hui !

Agis tout de suite !

Ne te laisse pas mourir lentement !

Ne te prive pas d’être heureux ! »

Je suis libre, libérée des chaînes qui entravaient ma vie.

Tout est possible. Je ne veux pas mourir lentement, je veux vivre maintenant !

Sous mes doigts s’envolent les notes du troisième mouvement de la Sonate au clair de lune de Beethoven !

Arthur

Septembre 2010

Au deuxième étage, les chambres sont devenues silencieuses. Nul bruit de pas, nulle musique, nulle télévision ou nul dialogue au téléphone.

Au deuxième étage, les chambres sont vides.

Ava est repartie pour Paris ce matin après avoir consolé à la maison son « p’tit cœur » meurtri. Elle a déboulé huit jours après l’inhumation d’Hélène. Son amour de toujours était parti pour toujours ! « P’tit cœur » brisé, chiffonné, piétiné. Elle est restée deux mois à ramasser les débris de son être. Coup sur coup, la mort de sa sœur et celle de son amour… Le petit enfoiré aurait pu choisir un autre moment. Mais les tremblements de terre, les tsunamis choisissent-ils leur moment ? Ils surgissent, ils raflent la vie, terrassent le paysage et rasent tout sur leur passage. Ava s’est relevée. Péniblement, doucement, craintivement, elle a redressé la tête et son corps a suivi. Ses doigts ont délaissé le blues et ont repris le troisième mouvement de la Sonate au clair de lune de Beethoven pour la conduire vers ses rêves oubliés, délaissés, pour l’emmener vers l’infini des utopies de son enfance, de son adolescence. Et le troisième mouvement s’élance dans un éclair de notes qui s’élèvent en un bouleversement de sentiments, en une révolution du cœur et du corps qui rejoignent l’espoir et l’apothéose des cieux où ce Clair de lune resplendit dans ce ciel éternel, sans limites, sans frontière. Ava va ! Ava s’en va ! Nous sommes là !

Juste ces quelques notes de musique qui rythment et font s’envoler mes mots, juste ces quelques vers de Martha Medeiros, déposés là par hasard, par amour.

Au deuxième étage, les chambres sont vides.

Auguste est parti ce matin.

Nous ne surveillerons plus le grincement de la cinquième marche pour connaître l’heure de son retour, s’il est seul ou accompagné. Sa chambre est désertée, plus de présence continue. Elle ne pouvait et ne devait être « éternelle ».

Auguste est parti vivre sa vie. C’est bien ainsi. Et moi je suis sans voix ici. Il s’en est allé. Le « p’tit dernier » a bouclé ses études. Le voilà assistant social. Il nous a dit « Papa, maman, j’ai mon diplôme d’assistant social, c’est bon. Vous êtes contents, j’ai un diplôme. Mais franchement, je n’ai pas envie de m’enfermer dans un boulot à vingt-deuxans. Métro-boulot-dodo, c’est trop tôt pour moi. J’ai des fourmis dans les baskets et je veux découvrir avant de commencer à vieillir. » Il en avait discuté avec son modèle Hélène pendant l’hiver. Ensemble, ils se sont rapprochés d’une organisation humanitaire au Sénégal. Le projet, c’était de partir tous les deux… Auguste est parti seul, avec Hélène au fond du cœur. Il n’est pas parti au Sénégal, il s’en est allé découvrir l’Europe à l’aventure sur son vélo en guise de bouée de sauvetage.

C’est un peu jeune vingt-deux ans pour quitter papa-maman… je trouve.

Au deuxième étage, les chambres sont libres pour accueillir qui voudra y venir…

Avant Auguste, Hélène et Hector sont partis, c’était… il y a si longtemps.

Après eux, ce sont Ava et Maëve qui se sont envolées. Les « Mini-nous » de la naissance, les « Minettes » jusqu’à l’adolescence, les « Filles » ensuite, nos « Doubles-cœurs » pour toujours, à Morgane et moi dans le silence de nos confidences. Un soir d’été, l’avenir en poche bien serré entre leurs diplômes et leurs sourires, elles nous ont dit : « Papa, maman, on va partir ! » Et elles sont parties pour mieux nous revenir, autrement. Elles ont quitté la cinquième marche qu’elles faisaient grincer sans pudeur et sans retenue ; elles nous ont abandonné leur chambre au deuxième étage, leurs derniers doudous et leurs vieux posters ; elles ont emmené dans leurs bagages le beau gosse qui les avait fait craquer. Maëve a laissé le sien sur le pas de leur porte quelques semaines après. Ava l’a conservé. Elles sont parties ensemble vers leurs lendemains, main dans la main. Un bon matin, elles nous ont dit : « Maman, papa, nous prenons chacune notre appartement avec l’aimant-amant qui va avec ! » Maëve à Contes est prof de sport à L’Escarène ; Ava, parfois à Paris souvent ailleurs, joue comme la pianiste virtuose qu’elle est devenue. Maëve a deux enfants, mais plus l’amant désaimanté qui allait avec. Ava avait toujours l’amant, mais pas d’enfants, elle prend son temps, elle peaufine. Elle a parfois ceux de sa sœur, et aussi ceux d’Hector, mais pas d’Hélène qui n’a pas eu le temps d’en avoir. Ava n’a plus son amoureux, elle a la vie.

Au deuxième étage, les chambres sont ouvertes. Quand ce sera les vacances, il n’y aura plus de place vacante. Il faudra même ajouter des matelas… Les petits-enfants et leurs cousins-cousines, les éloignés et les très proches, ceux du Midi et ceux du Nord, ceux de la mer, ceux des montagnes, ceux de la ville et ceux d’ici, les bébés, les petits, les grands, les ados, tous ces rires qui viennent ici pour y retrouver leurs complices.

Il est temps que sonne la retraite. J’ai des envies d’avoir le temps d’emmener ces loustics randonner au Pic du Diable, de plonger dans les launes des Paillons, de ramasser les châtaignes à Berre-les-Alpes, de jouer à cache-cache dans les ruines de Châteauneuf, de skier à La Colmiane ou à Camp d’Argent, de se baigner dans les rochers de Saint-Jean-Cap-Ferrat ou ceux de la plage de la Garonne au Pradet. J’ai hâte de les entendre courir dans les rues du village, d’entendre hurler la voisine éclaboussée par l’un d’eux à la fontaine. J’ai envie, le soir, de serrer ma Fée-déesse quand tout s’éteint, sauf la cinquième marche qu’un ou une inconsciente des ados fait craquer après une escapade nocturne à la fontaine ou bien ailleurs… Alors sans en avoir l’air, au petit-déjeuner, entre deux tranches de pain couvertes de confiture, nous tenterons de deviner qui a fait résonner l’alarme des ados en vadrouille… Nous ne lui ferons pas la morale ; quelle morale ? Par hasard, nous parlerons préservatifs, sida, MST, respect de l’autre et respect de soi. Par hasard, bien entendu !

Les chambres du deuxième sont disponibles, à qui les veut.

Morgane

Septembre 2010

Purée !

Malheur !

Il ne me fait pas rire ce p’tit couillon ! Il fait même pleurer sa maman !

Celui à qui j’ai donné la vie part vivre la sienne !

Celui à qui j’ai prêté mes seins pendant plus de huit mois, qui nous racontait ses expériences de préado, ses glorioles de pubère et ses chagrins d’amour à « en mourir pour la vie », part tracer son chemin, découvrir, se découvrir en découvrant les autres si loin d’ici !

Côté corps et côté cœur, il n’a pas tardé, il a été rapide, comme pour ses études. Côté corps et côté cœur, il nous a toujours tout raconté et à ses sœurs aussi ! Elles en étaient souvent sur les fesses de l’entendre s’appesantir, parfois longuement et lourdement, sur les qualités et les spécificités du popotin d’une telle, sur la poitrine de telle autre et sur la douceur des mains de cette dernière ! Toute la maison a su quand il a fait l’amour la première fois ! Il n’y eut aucune discrétion lors des ébats, à tel point que Maëve est allée lui demander de mettre la main sur la bouche de sa copine plutôt qu’entre ses cuisses. Le lendemain, nous eûmes droit à l’explication la plus précise qui soit de la nuit précédente ! Ava la discrète a préféré se défouler sur son piano en jouant le troisième mouvement de la Sonate au clair de lune, et Maëve, pourtant pas pudique pour deux ronds, est devenue rouge écarlate devant tant de précisions ! Arthur et moi étions comme deux ronds-de-cuir ; sidérés ! Pourtant on a eu le meilleur et le pire avec notre ribambelle de vrais et d’à moitié vrais enfants. Nous-mêmes, Arthur et moi, ne nous sommes pas gênés à l’adolescence. Mais là...

Là, notre sacré loupiot nous quitte ; ses histoires vont nous manquer. L’entrée en maternelle c’était cadeau en comparaison. Je n’ai plus de mouchoirs ni de larmes à sécher, elles sont toutes recroquevillées dans le fond de ma gorge !

Surdoué, précoce !

Pourquoi a-t-il fallu que sa sœur, Hélène, le prenne sous son aile et lui apprenne à lire dès la première année de maternelle ? Et Hector, son frère, avait-il besoin de l’emmener sur ses épaules pendant des jours et des nuits en rando dans le Mercantour ? Était-il obligé de le faire bivouaquer en pleine montagne à l’âge de cinq ans ? Et Achille ! Que je te mets mon Titi sur des skis alors qu’il sait à peine marcher : « Ava et Maëve viennent avec nous, pourquoi devrait-il rester dans tes jupons ? » Je n’ai jamais mis de jupons !

Et on s’étonne : « Ah bon, il sait lire et compter ? Il peut passer directement en CE1 alors ! » a dit la maîtresse du CP. Et tant que faire se peut, dans la classe CE1-CE2, histoire qu’il passe en CM1 direct !

Étonnons-nous de le retrouver en classe avec Ava et Maëve et de le voir passer son bac en même temps qu’elles !