Quatrièmes de couverture - Laurent-François Staub - E-Book

Quatrièmes de couverture E-Book

Laurent-François Staub

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Beschreibung

Procrastinateur et amateur dilettante, Laurent-François Staub préfère suggérer des pistes d’écriture plutôt que de s’atteler lui-même à la tâche. "Quatrièmes de couverture" dévoile ainsi les amorces de ses œuvres potentielles et explore ses échecs dans le processus de création. Les écrivains en herbe sont invités à s’inspirer de ces idées pour écrire leurs propres textes. Plongez dans cet univers où chaque schéma inachevé devient un encouragement à la créativité.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Laurent-François Staub, enrichi par ses nombreux voyages, a d'abord écrit plusieurs romans avant de se tourner vers des formes d'écriture plus courtes et intenses. Il explore désormais des textes programmatiques, esquisses d'une œuvre prometteuse qui pourrait cependant ne jamais voir le jour.

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Seitenzahl: 68

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Laurent-François Staub

Quatrièmes de couverture

© Lys Bleu Éditions – Laurent-François Staub

ISBN : 979-10-422-4466-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

L’œuvre de Roland Lésy

[Éditions du Désastre]

Roland Lésy

Aux chiottes les livres !

Anthologie de la littérature aux toilettes

Précédé de « Pour une histoire et une sociologie brèves de la lecture aux toilettes »

Les toilettes sont devenues l’un des derniers refuges du lecteur [de l’homme plus largement] en quête de tranquillité et de silence. Dans un monde qui fait de plus en plus de bruit pour pas grand-chose, voire pour rien, les chiottes constituent envers et contre tout un îlot préservé où la lecture n’est pas considérée comme une perte de temps, même si la littérature, que l’auteur tente de défendre, doit subir la déloyale concurrence des magazines, féminins notamment, et celle encore plus perfide des téléphones intelligents : l’impudeur générale exige qu’on exhibe la splendide beauté de nos étrons dominicaux dans les grand-messes de la presse et des réseaux sociaux. Demeure le sacro-saint cloître des latrines, dernier confessionnal d’un moi préservé.

Depuis combien de temps cette habitude de traîner avec un livre, un journal ou un illustré dans les lieux d’aisance ? Et quel type de littérature trouve grâce auprès du lecteur menant ses affaires, sérieuses sans aucun doute, et malgré tout disposé à fournir un effort intellectuel plus ou moins intense ?

Roland Lésy, avec une inimitable truculence, nous convie à un parcours audacieux, drolatique, parfois surréaliste, des origines de la littérature aux toilettes à nos jours. Mais surtout, il nous offre des morceaux choisis qui nous accompagneront dans le sanctuaire quotidien – ainsi qu’une judicieuse bibliographie commentée dans laquelle chaque lecteur (ou lectrice), avide de lire autre chose qu’un magazine féminin ou un journal sportif, pourra trouver son quart d’heure de satisfaction, sans encourir les risques de l’onanisme.

Roland Lésy

Trajets I

Allers

Enfoiré de putain de mobylette à la con, coupe la route saloperie. Quatre-quatre, un bon pare-buffle, te les envoie tous en enfer. Pogrom automobile, voilà ce que je promets. Tiens, feu rouge et vert aujourd’hui. Noter ça dans un coin de ma gueule.

Il s’engagea dans le gouffre et la cohue, habituel(le)s. Il évitait d’instinct les traînards et les vieux qui s’éternisaient, comme dans un mouroir. Il n’aimait pas ces mendiants de l’existence qui réduisaient l’intensité de la cité. Il abhorrait toute réduction. Il vivait intense. Il entendit la rame arriver et pressa son pas métronomique. A la minute près, comme tous les jours. Il sourit. À la minute près.

Tu peux aller t’asseoir. Tu te lèveras si une vieille dame arrive devant la place. Personne pour le moment, tu t’assieds tranquillement. Tu passes ta main sur ta barbe. Ne pas oublier d’acheter un rasoir au retour, le noter dès que tu seras installé. À quoi d’autre dois-tu penser ?

Le vent s’engouffrait dans le goulet du canal. Il cingla Wim quand il franchit le pas de sa porte, bicyclette à la main. L’air de glace le vivifia. Il ne lassait pas d’enfourcher sa monture, été comme hiver, pour faire les quatre kilomètres deux cents qui le séparaient de son lieu de travail.

Il l’a embrassée en sortant de la voiture. Il aurait voulu la prendre une dernière fois, sans ménagement, comme le méritait la petite catin. Il a consulté son portable. Il devait y aller. Les affaires n’attendent pas. Pas comme les putes. Il trouverait bien de quoi assouvir son envie une fois arrivé.

Un automobiliste à Marrakech, un usager du métro new-yorkais, le passager d’un bus à Paris, un cycliste amstellodamien, un habitué de l’aéroport de Frankfort. Cinq trajets du domicile au lieu de travail, cinq rêveries poétiques et urbaines, selon des modalités narratives différentes.

R. Lésy redonne toute sa noblesse à un genre déprécié : la nouvelle. Ces Trajets forment une entité unique et doivent se lire comme telle.

Roland Lésy

Trajets II

Retours

Sortant de la mosquée où je me suis fait voir, je me mets à hésiter. Voir cette crapule de Nakhli ou rentrer directement à la maison ? Je rentrerai à la maison, puis j’irai voir Nakhli. Traverse petite gazelle innocente, tu finiras sous un homme ce soir. Je la suis du regard. Juste la toucher un peu – lui masser les seins – « Je peux vous déposer quelque part ? »

Dix-neuf heures, il était temps de passer aux choses plus sérieuses. Il défit sa cravate et se servit un verre de bourbon. Il sourit du bien-être immuable que lui procurait le rituel quotidien. Peut-être était-ce pour ce simple premier verre qu’il aimait tant son travail. Ou pour les événements imprévisibles qui immanquablement arrivent. Il appela Mark en prenant une autre gorgée.

Es-tu satisfait de ta journée ? As-tu pensé à bien fermer ton bureau avant de quitter le musée ? Apprécie le bruit de tes pas sur les feuilles d’automne, le léger craquement de la matière sèche et morte sous ton pas maladroit. Hume les parfums poivrés de l’allée humide, l’odeur légère de la pourriture organique.

Il attacha son vélo devant le coffee-shop. Il savait qu’elle l’y attendait déjà, finissant une demi-heure avant lui. Elle tirait de lentes bouffées en lisant un roman policier. Il goûtait, jour après jour, de l’observer quelques minutes avant de s’attabler devant elle.

Au moment où l’avion atterrissait, il s’est rappelé comment son foutre avait giclé sur la ravissante escort. Il s’est avoué qu’il l’avait quelque peu malmenée. Il avait donné un billet en plus pour qu’elle la boucle. Une putain reste une putain. Il a vite oublié, insignifiants détails dans la variété infinie des potentialités de l’existence.

Roland Lésy est né en 1964, à proximité de Strasbourg. Après des études de sociologie et de littérature, il exerce divers métiers (bagagiste dans un grand hôtel, musicien de jazz, objecteur de conscience, facteur, barman…) qui le mènent, il ne sait comment, à l’écriture de livres. Dans cette deuxième série de Trajets, il se fait procureur et convoque ses personnages dans cinq contes truculents d’une folie bien ordinaire.

Roland Lésy

Incipit

Procrastination [non écrit en 2011]

Abrégé biographique

« Le sérieux avec lequel nous considérons la littérature serre le cœur. », pensa Roland Lésy – puis il laissa à jamais la phrase à un autre, par paresse, par indifférence, par lâcheté, par ce qu’il avait, très certainement, de meilleur en lui – car de plus humble, de plus blessant, de plus méprisable.

Ou plutôt voilà ce que pensa ce même Roland Lésy, un soir mélancolique d’automne aux longs sanglots – mais qu’il omit malheureusement de noter parce qu’il jugea l’acte dérisoire, un bref moment de papier,et la paresse, son avatar obligé.

Roland Lésy avait le sérieux de l’homme insuffisant : insuffisamment fat pour être brillant, insuffisamment cultivé pour être érudit, insuffisamment stupide pour se contenter d’être lui-même, insuffisamment courageux pour devenir quelqu’un d’autre.

Effectivement, le regardant d’un œil pourtant indifférent, le sérieux avec lequel il considérait la littérature et, dans la littérature, son œuvre à venir avait de quoi serrer le cœur.

Roland, furieux d’avoir encore manqué la phrase…

À la suite de son très borgésien Quatrième de couverture