Satire 1 sur les caractères et les mots de caractères de profession, etc. - Denis Diderot - E-Book

Satire 1 sur les caractères et les mots de caractères de profession, etc. E-Book

Denis Diderot

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Beschreibung

Extrait : "Le cri de l'homme prend encore une infinité de formes diverses de la profession qu'il exerce. Souvent elles déguisent l'accent du caractère."

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EAN : 9782335001587

©Ligaran 2015

À mon ami M. Naigeon sur un passage de la première satire du second livre d’Horace

Sunt quibus in satira videar nimis acer, et ultra

Legem tendere opus.

Horat.Serm. lib. II, sat. I, V.1-2.

N’avez-vous pas remarqué, mon ami, que telle est la variété de cette prérogative qui nous est propre, et qu’on appelle raison, qu’elle correspond seule à toute la diversité de l’instinct des animaux ? De là vient que sous la forme bipède de l’homme il n’y a aucune bête innocente ou malfaisante dans l’air, au fond des forêts, dans les eaux, que vous ne puissiez reconnaître : il y a l’homme loup, l’homme tigre, l’homme renard, l’homme taupe, l’homme pourceau, l’homme mouton ; et celui-ci est le plus commun. Il y a l’homme anguille ; serrez-le tant qu’il vous plaira, il vous échappera. L’homme brochet, qui dévore tout ; l’homme serpent, qui se replie en cent façons diverses ; l’homme ours, qui ne me déplaît pas ; l’homme aigle, qui plane au haut des cieux ; l’homme corbeau, l’homme épervier, l’homme et l’oiseau de proie. Rien de plus rare, qu’un homme qui soit homme de toute pièce ; aucun de nous qui ne tienne un peu de son analogue animal.

Aussi, autant d’hommes, autant de cris divers.

Il y a le cri de la nature ; et je l’entends lorsque Sara dit du sacrifice de son fils : Dieu ne l’eût jamais demandé à sa mère. Lorsque Fontenelle, témoin des progrès de l’incrédulité, dit : Je voudrais bien y être dans soixante ans, pour voir ce que cela deviendra ; il ne voulait qu’y être. On ne veut pas mourir ; et l’on finit toujours un jour trop tôt. Un jour de plus, et l’on eût découvert la quadrature du cercle.

Comment se fait-il que, dans les arts d’imitation, ce cri de nature qui nous est propre soit si difficile à trouver ? Comment se fait-il que le poète qui l’a saisi, nous étonne et nous transporte ? Serait-ce qu’alors il nous révèle le secret de notre cœur ?

Il y a le cri de la passion ; et je l’entends encore dans le poète, lorsque Hermione dit à Oreste :

Qui te l’a dit ?

lorsqu’à

Ils ne se verront plus,

Phèdre répond :

Ils s’aimeront toujours !

à côté de moi, lorsqu’au sortir d’un sermon éloquent sur l’aumône, l’avare dit : Cela donnerait envie de demander ; lorsqu’une maîtresse surprise en flagrant délit dit à son amant : Ah ! vous ne m’aimez plus, puisque vous en croyez plutôt ce que vous avez vu que ce que je vous dis ; lorsque l’usurier agonisant dit au prêtre qui l’exhorte : Ce crucifix, en conscience, je ne saurais prêter là-dessus plus de cent écus ; encore faut-il m’en passer un billet de vente.