Sept d’un coup - Francis Tritsch - E-Book

Sept d’un coup E-Book

Francis Tritsch

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Beschreibung

Sept d’un coup – Un livre plein de ressources est une célébration de la création littéraire sous toutes ses formes. Entre contes, poèmes, roman policier, bestiaire, récits pour enfants et formats audio-vidéo accessibles via QR codes, il offre une expérience de lecture immersive. Tour à tour drôle, fantasque, émouvant ou poétique, il explore les multiples facettes de l’existence. Un ouvrage aussi varié que la vie elle-même, capable de surprendre et d’émouvoir à chaque page.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis toujours, Francis Tritsch a nourri un goût profond pour l’écriture, au fil de ses engagements professionnels. Ce n’est qu’en 2020 qu’il entreprend le récit de sa vie, bientôt suivi de cinq autres ouvrages. Ce septième opus, longuement mûri, a pris forme après une réflexion prolongée. Il a ainsi opté pour une structure en sept parties, lui offrant une grande liberté créative.

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Seitenzahl: 289

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Francis Tritsch

Sept d’un coup

Un livre plein de ressources

© Lys Bleu Éditions – Francis Tritsch

ISBN : 979-10-422-6837-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes ami(e)s lectrices ou lecteurs,

À vous qui vous êtes portés acquéreurs de cet ouvrage,

À vous, enfants, à qui vos parents vont lire quelques extraits,

À vous qui un jour, prendrez la plume pour écrire,

Je vous dis merci et bon amusement !

Du même auteur

Petit traité de management à l’usage des honnêtes dirigeants ;

La Vie Extraordinaire de Charlie et Amélie (en français) ;

La Vie Extraordinaire de Charlie et Amélie (en vietnamien) ;

Poèmes sans rimes ni trompette ;

Ma Vie ;

Textes mystiques, coquins et exaltants.

Avant-propos

« Sept d’un coup » est un conte populaire allemand qui figure parmi ceux recueillis par les frères Grimm dans le premier volume de « Contes de l’enfance et du foyer » paru en 1812. Ses premières versions littéraires, du moins en ce qui concerne la fin de l’histoire, sont plus anciennes et remontent au XVIe siècle. Je me rappelle qu’étant petit, ma maman m’avait raconté cette histoire rocambolesque du Vaillant Petit Tailleur. Le conte relate comment un simple petit tailleur, plein d’astuce et de ruse, parvient à épouser la fille d’un roi et devenir roi à son tour au terme de toute une série d’aventures telles que le combat contre des géants, la capture d’une licorne ou d’un sanglier. Vous trouverez l’énoncé de cette histoire à la page 49.

Pour la photo de couverture, j’ai photographié mon piano et mon saxophone et j’ai posé le livre sur le pupitre du piano, lequel livre avait la même couverture, avec le même piano, le même saxophone et le même livre et ainsi de suite, jusqu’à l’infiniment petit. C’est comme la fameuse « Vache qui rit » qui a à l’oreille une boucle d’oreille sur laquelle on voit une vache qui rit et on peut continuer ainsi et ça ne s’arrêtera jamais. Les logiciens appellent « récursivité » la façon de construire une chose en faisant référence à elle-même. Sa principale conséquence est une mise en abyme infinie.

Je fais cette entrée en matière pour indiquer que j’aime écrire, jouer de la musique et aussi m’étonner de concepts comme celui de l’infiniment petit ou, à l’inverse, de « l’effet papillon ». Ce dernier indique qu’à partir de rien ou presque, il peut se passer des choses extraordinaires, à la suite d’amplifications successives. J’en donne plusieurs exemples dans cet ouvrage. En fait, nous pouvons tous déclencher un tourbillon ou une tornade sans le savoir et c’est cela que je trouve extraordinaire.

Sept d’un coup

Les sept parties du livre sont très différentes et par leur contenu et par leur style ou type d’écriture.

Je commence par un recueil de sept contes, suivi par sept récits pour enfants.

Je poursuis avec près de cent poèmes et ces poèmes se répartissent aussi en sept catégories que je vous laisse découvrir en lisant le sommaire.

Suit ensuite un bestiaire avec sept animaux.

J’ai eu envie d’écrire mon premier roman policier et je l’ai appelé : « Meurtre au couvent. »

Le sixième livre est un livre audio et vidéo et j’ai sélectionné sept vidéos de ma chaîne YouTube.

Enfin, je termine par sept idées chocs et chics.

Pour certains passages, j’ai rajouté un QR code qui permet de regarder et d’écouter une vidéo sous YouTube, tout en lisant le texte.

J’ai souvent mis des notes de pieds de page qui peuvent éclairer le contenu. La plupart sont issues de recherches faites sur Wikipédia et je veux rendre hommage à toutes ces personnes qui mettent du contenu en ligne, contenu scrupuleusement vérifié. En effet, par les temps qui courent, nous sommes obligés de nous méfier des informations qui circulent et à chaque fois de nous poser la question de leur véracité.

La symbolique du chiffre sept

Tout au long de cet ouvrage, vous allez retrouver ce chiffre sept.

Il y a sept livres en un ;

Il y a sept recueils de contes ;

Il y a sept parties de contes du pont Tibère ;

Il y a sept histoires pour enfants ;

L’histoire de la princesse comporte sept prétendants ;

Il y a sept recueils de poèmes ;

Et ainsi de suite.

Sept est un chiffre sacré.

En numérologie, étude divinatoire basée sur les nombres, le chiffre 7 symbolise l’esprit, l’introspection et la sagesse spirituelle, la connaissance de soi et du monde.

C’est un chiffre sacré dans de nombreuses religions.

Dans le judaïsme, il y a par exemple la ménorah, chandelier à 7 branches. Dans la Genèse, le premier livre de la Bible, Dieu a créé le monde en six jours et se repose le septième. On dénombre aussi sept péchés capitaux, tandis que dans l’Islam, on compte sept cieux et sept terres.

En amour, il représente ce qu’il y a au-delà du physique, c’est-dire le côté intellectuel et spirituel. Il aspire à une connexion profonde et sincère. Toutefois, il a aussi ses faiblesses. Être sous l’influence du chiffre peut entraîner une tendance à l’isolement, au repli sur soi, voire provoquer une mélancolie excessive.

Ce livre est rythmé par le chiffre 7 et même quand je compose un poème, c’est souvent un heptasyllabe, qui comprend des vers de sept syllabes. Ce rythme de sept temps me va bien.

Livre I

Sept recueils de contes

1ers contes

Les contes du pont Tibère1

1

L’Empereur Tibère

Autrefois, il y a longtemps, très longtemps, il y eut un empereur romain. Il s’appelait Tibère.

Un jour, en voyage en Gaule, il se promena avec son cheval à Sommières, vêtu de sa tunique pourpre, avec sa belle épée d’argent, richement ornée d’or et de pierres précieuses.

Il avait pris la Via Luteva. Arrivé au bourg, il eut envie d’aller voir de l’autre côté et il dut franchir Vidourle2.

Son cheval n’eut pas peur. Ce n’était pas la première rivière qu’il traversait, mais là, c’était un peu plus profond et les sandales et les lacets de l’Empereur, ainsi que l’extrémité de son épée, furent mouillés.

C’était un dur à cuire. Il guerroyait par ci par là, sans aucune peur et avait éventré bien des ennemis avec son épée, mais s’il y avait quelque chose qui exaspérait prodigieusement Tibère, c’est bien de mouiller ses sandales et ses lacets, ainsi que le bout de son épée.

Aussitôt, il convoqua tout le conseil de la bourgade de Sommières

Il leur dit : « Je veux faire construire un pont sur Vidourle afin de pouvoir passer sans mouiller mes sandales et mon épée. »

Et il grava sur une grande tablette de marbre le plan du pont qu’il voulait faire réaliser.

C’était grandiose et c’était très bien conçu et il avait dessiné treize arches.

Son auditoire, de suite acquis à la cause, a applaudi.

Mais au bout d’un moment, ayant compris que c’était à eux, les manants et les serfs et tout ce qui était vaillant et corvéable, de faire le travail et de construire le pont, ils demandèrent :

« Messire, est-ce bien nécessaire de faire treize arches. Sept ne serait-ce pas suffisants ? »

Furieux que l’on puisse mettre sa science et son expertise en question, Tibère tapa sur la table et tonna :

« Ce sera treize ou rien et à présent au travail ! »

Tout le monde sortit de la salle du Conseil et se hâta pour aller devant Vidourle.

« Ce sera à cet endroit. » Et il marqua avec son épée l’emplacement d’un côté et tira une flèche de l’autre côté. « Et ce sera là-bas. Je reviendrai voir dans 5 ans si vous avez fait du bon travail. »

Aussitôt, il quitta la ville, mais avait dépêché son représentant qui, de suite, se mit à les houspiller :

« Allons, nous n’avons pas beaucoup de temps. Au boulot ! Allez chercher vos pioches et vos pelles et dites à vos dames que les journées vont être longues. On travaillera du lever du soleil au couchant. »

2

Les habitantes des profondeurs

Au bout de trois mois, une pile du pont avait été érigée avec de belles pierres bien taillées.

Les ouvriers étaient déjà exténués, sans repos en journée et travaillant sept jours sur sept. Ils comptaient qu’il leur fallut faire encore treize piles, plus le tablier et ils étaient passablement découragés.

Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que leurs travaux perturbaient gravement les habitants de ces lieux. Les cygnes ne s’en offusquaient pas et approchèrent tout près pour être aux premières loges et parfois, ils recevaient un bout de pain, mais pas souvent, car les vivres étaient rares et précieux et il fallait que les constructeurs se nourrissent pour tenir le choc.

Sous l’eau, c’était une autre histoire. Il y avait là, un pensionnat de sirènes, mais personne ne le savait, car elles ne sortaient qu’à la nuit tombée et encore les nuits sans lune.

Les coups de pioches et le creusement des fondations les perturbaient gravement.

La Mère Supérieure, une très belle sirène avec une queue luisante et aux écailles d’or, les réunit et leur dit : « Ça ne peut pas durer. Nous devons faire quelque chose. Ce soir, juste avant la fermeture du chantier, vous irez là-bas et chacune de vous devra séduire un des ouvriers. Vous pouvez user de tous vos charmes, mais il faudra les emporter sur votre dos et nous les enfermerons ici, dans des cages où ils n’auront que la tête qui dépassera et vous verrez que le chantier s’arrêtera très vite. » À ces mots, les sirènes poussèrent des hourras, mais ceux d’en haut ne purent les entendre, car les sons sous l’eau sont quasi inaudibles.

3

Les séquestrations

Le soir venu, les treize sirènes, à la queue leu leu, et leurs queues étaient magnifiques, arrivèrent sur le lieu du chantier pendant que les ouvriers étaient en train de ranger leurs affaires. Elles se mirent à chanter et à coiffer leurs belles chevelures qui brillaient magnifiquement au soleil couchant. Les ouvriers laissèrent tomber pelles et pioches et s’approchèrent.

« Montez sur notre dos ; on va se promener ! » dirent les sirènes.

Aucun ne s’est fait prier et les treize, plus un colosse pour la mère supérieure, se mirent en route et tout le monde semblait heureux. Les sirènes chantaient, les hommes sifflaient et l’air sentait bon la liberté.

« Où nous emmenez-vous ? » demanda le grand gaillard.

« Patience ! Tu le sauras bientôt, car nous arrivons. »

Au détour d’une boucle de Vidourle, ils virent une belle plage de sable fin et ils accostèrent. Tout le monde descendit de sa monture et la Mère Supérieure se présenta.

« Bienvenus dans votre Nouveau Monde, Messieurs. Mettez-vous à l’aise. Vos habits sont à présent superflus. Regardez, nous n’en portons pas. »

En moins d’une minute, ils furent tous nus et les sirènes leur apportèrent du bon vin et des mets délicieux. Ils burent de bon cœur et se rassasièrent. Il y avait bien longtemps qu’ils n’avaient pas connu pareil festin. Les chants continuaient et les blagues fusaient.

« Tu la connais celles-là ? C’est un pécheur qui un jour attrapa un gros poisson, ou plutôt une grosse poissonne et il fut surpris de voir une très belle femme avec une belle chevelure et une belle poitrine. Enfin, c’est une histoire qui se raconte, une espèce de légende, car on n’a plus jamais revu ce pêcheur. »

À ces mots, leurs paupières devinrent lourdes et se fermèrent et très vite, tout le monde dormait à poings fermés. Les sirènes s’emparèrent de leurs compagnons et les mirent dans les treize cages préparées pour eux.

La Mère Supérieure n’enferma pas le sien et partit avec lui, loin des autres et tout le monde imagina bien ce qui allait se passer.

Les sirènes partirent se coucher et à la maison quatorze femmes attendirent en vain leurs maris.

4

De nouveaux ouvriers

Le lendemain, elles allèrent alerter le chef de chantier.

« Nos maris ne sont pas rentrés. Nous sommes inquiètes ! »

« Allez en chercher quatorze autres, le chantier ne doit pas souffrir d’un seul jour de retard ! » leur répondit le chef de chantier, représentant de Tibère.

Quatorze autres garçons arrivèrent, un peu plus jeunes que les autres, et parfois, c’étaient les fils d’un des disparus.

À la fin de la journée, le travail s’acheva et, vous l’avez bien sûr deviné, les sirènes étaient là, chantaient et coiffaient leurs chevelures.

Comme la veille, quatorze autres jeunes gens partirent sur le dos de leur poissonne.

Festin naturiste, blague, rigolade, tout le monde était bien et de la même manière, ils s’endormirent lourdement.

Les cages avaient à présent deux prisonniers et la Mère Supérieure, deux amants.

5

Le pont inachevé

Pendant des semaines et des semaines, ce petit manège continua. Les cages devenaient trop exiguës et bien sûr, les sirènes eurent le droit de batifoler avec ces messieurs et c’est devenu un joyeux lupanar sous l’eau, car, au fil des mois, des branchies se sont mises à pousser et surtout, il y eut beaucoup d’hommes poissons et de femmes poissonnes qui sont nés, complètement adaptés au mieux marin.

Le chantier du pont s’arrêta, et devinez combien d’arches ont été construites ? Sept, très exactement3 !

Vous savez donc aujourd’hui que les « Vidourlades », ces crues ravageuses de Vidourle, c’est la faute aux sirènes et aussi à ces messieurs qui ont tous succombé aux chants des sirènes.

6

Chez les habitants terriens du pont Tibère

L’autre jour, en me promenant le long de Vidourle, j’ai été le témoin de gros travaux de terrassement. De grosses buttes avaient l’air d’avoir été faites récemment.

Je me demandais si la Mairie avait décidé en Conseil Municipal, d’élargir le Pont à défaut de lui rajouter des arches, ce qui est à présent trop tard. Ça me semblait étonnant, mais pas complètement impossible.

Je voulais en avoir le cœur net et je m’approchai pour voir s’il y avait un panneau de chantier. Non, je n’en ai pas vu.

Le lendemain, j’y suis retourné et il m’avait semblé que les tas avaient pris de l’importance, mais il n’y avait aucune activité sur le chantier, ni engins, ni bulldozers, ni damper, ni camions. Ce fut pour moi très mystérieux et je me suis dit que ce chantier devait se dérouler la nuit.

Vous connaissez ma curiosité en ce qui concerne mon environnement et mon lieu de vie et plus particulièrement le pont Tibère qui me tient à cœur et vous savez pourquoi, si vous avez lu les pages qui précèdent.

Je suis donc revenu à la tombée de la nuit. Il n’y avait toujours pas d’engins, mais j’entendais distinctement des bruits de terrassement et je voyais les buttes bouger et s’agrandir.

J’ai dû m’approcher très près et tout d’un coup, j’ai vu fuir des tas de bestioles. Il y avait là des taupes, des castors, des ragondins. Mais à mon arrivée, ils sont tous allés se cacher.

J’ai attendu longtemps sans faire de mouvement pour les mettre en confiance et au bout d’un moment, j’ai vu apparaître trois animaux, un de chaque espèce et ils m’ont abordé.

« Que viens-tu faire ici, humain ? Tu viens espionner notre chantier ? »

Je me suis fondu en explications un peu vagues, tellement j’étais surpris par cette rencontre et cet échange.

« Oui et non, pas d’espionnage, mais j’essaie de comprendre. Qu’êtes-vous en train de réaliser à proximité immédiate de notre pont ? »

Ils répondirent :

« Une cité lacustre pour VIP, mais aussi pour toute la population. D’ici, nous pouvons admirer les passant(e)s sur le pont, les voitures, M. le Maire en moto, les enfants qui vont à l’école, les gens du marché du samedi matin. Ça nous fait de l’animation, car nous sommes très curieux de tout ce qui touche à l’Homme. Il faut nous promettre de ne rien dire à personne, avant que tout ne soit terminé et que la cité soit opérationnelle. »

Je leur ai promis la discrétion la plus totale.

« Dans ce cas, viens, nous allons te montrer quelque chose. »

Ils étaient sympas et très drôles, les trois animaux, ragondin, castor et taupe à la queue leu leu. Nous arrivâmes à une porte en bois et ils frappèrent.

« Qui est là ? » demanda une voix forte à l’intérieur.

« C’est nous, les émissaires et nous avons l’espion avec nous. »

« C’est très bien, entrez ! »

Je me baissais et entrais dans la pièce, une espèce de grand vestibule, richement décoré avec des objets en bois flotté et aussi des sculptures, probablement faites avec les dents des castors.

J’ai trouvé ce lieu magnifique et j’étais à mille lieues de penser qu’il y avait une telle vie souterraine sous Vidourle.

De grandes galeries partaient dans plusieurs directions. Nous en prîmes une parmi d’autres.

Nous sommes arrivés dans une grande salle où tout le monde riait, chantait et dansait. Plus de 100 ragondins, 500 taupes et taupines et beaucoup de castors, ces derniers faisant des percussions avec leur large queue qui tapait par terre. Tout le monde avait l’air de bien s’amuser. Et j’ai même vu les cygnes.

Et au détour d’une boucle de la galerie, je les vis, les sirènes et la Mère Supérieure, ainsi que les grands Chefs ragondins, castors et taupes.

Comme j’avais promis de ne rien dire, j’ai gardé ce lourd secret pour moi, mais j’en ai tout de même parlé à ma femme, lui demandant de ne rien dire, ce qu’elle a juré.

Mais le lendemain, elle en a parlé à une amie, qui elle-même en a parlé à cinq autres ami(e)s et à chaque fois, faisant promettre de ne rien dire.

Et le soir, devinez quoi ?

Plus de cinq cents Sommiéroises et Sommiérois se pressaient à la porte et ont crié :

« C’est quand qu’on inaugure cette cité lacustre pour VIP ragondins, taupes et castors ? On pourrait aussi y mettre nos chats et chiens et nos crapauds et prévenir M. le Maire, M. le Curé et toutes les personnes de Sommières. Tout le monde va adorer cela ! »

Et il leur fut répondu :

« Si vous nous aidez, ça peut aller très vite. »

« OK, ça marche ! »

Et on vit tout ce beau monde travailler, main dans la main, au rythme des percussions des castors et des chants des sirènes.

7

Une histoire aérienne

Après les naïades et ceux qui creusent, que vais-je trouver à présent et bien sûr, vous l’avez compris, c’est toujours le Pont Tibère qui sert de décor.

Un soir, en me promenant sur le pont, je vis des traces de pneus en plein milieu. Étonnant, puisque ce pont est à double sens. Comment se fait-il que quelqu’un se soit amusé à rouler au milieu et à freiner brusquement au point d’y laisser des traces ? Et ces traces n’étaient certainement pas celles d’une voiture, ni d’un vélo, ni même d’une trottinette. Encore un mystère. Ce pont me donne vraiment du fil à retordre.

Le lendemain, j’y retournais et j’examinais cela d’un peu plus près. Les traces étaient concentrées vers le milieu du pont, comme si plusieurs appareils étaient passés à cet endroit. Une fois de plus, ça ne peut se passer en journée, le pont étant plein à craquer, d’autant plus que la saison touristique venait de débuter.

C’était à nouveau, me semble-t-il, un phénomène nocturne. Décidément, il s’en passait des choses sur ce pont, la nuit ! Des sirènes qui séduisent des ouvriers, des ragondins, castors et taupes qui réalisent une cité lacustre et à présent, ce nouveau mystère.

Je suis revenu de nuit et je me suis posté à une extrémité du pont, sur le tablier. Au bout d’un moment, j’ai entendu un vrombissement et un appareil, genre ULM miniature s’est présenté en face, a préparé sa manœuvre d’approche et a fait un « touch-and-go4. »

L’appareil était chargé de plein d’oisillons, étourneaux, pies, merles et bien d’autres espèces que je ne connaissais pas.

Et j’ai vu une cigogne, haute sur patte, avec des jumelles en main, qui avait l’air de scruter de près et de vérifier si les manœuvres étaient faites correctement. Je me suis approché d’elle et j’ai demandé :

« Bonjour Madame la Cigogne. Excusez-moi du dérangement, mais que font-ils donc avec ce petit ULM miniature ? »

Elle me dévisagea avec méfiance.

« Vous faites partie de la police ou de la gendarmerie ? »

« Heu non, je suis un simple citoyen et je paie mes impôts et je suis juste curieux. »

« Pas de souci. Je vais vous expliquer. Là, nous avons eu plein d’oisillons qui sont nés et il faut les habituer à voler, à atterrir, à faire des loopings, et plein de manœuvres. Donc, ils s’entraînent avec cet appareil à tour de rôle et les plus avancés sont lâchés en hauteur et ils doivent essayer de poser l’appareil, soit sur les toits ou dans les arbres ou sur Vidourle et bien sûr sur le pont. »

« Ah bon ! Je ne savais pas que tout ça était à apprendre. Je pensais que voler, c’était inné chez vous. »

« Vous en avez de bonnes ! Est-ce que chez vous, il ne faut pas quasiment un an pour tenir debout sur vos deux jambes ? Eh bien, pour nous, c’est pareil et ce pont est extraordinaire pour ça. Et la nuit, il n’y a personne. Donc c’est notre terrain d’entraînement. Mais, s’il vous plaît, n’en parlez à personne, car nous n’aimons pas être observés. Ça perturbe les stagiaires. »

Je promis, j’ai juré et j’ai craché !

J’ai à présent fait connaissance avec celles qui nagent, ceux qui creusent et à présent, ceux qui volent. Ai-je à présent fait le tour de la question ?

Je crois que oui et avouez qu’il serait temps de passer à autre chose.

Sacré Tibère ! S’il savait tout ce qui se passe sous et sur son pont et le nombre d’arches réellement réalisées, il se retournerait dans sa tombe.

À moins qu’elle ne soit sous Vidourle sa tombe !

Mais c’est bien sûr !!! Je donnerais ma solde de légionnaire pour parier qu’il batifole et rigole de temps en temps avec Mère Supérieure, Père Castor et Dame Cigogne.

Ils sont fous ces Romains !

2e conte

La Princesse et le choix impossible

Un rêve

Un beau matin, une fois n’est pas coutume, je me suis réveillée en me rappelant image par image et en intégralité mon rêve que je venais de vivre intensément.

C’était un environnement très agréable, moyenâgeux. J’étais une jeune Princesse célibataire et mon père, le Seigneur de ces lieux, veillait sur moi et j’étais la prunelle de ses yeux.

Ce jour-là, je me suis retrouvée dans mon carrosse qui m’a emmenée dans la grande ville. Arrivée à destination, je vis plusieurs beaux jeunes hommes qui me regardaient avec beaucoup d’intérêt. J’avais même l’impression que dans leurs yeux, luisait le désir qu’ils avaient pour moi et que peut-être, malgré moi, je suscitais.

Ils se sont présentés. Ils étaient au nombre de sept et chacun a voulu attirer mon attention et me demandait pourquoi, belle comme j’étais, je n’avais pas encore, ni mari ni d’enfants et ils se sont tous proposés d’être époux et père.

Je leur ai fait comprendre que j’aurais du mal à les satisfaire tous et qu’il me fallait donc les départager pour choisir l’heureux élu.

Je leur ai donné rendez-vous le dimanche suivant au château de mon père et leur ai annoncé que des jeux seraient organisés pour que l’heureux gagnant puisse être désigné.

Ils ont tous donné leur accord, impatients de me revoir à nouveau.

Les jeux

À l’heure dite, ils sont tous arrivés.

La première épreuve fut une joute d’énigmes. Il n’était pas dans mon intention de les départager en n’utilisant la force ni le pugilat ni tout ce qui touchait à une quelconque violence, car dans ma conception de la vie, et ça m’avait été enseigné par mon père, je prône la bienveillance, le respect et l’amour.

L’énigme du Sphinx a été rapidement trouvée par les sept candidats. « Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes le matin, puis deux à midi, et trois jambes le soir. » Bien sûr, tout le monde a trouvé que c’était l’Homme et aucun n’a été éliminé sur cette épreuve que j’ai volontairement voulue facile, histoire de les mettre en confiance.

Puis vint l’épreuve du jeu de piste et là, je m’étais ingéniée à concevoir quelques indices qui n’étaient pas très simples et l’arrivée se trouvait dans une grotte où était dissimulée la Toison d’Or. Les sept postulants sont quasiment arrivés en même temps, alors qu’ils avaient tous des itinéraires différents et ils étaient en train de se disputer pour me porter le pelage d’or.

Puis ils se sont mis d’accord et sont arrivés tous les sept ensemble et ils me l’ont déposé à mes pieds, à côté de mes souliers de vair. La toison était magnifique et étincelait au soleil couchant. Et les sept, nullement concurrents, avaient tous l’air joyeux.

J’étais heureuse d’être entourée de ces beaux chevaliers et nous avons passé une partie de la soirée à disserter des choses de la Cité et du Château et j’étais agréablement surprise par leur ouverture d’esprit, leur tolérance et leur érudition. Et aucun ne voulait en faire de trop.

Ils étaient là, en contemplation de ma beauté et gardaient leur distance et aucun ne s’est mal comporté et je me sentais vraiment bien en leur compagnie.

Tout en parlant, je réfléchissais très vite et sans trop tourner ma langue sept fois dans ma bouche, je leur ai dit :

« Vous êtes sept et une semaine compte sept jours. Venez, à tour de rôle, me trouver à la tombée de la nuit. »

Et je désignais le premier, celui qui viendrait le lundi, le second le mardi, le troisième le mercredi et ainsi de suite, jusqu’au septième qui viendrait le dimanche.

À cette proposition, tous les sept se sont écriés : « Merci Princesse ! Vous nous faites un grand honneur. Nous serons au rendez-vous, sans faute. »

J’ai fini par les congédier à l’heure qui me paraissait raisonnable et je dois avouer que j’étais plutôt émoustillée. Ils sont partis, à tour de rôle en me faisant un baisemain appuyé et je sentis le désir chevillé au corps de chacun d’entre eux.

Je me suis endormie, heureuse et pleine d’espoir et dans mes rêves, les fantasmes les plus fous se succédaient.

La semaine du choix

Lundi

À l’heure dite, le premier s’est présenté, ponctuel.

Il était dans son bel apparat, a posé son épée sur une commode et a quitté ses bottes, ses braies et j’ai éteint toutes les bougies, non sans avoir tiré les lourds rideaux et l’obscurité complète fut faite. Je me suis déshabillée en un tour de main et très vite, je fus nue comme à mon premier jour.

Il en avait fait de même et je me suis coulée dans ses bras et il m’amena délicatement sur la couche et je m’abandonnai à lui. Et ce fut délicieux à souhait. Il était tendre, délicat et attentionné. J’étais aux anges et ses traitements, inconnus pour moi, presque vierge, mais pas tout à fait, me transportaient d’aise. Un moment donné, je me suis lâchée et le château a résonné de mes cris et le plaisir m’a submergée plusieurs fois et même à une fréquence rapprochée.

Au bout de deux heures, je le congédiais délicatement, non sans l’avoir remercié et lui se confondait en congratulations et me répétait à quel point il aimerait que je le choisisse. Après un dernier baiser fougueux, il a quitté mon alcôve et a disparu dans la nuit. Je restais là, seule, haletante et encore en proie à toutes ces sensations extraordinaires qu’il m’avait fait découvrir. Je m’écroulais sur ma couche et réfléchissais à ce qui m’attendait le lendemain, à pareille heure.

Mardi

Le mardi, le second s’est présenté et le même rituel eut lieu. Il posa son épée, se déshabilla lentement et j’avais déjà éteint les bougies et tiré les rideaux. Nus tous les deux, nous nous sommes donnés l’un à l’autre et je ressentis immédiatement le désir, probablement encore sous l’effet de la veille et le sien était manifeste également.

Le déroulé fut exactement le même que ce que j’ai eu l’occasion d’éprouver avec le premier et mes chants joyeux résonnèrent à nouveau dans les coursives du Château.

Au bout de la même durée, je le congédiais en l’embrassant encore de manière fiévreuse et lui me baisait tout, les mains, les pieds et mes parties intimes et il quitta la chambre sur la pointe des pieds et lui aussi, disparut dans l’obscurité de la nuit.

Je restais là, en me demandant si pareille félicité était possible et je me pinçais pour être sûre que je ne rêvais pas.

« Ouille ! » non ce n’était pas un rêve et je m’endormis, langoureuse, ma main entre mes cuisses.

De mercredi à dimanche

Vous avez peut-être compris que le même enchantement me prenait chaque soir, avec le troisième le mercredi, le quatrième le jeudi, le cinquième le vendredi, le sixième le samedi et le septième le dimanche. À chaque fois, j’étais hissée dans les hautes sphères et je ne quittais plus le septième ciel, étonnée que tout cela puisse être possible.

Le dimanche soir, quand le septième, amoureux fou de moi, et moi amoureuse de lui, mais aussi des six autres, m’a quittée, j’étais joyeuse, mais aussi malheureuse. Il me fallait faire un choix et c’était complètement impossible. Tous me plaisaient, tous étaient beaux, délicats, attentionnés, bons amants, bons compagnons, avec de l’humour, joyeux et joueurs… Bref, la perfection en chacun d’eux. Aucun ne me plaisait plus que les six autres. Ils étaient au même niveau, et au top niveau !

La décision du Seigneur

Le lendemain, je suis partie trouver mon père et je lui ai tout expliqué, mon embarras, mes choix impossibles et mon attirance pour les sept et bien sûr, j’étais rouge de honte.

Mon père souriait et était très heureux du succès que sa fille a obtenu auprès des plus beaux jeunes hommes de son royaume et il m’a dit :

« Ma fille, tu es belle, tu es intelligente, tu éveilles le désir, tu sais aimer un homme. Je ne veux pas te faire subir le supplice d’un choix impossible. Dès aujourd’hui, je vais rédiger un édit qui stipulera que dorénavant, dans notre bon Royaume, chaque femme pourra avoir plusieurs hommes et chaque homme pourra avoir plusieurs femmes, mais cependant limité à sept. Ceci devrait apaiser ton tourment. »

À ces mots, je me suis précipitée dans les bras de mon père et je l’embrassai tendrement et fougueusement et je lui dis : « Merci, oh Père ! Vous savez être compréhensif. Vous ne m’avez pas jugée, vous avez vu ma sincérité. Merci, merci ! Les Dieux vont être cléments avec vous. Vous êtes un homme bon. Notre royaume a beaucoup de chance d’avoir un monarque comme vous ! »

Et après m’être encore prosternée à ses pieds et après qu’il m’eut relevé et donné sa bénédiction, je suis partie presque en volant.

Le dénouement

J’ai informé mes amants un à un et je leur ai annoncé la nouvelle qu’ils étaient tous élus et chacun était très heureux de cette décision.

Aucun n’a voulu être le favori et nous avons vécu tous ensemble.

J’ai eu sept enfants, un de chacun, quatre filles et trois garçons. Et nous étions heureux, tous les huit ensembles et tous les quinze quand notre descendance fut au complet.

Dans le royaume, la paix et la prospérité ont régné. Il n’y eut plus de guerre, car les soldats préféraient rester avec leurs femmes plutôt que d’aller guerroyer. Même les marchands d’armes se sont reconvertis et les épées ont été fondues pour en faire des socs de charrue.

Et le royaume rayonnait dans toute la région et a fait école, car, au-delà des frontières, sa réputation fut grande et d’autres ont suivi son exemple. Tout le monde a fini par s’aimer et le bonheur irradiait le Monde.

3e conte

Le conte du Petit Tailleur

Le texte qui suit est tiré du résumé du « Vaillant petit Tailleur », conte des frères Grimm, trouvé sur Wikipédia.

Je le mets en italique, n’étant pas l’auteur.

Un tailleur se prépare à manger une tartine de marmelade, mais elle attire les mouches. Le tailleur, excédé, frappe dans le tas avec une pièce d’étoffe et en tue sept d’un coup. Pour marquer cet exploit, il se fabrique une ceinture sur laquelle il brode les mots : « Sept d’un coup ». Stimulé par son haut fait, il part dans le monde, décidé à relever tous les défis. Il part avec, en poche, seulement un fromage et un oiseau.