Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
"Sortir de la crise" est le fruit d’un regard libre, sans appartenance politique ni engagement associatif, porté par une seule conviction : l’amour de la France. À travers une analyse concise et percutante, l’auteur retrace l’évolution du pays, de l’ère gaullienne à aujourd’hui, en explorant ses mutations politiques, économiques et sociétales. Face aux défis actuels, il propose des réformes audacieuses, indispensables selon lui, pour éviter un déclin irréversible. Un plaidoyer éclairé et sans concession pour l’avenir de la France.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Après une carrière intense en tant que directeur administratif et financier dans une PME,
Pierre-Jean Cimmon souhaite transmettre son expérience et sa vision du monde de l’entreprise. Convaincu que l’écriture doit être préservée dans une société qui écrit de moins en moins, passionné d’économie et témoin privilégié des réalités économiques, juridiques et sociales, il signe cet ouvrage pour partager son regard d’homme de terrain, toujours guidé par la volonté de comprendre le réel.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 100
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Pierre-Jean Cimmon
Sortir de la crise
Les idées d’un homme ordinaire
Essai
© Lys Bleu Éditions – Pierre-Jean Cimmon
ISBN : 979-10-422-6553-3
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Toute ma vie, j’ai admiré le pays qui m’a vu naître. Dès mon adolescence, j’ai pris conscience de l’énorme chance que j’avais de vivre en France par rapport à bon nombre d’hommes et de femmes du reste du monde. Pour moi, il n’y a jamais eu l’ombre d’un doute ! La France est très vite devenue « Ma France » dans le sens très possessif du terme. J’avais quatre ans et demi lorsque mon père est décédé et la vie s’était déjà chargée de me mettre à l’épreuve. Celui qui aurait pu m’initier à la compréhension du monde dans toute sa diversité et sa complexité n’étant plus là, il me fallait donc comprendre et trouver seul le chemin que je devrais suivre pour construire mon monde à moi. Mon cher pays, cette douce France chantée par Charles Trenet qui berçait mon cœur d’une tendre insouciance s’étalait devant moi dans tout son rayonnement. Je n’avais plus qu’à me servir, choisir, rêver, inventer, oublier les épreuves, prendre le meilleur de ce que chaque jour pourrait m’offrir. J’ai habité un petit bourg de Charente où j’ai vécu ma scolarité en classes primaires, puis je suis allé au collège dans la sous-préfecture voisine où j’ai fait la dure découverte de l’internat. Il n’est pas question pour moi de me plonger dans le misérabilisme, bien au contraire, la dureté du pensionnat n’a certes rien de réjouissant mais il faut bien reconnaître au contraire qu’elle vous arme pour entrer dans le devenir de l’adulte. Cela n’a pas été facile, mais j’en suis sorti grandi, plus fort, et je pouvais regarder la vie sans peur par rapport à d’autres adolescents de mon âge qui avaient eu une vie jusque-là plus douce ou en tout cas moins brutale. J’ai très vite décidé d’être libre et j’en ai profité au maximum dans mon village de campagne où la nature m’offrait tout ce que j’aimais : Le changement des saisons et la beauté de ses paysages, le calme, ses prés verdoyants, sa forêt rassurante, ses vallons enchantés et son ciel qui m’offrait au cours de mes escapades interminables sa grande diversité de couleurs et sa collection de nuages dont les formes variées inspiraient mon imaginaire. La pluie, le vent, la neige, le soleil, la brume, chacun de ces éléments m’apportait quelque chose de différent et comblait de la même façon ma sensibilité. Au tout début des années soixante, je faisais la découverte de la télévision. À l’époque, nous n’avions qu’une seule chaîne avec des programmes restreints. Interlude avec ses rébus à déchiffrer remplaçait l’envahissante publicité d’aujourd’hui et ne venait pas polluer l’âme des consommateurs que nous n’étions pas encore. C’est ainsi que Rintintin, Ivanhoé ou Zoro nous sortaient de notre quotidien et constituaient nos thèmes principaux de loisirs. Mais les débuts de la télévision n’offraient pas de programme continu, voire pas de programme du tout certains soirs de la semaine. Un ancien couvent où nous allions au patronage les jeudis fut dans mon village natal le pionnier du petit écran. Il en faisait profiter tous ceux qui ne possédaient pas encore de télé c’est-à-dire 95 % de la population locale. Nous donnions dix centimes de nouveau franc pour participer aux frais d’électricité et passer un moment simple et agréable entre copains ou entre voisins. Pour nous, les plus jeunes, il nous était interdit de nous agiter pour ne pas gêner nos aînés souvent plus intéressés que nous par le programme du jour. Je me souviens, nous étions en pleine guerre d’Algérie et un soir de ce 23 avril 1961, alors que nous venions de prendre place devant cet écran de la modernité, une voix semblable à nulle autre capta mon attention. Je découvrais pour la première fois le visage du Président de la République. Ce Général de Gaulle dont j’entendais si souvent parler, allait s’adresser solennellement à la nation et des chut ! chut ! montaient de l’assistance, priant à quelques garnements, de bien vouloir se taire. Je me souviens, oui je me souviens que ce soir-là, je ne perdais pas un seul mot de son allocution :
Un pouvoir insurrectionnel s’est établi en Algérie par un pronunciamiento militaire. Les coupables de l’usurpation ont exploité la passion des cadres de certaines unités spécialisées, l’adhésion enflammée d’une partie de la population de souche européenne qu’égarent les craintes et les mythes, l’impuissance des responsables submergés par la conjuration militaire. Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de généraux en retraite. Il a une réalité : un groupe d’officiers, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne comprennent la nation et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à un désastre national. (…)
(…) J’interdis à tout français et, d’abord, à tout soldat d’exécuter aucun de leurs ordres. (…)
(…) Par là même, je l’affirme, pour aujourd’hui et pour demain, en la légitimité française républicaine que la nation m’a conférée, que je maintiens quoi qu’il arrive, jusqu’au terme de mon mandat ou jusqu’à ce que me manquent, soit les forces, soit la vie, et dont je prendrai les moyens d’assurer qu’elle demeure après moi. (…)
(…) Françaises, Français ! Aidez-moi !
Les derniers mots de ce discours que j’avais suivi avec attention mais que mon trop jeune âge (à peine huit ans) ne me permettait pas de comprendre dans son intégralité ont réveillé en moi un sentiment de gravité mais aussi d’impuissance. Ce général de Gaulle, que je connaissais seulement de nom et dont j’avais entendu parler uniquement certains soirs à la veillée chez des voisins ou des amis, devant un feu de cheminée lorsque les grandes personnes parlaient de leurs souvenirs encore frais de la dernière guerre, demandait aux Françaises et aux Français de l’aider. Comment pouvions-nous aider celui que l’histoire encore récente à l’époque avait nommé le chef de la France libre ? Oui, du haut de mes huit ans à peine, je me sentais encore plus petit que je ne l’étais réellement et surtout impuissant devant la demande si solennelle de cet homme imposant. Je me dis alors que la meilleure manière de l’aider était de m’intéresser à la vie de mon pays et à son avenir car il m’a semblé que malgré mon jeune âge, de l’avenir de mon pays pouvait peut-être dépendre aussi le mien. Dès lors, je ne manquais pas une seule intervention télévisée du Président de la République. J’ai fait le constat bien plus tard que Charles de Gaulle avait compris avant tout le monde que la télévision était un excellent moyen de communication. Avec sa voix rocailleuse très reconnaissable, il parlait lentement avec application car il voulait que chaque Française et chaque Français comprenne l’importance et la portée de chaque mot. Dans tous ses discours, aussi loin que ma mémoire me rende intact le souvenir, le chef de la France libre prononçait à de multiples reprises le nom de la France. Seul, l’intérêt supérieur du pays comptait à ses yeux, le reste n’était qu’accessoire, détails sans importance qui prenaient toute la place de la politique politicienne laquelle ne conduit nulle part, on en fait le triste constat aujourd’hui. Je me souviens de la dure épreuve qu’a été pour lui l’élection présidentielle de 1965 et pourtant je n’avais que douze ans. C’était pour la première fois une élection au suffrage universel, suffrage entériné par le peuple français sur la proposition du chef de l’état par référendum du 28 octobre 1962. Je me souviens que mon professeur d’histoire nous avait fait une leçon sur le suffrage universel. Le Général de Gaulle voulait que le Président de la République fût désormais élu au suffrage universel et que ce serait au peuple français d’en décider par la voix du référendum en soumettant le projet à son approbation. Voici un extrait de son allocution :
Comme la preuve est ainsi faite de la valeur d’une Constitution qui veut que l’État ait une tête et comme, depuis que je joue ce rôle, personne n’a jamais pensé que le président de la République était là pour autre chose, je crois, en toute conscience, que le peuple français doit marquer maintenant par un vote solennel qu’il veut qu’il en soit ainsi, aujourd’hui, demain et plus tard. Je crois que c’est, pour lui, le moment d’en décider, car, autrement, les attentats qui ont été perpétrés et ceux qui sont préparés font voir que ma disparition risquerait de replonger la France dans la confusion de naguère et, bientôt, dans la catastrophe. Bref, je crois que, quoi qu’il arrive, la nation doit avoir, désormais, le moyen de choisir elle-même son Président à qui cette investiture directe pourra donner la force et l’obligation d’être le guide de la France et le garant de l’État.
C’est pourquoi, Françaises, Français, m’appuyant sur notre Constitution, usant du droit qu’elle me donne formellement de proposer au peuple souverain, par voie de référendum, tout projet de loi qui porte sur l’organisation des pouvoirs publics, mesurant, mieux que jamais, la responsabilité historique qui m’incombe à l’égard de la patrie, je vous demande, tout simplement, de décider que dorénavant vous élirez votre Président au suffrage universel.
Si votre réponse est : « Non » ! Comme le voudraient tous les anciens partis afin de rétablir leur régime de malheur, ainsi que tous les factieux pour se lancer dans la subversion, ou même si la majorité des « Oui » ! Est faible, médiocre, aléatoire, il est bien évident que ma tâche sera terminée aussitôt et sans retour. Car, que pourrais-je faire, ensuite, sans la confiance chaleureuse de la Nation ?
Mais si, comme je l’espère, comme je le crois, comme j’en suis sûr, vous me répondez « Oui » ! Une fois de plus et en masse, alors me voilà confirmé par vous toutes et par vous tous dans la charge que je porte ! Voilà le pays fixé, la République assurée et l’horizon dégagé ! Voilà le monde décidément certain du grand avenir de la France !
Vive la République ! Vive la France !
J’ai retenu bien plus tard lorsque j’ai été en âge de comprendre et de peser chaque mot de cette allocution que Charles de Gaulle ne pouvait gouverner la France sans cette légitimité, non seulement exprimée par l’approbation des Françaises et des Français, mais exprimée avec une majorité massive et indiscutable. En appelant le peuple français à se prononcer de ses vœux par un « Oui massif ! » il l’appelait à légitimer le chef de l’État et à le conforter dans ses décisions. Il ne fut pas déçu puisque le « oui » l’emportât avec 62,25 % des voix. Mais il y avait autre chose de plus important encore dans son propos, c’est qu’il anticipait sa succession afin que le peuple puisse décider librement après lui.
Ce besoin de légitimité s’est reproduit à l’occasion de sa réélection le 5 décembre 1965, le Général de Gaulle est arrivé très largement en tête au premier tour avec 44,65 % des suffrages, François Mitterrand était second avec 31,72 % des voix, Jean Lecanuet avait fait encore illusion avec 15,57 %, alors que Jean-Louis Tixier-Vignancour, Pierre Marcilhacy et Marcel Barbu s’étaient réduits chacun à un taux marginal. Bon nombre de ses successeurs à la présidence de la Ve