Spirite et Chrétien - Ligaran - E-Book

Spirite et Chrétien E-Book

Ligaran

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  • Herausgeber: Ligaran
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2016
Beschreibung

Extrait : "L'un des obstacles les plus sérieux qu'ait rencontrés le spiritisme, l'une des raisons qui l'ont fait repousser sans examen par un grand nombre, provient de ce que les personnes qui n'ont pas étudié avec le sérieux qu'ils comportent les phénomènes sur lesquels il s'appuie, ne se sont pas rendu compte de ce que l'on doit entendre par le mot ESPRIT."

À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran :

Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Introduction

Il y a dix-neuf ans que ce livre a été commencé. En 1867 nous en lisions les pages principales à M. Allan Kardec dans sa retraite de l’avenue de Ségur. – Depuis lors nous y avons plusieurs fois retouché, nous efforçant de le compléter, de le rendre moins indigne du but que nous poursuivons. Si nous nous décidons à publier aujourd’hui ce travail, c’est que les évènements se pressent et que nos cheveux blancs nous avertissent qu’il faut nous hâter si nous voulons apprendre aux autres ce qui nous a été appris à nous-mêmes.

Depuis vingt ans surtout, la lumière va se propageant ; les adeptes de la doctrine spirite se comptent par millions ; ils sont répandus dans toute l’Europe, dans l’Amérique du Nord. – Et cependant il y a à peine trente ans que le spiritisme a fait sa réapparition en Occident. Aussi, à combien plus forte raison pouvons-nous dire dès aujourd’hui ces paroles que Tertullien écrivait à la fin du second siècle et que nous avons inscrites au frontispice de ce livre : « Nous ne sommes que d’hier, et déjà nous remplissons toutes vos îles, vos châteaux, vos bourgs, vos campagnes, vos tribus, la place publique : nous ne vous laissons que vos temples. » – Le spiritisme, lui, ne les laisse même pas ; il y entre, mais pour renverser tout ce qui n’est pas le vrai christianisme, car il vient l’expliquer, le faire comprendre, détruire les erreurs qui l’ont obscurci depuis des siècles et le rendre à sa pureté, à sa simplicité primitives. C’est cette vérité qu’un grand esprit nous révélait par ces mots : « Le spiritisme, c’est le christianisme fait chair ».

C’est en nous plaçant à ce point de vue, en nous rappelant tout ce qui nous a été enseigné, qu’une lacune nous paraît exister dans ce qui a été écrit jusqu’à présent sur le spiritisme. – C’est cette lacune que nous allons essayer de combler…

Jusqu’ici on s’est préoccupé surtout des phénomènes qui lui ont servi de point de départ et dont la science et l’enseignement catholique lui-même ont fini par constater la réalité. On s’est attaché à en rechercher les causes, à en décrire les effets, sans se demander quelles pouvaient en être les conséquences. On a fait, en un mot, ce que ferait une personne qui, placée devant un appareil télégraphique, porterait uniquement son attention sur les mouvements de l’appareil sans s’occuper de savoir si ces mouvements peuvent avoir une signification.

Dans le spiritisme y a-t-il autre chose que des phénomènes ?

Ces phénomènes ne seraient-ils pas une langue plus ou moins parfaite, un moyen de transmettre à l’homme un enseignement ?

Cet enseignement a-t-il uniquement pour but de prouver à l’humanité la continuation de ses existences et de lui faire parvenir des conseils d’une haute moralité sans doute, mais qui, sous leur forme, ne constituent pas un faisceau de doctrines ? – Ou bien se rattache-t-il à un enseignement existant dont il vient permettre de rectifier les erreurs ?

Voilà ce qu’il importe d’examiner ; – ce que nous examinerons dans ce livre, certain que si nous parvenons à faire partager notre conviction par ceux qui nous liront, nous aurons bien mérité de toutes les personnes qui s’efforcent vainement aujourd’hui de se rattacher à une croyance.

 

Le lecteur est en droit de me demander comment je suis arrivé aux convictions qui m’animent.

Je commencerai donc ce livre par une confession, confession qui, si elle me rend confus pour le passé, aura du moins l’avantage de démontrer quels sont les résultats que peut produire le spiritisme.

Je reconnais donc que moi qui depuis bientôt dix-huit années prie Dieu avec reconnaissance, avec amour, j’ai passé vingt-deux ans de ma vie sans peut-être l’invoquer une fois, non pas que je ne crusse point à son existence, mais parce que je ne voyais dans l’homme, comme dans l’animal, qu’un être créé, je ne savais pourquoi, et que la mort faisait rentrer dans le néant.

Cette conviction, c’est de l’étude même qu’elle était née. – À peine, en effet, eus-je terminé mes études de droit que, me lançant dans un travail opiniâtre, je m’efforçai d’acquérir les connaissances qui me faisaient défaut ou qui n’existaient chez moi qu’à l’état de germe. – Les questions philosophiques eurent pour moi un grand attrait et, comme conséquence, je fus amené à m’occuper des doctrines diverses dérivant du dogme chrétien. – Plus je les étudiai, moins elles satisfirent ma raison, car aucune d’elles n’avait pu me répondre d’une façon tant soit peu admissible à cette double question :

Qu’est-ce que l’homme ?
Pourquoi l’homme ?

Ces questions, je me les posais sans cesse ; – sans cesse j’y cherchais une réponse parce que, à mes yeux, c’est de leur solution que dépend tout système philosophique et religieux. Suivant moi, toute doctrine ayant pour but de déterminer les devoirs de la créature vis-à-vis de son créateur, doit commencer par pouvoir dire à celle-ci : Voilà ce que tu es, et voilà pourquoi tu te trouves dans certaines conditions s’alliant avec la souveraine justice. – Or, dans l’impossibilité d’assigner un but plausible à la création de l’homme, dans aucune des hypothèses où me plaçaient les différents systèmes philosophiques et les dogmes chrétiens ; – dans l’impossibilité également de comprendre autrement que par le mot de grâce qui est une atteinte portée par le catholicisme à la justice de Dieu, pourquoi l’homme naissait dans des situations si diverses, dans des contrées où son développement moral présente des difficultés plus ou moins grandes, qu’était-il advenu ? C’est que, tombant du doute dans l’indifférence, et me bornant à croire à la simple existence d’un être supérieur, j’en étais arrivé à cette conviction que le principe immatériel dont je reconnaissais l’existence en moi n’était pas immortel et périssait avec le corps. – Telle fut ma croyance pendant vingt-deux ans !

C’est dans cet ordre d’idées que je me trouvais lorsque, pour la première fois, je fus témoin de phénomènes spirites. J’avais bien entendu parler de faits étranges dus, me disait-on, à l’intervention d’êtres incorporels que l’on désignait sous le nom d’Esprits ; mais mon scepticisme à l’égard de ces faits était si absolu que je n’avais pas même éprouvé le simple désir de les vérifier puisque, selon moi, c’était aller au-devant d’une mystification. Je m’étais borné à plaindre les pauvres insensés qui ajoutaient foi à de telles billevesées et, le dirai-je, il fallut que l’on employât vis-à-vis de moi une sorte de contrainte pour me décider à me déranger et à voir.

Je vis… Quoi ? Tout d’abord une table pesante s’agiter au simple contact des mains de deux personnes ; s’agiter, malgré les efforts sérieux que je faisais pour l’empêcher de se soulever. – Mais quelle conséquence tirer de ce fait au point de vue de l’intervention des êtres auxquels on prétendait que ce résultat était dû ? – Sans doute, et je ne pouvais le nier, j’étais témoin d’un phénomène curieux. Quelle en était la cause ? Ne pouvais-je me trouver en présence d’une application nouvelle d’un principe connu ? De l’électricité, par exemple, ou de ce que l’on appelle si improprement, comme nous le verrons plus tard, le magnétisme animal.

Comme j’exprimais cette pensée :

– Attendez ! me dit-on ; vous venez de voir des phénomènes que vous supposez provenir d’une cause uniquement matérielle. Eh bien ! vous allez voir maintenant des phénomènes d’une nature toute différente. Or, comme ces phénomènes ne pourront être produits par un morceau de bois, il faudra bien que vous leur reconnaissiez une cause intelligente. Demandez mentalement à ce que vous croyez n’être qu’une table inerte de frapper un certain nombre de coups avec le pied que vous aurez indiqué. Si le phénomène se produit, que direz-vous ?

Le phénomène se produisit, en effet, et plusieurs fois de suite.

On tenait d’autant plus à me convaincre, que je m’étais posé davantage en sceptique. On recourut donc à une expérience nouvelle.

Tandis que l’un des Médiums imposait les mains sur la table, une personne de la société épelait lentement les lettres de l’alphabet. Au moment même où elle prononçait certaines d’entre elles, un coup d’une nature spéciale et ressemblant plus à un craquement qu’à un choc se faisait entendre dans l’intérieur du bois, et souvent loin des mains du Médium. – Les lettres ainsi indiquées formèrent des mots dont la réunion constitua une phrase.

Ce fait, et bien d’autres dont je fus témoin dans cette première séance produisirent sur moi une impression toute différente de celle que j’avais éprouvée de tous les soubresauts auxquels je venais d’assister. Il ne s’agissait plus d’un phénomène purement matériel ; il y avait là phénomène intelligent. Ma première idée avait bien été de croire à une supercherie ; mais j’avais dû repousser cette pensée, car malgré mon attention, – attention qui, née d’un sentiment de défiance, approchait presque de l’impolitesse, – je n’avais pu surprendre la plus légère circonstance qui fût de nature à justifier un soupçon.

Pour me prouver jusqu’à l’évidence l’absence de toute supercherie, le Médium voulut bien se prêter à une nouvelle épreuve. On me fit écrire sur une feuille de papier les lettres de l’alphabet, de manière à maintenir entre elles un certain espace : A… B… C… Puis le Médium tint sa main en contact avec la table, tandis que moi, placé à l’autre extrémité, je faisais passer successivement la pointe d’un crayon sur la série des lettres. Au moment où le crayon arrivait à certaines d’entre elles, un coup distinct se faisait entendre et la lettre ainsi indiquée était notée par moi. Ces lettres assemblées constituèrent, comme la première fois, des mots, puis une phrase. Il arriva même qu’une fois je commis une erreur, j’inscrivis une lettre pour une autre. Aussitôt une série de coups se fit entendre, jusqu’à ce que l’erreur eût été réparée.

Ici l’épreuve était bien autrement concluante. D’une part, j’étais sûr de ne point être complice ; de l’autre, il était matériellement impossible qu’à la distance où il se trouvait, le Médium pût se douter de la lettre sur laquelle passait mon crayon au moment où le coup venait à se produire, et, cependant, les lettres s’étaient ajoutées les unes aux autres et avaient donné une réponse à la question posée. – Ce n’est pas tout. Dans cette expérience, j’avais écrit les lettres suivant leur ordre ; dans une seconde expérience, je les intervertis, et la réponse donnée fut, comme la première, parfaitement régulière.

Assurément, les phénomènes auxquels je venais d’assister étaient curieux. Parvinrent-ils à m’ébranler ? Nullement. Je partais d’un point trop éloigné pour arriver sans étapes à une croyance aussi opposée à celle qui, depuis si longtemps, était la mienne ; mais, du moins, ils excitèrent en moi le désir de voir de nouveaux phénomènes et de les étudier.

Je vis ; j’étudiai. Pendant plus d’un mois il me fut donné d’assister journellement à de nouvelles expériences spirites, et, chaque fois, je dus perdre un lambeau de mes idées matérialistes.

Un jour, et sous l’impression d’une réponse qui m’avait profondément ému, je priai le Médium qui venait de l’obtenir d’appeler à lui l’Esprit de mon père et de lui demander si, moi également, sans intermédiaire aucun, je pourrais arriver à provoquer des phénomènes semblables à ceux dont j’avais été témoin et principalement celui de l’écriture qui devait me permettre d’entrer plus rapidement et plus complètement en rapport avec lui.

« Oui, me fut-il répondu lettre par lettre ; mais pour cela il faut que tu pries Dieu. »

Quel renversement ces quelques mots n’opéraient-ils pas dans mes idées ! Dieu ! oui, j’avais toujours cru à son existence ; mais le prier ! N’était-ce pas admettre que jusque-là j’avais pu me tromper ! Mon orgueil lutta pendant plusieurs jours contre une telle pensée et je résistai au conseil que m’avait donné mon père… Mais enfin mon orgueil succomba ; je tombai à genoux ; je priai Dieu avec ardeur le suppliant de m’accorder les moyens de voir clair à travers cet horizon au milieu duquel tout m’apparaissait encore si obscur. Je l’adjurai, si la lumière devait m’arriver par le spiritisme, de permettre que je devinsse Médium écrivain. Puis je pris un crayon, je le mis en contact avec le papier ; – mais rien, rien, ma main demeura morte. Je ne me rebutai pas et, chaque jour, durant sept semaines, appelant à moi l’Esprit de mon père, suppliant Dieu avec toutes les ardeurs de mon âme, j’essayai sans résultat d’obtenir une communication par le moyen de l’écriture… Mon crayon resta muet ; mes doigts demeurèrent immobiles.

Ma persévérance devait être cependant récompensée. Au moment où j’allais succomber au découragement, renoncer à des tentatives infructueuses, me rejeter dans mes idées matérialistes, j’adressai à Dieu une dernière prière, une prière comme jamais je n’en avais faite et tout d’un coup, non sans une vive émotion je l’avoue, je sentis mes doigts marcher indépendamment de ma volonté, et tracer lentement ces mots :

– Mon fils, tu es Médium… Remercie Dieu !

Tels sont les premiers mots que ma main ait tracés. – C’était le 3 août 1863. – Et depuis ce jour, en effet, je n’ai pas cessé de remercier Dieu du don qu’il m’a fait puisque, grâce à lui, j’ai pu reconstituer, de manière à satisfaire ma raison, des croyances philosophiques qui m’ont appris ce que je suis, d’où je viens, où je vais, ce que je dois croire, et ce que je dois faire.

 

Et maintenant j’entre en matière avec l’ardente ambition d’ébranler la conscience du sceptique et de faire naître en lui le désir d’étudier ; – j’y entre avec l’espoir de régulariser, en montrant quel est le but du spiritisme, les croyances de ceux qui adhèrent à cette doctrine, sans peut-être s’être bien rendu compte encore des conséquences qu’elle doit avoir pour l’humanité terrestre.

PREMIÈRE PARTIESpirite
CHAPITRE IerCe que sont les esprits

Les deux principes de l’Esprit. – Preuves du principe matériel et du principe immatériel de l’Esprit. – Le corps de l’âme proclamé par Moïse, Isaïe et S. Paul.

1. – L’un des obstacles les plus sérieux qu’ait rencontrés le spiritisme, l’une des raisons qui l’ont fait repousser sans examen par un grand nombre, provient de ce que les personnes qui n’ont pas étudié avec le sérieux qu’ils comportent les phénomènes sur lesquels il s’appuie, ne se sont pas rendu compte de ce que l’on doit entendre par le mot ESPRIT.– Elles se figurent trop généralement qu’il s’agit d’une nature d’êtres spéciaux, avec lesquels nous avons la prétention d’entrer en rapport, et, comme elles ne s’expliquent pas qu’un être qu’elles ne voient pas puisse déterminer des effets physiques, elles repoussent a priori tout examen, et considèrent ceux qui pensent différemment comme des hallucinés destinés tôt ou tard à peupler les Petites-Maisons. – Ignorantes, d’un autre côté, de la condition des esprits, elles se figurent que si, en effet, des rapports existaient entre eux et l’homme, ce ne pourrait être que par une cause surnaturelle qu’elles repoussent avec raison, sans se douter que le spiritisme a précisément pour résultat de supprimer le surnaturel, en expliquant ce qui, dans les siècles passés, était considéré comme tel.

Nous nous efforcerons de modifier leur opinion, de leur prouver que rien n’est plus naturel que les phénomènes spirites, comme rien, dirons-nous, n’est plus facile à comprendre que leur loi. – Nous nous bornerons à demander à ceux qui voudront bien nous lire d’étudier sérieusement des faits sérieux et une doctrine que professent déjà plusieurs millions d’hommes.

2. – On se défie, à notre époque, des choses nouvelles, ou de ce que l’on croit être nouveau, sans se rappeler du proverbe : « Nihil sub sole novi ». Il ne sera donc pas inutile de rappeler au frontispice de ce travail que, depuis les premiers âges du monde, tous les peuples ont admis l’existence d’êtres invisibles pour nos sens, vivant à côté de notre humanité, entretenant des rapports avec elle, et exerçant sur elle une influence. – Cette croyance est tellement innée chez l’homme que nous la retrouvons chez les habitants de l’Afrique centrale, des déserts du Nouveau-Monde et des îles de l’Océanie, qui, à aucune époque, n’ont eu de rapports avec l’Occident. – Que ces êtres soient appelés Anges, Démons, Génies, Mânes, Lares, Pitris, Manitous ou Esprits, qu’importe ? Ce que nous nous bornons à constater, c’est que, depuis les temps les plus reculés, cette croyance existe partout, et si, à notre Moyen Âge, on était parvenu à la faire à peu près oublier, c’est que le catholicisme reconnaissant le danger qui pouvait en résulter pour lui, l’a éteinte dans le feu et dans le sang, comme, de nos jours, après l’avoir ouvertement combattue, il s’efforce de l’éteindre dans le silence.

3. – Remontons aux livres sacrés des Indous, à ces livres d’où sont sortis plus tard tous les systèmes philosophiques empruntés par la Grèce, – soit à l’Égypte, qui les avait reçus des compagnons de Manès, 7000 ans avant notre ère, – soit à la Chaldée, peuplée par l’émigration indienne, chassée par les Brahmes ; nous y rencontrons, sous une appellation ou sous une autre, la doctrine des Esprits, c’est-à-dire la croyance à des êtres composant les humanités invisibles. – Passons au Pentateuque, écrit ou inspiré par Moïse, initié aux mystères de l’Égypte, et par conséquent à ceux de l’Inde ; il y est question de Séraphins, de Chérubins, et, en termes généraux, de Maleach (Esprits). – Descendons par ordre de date aux littératures grecque et latine ; il y est question de Demi-Dieux, de Démons (dans un tout autre sens que celui que nous prêtons à ce nom), de Génies, de Mânes, d’Ombres. – Arrivons au Nouveau Testament et nous verrons que dans les Évangiles, les Actes, les Épîtres, il y est constamment question d’Esprits.

Nous constatons simplement ce fait d’une croyance universelle à des êtres invisibles, vivant à côté de notre humanité, exerçant sur elle leur influence, sauf à nous à préciser tout à l’heure, ce qui ne l’a pas été avant le spiritisme, et ce qui ne pouvait l’être que par lui.

4. – Nous nous attendons à une objection de la part de ceux qui professent le dogme catholique. Pourquoi, diront-ils, réunissez-vous ce que nous avons divisé ? Nous admettons des Anges et des Démons ; donc nous admettons les Esprits. Seulement nous appelons Anges ce que vous nommez Bons Esprits, et Démons ce que vous nommez Mauvais Esprits.

Pardon ! – Sans doute la doctrine catholique est d’accord avec la doctrine spirite pour reconnaître qu’il y a des êtres incorporels bons et mauvais, heureux et souffrants ; mais la doctrine spirite est en complet désaccord avec la doctrine catholique sur les conséquences que celle-ci tire d’un principe commun et notamment sur ces deux points capitaux, à savoir :

Que les êtres incorporels sont, ou ont été l’objet d’une création distincte de celle de l’homme ;

Que les êtres incorporels que la doctrine catholique comprend sous le nom de démons sont à tout jamais malheureux.

La doctrine spirite proclame, au contraire, qu’il n’y a dans toute la création qu’une seule nature d’êtres doués de la RAISON ; elle professe que les êtres incorporels sont les frères des êtres corporels ; que l’homme n’est autre chose que l’être incorporel placé dans une situation transitoire dont nous dirons bientôt le pourquoi, et que tous les êtres raisonnables arriveront, dans un temps plus ou moins long, mais seulement lorsqu’ils l’auront mérité, à un bonheur définitif et cependant toujours progressif.

Repoussant les théories du dogme catholique à l’égard des anges et des démons et les conséquences que celui-ci en tire , il était naturel que la doctrine spirite choisît pour désigner les êtres incorporels une appellation qui tranchât avec les erreurs qu’elle vient combattre. – À une identité d’êtres, elle a appliqué une identité de nom, et elle a pris celui que ces êtres se sont donné eux-mêmes.

5. – Maintenant, ces êtres quels sont-ils ?

L’École spiritualiste a proclamé jusqu’ici que l’homme était la réunion de deux principes : l’un matériel, le corps ; l’autre immatériel, ou plutôt incorporel, l’âme, et pour chercher à faire comprendre les rapports de l’âme avec le corps d’innombrables philosophes ont écrit d’innombrables volumes sans arriver cependant à rien de satisfaisant. – C’est qu’il leur manquait la connaissance d’un troisième principe entrevu par les Hébreux qui probablement l’avaient emprunté à l’Égypte et l’Égypte à l’Inde, principe entrevu par Descartes et que l’enseignement spirite confirme en nous expliquant ce qui, sans cette connaissance, est inexplicable .

Il vient vous dire en effet : Non, l’homme n’est pas seulement la réunion d’un principe incorporel et d’un corps ; il est la réunion de trois principes :

D’un corps charnel ;

D’une âme, source de l’intelligence ;

Et d’une enveloppe spéciale à cette âme, enveloppe constituant à celle-ci un corps fluidique qui formera son organisme pendant ses non-incarnations et le trait d’union entre elle et le corps auquel elle donne la vie et le mouvement pendant ses incarnations. Enlevez à l’âme son corps fluidique auquel on a donné le nom de périsprit, vous supprimez par cela même son individualité avant son incarnation et après sa séparation du corps, comme vous supprimez la possibilité de la vie pour celui-ci pendant l’incarnation. Dans ce système, vous réduisez l’âme désincarnée (en admettant qu’elle puisse être encore quelque chose), à penser sans lui donner la faculté d’exécuter ce qu’elle aura voulu, sans lui donner le moyen de prendre part à cet immense travail des choses extraterrestres auquel Dieu l’a associée pour la mettre à même de mériter toujours et de toujours justifier cette récompense qui doit lui permettre de se rapprocher de lui ; – vous n’avez plus enfin qu’un appareil télégraphique dépourvu de ce courant qui est nécessaire pour le vivifier.

6. – Nous verrons, dans les chapitres suivants que, sauf de rares exceptions, l’existence se compose pour l’Esprit, de vies successives à l’état de non-incarnation (ce qui est sa situation normale), et de vies à l’état d’incarnation. Mais afin de pas avoir à revenir sur ce point, disons de suite que l’âme possède un double périsprit.

Le premier est inhérent à l’âme qu’il suivra dans toutes ses vies ; c’est le corps qui lui restera lorsqu’elle sera parvenue à cet état de purification qui la mettra à l’abri des incarnations. Jusque-là l’âme, c’est-à-dire le principe intelligent et responsable devant traverser des existences multiples, demeurera pourvue d’une seconde enveloppe dont la pureté sera en rapport avec le degré de perfection des mondes dans lesquels son état d’avancement lui permettra de se transporter lorsqu’elle ne sera pas incarnée. À la différence de la première, cette enveloppe est susceptible d’être abandonnée par l’âme au fur et à mesure que celle-ci s’élèvera dans un monde plus parfait. Cette seconde enveloppe est celle qui, comme nous l’avons dit, transmet la vie au corps pendant l’incarnation.

Ainsi donc, pour l’âme :

Première enveloppe fluidique constituant son organisme permanent, et le seul qui lui restera lorsqu’elle sera parvenue à l’état de purification ;

Seconde enveloppe fluidique plus grossière constituant son organisme transitoire, organisme qui sera plus ou moins épuré au fur et à mesure de l’élévation de l’âme dans des mondes supérieurs et dont elle se dévêtira, comme elle se dévêtit de son corps charnel lorsque cesse l’incarnation.

Cette observation faite, et pour plus de simplicité, nous ne distinguerons pas désormais entre les deux périsprits de l’âme et nous les confondrons sous la même appellation.

7. – On dira sans doute que le système que nous effleurons ici n’est qu’un système nouveau ajouté à tant d’autres, mais qu’en définitive rien ne prouve l’existence de ce corps fluidique de l’âme puisque, pas plus que celle-ci, il n’apparaît sous le scalpel. Nous allons voir que ce système n’est pas aussi nouveau qu’on le suppose, puisque nous le trouvons établi par Moïse qui l’avait sans doute emprunté aux Égyptiens ; par Isaïe, par Job et plus récemment par saint Paul, ce qui, même dans ce dernier cas, lui assure une certaine antiquité. – Mais, dès ce moment, nous répondrons :

Ce qui prouve le corps fluidique de l’âme, ce sont les communications faites par les Esprits qui sont venus en révéler ou plutôt en rappeler l’existence ;

Ce qui le prouve, ce sont les phénomènes prétendus surnaturels qui dérivent de ce corps fluidique, et qui vont ainsi s’expliquer tout naturellement ;

Ce qui le prouve enfin, c’est le simple raisonnement qui nous dit que la matière ne peut donner naissance à quelque chose d’immatériel ; – que la pensée étant immatérielle ne peut être créée que par ce quelque chose d’immatériel que nous appelons : l’âme ; – que l’âme étant d’une nature aussi pure, tout au moins, que la pensée qu’elle a formée, ne peut, pas plus que la pensée, constituer un être distinct ; – que, par conséquent, et sous peine d’anéantissement de l’âme au moment de la mort, celle-ci doit avoir une enveloppe, autrement l’individualité n’existerait pas pour elle et le moi disparaîtrait ; – l’individualité n’existant pas, il n’y aurait plus ni récompense, ni punition, alors que toutes les communications des esprits prouvent l’une et l’autre ; – le bien et le mal seraient égaux devant Dieu, et par conséquent Dieu ne serait plus Dieu puisqu’il ne serait pas juste.

Donc l’âme est revêtue d’un corps spécial avant, pendant et après l’incarnation et ce corps invisible ne peut être que fluidique.

Quelques-uns diront peut-être : Vous parlez de Dieu ; vous devriez commencer par nous prouver son existence. – Eh bien ! non, nous ne la prouverons pas, nous ne chercherons pas même à la prouver par cette raison bien simple que nous ne croyons pas qu’il y ait un véritable athée. Plusieurs disent bien : Dieu n’existe pas. Mais ils le disent des lèvres et leur conscience répond : Tu mens.

8. – Nous avons besoin maintenant de prier le lecteur de nous faire crédit jusqu’au chapitre III où nous dirons comment l’homme peut, très naturellement, recevoir, sous forme de dictées, des communications des Esprits, et nous lui demandons, préalablement à ces explications, la permission d’insérer ici les renseignements que l’un d’eux nous a fournis sur la question qui nous occupe.

 

« Qu’est-ce que l’âme, me demandes-tu ? Question bien difficile à t’expliquer ! Pourquoi ne demandes-tu pas aussi : qu’est-ce que Dieu ? Car enfin où trouver en toi des connaissances qui te permettent de comprendre ce que tu voudrais savoir ? Où rencontrer des mots pour traduire ma pensée alors qu’ils n’existent pas pour votre humanité ? Tu occupes un rang trop peu élevé dans la hiérarchie des Esprits pour arriver à des notions exactes sur l’âme. Tu en es encore à épeler, et tu voudrais lire couramment. Il faut donc te contenter du peu que je pourrai te dire .

L’âme est le principe intelligent de l’Esprit. Elle est, par rapport à celui-ci, quoique cette comparaison soit bien défectueuse, ce que le germe est à la graine.

L’âme est formée d’un fluide d’une pureté qui n’a de supérieure que celle de Dieu, cette essence créatrice, principe de tout. Auprès du fluide qui constitue l’âme en qui repose l’intelligence, la raison et la volonté, tous les autres fluides sont grossiers. Le premier est tellement subtil, il se rapproche tellement de l’immatérialité qu’il ne saurait former à lui seul ce corps qui est nécessaire à l’âme pour se produire, agir et remplir la mission qui lui est réservée dans l’organisation des mondes.

Aussi Dieu a-t-il revêtu l’âme d’une enveloppe que vous nommez Périsprit, mot qui ne rend qu’imparfaitement ce qu’il a pour but d’expliquer. En effet le périsprit qui lui-même est un fluide, mais incomparablement plus grossier que celui dont l’âme est formée, n’est pas une substance homogène, car l’âme possède, à vrai dire, deux périsprits, deux enveloppes, deux corps fluidiques d’une pureté inégale.

La première enveloppe de l’âme la suivra dans toutes ses existences, soit d’incarnation, soit de non-incarnation. L’autre, plus grossière, constitue le corps extérieur de l’Esprit . Ce corps extérieur est destiné à se modifier suivant le degré de progrès accompli par l’âme et, par conséquent, suivant le monde auquel elle aura mérité d’appartenir ; de telle sorte que la première enveloppe de l’âme restant la même pendant toutes ses existences, la seconde que j’ai appelée extérieure changera, se modifiera, deviendra de plus en plus éthérée, jusqu’à ce qu’enfin elle abandonne l’âme purifiée qui n’aura plus que son enveloppe primordiale. – Cette modification du corps extérieur de l’âme est analogue à la modification qui s’opérera dans le corps charnel pendant les différentes incarnations de l’Esprit, suivant le degré d’élévation des mondes dans lesquels il sera incarné. Plus l’incarnation se produira dans des mondes de progrès, plus le corps charnel revêtira lui-même une constitution moins matérielle et plus parfaite.

Ainsi donc l’âme a deux enveloppes, deux corps fluidiques de pureté différente : l’un qui est identifié à elle, qui sera son seul organisme lorsqu’elle aura mérité, en se perfectionnant, d’abandonner l’enveloppe la plus grossière ; l’autre, momentanée et en rapport comme pureté avec le degré d’élévation des mondes auxquels l’Esprit aura mérité d’appartenir.

Et tu vas comprendre pourquoi il en est ainsi : si l’être incorporel pouvait, par sa seule volonté, se transporter pendant ses non-incarnations dans des mondes supérieurs à son degré d’avancement, il participerait par cela même à une récompense qu’il n’aurait pas méritée. Son corps extérieur ne le lui permet pas. Il pourra donc se transporter dans les mondes égaux ou inférieurs à son avancement, puisqu’il les aura parcourus ou franchis, mais son périsprit ne lui permettra pas de s’élever jusqu’aux mondes supérieurs.

Je te ferai remarquer au surplus que les différents corps qui existent pour l’âme et réunis à elle forment l’Esprit, existent également, mais non pour les mêmes motifs, dans une simple graine. Prends, si tu le veux, une amande. Où repose le principe végétatif, cette âme en quelque sorte de la plante ? Au milieu de cette matière blanchâtre qui en forme le centre. Enveloppant cette matière, que vois-tu ? Une pellicule et au-dessus de cette pellicule une enveloppe grossière : l’écorce. Si je voulais pousser plus loin la comparaison, je dirais que l’écorce verte de cette amande représente le corps de l’incarné. Mais rappelle-toi-le bien : tout cela n’est qu’une comparaison… »

 

8. On me dira : Mais comment comprendre un fluide constituant une forme ? cela est impossible ! – Vous croyez ?… Eh bien ! placez-vous devant une glace. Cette glace va reproduire dans tous ses détails la forme de votre corps ; elle la reproduira avec une fidélité telle que vous serez forcé d’appeler la raison à votre aide pour vous convaincre que vous n’avez pas deux corps.

Ce corps reproduit par la glace, quel est-il ? un corps impalpable formé par le fluide lumineux arrêté et réfracté par une couche d’étain.

Si le fluide lumineux peut constituer un corps, pourquoi un autre fluide, – nous le nommons périspritique – ne pourrait-il en constituer un à son tour ?

On répondra : nous sommes bien forcés d’admettre la reproduction fluidique des corps par le miroir, puisque nous la voyons, tandis que nous ne voyons pas le corps périspritique de l’Esprit. – Soit. – Mais si vous pouvez constater l’existence du corps fluidique que la glace vous renvoie, c’est que vous avez un sens pour percevoir le fluide lumineux, tandis que vous n’en avez pas pour percevoir le fluide périspritique, pas plus que vous n’en avez pour percevoir, par exemple, le fluide magnétique. – Placez un aveugle devant un miroir, il ne verra pas la reproduction de son corps parce qu’il n’a pas le sens nécessaire pour cela. – Mais son image n’en existera pas moins et vous qui n’êtes pas privé du sens de la vue, vous la verrez. De ce que vous n’apercevez pas les Esprits, il ne faut donc pas conclure qu’ils n’ont pas de corps, mais seulement que vous n’avez point, à l’état d’incarnation, le sens qui vous serait nécessaire pour les voir. – Au surplus, si le fluide périspritique ne peut s’affirmer à vos yeux, soyez tranquille il s’affirmera autrement.

9. – Ces principes posés, à cette question : Qu’est-ce qu’un Esprit ? Nous répondrons : L’Esprit est l’être RAISONNABLE de la création. Il est formé de deux principes : d’une âme, siège de la pensée et de la volonté, et d’un corps fluidique nommé PÉRISPRIT, constituant pendant la non-incarnation l’organisme et l’individualité de l’âme, et pendant l’incarnation le trait d’union entre l’âme et le corps. – L’âme unie à son périsprit forme l’Esprit.

L’enseignement spirite en réformant les idées sur la nature du principe intelligent ; en proclamant que ce principe est revêtu d’un corps fluidique indépendant du corps matériel, n’a pas la prétention d’apporter une doctrine nouvelle. Il nous rend, en la précisant, une doctrine ancienne reproduite sans doute par Jésus dans les enseignements spéciaux qu’il distribuait aux disciples, car nous allons en trouver la trace dans la première épître aux Corinthiens (Chap. XV).

Quelques chrétiens avaient sans doute posé à saint Paul la question suivante :

35. – Comment ressusciteront les morts et avec quel corps viendront-ils ?

Voici ce que répond l’Apôtre des gentils :

42. – Il en est de même pour la résurrection des morts : le corps est engendré corruptible, il ressuscitera (mot à mot : il surgira) incorruptible :

43. – Il est engendré dans l’ignominie, il ressuscitera (il surgira) dans la gloire ; il est engendré infirme, il ressuscitera dans la force ;

44. – Il est engendré corps charnel, il ressuscitera (surgira) corps éthéré (πνευματιϰον) car il y a un corps charnel et un corps éthéré ainsi que cela est écrit.

Un corps charnel et un corps éthéré, cela fait bien deux corps, deux enveloppes pour l’âme, dont l’une corruptible est abandonnée au moment du retour de celle-ci dans la vie spirite où l’enveloppe incorruptible la suit.

La doctrine spirite ne proclame pas autre chose que saint Paul. Seulement à l’expression de corps spirituel des traductions françaises, elle substitue celle de corps éthéré, ou de corps spirite à cause de l’acception qu’a reçue dans notre langue le mot spirituel.

10. – Saint Paul, avant d’être chrétien, était déjà versé dans la connaissance des livres sacrés des Juifs. Il n’est donc pas étonnant de rencontrer sous sa plume le texte que nous venons de citer, car la distinction du corps charnel et du corps éthéré de l’âme se trouve nettement établie dans l’Ancien Testament qui reconnaissait le double périsprit . On ne trouvera, il est vrai, la confirmation de cette assertion, ni dans la traduction latine de la Bible qui n’est elle-même que la traduction d’une première traduction, ni, à plus forte raison, dans les traductions françaises ; mais elle va ressortir du texte hébreu.

Écoutons d’abord la Genèse racontant la création de l’homme et comparons le texte original du Chap. II, verset 7, avec la traduction française de ce verset, conforme d’ailleurs à la Vulgate.

Traduction d’après la Vulgate.Traduction d’après l’hébreu.Et l’Éternel Dieu avait formé l’homme de la poudre de la Terre, et il avait soufflé dans ses narines une respiration de vie ; et l’homme fut fait en âme vivante.Et Jéhovah fit pour l’homme un corps grossier tiré des éléments de la terre. Et il unit à ses organes matériels l’âme. (nichma) intelligente et libre portant avec elle le souffle divin, l’esprit qui la suit dans toutes ses vies, (rouah) et le moyen de cette union de l’âme avec le corps grossier fut le souffle animal indispensable à la vie. (Nephech).

Passons au Livre de Job, chapitre XXVII, versets 2, 3 et 4, c’est Job qui parle :

Traduction d’après la Vulgate.Traduction d’après l’hébreu.2. – Le Dieu fort qui a mis mon droit à l’écart et le Tout-Puissant qui a rempli mon âme d’amertume est vivant.3. – Que tout le temps qu’il y aura du souffle en moi et que l’Esprit de Dieu sera dans mes narines,4. – Mes lèvres ne prononceront rien d’injuste et ma langue ne dira pas de chose fausse.Le Dieu vivant a différé le jugement du coupable l’affligeant d’abord dans son Esprit terrestre (nephech) parce que l’âme intelligente (nichma) est en moi unie à l’Esprit divin (rouah).

Voici enfin un texte d’Isaïe qui vient corroborer l’existence du corps fluidique unissant l’âme au corps (LVII, 16).

Traduction d’après la Vulgate.Traduction d’après l’hébreuJe ne disputerai pas sans fin avec le coupable, et ma colère ne durera pas toujours parce que les Esprits sont sortis de moi et que j’ai créé les âmes.Je ne punirai pas éternellement et je ne serai pas irrité sans fin. Mais l’âme sortira de mes mains et je lui donnerai une (nephech) qui unira l’âme au corps pour son incarnation.

De ces textes il résulte que pour les Hébreux :

La nichma, c’est l’âme ;

Le rouah, c’est l’enveloppe fluidique de l’âme qui la suit dans toutes ses vies ;

Le nephech, c’est l’enveloppe fluidique susceptible de modification qui forme cette autre enveloppe appelée à se modifier suivant le degré d’élévation de l’Esprit.

Nous ne prétendons pas autre chose.

Pour la doctrine spirite, ces trois substances réunies constituent l’Esprit, jusqu’au jour où celui-ci parvenu à cet état que nous qualifions de purification et affranchi de toute incarnation, sera débarrassé de son enveloppe la plus grossière.

CHAPITRE IIQu’est-ce que l’homme ?

Définitions philosophiques. – Définition spirite. – Préexistence de l’Esprit. – Son incarnation. – But de l’incarnation. – Pourquoi l’Esprit est créé imparfait.

11. – On a écrit de bien gros livres sur cette question : qu’est-ce que l’homme, pour arriver à deux définitions qui, tout en étant à peu près l’antipode l’une de l’autre, ne sont pas plus exactes l’une que l’autre.

Un grand philosophe, Descartes, croyons-nous, a dit : « L’homme est un animal raisonnable. »

Presque de nos jours, un autre philosophe, M. de Bonald, a donné de l’homme la définition suivante : « L’homme est une intelligence servie par des organes. »

La doctrine spirite repousse la définition de Descartes comme contraire à la vérité, en ce qu’elle considère, dans l’homme, l’animalité avant de voir en lui la raison. – Non, l’homme n’est pas un animal raisonnable, c’est un être raisonnable animalisé par suite de déchéance.

Elle repousse également la définition de M. de Bonald parce que l’intelligence est un attribut, une qualité inhérente à un être susceptible de penser, mais elle n’est pas un principe existant par lui-même. Au surplus la définition de M. de Bonald n’en est pas une, car du moment où elle ne différencie pas la raison de la simple intelligence, elle peut s’appliquer à toute créature vivante : à la fourmi comme à l’homme.

Au point de vue spirite, qu’est-ce que l’homme ?

L’homme est un Esprit incarné.

Un Esprit, c’est-à-dire un être formé du principe raisonnable que nous appelons âme, et du corps fluidique constituant l’organisme de cette âme ;

Incarné, c’est-à-dire dans une position spéciale et transitoire dont nous dirons le motif.

Par conséquent l’homme est un Esprit PLUS le corps.

Ainsi, vous et moi, nous sommes, avant tout, des Esprits, mais des Esprits dans un état de déchéance et de chute, placés dans une situation particulière qui cessera au moment de notre mort ou, pour parler plus exactement, de notre résurrection, du retour à la vie normale, à la vie spirite.

D’où il suit qu’avant de recevoir l’enveloppe corporelle, nous avons eu une existence incorporelle à l’état d’Esprit, puisque l’incarnation est une modification à un état antérieur. – Suivant l’enseignement spirite, c’est donc une erreur de croire que l’âme est créée en même temps que le corps. Il vous dit que ce qui est incarné en vous n’est pas une Âme, mais un Esprit préexistant au corps.

12. – De la définition que nous avons donnée de l’homme il ressort que nous avons vécu d’abord à l’état d’Esprit. En effet nous avons été créés dans une sorte d’enfance spirite dont l’enfance humaine peut offrir une certaine idée, ne jouissant d’aucune récompense, ne subissant aucune peine.

Au moment de la création de l’Esprit, Dieu a déposé en lui, avec le libre arbitre qui seul peut lui attribuer un mérite, la notion intuitive de son existence, le sentiment de devoirs à remplir vis-à-vis de lui et vis-à-vis des autres Esprits, sentiment déposé en germe dans le grand principe de cette loi que nous appelons naturelle parce qu’elle est innée : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas te voir fait à toi-même. » – Cette révélation intérieure constitue, s’il est permis de prendre une comparaison, le pécule que Dieu, comme le père de famille à ses enfants, remet à chacune de ses créatures raisonnables au moment où il l’appelle à l’existence. – Pour toutes, ce pécule est le même, car Dieu est la souveraine justice. C’est à elles à développer par l’exercice de leur libre arbitre la fortune morale qu’elles doivent acquérir.

Ainsi : devoirs de reconnaissance et d’amour envers Dieu qui l’a créé ; – devoirs de charité envers ses frères, telle est en résumé la loi dont l’Esprit reçoit la révélation intuitive au moment de sa création, et dont la loi donnée aux humanités forme le développement progressif.

13. – Voici l’Esprit créé ; il porte avec lui le germe du progrès qu’il doit accomplir et les moyens de le réaliser. – Maintenant, comment va-t-il appliquer son libre arbitre à l’exécution de la loi d’où dépend son progrès ?

Admettons que l’Esprit, dès les premiers temps de son existence, se conforme à cette loi dans une proportion qui soit en rapport avec son développement encore rudimentaire : il commencera à mériter et par conséquent à progresser.

Admettons encore qu’il applique la somme de progrès déjà acquise à un accomplissement plus parfait de la loi qui lui a été donnée, – il continuera à mériter, et par conséquent à progresser, et il pourra ainsi, de progrès en progrès, pourvu qu’il ne compromette pas la richesse amassée, parvenir à la somme de perfection à laquelle est attachée la récompense réservée aux Esprits purifiés, c’est-à-dire à ceux qui sont désormais, – comme nous le verrons plus tard, – à l’abri de toute incarnation dans un monde quelconque.

Un exemple fera comprendre notre pensée : – Un enfant apprend à déchiffrer les lettres de l’alphabet. Lorsqu’il les connaît, il arrive à les réunir en syllabes ; puis, avec les syllabes, à former des mots ; avec des mots, des phrases : il parvient à lire couramment.

Arrivé à ce degré, il applique ce qu’il sait, à apprendre ce qu’il ne sait pas. Par conséquent, il progresse intellectuellement, et, bien que parti du point infime de l’A B C, de progrès en progrès il pourra acquérir des connaissances très étendues, et, plus il saura, plus ce qu’il ne saura pas encore lui deviendra facile à apprendre.

Ce que nous disons là, par rapport au progrès intellectuel, nous pouvons l’appliquer au progrès moral. Ce progrès, pour l’Esprit, commence également à l’A B C ; mais plus l’Esprit progressera, plus le progrès lui deviendra également facile.

14. – Nous venons de voir l’Esprit créé arrivant, tout au moins sans avoir failli d’une façon grave, au degré de la purification, – et il y en a dans ce cas. – Mais supposons maintenant qu’un Esprit, après un progrès insignifiant, commette une infraction d’une certaine importance à la loi à laquelle est subordonné son avancement : dès ce moment, il n’a plus seulement à progresser, il a à réparer, car pour arriver au même degré qu’un Esprit qui, parti du même point que lui, n’aura pas fait de chute, il faudra nécessairement qu’il fasse plus que lui.

Comment l’Esprit parviendra-t-il à réparer, ou, si l’on veut, à faire ce plus, à l’aide duquel il acquittera sa dette ? En étant soumis à une difficulté spéciale qu’il devra vaincre : la difficulté de l’incarnation, incarnation pendant laquelle il aura à lutter contre des passions représentant, par leur nature et leur intensité, la nature et l’importance de la faute à effacer. – Nous le demandons : quelle est la doctrine philosophique ou religieuse qui a pu jamais, avant la doctrine spirite, expliquer les passions de l’homme et allier avec la justice de Dieu cette disposition intime qui nous porte à faire certains actes mauvais.

15. – Nous venons de faire une première supposition ; faisons-en une seconde : – l’Esprit a d’abord progressé dans des proportions appréciables ; il est parvenu, si l’on veut, sans avoir failli d’une façon grave, à un degré intermédiaire entre l’enfance spirite et l’état de purification, qui seul pourrait le mettre à l’abri de l’incarnation. – Arrivé à ce degré, il commet une infraction importante à la loi, à l’exécution de laquelle son avancement est subordonné. – Comme nous venons de le dire, cet Esprit sera incarné, incarné dans son intérêt même, afin de lui donner les moyens de racheter plus promptement sa dette. – Mais sera-t-il incarné dans le même monde, ou dans les mêmes conditions que l’Esprit qui, au début de sa vie spirite, sans mérite acquis, aura contrevenu à cette loi ? – Non. – On dira peut-être : le second est plus coupable que le premier, puisqu’il était plus avancé. – Non encore, parce que l’Esprit ne peut commettre de fautes graves que lorsqu’il est dans les degrés inférieurs. Suivant les expressions d’un Esprit, « lorsqu’il a progressé, le progrès accompli le protège contre toute infraction sérieuse à la loi de Dieu. Son libre-arbitre perfectionné l’empêche d’appliquer ce libre-arbitre à un acte essentiellement mauvais ».

Nous irons plus loin, car nous dirons : l’incarnation dans des conditions identiques de deux Esprits parvenus à des degrés différents d’avancement, en admettant qu’ils eussent pu se rendre coupables d’une même faute, serait injuste. – Une comparaison va le prouver.

16. – Voici un père disant à ses enfants : – Je remets chacun de vous une somme de 1 000 francs, et avec cette somme, avec ce pécule, il faut que vous arriviez par votre travail, dans un temps plus ou moins long, mais qui, en tout cas, dépendra de ce travail même, à amasser un capital de 100 000 francs. Lorsque votre fortune aura atteint ce chiffre, je vous assure pour toujours une existence à l’abri de toute éventualité fâcheuse. Vous pourrez augmenter indéfiniment votre avoir, mais vous ne pourrez plus le compromettre.

Admettons maintenant que l’un des enfants ait amassé 50 000 francs, l’autre 20 000 ; que, parvenus tous deux à cette somme inégale de fortune, ils dépensent follement chacun une somme de 10 000 francs : il restera encore à celui-ci 40 000 francs, tandis que celui-ci n’aura plus que 10 000 francs. Par conséquent, le premier n’en sera pas moins plus rapproché que le second du but assigné par le père de famille ; il n’aura pas à vaincre, pour réunir les 100 000 francs voulus, les mêmes difficultés que le second, ou, pour mieux dire, ces difficultés auront été vaincues préalablement à la dépense faite, et elles ne seront plus à vaincre.

Appliquons cet exemple à deux Esprits ; représentons par 100 000 francs la somme de perfection à laquelle l’Esprit doit parvenir pour atteindre cet état de purification qui doit le mettre à l’abri des incarnations dans un monde quelconque ; par 50 000 francs et 20 000 francs le degré d’avancement auquel est arrivé chaque Esprit ; par une perte de 10 000 francs la faute commise et qui est à réparer, et nous comprendrons alors pourquoi tel Esprit est soumis à des conditions d’incarnation plus difficiles que tel autre ; pourquoi celui-ci est incarné dans un monde plus avancé que celui-là, ou dans un même monde mais dans une situation qui rendra plus ou moins ardue la réparation qu’il doit accomplir, la dette qu’il lui faudra payer jusqu’au dernier quadrain, (usque ad novissimum quadrantem, S. MATTHIEU, V, 26.)

Au chapitre VI nous entrerons dans des détails plus complets sur la situation et la gradation des Esprits et des incarnations ; quant à présent, nous nous bornons à poser certains principes avant d’arriver à leurs conséquences.

17. – Ainsi donc, au point de vue spirite, l’homme est un Esprit incarné, c’est-à-dire un Esprit à l’état de réparation, comme l’est tout Esprit incarné dans quelque monde que ce soit. – Seulement, comme la somme de progrès accomplie par l’Esprit est plus ou moins importante ; comme d’un autre côté la réparation qu’il a à réaliser est plus ou moins considérable, les conditions de l’incarnation sont essentiellement variables. C’est pour cela que, dans les mondes supérieurs, les incarnations sont entourées de moins de difficultés que dans le nôtre et peuvent être accompagnées d’un bonheur relatif, mais toujours moindre que celui dont jouissait l’Esprit à l’état de non-incarnation, car, dans la situation d’incarnation, l’Esprit est descendu aux enfers (ad inferos, vers les lieux inférieurs). Le père de la grande famille l’a exilé parce que cet exil est dans son intérêt ; mais, en même temps, il a disposé le lieu et les conditions de l’exil suivant le plus ou le moins de démérite de l’exilé. – Celui-ci sera donc incarné dans un monde supérieur à celui-là, ou, dans un même monde, mais dans une situation qui combinée avec la nature et l’intensité des Passions, indice des causes de sa chute, rendra plus ou moins difficile la réparation en vue de laquelle il est incarné. – Pourquoi ? Parce que l’absolue justice a pesé le démérite de chacun et qu’à un démérite inégal, elle n’a pu faire des conditions égales de réparation.

18. – Plusieurs fois nous avons entendu faire l’observation suivante : Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé les Esprits à l’état de bonheur absolu, au lieu de les soumettre aux difficultés de la loi qu’ils ont reçue ?… Il le pouvait.

Eh bien ! voilà l’erreur. L’inflexible logique de l’enseignement spirite répond : Non, Dieu ne le pouvait pas. – Pourquoi ? Parce que suivant l’expression d’un Esprit : « Dieu ne peut que ce qui est juste. » Or la création de l’Esprit à l’état de perfection eût été une faveur et Dieu ne saurait accorder de faveur, mais seulement justice, c’est-à-dire une récompense méritée. – Et puis, dans une pareille condition faite à l’Esprit, quelle eût donc été sa situation ? Dieu en aurait fait ce que la doctrine catholique fait de ses Saints : des êtres vivant dans la contemplation de Dieu, sans avoir à intervenir dans l’exécution de ses lois vis-à-vis de mondes devenus inutiles comme eux.

Enfin, demanderons-nous, quelle eût donc été la limite de la perfection et du bonheur à accorder gratuitement à l’Esprit ? Où se serait-elle arrêtée ? S’arrêtant quelque part, n’y aurait-il pas eu imperfection, par conséquent souffrance, tandis qu’avec le système spirite il y a toujours bonheur progressif.

Il fallait donc que l’Esprit méritât son bonheur ; pour qu’il pût le mériter, qu’il fût soumis à une épreuve, à une difficulté pouvant légitimer une récompense. De là vient pour lui la nécessité d’une loi, et dans le cas d’infraction à cette loi, d’une difficulté nouvelle venant s’ajouter, non pas à titre de châtiment, mais à titre de réparation, à la difficulté première, en un mot : de l’Incarnation.

L’incarnation, quelles que soient les difficultés dont elle est entourée, est par conséquent un témoignage de la miséricorde de Dieu, puisqu’elle est un moyen accordé à l’Esprit d’acquitter la dette qui pèse sur lui et qui, en retardant son progrès, retarde sa récompense.

 

C’est faute de ces explications, vainement cherchées pendant tant d’années, des causes de l’existence de l’homme que j’en étais arrivé, ainsi que j’en ai fait la confession en commençant le livre, au matérialisme. Mais aujourd’hui les Esprits m’ont fait comprendre mon pourquoi ; mes yeux se sont ouverts grâce à leurs enseignements et je n’aspire plus qu’à convaincre comme je suis convaincu moi-même.

CHAPITRE IIIQu’est-ce que le médium ?

Les Esprits incarnés sont les frères des Esprits non incarnés. – Les Esprits non incarnés communiquent entre eux. – Ils communiquent avec leurs frères incarnés. – Les Esprits incarnés sont les intermédiaires de certains phénomènes. – Le pourquoi de ces phénomènes. – Ce qu’il faut entendre par le magnétisme animal. – Le médiumat s’obtenant par la prière.

19. – Nous venons de voir dans les précédents chapitres :

1° Qu’il y a des êtres incorporels auxquels nous avons donné le nom d’Esprits ;

2° Que les Esprits sont des êtres résumant en eux un principe raisonnable et par conséquent incorporel, et un principe matériel, si peu matériel qu’il soit, appelé périsprit ;

3° Que l’homme n’est autre chose qu’un Esprit incarné, c’est-à-dire un Esprit enveloppé d’un corps charnel.

D’où cette conséquence que les Esprits incarnés sont les frères des Esprits non incarnés ; que leur origine, leurs facultés, leur nature sont identiques, sauf que le principe raisonnable de l’Esprit qui possède un premier organisme fluidique, reçoit pendant l’incarnation une enveloppe grossière, prison temporaire de l’Esprit : le corps.

20. – Ces principes posés, n’est-il pas hors de discussion que, du moment où Dieu a créé les êtres raisonnables que nous nommons Esprits, il a dû nécessairement leur donner, dans l’état normal de la non-incarnation, ce qu’il leur accorde dans l’état exceptionnel de l’incarnation : un moyen de se servir de leur intelligence et par conséquent de se communiquer leurs pensées. S’il en était autrement, si Dieu avait accordé à l’être auquel il a donné la raison une faculté qu’il n’aurait pu exercer, il aurait commis, dans l’ordre intellectuel, une inconséquence aussi grande que si, dans l’ordre matériel, il avait créé la lumière sans donner à l’homme des yeux pour la voir.

Dieu ne pouvant rien faire d’illogique, nous concluons que l’Esprit, à l’état de non-incarnation, peut transmettre sa pensée à un autre Esprit, non incarné comme lui.

21. Par quel moyen cette transmission de la pensée peut-elle se produire ?

La transmission de la pensée exige nécessairement un acte. Or, qui dit acte, suppose un agent quelconque. Cet agent ne saurait être l’âme, attendu que l’âme, cette mère de la pensée, est sans parties comme la pensée elle-même. L’agent ne peut donc être que le périsprit.

D’un autre côté, si les Esprits incarnés ne sont autres que des Esprits non incarnés, plus le corps, il est clair que les mêmes rapports, au moins par la pensée, peuvent exister des premiers aux seconds, et réciproquement, qu’entre Esprits non incarnés, puisque ce sont les mêmes êtres, sauf toutefois que ces rapports sont rendus un peu plus difficiles par l’incarnation, l’Esprit ayant dans ce cas un double obstacle à vaincre : d’une part, celui qu’oppose une matière grossière ; de l’autre, celui des mots qu’il doit emprunter à l’homme et dans lesquels il est obligé d’emprisonner son idée.

Le raisonnement, indépendamment des preuves auxquelles nous arriverons tout à l’heure, démontre donc, du moment où nous reconnaissons qu’il s’agit d’êtres semblables, qu’il n’y a rien que de normal et de naturel dans la communication par la pensée d’Esprit non incarné à Esprit incarné, et vice versa.

Ce que nous avançons ne saurait être contesté par ceux, notamment, qui professent le dogme catholique, car, soit qu’ils admettent la Tentation (le spiritisme l’admet mais sous réserve d’explications) ; soit qu’ils admettent la doctrine de l’Ange gardien et de l’Intercession des Saints, ils reconnaissent par cela même la possibilité d’une communication entre l’Esprit tentateur et l’homme et, dans le second, entre l’homme et une âme désincarnée en possession de la gloire céleste.

22. – Il ressort de ce qui précède que tous les Esprits incarnés sont aptes à percevoir la pensée des Esprits non incarnés ; – mais les premiers ne sont aptes que sous certaines conditions à servir d’intermédiaires à divers phénomènes dont les seconds sont les agents, phénomènes qui n’ont d’autre but que de témoigner de l’existence des Esprits, de leur servir de signe , et une fois leur existence constatée par l’incarné, de fournir à ceux-ci le moyen de faire revêtir à leur pensée une forme en quelque sorte matérielle susceptible de tomber sous les sens de l’homme. C’est là ce que l’on nomme à proprement parler médiums, c’est-à-dire intermédiaires.

23. – Comment les Esprits peuvent-ils être les agents de phénomènes matériels ?

Nous allons l’indiquer et, de nos explications, ressortira la preuve qu’il n’y a rien, absolument rien de surnaturel dans les phénomènes spirites puisqu’ils reposent sur une loi générale. – Est-ce à dire que nous avons la prétention de faire connaître le comment intime de cette loi ? Nullement, et nous ajoutons que nous refusons à qui que ce soit le droit de nous le demander avant qu’il ait pu expliquer lui-même le comment d’une seule des choses de la création.

Voici un arbre : Comment pousse-t-il sous telle ou telle forme ?

Voici du feu : Comment brûle-t-il ?

Voici une fleur : Comment dégage-t-elle son odeur et comment la percevez-vous ?

On répondra : parce qu’il s’en dégage des molécules odorantes qui viennent frapper les papilles nerveuses de l’un de mes sens ; ce qui ne m’apprendra pas grand-chose.

Mais comment cette rose dégage-t-elle des molécules, différentes suivant les espèces ? Comment les papilles nerveuses de mon cerveau perçoivent-elles ces molécules si ténues que le microscope le plus puissant n’a jamais pu les apercevoir, et comment peuvent-elles les différencier d’autres molécules de même nature ayant une autre odeur ?… C’est ici qu’il faut s’arrêter, car là commence le mystère. Si cela est vrai, comment viendriez-vous nous demander le comment intime des phénomènes spirites, alors que vous ne pouvez nous donner le comment d’une seule des choses de la création.

Ces observations n’ont pas pour but d’éviter des explications. Ces explications, nous vous les donnerons tout autant que vous pouvez nous donner celle des phénomènes qui tombent journellement sous nos sens. Ce que nous vous dénions seulement, c’est le droit de nous demander plus.

24. – Nous savons que l’être que nous nommons Esprit n’est pas seulement formé d’une âme ; il est encore, ne l’oublions pas, matière, matière fluidique, quintessenciée, impalpable, mais enfin matière.

Voici une pile électrique qui dégage un courant invisible qu’elle projette instantanément à des milliers de kilomètres. Ce courant invisible n’en est pas moins incontestablement matière puisqu’il produit un effet matériel sur l’appareil qui le reçoit, – puisqu’il donne une lumière étincelante et peut même déterminer une sensation de brûlure. S’il est matière, il peut constituer une enveloppe et former un corps.

Ceci posé, admettons (et nous verrons bientôt cette supposition se changer en certitude), que le corps périspritique de l’âme, son organisme, soit constitué à l’aide d’un fluide ANALOGUE au fluide appelé magnétique : voici un être raisonnable doué en même temps d’un corps matériel. – Or, si nous voyons les fluides électrique et magnétique produire des effets si puissants, il est évident que du moment où la partie matérielle de l’Esprit sera d’une nature ANALOGUE à celle des deux premiers, il n’y aura rien de surnaturel à ce que le corps périspritique de l’âme produise des effets ANALOGUES à ceux que l’on obtient à l’aide des fluides électrique et magnétique.

25. – Mais pour la production des phénomènes spirites, l’Esprit a besoin d’un auxiliaire ; car, de même que pour la communication par l’appareil télégraphique, il faut un appareil émetteur et de l’autre un appareil récepteur, de même, dans ce que nous pouvons appeler l’appareil spirite, il faut un Esprit pour émettre le courant périspritique et un Esprit pour le recevoir.

Nous connaissons l’appareil émetteur : l’Esprit ; examinons l’appareil récepteur : l’homme, et voyons comment le courant fluidique agira sur lui.

26. – L’homme, avons-nous dit, n’est qu’un Esprit, plus le corps. Il est donc formé d’une âme en qui réside la raison ; 2° d’un périsprit, ou corps fluidique de cette âme ; 3° d’un corps grossier