Sur les traces de Napoléon en Belgique - Jean-Louis Lahaye - E-Book

Sur les traces de Napoléon en Belgique E-Book

Jean-Louis Lahaye

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Beschreibung

Premier titre d’une nouvelle collection développée en partenariat avec la première chaîne de télévision belge RTBF, Sur les traces de Napoléon suit le parcours de ce guerrier d’exception sur le territoire belge, d’Hestrud à Waterloo, cherchant ainsi l’empreinte historique qu’il y a laissée, près de deux cents ans après son passage. Jean-Louis Lahaye s’entoure d’intervenants pour aller au plus près de ce personnage historique. Il s’attarde sur la vie et la personnalité de l’Empereur, analyse les difficultés de mener campagne à l’époque et revient sur les faits historiques qui ont émaillé les quatre jours de la bataille de Waterloo menant les troupes impériales à la défaite. Pour Napoléon, il s’agira de sa dernière bataille mais elle marquera le début de son mythe.

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Seitenzahl: 176

Veröffentlichungsjahr: 2014

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Sur les traces de Napoléon en Belgique

Jean-Louis Lahaye présente

Sur les traces de Napoléon

Rédaction : Laurent Fauville

Relecture : Xavier Vanvaerenbergh

Photo Jean-Louis Lahaye : © Jean-Michel Byl

© Renaissance du Livre

Avenue du Château Jaco 1

1410 Waterloo

Couverture et mise en pages : [nor]production

www.norproduction.eu

ISBN : 978-2-50705-265-2

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.

Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage est strictement interdite.

Nous tenons à remercier Monsieur Fabrice Deruysscher pour l’aide apportée à la création de ce livre et plus particulièrement en ce qui concerne certaines données touristiques.

Un grand merci également à Messieurs Alain Arcq, Pierre Couvreur et Léon Ruquoy dont certains documents, aujourd’hui indisponibles, ont servi de piliers pour certaines parties de cet ouvrage.

Merci également à Monsieur Léon Bernard qui a bien voulu confirmer certaines informations.

Je suis très heureux de pouvoir partager avec vous mon intérêt pour l’histoire et plus particulièrement pour l’histoire de Belgique.

A travers cette nouvelle série, nous découvrirons ensemble l’intérêt exceptionnel que notre petit pays a suscité chez des personnalités qui ont marqué l’histoire.

Je vous raconterai à la fois leur parcours sur notre territoire mais également les traces indélébiles qu’elles y ont laissées.

Pour nous permettre de découvrir à la fois la personnalité de ces hommes et femmes illustres mais aussi la vie et les moeurs de leur époque, ainsi que les traces touristiques encore visibles de leur passage sur notre sol, je me suis entouré de trois experts :

- Alexandra Hubin, Docteur en psychologie et sexologue. Elle réalise le profilage de chacun d’eux et analyse les us et coutumes de leur époque.

-  Sacha Daout, journaliste et éditeur du journal télévisé de la RTBF, passionné d’histoire. Il aime avant tout redécouvrir comment on vivait à l’époque. La petite histoire de la grande.

- Olivier Daloze, directeur presse et NTIC de Wallonie-Bruxelles Tourisme. Amoureux de notre patrimoine historique et culturel, il nous permet de redécouvrir les trésors touristiques belges.

J’espère que comme moi, vous découvrirez des destins exceptionnels, palpitants et que cette série vous donnera l’envie de parcourir notre si belle Belgique pour suivre les traces de ces personnages illustres.

Jean-Louis Lahaye

PRÉFACE

Deux siècles après, un nouvel ouvrage, accompagnant un documentaire filmé, retrace minute par minute quatre jours de la carrière d’un homme sur lequel tout à été dit ! Faut-il que sa mémoire reste présente dans l’imaginaire de nos contemporains pourtant quotidiennement abreuvé de tant d’informations.

La mobilisation des collectivités locales, les recherches historiques auxquelles elles se sont livrées, leur volonté de la partager à un plus grand nombre au prix d’investissements importants, montrent l’importance qu’elles attachent à cette page de leur histoire.

Ce qui s’est joué pendant les quatre jours qui ont précédé la bataille de Waterloo est le résultat d’une conjoncture politique européenne, dont Napoléon avait cessé d’être le maître, et de sa volonté de triompher même dans des circonstances militaires et politiques devenues aussi défavorables.

Car l’homme qui conduit son armée à Beaumont aux portes de la Belgique le 15 juin 1815, connaît la disproportion numérique et qualitative entre son armée, qu’il n’a pas eu le temps de reconstituer dans les cent jours qui ont suivi le retour d’Elbe, et les troupes de ses adversaires. Il sait aussi la détermination de la coalition formée au Congrès de Vienne qui l’a déclaré hors la loi. Mais il veut conserver la main en choisissant le terrain de l’affrontement.

Il sait qu’il doit impérativement triompher car toute défaite le condamnerait irrémédiablement. Il est dans la position du joueur qui peut tout perdre et qui ne peut plus tout gagner car d’autres batailles suivront tant est grande la disproportion des forces. Son énergie reste indomptable, même si sa santé n’est plus celle du vainqueur d’Austerlitz. Il est prêt à tout engager, une fois de plus, pour renverser la situation à son avantage.

Même si son issue demeurera longtemps incertaine, la bataille sera à la taille des enjeux : sanglante, atroce et finalement perdue. Ses contemporains, puis les romantiques français, en commençant par le plus grand, Victor Hugo, y verront l’ultime sacrifice qui scelle les destins d’exception.

Mais, comme le disait Martin Schulz, le Président du Parlement Européen, lors de la commémoration de la bataille de Leipzig en octobre 2013 : « Ne nous y trompons pas, les forces qui se soulèvent contre le parvenu, l’empereur auto-sacré, sont celles de l’ordre ancien. »

Voilà pourquoi tant de visiteurs viennent sur le site de la bataille qui restera dans l’opinion publique et dans l’expression populaire non comme le lieu de la victoire de ses adversaires anglais et prussiens, mais comme le lieu de la défaite ultime de Napoléon.

Cet ouvrage présente heure par heure le drame qui va se jouer. C’est un travail original, où le texte et l’image s’entremêlent pour une meilleure compréhension.

Charles Bonaparte

AVANT-PROPOS

Qu’est ce que le destin d’un homme ? Une suite d’événements indépendants dont on ne jugerait le sens et la valeur qu’après sa mort ? Qui sait… À mon sens, le destin est un entrelacement d’événements et d’influences diverses qui pousse un individu à poser tel choix plutôt qu’un autre. Chez certains, les influences sont tellement nombreuses que le destin semble prendre une vie autonome. Napoléon est de ceux-là.

Il nous semble parfois tout savoir de l’Empereur. Mais que savons-nous réellement de lui ? En définitive, dès qu’il s’agit d’aborder l’homme, très peu. Victor Hugo dira à son sujet : « Cet homme étrange a comme enivré le monde… » Napoléonlui-même n’aurait pas eu assez de plusieurs vies pour lire l’ensemble des récits qui lui ont été consacrés ; admirer toutes les gravures, peintures et représentations en tous genres dépeignant les moments clés de son existence ; passer en revue les statues, statuettes et figurines de sa personne ; assister aux pièces de théâtre et opéras dans lesquels il intervient ; regarder enfin la totalité des péplums, films et séries télévisées qui continuent de répandre sa légende. Cette débauche, ce luxe de représentations ferait presque oublier le million de citoyens français, et d’autres nationalités, morts ou disparus au cours de ses guerres, la répression et les massacres perpétrés à travers l’Europe et les deux invasions du territoire français. Si nous n’y prenons garde, il ne restera à la postérité que les dorures, les fastes de l’épopée.L’histoire ne sera plus que légende.1

LE DESTIN

D’UN HOMME

ET DE SON

EMPIRE

CHAPITRE 1

UN HOMME ET UN GUERRIER D’EXCEPTION

Sinon qu’elle se déroula rapidement et sans complications, on ne sait pas grand-chose de la naissance de Napoléon. De sa venue au monde à son dernier souffle, il vouera une profonde dévotion à sa mère qui, en ce 15 août 1769, dut renoncer à se rendre à la messe de l’Assomption célébrée à la cathédrale d’Ajaccio pour donner la vie au futur empereur. En tout, elle donnera naissance à quatorze enfants, dont huit seulement atteindront l’âge adulte. Napoléon est le quatrième enfant et le deuxième fils de Charles Marie Buonaparte, issu d’une vieille famille de petite noblesse. Ce statut permettra néanmoins à Napoléon de décrocher une bourse destinée à financer ses études dans une école royale militaire française.

L’enfant naît français et le reste presque par hasard. À cette époque, en effet, la république de Gênes cède la Corse à la France afin d’annuler une dette. Mais les patriotes corses, dont font partie les parents de Napoléon, ne l’entendent pas de cette oreille. Vaincus après une résistance acharnée, ils assistent impuissants à l’installation de la domination française sur l’île. Ce changement de pouvoir, intervenu dès ses plus jeunes années, incarne le premier événement décisif du destin de Napoléon.

Les marches du pouvoir

L’ascension de Napoléon commence donc avec une bourse royale destinée à son éducation militaire. Élève moyen, Bonaparte montre néanmoins de réels talents pour le commandement. Sorti de l’école, il poursuit ses études à Paris et obtient le grade de lieutenant d’artillerie, le domaine de pointe à l’époque.

En 1792, âgé de 23 ans, Napoléon est témoin de la prise des Tuileries par le peuple français. Cet événement le marque profondément et amorce chez lui une réflexion générale sur les forces à l’œuvre au sein de la France révolutionnaire et surtout, sur la dimension européenne de la Révolution. L’année suivante, il est à Toulon. La ville, passée aux mains des Anglais, est reprise par le général Dugommier en partie grâce à la maestria tactique du jeune commandant Bonaparte. On le propose au grade de général à titre provisoire. Dugommier confirme la nomination et y ajoute de sa main :

« Si on ne l’avançait pas,

cet officier avancerait

tout seul. »

Le prix de la victoire de Toulon est immense. Autrefois redoutable concurrente de la flotte anglaise, la force navale française n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les Anglais ont perdu Toulon mais désormais, ils dominent les mers.

En 1796, Napoléon épouse Joséphine Tascher de la Pagerie. Il est à présent général en chef de l’armée d’Italie, poste auquel il bat les Autrichiens et les Sardes. Cette campagne le confirme comme l’un des généraux les plus importants de la période révolutionnaire. Dans le même mouvement, sa popularité inquiète en haut lieu. À tel point qu’on l’éloigne en l’envoyant guerroyer en Égypte. Sa mission : couper la route des Indes, garante de la richesse de l’Empire britannique. Pour Napoléon, la campagne d’Égypte ne sera pas glorieuse militairement : il échoue dans son objectif de couper les lignes commerciales anglaises.

En octobre 1799, de retour en France, Napoléon se ménage une place de choix dans la scène politique troublée de l’époque. On lui confie le soin de se débarrasser du Directoire devenu trop impopulaire. Il établit le Consulat et s’arroge le poste de premier consul. À ce titre, il poursuit la réorganisation de l’administration, des finances, de la justice, crée la Banque de France, rouvre les églises et rend leurs droits civiques aux émigrés. Son objectif ultime est clair : il veut rétablir la monarchie. Sous une forme éclairée, certes, mais absolue. Enfant des idées et des événements de la Révolution, Napoléon n’en retient que l’idée de liberté individuelle ainsi qu’une vision du monde et du pouvoir qui le guidera toute sa vie.

L’Empereur

Il ne faudra que cinq ans à Bonaparte pour arriver à ses fins. En 1804, il se fait plébisciter empereur des Français et se fait sacrer par le pape Pie VII. Mais à la différence des rois de France, élus de Dieu, dont le sacre à traditionnellement lieu à Reims, l’empereur des Français, élu du peuple, reçoit l’onction dans la cathédrale de Paris. Devenu Napoléon Ier, il établit immédiatement le principe d’une monarchie héréditaire. Ses frères, ses sœurs et ses généraux seront les premiers à profiter de la situation.

En 1810, afin d’assurer l’avenir de sa dynastie, il répudie son épouse, Joséphine, incapable de lui donner un héritier et épouse la même année Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, fille de l’empereur d’Autriche. L’année suivante, un fils naît de cette union. C’est Napoléon II, roi de Rome, appelé à succéder à son père comme empereur des Français.

NAPOLéONET LES FEMMES

(Alexandra Hubin, docteur en psychologie et sexologue)

Il existe une réelle ambivalence dans les comportements de Napoléon envers la gente féminine : d’un côté, il est un amoureux bienveillant, de l’autre, il se révèle être un vrai goujat.

Il a été très amoureux de deux femmes, Joséphine de Beauharnais et Marie Walewska. Lettres enflammées, privilèges observables et signes d’affection relatés ne manquent pas. Même si l’Empire passera toujours avant les deux femmes, on devine son attachement profond pour elles.

Mais on accuse aussi Napoléon d’être misogyne suite à ses attitudes discourtoises envers certaines femmes. Telle l’anecdote souvent racontée concernant Mlle Duchesnois qu’il a fait patienter pendant des heures avant de dire à son valet de chambre « qu’elle se rhabille et s’en aille ! ». Son œuvre majeure, le code civil de 1804, marque également une profonde inégalité entre les sexes. Tout ceci est néanmoins à relativiser. Napoléon est un homme de son temps pour qui les femmes sont là pour le plaisir des hommes.

Un guerrier d’exception

Napoléon a donc assuré la pérennité du pouvoir impérial. Mais c’est sur un autre point, capital, qu’il ne parvient pas à ses fins : imposer la paix. Des guerres éclatent sans cesse aux quatre coins de l’Empire. Sur terre, il accumule les victoires mais sur mer, le sort lui est hostile, si bien que la situation ne se pacifie jamais durablement.

Après la défaite de Trafalgar, il écrase les Austro-Russes à Austerlitz. Il réduit au passage la Prusse à la moitié de son territoire, ampute l’Autriche et signe une alliance avec la Russie. Cette dernière décision est un tournant historique. Elle scelle le projet napoléonien d’une nouvelle Europe, celle d’un continent uni sous une houlette française.

Napoléon et l’échec des colonies

Les guerres napoléoniennes, incessantes malgré les alliances nouées, se fondent sur un facteur clé : l’économie. Très tôt, Napoléon a eu l’intuition que la richesse d’une nation européenne coloniale ne se limite plus à ce qu’elle peut posséder sur son territoire. Il a compris que c’est en Orient, en Chine et en Inde, que se trouve le plus grand potentiel de richesses de son temps.

Mais c’est d’abord vers les Amériques que Napoléon tourne son attention. Ce continent, encore sauvage, représente à ses yeux un potentiel immense. Seuls les Anglais, au Québec, ont réellement commencé à l’exploiter à l’époque. L’idée de l’Empereur est de valoriser la Louisiane, acquise par la France sous Louis XIV. La Louisiane de l’époque est infiniment plus étendue que l’État actuel : il s’agit alors d’un territoire représentant un tiers de la surface des États-Unis modernes. Faute de moyens suffisants, notamment humains, le projet de Napoléon tourne court. En 1803, il cède la Louisiane aux États-Unis, ce qui permet à la jeune nation américaine de doubler son territoire.

Décidément malheureux dans ses projets coloniaux, il ne reste qu’un espoir à l’Empereur : l’Orient, où la France a pourtant connu de nombreux revers, dont la perte de Pondichéry. C’est dans l’idée de s’ouvrir la route de l’Est que Napoléon tente de conclure des accords avec les tsars Paul Ieret ensuite Alexandre Ier. Son objectif : établir une route commerciale qui placerait Paris à quarante-cinq jours de marche de l’océan indien via une succession de comptoirs commerciaux. La méfiance des Russes face à ce jeune impétueux a raison des tractations.

L’échec de son expansion coloniale restera l’un des regrets les plus profonds de Napoléon. S’adressant à son geôlier de Sainte-Hélène, Napoléon dira :

« J’aurais atteint Constantinople et les Indes. J’eusse changé

la face du monde. »

Le blocus continental

Outre ses visées coloniales, Napoléon doit faire face à une situation « domestique » houleuse. En guerre avec une majorité d’états européens depuis 1803, il est particulièrement aux prises avec l’Angleterre. L’Empereur abat alors son atout : il décrète le blocus continental. Le principe est simple : comme Napoléon domine une large partie de l’Europe continentale, il se fait fort d’empêcher les Anglais d’y écouler leurs produits manufacturés. Il s’agit là d’une rentrée d’argent capitale pour les Britanniques et l’Empereur espère ainsi imposer une victoire ferme et définitive. Il ordonne donc à toutes les nations dominées d’appliquer un blocus portuaire aux navires anglais. Les Russes, qui adhèrent par traité au blocus, finissent par s’en retirer en 1812, donnant à Napoléon une raison d’envahir la Russie.

L’ARGENT, LE NERF DE LA GUERRE

(Laurent Fauville, auteur historien)

Une guerre a beau se faire avec des hommes, tout le reste s’achète et se paie : les fusils, le pain, la solde, les canons… Durant la période d’expansion de l’Empire, le coût représenté par les armées d’occupation disséminées à travers l’Europe était pris en charge par les pays occupés, mais vers la fin de la période impériale, ces armées reviennent en France et se retrouvent à charge des finances françaises, déjà en piètre état. C’est la raison pour laquelle dès 1814, à l’occasion du retour du roi sur le trône de France, de nombreux militaires seront mis à la retraite, mis en demi-solde ou licenciés. C’est ce qui explique qu’à son retour, en 1815, Napoléon trouve une armée en pleine désorganisation et réduite à moins de 90 000 hommes. Afin de financer une nouvelle guerre, il contracte de nouveaux emprunts, quintuplant en quelques semaines la dette de la France. À la fin des Cent-Jours, la dette et les pénalités imposées par les vainqueurs pèseront tellement qu’il faudra deux décennies au pays pour sortir de la crise.

CHAPITRE 2

LES DERNIERS JOURS DE L'EMPIRE

La campagne de Russie reste le plus grand désastre de l’histoire napoléonienne. Sur les 700 000 hommes de la Grande Armée qui partirent, à peine la moitié revint. Après avoir cumulé quelques victoires l’année suivante, en 1813, la France impériale affaiblie et contestée par ses propres alliés est lourdement défaite à la bataille de Leipzig. L’Empereur opère une retraite massive sur tous les fronts. Dans la foulée, au cours de la nuit du Nouvel An 1814, les Alliés envahissent la France. Le 31 mars 1814 sonne le glas de la France impériale : les Alliés pénètrent dans Paris à onze heures du matin. Les coalisés ne se contentent pas d’envahir la France, ils négocient également la redistribution des cartes pour l’ensemble des territoires européens. L’opération est concrétisée par le pacte de Chaumont, officiellement signé le 1er mars 1814. La France, quant à elle, est mise sous tutelle. La grande question de l’époque est donc de savoir qui régnera désormais sur l’Hexagone, et les avis sont partagés. Certains, dont le prince de Talleyrand-Périgord, qui représente la France dans ces discussions, favorisent un retour des Bourbons, héritiers de Louis XVI. D’autres, dont François Ier, empereur d’Autriche, parlent du fils de Napoléon, le roi de Rome, qui est aussi son propre petit-fils.

La Belgique française disparaît

Dans ses Mémoires, le général baron de Marbot, commandant du département français de Jemappes en 1814, décrit ainsi la situation :

Cette vaste et riche contrée, annexée à la France d’abord en fait par la guerre en 1792, et puis en droit par le traité d’Amiens, s’était si bien habituée à cette union, qu’après les désastres de la campagne de Russie, elle avait montré le plus grand zèle et fait d’énormes sacrifices pour aider l’Empereur à remettre ses troupes sur un bon pied. […] Mais les pertes que nous venions d’éprouver en Allemagne [avaient] découragé les Belges. En un mot, la Belgique n’attendait que l’occasion de se révolter.

En 1814, le département, peuplé de révolutionnaires en puissance, est mal défendu contre les agressions extérieures. Si bien qu’au fil des offensives alliées, ce qui deviendra la Belgique est rapidement conquis. Seules résistent encore quelques places fortes, comme Anvers, port d’une importance capitale tant pour les Français que pour les Alliés, qui résistera jusqu’au 5 mai 1814. Tout au long de leur progression sur le territoire belge, les Alliés sont accueillis par la population locale comme des libérateurs.

Les derniers jours de l'Empire

La capitale impériale étant tombée, Napoléon se retire à Fontainebleau. La messe est dite : le 4 avril 1814, la France est sous le contrôle effectif des armées étrangères. Napoléon abdique inconditionnellement, abandonné tant par sa famille que par ses maréchaux.L’Empire est mort et Napoléon décide de le suivre dans la tombe. Dans la nuit du 12 au 13 avril, Napoléon tente de s’empoisonner. À l’agonie pendant toute la nuit, il survit.

Pendant ce temps, à Paris, on négocie pour l’Empereur une sortie vaguement honorable. Les Alliés décident de l’exiler sur l’île d’Elbe, dont il devient le souverain aux termes du traité de Fontainebleau. Il conserve son titre d’empereur et se voit attribuer une pension annuelle de 2 000 000 de francs, payée par le gouvernement français. Son épouse, Marie-Louise, reçoit quant à elle le duché de Parme, tout proche et destiné, le jour venu, à leur fils.2 Le 20 avril, Napoléon fait ses adieux à Fontainebleau. Malgré la chute, rien d’essentiel n’est perdu, Napoléon part pour Elbe avec l’espoir de retrouver Marie-Louise et son petit Napoléon. C’est sans compter l’entourage de l’impératrice, qui conseille à la jeune femme, manipulable, de se placer avec son fils sous la tutelle de son père, en Autriche. Napoléon ne les reverra jamais. Les événements s’enchaînent : le 3 mai 1814, la monarchie est rétablie dans une France qui, amputée de certains territoires, retrouve ses frontières de 1792. Il aura suffi d’un trait de plume, pensent les Alliés à l’époque, pour rayer l’ère impériale des tablettes de l’histoire. Clairvoyant, Louis XVIII, qui s’installe sur le trône royal après vingt-deux ans d’ère révolutionnaire et impériale, est inquiet. En effet, il se rend compte que les promesses faites à l’Empereur ne sont pas tenues. Sa rente annuelle, pour ne citer qu’elle, a vite été oubliée une fois Napoléon parti. Quant au roi, pourtant sans descendance, il n’envisagera jamais sérieusement de reconnaître le jeune Napoléon comme héritier.

CHARLES-MAURICE DE TALLEYRAND-PERIGORD,

LE « DIABLE BOÎTEUX »

(Laurent Fauville, auteur-historien)