T'aurais pu me le dire - Collectif - E-Book

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Collectif

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Beschreibung

35 jolies histoires racontées par sept voix féminines

T’aurais pu me le dire rassemble des textes qui nous parlent du temps qui passe, d’amour et de désamour, de départs et de faux-départs, de moments ou d’événements surprenants… de la vie tout simplement ! Ce recueil Collectif est le fruit de la créativité de sept auteures qui se sont rencontrées en atelier d’écriture.
Ces textes singuliers et universels s’entremêlent, s’imbriquent et se font écho ! Ce qui les relie en premier lieu, c’est le travail et la qualité d’écriture des sept auteures. Par leurs écritures qui émergent et foisonnent, elles signent un ouvrage spontané, vif et puissant.

Une myriade de textes originaux et authentiques, à dévorer sans hésiter !

EXTRAIT DE DU SUCRE SUR TES PLAIES

Depuis quelque temps, plus rien ne va comme avant à la maison. Et ça dure, ça dure…Ça me fait un peu comme la fois où on était allés au parc Astérix. On était montés dans un faux tronc d’arbre en plastique qui flottait sur une petite rivière et qui grimpait tout doucement en haut d’un gros échafaudage. C’était rigolo, on entendait un petit clic à chaque fois qu’on avançait, et plus on montait, plus la vue était jolie. On était tranquilles, il y avait papa et maman, on riait bien. Ça, c’était ma vie d’avant.
Et puis d’un seul coup, le tronc d’arbre a basculé en avant, dans le vide, et il a redescendu la rivière à toute vitesse la tête la première. J’ai eu tellement peur que j’ai hurlé et, quand ça s’est enfin terminé et qu’on est arrivés en bas, mon jean et mes baskets étaient tout trempés. Ça, c’est ma vie de maintenant.

LES AUTEURES

Madeleine Capiaux, Cécile Delacroix, Isabelle L’Orion, Hortense Remington, Alex Saint-Jeures, Laurence Tran, Sylvie Valdenaire.

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Madeleine CapiauxCécile DelacroixIsabelle L’OrionHortense RemingtonAlex Saint-JeuresLaurence TranSylvie Valdenaire

T’aurais pu me le dire

Recueil collectif 2017

Atelier d’écriture Tant qu’il y aura des mots, créé et animé par Laurent Jacotey

I.Au commencement…

Le sirop de barbe à papa

« Vive le roi ! Vive la reine ! »

Les adultes ont mangé la galette. Papa est le roi, maman la reine.

« J’y crois pas ! De toute façon cette galette, elle était même pas bonne. Pourquoi c’est jamais moi qui ai la fève ? » ronchonne Émilie Jolie dans son coin. Les autres enfants rient et jouent à on ne sait quoi.

« J’en ai marre, marre, marre ! Je suis toujours toute seule, gémit Émilie. Personne ne m’aime. »

L’écureuil du jardin l’entend :

« Psitt ! Psitt ! fait-il. Milie, par ici, suis-moi. Je sais où trouver de meilleurs gâteaux et des amis. »

Émilie Milie tout doucement s’éloigne de la galette des rois, vers l’orée du bois.

« Allez ! Ramène ta fraise ! dit encore l’écureuil. Regarde ma provision de sirops. Je te sers un verre. Quel parfum veux-tu ? »

Milie dans sa robe prairie voit la petite vaisselle de l’écureuil. Prend délicatement un petit verre.

« Sirop d’amour, sirop de roses, sirop de barbe à papa, d’amitié, de cerise, de joie… Que choisis-tu ? »

Milie rosit, n’ose parler. Du doigt elle désigne le sirop de barbe à papa.

« Tu ne préfères pas le sirop de joie ? Ce sont des sirops un peu magiques tu sais. Oh ! Et je n’ai plus de sirop de mort de rire ! Tu as de la chance ! »

–Barbe à papa ! » maintient Milie.

Elle boit dans le petit verre. L’écureuil l’observe. C’est bon. Très très bon.

« L’hiver sera long, très très long », dit-elle. Pourquoi a-t-elle dit ça ?

« Et froid, très très froid, répond l’écureuil. Viens, il faut se réchauffer avec de bons gâteaux. »

Milie Polie suit l’écureuil dans la forêt. Ils arrivent devant une petite maison en tous points semblable à celle de la sorcière dans l’histoire d’Hansel et Gretel : en gâteaux et pain d’épice ! Milie s’arrête brusquement :

« Dis donc Écureuil ! Tu te moques de moi ?! Je sais très bien qui habite dans cette maison. Je n’entrerai pas !

–Mais qui te parle d’entrer ? répond l’écureuil. Ne t’inquiète pas. Nous allons jouer un tour à la sorcière. Tiens prends cette épée de feu. Elle te protégera. »

Émilie Mini Minette se saisit de l’épée flamboyante. Tous deux s’approchent prudemment de la maisonnette. Par la fenêtre, Milie jette un coup d’œil à l’intérieur. Personne. Alors avec l’écureuil et l’épée de feu, elle découpe la maison de gâteaux.

Hum ! Quel festin ! Des gâteaux au chocolat, glacés à la fraise, à la menthe, avec des cerises… Elle a de la confiture plein les doigts et du chocolat sur le visage ! Et cette gaufre à la chantilly ! Quel délice… Et hum, huum… huuum… !

Blurp !

« Écureuil ! Où es-tu ? » s’inquiète soudain Milie Lili, Lilette. « La sorcière !! ! »

Milie a trop mangé. Elle ne peut plus bouger. Elle est lourde comme une pierre. L’épée de feu a disparu avec l’écureuil. Il fait nuit.

« Émilie, ouvre les yeux ! » crie la sorcière.

Et soudain Émilie reconnaît maman penchée sur elle :

« Tu nous as fait peur ! Tu as bu le verre de whisky au nez et à la barbe de papa ! »

Du sucre sur tes plaies

Depuis quelque temps, plus rien ne va comme avant à la maison. Et ça dure, ça dure…Ça me fait un peu comme la fois où on était allés au parc Astérix. On était montés dans un faux tronc d’arbre en plastique qui flottait sur une petite rivière et qui grimpait tout doucement en haut d’un gros échafaudage. C’était rigolo, on entendait un petit clic à chaque fois qu’on avançait, et plus on montait, plus la vue était jolie. On était tranquilles, il y avait papa et maman, on riait bien. Ça, c’était ma vie d’avant.

Et puis d’un seul coup, le tronc d’arbre a basculé en avant, dans le vide, et il a redescendu la rivière à toute vitesse la tête la première. J’ai eu tellement peur que j’ai hurlé et, quand ça s’est enfin terminé et qu’on est arrivés en bas, mon jean et mes baskets étaient tout trempés. Ça, c’est ma vie de maintenant.

Sauf que ça n’arrête pas de descendre, que la peur est dans mon ventre tous les jours, quand je rentre de l’école et que je retrouve maman à la maison, avec de l’eau dans les yeux, la robe de chambre qu’elle avait déjà le matin et un verre qui sent bizarre à la main.

Quand papa est parti, ils m’ont dit tous les deux que rien ne changerait, qu’ils m’aimeraient toujours pareil, que ce serait amusant d’avoir une nouvelle vie avec deux maisons, que je serai beaucoup plus contente. J’ai beau essayer, je ne trouve pas ça très amusant. La maison de papa, je ne l’ai pas encore vue, et lui non plus d’ailleurs. Et maman, elle a sa figure toute gonflée, elle ne parle presque plus, ou alors avec une drôle de voix toute molle, elle reste au lit tout le temps et elle oublie souvent de faire les courses et à manger.

Alors, pour pas faire d’histoires, je mange tout à la cantine, même les trucs que j’aime pas, et je mets dans mes poches des bouts de pain et les fruits, les compotes ou les morceaux de fromage que les autres laissent sur les plateaux en partant. Comme ça, j’en rapporte aussi pour maman et je vérifie qu’elle les mange parce qu’elle est devenue toute maigre, elle dit toujours qu’elle a pas faim, et ça me fait peur.

Mais le souci, c’est que ce soir, c’est les vacances pour deux semaines alors il n’y aura plus de cantine.

Quand je suis rentrée, avec toutes les réserves de nourriture que j’avais pu faire en prévision, j’ai eu une sacrée surprise à la maison. Maman, elle était habillée comme avant, il y avait une valise à roulettes rouge dans l’entrée et elle m’a dit : « J’ai une super nouvelle pour toi ! Ce soir, tu vas prendre l’avion toute seule comme une grande, et tu vas passer deux semaines au soleil, chez ta grand-mère. »

Alors ça, ça m’a sciée. Je savais même pas que j’avais une grand-mère. Comme on en parlait jamais, je croyais qu’elle était morte ou quelque chose comme ça et je posais pas de question pour ne pas faire de peine. J’ai demandé : « Elle s’appelle quoi ? »

Maman a répondu : « On dit “elle s’appelle comment”. Elle s’appelle Gabrielle, tu pourras lui dire Mamie-Gaby ou autre chose, vous choisirez ensemble. Elle habite loin, c’est pour ça qu’on la voyait pas. C’est dans un autre pays, au Maroc. Et tu vas voir, elle fait drôlement bien la cuisine. »

Moi, j’ai commencé à pleurer parce que, bien sûr, j’étais contente de partir en vacances et de prendre l’avion mais je connaissais pas cette Mamie-Gaby cuisinière et surtout, je ne voulais pas abandonner maman, toute seule, avec juste une poire, trois compotes et deux parts de camembert.

Elle m’a prise dans ses bras et elle s’est mise à pleurer aussi, c’était si triste que j’ai cru qu’on ne pourrait jamais s’arrêter. Et puis si, au bout d’un moment, je pense qu’on n’avait plus de larmes, j’avais un peu mal à la tête, on s’est mouchées et elle m’a dit qu’il ne fallait pas que je m’inquiète, que pendant mon absence, elle allait partir dans une grande maison très gaie, où elle se reposerait et que, à mon retour, tout serait changé en beaucoup mieux.

Alors j’ai dit d’accord, d’une toute petite voix. On est descendues dans la rue, avec la valise rouge à roulettes, on est montées dans un taxi et, à l’aéroport, une dame m’a emmenée dans l’avion.

L’avion, c’est super cool, on m’a donné du Coca, autant que j’en voulais, et puis aussi des chips et des biscuits, et au bout d’un moment pas très long, l’avion s’est posé. La dame du départ m’a reprise par la main et elle m’a accompagnée jusqu’à la sortie, sans oublier ma valise à roulettes.

Et alors, j’ai rencontré ma grand-mère. Elle est pas si vieille que j’avais pensé, très bronzée sur la figure et sur les bras, le reste je sais pas parce qu’elle portait une sorte de grande robe blanche jusqu’aux pieds. Elle avait un gentil sourire, elle m’a embrassée sans parler et puis on est allées à sa maison.

Et c’est vrai qu’elle est super jolie sa maison. Il y a une terrasse avec des mosaïques par terre, des fenêtres en couleur et un jardin qui sent bon. Mais elle disait toujours rien, j’osais pas la regarder, j’ai pensé qu’elle ne m’aimait pas.

Elle m’a montré ma chambre, toute blanche et bleue avec un grand lit, et puis elle m’a emmenée à la cuisine. Sur la table, il y avait un goûter géant comme dans Alice au pays des merveilles. Des gâteaux, plein de gâteaux, des tartes, des choux, avec un petit mot posé dessus : « mangez-moi ». Des bouteilles de jus de fruits, avec écrit : « buvez-moi », des bonbons, des sucettes : « croquez-moi ». Et puis des tas de confitures de toutes les couleurs : « goûtez-moi ». Et même des livres, au bout de la table : « lisez-moi ».

Je savais pas par quoi commencer tellement il y en avait. Je lui ai demandé : « C’est pour moi ? » Elle a fait oui très fort avec la tête, elle a pris un carnet et un stylo dans la poche de sa robe blanche et elle a écrit : « Articule bien quand tu me parles, je suis sourde. » Et elle a dessiné à côté un petit cœur.