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Extrait : "L'Abricotier aime les terrains légers, chauds, sablonneux et généralement les bonnes terres de jardin. Il redoute les terres schisteuses ou froides, compactes, submergées ou sillonnées de cours d'eaux souterrains peu éloignés de la surface du sol ; quand les racines atteignent des couches de cette nature, les jeunes rameaux dépérissent et des gourmands se développent à la base des grosses branches."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :
• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 668
Veröffentlichungsjahr: 2016
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À LA MÉMOIRE
DE
LYÉ-SAVINIEN BALTET
1800-1879
FONDATEUR DES PÉPINIÈRES DE CRONCELS
PROPAGATEUR
DE LA CULTURE FRUITIÈRE
Hommage respectueux et filial de l’auteur.
La Préface des éditions précédentes a mis en relief la voie commerciale et industrielle dans laquelle est entrée l’Arboriculture fruitière : voie d’avenir, voie de fortune.
Tout en poursuivant son œuvre dans nos jardins et nos vergers, qui alimentent nos tables, sa fécondité a passé la frontière jusqu’au-delà des mers et porté aux pays moins favorisés nos poires, nos pommes, nos Pêches, nos raisins, enfin toute la corbeille de la Pomone française.
Les moyens de transport ont secondé ce mouvement en rapprochant la distance et en améliorant le matériel de véhicules. Non seulement des trains spéciaux extra-rapides sont organisés pour amener dans toute leur fraîcheur native les fruits, les primeurs, les légumes et les fleurs, mais les voitures, les wagons, les bateaux sont désormais pourvus d’appareils qui apportent à nos produits délicats l’aération, la chaleur ou le froid nécessaires à leur conservation pendant de longs trajets. Et, au débarcadère, des chambres de repos les reçoivent en attendant leur mise en vente ou la livraison au destinataire.
Au lieu d’être reléguées dans un coin abandonné, comme marchandise encombrante, nos denrées sont désormais considérées au titre de produits vivants, ayant une certaine valeur, mais susceptibles de se détériorer, faute de soins.
Bien mieux, des Compagnies de chemin de fer, telles que l’Orléans, le P.-L.-M., ont délégué des Agents commerciaux, des Inspecteurs de cultures ayant pour mission principale les points suivants :
Entrer en rapport avec les cultivateurs ;
Indiquer les produits les plus avantageux sur les différents marchés intérieurs ou extérieurs ;
Recommander les espèces fruitières, florales ou potagères à exploiter, en donnant les moyens de les obtenir par semences, boutures ou plants ;
Insister sur les modes d’emballage protecteurs et économiques ;
Signaler les établissements et usines qui achètent de grandes quantités de fruits et de légumes pour l’industrie de l’alimentation… ;
Renseigner sur le cours des Halles et marchés, et même sur la valeur commerciale de la clientèle ;
Faciliter enfin et l’art de produire beaucoup et la sécurité des transactions commerciales.
La question des emballages – développée ici à chaque chapitre – joue un rôle important en matière d’exportation ; n’a-t-elle pas droit au palmarès des hautes récompenses obtenues par nos fruits français aux récentes solennités internationales ? Nos administrations, le Ministère lui-même, ont prouvé qu’ils s’y intéressaient ; l’enseignement agricole et horticole l’inscrit à son programme.
N’avons-nous pas vu différentes nations d’Europe et d’Amérique organiser des visites aux vergers, installer des Écoles d’emballage, distribuer des plants fruitiers, céder à bas prix des étuves à séchage ou les prêter aux populations rurales, et créer en même temps à leur « Département ministériel » des Divisions, des Bureaux affectés à l’Arboriculture et à la Pomologie ?
Or ces États civilisés voient augmenter chaque année leurs ressources budgétaires, grâce au mouvement d’affaires occasionné par la culture et le commerce des fruits.
Partout on proclame les bienfaits du « Retour à la Terre » et de son exploitation commerciale.
Cependant, à côté des encouragements officiels, nos cultivateurs veulent se soutenir en syndiquant librement leurs opérations culturales et financières. Cette fois, la noble devise de nos voisins : L’Union fait la Force, prouve sa valeur auprès des entreprises basées sur le Travail et la Mutualité.
Nous avons signalé cette situation intéressante par des exemples probants. « Rien n’est beau que le vrai… »
De même, nos dessins nouveaux de fruits ont été pris sur nature ou inspirés par l’important ouvrage : Les meilleurs fruits au début du XXe siècle, que la Société nationale d’Horticulture de France offre à ses membres. Nous sommes fier d’y avoir collaboré au titre de Président d’honneur de la Section pomologique, à côté de Ferdinand Jamin, de Léon Simon et autres notabilités.
Terminons par une parole de reconnaissance à l’égard de nos collègues et amis, bons conseilleurs. Nous avons également gardé pour la bonne bouche le cordial remerciement aux artistes dessinateurs dont le crayon habile a donné à notre œuvre un charme de plus, et au sympathique éditeur qui nous continue la bienveillance de trois générations.
CHARLES BALTET.
L’arboriculture fruitière est entrée dans une voie nouvelle de grande culture et de grande production. De simple délassement d’amateur, elle est devenue une branche importante de la richesse nationale en approvisionnant nos marchés de fruits frais ou transformés par l’industrie, et en ajoutant une source de revenus à l’exploitation agricole.
Encouragée par ces résultats, l’horticulture rurale s’est empressée de mettre en état et de planter des surfaces improductives. Un grand nombre de friches, des fermes abandonnées, des terrains vagues sont devenus des plantations fertiles. Des accotements de routes et de voies ferrées, des talus de canaux et de rivières représentent désormais un capital placé à gros intérêts.
Pour aider et pour soutenir un pareil mouvement en avant, nous avons écrit ce livre ; la reconnaissance filiale le place sous les auspices de notre vénéré maître, qui fut lui-même un vulgarisateur de la culture des arbres fruitiers.
Depuis trente années, nous étudions cette question économique de l’alimentation par l’arboriculture. Nous en avons posé les jalons aux Congrès internationaux de Bruxelles, d’Amsterdam, de Saint-Pétersbourg, de Paris, etc. Notre modeste opuscule, Culture des arbres fruitiers au point de vue de la grande production, obtint une telle faveur dans la presse agricole et auprès de la Société centrale d’Horticulture de France que, pour répondre à l’invitation qui nous en était faite, nous résolûmes de le compléter.
Notre but est de guider le planteur dans son œuvre en lui indiquant les travaux à faire, les meilleures espèces à cultiver pour chaque saison de l’année, et comment il devra les exploiter de manière à en obtenir un bénéfice prompt, certain et durable. Nous avons voulu surtout appuyer nos conseils par des faits acquis, des résultats indiscutables.
Les jardins fruitiers et les vergers de France ne sont pas les seuls que nous ayons à citer. La Belgique, la Hollande, l’Angleterre, la Russie, l’Allemagne, la Suisse et les pays baignés par la Méditerranée seront plusieurs fois, dans ce volume, les champs féconds où nous aurons puisé des exemples à suivre.
Partout l’arboriculture est en progrès, et si nous traversons l’Atlantique, nous verrons cette prospérité se développer d’une façon extraordinaire. Les États-Unis, qui consacrent aux vergers une surface de deux millions d’hectares rapportant trois cent millions de dollars chaque année, n’ont-ils pas organisé, en 1883, à la suite de tant d’autres congrès, un meeting pour discuter exclusivement les systèmes d’emballage et de transport des fruits ?
Préparons-nous donc à la lutte. Le nouveau monde veut inonder nos marchés de ses fruits comestibles, comme il a déjà tenté de le faire avec les blés et les viandes !
Si, tout d’abord, nous avons parlé de la préparation du sol, de la plantation des arbres et de leur bon entretien, nous avons énergiquement insisté sur le choix des variétés à cultiver, sur leur adaptation au sol et au climat, en plein vent ou à l’espalier.
L’ordre de maturité, l’ordre de mérite et le rôle de chaque sorte dans les plantations commerciales, que nous avons établis, sont autant de tableaux à consulter utilement, quelle que soit l’importance de la plantation.
Nous avons également abordé le côté trop peu connu de l’emploi des fruits, et nous espérons que la maîtresse de maison ne lira pas sans intérêt les notes sur l’aptitude des principales variétés de fraises, de groseilles, de framboises, d’abricots, de prunes, de Pêches, etc., à la fabrication des sirops, des confitures, des pâtisseries et des conserves qu’elle sait préparer avec tant d’art et de succès.
Dans cet ordre d’idées, et tout en produisant les desserts populaires de fruits à pépin ou à noyau, de raisins, de noix, de châtaignes, d’amandes, de noisettes, nous accordons une large place aux poires et aux pommes à cidre, aux prunes à pruneaux, aux cerises à kirsch, en nous basant sur l’analyse du laboratoire et le rendement au pressurage, au séchage ou à la distillation. – La période désastreuse que subit en ce moment la viticulture fournira à notre riche Pomone l’occasion de lui prêter ses trésors, en attendant le retour de son ancienne prospérité.
Enfin, le planteur prudent saura utiliser nos observations relatives à la rusticité de certaines espèces, qui ont résisté plus ou moins vigoureusement à l’action destructive de l’hiver 1879-1880.
La culture extensive et de spéculation ne nous a pas fait oublier la culture d’amateur ou bourgeoise. Le propriétaire et le jardinier, qui concentrent leur amour-propre aux soins du jardin, à la taille des arbres et à la production de beaux et bons fruits, trouveront ici l’application des principes que déjà ils ont puisés auprès des maîtres ou dans leur propre expérience.
Faut-il ajouter que trois cent soixante dessins et compositions, dus au crayon d’artistes amis des jardins, parleront aux yeux en complétant notre texte ?
Merci à tous ceux qui nous ont secondés dans cette tâche laborieuse !
CHARLES BALTET.
(Prunus Armeniaca)
L’Abricotier aime les terrains légers, chauds, sablonneux et généralement les bonnes terres de jardin. Il redoute les terres schisteuses ou froides, compactes, submergées ou sillonnées de cours d’eaux souterrains peu éloignés de la surface du sol ; quand les racines atteignent des couches de cette nature, les jeunes rameaux dépérissent et des gourmands se développent à la base des grosses branches. Les plâtras, les décombres, les terres de route sont les amendements qui lui conviennent, et la plantation sur butte a son influence sur la rusticité de son bois.
L’Abricotier étant greffé sur le Prunier, ses racines pourront se développer dans toutes les terres à Prunier, c’est-à-dire dans les terres de qualité ordinaire. Le surplus est une question de température.
Greffé sur l’Amandier ou sur l’Abricotier franc, il résistera sous un climat chaud, dans les sols arides ; c’est ainsi qu’on le rencontre sur les rives du Rhône, au centre Sud et dans tout le midi de la France.
La floraison précoce de l’Abricotier et la fragilité de ses jeunes fruits lui font craindre, au printemps, l’abaissement de la température et le passage subit du froid au chaud.
Le voisinage de constructions, de coteaux et de tout autre obstacle aux vents malsains et aux variations atmosphériques, est favorable à sa fructification. En revanche, celle-ci peut souffrir du voisinage trop rapproché d’un grand nombre d’arbres ; mal constitué, le bouton à fleur coule au lieu de nouer.
L’Abricotier est admis dans le voisinage d’une habitation, d’une cour, libre ou adossé à un pignon ; sa floraison y est un peu préservée des accidents de température et son feuillage est un bel ornement.
On rencontre l’Abricotier dans les situations abritées, dans les vallées épargnées par le brouillard, sur le versant de certaines collines rocheuses ; le sol granitique aide à sa vigueur, la concentration de la chaleur et l’abri assurent sa fructification.
Dans certaines localités méridionales, le vent du matin qui, des montagnes, arrive dans la plaine, sauve la floraison compromise par le brouillard.
Les climats de la Bourgogne, du Lyonnais, de la Provence, du Bordelais, de l’Anjou, de l’Auvergne sont très favorables à l’Abricotier.
Dans le midi de l’Europe, et même en France, l’Abricotier vient en basse tige aussi bien qu’à tige élevée. Il a moins de succès dans les pays froids.
On le rencontre encore en Angleterre, jusqu’au pied des montagnes du Yorkshire.
Il se plaît en Algérie, en Égypte, en Tunisie.
L’Abricotier est commun dans l’Asie centrale, de la Perse au Japon, et dans l’Amérique tempérée.
En Syrie, il végète à l’état spontané ; ses branches traînent sur le rocher. Sur les flancs de l’Himalaya, c’est un arbre sauvage ; les indigènes ramassent le fruit au balai, pour en faire de l’huile de noyau.
Dans plusieurs pays, la culture de l’Abricotier par semis a procréé de bonnes variétés ou sous-variétés qui ne s’éloignent pas assez de leur type originaire pour qu’il en soit parlé. D’un autre côté, la production de l’Abricotier est tellement incertaine, que nous avons cru devoir restreindre notre choix au strict nécessaire pour chaque période de la maturation du fruit.
Hâtif du Clos. – Arbre robuste et productif.
Fruit plus que moyen, arrondi sur les flancs ; jaune orange frotté de rouge vif. Chair tendre, fortement teintée ambre, juteuse, bien sucrée et parfumée.
Maturité, fin juin et commencement de juillet.
Arbre se formant bien en plein vent.
Précoce de Monplaisir. – Arbre assez vigoureux, fertile.
Fruit plus que moyen, ovoïde renflé, peau fine, duveteuse, jaune orange nuagé de cramoisi ; chair pleine, teintée, fondante, juteuse, sucrée, parfumée. Bon et très bon.
Maturité, juin-juillet.
Arbre greffé sur prunier, en sol chaud.
Gros Saint-Jean. – Arbre élancé, fertile.
Fruit gros, oblong ; jaune cire, frappé partiellement de vermillon, tacheté pourpre. Chair mielleuse, manquant de jus, souvent relevée d’une saveur parfumée.
Maturité, première quinzaine de juillet.
La belle végétation de l’arbre, la beauté et la précocité du fruit le feront rechercher du planteur.
Bon fruit pour la confiserie et les conserves.
Précoce de Boulbon (fig. 2). – Arbre robuste, fertile.
Fruit de première grosseur, ovalaire renflé ; épiderme non rugueux, légèrement chagriné ; ambre rosé passant du saumon au ponceau cramoisi. Chair jaune orangé, fine, mielleuse, sucrée, bien juteuse, vineuse ; excellente.
Maturité, première quinzaine de juillet.
Bon fruit à manger, à compotes, à confiserie.
Liabaud. – Arbre de bonne vigueur, port semi-étalé, assez fertile.
Fruit gros, presque sphérique, jaune mat nuancé de rouge clair. Chair jaune pâle, diaphane, fondante, sucrée, relevée. Très bon ou bon.
Maturité, courant de juillet.
Floraison hâtive réclamant une situation abritée.
En même saison : Docteur Mascle, du Chancelier, Gros Muscat, Gros Pélissier.
À cette même époque de juillet, mûrit l’Abricot Précoce d’Esperen pour la culture libre, à tout vent.
Commun (fig. 1). – Arbre robuste devenant grand et productif, plus convenable en haute tige.
Fruit assez gros, presque rond ; jaune fin, vernissé de carmin au soleil, parfois bourgeonné grisaille. Chair citronnée, assez juteuse, quelquefois parfumée.
Maturité, juillet.
L’abricot Commun est spécialement affecté à la confection des pâtes d’abricots et des fruits à l’eau-de-vie, ainsi que la sous-variété Blanc d’Auvergne.
Défarge. – Arbre robuste et productif.
Fruit gros, sphéroïdal ; jaune-citron intense éclairé de rouge framboise au soleil. Chair teintée orange, fine, tendre, bien sucrée, saveur parfumée.
Maturité, courant de juillet.
Son fruit, de commerce et de ménage, redoute les situations froides ou trop humides.
Luizet (fig. 3). – Arbre robuste, d’une production bien soutenue ; populaire dans la région lyonnaise.
Fruit gros, ovoïde tronqué ; crème léché groseille, nuagé cramoisi. Chair ferme, saumonée, assez juteuse, sucrée, de saveur agréable. Son amande est douce.
Maturité, deuxième quinzaine de juillet.
Variété avantageuse pour les conserves de fruits, la confiserie, et pour l’exportation des fruits frais.
De Jouy. – Arbre robuste et généreux.
Fruit gros ou assez gros, ovoïde oblong, jaune citron marbré de carmin. Chair jaune fin, fondante, juteuse, sucrée, parfumée. Très bon.
Maturité, deuxième quinzaine de juillet.
Bon type de notre région Est.
Royal (fig. 4). – Arbre d’une bonne vigueur et d’une bonne production.
Fruit gros, presque rond, comprimé sur les flancs ; jaune soufre pointillé, jaspé de chrome et d’ocre. Chair safranée, fine, fondante, juteuse, relevée.
Maturité, fin juillet et commencement d’août.
Bonne variété pour les desserts et les gelées.
Le beau fruit est exporté en Angleterre.
Paviot (fig. 5). – Arbre bien vigoureux, assez fertile. Fruit gros, joues renflées, rouge orange marbré de carmin pourpre. Chair teintée, fine, fondante, juteuse, sucrée, relevée. Très bon.
Maturité, première quinzaine d’août.
Arbre de plein vent, en situation chaude.
Sucré de Holub (fig. 6). – Arbre rustique, vigoureux, fertile.
Fruit gros, arrondi, peu comprimé sur les faces, parfois mamelonné ; jaune ambre, piqueté, marbré de rouge purpurin. Chair ferme, fine, pâle, juteuse, sucrée, parfum acidulé.
Maturité, courant d’août.
Son origine hollandaise lui donne accès au verger et à l’espalier.
Pêche ; syn. Abricot de Nancy (fig. 7). – Arbre robuste, trapu, bien ramifié ; très fertile.
Fruit gros, sphéroïdal ; vert grisaille, puis jaune fauve, coloré de carmin foncé. Chair saumonée, bien fondante, rarement pâteuse, enrichie d’une eau délicate, sucrée, vineuse, parfumée.
Maturité, août et septembre.
L’Abricot Pêche est le plus méritant de tous, autant par la docilité de l’arbre au plein vent et à l’espalier, que par la qualité du fruit et ses aptitudes aux diverses préparations économiques ou ménagères.
Cette variété a été importée du Wurtemberg en Lorraine, à la suite de l’hiver désastreux de 1709.
Par le semis de ses noyaux, l’Abricot Pêche a produit quelques sous-variétés assez méritantes, les Abricotiers Beaugé, Delporte, Duval, Pêche d’Oullins, Pourret, Viard…, à maturité tardive.
L’Abricotier aura son entrée dans les plantations commerciales lorsqu’il sera placé en bonnes conditions. Son fruit, assez capricieux à se montrer lorsque la situation est mauvaise, devient commun dans le cas contraire. Il est alors d’autant plus recherché que, manquant ailleurs, son écoulement est assuré dans la consommation directe et les industries alimentaires.
Le spéculateur ne doit planter que des variétés robustes et d’une production assez certaine, tels que les Abricotiers Précoce, Commun, Pêche, qui représentent trois saisons différentes. Nous connaissons des arbres de ces variétés, plantés dans une cour ou un petit jardin, qui rapportent à chaque récolte 50 francs, quoique notre climat soit assez variable.
Quand l’année est féconde, le prix du fruit ne varie pas sensiblement ; les industriels et les ménagères profitent de la circonstance pour faire d’amples provisions et les façonner à divers genres de conserves qui suppléeront aux mauvaises récoltes. Nous avons des exemples où les confiseurs accaparent les arrivages d’abricots, à raison de 100 francs les 100 kilogrammes ; des maisons qui en achètent pour 25 000 francs par an ne peuvent reculer devant la hausse et négliger leur clientèle.
Dans leur langage commercial, les négociants reconnaissent, en général, trois grands centres de production de l’abricot :
1° L’Abricot « de Lyon », sur les bords du Rhône, au sud du département de ce nom et dans l’Isère, vers le point où se trouve Vienne.
2° L’Abricot « de Clermont », de la Limagne d’Auvergne ; la pâte d’abricots s’y confectionne sur place.
3° L’Abricot « d’Avignon », dont le centre fictif est placé dans les départements du Gard, des Bouches-du-Rhône, de Vaucluse.
On pourrait y ajouter :
L’Abricot « de Paris » ;
L’Abricot « de Bordeaux » ;
L’Abricot « de Bourgogne ».
Nous avons visité ces divers centres de production ; ils sont intéressants et bien considérés sur le marché.
Les arrivages aux Halles commencent dès le mois de juin, avec les abricots d’Espagne et d’Algérie ; ils sont suivis de près par les abricots de la Provence, de Vaucluse, du Gard et des Pyrénées-Orientales. Le Bordelais, l’Agenais, l’Anjou, le Lyonnais, la Bourgogne, l’Auvergne et la Touraine, continuent les approvisionnements.
Abricot « de Paris ». – On désigne, sous ce nom, les abricots amenés à la Halle et provenant en partie des départements de la Seine et de Seine-et-Oise.
Les confiseurs de Paris tirent une forte partie de leurs approvisionnements de Triel (Seine-et-Oise), où les cultivateurs élèvent les Abricotiers Pêche, Alberge, Blanc, Royal.
Le Commun leur est souvent livré en vert, pour les conserves, lorsque le fruit « éclaircit » son coloris.
Cette culture d’Abricotiers sur les rives de la Seine présente çà et là une différence assez sensible dans l’espèce cultivée ou dans le mode d’exploitation. Ainsi les cultivateurs de Triel adoptent les abricots Blanc ou Commun, Alberge, Pêche ; leurs arbres sont à haute tige, dressés et taillés, le branchage évidé. L’exploitant fait lui-même sa récolte, l’emballe et part, le soir, pour la conduire à la Halle et au confiturier.
Un peu plus loin, à Bennecourt, y compris les hameaux de Gloton et de Tripleval, la vente a lieu sur place. Là, des coteaux élevés, à pente rapide, étaient, récemment encore, des mergers de pierres alimentant le macadam parisien. Aujourd’hui, les plantations d’Abricotiers et de Cerisiers, les champs de Cassis, d’Asperges, de Pois et autres primeurs, les couvrent de leur ombrage et de leurs productions utiles, et s’étendent jusqu’à La Roche-Guyon, en face de la station de Bonnières, ligne de Normandie. L’Abricotier Royal trône sur ces coteaux ; il y est plus robuste et plus productif que les autres variétés ; son fruit fin et précoce est l’objet d’une vente majorée de vingt francs par 100 kilos. Son coloris vieil or et sa grosseur dite « quatre à la livre » sont une ressource pour les caissettes extra. C’est un vrai fruit de dessert, tandis que l’abricot de Triel, moins fin d’aspect, est préféré pour la confiture et la pâtisserie.
On compte de huit à dix mille sujets sur le finage de Bennecourt, la majeure partie étant greffée sur Amandier, par suite de la nature du sol. L’arbre est tenu en buisson ou en demi-tige, sans tournure régulière ; il s’y épuise en production fruitière plutôt qu’en végétation arborescente. « J’ai cueilli jusqu’à cinq grands paniers d’abricots sur une branche », nous disait un propriétaire du pays.
La récolte des abricots est en plein vers la mi-juillet ; elle est assez importante pour figurer à l’almanach des foires et marchés. Une vingtaine de marchands, au moins, viennent s’y installer et font annoncer à son de caisse leurs prix d’achat. Ils reçoivent la marchandise, la pèsent, l’emballent et l’expédient à Paris ou aux ports d’embarquement pour le nord de l’Europe. Dans une année, la vente, ayant atteint 140 francs les 100 kilogrammes, a laissé, à Bennecourt et ses hameaux, près de 140 000 francs, mais l’année suivante, l’abricot de Saumur a fait baisser le prix à 110 francs. Une différence de maturité de vingt-quatre heures peut amener une différence de 20 francs par 100 kilogrammes. On nous a cité des propriétaires de 200 arbres qui ont touché, d’une saison, jusqu’à 5 000 francs.
Désormais, cette culture amenée par le hasard est un des principaux revenus fonciers du pays. Nos dessins (fig. 8 et 9) représentent la récolte, la vente et l’emballage sur place des abricots à Bennecourt.
Abricot « de Lyon ». – Les coteaux, le flanc des collines et les plaines du Lyonnais ont d’assez nombreuses plantations d’Abricotiers.
Les environs de Lyon ont vu surgir les abricots du Chancelier, Défarge, d’Oullins, Mille, Précoce de Monplaisir, bons pour l’exportation. L’abricot Luizet, le plus répandu, fournit jusqu’à 700 000 kilogrammes dans l’arrondissement de Valence.
L’abricot Commun des vignes de Bessenay est connu des confiseurs. Le marché de Lyon reçoit encore des chargements d’abricots de Saône-et-Loire et de l’Isère.
Abricot « de Saumur ». – Le Saumurois produit assez d’abricots pour provoquer la baisse sur le marché de Paris. L’industrie des confitures en profite.
L’Abricot de Saumur est dans la vallée de la Loire, de Tours à Angers. Cette contrée est riche en vergers, car le département de Maine-et-Loire, à lui seul, exporte annuellement 250 000 kilogrammes d’abricots.
L’Abricot Magyar legjobb, si précieux sous un climat variable, ne tardera pas à s’imposer à travers les plateaux, les ravins et les monts helvétiques et dans tout autre climat inconstant.
Abricot « de Clermont ». – Depuis longtemps, les plantations d’Abricotiers du Puy-de-Dôme sont en réputation, par suite de la vogue qui s’est attachée aux pâtes d’abricots de Clermont.
L’Abricotier Commun « Gros Blanc » constitue le fond des plantations aux environs de Clermont, de Riom, Châtel-Guyon, Saint-Hippolyte, Marsac.
La plantureuse vallée de la Veyre s’est enrichie avec l’Abricotier et le Pommier. On attribue la qualité particulière de l’abricot à la nature volcanique du sol de ces belles contrées.
La vente du produit (25 000 kilogrammes par jour) est assurée par la confiserie locale qui le transforme en « pâtes de Clermont » d’une réputation universelle.
Dès 1875, six usines transformaient l’abricot en pâtes exportées jusqu’en Angleterre, en Russie, en Turquie, aux États-Unis, pour une valeur annuelle de trois millions de francs.
Abricot « d’Avignon ». – Fruit certain, fruit précoce sont ses premiers titres commerciaux.
En 1881, au lendemain des désastres causés par le grand hiver, les abricots du Midi se sont trouvés en hausse. Les premiers arrivages de Tarascon étaient au prix exceptionnel de 200 francs les 100 kilogrammes ; ils n’ont pas tardé à descendre à 100 francs, 80, 60, 40 et même 30 francs. La moyenne a été de 45 francs.
M. Émile Mourret, un des intelligents propriétaires exploitants de la contrée, a vendu la récolte d’un hectare d’Abricotiers 1 950 francs, cueillette à la charge de l’acheteur. Dans le détail, l’abricot Rouge hâtif, arrivant premier, a été vendu 100 francs les 100 kilogrammes. L’abricot à amande douce a été pris par les confiseurs. Quant à l’abricot Pêche, que nous plaçons au premier rang, sa maturité tardive lui diminue sa valeur commerciale. Dans le Vaucluse, cette variété, en sol argilo ou silico-calcaire, est cultivée pour la pulpe, le Blanc rosé occupe le premier rang pour la confiserie et la vente de primeur, tandis que le Luizet, plus régulier dans sa production, est exporté partout et à tous usages.
À l’occasion d’une tournée faite chez les exploitants par la Société d’horticulture de Vaucluse, il a été constaté que les variétés demandées par la confiserie sont les abricots Luizet, Rose hâtif, Musqué de Provence, Pêche, Fin rosé, Pointu de Roquevaire et le Blanc rosé, apprécié sur le marché allemand.
À Carpentras, une plantation de 100 Abricotiers, après deux ans de greffe, et deux années de pincement (en août), a produit 500 kilogrammes de fruits vendus à raison de 110 francs les 100 kilogrammes.
Une plantation faite à grande distance (7 mètres entre les arbres) au domaine de la Bouchony rapporte, à vingt ans, 80 francs par arbre. Les sujets commencent leur couronne à 0m,80 du sol ; le branchage est évidé par un pincement annuel, et les nuages artificiels, obtenus avec des broussailles enflammées, y combattent l’action des gelées printanières.
L’avantage de grouper les plantations et d’en augmenter l’importance de façon à créer une station fruitière résulte du fait suivant. Un cultivateur de ces parages vendait en 1860 ses abricots 5 francs les 100 kilogrammes. Depuis, il décupla ses vergers, ses voisins l’imitèrent, et Châteaurenard devint un centre de transactions, à tel point que les abricots y furent vendus, quatorze ans après, depuis 20 francs jusqu’à 80 francs les 100 kilogrammes. Pour cette plantation de dix années, en prenant une moyenne de 35 francs, on arrive au produit brut de 1 000 francs par hectare, sans compter les cultures intercalaires de céréales, de légumes ou de plantes industrielles, le sol étant riche et de culture facile. Les frais de cueillette de l’abricot, de l’emballage et du transport au marché ou à la gare, y sont évalués 3 fr. 50 les 100 kilogrammes, récipient non compris ; mais la station fruitière est créée, elle a sa réputation, sa marque au marché, les transactions s’y multiplient, et les familles trouvent une fortune honorable.
Dans cette région provençale qui s’enrichit avec les primeurs, à Sénas, un verger composé de trente Abricotiers a rapporté plus de 2 000 francs dans une seule récolte. Près de là, à Boulbon, la production d’abricots a atteint 100 000 francs ; à Barbentane, des Abricotiers en buissons évasés portent jusqu’à 300 kilogrammes de fruits. Les communes de Barbentane, de Boulbon, de Châteaurenard chargent par jour, pendant six semaines, 50 wagons d’abricots, de cerises, de pommes de terre et de pois. Les cultures potagères y sont à l’abri des grands vents par des claies en roseau, ou par des haies de Poiriers ; et les vergers, par des avenues de Platanes, mais le plus souvent par des rideaux monotones de Cyprès.
Toute la région méridionale est favorable à l’Abricotier ; son fruit est nommé « abricot du Midi ».
Le Var a des vergers d’Abricotiers plantés à 8 mètres d’intervalle. La vente commence le 15 juin, avec le Royal hâtif, bon à manger frais, ayant sa saveur fine à la cueillette ; puis le Blanc commun, son épiderme ferme et blanc verdâtre le rend propre à la conserve ; ensuite le Pêche précoce, le Boucaraude et le Pêche, ou de Nancy, qui mûrit là-bas du 10 au 20 juillet.
Les Pyrénées-Orientales ont l’abricot Rouge hâtif.
La Corse donne ses préférences au Gros abricot et au Muscatello, l’un et l’autre vigoureux et fertiles.
L’Algérie commence à fournir un contingent notable de ce fruit. Le colon doit y songer sérieusement. Un nouveau type, Santa-Fé, recommandé pour les pays chauds, ne tardera pas à s’y installer.
Abricot « de Bordeaux ». – Quoique devancé par l’Espagne, le Sud-Ouest produit une quantité d’abricots qui se centralisent au marché de Bordeaux.
Le marché de Bordeaux se pourvoit à Aiguillon, à Tonneins, à Port-Sainte-Marie, à Nicole. Ce dernier village du Lot-et-Garonne a ses vergers d’Abricotiers au milieu d’autres cultures, sur des coteaux escarpés, exposés au midi ; il vend pour 100 000 francs d’abricots par an. L’abricot Commun y domine, particulièrement le type rustique à amande amère. Nous y avons cependant remarqué des variétés plus hâtives, et l’abricot-Pêche, plus tardif. Le fruit est expédié à Bordeaux, dans de grandes corbeilles, en paniers ronds ou ovales, et même en caissettes lorsqu’il s’agit d’une expédition lointaine.
L’Abricotier est encore cultivé avec profit sur les coteaux de Tarn-et-Garonne principalement de Valence-d’Agen à Moissac, mais le fruit est plus petit et moins prisé que le précédent.
De Carcassonne à Limoux, des agglomérations d’Abricotiers sur les coteaux sont d’un produit assuré. Nous y retrouvons l’abricot Blanc précoce.
Abricot « de Bourgogne ». – Cette production est à peu près spéciale au département de la Côte-d’Or.
Les abricots Précoce, de Morey, Royal se propagent en Bourgogne pour les marchés et l’exportation, et pour l’industrie des marmelades. Les coteaux de Morey, Gevrey, Chambolle, Beaune, Couchey, Brochon, Fixin, Chenove, sont de véritables mines d’abricots, de Pêches, de cerises précoces. On y vend l’abricot de 80 à 100 francs les 100 kilogrammes.
Déjà le Valais suisse suit cet exemple, fournissant 500 000 kilogrammes d’abricots au marché et à ses industries de conserves et de confitures.
Abricot « d’Amérique ». – Aux États-Unis, les variétés d’Abricotiers les plus répandues sont nommées Breda, Large Early, Moorpark, Peach, Orange.
La Californie du Sud retire 5 000 000 de dollars par l’exploitation de l’abricot frais ou en conserve. Au moment de la récolte, une seule maison fabrique plus de trente mille boîtes d’abricots par jour.
Multiplication de l’Abricotier. – L’Abricotier se propage par le semis et par la greffe.
Le semis a donné quelques résultats avec les Abricotiers Pêche, Angoumois, Alberge, qui se reproduisent en majeure partie par le semis de leurs noyaux. Mais dans nos climats, l’arbre greffé est plus robuste.
Le greffage le plus répandu se fait sur Prunier (Prunus domestica) Saint-Julien ou sur P. Mirobolan, celui-ci élevé par semis ou bouture, celui-là par semis, cépée ou rejet. On élève de même le Prunier Quetsche, qui se prête au greffage de l’Abricotier.
Quand le sujet Prunier est de nature chétive ou antipathique à l’Abricotier (fig. 10), on le greffe d’abord en variété de Prunier vigoureuse et sympathique à l’Abricotier, la Reine Claude-de-Bavay, la Belle de Louvain ; plus tard, la tige nouvelle (f), déjà greffée (e), sera sur-greffée (i) en Abricotier.
Nous avons indiqué, dans l’ART DE GREFFER, les différents sujets employés par les pépinières du centre et du midi de la France.
L’Abricotier se greffe sur le Pêcher (Amygdalus Persica) dans l’Ain, sur les bords de la Saône et dans le Lyonnais, cantons de l’Arbresle et de Tarare.
L’Amandier (Amygdalus communis) est le sujet admis dans le Dauphiné, aux environs de Valence ; mais déjà le sujet Abricotier franc (Prunus Armeniaca) y reçoit la greffe des Abricotiers d’Ampuise et Luizet. Ce dernier sujet, le franc, est adopté en Provence lorsque le sol, humide, s’égoutte difficilement ; en toute autre circonstance, on préfère le Prunier Mirobolan ou l’Amandier, celui-ci pour les terrains secs, celui-là pour les terrains frais à sous-sol perméable.
Dans les sols arides de la Provence, sous l’action du mistral qui décolle les greffes d’Abricotier sur Amandier, on greffe rez terre celui-ci en Pêcher ; plus tard, la jeune tige de Pêcher sera surgreffée en Abricotier, et la tête résistera mieux au vent.
Abricotier en haute tige. – En général, l’Abricotier en haute tige ne doit pas être élevé de tête ; une tige nue de 1m,50 à 2 mètres suffit ; les accidents auxquels il est exposé obligent à la réduire autant que possible. Les arbres des grands vergers du Midi ont des tiges de 0m,50 à 0m,80 ; elles échappent aux coups de brûle, aux chancres, tandis que le branchage est abrité des courants violents qui viendraient le fatiguer et anéantir sa fructification.
On plante assez souvent l’Abricotier, en haute tige, dans la cour des habitations ou adossé contre un bâtiment ; il y est plus fertile qu’en basse tige.
L’Abricotier en plein vent est placé au jardin fruitier comme arbre isolé ou disséminé dans les carrés de Groseilliers et de Fraisiers.
Au verger, il peut constituer des lignes entières, des carrés spéciaux ; un intervalle de 6 mètres suffit aux arbres. Toutefois, dans une situation favorable, avec un sol généreux, cette distance minimum pourrait être portée à 7 ou à 8 mètres. Au-delà, ce serait l’occasion d’une culture dérobée de Fraisiers ou autres végétations analogues.
Abricotier en basse tige. – L’Abricotier en basse tige, c’est-à-dire dont le branchage commence au niveau du sol ou à peu près, n’est guère recommandé en plein air, les branches sont trop rapprochées de la terre ; une petite tige de 0m,50 est préférable.
On peut l’admettre en espalier, quoique un sujet en haute tige y ait encore plus d’avenir.
En espalier, le développement des rameaux exige un espace de 4 à 5 mètres entre les arbres.
Le buisson d’Abricotier, touffu ou évidé, convient aux climatures chaudes et autant que possible régulières au printemps, de manière qu’il n’y ait pas à redouter la fraîcheur du sol. Un espacement de 4 mètres suffit à une plantation de ce genre.
Taille de l’Abricotier. – En principe, l’Abricotier accepte la taille lors de la plantation de l’arbre.
Le traitement auquel il est soumis, en ce qui concerne les opérations de taille, varie suivant l’état de l’arbre, en plein vent ou en espalier.
Abricotier en plein vent. – L’Abricotier à tige, en plein vent, ne subit de taille que dans sa période de formation.
La greffe, c’est-à-dire la jeune tige d’Abricotier, est d’abord coupée à la hauteur fixée pour le branchage. Les bourgeons de tête formeront la couronne ; on conservera les quatre ou cinq plus beaux jets, et régulièrement disposés, tandis que le pincement aura emPêché le développement inutile des autres.
À la seconde année, ces jeunes rameaux sont taillés à 0m,25 environ. Les quatre ou cinq premières branches commenceront à se diviser en huit ou dix rameaux ; ils suffiront à l’ossature générale du branchage. En plein été, les jets secondaires seront ébourgeonnés s’ils sont trop rapprochés, ou pincés à 0m,10.
Pendant quelques années encore, les branches principales constituant la charpente seront taillées à la moitié environ de leur longueur, en supposant qu’elles soient équilibrées, ou aux deux tiers si elles se trouvent suffisamment ramifiées. Les rameaux secondaires destinés à la fructification subiront une taille plus rigoureuse, soit à 0m,10 de leur talon.
Dans l’été, en juillet-août, on élaguera les gourmands de l’intérieur du branchage, on pincera ceux qui s’allongent et qui doivent fructifier (fig. 11). Quant aux rameaux dits de charpente, si quelques-uns avaient une tendance à s’étendre outre mesure, un écimage y mettrait bon ordre.
Dès que la tête se développe et porte fruit, ces opérations se continuent, mais d’une façon modérée ; on peut les pratiquer quelques semaines après la récolte, la production de l’année suivante sera plus régulière.
Abricotier en espalier. – L’Abricotier planté contre un mur, en espalier, et soumis à une forme quelconque taillée régulièrement, subira d’abord la section de la jeune tige pour exciter le développement des ramifications de la base ; puis, les années suivantes, ces premières branches seront taillées de telle façon que leurs bourgeons de tête constitueront la membrure de l’arbre, tandis que ceux qui les accompagnent deviendront les premiers rameaux fructifères (fig. 11).
On ne saurait exiger de l’Abricotier un branchage symétrique, attendu que la brûle, la gomme, la pléthore, les coups de soleil, etc., y font de fréquents ravages ; fort heureusement avec cet arbre, les bourgeons latents percent facilement sur vieux bois et peuvent remplacer les parties détruites.
Il faut donc hâter la construction de la charpente et tailler les branches qui la composent, d’autant plus long qu’elles sont dressées moins verticalement.
La forme éventail, queue-de-paon, ou quelque disposition analogue, répond au tempérament de l’Abricotier en espalier, à basse tige ou à haute tige.
Quant aux branches fruitières qui garnissent les membres de charpente, on les taille à mi-longueur, soit à une moyenne de 0m,15 à 0m,30, et, plus long, les brins fluets dépourvus d’yeux à la base.
L’écimage en vert, ou pincement, a lieu pendant la végétation. La taille en sec se pratique au réveil de la sève ou à son déclin, avant la chute des feuilles.
Ces deux opérations ont pour but d’entretenir la branche à fruit par un renouvellement périodique, et d’en rapprocher les boutons à fleur.
L’Abricotier trop chargé de fruits est exposé à périr en plein été ou à donner des fruits mal constitués ; il est alors prudent d’en enlever sur les branches trop garnies. On opère lorsque les gelées printanières ne sont plus à craindre, l’abricot ayant alors la grosseur d’une noisette.
Dans son état parfait, l’abricot doit être cueilli dès que l’épiderme, sans être flétri, prend une nuance plus mate ; le fond vert devient jaune, les marbrures se caractérisent, le sillon s’éclaircit.
L’abricot destiné à voyager sera cueilli dès le matin, ou par un temps couvert, avant que la chair ait perdu sa fermeté. Même recommandation pour toute récolte d’abricots.
L’abricot pour la confection des gelées, des pâtes et des marmelades doit être choisi plus mûr, et pour la conserve Appert, plus ferme.
Au cas de production importante, il faut éviter de s’encombrer d’abricots trop verts ou trop mûrs. Si la récolte d’un arbre est faite en une seule fois, il sera facile de trier les fruits mûrs pour la consommation, et les moins avancés pour le commerce ou pour les conserves. Étant déposés dans une pièce saine et sèche, leur maturation s’accomplira moins subitement que sur l’arbre.
On récolte le fruit à la main ou à l’aide d’un cueille-fruits. En secouant l’arbre, le fruit se meurtrit, perd sa bonne mine et ne se garde pas. On le place dans un panier tapissé de feuillages, et s’il n’est pas destiné à la vente immédiate, on le dépose sur les tablettes d’une chambre aérée, saine et tempérée. Mais il est préférable de le cueillir au moment de l’employer ou de l’envoyer au marché, sa nature fragile ne le disposant guère aux manipulations répétées (fig. 12).
Les abricots seront cueillis dès le matin et emballés par un temps calme. Trop chaud, il en résulte une fermentation ; trop humide, c’est la pourriture.
Les abricots sont emballés en panier ou en caisse.
Emballage en panier. – L’abricot destiné aux grosses provisions du marché, ou aux confitureries, est expédié en pleins paniers, billots, bannettes, paniers carrés, paniers bombés en dos de tortue (fig. 13), etc. ; un lit dépaille de seigle en garnit le fond et les côtés.
L’abricot « d’Avignon » est emballé dans des paniers rectangulaires en osier blanc, d’une contenance de 10 kilogrammes environ.
Pour les envois destinés à la consommation, le panier étant moins grand, on isole la paille de l’abricot par un tapis de rognures de papier, de liège granulé ou par une feuille de gros papier commun.
Il est inutile de séparer les lits, l’abricot se tient bien ; mais on doit éviter de superposer les fruits trop mûrs ou détériorés, sans quoi il faudrait y intercaler du papier ou des rognures.
On suit le bombement du couvercle en garnissant de paille brisée l’intervalle qui le sépare de la feuille de papier supérieure ou du lit de grande paille.
Pour un trajet court, on peut employer comme litière des feuilles vertes, mais non mouillées, de Vigne ou d’Abricotier. Les figures 8 et 9 montrent des modèles de paniers pour la récolte et le transport du fruit.
Quant au panier carré destiné aux fruits de choix, la figure 14 indique suffisamment sa forme et son emploi. Le fruit presque mûr s’y trouve rangé par deux ou trois lits séparés par un papier de soie en feuille ou « sulfurisé » ; un manchon ou boudin bourré de rognures fines, souples ou de poussières de liège, emPêchera les heurts de l’osier du panier contre les abricots.
Emballage en caisse. – Voir ce mode exposé au chapitre Prunier.
L’abricot est un bon fruit pour la consommation et pour l’office. Tous les abricots sont comestibles ; les échantillons d’apparence saine font assez bonne figure sur une table.
Les abricots récoltés en plein vent se prêtent mieux à toutes les préparations gastronomiques, telles que confitures, gelées, marmelades, compotes d’abricots verts ou mûrs, pâtes d’abricots, conserves en bouteilles, séchage au four, fruits à l’eau-de-vie, abricots glacés ou confits, abricots pulpés brochettes d’abricots, soupe aux abricots, vin d’abricots, dessert au sucre…
Les abricots d’espalier forment de belles jattes de dessert ; ils conviennent pour les conserves Appert et les conserves de fruits entiers.
La pâtisserie d’abricots demande une compote sucrée faite à l’avance, l’abricot frais sur la pâle est insipide et amer.
Un gastronome du commencement du siècle, Alexis Antoine Cadet-de-Vaux, dans une étude ménagère galamment dédiée à sa femme, conseille d’édulcorer l’acide de l’abricot avec une addition de sirop de raisins ou de pommes.
L’abricot de grosseur moyenne est choisi pour la confection des tartes, le fruit étant coupé en deux.
On utilise au vinaigre, comme condiment, le petit abricot vert cueilli sur l’arbre trop chargé de fruits.
Les noyaux d’abricots servent à faire un ratafia.
L’amande douce, également propre au ratafia, est utilisée dans la préparation ménagère des confitures d’abricots. Elle est alors blanchie, fendue et jetée dans la préparation.
Les confiseurs de la capitale préfèrent les fruits des environs de Paris, pour les conserves Appert. Tout fruit fatigué est envoyé à la bassine.
L’abricot d’Auvergne se façonne à Clermont-Ferrand et à Riom. Les pâtes d’abricots fabriquées à Clermont sont dues à l’abricot Commun.
À Marseille, les confiseurs recherchent l’abricot Pouman ou Blanc rosé. Apt préfère l’abricot Rouge pointu de Roquevaire, tous deux fruits locaux.
À Lescours, Apt, Orange, Roquevaire, les syndicats procèdent à quatre opérations pour l’industrie des conserves : dénoyautage, blanchiment des pulpes, mise en boîtes et soudure, enfin stérilisation au bain-marie. Coût, 20 francs par 500 kilogrammes de fruits. Prix de vente, 35 francs les 100 kilogrammes de fruits.
L’industrie bordelaise apprête les fruits au sirop et au jus et en exporte des millions de boîtes pour la marine et les pays étrangers.
Aux États-Unis, on utilise l’abricot de la même façon ; en outre, des usines le soumettent à la dessiccation, à l’évaporation, à la compression. La pulpe ainsi séchée et glacée, comme une datte ou un raisin séché au soleil, est expédiée en boîtes ; on plongera le séchon dans l’eau au moment de l’employer en dessert, en compote, en confiserie, etc.
L’Orient expédie à Marseille des navires chargés de noyaux d’abricots pour la fabrication de l’huile de table.
À Paris, les restaurants de mauvais aloi servent, sous le nom de compote d’abricots, de la compote de citrouille habilement préparée ! Et cependant, il arrive chaque année, aux Halles, des millions de kilogrammes d’abricots frais ou séchés.
(Amigdalus communis)
L’Amandier préfère un terrain sec et profond.
Les sols calcaires sont favorables à la lignification de son bois. Les sols argileux, au contraire, lui donnent des brindilles tardives promptement saisies par les froids ; il y fructifie peu.
Dans les sables gras, avec sous-sol imperméable, il pousse vite à ses débuts et s’arrête promptement. Dans les sables arides et profonds, l’arbre est plus lent à se développer, mais il résiste plus longtemps. En tout cas, l’Amandier est moins difficile au sol qu’à l’exposition ou à l’aération de son emplacement.
Il faut à l’Amandier une situation chaude qui ne soit pas exposée aux gelées précoces. Sa floraison précède son bourgeonnement ; le moindre froid pendant un hiver doux peut la compromettre.
L’Amandier réussit dans la zone qui s’étend de la Drôme à l’Aude, en Corse, en Algérie, en Tunisie, préférant les parties montagneuses abritées des vents du nord. Il prospère également sous le climat chaud et tempéré de l’ouest de la France.
La région qui comprend les départements de Vaucluse, du Gard, des Bouches-du-Rhône et des Basses-Alpes paraît être le centre de son aire géographique ; c’est la « région de l’Amandier ». Il n’y est pas moins exposé aux rosées fraîches d’avril et de mai qui pourraient compromettre la nouée de son fruit.
D’après Alph de Candolle, la floraison de l’Amandier, assez capricieuse, a lieu à Smyrne au commencement de février ; en Angleterre, en mars ; dans l’Allemagne centrale, vers la fin d’avril ; à Christiania, au commencement de juin, aussi le fruit n’y mûrit-il qu’à moitié dans les étés les plus chauds. Au cap de Bonne-Espérance, l’Amandier fleurit au mois d’août, époque qui, dans cette partie de l’hémisphère austral, correspond au commencement de notre printemps.
Sous le climat de Paris, l’Amandier fleurit en mars-avril. S’il devance l’époque en janvier, excité par quelques rayons de soleil trompeurs, le fruit est compromis par les gelées printanières.
En Algérie, région du Tell, sa floraison commence quand la température moyenne est de + 6°, en janvier ou en février. Dans cette zone, comprenant encore l’Espagne, le Portugal et l’Italie, l’exposition nord lui est favorable.
Les amandes sont douces ou amères ; celles-ci n’ont qu’un intérêt industriel, elles n’entrent point dans la consommation ménagère.
L’amande douce comprend :
Les espèces à Coque dure ;
Les espèces à Coque tendre.
L’Amandier à Coque demi-dure est assez cultivé en Italie ; on en trouve cependant en France parmi les semis des autres types.
Les meilleures variétés d’amandes adoptées dans les cultures méridionales sont :
à Coque dure, Grosse ordinaire ; fruit assez gros, saveur agréable. Saison moyenne.
à Coque dure, Grosse verte ; beau fruit, bonne qualité. Floraison tardive.
à Coque dure, à Flots ou à Trochets ; fruit moyen, coque demi-dure ; amande du meilleur goût, sans amer, recherchée de préférence pour les dragées. Arbre fertile.
à Coque dure, Matheronne ; fruit moyen, pointu, coque demi-dure ; belle amande, sans amer, bonne pour la table. Arbre ramifié.
à Coque dure, Molière ; fruit assez gros, allongé, coque demi-dure, facile à décortiquer ; bonne amande, sans amer. Arbre vigoureux.
à Coque tendre, à la Dame ; fruit petit, coque demi-tendre ; goût agréable. Hâtif.
à Coque tendre, Princesse, à la Reine, Sultane ; fruit assez gros ; amande blanche, douce. Maturité précoce.
à Coque tendre, Ronde fine ; fruit moyen, arrondi. Les confiseurs préfèrent cette amande à la noisette.
à Coque tendre, – Grosse tendre ; fruit assez gros, ovoïde, bossué ; coque mince et tendre. Tardive.
Le négociant classe le fruit doux de l’Amandier en trois catégories :
1° Les Amandes dures, qui se cassent au marteau ;
2° Les Amandes demi-dures ou à la Dame, qui se cassent à la dent ;
3° Les Amandes fines ou Princesse, qui se cassent à la main.
Sous ces différentes dénominations, la France expédie dans le Nord, en Belgique, en Hollande, en Suisse, en Allemagne, en Russie, aux États-Unis, pour vingt millions de francs d’amandes, récoltées en Provence, en Corse, en Algérie, en Sardaigne, en Sicile, dans la Pouille, aux îles Majorque, en Espagne, etc. C’est un mouvement commercial d’importation et d’exportation dont la région méditerranéenne fait les frais.
Avec des conditions toutes spéciales de sol et de climat, l’Amandier peut donc concourir aux plantations commerciales, même sur friche, sur le bord des routes ou en plein champ.
On en rencontre d’abord sur les terres calcaires du Saumurois et de la Vendée. Le fruit y est vendu comme « amande verte » ; mais il faut descendre plus au sud pour être en présence de cultures importantes.
Le Dauphiné, vallée du Buech et vallée du Rhône, en possède déjà quelques agglomérations.
Le Languedoc produit une amande à la Dame d’une forme allongée, estimée dans le commerce.
Dans l’Hérault, plus exposé à la gelée, on estime qu’un hectare d’Amandiers produira 1 000 kilogrammes d’amandes s’il s’agit d’espèces à coque dure, et 400 kilogrammes seulement, s’il s’agit d’espèces à coque tendre.
Nous retrouvons l’Amandier dans l’Ariège, répandu dans les vignes de la plaine de Pamiers.
Vers le Sud-Est, en Provence, les Amandiers deviennent plus communs, jusqu’aux vallées du Buech et de Veynes, des Hautes-Alpes.
Là, comme dans les Basses-Alpes, les amanderaies ont une production d’autant plus régulière qu’elles sont à l’abri du mistral ; aussi les variétés à floraison tardive y sont-elles en majorité.
Aux portes d’Hyères, un propriétaire a garni d’Amandiers Princesse ses champs lucratifs de Rosiers Safrano et Cramoisi supérieur. Il se propose de leur substituer l’Amandier à Coque dure, plus « profitable », nous disait-il, par sa production plus certaine ; la floraison de la Coque tendre est plus sujette à couler.
Dans la Crau, en Provence, on a réussi l’Amandier en couvrant le tronc radiculaire du sujet, lors de la plantation, d’un lit assez épais de cailloux. Pendant l’hiver, un arrosage de jus de fumier étendu d’eau en a facilité la végétation.
Les grandes plantations que nous avons visitées occupent d’assez vastes surfaces, à cause de la distance des arbres et des cultures intermédiaires de céréales ou autres. Elles se ressemblent plus ou moins, contenance à part.
On a cité l’amanderaie de Pailherols (Basses-Alpes) : cinquante hectares d’Amandiers en lignes mesurant un kilomètre de longueur, d’un produit annuel de 20 000 francs d’amandes, non compris le rendement des céréales. Un propriétaire à Château-Arnoux, de ce département, récolte l’amande Princesse sur le pied de 300 kilogrammes à l’hectare et la vend 2 fr. 10 le kilogramme, tandis que l’amande à coque dure produit 1 000 kilogrammes à l’hectare, et se vend 0 fr. 45 le kilogramme. Le sol de la plantation est silico-argileux ; la terre est bien entretenue et la taille des arbres soignée.
Un verger plus considérable, dans les Bouches-du-Rhône, est traversé par le chemin de fer de Cavaillon à Miramas, sur un parcours de six kilomètres. Exposé aux inclémences de la température, il a produit jusqu’à 100 000 francs d’amandes ; ce maximum est atteint tous les cinq ou six ans. Une très mauvaise année a donné 1 200 francs ; les années ordinaires sont de 20 000 francs, soit 400 francs par hectare. La majorité des sujets est de l’espèce à Coque dure.
Le département des Bouches-du-Rhône compte six mille hectares d’Amandiers dans l’arrondissement d’Aix, six cents hectares dans l’arrondissement d’Arles, et seulement cent dans celui de Marseille.
La ville d’Aix centralise, dans vingt maisons environ, le commerce des amandes produites dans les départements voisins ; ce commerce y représente une valeur annuelle de 3 millions de francs.
Marignane, Saint-Chamas, Toulon, sont également connus à la Bourse, comptoir des amandes.
Un Amandier, fruit à coque dure, peut donner vingt litres d’amandes. L’arbre est en plein rapport à quinze ou vingt ans.
Un hectolitre d’amandes en coque pèse, en moyenne, 55 kilogrammes.
Les amandes douces en coque se vendent de 25 à 35 francs les 100 kilogrammes.
En Provence, on rencontre çà et là les amandes Béraude, Caillasse, Marie Dupuys, Tournefort, à coque dure ; Abéranne, Ay, Blanquette, à coque demi-fine ; mais les variétés décrites ici sont les préférées.
L’Amandier est répandu en Corse, dans la Balagne, sol rocailleux, perméable. Le cultivateur greffe son arbre, soit en fente au mois de janvier, soit en flûte au mois de juillet. L’île de Corse exporte 30 000 kilogrammes d’amandes par saison. Le prix moyen, après la récolte, est 20 francs l’hectolitre, en coque dure, 30 francs en coque tendre, 50 francs la Princesse. La récolte d’un arbre est évaluée à 4 francs.
Les plantations d’Amandiers à fruit amer sont vigoureuses et productives ; toutefois, le fruit est moins recherché par le négociant. La plantation de cette espèce convient sur les routes, autour des amanderaies et dans tout endroit exposé au maraudage.
La France expédie en Angleterre, pour 1 million de francs d’amandes vertes ou sèches.
L’Algérie les envoie sous coque verte, à Marseille : elles arrivent encore fraîches.
De Majorque, en 1904, le port de Palma frète près de 4 millions de kilogrammes d’amandes.
Une statistique de la Californie évalue à soixante mille le nombre d’Amandiers en exploitation dans cet État de l’Union.
Multiplication de l’Amandier. – L’Amandier type (Amygdalus communis) se multiplie par semis. On fait stratifier les amandes en hiver ; au printemps, on les plantera en pépinière à une distance convenable ; au bout de trois ans, on aura des sujets « bons à mettre en place ».
Les variétés à propager, à Coque dure ou à Coque tendre, seront greffées en pied ou en tête sur les sujets d’Amandiers élevés ainsi par semis.
Assez souvent, le paysan procède lui-même à cette opération et greffe en flûte, à œil poussant, sur sujet étêté au moment du greffage.
Les variétés d’Amandier réussissent encore par leur greffage sur les Pruniers Damas et Saint-Julien. On a recours à ce procédé dans les sols froids et humides de l’est et du nord de la France, où la racine de l’Amandier ne saurait se plaire.
L’Amandier se plante, en haute tige, à une distance de 6 mètres sur la ligne, ou de 8 à 10 mètres, au cas de cultures dérobées peu envahissantes.
Taille de l’Amandier. – On taille l’Amandier en le plantant ; puis on l’abandonne à lui-même ; il suffira, plus tard, d’écimer les brindilles latérales quand elles deviendront trop longues ; elles se mettront à fruit et seront alors moins disposées à se dégarnir (fig. 16).
Les branches principales seront étêtées lorsqu’elles s’allongeront trop et se dénuderont, et l’on aura soin d’émonder les gourmands et d’enlever le bois mort.
Ces opérations pourront être pratiquées au mois de septembre, à l’époque de l’échenillage, travail trop souvent négligé ; la coupe aura le temps de se cicatriser avant l’hiver.
Dans le Midi, on a l’habitude de receper l’Amandier lorsque les têtes sont vieilles, dénudées, fatiguées. Il vaudrait mieux entretenir le branchage par une taille sommaire tous les deux, trois ou quatre ans, sauf à le renouveler par un recepage à de longs intervalles.
Récolte des Amandes. – Les amandes sont récoltées fin été et commencement d’automne, lorsque le péricarpe s’ouvre et que l’amande tombe.
La chute du fruit est naturelle ou aidée à coups de gaule donnés avec intention. En Provence (fig. 17), on emploie la canne de l’Arundo qui pullule dans les terrains vagues et sur le bord des cours d’eau.
La récolte a lieu, habituellement, du 10 au 15 août ; à cette époque, les emblaves sont rentrées, la nudité du sol facilite l’écorçage de l’amande.
En ramassant le fruit, on enlève la pulpe, « la peau » coriace ou charnue qui recouvre l’amande ; puis on l’étend sur des claies exposées au soleil, la coque séchera vite et restera blanche.
On cueillera juste à point l’amande Princesse, avant les pluies, pour que la couleur lui soit conservée. Son écorçage est plus difficile et se fait à la main.
On transportera ensuite l’amande au grenier ou dans tout autre endroit sec ; elle sera immédiatement triée par grosseur et par qualité, puis mise en tas et plus tard en paniers ou en caisses.
L’emballage des amandes se fait généralement en sacs, en grands paniers ou en tonneaux bien secs.
Emploi des Amandes. – L’emploi des amandes est assez varié. D’abord, l’amande verte, cueillie avant sa maturité, est consommée immédiatement, tandis que l’amande sèche peut se conserver longtemps.
L’amande entre dans la préparation du sirop d’orgeat, du lait d’amandes, d’une huile de toilette.
La pâtisserie la recherche pour ses pâtes sèches, croquets, macarons et massepains, pour les nougats pralinés ou de Montélimar et les pithiviers.
La confiserie l’utilise dans les dragées, les petits fours amandés et les pralines.
L’amande jeune et fraîche, confite et glacée, s’allie à tous les fruits glacés.
L’amande grillée est la base du chocolat praliné.
L’amande amère, associée dans une faible proportion à l’amande douce, tonifie le sirop d’orgeat. Son principe d’acide cyanhydrique est recherché par les fabricants ou falsificateurs de Kirschenwasser.
Les premières amandes fraîches, à bon marché, arrivent d’Espagne dès la fin d’octobre ; elles sont aussitôt triées pour la confiserie. La Majorque, souvent jumelle, laisse du déchet à l’émondage par sa peau épaisse et le duvet qui la recouvre. Les Alicante et Sicile, assez plates, d’un goût fade, rancissent vite et ne peuvent être employées en été ; elles sont utilisées au broyage par la confiserie et la pâtisserie.
Le commerce appelle : 1° amande « de plaine » l’amande douce, courte, sans amer, employée par les pâtissiers pour le broyage, et par les liquoristes pour le sirop d’orgeat ; 2° amande « de montagne » le mélange de l’amande amère, dans la proportion de 25%, à l’amande douce.
L’amande Princesse, dite du « terroir d’Aix », d’une belle forme longue, est très friable, d’un goût excellent, sans amer et ne rancit que très vieille ; elle est employée pour la dragée surfine et la pâtisserie fine.
Il y a en outre l’amande en coque et l’amande cassée, celle-ci privée de sa coquille par le fait d’une opération mécanique. Seize décalitres de l’amande à Flots rendent 26 kilogrammes d’amandes cassées. La Grosse verte vient ensuite comme rendement.