Trois nouvelles du va-et-vient - Roman V. Sanchez - E-Book

Trois nouvelles du va-et-vient E-Book

Roman V. Sanchez

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Beschreibung

Trois nouvelles du va-et-vient raconte trois histoires discrètement liées par des motifs magiques : le sable blanc dont le mystère guide un marin d’outre-espace, fait s’échouer les oiseaux sur une petite île victorienne et aide un couple d’hermaphrodites à se séparer, ou encore le poisson qui traverse les trois récits sous des formes différentes. À travers ces nouvelles, le lecteur suivra les résurgences de l’univers et son mouvement perpétuel.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Depuis de nombreuses années, la science hermétique exerce sur Roman V. Sanchez une profonde fascination. À travers des ruptures parfois douloureuses, d’exils forcés et d’éveils, il a ressenti l’urgence de saisir ces reflets du monde et du Moi. Il souhaite emmener le lecteur dans d’étranges contrées peuplées de choses et d’êtres en transformation.

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Seitenzahl: 52

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Roman V. Sanchez

Trois nouvelles du va-et-vient

Nouvelles

© Le Lys Bleu Éditions – Roman V. Sanchez

ISBN : 979-10-377-9253-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Ces mots s’envolent vers

la très Sainte Vierge des alchimistes

et vers tous ceux qui sentent le va-et-vient de l’univers s’infuser en eux.

V.I.T.R.I.O.L. !

Espèce

Il débarque en riant dans l’interminable tubulure, ivre et drapé d’absence. Ces pas annulent les écailles du serpent. Sous chacun de ses trois yeux tremble une poche contenant ce qu’il aurait pu faire la nuit dernière. La nuit dernière, je n’ai rien fait que sommeiller sans rêver ni songer à mes vies qui çà et là s’élaborent, indépendantes et déclarées. Ici on arrive à bon port, car rien n’a vraiment commencé. La main n’a pas connu la poussée initiée par le poisson. Nombre d’entre nous seront morts depuis. Beaucoup n’auront que disparu. Je débouche en riant l’interminable tubulure de cette bouteille de champagne et songe à ce que l’on m’a épargné. Ce chemin est connu.

Dans le couloir, le comité sanitaire a fait ce qu’il nomme avec orgueil « le vide ». Éradiquer toute présence clandestine. Les pollens flottant dans un fantôme de printemps n’émouvront plus personne. L’homme s’est fait rayon dans le couloir incolore. Comme il va droit dans son ciré phosphorescent, sa vision empêche les planètes autour de sa tête. Le rayon fait le point pour éternuer. Il tourne sa face contre la paroi en verre ; y écrase le fruit de sa fièvre passante. Chez les siens l’étamine contamine et la fleur qui la contient est du diable, poussée hors des flancs de la colline de minuit. On ne trouve plus ni colline ni fleur. Plus que des jardiniers de pierre, vautrés dans leurs hamacs sous le midi simulé. L’homme fixe sur la vitre la tache d’un autre verre puis la balaye d’un revers de ciré. De l’autre côté de sa glaire désespèrent les astres au fond d’un noir qu’ils n’ont pas encore trouvé. Sur terre on l’appelait « noir », mais les marins d’ici l’appellent « bleu », car dans leur bleu flotte un peu de Dieu. L’homme et ses nerfs n’ont pas le temps de s’accorder sur la couleur du vide. Le point se refait trait pour ravaler par milliers les écailles et parer l’infusion des sphères. Il lui faut rester seul et vide. Il fonce à toute allure sans prendre le temps sans prendre l’air ; il fonce jusqu’à ce que son ciré donne le change à la cire. Et il s’allume, débarrassé des pentes menant du ponton de sa maison rongé par le mercure à la colline aux mille masures que l’on nomme la « station ».

Il mesure combien de fois il faut à ses pieds pour devenir pas, combien d’abandons du talon, il veut être ce trait coincé dans le verre par lequel on boit la voie. Lorsqu’enfin il parvient puant le phosphore au seuil du bureau, un autre homme, sec et taciturne, tampon suspendu au-dessus du carnet, ne le voit pas : le Préposé à la Fixité. Le marin refait le point, ôte son gant droit et lui décoche un soufflet d’une violence pesée que ce dernier accueille, immobile. Aussitôt il repart avec dans la paume de sa main l’autorisation écarlate de lever l’ancre. Il fonce puis se rallume, débarrassé de la pente qui le mène de la peur au pur, soulagé de n’avoir pas à rester à quai quand dans le sans-fond nage l’ennemi adoré.