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Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "MATHILDE seule, travaillant au filet. Encore un point, et j'ai fini. (Elle sonne ; un domestique entre.) Est-on venu de chez Janisset ? LE DOMESTIQUE : Non, madame, pas encore. MATHILDE : C'est insupportable ; qu'on y retourne ; dépêchez-vous. (Le domestique sort.) J'aurais dû prendre les premiers glands venus ; il est huit heures ; il est à sa toilette ; je suis sûr qu'il va venir ici avant que tout ne soit prêt. Ce sera encore un jour de retard. (Elle se lève)."À PROPOS DES ÉDITIONS Ligaran : Les éditions Ligaran proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants : • Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin. • Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.

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Personnages

M. DE CHAVIGNY.

MATHILDE, sa femme.

MADAME DE LÉRY.

(La scène se passe dans la chambre à coucher de Mathilde.)

Scène I
MATHILDE, seule, travaillant au filet.

Encore un point, et j’ai fini. Elle sonne ; un domestique entre. Est-on venu de chez Janisset ?

LE DOMESTIQUE

Non, madame, pas encore.

MATHILDE

C’est insupportable ; qu’on y retourne ; dépêchez-vous. Le domestique sort. J’aurais dû prendre les premiers glands venus ; il est huit heures ; il est à sa toilette ; je suis sûr qu’il va venir ici avant que tout ne soit prêt. Ce sera encore un jour de retard. Elle se lève. Faire une bourse en cachette à son mari, cela passerait aux yeux de bien des gens pour un peu plus que romanesque. Après un an de mariage ! Qu’est-ce que madame de Léry, par exemple, en dirait si elle le savait ? Et lui-même, qu’en pensera-t-il ? Bon ! il rira peut-être du mystère, mais il ne rira pas du cadeau. Pourquoi ce mystère, en effet ? Je ne sais ; il me semble que je n’aurais pas travaillé de si bon cœur devant lui ; cela aurait eu l’air de lui dire : « Voyez comme je pense à vous ; » cela ressemblerait à un reproche ; tandis qu’en lui montrant mon petit travail fini, ce sera lui qui se dira que j’ai pensé à lui.

LE DOMESTIQUE,rentrant.

On apporte cela à madame de chez le bijoutier.

Il donne un petit paquet à Mathilde.

MATHILDE

Enfin ! Elle se rassoit. Quand M. de Chavigny viendra, prévenez-moi. Le domestique sort. Nous allons donc, ma chère petite bourse, vous faire votre dernière toilette. Voyons si vous serez coquette avec ces glands-là ? Pas mal. Comment serez-vous reçue, maintenant ? Direz-vous tout le plaisir qu’on a eu à vous faire, tout le soin qu’on a pris de votre petite personne ? On ne s’attend pas à vous, mademoiselle. On n’a voulu vous montrer que dans tous vos atours. Aurez-vous un baiser pour votre peine ? Elle baise sa bourse, et s’arrête. Pauvre petite ! tu ne vaux pas grand-chose, on ne te vendrait pas deux louis. Comment se fait-il qu’il me semble triste de me séparer de toi ? N’as-tu pas été commencée pour être finie le plus vite possible ? Ah ! tu as été commencée plus gaiement que je ne l’achève. Il n’y a pourtant que quinze jours de cela ; que quinze jours, est-ce possible ? Non, pas davantage, et que de choses en quinze jours ! Arrivons-nous trop tard, petite ?… Pourquoi de telles idées ? On vient, je crois ; c’est lui ; il m’aime encore.

UN DOMESTIQUE,mirant.

Voilà M. le comte, madame.

MATHILDE

Ah ! mon Dieu ! je n’ai mis qu’un gland et j’ai oublié l’autre. Sotte que je suis ! Je ne pourrai pas encore lui donner aujourd’hui ! Qu’il attende un instant, une minute, au salon ; vite, avant qu’il n’entre…

LE DOMESTIQUE

Le voilà, madame.

Il sort. Mathilde cache sa bourse.

Scène II

Mathilde, Chavigny.

CHAVIGNY

Bonsoir, ma chère ; est-ce que je vous dérange ?

Il s’assoit.

MATHILDE

Moi, Henri ! quelle question !

CHAVIGNY

Vous avez l’air troublé, préoccupé. J’oublie toujours, quand j’entre chez vous, que je suis votre mari, et je pousse la porte trop vite.

MATHILDE

Il y a là un peu de méchanceté, mais comme il y a aussi un peu d’amour, je ne vous en embrasserai pas moins. Elle l’embrasse. Qu’est-ce que vous croyez donc être, monsieur, quand vous oubliez que vous êtes mon mari ?

CHAVIGNY

Ton amant, ma belle ; est-ce que je me trompe ?

MATHILDE

Amant et ami, tu ne te trompes pas. À part. J’ai envie de lui donner la bourse comme elle est.

CHAVIGNY

Quelle robe as-tu donc ? Tu ne sors pas ?

MATHILDE

Non, je voulais… j’espérais que peut-être.

CHAVIGNY

Tous espériez ?… Qu’est-ce que c’est donc ?

MATHILDE

Tu vas au bal ? tu es superbe.

CHAVIGNY

Pas trop ; je ne sais si c’est ma faute ou celle du tailleur, mais je n’ai plus ma tournure du régiment.

MATHILDE

Inconstant ! vous ne pensez pas à moi, en vous mirant dans cette glace.

CHAVIGNY

Bah ! À qui donc ? Est-ce que je vais au bal pour danser ? Je vous jure bien que c’est une corvée, et que je m’y Irai ne sans savoir pourquoi.

MATHILDE

Eh bien ! restez, je vous en supplie. Nous serons seuls, et je vous dirai…

CHAVIGNY

Il me semble que ta pendule avance ; il ne peut pas être si tard.

MATHILDE

On ne va pas au bal à cette heure-ci, quoi que puisse dire la pendule. Nous sortons de table il y a un instant.

CHAVIGNY

J’ai dit d’atteler ; j’ai une visite à faire.

MATHILDE

Ah ! c’est différent. Je… je ne savais pas… j’avais cru…

CHAVIGNY

Eh bien ?

MATHILDE

J’avais supposé… d’après ce que tu disais… Mais la pendule va bien ; il n’est que huit heures. Accordez-moi un petit moment. J’ai une petite surprise à vous faire.

CHAVIGNY,se levant.

Vous savez, ma chère, que je vous laisse libre et que vous sortez quand il vous plaît. Vous trouverez juste que ce soit réciproque. Quelle surprise me destinez-vous ?

MATHILDE

Rien ; je n’ai pas dit ce mot-là, je crois.

CHAVIGNY

Je me trompe donc, j’avais cru l’entendre. Avez-vous là ces valses de Strauss ? Prêtez-les-moi, si vous n’en faites rien.

MATHILDE

Les voilà ; les voulez-vous maintenant ?

CHAVIGNY

Mais oui, si cela ne vous gêne pas. On me les a demandées pour un ou deux jours. Je ne vous en priverai pas longtemps.

MATHILDE

Est-ce pour madame de Blainville ?

CHAVIGNY,prenant les valses.

Plaît-il ? Ne parlez-vous pas de madame de Blainville ?

MATHILDE

Moi ! non. Je n’ai pas parlé d’elle.

CHAVIGNY

Pour cette fois j’ai bien entendu.