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Extrait : "Une brillante société était réunie dans le salon du banquier Montfort, l'un des heureux millionnaires de la Chaussée-d'Antin. Sept heures venaient de sonner, et un domestique à grande livrée venait de prononcer ces mots si doux à l'oreille d'un gastronome altéré : « Madame est servie. »"
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Seitenzahl: 27
Veröffentlichungsjahr: 2015
Paris, ou le Livre des Cent-et-Un publié en quinze volumes chez Ladvocat de 1831 à 1834, constitue une des premières initiatives éditoriales majeures de la « littérature panoramique », selon l’expression du philosophe Walter Benjamin, très en vogue au XIXe siècle. Cent un contributeurs, célèbres pour certains, moins connus pour d’autres, appartenant tous au paysage littéraire et mondain de l’époque, ont écrit ces textes pour venir en aide à leur éditeur qui faisait face à d'importantes difficultés financières… Ainsi ont-ils constitué une fresque unique qui offre un véritable « Paris kaléidoscopique ».
Le présent ouvrage a été sélectionné parmi les textes publiés dans Paris ou le Livre des Cent-et-Un. De nombreux titres de cette fresque sont disponibles auprès de la majorité des librairies en ligne.
Une brillante société était réunie dans le salon du banquier Montfort, l’un des heureux millionnaires de la Chaussée-d’Antin. Sept heures venaient de sonner, et un domestique à grande livrée venait de prononcer ces mots si doux à l’oreille d’un gastronome altéré : « Madame est servie. »
Je ne décrirai pas la salle à manger d’un millionnaire, ce sanctuaire où s’élaborent tant de conceptions et de projets, tant de révolutions financières et politiques. Je ne décrirai pas la royale somptuosité d’un festin qui aurait fait pâlir tous ceux de Lucullus. Qu’il vous suffise de savoir que Montfort traitait ce jour-là un diplomate étranger, dont il captait la protection pour la conclusion d’un emprunt ; le secrétaire-général d’un ministère, qui était en position de lui faciliter l’adjudication d’une grande entreprisse ; et trois députés du centre, dont le vote pouvait doter, la France d’un canal qui devait verser l’abondance et la fertilité… dans la caisse de l’insatiable traitant. Cette énumération succincte des principaux convives équivaut à la carte du dîner.
Madame Octavie de Montfort, étincelante de diamants, de jeunesse et de beauté, présidait avec infiniment de grâce et d’esprit. Aimable et rieuse, elle ripostait avec finesse aux agaceries du secrétaire-général et aux madrigaux du diplomate étranger ; tout je monde était en verve ; les saillies jaillissaient avec les bouchons du Champagne ; les députés du centre étaient bruyants, comme à un discours de M. Mauguin ; et le banquier lui-même avait de l’esprit.
On avait parlé de tout, et après avoir épuisé tous les sujets, depuis l’abbé Châtel jusqu’à mademoiselle Boury (sans compter l’emprunt, la grande fourniture et le canal), on vint à causer bienfaisance, à propos d’un bal philanthropique, bal déguisé, qui devait réunir l’élite de la société parisienne. Madame Octavie de Montfort était l’une des dames patronnesses de ce grand bal qui devait avoir lieu dans quinze jours. On dit beaucoup de choses sérieuses et folles sur la charité, sur les pauvres, sur la philanthropie dansante et la bienfaisance en entrechats, cette grande invention des temps modernes. Montfort avait la larme à l’œil en parlant des malheureuses familles qui n’avaient pour providence et pour soutien que la sensibilité du riche. Quant à Octavie, elle fut sublime ! « À quoi pouvait servir l’opulence, sinon à soulager l’infortune ? » Entre le second service et le dessert, elle avait placé quarante billets. « Elle en voulait placer deux cents, non par vanité ; c’est un sentiment que, grâce au ciel, elle n’avait jamais connu ; mais par dévouement pour ces malheureux orphelins, qu’elle appelait ses enfants, sa famille ! »