Une infirmerie de prison - Ligaran - E-Book

Une infirmerie de prison E-Book

Ligaran

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Beschreibung

Extrait : "Destinée singulière ! un hôtel longtemps habité par la féodalité a subi, comme ses maîtres, les oscillations du temps et des événements politiques. Là où jadis régnait le luxe, règnent actuellement la misère, la dégradation morale ; là où les plaisirs se trouvaient réunis, ont surgi des maux, mais des maux poignants, dégradants, horribles à voir."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de qualité de grands livres de la littérature classique mais également des livres rares en partenariat avec la BNF. Beaucoup de soins sont apportés à ces versions ebook pour éviter les fautes que l'on trouve trop souvent dans des versions numériques de ces textes.

LIGARAN propose des grands classiques dans les domaines suivants :

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Seitenzahl: 40

Veröffentlichungsjahr: 2015

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EAN : 9782335087352

©Ligaran 2015

Une infirmerie de prison

Destinée singulière ! un hôtel longtemps habité par la féodalité a subi, comme ses maîtres, les oscillations du temps et des évènements politiques. Là où jadis régnait le luxe, règnent actuellement la misère, la dégradation morale ; là où les plaisirs se trouvaient réunis, ont surgi des maux ; mais des maux poignants, dégradants, horribles à voir.

En entrant par la rue des Ballets, un bâtiment d’un extérieur honteux et de chétive apparence frappe les regards ; une porte basse, épaisse et bardée de fer indique que là il existe une prison : La Force ! La porte s’ouvre, et à droite d’un petit corridor qui conduit droit au greffe et horizontalement au second guichet, on entre dans une cour transformée en jardin, et partagée également par un chemin qui conduit au guichet principal. Dans ce jardin, où il existe deux carrés couverts de gazons, qui recèlent chacun six sorbiers, dont les fruits écarlates produisent une heureuse variété avec la feuillée verte et touffue du printemps, le visiteur voit à sa sortie du second guichet le bâtiment Charlemagne, dont il m’a été impossible de savoir la primitive destination, mais que tout me fait présumer avoir été un salon de réception, si j’en juge par la hauteur des croisées, et par les marques encore patentes d’un balcon qui régnait le long du bâtiment Saint-Charles, dans lequel on n’arrive qu’après avoir traversé la cour Saint-Louis.

Dans cette cour s’élève, à droite, un mur d’une prodigieuse hauteur, séparant la Force d’avec la caserne des sapeurs-pompiers, et préservateur de toute fuite. À droite, est un corps de logis éclairé par deux énormes fenêtres, et auquel on arrive par un guichet servant de parloir aux malades de l’infirmerie.

C’est ce corps de logis qui renferme l’infirmerie, la pharmacie et l’infirmier-major.

L’infirmerie comprend, outre la salle spécialement consacrée au traitement d’une maladie importée en France depuis la découverte du Nouveau-Monde : 1° la salle des fiévreux, 2° les galeux, 3° les vieillards. Sous un portique respirant encore le grandiose et une vieille coquetterie, est un escalier digne d’un sort plus brillant, dont les dalles, d’une éclatante blancheur, chaque jour lavées et parfumées avec soin, ne laissent rien à désirer sous le rapport hygiénique, et présentent un coup d’œil majestueux, imposant ; on croirait, avant de franchir la dernière marche du premier étage, pénétrer dans l’inaccessible sanctuaire d’un ministre ; et pourtant elle ne conduit, en tournant à droite, qu’à la salle de pharmacie, que précède un laboratoire. C’est là que chaque matin le docteur Jacquemin, médecin des prisons de Paris, se dérobe au monde et aux malades qui le réclament, pour venir alléger les maux des préventifs ou des condamnés par des paroles consolatrices, et soulager leur misère par des soins d’autant plus méritants, que le désintéressement le plus pur y préside ? Je sais qu’il est des docteurs dignes d’estime, mais que l’on me cite beaucoup d’Hippocrate refusant les présents d’Artaxerce, et je ne dirai plus, avec Voltaire, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !…

En sortant de la salle où se fait la visite, une porte, contre laquelle viennent se briser les efforts des prisonniers, frappe les regards ; elle dérobe un petit espace qui conduit par deux autres portes, l’une à droite, aux galeux, et l’autre, sur la même ligne que la première, aux fiévreux. Cette porte s’ouvre, et une vaste salle oblongue, qu’un énorme poêle carré sépare en deux, présente à l’œil de l’observateur vingt-sept lits rangés les uns vis-à-vis des autres par ordre numérique. Chacun des lits, en bois de chêne, entretenu avec propreté, supporte, outre le malade, une paillasse, deux matelas, deux couvertures et un traversin. Quant aux oreillers, c’est un luxe qui n’appartient qu’aux hommes libres ; il n’en existe donc pas à la Force.

Sur la ligne où l’on a placé le poêle, se trouve une table emprisonnée par des bancs, scandalisés sans doute de se rencontrer dans un lieu si profane, eux qui vécurent, sous la Restauration, dans la chapelle, qui depuis la révolution de 1830 sert de dortoir aux républicains modernes. Au fond de cette salle est un thermomètre dispensateur du bois de chaque jour ; à lui seul appartient, par l’organe de l’infirmier-major, le droit de déclarer si l’on doit ou non se chauffer. Un réverbère, fidèle image de ceux qui décorent les rues de Paris, est appendu au milieu de cette salle, et laisse échapper une clarté douteuse qui se reflète sur quelques lits.

Pour toutes les maladies, depuis le furoncle jusqu’à la pleuro-péripneumonie la plus dangereuse, depuis l’insensible coup de lancette jusqu’à l’amputation de cuisse, homogénéité, égalité parfaite de soins : telle est la devise du docteur Jacquemin.