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Extrait : "Les hommes portent quelquefois en eux des affections dont ils rendent assez peu compte ; mais ils ont beau leur opposer des intérêts façonnés en opinions, la conscience parle, et les affections primitives triomphent secrètement : c'est la fleur du saxifrage qui se fait jour à travers le granit d'un rocher. On les cache, on ferme bien hermétiquement son âme ; on va jusqu'à les renier, si le besoin de popularité en fait une loi ; c'est à faire pitié !..."
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Seitenzahl: 20
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335087215
©Ligaran 2015
Les hommes portent quelquefois en eux des affections dont ils se rendent assez peu compte ; mais ils ont beau leur opposer des intérêts façonnés en opinions, la conscience parle, et les affections primitives triomphent secrètement : c’est la fleur du saxifrage qui se fait jour à travers le granit d’un rocher. On les cache, on ferme bien hermétiquement son âme ; on va jusqu’à les renier, si le besoin de popularité en fait une loi ; c’est à faire pitié !… Je puis avouer les miennes tout haut ; j’aime ardemment la liberté, je crois qu’elle est la source de tous les biens, je lui ai voué ma vie, mon obscure et impuissante vie ; mais aussi je repousserais l’abus tyrannique de la liberté plus que la tyrannie elle-même ; le despotisme au nom de la liberté est le plus honteux de tous les despotismes ; mieux vaut le despotisme à nu, on peut l’attaquer sans scrupule et de front.
J’ai donc eu toujours en haine les hommes qui, en provoquant d’odieux excès populaires, ont retardé le succès de la cause des nations. Se déclarer ouvertement contre eux, se jouer de l’échafaud pour les punir, me paraît le sublime du dévouement. Aussi ai-je au cœur une vive et tendre admiration pour le nom et la mémoire de Charlotte Corday.
Endormie par des chagrins et par les agitations dont nos journées sont aujourd’hui remplies, cette affection s’est réveillée, au dernier salon, devant le tableau de M. Henri Scheffer. Sa Charlotte est si bien celle que j’avais rêvée ! l’imagination du peintre m’a si bien révélé ce que je cherchais !
J’ai souvent regretté de ne rien posséder de ce qui eût appartenu à Charlotte ; j’ai souvent regretté de ne pas savoir quels escaliers ses pieds avaient foulés, où elle avait porté le coup, où elle s’était sacrifiée à une conviction. Je sus enfin que l’appartement de Marat était dans la rue de l’École de Médecine. Un jour, je m’arrêtai devant la maison qui est à l’angle de la rue du Paon : « Ce doit être là ! » me dis-je.