Vegan pourquoi comment - Boris Tzaprenko - E-Book

Vegan pourquoi comment E-Book

Boris Tzaprenko

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Vegan ! En 2010, presque personne ne connaissait ce mot. Treize ans plus tard seulement, tous les médias en ont parlé, et les produits véganes sont de plus en plus nombreux dans le commerce. On peut être végane sans être antispéciste, mais on ne peut pas être antispéciste sans être végane. L'ouvrage commence par rappeler la signification de nombreux termes concernant ces sujets. Ensuite, il retrace les principales idées qui ont fait naître le véganisme, à travers les esprits les plus influents : des philosophes grecs, en passant par le premier vegan connu (Donald Watson, né en 1910, mort en 2005 à 95 ans, après 81 ans de végétarisme), jusqu'aux penseurs d'aujourd'hui. Le 27 novembre 2015, je suis devenu végane du jour au lendemain. J'explique comment et surtout pourquoi. J'expose mes réflexions, mes recherches et je narre quelques mini-enquêtes menées durant le début de ma nouvelle vie, alors que j'étais encore secoué par ma soudaine prise de conscience. Je développe quatre raisons : COMPASSION ENVERS LES AUTRES ANIMAUX. COMPASSION ENVERS LES HUMAINS. BIENFAITS POUR LA SANTÉ. BIENFAITS POUR LA PLANÈTE. VEGAN POURQUOI COMMENT est la quatrième édition d'un livre dont l'ancien titre était Végane pour lait nul.

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Seitenzahl: 533

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Voilà presque huit ans que je ne consomme plus rien d’origine animale. Or, non seulement je n’en suis pas mort, mais je me sens même très bien. Le 27 novembre 2015, je suis devenu végane du jour au lendemain. Dans ce livre, j’essaie d’expliquer comment, mais surtout pourquoi.

Versions numériques gratuites ici :rebrand.ly/VPC

TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION

TERMINOLOGIE

Flexitarien ou flexivore

Pesco-végétarien

Végétarien

Végétalien

Vegan, végane ou végan

Sentience

Animaux

Spécisme

Dissonance cognitive

Animaliste / Animalisme

Abolitionniste / Abolitionnisme

Welfariste / Welfarisme

Néo-welfariste / Néo-welfarisme

Mentaphobie

Utilitarisme

Déontologisme

Agent moral et patient moral

RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES

Que sont la douleur et la souffrance ?

POURQUOI ÊTRE VEGAN ?

COMPASSION ENVERS LES AUTRES ANIMAUX

Nécessité des ressources animales

Déclaration de cambridge sur la conscience

Souffrances de l’élevage

Souffrances de l’abattage

Témoignages

Ce n’est pas mieux dans l’eau

Cuir et fourrure

La laine

Lapins angoras

Expérimentation animale

Corrida

Cirque

Parcs d’attractions aquatiques

Trafic de la faune sauvage

Zoos

La chasse

Cruauté par pur plaisir

Génocide de non-humains ?

Les mots d’Aurélien Barrau

Abolitionnistes de deux époques

Contre-argumentaires courants

Compassion interespèces entre les autres animaux

Autres usurpations de sentiments humains

Sommes-nous plus intelligents ?

Mensonges, dissimulations, pressions

L’animal dans notre sac de nœuds juridiques

Déclaration universelle des droits de l’animal

Secrétariat d’État à la condition animale ?

La chair, le lait et Paf, paf, paf ! notre argent !

Je ne sais pas quel nom donner à ce chapitre !

Mini enquête : Co et Ga

Pourquoi je ne mange pas les œufs de mes poules ?

Mini enquête : Vaches à lait

Le tabou de la compation envers les autres animaux

COMPASSION ENVERS LES HUMAINS

BIENFAITS POUR LA SANTÉ

Antibiotiques et antibiorésistance

Anabolisants

Bioconcentration des pesticides

Rapports de l’EFSA

Poissons

Condition physique des véganes

BIENFAITS POUR LA PLANÈTE

Étude de la FAO

Étude du GIEC

Gaspillage et pollution de l’eau

Émissions d’ammoniac

Extinction des populations animales non-humaines

Petit rappel sur la chasse et l’écologie

PENSÉES INFLUENTES

Contre la cause animale

Pour la cause animale

Quelques auteurs fondateurs

COMMENT DEVENIR VEGAN ?

VITAMINE B12

Spiruline et pseudo vitamine B12

QUE MANGER ?

Les protéines

Calcium

Fer héminique et fer non héminique

Résumé et conclusion

Soja

Qu’est-ce qu’on mange, alors ?

Tofu

Seitan

Tempeh

Protéines de soja texturées

Remplacer les produits laitiers

Remplacer les œufs

Découverte : le goût s’éduque

L’alimentation végétalienne est-elle chère ?

L’offre augmente

LABELS ET CERTIFICATIONS

ENTRE DEUX FEUX

Les braves gens n’aiment pas que…

Dur dur d’être un « pur » !

Que me sens-je donc ?

RÉACTION DE L’ENTOURAGE

POURQUOI SOMMES-NOUS MISONÉISTES ET SPÉCISTES ?

Descendants de la prudence

Idées clandestines à bord de notre esprit

Les enfants de l’égocentrisme

La loi de Hume

S’écarter du troupeau social est une épreuve

ÉPILOGUE

REMERCIEMENTS

INDEX

30 Millions d’Amis →

3001 L’Odyssée finale →

Abattoir d’Alès →

Abattoir de Houdan →

Abolitionniste →

Abraham Lincoln →

Academy of Nutrition and Dietetics →

Acide aminé limitant →

Acide méthylmalonique →

Acides aminés →

Acides aminés essentiels →

Acides aminés semi-essentiels →

Adam Hochschild →

Afeitado →

Agent moral →

Agulhon →

Alan Long →

Albert Einstein →

Albert Schweitzer →

ALF →, →

Alphonse de Lamartine →

American Dietetic Association →

Anabolisants →

Animal liberation →

Animal Libération Front →

Animal Machines →, →, →, →

Animal-machine →, →, →, →

Animaliste →

ANSES →

Antibiorésistance →

Antoine Comiti →, →

Appeal to Reason →

Aquafaba →

Aristote →

ARN messager →

Arthur C. Clarke, →

Arthur Schopenhauer →

Article L214-1 →

Association des diététiciens d’Australie →

ATSS (Anti-Trade Slavery Society) →

Audrey Jougla →

Aurélien Barrau →, →

B12 →

B12 surdose →

Barrau Aurélien →

Bioconcentration →

Bleu blanc belge →

British National Health Service →

Bury the Chains →

Bycatch →

Cahiers antispécistes →, →, →, →, →

Calcium →

Cancer colorectal →, →

Carcasse →

Carnophallologocentrisme →

Catherine Rémy →

CEMAGREF →

Certified vegan →

Ces bêtes qu’on abat →, →, →

Chalut →

Charles Darwin →

Charles Patterson →

Chasse à courre →

Cifog123 →

CITES →

CIWF →, →, →

Claquage →,→, →

Claude Lévi-Strauss →

Claudia Terlouw →

CNRS →

Coche →

Confucius →

Contention →, →, →

Corrida la honte →

Couloir d’amenée →

Couloir de la mort →, →

Courteline →, →

Cowspiracy →

CRAC (Comité Radicalement Anti Corrida) →

Cyanocobalamine →

Cynégétique →

Dalaï-lama →

Dans le crâne d’un tueur →

Darwin →

David Olivier →, →

Dead Meat →

Déméter206 →

Déontologisme →

Descartes →,→

DGCCRF →

Diététique →

Dissonance cognitive →

Donald Griffin →, →

Donald Watson →,→, →

E. V. E →

Earthlings →, →

Échaudage →

EFSA →

Électronarcose →

Électronarcose à bain d’eau →

Éléphante Mary →

Élisabeth de Fontenay →, →

Élisabeth Hardouin-Fugier →

Émile Zola →

Emily Davison →

Ennemies →

Enquête : Co et Ga →

Enquête : Vaches à lait →

Enrique Utria →

Équilibrage des nids →

Estiva Reus →, →

Éthologie cognitive →

Étourdissement →, →

Êtres vivants doués de sensibilité →

Expertise Végane Europe (E. V. E.) →

FAO →, →, →

Faut-il manger les animaux ? →, →, →, →

Fer →

Flipper →

Florence Burgat →

FNSEA →

Fonction amine →

Fondation Brigitte Bardot →

Fontenelle →

Food Inc →

Franz-Olivier Giesbert →, →

Gail Eisnitz →

Garcia-Pereira →

Gary Francione →, →

Gascar →

GIEC →

Gilardoni →

GMQ (Gain Moyen Quotidien) →

Griffin →

Guillotine de Hume →

Harry Harlow →

Helmut F. Kaplan →

Henri-Joseph Dulaurens →

Herta →

Humane Farming Association →

Humanisme →

Hume →

IC (Indice de Consommation) →

IHTK →

INRA →, →

INSERM →

Interbev →, →

Interview →

Isaac Bashevis Singer →, →

Jacqueline Gilardoni →

Jacques Derrida →, →

Jean Meslier →

Jean-Baptiste Jeangène Vilmer →

Jean-Henri Fabre →

Jean-Jacques Rousseau →

Jean-Luc Daub →, →, →

Jeremy Bentham →, →, →,→

Jocelyne Porcher →

John Maxwell Coetzee →

John Webster →

Jonathan Safran Foer →, →, →, →

Julien Offray de La Mettrie →

Kant →

Konrad Lorenz →

L’animal est une personne →, →

L’animal-machine →

L’origine des espèces →

L214 →, →, →, →, →

La Jungle →

La Libération animale →, →, →, →, →, →, →, →,→

LABELS ET CERTIFICATIONS →

Lahana →

Lait Lactalis →

Le lion mange la gazelle →, →, →, →, →, →

Léon Tolstoï →

Léonard de Vinci →, →

Les diététistes du Canada →

Les Droits des animaux →

Loi de Hume →

Louise Michel →

Louise Rousselle →

LoveMEATender →

Lysine →

Mahatma Gandhi →

Malebranche →

Marguerite Yourcenar →

Martial Albar →

Matador® →

Matthieu Ricard →, →

Maurice Agulhon →

Mentaphobie →

Merlin l’Enchanteur →

Méthionine →

Milan Kundera →

Mini enquête : Co et Ga →

Mini enquête : Vaches à lait →

Ministère de la Santé d’Israël →

Ministère de la santé de Nouvelle-Zélande →

Montaigne →

Néo-welfariste →

Nos amis pour la vie →, →, →, →, →, →

OABA →, →

OMS →, →

One Voice →, →, →

Organisation Mondiale de la Santé →, →

Os amis pour la vie →

Outil →

Ovide →

PACMA86 →

Paf, paf, paf ! →, →, →, →

Painism →

Palangre →

Pascal Combemorel, →

Pathocentrisme →

Patient moral →

Paul Arthur Théorêt →

PETA →, →, →, →

Peter Singer →, →, →, →, →, →, →, →, →, →,→

Pierre Gascar →

Plaidoyer pour les animaux →, →

Planet-Vie →

Plutarque →

Protéines de soja texturées →

PSE →

PST →

Pythagore →

Quinoa →

Réforme →

Remplacer le beurre →

Remplacer les fromages →

Remplacer les œufs →

Remplacer les produits laitiers →

Remplacer les yaourts laitiers →

René Descartes →

Restrainer →

Ric O’Barry →

Richard O’Barry →

Richard Ryder →, →, →,→

Rob Phillips →

Roger Lahana →

Romain Rolland →

Ron Milo →

Ronnie Lee →

Rosa Luxemburg →

Ruth Harrison →, →, →, →

Sacrificateur →

Saignée →

Schopenhauer →

Seitan →, →

Senne →

Shaun Monson →, →,→

Shoah →

Slaughterhouse →

Société Végane →

Soins aux porcelets →, →

Soja →

Spinoza →

Spiruline →

Stabulation →

Stalle →

Sue Coe →, →, →

Sujet d’une vie →

Surdose de B12 →

Tempeh →

Terriens →, →, →, →

The biomass distribution on Earth →

The Case for Animal Rights →

The lives of animals →

Theodor W. Adorno →, →

Theodore Monod →

Thomas Clarkson →, →

Thomas Gennarelli →

Tofu →

Tolstoï →

Tom Regan →

TRAFFIC →

Treblinka →

Trocart de seignée →

Tueur →

TVM (Taux de Viande Maigre) →, →

UICN →

Un éternel Treblinka →

United Action for Animals →

Upton Sinclair →

Utilitarisme →

Vegan Impact →

Vegan pratique →

Vegan Society →, →

VégOresto →

Virgil Butler →

VITAMINE B12 →

Vladimir Deriabkine →, →

Voltaire →, →

Webster →

Welfariste →

Welfarm →, →

Will Cuppy →

WWF →

Yinon M. Bar-On →

Yves Bonnardel →, →

coches » →

Le jour viendra où les personnes comme moi regarderont le meurtre des animaux comme ils regardent aujourd’hui le meurtre des êtres humains

Léonard de Vinci 1452-1519

INTRODUCTION

Eeeeuh… Comment dire ?… Ce livre est écrit sans la moindre prétention et avec la plus grande humilité. Je ne suis végane que depuis le 27/11/2015. Ce serait donc très déplacé de ma part de faire la morale à qui que ce soit en m’estimant à présent dans le « camp du bien ». Je veux seulement exposer les raisons qui m’ont conduit à épouser cette conviction éthique, dire ce que j’ai ressenti au moment où j’ai pris cette décision et narrer ce qu’il s’est passé ensuite.

Préambule

À aucun moment, je ne prétendrai que toutes les créatures se valent. Il ne sera même pas question dans cet ouvrage de mesurer ou de discuter de la valeur de quelque vie que ce soit. Non, je ne pense pas que toutes les vies se valent. Non, je ne pense pas que la vie d’un moustique vaille la vie d’un être humain. Cette question a été posée suffisamment souvent dans différents débats pour que je m’en prémunisse dès le début.

Je regrette le fait que, dans notre langue sexiste, le masculin l’emporte sur le féminin et que, notamment, le mot « Homme » avec un H majuscule désigne l’ensemble de l’humanité. Pour la clarté de mon texte, je choisis toutefois de ne pas recourir à l’écriture inclusive, mais d’utiliser le français tel qu’il est encore. Pour autant, cela ne m’empêche pas de souhaiter ardemment que la langue française évolue afin de ne plus être le véhicule d’une discrimination basée sur le sexe. Je salue avec enthousiasme et respect tous les efforts qui tendent vers ce but ; l’écriture inclusive en est certes un, mais sur tout un livre, elle rendrait la lecture rapidement inconfortable.

Dans la première partie, je développerai quatre raisons d’être végane :

COMPASSION ENVERS LES HUMAINS.

COMPASSION ENVERS LES AUTRES ANIMAUX.

BIENFAITS POUR LA SANTÉ.

BIENFAITS POUR LA PLANÈTE.

Mais pour cela, je vais au préalable :

préciser une terminologie,

proposer quelques réflexions préliminaires,

et citer la déclaration de cambridge sur la conscience.

TERMINOLOGIE

Il n’est heureusement pas nécessaire d’être familiarisé avec tous ces termes pour décider de devenir végane. J’ai écrit un « +) » devant ceux qui sont, selon moi, les plus importants.

Flexitarien ou flexivore

Sont flexitariens ou flexivores ceux qui sont végétariens plusieurs fois par semaine, mais qui consomment tout de même de la viande le reste du temps. Ces mots sont récents. Il y a à peine 50 ans, tout le monde était flexitarien car on n’avait pas encore coutume de manger de la chair à tous les repas.

Pesco-végétarien

Les pesco-végétariens ne mangent pas de la viande, mais consomment du poisson, des crustacés et des mollusques aquatiques. Ils s’autorisent aussi les autres produits d’origine animale : produits laitiers, œufs, miel…

Végétarien

+) Les végétariens ou les végétariennes ne mangent pas de chair : ni viande ni poisson. Leur régime, le végétarisme, autorise en revanche les autres produits d’origine animale : produits laitiers, œufs, miel…

Végétalien

+) Les végétaliens ou les végétaliennes ne se nourrissent d’aucun produit d’origine animale : ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, ni œufs, ni miel… Aucun !

Vegan, végane ou végan

+) En anglais « vegan ». Ce mot a été formé par la suppression des lettres centrales du mot « vegetarian ». Il a été proposé en 1944, par Donald Watson, cofondateur de la Vegan Society. Né le 2 septembre 1910, il meurt le 16 novembre 2005, à 95 ans, après 81 ans de végétarisme dont 60 ans de régime végétalien1.

En français, on peut dire « végan » au masculin et « végane » au féminin. Toutefois « végane » est un mot épicène, c’est-à-dire qu’il peut être indifféremment utilisé pour les deux genres. Ainsi une femme dira toujours qu’elle est végane, mais un homme peut dire qu’il est végan ou végane.

Jusqu’à récemment, je préférais utiliser le terme végane, parce qu’il était français, et épicène. Mais, je préfère aujour-d’hui me dire vegan, car ce mot anglais a le mérite d’être international. Je me dis à présent : il a été proposé par un anglais, pourquoi ne pas le garder tel quel ? Comme la plus grande partie de ce livre a été écrite avant que je change d’avis à ce sujet, vous trouverez dans ses pages bien plus souvent le mot français que le mot anglais.

Le véganisme est la façon de vivre des véganes. Celle-ci consiste à ne consommer aucun produit ou service, pour quelque raison que ce soit, résultant de l’exploitation animale, et à ne rien faire qui puisse causer du tort à tous les animaux, humains ou non-humains. Le véganisme est résolument non violent.

Les véganes ont donc un régime alimentaire végétalien, mais, en plus de cela, ils n’utilisent ni cuir, ni fourrure, ni duvet, aucune ressource animale pour se vêtir ou toute autre raison. Ils ne consomment aucun produit testé sur les animaux, ne montent pas à cheval, ne vont pas voir les spectacles de dressage dans les cirques, les delphinariums ou toute autre attraction mettant en scène des animaux tels que corridas et autres rodéos.

Les véganes ne participent à aucune forme d’exploitation animale.

Le véganisme ne demande pas forcément qu’on fasse quelque chose pour les animaux non-humains ; il exige seulement qu’on ne fasse plus rien contre. Autrement dit : il ne s’agit pas de faire le bien, il s’agit de ne plus faire le mal.

Ensuite, aimer ou ne pas aimer les animaux non-humains… cela n’a plus rien à voir avec le véganisme. Il s’agit plus d’une idée de justice que d’amour.

Les véganes se permettent-ils de tuer les moustiques ? Si un moustique menace par sa seule présence de me piquer, je le tue sans hésiter ! Ce geste ne sera pas de l’exploitation, mais de défense. En effet, si je me laisse piquer, ce sera le moustique l’exploiteur et moi l’animal exploité.

Sentience

+) Se prononce « sen-t-ience » et non « senssience ». À ce substantif est associé l’adjectif « sentient ». La sentience, du mot latin sentiens, est la capacité d’interpréter le monde subjectivement, de ressentir la peur, la tristesse, le plaisir, la douleur… Posséder un système nerveux est indispensable pour être sentient ; les végétaux ne le sont donc pas. La sentience distingue la capacité de raisonner de celle de ressentir. Un logiciel peut raisonner, grâce à une suite d’algorithmes simulant la raison, mais il ne ressent rien ; il n’est donc pas sentient. Un être sentient éprouve des sensations et des émotions. On emploie parfois « sensible » comme synonyme de « sentient ». On dit d’un être sentient que ce qui lui arrive lui importe, qu’il a des aspirations, au moins celle de vivre le mieux possible ; il tente d’éviter ce qui est hostile à son intégrité et même ce qui réduit son confort ; il recherche ce qui lui est favorable.

Dépourvus de système nerveux, les végétaux ne sont pas sentients.

Cette notion de sentience est de la plus grande importance en éthique animale.2

Animaux

Nous en sommes, des animaux !

Dans le langage courant, nous conservons l’habitude de désigner les autres espèces par le terme : « les animaux ». C’est un automatisme dont nous avons beaucoup de mal à nous défaire. Il se trouve pourtant que, au moins depuis Charles Darwin, on sait que l’être humain est aussi un animal. En effet, la classification scientifique traditionnelle reconnaît six règnes :

Les bactéries.

Les archées.

Les protistes.

Les végétaux.

Les mycètes.

Les animaux. <-(Nous sommes là-dedans).

D’une part, nul besoin d’être très convaincant pour affirmer que nous ne sommes ni des bactéries, ni des archées, ni des protistes, ni des végétaux. D’autre part, il est facile de voir que le règne « humain » ne figure pas dans cette liste. Il n’y a pas un règne spécialement pour nous, qui nous isolerait au-dessus de tous. L’hypothétique « propre de l’homme » censé nous distinguer des autres animaux n’existe pas.

Il existe une autre classification qui compte sept règnes ; cependant, elle classe aussi les humains dans les animaux.3

Conclusion : nous sommes bien des animaux.

Spécisme

+) Dans tout ce qui va suivre, il sera souvent question de « spécisme ». Il est donc important de préciser ce terme.

Illustration de Pawel Kuczynski4

Spécime, version courte

Le spécisme est une discrimination selon l’espèce. L’une de ces manifestations crée arbitrairement une frontière distincte entre les animaux humains et les autres animaux pour placer les humains infiniment au-dessus de toutes les autres formes de vie. Cette séparation arbitraire range dans le même sac tous les animaux non-humains, des grands singes aux acariens, sous le substantif : « animaux ». Au moins depuis Charles Darwin, on sait pourtant, comme cela vient d’être dit, que l’humain est un animal lui aussi. Pour l’antispécisme, l’infinie différence imaginaire de nature entre les humains et les autres espèces n’existe pas ; elle est remplacée par un continuum de degrés de complexité entre toutes les espèces.

La deuxième manifestation du spécisme fait que les égards que nous avons pour certains animaux sont différents de ceux que nous avons pour d’autres, du seul fait qu’elles n’appartiennent pas à la même espèce. Nous avons des chouchous ! Par exemple, en France, il est arbitrairement admis que les chiens et les chats sont des animaux de compagnie alors que les bovins, les cochons, les agneaux les poules… sont des ressources que l’on peut consommer.

Spécime, version développée

C’est en 1970, dans une brochure peu diffusée, que Richard Ryder a créé ce mot (en anglais « speciesism ») par analogie avec les mots « racisme5 » et « sexisme ».

Le terme a été popularisé par le philosophe utilitariste australien Peter Singer. Dans son ouvrage fondateur La Libération animale, celui-ci confirme qu’il doit ce mot à Richard Ryder6. Le spécisme est consubstantiel au racisme et au sexisme. Tous trois sont en effet de la même essence ; tout comme le racisme est une discrimination selon la race et comme le sexisme est une discrimination selon le sexe, le spécisme est une discrimination selon l’espèce. Au substantif « spécisme » correspond l’adjectif « spéciste ». Ces deux mots entraînant « antispécisme » et « antispéciste ». En France, Cahiers antispécistes7 est une revue fondée en 1991 dont le but est de remettre en cause le spécisme et d’explorer les implications scientifiques, culturelles et politiques d’un tel projet.

On peut distinguer deux faces de l’idéologie spéciste. Je les appellerai : « le spécisme recto » et « le spécisme verso ».

Spécisme recto, l’espèce élue

+) L’une des manifestations du spécisme crée arbitrairement une frontière distincte entre les animaux humains et les animaux non-humains pour placer les humains infiniment au-dessus de toutes les autres formes de vie. Cette conviction, purement essentialiste, va parfois très loin : j’ai entendu une personne me maintenir que Dieu avait créé l’Univers tout entier pour l’homme. Selon cette croyance, nous serions donc l’espèce élue.

Cette face du spécisme place donc l’humain d’un côté d’une frontière imaginaire et toutes les autres créatures de l’autre. Cette séparation arbitraire range dans le même sac tous les non-humains, des grands singes aux acariens en passant par les limaces, sous le substantif : « animaux ». D’un côté l’humain, donc, essentiellement distinct et infiniment supérieur à tout ce qui vit, de l’autre les autres animaux. C’est aussi simple que cela. D’après l’humain, l’humain est tellement supérieur que comparativement à lui, il n’y a aucune différence notable entre un gorille et un pou. Un peu comme par rapport à la hauteur de la tour Eiffel, il n’y a pas de différence notable entre la taille d’une souris et d’une fourmi. Il se trouve pourtant que, dans la complexité des êtres, des simples méduses aux plus évolués, existe une progression continue, et non une séparation franche laissant supposer que nous sommes d’une essence spéciale et suprême. Comme les autres animaux, nous faisons pipi et caca, nous mourons ; nous n’avons rien de créatures éthérées, de purs esprits emplissant tout l’Univers, nous ne sommes pas des dieux. Nous verrons plus loin que, en plus de cela, rien ne permet vraiment de dire que nous sommes tout en haut de ce continuum d’évolution. Quoi qu’il en soit, entre les humains et les autres espèces, il n’y a aucune différence de nature ; il a seulement des différences de formes et de degré de complexité. Ceci n’est pas mon opinion mais un fait constaté et établi par la science : les neurosciences, la paléontologie et la paléoanthropologie…

La surestimation de l’homme par l’homme, cette estime hypertrophiée qu’il a de lui-même, a reçu plusieurs leçons à travers l’histoire. L’humain pensait qu’il était au centre de l’Univers et que ce dernier tournait autour de lui. Un jour, Copernic, appuyé plus tard par Galilée, a démontré que notre monde tournait autour du Soleil. Nous avons plus tard pris acte que notre étoile, le Soleil, n’est qu’une étoile de taille assez réduite parmi deux cents milliards d’autres étoiles dans notre seule galaxie, la Voie lactée. Et, que non ! Non, encore une fois, le Soleil ne se trouve pas au centre de cette dernière, mais à un endroit tout à fait quelconque de celle-ci, situé approximativement à égale distance du bord et du centre.

Mais ces leçons n’ont guère entamé la solide inclination des homo sapiens à se tenir exagérément en haute estime et ce manque manifeste d’humilité n’est évidemment pas sans conséquence, ni pour les non-humains ni pour eux-mêmes.

Le spécisme recto est l’enfant d’une forme trop répandue d’humanisme, ou du moins d’une de ses faces. L’humanisme est sans doute polymorphe, mais c’est spécialement de sa forme, hélas ! trop répandue d’« Homme-dieu » que je veux parler. Celui-ci en effet comprend deux faces, lui aussi. L’une d’elles ne peut que remporter notre totale adhésion ; celle qui défend les droits de l’homme et qui prêche l’égalité entre eux tous. L’autre donne des fondations au spécisme, car elle place l’humain au centre de tout, lui accordant tous les droits sur tout ce qui l’entoure. Ne rentre en considération que ce qui sert ou dessert les intérêts humains. Même quand nous sommes responsables des pires désastres écologiques, ce sont encore les conséquences pour l’homme qui nous préoccupent. Ce que nous faisons subir aux habitants non-humains de ce monde nous importe seulement si cela a des répercussions pour nous. Il s’agit en fait d’une protection de l’environnement ayant une finalité exclusivement anthropocentrique. Si nous exterminons tous les poissons, nous ne pouvons plus en pêcher, voilà la seule chose qui nous alarme. Voilà l’homme qui se met au centre de tout, qui en est très fier et qui appelle ça l’humanisme !

Afin de contourner l’usage courant des termes « les humains » et « les animaux », j’écrirai souvent « les humains » et les « non-humains », étant entendu que tous sont des animaux. Quand je mettrai le terme « animal » en italique, ce sera pour faire comprendre que je l’emploie dans son sens archaïque, malheureusement encore le plus connu actuellement, c’est-à-dire « non-humain ».

Spécisme verso, nos chouchous

+) La deuxième face du spécisme fait que les égards que nous avons pour certaines créatures sont différents de ceux que nous avons pour d’autres, du seul fait qu’elles n’appartiennent pas à la même espèce. Nous avons des chouchous ! Par exemple, en France, notre société a arbitrairement admis que les chiens et les chats sont des non-humains de compagnie et, qu’à ce titre, ils méritent toutes les considérations.

Prenons l’exemple de Mme et M. Untel qui sont des Français ordinaires. Nous imaginons aisément combien ils seraient scandalisés d’apprendre que leur voisin a égorgé son chien pour en faire du boudin, du saucisson et autres préparations destinées à être mangées. En seraient-ils aussi émus s’il s’agissait d’un cochon ?

Mme et M. Untel ont des têtes empaillées de chamois, de bouquetins, de cerfs ou autres créatures accrochées à des murs. Ils n’en sont pas peu fiers. Ces braves personnes seraient pourtant les premières à hurler à l’horreur si vous les invitiez chez vous pour leur montrer une collection de têtes de chiens et de chats sur vos propres murs. Ils vous considéreraient comme un sinistre fou qu’il faut enfermer de toute urgence.

Pour Mme et M. Untel, les chats et les chiens sont des chouchous qui méritent bons soins et caresses tandis que d’autres espèces n’ont droit qu’à des coups de fourchette ou de fusil. Si vous leur demandez comment cela se fait, ils seront bien embêtés pour vous répondre, car ils ne le savent pas. Ils ne se sont jamais posé cette question. Pour eux, c’est comme ça, c’est tout.

Mme et M Untelchang sont Chinois. Il n’y a pour eux rien de plus normal que de manger des chiens.

Cette face du spécisme varie selon les cultures.

Dans les images révélées par l’association L214 en mai 2016, l’employé de l’abattoir de Pézenas qui « pour s’amuser » a crevé l’œil d’un mouton avec un couteau a simplement été écarté de la chaîne d’abattage durant une semaine. C’est tout.

Le 3 février 2014, « Farid de la Morlette » a brutalisé un chat en le lançant plusieurs fois en l’air. Il a été condamné à un an de prison ferme par le tribunal correctionnel de Marseille pour « actes de cruauté envers un animal domestique ou apprivoisé ».

Dans le premier cas : un mouton, dans le deuxième : un chat. Rien d’autre n’explique la différence entre les deux sanctions.

Le spécisme dans notre langue

Pour les humains, « être humain » veut dire : être quelqu’un de bien, tout simplement (et sans fausse modestie, on l’aura remarqué). Exemple : « Faire le bien avec une touchante humanité. » Pour les mêmes humains, « Bestialité » veut dire : « Se comporter comme une bête. » C’est-à-dire avec beaucoup de cruauté. Exemple : « Un meurtre commis avec bestialité. »

Ce type est un porc

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 ! Ces gens sont des bœufs

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 ! Vous êtes un âne

10

 !…

Sois mignon pour éviter le mépris d’homo sapiens

Je classe ce que je vais appeler « l’effet mignon » dans le spécisme parce qu’il a une influence sur nos préférences. Si un animal non-humain a la chance d’avoir un aspect physique que nous jugeons mignon ou beau, il a plus de chances de faire partie de nos chouchous. Pas toujours, mais ça aide. Ainsi, si les lapins sont la plupart du temps ingérés par nous ou torturés, entre autres, dans les laboratoires de vivisection, il peut advenir que certains soient câlinés. C’est mignon un petit lapinou ! Une dinde en revanche, ça ne mérite que de grossir le plus vite possible, dans le moins de place possible, pour se faire égorger le plus vite possible. Il faut dire qu’elles ne font guère d’effort pour être mignonnes, avec leur espèce de bazar rouge qui pendouille.

Antispécisme

+) Pour l’antispécisme, l’infinie différence imaginaire de nature entre les humains et les autres espèces n’existe pas ; elle est remplacée par un continuum de degrés de complexité entre toutes les espèces.

Ajoutons qu’une espèce n’est qu’une catégorie parmi d’autres qui regroupe des individus selon certains critères arbitrairement choisis, par exemple l’interfécondité. Ce critère est d’ailleurs peu fiable puisque le lion et le tigre, considérés comme des espèces différentes, sont interféconds, ainsi que l’âne et le cheval. La notion d’espèce est un concept humain sans valeur en lui-même. Il s’agit de quelque chose qui n’existe que dans notre esprit. Une espèce n’est pas sentiente ; elle n’éprouve rien, ni désir, ni peur, ni la souffrance… Seuls les individus sont véritablement vivants indépendamment de l’étiquette-espèce que nous collons sur eux.

Une espèce peut ne subir aucun dommage, en ce qui concerne le nombre d’animaux qui la composent. Pour cela, il suffit de faire naître autant que l’on tue. On dira alors que sa population reste stable. L’espèce donc ne subira aucune conséquence, mais cela n’empêchera pas les individus sentients qui en font partie de subir des souffrances puis la mort. Nos préoccupations morales doivent se concentrer sur les individus et non sur les espèces.

L’antispécisme est parfois interprété comme un égalitarisme donnant la même valeur à tous les animaux. Considère-t-il que toutes les vies, quelle que soit l’espèce, se valent ? Bien sûr que non ! Il suffit de pousser l’idée à l’excès pour se rendre immédiatement compte qu’elle est insane : la vie d’un pou ne peut pas avoir la même valeur que celle d’un·e humain·e. L’antispécisme ne le prétend pas.

Sur ce point, la ressemblance avec l’antiracisme et l’antisexisme trouve sa limite, car si l’antispécisme s’inspire de ces deux idées, il n’en est pas une transposition exacte appliquée aux espèces. En effet, autant il est juste de considérer que tous les humains sont égaux, quel que soit leur couleur de peau ou leur sexe, autant il tombe sous le sens que la vie d’une vache a plus de valeur que celle d’un acarien. L’antispécisme ne prétend donc pas que tous les animaux sont égaux (dans le même sens que « tous les hommes sont égaux »), ce qui serait évidemment absurde. Une hiérarchie de considération est reconnue ; cependant, elle n’est pas déterminée par l’espèce en elle-même, mais par les facultés mentales et la sentience des êtres. C’est en effet sur ces deux critères que repose la volonté de vivre et d’éviter les souffrances. Pour cette raison, il est bien plus difficile de hiérarchiser des espèces beaucoup moins éloignées qu’un bovin et un acarien : les vertébrés entre eux, par exemple.

L’antispécisme prétend-il que toutes les espèces ont les mêmes droits ? Non. Toujours pas ! Là encore, il suffit de considérer quelques exemples pour se rendre compte que cette idée est complètement absurde. Qu’est-ce qu’un escargot ou une girafe ferait du droit de conduire ? Une taupe du droit de voler ? Et tous les trois du droit de vote ou d’avoir un compte en banque ? Déjà entre êtres humains, nous n’avons pas tous les mêmes droits pour la simple raison que nous n’avons pas les mêmes besoins. Personne n’a jugé utile de donner aux hommes le droit d’avorter.

L’antispécisme est un antiracisme agrandi. Il ne réclame qu’une seule chose : l’égalité de considération des intérêts propres à chaque individu de chaque espèce. Tous les êtres de toutes les espèces ont un certain nombre d’intérêts en commun : celui de vivre libre, celui de ne pas souffrir, celui de disposer à sa guise de son propre corps et de toute son existence. Pour tout dire, celui de ne pas être tué, torturé, emprisonné ou exploité. Ensuite, chaque espèce a ses propres aspirations, celui de gratter le sol à la recherche de nourriture pour une poule, celui de lézarder au soleil pour un lézard…

Oui, mais alors, comment gérer le droit de la gazelle à disposer de sa vie et celui du lion à la manger pour qu’il puisse bénéficier de la sienne ?

Quelques antispécistes sont interventionnistes ; c’est-à-dire qu’ils souhaiteraient trouver des solutions pour éliminer les souffrances dues à la prédation de toutes les espèces11. Dans cet ouvrage je préfère parler des maux dont nous sommes directement responsables, nous les humains. Car, avant de se préoccuper du mal fait par d’autres, il me semble plus facile et plus urgent de ne plus faire de mal soi-même. Pour cela, en effet, il suffit de cesser notre propre prédation ; comme nous sommes les seuls capables de le faire, nous avons tout lieu de nous en féliciter et d’en être fiers. Pour résumer : étant les seuls à avoir le choix, nous sommes aussi les seuls à avoir cette responsabilité morale.

Mon propre véganisme est né de mon antispécisme. Mais il est possible d’être végane sans être antispéciste. On peut, en effet, penser que l’humain est infiniment supérieur par sa nature à toutes les autres formes de vie et se dire que c’est justement là une bonne raison d’être doué d’un grand sens moral, d’idéaliser la compassion et d’éprouver un besoin impératif de justice.

Courte histoire spéciste et un peu schizo

Les Untel sont de braves gens qui aiment sincèrement les animaux ; leur chien Médor ne manque pas d’affection ! Pour faire un cadeau à leur fille, ils ont acheté un joli lapin de compagnie dans une animalerie. La fillette est ravie ! Mme et M. Untel sont très attendris eux aussi devant cette jolie boule de poils très douce que l’enfant a baptisée Lapinou.

Au repas du soir, la famille a mangé du lapin à la moutarde. Le mort, dans la barquette pelliculée achetée au supermarché, et l’adorable compagnon qui dresse ses grandes oreilles en fronçant son petit nez se ressemblent si peu qu’il est très difficile de faire un lien entre eux. À la télévision, c’est l’heure des informations. Un reportage parle d’une certaine Mary Bale12 qui est devenue l’ennemie publique numéro un parce qu’elle a enfermé un chat dans une poubelle. Les Untel sont scandalisés ! Comment peut-on être aussi cruel ? s’exclament-ils à l’unisson. Un groupe Facebook a été ouvert pour la retrouver. Il compte des dizaines de milliers de membres dont certains disent qu’il faut la jeter elle aussi dans une poubelle, d’autres veulent même sa mort. Les Untel pensent que cette haine publique n’est que ce que mérite une personne qui traite les animaux ainsi. Quand la télévision change de sujet, M. Untel demande à sa femme si elle a pensé à réserver des billets pour la corrida. Elle le rassure : « Oui, c’est fait. » Ils sont contents. Ils aiment beaucoup la corrida, tous les deux.

Après le repas, c’est avec de la chair de lapin dans l’estomac que la petite fille caresse Lapinou avec une touchante tendresse. Elle aimerait rester un peu plus longtemps en compagnie de son animal-jouet, mais il est l’heure d’aller se coucher. Papa Untel la porte dans ses bras jusqu’au lit et lui donne son doudou, qui s’appelle tout simplement Doudou. C’est un petit lapin en poils de véritable lapin. La petite fille ne sait pas que cette jolie peluche, si douce, est recouverte d’une partie du cadavre d’un lapin qui fut aussi vrai que Lapinou. Avant de servir à recouvrir une peluche, le défunt animal « travaillait » dans un centre d’expérimentation animale. Il avait servi la connaissance humaine en permettant de savoir en combien de temps le white spirit détruisait ses yeux13. Les gentils câlins de la petite fille l’eussent peut-être un peu réconforté de sa cécité et des affreuses démangeaisons qu’il avait dû supporter dans son carcan, mais la seule peau qui restait de lui n’était pas en mesure de les apprécier. Partie d’un être elle fut, mais elle n’était plus qu’une partie d’objet. Le reste du corps de ce martyr de la « science » avait servi à faire de la pâtée pour chien ou chat. Qui sait ? Peut-être que Médor en avait mangé. Je ne saurais vous dire si ce lapin eut trouvé son infortune dulcifiée en apprenant combien il avait été utile à l’espèce humaine. Peut-être se serait-il senti un peu de la famille en étant tout à la fois sur la peluche de l’enfant et dans le ventre de Médor.

Pour que l’enfant s’endorme, M. Untel raconte à la fillette l’histoire des trois petits cochons et du méchant loup qui veut les manger.

— Méchant loup ! s’exclame l’enfant.

— Oui ! Il est méchant le loup. Il veut manger les petits cochons, confirme le papa en caressant affectueusement l’enfant qui s’endort.

Puis il ferme doucement la porte de la chambre de sa fille et va se préparer un sandwich au jambon pour manger au travail le lendemain. Il aime le jambon, M. Untel.

Lapinou, qui le regarde depuis l’intérieur de sa cage, ne sait ni ce qu’est un petit cochon, ni un méchant loup, ni le jambon. Pour lui, le monde se limite à la surface de sa cage et à ce qu’il voit derrière les barreaux.

Dissonance cognitive

Pourtant, les Untel sont de braves gens et ils pensent sincèrement aimer leurs animaux de compagnie, et même les animaux en général. Ils le pensent avec une réelle authenticité. Le fait qu’ils en mangent et qu’ils en chassent crée une contradiction que les psychologues appellent : « dissonance cognitive ». Il s’agit d’une simultanéité de pensées qui sont inconciliables, ce qui provoque un inconfort mental quand on cherche consciemment à les faire cohabiter de force. C’est pour cette raison qu’en général on évite d’y penser.

Animaliste / Animalisme

En partie comme l’humanisme, mais sans que l’humain possède tous les droits sur les autres espèces du monde. Les animaux non-humains sont dignes de considération morale de la part des humains. La raison de cela n’est pas qu’ils font partie d’un tout appelé « nature », que l’on voudrait sauvegarder pour le plaisir des humains, mais parce qu’en tant qu’individus, ils ont tous des intérêts et des droits qui doivent être respectés.

Abolitionniste / Abolitionnisme

+) Les abolitionnistes sont partisans de l’abolitionnisme : l’abolition de l’exploitation animale. À l’opposé des welfaristes (voir plus bas), ils ne souhaitent pas qu’on améliore les conditions de l’exploitation, mais militent pour obtenir une totale cessation de toutes les formes d’exploitation de toutes les espèces. Les véganes sont majoritairement abolitionnistes, mais… nous en reparlerons. Certains précisent « strictement abolitionnistes » pour bien se distinguer de ceux qu’ils appellent les « néo-welfaristes » (voir plus bas).

Welfariste / Welfarisme

+) Les welfaristes militent pour le welfarisme : obtenir des réformes en faveur d’une exploitation animale moins cruelle. Plus de place dans les cages, transport moins éprouvant, procédés d’abattage précédés d’un étourdissement efficace… tout ce qui pourrait rendre l’exploitation des animaux non-humains moins horrible. Comme ils sont pour la mise en place de réformes, on les dit réformistes.

Les welfaristes veulent continuer à manger et exploiter les animaux, mais ils désirent améliorer les conditions d’exploitation.

Néo-welfariste / Néo-welfarisme

La frontière séparant les pays de l’abolitionnisme et celui du welfarisme est habitée des deux côtés par les néo-welfaristes. C’est en tout cas comme ça que certains abolitionnistes les plus radicaux appellent ceux qui sont pour l’abolition, mais qui espèrent l’obtenir petit à petit, par une succession de réformes donnant de plus en plus de droits aux animaux.

Les abolitionnistes reprochent aux néo-welfaristes de retarder l’abolition en rendant, par des réformes, l’exploitation plus acceptable aux yeux du public. « On ne supprime pas un mal en réduisant ses effets », expliquent-ils.

Ceux qui tentent d’obtenir l’abolition par des réformes successives reprochent aux stricts abolitionnistes d’essayer d’obtenir d’un seul coup quelque chose qui, selon eux, ne peut être obtenu que par étapes ; c’est un peu comme dire qu’on ne peut pas monter un haut escalier d’une seule enjambée sans toucher une seule marche. Ils font également remarquer que, en restant campé sur une position de tout ou rien, on n’obtient aucune avancée pour le sort des animaux en attendant l’abolition.

Mentaphobie

La « mentaphobie » est un terme inventé par Donald Griffin, éthologue biologiste qui a fondé l’éthologie cognitive. Il a proposé ce mot pour mettre en exergue l’embarras de ses pairs à accepter de parler de conscience pour décrire le comportement des animaux non-humains.

Oui, les humains pensent beaucoup que les non-humains pensent peu !

Utilitarisme

Fondé par le philosophe et juriste britannique Jeremy Bentham, l’utilitarisme est une doctrine, en politique et en philosophie éthique, recommandant d’agir ou de ne pas agir de sorte à optimiser le bien-être collectif, ce dernier étant conçu comme la somme du bien-être de l’ensemble des êtres concernés. Chaque décision doit donc être prise pour obtenir la plus grande somme possible des bien-être ou la plus petite somme possible de désagréments. L’utilitarisme est une branche du conséquentialisme qui mesure la pertinence des actions en fonction de la prévision de leurs conséquences.

L’utilitarisme fait souvent appel à des choix cornéliens, même si, mathématiquement, ils semblent s’imposer. Choisir de sacrifier une personne pour en sauver plusieurs… ce genre de situations.

Déontologisme

Le déontologisme est une doctrine qui s’oppose à l’utilitarisme en affirmant que les actions humaines sont à juger uniquement sur des principes moraux, et non selon leurs conséquences. Par exemple : il n’est pas bien de sacrifier une personne, même si c’est pour en sauver plusieurs, ou : il ne faut mentir en aucune circonstance, même avec la meilleure intention.

Agent moral et patient moral

La philosophie éthique distingue les « agents moraux » et les « patients moraux ».

Un agent moral est considéré comme responsable de ses actes, car on lui attribue la capacité de distinguer le bien du mal. Il a des devoirs moraux envers les autres agents moraux, mais aussi envers les patients moraux. Il a également des droits moraux que doivent respecter les autres agents moraux.

Un patient moral n’est pas considéré comme responsable de ses actes, car on ne lui attribue pas la capacité de distinguer le bien du mal. Les patients moraux sont, par exemple : les enfants humains en bas âge, certaines personnes atteintes d’un handicap mental. Les patients moraux n’ont pas de devoirs moraux envers qui que ce soit, mais ils ont tout de même des droits que doivent respecter les agents moraux.

Les penseurs du mouvement de libération animale souhaitent que l’on considère les animaux non-humains comme des patients moraux. C’est parfois déjà le cas, mais pas toujours, loin de là. Mme et M. Untel seront sans doute agacés si Médor mordille un livre, mais, sachant que leur compagnon à quatre pattes ne l’a pas fait avec la conscience de nuire, ils ne lui en voudront pas plus que ça. Comme ils continueront à s’occuper de leur chien pour qu’il ne manque de rien, ils se comporteront comme de bons agents moraux. M. Untel rêve de participer un jour à un safari africain pour tuer un grand tigre près duquel il pourra se faire photographier. Un jour, il a entendu dire qu’un tigre avait tué un homme. Il ne fait aucun rapprochement entre son désir de trophée et cette information. Pour lui, un homme qui tue un tigre est un sacré chasseur ! Untigre qui tue un homme est une bête féroce. Pour M. Untel, les rôles se sont apparemment inversés, l’humain est devenu un patient moral pour le fauve, puisque le chasseur n’a pas conscience de faire quelque chose de mal en tuant le tigre ; à moins qu’il en ait conscience mais qu’il s’en moque, auquel cas, il est simplement amoral. Pour M. Untel, le tigre est devenu un agent moral, car il devrait avoir conscience du mal qu’il fait en tuant un humain.

1) rebrand.ly/DonaldWatson

2) Pour approfondir ce sujet, je conseille cet article d’Estiva Reus : rebrand.ly/EstRmdly

3) Une des sources : rebrand.ly/regnes

4) Je le remercie chaleureusement de m’avoir accordé l’autorisation d’utiliser cette œuvre.

5) Bien que la science ait démontré que les races n’existent pas, elles ont perduré sous la forme d’une conception sociale. Ce n’est que pour cette raison que les mots relatifs au racisme gardent un sens.

6) Peter Singer La Libération animale. Editions Payot & Rivages, 2012. Note 5, p 429.

7) www.cahiers-antispecistes.org/

8) Pour parler de la viande, on utilise le mot « porc », tandis que « cochon » désigne l’animal vivant. Les cochons d’élevage subissent des conditions de détentions qui les obligent à vivre tassés les uns sur les autres dans leurs déjections. Leurs congénères sauvages ou les sangliers sont très propres.

9) Ce qui est un peu cynique, car les bœufs sont des bœufs parce qu’ils ont été castrés par les humains.

10) Les ânes sont des animaux très intelligents et attachants. On les prétend « bêtes » parce qu’ils ne sont pas toujours dociles. En effet, ils préfèrent disposer d’eux-mêmes, plutôt que de transporter des humains ou de lourdes charges à leur service.

11) Si le sujet vous intéresse, renseignez-vous sur le RWAS (Reducing Wild-Animal Suffering) par exemple là : rebrand.ly/can4170baf

12) rebrand.ly/MaryBale

13) Voir le test de Draize dans le chapitre consacré à la vivisection.

RÉFLEXIONS PRÉLIMINAIRES

Que sont la douleur et la souffrance ?

Chacun sait ce qu’est la douleur pour l’avoir expérimentée au moins quelques fois. Je veux parler de la douleur purement physique, celle qui est généralement associée à une atteinte ou à un risque d’atteinte à l’intégrité d’une plus ou moins grande partie de notre corps. La douleur peut être très aiguë et de courte durée, ou moins violente, mais persistante. Enfin, bon… je ne vais pas m’éterniser sur le sujet, car nous avons tous, malheureusement, une bonne idée de ce qu’est la douleur. Je veux rappeler que sa fonction d’alarme est essentielle, car elle nous prévient que quelque chose met notre corps en danger.

Nous n’avons pas tous la même sensibilité à la douleur. En prenant les extrêmes, certains frisent l’arrêt cardiaque en se pliant un ongle, d’autres se feraient presque arracher une dent sans anesthésie en gardant le sourire. Nous n’avons aucun moyen de mesurer la douleur objectivement. Les douleuromètres n’existent pas.

La douleur et la souffrance sont plus ou moins des synonymes, mais au substantif « souffrance » est relié le verbe « souffrir », alors qu’aucun verbe n’est relié au substantif « douleur ». On peut dire qu’on souffre, mais on ne peut pas dire qu’on douleure.

Le mot « souffrance » exprime aussi, me semble-t-il, un peu plus les dimensions psychologiques que sont la peur, l’anxiété, la tristesse, la lassitude, l’ennui, les frustrations… tous ces genres de trucs sympas… Je ne veux pas gâcher l’ambiance, mais, pour que certaines choses qui vont suivre soient mieux comprises je souligne que pour soulager, un peu, les grandes douleurs physiques persistantes, le corps produit de l’endorphine (morphine endogène). En ce qui concerne les grandes souffrances morales, l’esprit n’a d’autre recours que de se réfugier dans l’amnésie, la catatonie et autres « folies ». Voilà, c’est dit, et cela permettra de comprendre le comportement des animaux placés dans certaines conditions.

Les souffranciomètres n’existent pas non plus. Nous ne pouvons que nous fier à ce qu’exprime celui qui souffre par la parole ou par son attitude. Quand la langue de celui-ci nous est inconnue, il ne nous reste plus que ses cris et ses mimiques pour comprendre et évaluer sa souffrance. Mais si ce qui nous sépare de celui qui souffre est plus grand que la barrière de la langue, s’il ne peut grimacer parce qu’il n’a ni un visage sur lequel nous savons lire les émotions, ni des inflexions de voix que nous avons l’habitude de déchiffrer, ça devient plus difficile d’appréhender son épreuve. Il arrive même qu’il soit totalement muet pour nos oreilles, et que ce qui lui tient lieu de visage soit dénué de toute expression lisible pour nous. Notre souffranciomètre subjectif affiche alors la valeur « 0 ».

Avec un minimum de réflexion, nous pouvons cependant savoir avec une quasi-certitude que toutes les créatures (disposant d’un système nerveux) souffrent dans certaines circonstances.

La nociception est la détection des stimuli nocifs. Alarmé par des capteurs, des cellules réceptrices appelées nociceptives, le système nerveux envoie un signal, appelé douleur, au cerveau pour lui signifier qu’il y a un danger quelque part, une source de chaleur par exemple. Il suffit de comprendre que la douleur n’est pas quelque chose qui nous a été donné pour nous gâcher la vie, mais que c’est un signal qui nous incite à éviter ce qui est hostile à l’intégrité de notre corps. Se couper un ongle ou les cheveux ne fait pas mal, parce que c’est sans conséquence pour l’intégrité de notre corps ; en revanche, se couper un bras ou se percer le crâne fait mal parce que ça porte atteinte à son bon fonctionnement. Comme l’eût dit Bourvil : « Forcément il marchera beaucoup moins bien ! »

Comment une espèce aurait-elle pu perdurer sans un signal l’incitant à fuir tout ce qui met son existence en danger ?

Avec un minimum de bonne foi, nous pouvons conclure que tous les animaux, humains ou non-humains, souffrent lorsqu’on les brutalise ou qu’on les blesse.

Mais, il n’y a pas que la douleur, la souffrance physique. Il y a aussi la souffrance morale. Ce serait bien trop long de disserter sur ce sujet bien sûr, mais en considérant les conditions extrêmes que je décrirai plus loin, je prends sans hésiter le risque de prétendre qu’il faudra une dose massive de mauvaise foi pour douter qu’elles sont des sources de souffrances autant physiques que morales.

POURQUOI ÊTRE VEGAN ?

Je le suis moi-même depuis le 27 novembre 2015, seulement. Me sens-je supérieur parce que je suis végane ?

À cette question, parfois posée avec une pointe de défi ou d’agacement, je réponds que non. C’est justement, à l’inverse, parce que je ne me sens pas supérieur (en ce qui concerne la capacité à souffrir), aux autres animaux de mon monde, que je suis devenu végane.

Je suis même très loin de revendiquer la paternité de mon propre véganisme. Je me sens très humblement l’élève des grands initiateurs de la libération animale, tels que Peter Singer. Je prends cet exemple, parmi d’autres, parce que le titre de son ouvrage fondateur est justement La Libération animale. C’est par pur hasard que j’ai lu cet ouvrage, je ne peux même pas m’attribuer le mérite d’avoir enfin réalisé que j’étais spéciste et qu’il fallait que je devienne végane. Rien ne vient de moi, donc. Rien.

*

Comme je le disais dans l’introduction, nous allons à présent voir quatre raisons d’être végane.

COMPASSION ENVERS LES HUMAINS.

COMPASSION ENVERS LES AUTRES ANIMAUX.

BIENFAITS POUR LA SANTÉ.

BIENFAITS POUR LA PLANÈTE.

De ces quatre raisons, seule la compassion envers les autres animaux a motivé mon véganisme. Je regarde les trois autres raisons comme des cerises sur le gâteau qui sont, ma foi, fort bienvenues, mais je veux souligner et mettre en gras que ma motivation au départ était uniquement : la compassion envers les autres animaux.

Pourquoi me voyez-vous insister sur ce point ?

J’ai constaté que la compassion envers les animaux est souvent taxée de sensiblerie ; elle appelle les sourires condescendants, parfois bienveillants, parfois moins. J’ai même rencontré quelques personnes qui, très sensibles au sort des animaux, se sentent obligées de justifier leur végétalisme sous couvert des autres raisons. Gardant le silence sur leur « sensiblerie », elles évoquent la faim dans le monde, leur santé ou l’écologie.

Comment le sais-je ? Ben… Je le sais parce qu’elles me l’ont dit. Elles m’ont confié qu’elles étaient mal à l’aise, qu’elles avaient du mal à supporter les regards entendus et les railleries.

Je suis de ceux qui pensent sans ambiguïté que notre manière d’agir envers les autres habitants du monde doit rester la préoccupation éthique principale, voire unique, du véganisme ; elle doit rester boulonnée à la place centrale qui lui revient légitimement.

Les nouveaux véganes, heureusement de plus en plus nombreux, ne doivent pas avoir honte de leur « sensiblerie ». Ils peuvent, bien au contraire, être fiers de participer à cette marche, que rien n’a jamais définitivement arrêté, qu’on appelle l’Évolution.

La libération animale sera un progrès éthique considérable, bien plus grand que ne l’a été l’abolition (officielle) de l’esclavage. Un progrès dont l’humanité pourra être encore beaucoup plus fière.

Pourquoi ça ? en vois-je s’étonner. Non, ce n’est pas parce que les animaux non-humains comptent plus que les humains, bien sûr ! Ce n’est pas du tout pour cette raison.

C’est parce que, pour la première fois, les victimes de l’oppression et de l’exploitation ne pourront pas participer à la lutte ; elles ne pourront même pas demander leur libération. Il faudra que les libérateurs le fassent pour elles, qu’ils se passent de leur aide et qu’ils ne comptent même pas sur la reconnaissance explicite des opprimés quand ils seront libérés par leurs efforts. Les affranchisseurs n’auront comme seule récompense que le bien-être en leur for intérieur de savoir qu’ils ont fait ce qui était juste. Or, ceux qui se contentent de cette récompense sont grands. Très grands ! C’est pour cette raison-là que cette étape sur la voie du progrès moral sera considérable.

Ce n’est que grâce à l’influence de ceux qui en ont pris conscience avant moi que je l’ai réalisé à mon tour. La clairvoyance avant-gardiste de leur esprit force mon admiration et je les remercie de m’avoir éclairé.

COMPASSION ENVERS LES AUTRES ANIMAUX

Ceux qui ont lu mes romans de science-fiction sauront quel intérêt je porte au progrès scientifique et technologique. Mais, comment être fier de notre espèce sans considérer également notre évolution éthique ? Sans pour autant confondre le logos avec le pathos, j’ai envie de dire qu’en éthique, comme en science, on peut prendre appui sur des axiomes. Je vais poser celui-là :

1) Produire de la souffrance sans nécessité absolue est mal.

Les personnes qui pensent le contraire peuvent arrêter de lire, car ce qui suivra sera pour elles sans fondement.

À celles et ceux qui approuvent et qui veulent bien prendre cette déclaration comme un fondement moral, je vais à présent affirmer deux choses qui seront démontrées ou argumentées plus loin :

2) Il est absolument certain qu’il n’y a aucune nécessité à consommer des ressources animales pour vivre en bonne santé.

3) Consommer des ressources animales produit de la souffrance.

Nul besoin de développer un syllogisme, il nous saute à l’esprit que :

Consommer des ressources animales est moralement condamnable.

Voyons pour commencer ce qu’il en est de la nécessité de consommer des ressources d’origine animale pour vivre enbonne santé. Puis, nous verrons dans quelle mesure l’exploitation animale produit de la souffrance.

Nécessité des ressources animales

Les nutriments d’origine animale sont-ils nécessaires ? Tout ce qui va suivre repose sur le fait que : non.

Non, les nutriments d’origine animale ne sont pas nécessaires pour la santé. Contrairement à ce que j’avais moi-même toujours cru durant la plus grande partie de ma vie, c’est-à-dire avant fin décembre 2015, il est parfaitement possible de vivre en bonne santé sans aucune ressource animale, pour peu qu’on se complémente en vitamine B12. C’est-à-dire avec un régime végétalien. D’où sors-je14 donc cela ? De là par exemple :

Academy of Nutrition and Dietetics

(Académie de nutrition et de diététique)15

Il s’agit de la plus grande association de professionnels de la nutrition ; elle est formée de plus de 110 000 membres nutritionnistes et diététiciens16 :

Les alimentations végétariennes bien conçues (y compris végétaliennes) sont bonnes pour la santé, adéquates sur le plan nutritionnel et peuvent être bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies. Les alimentations végétariennes bien conçues sont appropriées à tous les âges de la vie, y compris pendant la grossesse, l’allaitement, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence, ainsi que pour les sportifs.17

British National Health Service

(Service national de santé britannique)

Avec une bonne préparation et une bonne compréhension de ce qui compose une alimentation végétalienne saine et équilibrée, vous pouvez trouver tous les nutriments dont votre corps a besoin.18

Les diététistes du Canada

Un régime végétalien bien planifié est sain.

N’importe qui peut suivre un régime végétalien, des enfants aux adultes âgés en passant par les adolescents. Il est même sain pour les femmes enceintes et les mères qui allaitent. Un régime végétalien bien planifié est riche en fibres, en vitamines et en antioxydants. De plus, il est pauvre en gras saturés et en cholestérol. Cette combinaison saine contribue à prévenir les maladies chroniques.

Les végétaliens ont des taux de maladies cardiaques, de diabète et de certains types de cancer plus faibles que ceux des non végétaliens. Les végétaliens ont aussi une tension artérielle plus basse que celle des mangeurs de viande et des végétariens et sont moins susceptibles d’avoir un excès de poids.19

Ministère de la Santé d’Israël

L’usage de suppléments nutritifs pour le bébé végétarien ou végétalien sera comme pour les bébés nourris avec des aliments d’origine animale.20

Association des diététiciens d’Australie

Les régimes végétariens planifiés de manière appropriée, y compris les régimes totalement végétariens ou végétaliens, sont sains et adéquats d’un point de vue nutritionnel. Les régimes végétariens bien planifiés conviennent aux individus à tous les stades du cycle de vie.

Les personnes qui suivent un régime végétarien ou végétalien strict peuvent satisfaire les besoins en nutriments tant que les besoins énergétiques sont satisfaits et qu’une variété appropriée d’aliments végétaux est consommée tout au long de la journée.21

—— Texte original——

Appropriately planned vegetarian diets, including total vegetarian or vegan diets, are healthy and nutritionally adequate. Well-planned vegetarian diets are appropriate for individuals during all stages of the life-cycle.

Those following a strict vegetarian or vegan diet can meet nutrient requirements as long as energy needs are met and an appropriate variety of plant foods are eaten throughout the day.

Ministère de la santé de Nouvelle-Zélande

En tant que végétalien, vous pouvez obtenir tous les nutriments essentiels de l’alimentation sans manger de produits d’origine animale. Lorsque vous planifiez des repas végétariens, il est utile de connaître les nutriments des différents aliments afin de tirer le meilleur parti des aliments que vous consommez.

En tant que végétarien, vous devez vous assurer que les aliments que vous mangez contiennent suffisamment de protéines, de fer, de vitamine B12 et de calcium. Vous pouvez obtenir ces nutriments essentiels à partir de sources autres que la viande en consommant une variété d’aliments, notamment des fruits, des légumes, des légumineuses, des produits à base de soja, des céréales complètes, des noix et des graines.22

Nombreuses autres sources : rebrand.ly/VegPraPM

L’appel aux autorités françaises de 2017

Octobre 2017 : Une quarantaine de professionnels de santé appellent les autorités françaises à reconnaître que l’alimentation végane est saine et possible à tous les âges de la vie. Ils réclament une évolution des publications officielles afin d’informer la population. Extrait de l’article du 25 Octobre 2017 de France Soir :