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Extrait : "De retour d'un voyage en Abyssinie et au Harrar, je me suis permis de vous adresser les quelques notes suivantes sur l'état actuel des choses dans cette région. Je pense qu'elles contiennent quelques renseignements inédits et quant aux opinions y énoncées, elles me sont suggérées par une expérience de sept années de séjour là-bas. Comme il s'agit d'un voyage circulaire entre Obok, le Choa, Harrar et Zeilah, permettez-moi d'expliquer que je descendis à Tadjourah..."
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Seitenzahl: 25
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335054514
©Ligaran 2015
Cette relation du voyage d’Arthur Rimbaud en Abyssinie et au Harrar a été signalée dès 1914 par Paterne Berrichon dans un article intitulé : Rimbaud et Ménélick (Mercure de France, 16 février 1914), mais le beau-frère du poète n’a pas eu connaissance exacte des Notes écrites à ce sujet. Elles ont été retrouvées, dans deux numéros du Bosphore Égyptien, (25-27 août 1887), par M. J.-M. Carré qui les présenta dans le Mercure de France du 15 décembre 1927, où ses commentaires pourront être consultés avec fruit, et où il écrit, avec vérité, que c’est « le document le plus important et le plus détaillé que nous tenions, de la main même de Rimbaud, sur son existence africaine ».
(N. de l’Éd.)
À M. LE DIRECTEUR DU " BOSPHORE ÉGYPTIEN ”
Monsieur,
De retour d’un voyage en Abyssinie et au Harrar, je me suis permis de vous adresser les quelques notes suivantes sur l’état actuel des choses dans cette région. Je pense qu’elles contiennent quelques renseignements inédits et quant aux opinions y énoncées, elles me sont suggérées par une expérience de sept années de séjour là-bas.
Comme il s’agit d’un voyage circulaire entre Obok, le Choa, Harrar et Zeilah, permettez-moi d’expliquer que je descendis à Tadjourah au commencement de l’an passé dans le but d’y former une caravane à destination du Choa.
Ma caravane se composait de quelques milliers de fusils à capsules et d’une commande d’outils et fournitures diverses pour le roi Ménélik. Elle fut retenue une année entière à Tadjourah par les Dankalis, qui procèdent de la même manière avec tous les voyageurs, ne leur ouvrant leur route qu’après les avoir dépouillés de tout le possible. Une autre caravane, dont les marchandises débarquèrent à Tadjourah avec les miennes, n’a réussi à se mettre en marche qu’au bout de quinze mois et les mille Remington apportés par feu Soleillet à la même date gisent encore, après dix-neuf mois, sous l’unique bosquet de palmiers du village.
À six courtes étapes de Tadjourah, soit environ soixante km., les caravanes descendent au lac salé par des routes horribles rappelant l’horreur présumée des paysages lunaires. Il paraît qu’il se forme actuellement une société française pour l’exploitation de ce sel.
Certes, le sel existe, en surfaces très étendues, et peut-être assez profondes, quoiqu’on n’ait pas fait de sondages. L’analyse l’aurait déclaré chimiquement pur, quoiqu’il se trouve déposé sans filtrations aux bords du lac. Mais il est fort à douter que la vente couvre les frais du percement d’une voie pour l’établissement d’un Decauville, entre la plage du lac et celle du golfe de Goubbet-Kérab, les frais de personnel et de main-d’œuvre, qui seraient excessivement élevés (tous les travailleurs devant être importés, parce que les Bédouins Dankalis ne travaillent pas) et l’entretien d’une troupe armée pour protéger les travaux.