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Nous sommes en 2038. Le nombre des naissances de garçons est en chute libre depuis une vingtaine d’années, sans raison apparente. L’homme rejoint les espèces en voie de dispari-tion. Les politiques tentent d’apporter des solutions sur le court terme, et les chercheurs des explications plausibles auxquelles se raccrocher. Face à l’urgence de la situation et au vi-sage changeant de la société, les hommes et les femmes n’ont pas d’autre choix que de se repositionner, en quête d’une identité redéfinie à la lueur d’une réalité nouvelle.
Et si les hommes disparaissaient ? Sans Y, il reste X et une vision moins polarisée de la so-ciété. Pièce d’anticipation s’inspirant des dernières études scientifiques, Y, la disparition est une dystopie laissant entrevoir un futur qui redessine la frontière des genres.
Durée de la pièce : environ 1h20
Comédie en trois actes
Acte 1 : 5 scènes
Acte 2 : 6 scènes
Acte3 : 5 scènes
À PROPOS DE L’AUTRICE
Journaliste depuis plus de vingt ans dans le domaine de la santé et de la culture, Ange Lise écrit en fourmi qui accumule les manuscrits dans les tiroirs, en boulimique qui savoure les mots comme des gâteaux, en naufragée qui compte bien construire un radeau avec ses lignes pour éviter de se noyer trop vite.
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Seitenzahl: 50
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Ange Lise
Comédie de genre
ISBN : 979-10-388-0763-1
Collection : Entr’Actes
ISSN : 2109-8697
Dépôt légal : octobre 2023
© couverture Ex Æquo
© 2023 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays
Toute modification interdite
Éditions Ex Æquo
6 rue des Sybilles
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Édith
La femme politique
L’homme politique
La journaliste
La féministe
L’illuminée
Deux Femen
L’escroc
Deux Homen
La femme au journal
Le mari enceint
La danseuse
L’homme du bar
La femme en grève
Le mari subissant la grève
La jeune femme enceinte
Un danseur de twirling bâton
Oscar, le squelette
Sur scène, un jardin de ballons gonflés à l’hélium, comme des fleurs à cueillir.
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(Édith entre en scène, en tenant un squelette de cours d’anatomie par la main, comme si c’était son partenaire. Elle s’avance doucement et s’adresse directement au public.)
ÉDITH
Je cherche un homme… Un vrai…
(Elle regarde le squelette avec attention.)
Je n’ai pas trouvé mieux ! Je vous présente Oscar. On s’est tout de suite plu. Ses conversations manquent un peu de chair, mais je parle pour deux. Il n’a pas vraiment d’âge, mais il a de beaux restes. Avec un peu de chance, on fera de vieux os ensemble…
(Une alarme retentit. Édith se retourne avec anxiété vers le compteur. On passe de 221 à 222. Elle accueille l’info avec enthousiasme.)
Et une de plus ! Vous voyez ce compteur ? Il affiche le nombre de naissances de garçons en France depuis le début de l’année. Deux cent vingt-deux. C’est mieux que rien. On est en 2038 et l’homme vient d’être officiellement classé dans la catégorie des espèces en voie de disparition. Et ça ne date pas d’hier… Mais il aura fallu vingt ans pour que les politiques commencent à réagir.
Au début, le phénomène est passé quasiment inaperçu. Et puis, au bout de quelques recensements, de quelques enquêtes, on s’est rendu compte qu’il y avait plus de naissances de filles que de garçons. Pas de quoi inquiéter la population non plus, mais susciter la curiosité d’un chercheur spécialisé dans la fécondation in vitro. Il a tiré la sonnette d’alarme avec un constat accablant. Une chute phénoménale du nombre de mâles qui s’accentue au fil des années sans cause apparente. Il n’a pas été entendu, évidemment. On l’a pris pour un vieux macho et il s’est fait rabrouer par les mouvements féministes qui lui ont rétorqué qu’un monde avec un peu moins d’hommes ne se porterait pas si mal. Il a continué ses recherches, en silence, pour essayer de déterminer les raisons de ce qui représentait pour lui une mutation dramatique pour l’avenir de l’humanité.
Quelques années plus tard, ce sont les maîtresses qui ont lancé une alerte. Dans les classes de maternelle, elles ne voyaient plus défiler que des petites filles. Des témoignages de mamans, qui cherchaient désespérément à avoir un petit gars à inviter à un anniversaire, pour un rôle dans une pièce de théâtre ou pour constituer, tout simplement, une équipe de football, ont commencé à se multiplier. Et un article d’un journaliste respecté dans le monde de la science a mis le feu aux poudres : « Y, la disparition ». Le débat était lancé. Le chercheur, qui attendait patiemment son heure, est revenu sur le devant de la scène avec de nouvelles explications à apporter. Les perturbateurs endocriniens qui polluent l’environnement, de l’eau à notre assiette, étaient les grands responsables. Il a pu compter sur le soutien des écologistes pour désigner les coupables.
On s’est aperçu que la tendance était mondiale et ne concernait pas seulement la France. Les politiques, entrevoyant le danger, ont commencé à s’agiter. La parole s’est déchaînée dans les médias, laissant parfois un espace à des théories farfelues et à l’émergence de nouveaux escrocs, proposant des solutions très coûteuses pour être sûre d’avoir un fils à l’accouchement.
(Un escroc, style gourou, fait son entrée en scène, côté cour.)
L’ESCROC
Je tiens à préciser que mes méthodes sont 100 % naturelles et s’appuient sur un savoir ancestral.
ÉDITH
Prouvé ?
L’ESCROC
Par ma grand-mère, oui ! Et la preuve ultime (Il se désigne avec fierté.) c’est que je suis bel et bien là.
ÉDITH
C’est quoi votre méthode ?
L’ESCROC
Rajouter une épice spécifique à chaque repas pendant les neuf mois de grossesse.
ÉDITH
Ça a l’air simple…
L’ESCROC
Ça l’est ! À condition de n’utiliser que des épices que je produis à cet usage.
ÉDITH
Le tarif ?
L’ESCROC
300 € pour le premier trimestre, 600 € pour le deuxième, 900 € pour le troisième.
ÉDITH
Ce n’est pas donné !
L’ESCROC
C’est le prix à payer pour avoir un fils.
ÉDITH
Et si jamais on obtient une fille à l’arrivée, c’est satisfait ou remboursé ?
L’ESCROC
Ah non ! Dans ces cas-là, vous aurez commis un écart dans votre régime alimentaire et je n’y peux rien. Il faudra réessayer avec plus d’application au prochain coup.
ÉDITH
En gros, vous avez une chance sur deux de réussir. Un peu facile, non ?
L’ESCROC
Vous êtes trop vieille pour essayer de toute manière.
(Le gourou sort, laissant Édith faussement choquée. Elle reprend son récit.)
L’Europe a fini par interdire l’ensemble des perturbateurs endocriniens, mais pour beaucoup, il était déjà trop tard. D’autres y ont vu une punition du ciel.
(Entre en scène, côté jardin, une douce illuminée, jolie baba cool ambiance pastel…)
L’ILLUMINÉE
L’homme a voulu défier Dieu, Dieu donne une leçon à l’homme en le faisant disparaître ! L’homme est responsable de la violence, de la guerre, de la haine, de la destruction, alors que la femme donne la vie et se répand en amour en harmonie avec la nature. La Terre Mère n’a plus besoin d’hommes. Célébrons la vie ! Célébrons la naissance !
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