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28 histoires érotiques à déguster seul(e) ou à plusieurs. Découvrez le recueil des 28 nouvelles érotiques lauréates du concours "La Boîte à Fantasmes" édition 2021. Sensualité, variété, découvertes et qualité garanties ! Chaque nouvelle se lit séparément pour un plaisir unique à chaque lecture. Nous pensons que plus que jamais le monde a besoin d'enchantement et de joie, et que cela passe aussi par les talents littéraires en matière érotique. Pas vous ? Vous trouverez dans cet ouvrage collaboratif une source d'émoustillement mais aussi de découvertes parfois surprenantes. Découvrez sans attendre le talent de nos 28 lauréats ! Le premier prix est attribué à Jocelyn Witz pour sa nouvelle "Une escapade galante". Le second prix revient à Alice Lathuillière pour son texte très visuel "Demain, faut que je pense à m'acheter des boules de geisha". Les nouvelles érotiques sélectionnées par le jury : "Transats et récompenses" de Yoann Orell "Fin de négociation" de Stéphane Douspis "Le diable en rit encore" de Clotilde Hérault "Jeannette" de Ludovic Coué "Rendez-vous en Orient" de May El Murr "Grand écart" de Marc Legrand "Isménie" de Patrick Pelot "Celui qui observait" de François Camoes "Les Vestiaires" de Nicolas Lecomte "Vols de nuit" de Lou Boutin "La crampe" d'Alain Marty "Parhélies" d'Annaëlle R. Jacob "Nocturnes" de Pascal Malosse "Mademoiselle paresse" de Pierre d'Antigny "Le Journal de Justine et Nathan" de Clara E. "Le maître queux" de Jean Danel "Pas un mot !" de Bernard Mollet "Perdre Pied" d'Héléna C. "La lecture" de Jean-Paul Villermé "Tout peut se diviser sauf le silence" de Thomas Cock "Une leçon à trois" de Christine Rossier "L'origine du monde" de Stéphanie Belestel "Séance photo hot" de Patricia Rakotomizaho "Les meilleurs amis du monde" d'Emmanuelle Roué "Les choses célestes" de Bastien Michel "Le Désir assassin" de C. M.
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Seitenzahl: 337
Veröffentlichungsjahr: 2021
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Lauréate du Second Prix
Jocelyn Witz
Alice Lathuillière
Yoann Orell
Stéphane Douspis
Clotilde Hérault
Ludovic Coué
May El Murr
Marc Legrand
Patrick Pelot
François Camoes
Nicolas Lecomte
Lou Boutin
Alain Marty
Annaëlle R. Jacob
Pascal Malosse
Pierre d'Antigny
Clara E.
Jean Danel
Bernard Mollet
Héléna C.
Jean-Paul Villermé
Thomas Cock
Christine Rossier
Stéphanie Belestel
Patricia Rakotomizaho
Emmanuelle Roué
Bastien Michel
C. M.
"Une escapade galante" Jocelyn Witz
"Demain, faut que je pense à m'acheter des boules de geisha" Alice Lathuillière
"Transats et récompenses" Yoann Orell
"Fin de négociation" Stéphane Douspis
"Le diable en rit encore" Clotilde Hérault
"Jeannette" Ludovic Coué
"Rendez-vous en Orient" May El Murr
"Grand écart" Marc Legrand
"Isménie" Patrick Pelot
"Celui qui observait" François Camoes
"Les Vestiaires" Nicolas Lecomte
"Vols de nuit" Lou Boutin
"La crampe" Alain Marty
"Parhélies" Annaëlle R. Jacob
"Nocturnes" Pascal Malosse
"Mademoiselle paresse" Pierre d'Antigny
"Le Journal de Justine et Nathan" Clara E.
"Le maître queux" Jean Danel
"Pas un mot !" Bernard Mollet
"Perdre Pied" Héléna C.
"La lecture" Jean-Paul Villermé
"Tout peut se diviser sauf le silence" Thomas Cock
"Une leçon à trois" Christine Rossier
"L'origine du monde" Stéphanie Belestel
"Séance photo hot" Patricia Rakotomizaho
"Les meilleurs amis du monde" Emmanuelle Roué
"Les choses célestes" Bastien Michel
"Le Désir assassin" C. M.
Jocelyn Witz
Lauréat du Premier Prix
Une aventure étrange et excitante ? Ne le sont-elles pas toutes, par définition ?
Pourtant, messieurs, il m’est bel et bien arrivé, il y a de cela nombre d’années, quelque chose d’extrêmement curieux et sensuel à la fois. Je ne prétends d’ailleurs pas que cela se soit passé réellement. On m’a toujours reproché mon imagination exubérante, vous comprenez. De plus, à cette époque, j’avais l’esprit troublé par de nouvelles lectures… Plus ou moins défendues. Prenez, par conséquent, cette histoire pour ce qu’elle vaut, c’est-à-dire rien d’autre qu’un aimable conte.
C’était l’été de mes seize ans. Mes tantes, chez qui je me languissais depuis plusieurs semaines, avaient fait un saut en ville, me laissant seule pour l’après-midi. Il s’élevait dans le ciel un soleil si radieux que je ne voulus pour rien au monde m’enfermer dans l’horrible et cuisante mansarde qu’elles appelaient ma chambre. Bien au contraire, pieds nus, drapée d’une impalpable robe à fleurs, une pile d’oreillers sous le bras et mon livre à la main, je sortis m’installer sur la terrasse, à l’ombre d’une tonnelle chargée d’énormes roses rouges.
Je commençais juste un roman, l’un de ceux que mes tantes cachaient dans le grenier. Il s’intitulait banalement Le Roman d’un libertin. Le nom de son auteur s’est, à mon grand regret, effacé de ma mémoire. Quoi qu’il en soit, parcourue d’un délicieux frisson d’expectative, les joues déjà un peu empourprées, je me plongeai dans cette lecture, tandis qu’un bon millier d’oiseaux dissimulés dans les arbres du jardin me berçaient de leur babillage incessant.
N’attendez pas que je vous résume ce livre. Je n’en avais pas lu vingt pages – sans y entendre grand-chose, vu mon inexpérience – qu’une ombre s’abattait soudain sur moi, m’arrachant un sursaut de frayeur.
Un homme se tenait dans l’allée de gravier et me regardait, un sourire ourlant ses lèvres pleines.
Je bondis sur mes pieds. « Que… Comment êtes-vous entré ? En l’absence de mes tantes, je…
– N’ayez crainte, mademoiselle, je suis une de leurs vieilles connaissances. J’ai poussé la porte, espérant avoir le plaisir de les saluer. Mais, puisqu’elles manquent à l’appel, c’est donc que le destin m’a conduit vers vous. Je dépose à vos pieds mes hommages respectueux. »
Sa voix vibrait, grave et joliment modulée, comme s’il chantait doucement. Représentez-vous un homme replet, imposant même. Sa canne de jonc pliait sous son poids. Assurément, il ne venait pas du village. Tandis que je jetais des regards aussi furtifs qu’ébahis à son élégant gilet vert un peu démodé et son ample chemise blanche à jabot, il me dévisagea un long moment.
Puis, ses yeux tombèrent sur le livre entre mes mains. Je piquai un fard et cachai l’ouvrage compromettant dans mon dos.
« Vous aimerez ce livre, affirma l’individu. Il comporte nombre de scènes captivantes, et on ne saurait trop le recommander aux jeunes filles.
– Vous l’avez lu ? demandai-je stupidement.
– Bien mieux.
– Bien mieux ? Voulez-vous dire que vous l’avez écrit ? »
Cette dernière question demeura sans réponse.
D’un pas nonchalant il s’approcha, épousseta de son mouchoir de satin le muret bordant la terrasse et s’y installa. Je réalisai alors que les oiseaux s’étaient tus. Depuis que cet homme avait surgi devant moi, le jardin baignait dans le plus parfait silence, la nature retenait son souffle.
Il s’épongea le front.
« Ma jeune amie, auriez-vous la bonté de m’offrir un verre de vin ? Je vous expliquerai cela. »
Je m’empressai de satisfaire à sa demande. La bouteille du placard étant à moitié pleine, mes tantes ne remarqueraient guère la différence.
Lorsque je fus à nouveau assise sur ma pile de coussins, levant les yeux vers lui, je le vis plisser ses belles lèvres de femme et déclarer sans préambule : « Livre, du latin liber, qui par ailleurs a donné libre. Or, l’essence de l’homme, mademoiselle, à quoi tient-elle ? À la liberté, naturellement. L’homme, à la différence de l’animal, est libre de jouir des plaisirs que l’univers lui procure, et rien, aucun dieu, aucune loi ne doit l’en retenir.
– Il y a tout de même des choses interdites, observai-je, surprise par ma propre audace.
– Qui donc les interdit ? Des prêtres cauteleux ? Des birbes repentants à l’approche de la mort ? De pieux laiderons confits en servile et plate morale ?... Les hommes et leurs absurdes lois !… Mais que veut l’âme, jeune fille ? Que désire la chair ?
– L’âme veut le bien. Quant à la chair... » Une fois de plus, je rougis. « Je l’ignore, avouai-je.
– L’âme veut le bien. Partons de là. Aimez-vous le soleil, l’été, les vacances ?
– Oh, oui !
– À la bonne heure ! Tout cela réjouit à la fois votre âme et votre chair, car il n’y a pas de différence. Vous avez ouvert ce livre en espérant qu’à l’instar du soleil il vous caresserait la peau et vous ferait trembler de bonheur, n’est-ce pas ? Il n’existe pas d’autre loi que cette espérance, cette curiosité à jamais inassouvie, ce désir, en un mot, qui vous a poussé à le chaparder à vos tantes pour le dissimuler sous votre robe, tout contre la soie tendre de votre épigastre, bien décidée à le parcourir à la première occasion pour vous repaître d’images et de propos lascifs. »
En entendant ces mots, je sentais mon cœur cogner à tout rompre.
« Vous ai-je choquée ? reprit-il en souriant. Rien ne devrait choquer de ce à quoi s’adonnent ensemble hommes et femmes lorsqu’une mutuelle inclination seule les guide. Buvez un verre de vin avec moi.
– Moi ? Oh, si mes tantes…
– Elles n’en sauront rien, je vous le promets. Si d’aventure elles vous interrogent, vous leur direz simplement que leur vieil ami Tibère est passé les voir et, affligé de ne point les trouver à la maison, n’a eu de cesse qu’il n’ait lampé, à titre de consolation, trois verres coup sur coup. Venant de moi, ça ne les surprendra guère. »
Docile, je replongeai dans la pénombre fraîche de la cuisine. Avant même d’avoir bu, la tête me tournait, mais je ne pouvais m’empêcher de céder à cet inconnu dont l’étrange discours éveillait en moi toute sorte d’ébranlements agréables. Sous la tonnelle, je remplis son verre puis le mien. Comme je voulais regagner ma place, il me retint par le bras.
« Restez donc près de moi. Et d’abord trinquons. Bravo ! Nous buvons à vos amours.
– Mes amours ?
– Naturellement. Les miennes sont d’ores et déjà toutes tracées, savez-vous ? On ne peut plus y changer une seule ligne. Asseyez-vous là, sur ma cuisse. Ne vous semble-t-elle pas aussi douce et confortable que ces oreillers moelleux que vous aviez apportés ? »
Je dus le lui concéder.
Sa petite main bien dessinée se posa avec délicatesse sur ma hanche. « C’est parce que je ne me refuse aucun plaisir. Les vôtres aussi seront douces à ceux qui vous chériront. Buvez.
– Dieu, qu’il fait chaud !
– Raison de plus pour terminer ce verre, ma belle enfant. Ensuite, je vous lancerai un défi. »
Déjà un peu grise, je gloussai : « Un défi ? »
– N’ayez pas peur de ce que je vais vous dire. Ça n’est qu’un jeu. Je vous défie d’ôter votre culotte avant de vous rasseoir sur les coussins afin de poursuivre votre lecture.
– Ôter ma… Oh ! Monsieur…
– Que craignez-vous ? Vous n’en éprouverez qu’un bien-être supérieur, et je ne vous toucherai pas.
– Ai-je votre parole ?
– Cela va de soi. »
Vidant d’un trait mon verre, je le posai sur le muret et fis deux pas titubants.
« Campez-vous là, devant moi, exigea l’homme en tendant sa canne dans ma direction. Tenez-vous à cet endroit précis et faites-le. Osez ! Comme moi, vous en avez envie, n’est-ce pas ? »
Je hochai lentement la tête. Aucun garçon, a fortiori aucun homme fait, ne m’avait jamais tenu de tels propos, à la fois si aimables et si provocants. Mon interlocuteur sirota une gorgée de vin, se lécha les lèvres avec gourmandise. Sans quitter des yeux son regard clair et affable, je laissai glisser mes mains le long de mes flancs, puis pinçai l’élastique de ma culotte à travers la robe et, me déhanchant un peu, le fis descendre, centimètre après centimètre, jusqu’à mes genoux.
Comme je serrais les jambes, la culotte tomba soudain sur mes pieds, tandis qu’un rire aussi bref qu’enjoué s’échappait de mes lèvres.
« N’est-ce pas... divin ? » susurra le gros homme, les prunelles brillant d’une espèce de feu pâle qui m’étourdissait. « Du bout du pied, à présent, tendez-moi donc cette merveille. »
Oh, si vous saviez comme je respirais fort ! Pourtant, à nouveau, j’obtempérai, telle une hypnotisée, et un long frémissement parcourut tous mes membres lorsque je vis sa main se tendre, effleurer mon pied nu et se refermer sur le coton blanc qui, un instant plus tôt, se trouvait sous ma robe, tout contre mon intimité.
Il froissa la chose, la porta à son visage ainsi qu’un mouchoir parfumé. Il paraissait aux anges.
« Pas de doute : une vie de désir et d’amour vous attend, ma chère... Mais je ne veux pas vous ennuyer plus longtemps. Lisez. Quant à moi, je finirai mon verre et m’en irai sans faire de bruit. »
Le croirez-vous ? Les coussins, lorsque j’y repris ma place, mordirent voluptueusement mes chairs, m’arrachant un soupir que l’homme ne put pas ne pas entendre. Cependant, je n’osais plus lever les yeux sur lui. Les mains tremblantes, je repris mon livre et tâchai d’en démêler l’intrigue. Elle se déroulait dans une gentilhommière au XIXe siècle. L’héroïne, une comtesse d’un certain âge, quoique très belle encore, en arpentait les pièces à grands pas nerveux. Une flamme intérieure semblait la dévorer, une soif la tenailler. Elle cherchait quelqu’un qu’elle n’apercevait nulle part. Vide, le manoir tout entier vibrait d’une attente inquiète.
Et voilà que la comtesse se trouvait à nouveau dans sa chambre, face au grand miroir incliné.
Laissant choir à ses pieds son déshabillé de tulle, elle contemplait son corps superbe. Ses doigts aux ongles peints en caressaient chaque courbe, exploraient le velours d’un ventre frémissant, s’attardaient sur les seins qu’elle avait pointus et toujours fermes. Alors, se retournant, elle se jetait sur le lit avec une sorte de râle et se… se...
Je ne saurais vous dire, messieurs, à quoi elle se livrait au juste. Il ne fait aucun doute que je ne l’ai pas bien compris à l’époque. Souvenez-vous : j’entrais à peine dans l’adolescence. Toujours est-il qu’à ce moment, je sentis quelque chose en moi se liquéfier, puis s’enfler, se dresser comme une énorme vague et... et il faisait nuit tout à coup, je vous assure qu’il faisait nuit !
Et aussitôt les oiseaux se remirent à pépier gaiement.
J’ouvris les yeux, me vis seule sur la terrasse, étendue plutôt qu’assise sur les oreillers. Le livre, à mes côtés, s’était refermé. Quant à ma robe... eh bien, un souffle de vent chaud avait dû la soulever, car elle dévoilait non seulement mes genoux, mais en outre une indécente quoique nacrée longueur de cuisses. Lançant autour de moi un regard affolé, je la rabattis vivement.
Toutefois, il n’y avait pas âme qui vive. Les tempes me battaient un peu et je me sentais brûlante, fiévreuse, égarée. M’étais-je endormie, le nez sur mon roman ? N’avais-je fait que lire ou était-il venu quelqu’un ? Je ne m’en souvenais pas.
Reprenant une posture plus convenable, je feuilletai l’ouvrage sans parvenir à retrouver la page où j’en étais restée. Au hasard, je tombai cependant sur la scène suivante, dont, cette fois, chaque mot se grava dans ma mémoire :
En haut de l’escalier tendu de drap pourpre, elle surgit, nue, échevelée, et l’étreignit avec passion.
« Où étais-tu ? Je t’ai cherché partout.
– Sorti faire un tour, répliqua tranquillement l’homme.
– Et moi qui meurs du désir d’être prise... Viens ! »
La comtesse le poussa, le traîna dans la chambre à coucher, lui arracha des mains sa canne de jonc qu’elle jeta au diable, et entreprit de déboutonner son gilet vert. Sa hâte fébrile la rendait maladroite. Tibère se laissait faire en ronronnant comme un gros chat, sans cesser de lui baiser les cheveux de sa bouche lippue.
Comme elle tombait à genoux pour dégrafer son pantalon, il tira de sa poche un morceau d’étoffe blanche et le renifla pensivement.
« Fais voir, dit la comtesse en se redressant d’un bond. Oh ! Je comprends... » Un sourire canaille éclaira ses traits et, à son tour, rose de plaisir, elle plongea le nez dans la petite culotte. « Tu taquinais encore l’une de ces vierges que tu affectionnes tant. Tu me rendras folle ! »
Je refermai le livre avec un cri d’effroi et, plongeant la main sous ma robe, n’y trouvai qu’une moiteur suspecte trempant mes oreillers.
De culotte, point !
Tout me revenait en mémoire, tout, et je ne doutai pas un instant que ce Tibère ne fût autre que l’homme aux belles lèvres avec qui j’avais échangé auparavant les propos lourds d’érotisme que je vous ai rapportés. Pourtant, comment serait-ce possible ? Avais-je rêvé ? Le protagoniste d’un livre, si épris fût-il de liberté et de plaisirs, ne pouvait tout de même pas…
Sur le moment, je n’eus pas le loisir d’y songer davantage, car Tante Flore surgit de la cuisine, attirée sans doute par mon cri. « Tu étais là ? On te croyait dans ta chambre. Oh ! mais... »
Elle avait aperçu le livre, bien sûr.
Tante Marguerite apparut à son tour. S’il est vrai qu’elles me grondèrent, fronçant le sourcil, l’éclat rieur tapi au fond de leurs prunelles ne m’échappa cependant pas. Je filai me réfugier dans ma mansarde et ne pus jamais, par la suite, découvrir où elles avaient dissimulé ce Roman d’un libertin qui m’avait causé un si grand émoi.
Je ne retrouvai pas davantage ma culotte, du reste. Mais vous savez comme moi, messieurs, que j’en ai égaré bien d’autres, depuis.
Alice Lathuillière
Lauréate du Second Prix
Demain, faut que je pense à m’acheter des boules de geisha.
Yoann Orell
Chapitre I – Marina Duplessis
Le ruban de bitume, soulagé par l’absence de touriste en cette heure matinale, défilait sous les roues de la bicyclette. Malo souriait face à l’aube naissant derrière la colline, à l’est de la station balnéaire. Le premier rayon de soleil se reflétait dans les lunettes noires du jeune homme et hâlait sa peau mordorée. Encore une belle journée d’été, songea-t-il, lui qui ne boudait pas son plaisir de vivre dans ce lieu paradisiaque. À vingt ans, il ne se lassait pas du paysage au sein duquel il avait grandi.
Il bifurqua à droite pour pénétrer dans un lotissement cossu protégé par de grands pins maritimes ; suffisamment éloigné du port et de la côte pour se prémunir de la curiosité des estivants. Les habitants fortunés se partageaient les demeures spacieuses mais discrètes du hameau. Après avoir consulté les numéros et noms sur les boîtes aux lettres, Malo s’engagea dans l’allée en gravier d’une maison d’architecte aux murs sombres, dont il devinait les grandes baies vitrées. Il déposa son vélo contre un tronc d’arbre, évacua les petits cailloux qui s'étaient malicieusement glissés entre la semelle de ses tongs et la plante de ses pieds, puis se présenta devant la porte d’entrée en short de bain large et débardeur laissant apparaître sa fine musculature.
Le bruit de la sonnette retentit et des sons de pas sur le carrelage résonnèrent à l’intérieur. La porte s’ouvrit sur un homme d’une quarantaine d'années en pantalon de costume, boutonnant une chemise blanche, cravate défaite autour du cou.
– Bonjour, je suis bien chez madame Duplessis ?
– Oui, c’est ma compagne, que lui voulez-vous ?
– Désolé de vous déranger de si bonne heure. Je suis plagiste et en rangeant les transats hier soir, j’ai trouvé un portefeuille contenant des cartes au nom de madame Duplessis. J’ai trouvé votre adresse dans l’annuaire. Du coup, je suis passé lui rendre avant de commencer le boulot.
Malo joignit le geste à la parole en sortant un objet de maroquinerie rouge de la poche de son short. L’homme le considéra quelques instants, sembla hésiter puis l’invita à entrer.
Le garçon resta sur le seuil, intimidé face à la taille du salon, la propreté étincelante du mobilier de style moderne et l’immense écran plat accroché au mur.
– Marina ! Quelqu’un pour toi !
– Oh ce n’est pas la peine de la déranger, intervint Malo, gêné.
Une voix lointaine se fit entendre.
– J’arrive Guillaume, deux secondes !
Un parquet grinça à l’étage, pendant que l’homme refermait la porte. De longues et fines jambes apparurent dans l’escalier, précédant le corps d’une femme vêtue d’une simple nuisette en satin couleur prune. De longs cheveux bruns désordonnés tombaient en bataille sur ses épaules. Marina apparut dans l’entrée et sourit au saisonnier.
– Bonjour, excusez ma tenue, il est encore tôt et je ne suis pas tout à fait prête. Vous souhaitiez me voir ?
– Euh, oui, bafouilla Malo, quelque peu troublé. Je vous rapportais juste votre portefeuille que vous avez perdu à côté des transats hier.
Visiblement surprise, Marina saisit l’objet et l’observa avant de se retourner vers le buffet.
– Merci de vous être déplacé, c’est vraiment gentil.
Guillaume surenchérit.
– Oui en effet c’est vraiment sympa de votre part. D’ailleurs chérie, il faut remercier ce jeune homme comme il se doit.
– Bien sûr, acquiesça sa compagne, en se penchant légèrement pour déposer le portefeuille sur le meuble, dévoilant le galbe de ses fesses sous la chemise de nuit.
Marina resta plus de temps que nécessaire dans cette position alors que Guillaume s’avançait, un léger sourire aux lèvres. Il saisit délicatement le tissu violet entre son pouce et son index et le remonta sur les hanches de Marina, laissant apparaître un sous-vêtement en dentelle assorti à sa tenue.
Malo était médusé, déstabilisé. Guillaume se recula et invita le jeune homme à s’enhardir.
– Allez ne soyez pas timide, vous avez fait tout ce chemin pour nous aider, vous méritez bien une récompense.
Il baissa d’un ton, comme s’il se confiait :
– En plus, Marina est du matin, elle adore les petits câlins de début de journée.
La femme maintenait sa position, faisant légèrement bouger son bassin ; Malo sentait poindre une excitation dans son maillot de bain. Il décida enfin à s’avancer vers Marina qui lui tournait le dos. Il posa ses mains et caressa ses fesses qu’il trouva terriblement douces et sensuelles. Elle se redressa pour coller son dos contre le torse du jeune homme. Il glissa ses doigts sous la nuisette et remonta le long de son corps pour découvrir une poitrine aux courbes parfaites. Ses tétons pointaient sur le tissu délicat. D’un geste leste, elle se débarrassa de sa chemise de nuit. Malo sentit son sexe se dresser dans son short et s’écraser contre le corps de Marina Duplessis. Il se demanda s’il ne rêvait pas. Il ferma les yeux et embrassa le cou et le dos de la femme qui devait avoir deux fois son âge, mais dont le corps était divin. Deux mains agrippèrent son maillot et le firent descendre sur ses chevilles. Ivre de sensations, il ôta à son tour son tee-shirt et leurs corps chauds fusionnèrent. Malo glissa ses doigts dans le dernier rempart vestimentaire de Marina et explora son sexe humide.
Guillaume, qui ne ratait pas une miette du spectacle, choisit ce moment pour intervenir.
– Vous serez mieux installés sur le canapé, glissa-t-il, grivois.
Marina obéit à son conjoint et alla s’allonger sur la grande méridienne trônant au milieu du salon. Le soleil inondait la pièce à travers les grandes vitres et ses rayons vinrent lécher sa peau bronzée. Guillaume la rejoignit, laissant un jeune homme encore hésitant à l’entrée. Il se saisit du sous-vêtement de sa compagne et le fit rouler le long de ses cuisses. Puis il se glissa entre ses jambes et vint nicher son visage au creux de ses reins. Marina émit un gémissement de plaisir ; son corps se cambra lorsque sa langue l'effleura. Elle planta ses yeux verts dans ceux du jeune homme, l’invita d’un geste de la main à les rejoindre. Malo abandonna toute idée de résister et rejoignit le couple. Elle lui fit signe d’approcher encore et attrapa son sexe. Elle parcourut la verge tendue avec ses lèvres et Malo lâcha un soupir de plaisir quand elle le prit en bouche. Son corps sec et musculeux était bandé comme un arc, il haletait, le souffle de plus en plus court à mesure que Marina augmentait la cadence.
Guillaume releva la tête, planta un préservatif au creux de la main de sa compagne et se recula. D’un geste expert, elle protégea le sexe de Malo.
– Viens en moi, souffla-t-elle.
Elle écarta les jambes. Malo s’allongea et écrasa son torse contre ses seins dressés. Il la pénétra vigoureusement, gonflé par toutes ces sensations. En appui sur ses bras, ses veines saillaient le long de ses biceps pendant qu’il effectuait un va-et-vient plus intense à chaque instant. Les doigts crispés dans le tissu du canapé, Marina criait de plaisir, son corps vibrait sous les assauts énergiques du jeune homme qui ne s’arrêtait plus.
Elle le sentit se tendre une dernière fois alors qu’il laissait échapper un râle de plaisir, son propre corps libérant une explosion de jouissance au creux de son ventre. Malo se retira, hébété, haletant. Guillaume s'allongea à côté de sa compagne et l'embrassa langoureusement.
– C’est bien ma chérie, notre ami a été récompensé à la hauteur de son acte de bonté.
Malo bredouilla alors qu’il se rhabillait :
– Euh… Merci, merci beaucoup, c’était incroyable.
Marina sourit et adressa un regard fautif à son conjoint, comme celui d’un enfant pris en faute.
– Guillaume, je crois que tu ne vas pas être très content. L’homme arqua les sourcils, interrogatif.
– En fait, je ne suis pas allée à la plage hier. Le portefeuille, ce n’est pas le mien. C’est celui d'Olivia, mais je n’ai pas pu résister au corps tout bronzé de notre nouvel ami.
Elle adressa un clin d'œil à Malo. Guillaume secoua la tête de gauche à droite, affichant lui aussi un grand sourire.
– Tu es vraiment incorrigible, Marina. Je vais devoir te punir tu le sais.
– Mmmm, oh oui chéri.
Puis elle lança à l'attention de Malo.
– Peux-tu récupérer le portefeuille et le déposer à ma sœur s’il te plait ? Elle habite la dernière maison de la côte, au bout du chemin des douaniers.
Malo, interloqué, récupéra l’objet et acquiesça, puis il s’éclipsa, laissant le couple à leurs surprenants jeux amoureux.
Chapitre II – Olivia Duplessis
Le soleil s'était définitivement imposé au-dessus de la colline et chauffait le dos du jeune homme qui n'avait pas besoin de cela pour transpirer. Il n'en revenait pas de l'évolution de la situation et avait du mal à se remettre de ses émotions. Il sentait encore la douceur de la peau de sa « conquête ». Ses copains allaient halluciner lorsqu'il leur raconterait. Il roulait machinalement en direction de la côte, perdu dans ses pensées. Quoique, après réflexion, il se dit qu'il ferait mieux de garder cette histoire pour lui. Ça pourrait revenir aux oreilles de Callie, sa belle collègue qu'il espérait séduire avant la fin de la saison.
Une légère brise lui caressait le visage et transportait un doux parfum d'iode ; quel début de journée ! Il consulta sa montre et grimaça. Il ne fallait pas qu'il traîne s'il voulait passer chez la deuxième madame Duplessis avant de commencer le taf. Il quitta la route pour traverser le petit bois, raccourci qui le mènerait directement sur le chemin des douaniers. Il connaissait le terrain par cœur et évitait avec dextérité les ornières et racines dangereuses. Il rejoignit l'asphalte sans encombre et appuya de plus belle sur les pédales.
Malo posa son vélo contre un muret revêtu du même crépi blanc que les murs de la bâtisse qui se dressait devant lui. Enfin, blanc n'était pas tout à fait exact, tant la maison devait être battue par les tempêtes en automne et en hiver. Les volets bleus étaient aussi délabrés, la peinture attaquée par les assauts de l'eau salée. Malgré cela, la demeure exprimait un charme exceptionnel, nichée au bout de la presqu'île, perchée sur la falaise face à l'immensité de l'océan.
Il frappa, l'entrée étant dépourvue de sonnette. Il patienta quelques instants puis réitéra ses coups, plus fort. Il entendit une voix étouffée.
– Entrez !
Malo ouvrit la porte, poussé par le vent qui saisit l'occasion pour s'engouffrer. Il se hâta de fermer derrière lui afin d’éviter les courants d'air. Il découvrit un intérieur beaucoup plus authentique que celui de la maison précédente, tout en bois, décoré avec goût de bibelots évoquant le monde marin, le bateau. De grands tableaux de Plisson ornaient les murs, des phares assaillis par des déferlantes qui cadraient avec l’environnement. Une femme se tenait debout, de dos, pinceau à la main face à un chevalet. En arrière-plan, l'océan miroitait sous la lueur de l'aube.
Olivia Duplessis se retourna et Malo fut troublé par la ressemblance avec Marina. Les mêmes longs cheveux bruns, les mêmes yeux verts, la même silhouette qui ramena le jeune homme une heure auparavant ; son pouls s'accéléra. La femme lui sourit et haussa les sourcils, lui signifiant qu'elle attendait une explication à son intrusion.
– Euh… Bonjour, c'est votre sœur qui m'a donné votre adresse. Je suis plagiste et j’ai trouvé un portefeuille avec des cartes au nom de madame Duplessis en rentrant les transats. Du coup, je voulais vous le rendre avant d'aller bosser mais je me suis trompé et je suis allé chez Marina Duplessis.
Il tendait l'étui de cuir rouge devant lui pour illustrer son propos. Le visage d'Olivia s'illumina et elle déposa son pinceau avant d'approcher. Ce n’est pas possible, elles doivent être jumelles, pensa-t-il, déstabilisé.
– Oh merci, merci beaucoup, je l'ai cherché partout, c'est tellement gentil ! s'exclama-t-elle en ôtant son tablier d'artiste.
Malo ne put s'empêcher de la détailler de la tête aux pieds, sa jupe courte dévoilant ses belles jambes et son chemisier laissant deviner un décolleté sensuel. Lui revinrent immédiatement à l'esprit la poitrine de Marina, épousant parfaitement la paume de ses mains, ses tétons dressés d'excitation, sa peau douce électrisée. La femme récupéra son porte-cartes.
– C'est vraiment adorable de vous être décarcassé pour moi.
– De rien madame, tout le plaisir est pour moi, s'entendit-il dire en posant la main sur la poignée de porte. Je vous laisse, je dois filer au taf, je suis déjà en retard.
– Attendez ! Je vous dois quand même une petite récompense !
Le cœur du garçon se mit à battre la chamade. Olivia se pencha vers son sac à main qui trainait au sol, sous le porte-manteau de l'entrée. Malo déglutit. Elle déposa son portefeuille et fouilla dans un tas d'objets. Sa jupe se relevait subrepticement à mesure qu'elle brassait dans son sac qui semblait sans fond. L'instant se prolongeait déraisonnablement. Les yeux du saisonnier ne quittaient plus ce galbe parfait. Ces courbes de peau qui ne laissaient entrevoir aucun sous-vêtement sous sa jupe.
La situation était trop similaire pour être fortuite. Il esquissa un sourire, le feu se réveillant dans son bas ventre. Il glissa ses mains sous le tissu et les posa délicatement.
Olivia Duplessis se redressa presque instantanément, fit volte-face et décocha une claque aussi monumentale qu'instinctive à son visiteur. L'impact et la surprise firent reculer Malo dont le dos buta contre la porte d'entrée. Dans sa main gauche, elle broyait un billet de vingt euros.
– Non mais ça ne va pas la tête ?! Faut pas se gêner ! Vous foutez une main au cul de toutes les filles que vous croisez ? Vous êtes malade !
Malo était rouge comme une pivoine. Il avait l'impression de fumer tant son visage le brûlait. La honte lui tordait l'estomac. Stupide, je suis tellement stupide, se tança-t-il. Il eut envie de s'enfuir en courant mais il était pétrifié. Il tenta de s'excuser.
– Je… je suis désolé. Ce que… chez votre sœur …
– Quoi ma sœur ? fulmina-t-elle.
– Elle voulait me récompenser aussi et… Euh… C'était…
Mains sur les hanches, elle le fixait sévèrement alors que la porte fenêtre s'ouvrit. Un homme entra et Malo enfonça encore davantage sa tête dans ses épaules.
– Que se passe-t-il ma chérie ? demanda-t-il en posant ses outils de jardinage. Il y a un problème ?
– Un problème ? Ah ça tu peux le dire Greg ! Ce jeune homme vient de me ramener le portefeuille que j'avais perdu hier. J'ai voulu le remercier, mais on ne s’est pas très bien compris me semble-t-il.
Elle lui jeta le billet au visage. Malo était confus, hébété. Comme il restait muet, Olivia continua de déverser sa colère.
– Ce goujat m'a mis les mains aux fesses ! Il est passé chez Marina avant de venir ici et ils ont visiblement passé un bon moment ensemble. Il a cru que c'était open pour toute la famille.
À l'évocation de sa belle-sœur, Greg éclata de rire.
– Tu connais Marina ! Elle a dû lui retourner le cerveau… Et le pantalon ! Regarde le pauvre, il a l'air traumatisé.
– D'accord, alors c'est moi qui suis agressée et c'est lui que l'on plaint. Ok c'est bon, capitula-t-elle en tournant les talons.
Olivia disparut dans la cuisine et Greg s'avança pour ramasser le billet bleu. Il le posa sur un guéridon et griffonna sur un post-it qu'il colla dessus. Il posa une main sur l'épaule de Malo et fourra l'autre dans la poche de son maillot de bain pour y déposer le billet.
– Allez, tu l'as bien mérité quand même.
Il lui adressa un clin d'œil et sa main s'éternisa dans la poche du plagiste. Un sourire étrange s'étendit sur son visage. Pendant que ses doigts s'aventuraient sur son sexe, il lui glissa à l'oreille.
– J'ai noté mon numéro de téléphone, n'hésite pas si tu as envie de t'amuser un peu.
De fines gouttes de sueur perlaient sur le front du jeune homme, complètement perdu, les pieds figés dans une chape de béton. Il ne savait plus comment faire face aux événements de cette matinée terriblement déstabilisante. Son corps réagit avant son esprit, il commença à bander dans son short, ce qui déclencha un électrochoc. Il actionna la poignée de la porte et s'enfuit sans demander son reste.
Chapitre III - Callie
Malo pédalait comme s'il avait le diable aux trousses. Mais c'est quoi cette famille de dingue ?! Le sang cognait contre ses tempes. Son esprit gambergeait, tout un tas de sentiments contradictoires l'assaillait. Il tourna la tête et trouva refuge, comme toujours, dans la contemplation de l'océan. La mer d'huile étincelait sous les assauts du soleil. Il se força à respirer doucement, à relâcher ses muscles. En plus, je suis grave à la bourre, Callie va me tuer. Il coupa par les caillebotis traversant la plage pour arriver plus vite au hangar et remarqua de loin que sa collègue avait déjà commencé à installer les transats. Il força comme un malade sur ses mollets pour avancer malgré le sable. Il arriva essoufflé, face à une Callie en bikini, qui s'affairait.
– Mieux vaut tard que jamais, lança-t-elle sans cesser son travail.
Malo grimaça.
– Désolé, je suis vraiment désolé, c'était euh… C'était compliqué ce matin !
– Mouais.
Le jeune homme s'en voulait d'avoir fait attendre la fille qu'il convoitait depuis le début de l'été.
– Allez dépêche-toi, on va chercher le reste dans le local.
Il la suivit sans piper mot, penaud. Il se hâta de récupérer un tas de chaises longues en bois dans le fond de la remise pour se rattraper. Quand il se retourna, Callie se tenait adossée contre la porte en métal qu'elle avait précautionneusement fermée. Elle toisa Malo.
– Vu comment je me suis décarcassée pour rattraper ton retard, j'ai bien le droit à une petite récompense non ?
Le visage du garçon se décomposa. Ces derniers mots résonnèrent dans sa boîte crânienne. Callie s'en rendit compte et baissa les yeux.
– Je ne te plais pas, c'est ça ?
Malo rougit jusqu'aux oreilles.
– Mais non, pas du tout, au contraire, c'est que... Non c'est juste que j'ai vraiment eu un début de journée compliqué, mais si, bien sûr que si, tu me plais énormément.
Oh là là, je raconte n'importe quoi. Il restait planté au milieu du hangar, transats sous le bras.
Le visage de Callie était magnifique et il se noya dans l'océan de ses yeux bleus. Elle se mordit la lèvre inférieure et détacha le haut de son maillot qui tomba au sol, libérant deux petits seins dressés, aux formes délicates. Malo resta bouche bée quelques instants, dévorant du regard ce petit corps qu'il avait tant imaginé. Il lâcha son matériel et se hâta de la rejoindre pour l'enlacer. Il la serra si fort qu'il eut peur de lui casser des côtes.
Leurs bouches se trouvèrent, leurs langues se mêlèrent, leurs peaux se découvrirent. Ils se débarrassèrent du reste de leurs vêtements sans cesser de s'embrasser. Ses doigts glissèrent le long du dos de la jeune femme, suivirent le tracé de sa colonne pour aller caresser ses fesses. Il la souleva sous les cuisses, elle entoura ses jambes autour de lui. Il la plaqua contre la porte et s'inséra en elle. Elle poussa un gémissement de plaisir. Il sentait son souffle chaud à son oreille. Elle s'accrocha à son cou, accompagnant au mieux ses coups de reins virils.
Il porta ensuite le poids plume et l'allongea délicatement sur la toile des chaises longues gisant au sol. Elle écarta la mèche de ses cheveux blonds qui gênait son visage alors qu'il s'allongeait sur elle. Son sexe excité lui était offert, ses lèvres ouvertes prêtes à accueillir son pénis gonflé et dur. Leurs corps se pressèrent de nouveau, attirés l'un à l'autre comme des aimants.
Leur danse érotique les mena jusqu'à l'orgasme, explosant dans leur corps simultanément, dans une communion intense et jouissive. Leurs corps se tendirent une dernière fois avant de se relâcher.
Ils eurent du mal à se détacher, se câlinant tendrement. Mais la réalité de leur job les rattrapa et après un dernier baiser, ils se rhabillèrent à la hâte pour finir de préparer l'arrivée des touristes.
– Tu as fait tomber un billet et un papier de ta poche, fit remarquer Callie.
Malo s'empressa de ramasser le tout, froissa le post-it et hésita un instant avant de lancer la boulette de papier jaune dans la corbeille. Finalement, sans trop savoir pourquoi, il se ravisa et remit le numéro de téléphone dans sa poche. Il ouvrit le hangar, accueillit avec bénédiction les rayons du soleil et se mit enfin au travail.
Stéphane Douspis
« Regarde-moi »
Elle était assise en face de moi, l’air sûre d’elle, dominatrice. Son injonction à la regarder établissait ce rapport de force qu’elle souhaitait. Et le fait qu’elle avait les jambes écartées ne changeait rien à cela. Il était clair que c’est elle qui mènerait la danse.
On s’était rencontré lors d’une négociation dans le cadre du travail. J’avais eu en partie ce que je voulais et j’avais bien vu qu’elle n’était pas habituée à perdre. Nous étions tout de même allés fêter notre accord dans un bar. Je ne sais pas si c’est l’alcool ou la tension ambiante mais nous avions fini par nous mettre à nu, enfin façon de parler. Jusqu’à maintenant.
Je la regardais droit dans les yeux. J’essayais de lui tenir tête dans ce duel de regards. Mais ce n’était pas là qu’elle voulait que je regarde.
« Plus bas, me dit-elle. »
Je baissais les yeux, soumis, pour admirer sa bouche. Elle fit jouer sa langue sur ses lèvres entrouvertes. Elle passa sa langue dessus pour les humidifier.
« Plus bas ! »
Je descendis mon regard sur l’échancrure de son chemisier qui me laissait entrevoir la naissance de ses seins. Je ne sais pas comment le dernier bouton résistait à la pression de sa poitrine sur le tissu de son tailleur. Elle respirait profondément comme si vouloir me dominer lui demandait un effort pour contrôler son émotion et rester maîtresse d’elle-même. Comme si elle jouait ce rôle pour la première fois alors que j’avais l’impression que je n’étais pas le premier à lui obéir.
« Tu y es presque, continue ! »
Je vis sa jupe - remontée sur le haut de ses cuisses par le fait de ses jambes écartées - et qui offrait à ma vue, sa culotte. Blanche, faite d’un tissu qui avait l’air doux au toucher mais qu’il m’était seulement autorisé à regarder pour le moment. C’est là qu’elle voulait que je porte toute mon attention.
J’avais l’impression d’une descente aux enfers. Son sexe serait mon purgatoire et mon enfer. Mon Paradis des sens et l’Enfer de ma raison. Car c’est assurément là que j’allais la perdre. Ce qui me restait de raison allait se consumer dans mon désir de jouissance. Mais il ne m’était pas donné d’y accéder tout de suite.
« Approche-toi »
« Pas si vite »
« À quatre pattes »
« Approche-toi doucement. Là. C’est bien. »
J’obéis. J’avançais ainsi sans détourner le regard de son entrecuisse. Je m’arrêtais à quelques centimètres et je pouvais voir apparaitre une petite tâche humide sur le fond de sa culotte. Elle mouillait.
« Sens-moi ! Découvre avec les sens ce sexe que tu convoites. Sens la lingerie qui l’a caché toute la journée. Tu sentiras la chaleur du sexe sous le tissu, l’odeur de l’urine qui en est sorti à chaque fois que je suis passée aux toilettes ou bien celle plus intime qui coule en ce moment de mon vagin et mouille ma culotte. »
Je fermais les yeux et respirais à plein nez pour m’enivrer de toutes ces fragrances. Je retrouvais toutes les odeurs qu’elle venait d’évoquer et qui étaient celles d’un sexe de femme. Je finis par poser mes lèvres sur son dessous mouillé et cela devint si dur dans mon pantalon que cela en faisait mal de ne pas pouvoir me libérer.
Elle fit glisser sa culotte le long de ses jambes et elle reprit exactement la même position.
« Maintenant, pose ta bouche à la naissance des lèvres. C’est là que se trouve le clitoris. Tu le sens contre ta bouche ?
Oui.
Sors ta langue. Et lèche-le. »
Elle se mit à gémir et à haleter sous mes coups de langue. Je léchais, suçais, embrassais son sexe jusqu’à entendre son souffle s’accélérer puis la sentir se crisper et enfin atteindre l’orgasme. Au moment où celui-ci arrivait, elle avait légèrement bougé son bassin en avant pour que ma bouche se retrouve face à l’entrée de son vagin. Elle m’avait ordonné de ne pas m’arrêter et j’avais senti couler sur ma langue puis dans ma bouche, son essence intime, sa mouille, celle qui auparavant imprégnait sa petite culotte.
« Ce que j’ai entre les cuisses, ce n’est pas juste une chatte à prendre. Pour pouvoir le posséder, il te faut apprendre à le connaître et seul tes sens peuvent t’y aider. Tu l’as regardé, tu l’as touché, tu l’as senti, tu l’as goûté. Il te reste à l’entendre et tu le pourras quand tu entreras en lui, en moi et qu’avec ta queue, tu iras chercher cette mouille que je t’ai fait avaler. »
Avisant la bosse de mon pantalon, elle tendit les mains pour le déboutonner.
« Pour le moment, je vais te soulager autrement. »