Ceci n'est pas une crise - Fondation Ceci N'Est Pas Une Crise - E-Book

Ceci n'est pas une crise E-Book

Fondation Ceci N'Est Pas Une Crise

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Beschreibung

Contrairement à ce que nous expliquent continuellement bien des économistes, des politiques et des journalistes, notre société ne traverse pas une crise. Notre monde entre dans une nouvelle étape de l’aventure humaine. On peut l’appeler mutation de civilisation, métamorphose, basculement du monde, transformation sociétale, changement d’ère. Peu importe les mots. Chacun nommera les bouleversements du présent comme il le souhaite. Mais notre monde n’est pas en crise.
Les créateurs de ce laboratoire d'idées qu'est la Fondation Ceci n'est pas une crise sont six : Pierre Kroll, Jean-Pascal Labille (actuel ministre PS des Entreprises publiques ), Guy Verhofstadt (Open VLD, ex-Premier ministre, député européen et candidat à la présidence de la Commission européenne), Philippe Maystadt (ministre d'Etat CDH et ancien directeur de la Banque européenne d'investissement), Philippe Busquin (ancien président du PS), et Eric Domb (patron du parc Pairi Daiza). Depuis septembre dernier, leur Fondation tente de promouvoir l'identité européenne, le vivre ensemble et dénoncer les replis identitaires. Grégoire Chapelle (directeur général d'Actiris, l'Office régional de l'emploi bruxellois), Dan Sobovitz (conseiller en stratégie à la Commission européenne) et Monica Frassoni eurodéputée italienne et coprésidente du groupe des Verts/Alliance Libre Européenne) les ont rejoints.

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Ceci

n’estpas

une

crise

Avenue du Château Jaco, 1 – 1410 Waterloo

www.renaissancedulivre.be

fRenaissance du Livre

l@editionsrl

Ceci n’est pas une crise

Couverture et mise en pages : Philippe Dieu (Extra Bold)

Imprimerie : Pulsio

isbn: 978-2507-05329-1

dépôt légal: D/2015.12.763/31

© Renaissance du livre, 2015

préface

Quelques anciens ministres de toutes les couleurs, l’un ou l’autre futur peut-être, un curé, des athées, un sociologue francophone, le seul Belge qui a deux pandas chinois dans son jardin, un économiste qu’on dit de droite et qui dit des choses de gauche, un diplômé de Harvard qui cherche des emplois pour les jeunes, une écologiste italienne, un directeur de théâtre, un Israélien helvéto-hongrois, des patrons de compagnies d’assurances, un caricaturiste... il en faut plus pour faire un monde. C’est sûr. Mais c’est marrant, je trouve, que cet aréopage bigarré soit agacé par la même chose : entendre dire tout le temps qu’on est en crise, que tout était mieux avant et que tout ira mieux quand on y reviendra et que l’autre, le différent, l’étranger est toujours un problème. Ils ont même réussi à se mettre d’accord pour expliquer ça en seulement quelques pages.

Bon, ce ne sont que des mots, mais lisez-les... qu’on n’ait pas fait ça pour rien ! Vous verrez : ça fait du bien de se dire, au contraire, tous ensemble, que demain sera formidable, bien mieux qu’aujourd’hui, qu’hier, qu’avant-hier si on le veut.

Et puis, peut-être que vous n’êtes pas d’accord. Alors c’est embêtant, faut qu’on en discute.

Pierre Kroll

ll ne suffit pas d’être la république, il faut être la liberté.

Il ne suffit pas d’être la démocratie, il faut être l’humanité.

Un peuple doit être un homme, et un homme doit être une âme.

I.

Introduction

C’est l’histoire d’une rencontre.

De celles qui marquent profondément, qui sont déterminantes quant à l’engagement sociétal.

Une rencontre avec un homme d’exception : Amin Maalouf , l’auteur du livre Le Dérèglement du monde1.

Nous sommes entrés dans le nouveau siècle sans boussole 2.

Amin Maalouf

Combien de fois n’ai-je pas médité cette phrase ?

De nos échanges intellectuels et amicaux est née l’idée de créer la Fondation « Ceci n’est pas une crise ».

C’est aussi l’histoire d’autres rencontres diverses et variées, riches et dynamisantes. Avec des femmes et des hommes venant d’horizons multiples : la culture, l’entreprise, l’enseignement, la politique, la sociologie, la société civile…

Toutes et tous ont posé le même constat : « Ceci n’est pas une crise. »

Chacun perçoit, selon des degrés de sensibilité divers, que nous traversons à l’aveuglette des transformations d’une ampleur considérable. Chacun est convaincu que nous vivons en direct une prodigieuse mutation sociétale.

Nous n’allons pas nécessairement vers une société plus évoluée, le présent n’étant pas automatiquement une ­amélioration du passé.

Le futur est un mouvement, et il nous appartient de l’orienter vers le progrès pour tous.

Ce siècle sera soit celui du sursaut, d’une salutaire métamorphose, soit celui de la régression. Cela dépend de nous.

Jean Cocteau disait que « les miroirs feraient bien de réfléchir un peu avant de renvoyer certaines images », pourtant il est urgent de nous regarder dans le miroir. Il ne s’agit plus de « retrouver », mais d’inventer. Il s’agit de mettre en lumière l’importance « du savoir-être et du savoir-faire ensemble » pour que chacun puisse devenir unique.

Ce livre a notamment pour vocation d’expliquer que nous sommes seulement au début d’un processus qui passera par de nombreux cycles, rendant nécessaire un changement de paradigme et de grille de lecture.

Ce livre est le premier d’une collection. Il ne prétend ni aborder toutes les questions ni apporter toutes les solutions. Les livres suivants tenteront de répondre à d’autres questionnements et enrichiront la réflexion.

Même si cette introduction est personnalisée, ce livre est un travail collectif de tous ceux dont les noms figurent sur la couverture. Ceci illustre le but premier de la fondation « Ceci n’est pas une crise » : transcender les courants, agiter les idées, aussi différentes soient-elles, être un espace de débats et une force de propositions.

En l’écrivant, nous prouvons que nous ne prenons pas pour argent comptant les propos avancés par les prédicateurs de la pensée dominante, de la voie et du sens uniques, car nous voyons là une véritable régression morale, un asservissement à des conditions de vie que nous ne ­pourrions plus modifier.

En fait, nous nous sentons, avec beaucoup de modestie, comme des éclaireurs. Nous allumons les grands phares, nous nous battons pour que nos destins ne se fracassent pas sur les falaises de leurs possibilités.

JEAN-PASCAL LABILLE

Président de la fondation « Ceci n’est pas une crise »

La civilisation se construit non sur des complicités faciles, des démissions, des esclavages, mais sur des refus, des ruptures, des dépassements.

THÉODORE MONOD 3

II.

Ceci n'est pas une crise

Quoi… La crise ?

Tous, nous ressentons que le monde change.

De plus en plus vite.

Il suffit d’ouvrir un journal, d’allumer un téléviseur ou un ordinateur, pour entendre que, partout, « c’est la crise » : on nous parle de la crise grecque, de la crise sociale, de la crise écologique et climatique, de la crise du couple…

Mais d’abord, qu’est-ce que « la crise » ?

Le Larousse définit la « crise » comme « un moment très difficile dans la vie de quelqu’un, d’un groupe, dans le déroulement d’une activité, etc. ; [une] période, situation marquée par un trouble profond ».

Il s’agit donc d’une rupture d’équilibre, d’un moment au cours duquel on accumule les souffrances, les contradictions ou les incertitudes, et qui peut conduire à des ­explosions de violence ou de révolte.

Le désarroi décrit ci-dessus semble en effet – a priori – correspondre à ce que notre société traverse aujourd’hui…

Pour essayer de comprendre, examinons ce qui faisait les fondements du « bon vieux temps », celui « d’avant la crise ».

Avant… « Au bon vieux temps »

« Longtemps, notre société a reposé sur des valeurs ciment, des valeurs admises par tous (le progrès, la conciliation de la modernisation économique avec plus de justice sociale, etc.). Elle était fondée sur des institutions fortes, créditées d’un taux de confiance important : l’école, la famille, la démocratie représentative, la justice, la science, le travail, l’Église, l’entreprise, le syndicat, etc. Ces institutions prescrivaient les rôles sociaux, les façons de penser et les visions du monde. La collectivité fonctionnait sur la base de normes acceptées par tous et grâce à des rôles ­clairement définis (notamment les rôles de la femme et de l’homme). Le modèle étatique était celui de l’État modernisateur. Bref, un modèle rationnel et intégré 4. »

À l’évidence, nous ne sommes plus dans ce schéma…

La crise n’est pas comme une maladie dont on ne peut sortir : elle est comme une sorte de nouvelle naissance !

Pierre Mauroy 5

Pourquoi… Comment s’est opéré le basculement ?

Les causes sont multiples. Si certaines sont propres à nos sociétés occidentales alors que d’autres sont liées aux grands changements qui se sont produits sur la scène mondiale, leur enchevêtrement est tel que l’on n’arrive plus à distinguer une logique de l’autre. Penchons-nous sur ce que le monde occidental a traversé ces dernières années.

Dans le désordre, nous avons connu :

–l’avènement des « nouvelles technologies » et l’entrée dans l’ère numérique avec un accès illimité au contenu informatif ;

–l’apparition de très puissants monopoles dans l’économie digitale (dénommés les GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon) qui, bien souvent, dominent déjà les États et qui « pilotent » à leur guise la disparition de certains métiers et l’apparition d’autres, le tout lié aux applications existantes ou à venir, transportées notamment par les smartphones, ainsi qu’à l’Internet des objets. « L’ère digitale est à l’économie des services ce que fut l’industrialisation à l’économie manufacturière 6 » ;

–la multiplication et l’accélération des progrès scientifiques dont certains sont contestés (OGM, clonage, fécondation in vitro...) et les questions éthiques qui en découlent ;

–la prise de conscience que l’écologie doit être l’affaire de tous (réchauffement planétaire, extinctions animales, disparition des espèces, nucléaire…) ;

–la « finitude du monde » qui implique que ni l’exploitation des ressources naturelles, ni le progrès, ni la croissance ne peuvent continuer sans limites ;

–l’explosion des schémas familiaux traditionnels (émancipation des femmes, mariage pour tous, familles monoparentales et recomposées, gestation pour autrui) ;

–la mise en concurrence fiscale des États-nations entre eux, par un capitalisme devenu global, c’est-à-dire sans contre-pouvoir et sans frontières.

Notre environnement international a, lui aussi, subi de profonds changements au cours des vingt-cinq dernières années :

–l’apparition de puissances émergentes, notamment les BRICS 7, est un fait majeur de la fin du XXe siècle. Plus spécifiquement, la Chine et l’Inde ont connu un décollage discret, mais puissant, et influencent durablement les équilibres économiques mondiaux ;

–l’année 1989 voit la chute du mur de Berlin, la guerre froide se termine. C’est la fin d’un monde bipolaire ;

– en 1992, le Traité de Maastricht transforme en profondeur la construction européenne et marque notamment le début de la convergence des politiques économiques en vue d’une union monétaire. Ce sont les prémices d’une démocratie supranationale ;

–en 1995, les accords de Marrakech marquent la fin des négociations de l’Uruguay Round et la création de ­l’Organisation mondiale du commerce (OMC), consacrant, en l’institutionnalisant, le lancement de la mondialisation de l’économie. Le champ de la politique commerciale s’étend dorénavant à des sujets de notre quotidien : l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle, les questions sanitaires…

–en 2001, les attentats du 11 septembre sur le sol américain redéfinissent les équilibres mondiaux, notamment avec l’émergence de guerres d’un nouveau type, asymétriques, avec des forces non étatiques qu’il ne sera plus possible d’ignorer (terrorisme islamiste) ;