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Pour certains, New York peut être une mégapole impitoyable. James Marval lui n'a pas à s'en plaindre. Parvenue à la force de l'age, il est riche, puissant et célèbre. Amiral d'une multinationale aux ramifications tentaculaires James Marval, reconnu et admiré de tous, est un redoutable financier international. Le monde de la fashion, de la haute finance et les marchés boursiers n'ont plus aucun secret pour lui. Son existence entière est bâtie sur des paradoxes. Hongrois par hérédité, français par le coeur et citoyen américain de naissance. Sa vie privée étalée journellement dans la presse spécialisée, loin de le déranger, sert ses intérêts médiatiques qu'il maîtrise jusqu'aux moindres de ces maillons. De nombreuses femmes ont traversé sa vie, mais seulement quelques-unes ont su capter son coeur . Malgré ses nombreuses infidélités, bien qu'elles fussent par ses largesses nanties et financièrement indépendantes depuis de nombreuses année... Elles sont restées. Pourtant, James Marval porte en lui un secret dont il a gardé quelques épines plantées dans le coeur .
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Seitenzahl: 477
Veröffentlichungsjahr: 2022
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A paraître prochainement :
Manhattan Story... Volume 2 L'intangible Vérité
*** Columbus Story... Volume 1 L'inconnue du 47ème
***
https://victortelmann.wixsite.com/victor-perlaki-books
Parutions du même auteur
À Antonella
Droits de traduction
La chanson
L'horloge.
Les faits
Dédicace.
Préface
Avant propos.
Paradoxe
Prologue
CHAPITRE PREMIER - Mercredi 5 juillet 2000
01 New York
02 Rendez-vous manqué
03 Ecu de France
04 Premier rendez-vous
05 Le Rex
06 Téléphone quai de Valmy
07 Hôtel des amours
08 Fête du cours de dessin
09 Café St Cloud
10 Chez Georgette.
11 Anniversaire
12 La Présentation
CHAPITRE 2 - Jeudi 6 juillet 2000
01 Demande avorté
02 Bagatelle
03 Lombreuil
04 Visite impromptue
05 Vallée de Chevreuse
06 Surprise partie.
07 Vacance en solitaire
08 Confrontation négative prémédité
09 La rupture
10 Station Chaussée d'Antin
11 La cabine des courants d'air
CHAPITRE 3 - Vendredi 7 juillet 2000
01 Un dernier regard
02 Le Delmonico's.
03 L'amour d'Hailey
04 L'amour de Savannah.
05 L'amour de Cloudy
06 Une avalanche de cadeaux
07 Les larmes de Barbara
08 Le retour de l'enfant prodigue
09 Un dîner fabuleux
10 Un dernier Slow pour Hailey
11 La bague d'Alva.
12 La fuite d'Hailey.
13 Un appel vers Hailey
14 Un cadeau disproportionné.
CHAPITRE 4 - Samedi 8 juillet 2000
01 Une journée particulière
CHAPITRE 5 - Dimanche 9 juillet 2000
01 Une journée d'amour avec Barbara
CHAPITRE 6 - Lundi 10 juillet 2000
01 Julien
CHAPITRE 7 - Samedi 15 juillet 2000
01 San Diego
CHAPITRE 8 - Dimanche 16 juillet 2000
01 Tijuana
CHAPITRE 9 - Lundi 17 juillet 2000
01 Las Vegas (1)
CHAPITRE 10 - Mardi 18 juillet 2000
01 Las Vegas (2)
CHAPITRE 11 - Mercredi 19 juillet 2000
01 Las Vegas - New York
CHAPITRE 12 - Jeudi 20 juillet 2000
01 Roses fanées
02 Trois mois plus tard
03 Casting.
04 L'appel d'Alva
CHAPITRE 13 - Dimanche 23 juillet 2000
01 Vendredi - Samedi - Dimanche
CHAPITRE 14 - Jeudi 27 juillet 2000
01 Lundi - Mardi - Mercredi - Jeudi
Épilogue
Remerciements
Composition
L'auteur
Loi du 11 mars 1957
Tous droits de traduction et de reproduction réservé pour tous pays.
Copyright © Victor Perlaki 2022
Avec ses yeux mouillants Elle dit qu’elle partira Elle dit qu’elle me suivra Alors pour un instant Pour un instant seulement Alors, moi je la crois, Monsieur Pour un instant Pour un instant seulement Parce que chez ces gens-là Monsieur, on ne s’en va pas On ne s’en va pas, Monsieur On ne s’en va pas.
Jacques Brel...
La symbolique de l'horloge utilisée pour la couverture de cet ouvrage évoque le paradoxe de l'inexorabilité du temps qui passe.
Un temps inéluctable qui, s'écoulant entre Bagatelle et Central Park, n'avait réussi malgré ses innombrables vicissitudes à altérer son étonnante ascension.
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« La distinction entre passé, présent et future ne garde que la valeur d'une illusion, si tenace soit-elle. »
Albert Einstein
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Composition et mise en pages Couverture réalisée par : Gyözö Antoine
Les œuvres d’art et les endroits décrits dans cet ouvrage sont authentiques. Certains lieux sont idéalisés, mais jamais en leurs défaveurs.
L’intrigue romancée est entièrement imaginaire. De même, les noms, des personnages, de certains lieux, les actions sont fictifs, ou utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnages réels, morts ou vivants, ne serait que pure coïncidence.
V. Perlaki
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Étonnant, captivant, ce roman fourmille de rebondissements, de voyages, d’intrigues, nous entraînant de New York à San Diego, de Las Vegas à Singapour en passant par Francfort et Berlin dans le monde fascinant de la fashion et de la finance. Victor Perlaki est aussi l’auteur du prochain roman à paraître : L'inconnue du 47ème.
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Manhattan Story est une étonnante aventure humaine passionnante qui déroulera tout au long de son récit pour vous surprendre un long ruban mystérieux aux événements fascinants.
Une histoire paradoxale sentimentalement captivante aux personnages attachants qui vous feront rire ou pleurer.
Une fabuleuse saga aux péripéties poignantes avec ses secrets et ses innombrables rebondissements.
Une gigantesque fresque romanesque vertigineusement passionnelle, romantique, émotionnellement palpitante aux évènements inattendus et même quelquefois osés comme, il n'est pas permis.
Une narration fantastique qui pourrait être parfois perçu par certain comme dérangeant... Un roman surprenant, sur un sujet brûlant, proposé en trois volumes.
Julien Deperley.
Pour certains, New York peut être une mégapole impitoyable. James Marval lui n’a pas à s’en plaindre. Parvenue à la force de l’âge, il est riche, puissant, et célèbre.
Amiral d’une multinationale aux ramifications tentaculaires, James Marval, reconnu et admiré de tous, est un redoutable financier international.
Le monde de la flashions, de la haute finance, et les marchés boursiers n’ont plus aucun secret pour lui.
Son existence entière est bâtie sur des paradoxes. Hongrois par hérédité, français par le cœur, et citoyen américain de naissance.
Sa vie privée étalée journellement dans la presse spécialisée loin de le déranger, sert ses intérêts médiatiques qu’il maîtrise jusqu’aux moindres de ces maillons.
De nombreuses femmes ont traversé sa vie, mais seulement quelques-unes ont su capter son cœur.
Malgré ses nombreuses infidélités, bien qu'elles fussent par ses largesses nanties et financièrement indépendantes depuis de nombreuses années… Elles lui sont restées.
Pourtant, James Marval porte en lui un secret dont il a gardé quelques épines plantées dans le cœur.
J'ai longtemps bourlingué autour de la planète à la recherche de trésors disparus, descendu des rapides vertigineux, navigué sur des fleuves tourmentés et des océans en furie, en espérant trouver l'absolu.
En parcourant ainsi le monde le destin m'a donné de faire de merveilleuses rencontres en plaçant sur mon chemin des femmes souvent très belles que j'ai tendrement aimées et qui sans rien exigé, me sont restées.
Sur les contreforts de la cordillère des Andes, entre la Bolivie, le Chili, et le Pérou, ce sont elles... depuis le village de Coporaque, jusqu'aux ruines préincas d'Uyo-Uyo au pied du volcan Mismi entre l'océan Pacifique et les contreforts de la Cordillère des Andes, qui m'ont donné l'envie d'écrire.
James Marval citoyen américain ayant vu le jour aux États-Unis avait dû au gré du destin s'intégrer à une France d'après-guerre tourmenté... Une nation nouvelle pour s'y adapter, l'adopter, et à apprendre une fois de plus à s’y exprimer.
Prêt à croquer la vie à pleines dents, il apprit en quelques mois sa langue, ses fondements historiques, ses usages et ses valeurs ainsi que tout ce qui faisait la fierté des habitants de ce beau et grand pays.
Il lui avait pourtant encore fallu quatorze années supplémentaires pour parfaire ses connaissances, ce former à un métier, et à vivre les premiers tourments de sa vie.
Paradoxalement tout commença dans cette immense gare parisienne ou bien des années auparavant, il arrivait de l’Est.
Une longue histoire d'un parcours atypique aux intangibles vérités que je vous invite cordialement à suivre dans ce premier volume.
Ces années-là, Johnny, devenaient l’idole des jeunes. Pour Sheila, l’école était finie. Françoise Hardy, faisait chanter tous les garçons et les filles de son âge. Sylvie Vartan, était la plus belle pour aller danser et Claude François, les trouvait toutes belles, belles, belles à commencer avec France Gall, qui débutait avec sacré Charlemagne.
C’était l’époque « SLC Salue les Copains » et le hit-parade voyait grimper Hugues Aufray, avec Santiano. Richard Antony, qui entendait siffler le train.
Et pourtant, Charles Aznavour, et les grands Messieurs de la chanson, restaient indétrônables. Gilbert Bécaud, avait trouvé son guide Nathalie. Jean Ferrat, chantait ma môme. Georges Brassens, les copains d’abord et Jacques Brel, ne me quitte pas.
Ce fut dans ces années d’insouciante jeunesse qu'il connus ses premiers émois. Une première histoire... celle, dont on se souvient toute une vie… Une histoire paradoxale aux enseignements très particuliers.
Une saga depuis longtemps enfouie dans le tréfonds de ses souvenirs qui subitement ressurgissait des profondeurs abyssale de sa mémoire.
Une histoire étonnante constellée de multiples évène-ments heureux... Mais combien éphémères ! Une belle aventure sentimentale qui avait débuté avec confiance et bonheur pour s'achever dans un néant inéluctable semblable à toute vie avec ses bons et tragiques dénouements.
Une relation joyeuse, magique, transcendés par l’insouciance de la jeunesse. La découverte d’un sentiment nouveau, un état particulier qui bouleverse en submergeant tout sur son passage surtout à sa première fois.
Quoi de plus beau, de plus pur et de sincère qu’un amour de jeunesse. Un bonheur qui fut détruit, anéanti, perdu à jamais à cause de funestes personnages aigris, qui de leur triste existence ne l’avait sans doute jamais croisé au détour de leur chemin.
C’est pourquoi il ne fut pas étonnant de constater que pour cette catégorie d’individus stériles, arrogants, ce sentiment si particulier, qui vous ouvre les portes du paradis, vous donne des ailes, et vous rend fort n’était qu’accessoire sinon totalement dérisoire.
Faut-il leur donner raison ou tort ? Une réponse difficile à formuler pour avoir constaté dans bien des situations que ce sentiment pourtant si noble, ne remportait pas toutes les batailles. Bien souvent, face au pouvoir de l’argent, des apparences et de la classe sociale, il capitulait.
Les événements relatés vous emporteront dans le tourbillon vintage d’une saga des années soixante pour vous déposer avec intérêt, dans le cours du deuxième millénaire.
C’est l’histoire de James Marval, un géant de la finance… Mais aussi l’histoire du jeune garçon qu'il fut à l'aube de ses vingt ans. Un jeune homme sans aucune expérience des choses de la vie, de situation modeste, qui attirée par le miroir aux alouettes se trouva entraîné dans un tourbillon sentimental étourdissant.
Née aux États-Unis d’un père hongrois diplomate en poste à Washington et d’une mère américaine d’origine irlandaise. Confronté à la tourmente d’un conflit mondial qui embrasa l’Europe tout entière, ses parents se retrouvaient sans emploi, ni ressource, dans un pays en crise économique.
Ce ne fut que trois années plus tard après sa naissance à la fin des conflits en 1945, que son père en retournant dans son pays dévasté, constatait qu’il avait tout perdu.
Ne pouvant retourner aux États-Unis où il n'aurait pu par manque de moyen subvenir aux besoins de sa famille, il gagna la France avec sa mère, en 1947, où résidaient plusieurs de ses sœurs le laissant provisoirement à la garde d’un de ses frères à Budapest, juste le temps lui avait-il promis, de trouver un toit et du travail.
Lorsqu'il les rejoignit, alors qu’il n’avait que sept ans, il parlait déjà couramment l'hongrois et l’anglais sa langue maternelle, mais aucunement cette langue si riche à l’intonation si belle, mais tellement difficile, qu’était le français.
Après avoir été confronté pendant près de deux années au rejet d'une famille détestable, lassée sans doute de subvenir en ces temps de pénurie à ses besoins… Une famille qui lui était devenue totalement étrangère et que jamais, il n’avait considérée comme la sienne.
Ce fut le trois décembre de l’année 1949, par un froid glacial, qu'il parvenait avec l’Orient Express dans cette immense Gare de l’Est. Il arrivait dans un monde nouveau qu’il découvrait le cœur empli d’espoir, heureux de retrouver son père, son frère, et surtout sa mère. En les retrouvant, il redevint confiant dans un avenir transcendé comme pouvait le ressentir un enfant de son âge.
Citoyen Américain de naissance. Il devait par les hasards du destin affronter une fois de plus un pays nouveau pour apprendre à s’y exprimer, et à s’y adapter.
Prêt à enlacer la vie à deux bras, il apprit en quelques mois sa langue, ses usages, et ses traditions.
Il lui avait pourtant encore fallu quatorze années supplémentaires pour parfaire ses connaissances, apprendre un métier, et vivre la première expérience sentimentale de sa vie.
En réalité, ce ne fut que la première marche salutaire d'une aventure sentimentale déçue qui providentiellement lui avait permis de gravir toutes les autres successivement en une ascension vertigineuse qui le mena loin, au plus haut des sphères du pouvoir, de l’amour, et de l’argent.
Paradoxalement, tout commença dans cette immense gare parisienne où un immense monstre d'acier fumant l’avait bien des années auparavant, amenées de l’Est... Mais ce n’était que le début d'un parcoure atypique, le commencement d'une longue histoire surprenante aux paradoxes improbables...
Gare de l'Est
Entouré de ses collaborateurs en pleine séance de travail sur un projet important. Une concertation pendant laquelle il devait se prendre des décisions majeures, un moment rare où il n’aimait pas être dérangé.
Pourtant, il le fut par un appel émanant de sa secrétaire qui lui fit part d’une communication téléphonique qui après réflexion lui avait semblé importante.
- Une personne vous a demandé, lui avait-elle dit, il prétend vous connaître et a ajouté sur un ton intimiste que vous seriez certainement très heureux si vous consentiez à le recevoir. Il a dit s’appeler Julien et m’a aussi demandé de vous transmettre le message suivant… Ecu de France 1963.
À l’énoncé de ces quatre mots, il fut pris comme d’un vertige... Ce fut subite et inattendu, des bribes de son passer se mirent à tourbillonner dans sa tête pour remonter à la surface de sa mémoire. Il ne se souvenait pas réellement de ce Julien, mais de l’Ecu de France, et de 1963… bien sûrs que Oui !
Bien que réellement intrigué, il ne laissa rien paraître malgré le trouble qui l’envahissait, il lui demanda si elle avait bien noté les coordonnés de cet appel. Sa réponse fut affirmative. Pensif… il terminait la réunion.
Ce mercredi s'achevait comme dans un tourbillon qui l’entraîna dans un passé maintenant bien lointain.
Dans l'ascenseur qui le hissa au sommet vers ses appartements, il éprouva en se souvenant de certains épisodes paradoxaux de sa vie un malaise pernicieux, qui le troubla profondément.
Sa très jolie compagne en le dévisageant, l’apostropha gentiment.
- Que ce passe-t-il mon Jimmy ? Tu me sembles préoccupé.
- Oh ! Pas plus que d’habitude.
Cette réponse laconique fut loin de la satisfaire. Percevant dans son regard une certaine inquiétude, pour la rassurer, il lui confia les raisons de son trouble.
- Ne trouves-tu pas qu’il est curieux tout de même que quelqu’un te recherche après tant d’années ?
- Non, pas réellement. Curieux sans doute ! Mais pas vraiment invraisemblable.
Comme à presque chaque fin de journée de travail en été au dernier étage de ce très haut gratte-ciel de Columbus avenue transformée en jardin luxuriant, il rejoignait sa somptueuse compagne dans ce vaste bassin bouillonnant entouré d'une épaisse végétation tropicale qui trônait impérialement au centre de leur terrasse.
Il aimais se détendre auprès d’elle en lui racontant sa journée tout en la taquinant gentiment.
Ce soir pensif, il demeura silencieux, sa présence le rassurait. En fermant les yeux quelques images de ce temps déjà si lointain enfoui depuis si longtemps dans les profondeurs de sa mémoire resurgissaient comme par miracle. Il reconnaissait des visages et même arrivait parfois à identifier des voix.
Comment aurait-il pu ne pas se souvenir de ce début d'après-midi de 1964... de cette dernière semaine d’octobre déjà si glacial ? C’était, et il s'en souvenait encore, un samedi maussade, vantée, et pluvieux comme l’était son état d’esprit du moment. Que pouvait-il y faire ? Il l’aimait encore.
En descendant les quelques marches glissantes qui menaient sur un des quais de la station de métro Louis Blanc, il avait gardé quelques illusions. Ne lui avait-elle pas promis de le rejoindre à la station Chaussée d’Antin à 15 heures ?
Pourquoi ne l’aurait-il pas cru ? Elle qui pensait-il, ne lui mentirait jamais.
Après avoir pris place dans une rame le cerveau encombré de pensées négatives, il passa son temps pour ne pas trop réfléchir à compter les stations qui se succédaient lentement les unes aux autres… Une lente succession qui pensait-il après chacune d’elles le rapprochait un peu plus de celle qu'il croyait encore sienne.
Station Château-Landon, plus que cinq pensa-t-il... Poissonnière, plus que trois. Le Peletier et déjà impatient, il se levait sachant que la prochaine serait sa destination.
Pourtant il ne pouvait ne pas se poser des questions. Tout d'abord, pourquoi vraiment se trouvait-il là, puisque tous étaient finit.
Que recherchait-il ? Alors qu'il n'y avait plus rien à espérer ni à trouver. Des questionnements pernicieux auxquels il ne trouva sur l'instant aucune réponse qui aurait pu le convaincre du bien-fondé de sa démarche. Le temps lui en avait sans doute manqué, car déjà, il arrivait.
Station Chaussée d’Antin... enfin. Il fut l'un des premiers à prendre pied sur le quai. Agacé, il attendit que la rame se fût éloignée pour scruter le quai d’en face espérant l’y apercevoir.
C’était là en effet, arrivant de la Porte de Saint-Cloud qu’elle devait se trouver. Ne l’apercevant pas, fébrilement, il jeta un rapide coup d’œil sur sa montre qui le rassura.
À cet instant, il estimait sincèrement qu’il n’y avait encore absolument rien d’anormal à ce qu’elle ne fut pas là. Il n’était pas tout à fait 15 heures. Il avait juste le temps pensa-t-il à changer de quai pour la voire arrivée.
Les rames qui toutes les trois minutes se succédaient, déversaient à chaque passage sur un quai déjà encombré un flot de voyageurs grouillant. Le regard vrillé à s’en étourdir, il scrutait anxieux un à un tous ceux qui en descendaient.
Le temps qui s’écoulait irrémédiablement effritait cruellement par petit bout à chaque arrivée d'une rame ses restants d'espoir. À 15 h 45... il n’y croyait plus ! Lui aurait-elle menti ?
« - Comment a-t-elle pu lui faire cela ? Avait-il alors naïvement pensé... Lui faire cela, après toutes les belles choses et les plaisirs qu'ensemble ils avaient intensément vécus ! »
L’heure du rendez-vous se trouvait alors largement dépassée. Fatigué par la tension et la déception qui le terrassait, il constatait avec amertume et sans grande surprise qu'ils n'étaient vraiment pas habités par les mêmes sentiments.
Sur l’instant, il n’avait pu se résoudre à partir espérant sans doute encore un miracle. Il ne savait pas encore aujourd'hui si cela en avait été la cause véritable.
Pourtant écœuré, le cœur désabusé avec un goût de cendre dans la bouche, il était resté comme rivé à son siège la tête vide avec la sensation d'avoir été trahi dans tous ce qu'il avait de plus cher et la certitude d'avoir perdu tout espoir d’un avenir heureux.
Bien que désabusé par cette ignoble trahison, fatigué, le cœur désemparé, soudé sur ce banc de bois au milieu de cette foule grouillante, il avait fermé les yeux pour laisser venir à lui du tréfonds de sa mémoire des souvenirs qui lui rappelait cette belle journée d'antan passé d'un peu plus d’un an de cela…
Alva, sa magnifique compagne suédoise belle a croqué le voyant pâlir, inquiète, l’interrogea.
- Que se passe-t-il mon chéri ! Quelques problèmes importants ?
- Non ! Bien plus cauchemardesque que cela, un très mauvais souvenir.
- Ne veux-tu donc, rien me dire ?
- À quoi bon revenir là-dessus, cela fait partie d’un passé déjà si lointain. Depuis, heureusement pour mon bonheur, il y en a eu de bien plus heureux… Toi mon amour, par exemple.
Cette vieille histoire qui s’était si mal terminée avait commencé pourtant bien différemment.
Il s'empara tout en caresses de la douce petite main tendue de sa jolie compagne. Une tendre invitation qu’il ne dédaigna pas bien que ses pensées fussent déjà ailleurs. Tendrement, il posa sa tête au creux de son épaule dénudée en y posant un petit baisé… Une épaule adorable sur laquelle cascadait une longue et magnifique chevelure blonde qu’il adorait caresser.
En enlaçant ce corps si parfait qu’elle avait dénudé pour lui plaire, il ferma lentement les yeux tout en lui souriant pour prendre le départ d’un long voyage dans un passé lointain aux aspects improbables… Un voyage tortueux, que sa mémoire pensa-t-il jusqu’ici sans faille, arriverait avec un peu de concentration à effectuer sans effort.
Il se revit jeune et beau par ce magnifique dimanche d’automne ensoleillé de l’année 1963. Le 6 octobre très exactement, une date gravée qu’il n’avait pu, ni n'avait voulut effacer de sa mémoire.
En réponse à une invitation, il avait dû se rendre dans une brasserie pompeusement nommée l’Ecu de France. Un établissement fort bien situé qui se trouvait à l’angle de la rue Chabrol et de la rue d'Alsace solidement implantée depuis des décennies à proximité de l'immense Gare de l’Est dans le Xe arrondissement de Paris.
Un de ses camarades de prime jeunesse avait eu l'idée de louer la salle du premier étage réservé aux banquets pour y fêter en compagnie de quelques amis et connaissances son vingtième anniversaire. C’est dans ce lieu désuet qu'il devait découvrir pour la première fois les délices du sentiment amoureux.
Si à l’époque on le lui avait demandé, il aurait volontiers avoué qu'il ne se trouvait pas très enthousiaste à s’y rendre.
La veille en effet, il avait rencontré une charmante jeune fille, une jolie blonde très belle dans une soirée organisée par d’autres amis dans un milieu totalement différent de celui dans lequel il devait s'immerger... D'autres relations qui intellectuellement correspondaient davantage à ses aspirations du moment... Mais pour de multiples raisons personnelles, il n'avait pu se soustraire à cette invitation qui malheureusement tombait fort mal à propos.
Il se souvenait encore parfaitement en arrivant à l’étage de cette vaste salle dénuée de toute personnalité et du vacarme assourdissant d'une musique trop forte diffusée par un tourne-disque poussé à son paroxysme... Un petit phonographe Teppaz qui délivrait sur un twist des chats sauvages un son totalement saturé et nasillard qui perçait littéralement les tympans. En voyant quelques couples danser, il constatait que la fête avait déjà commencé.
Discrètement, après avoir distribué quelques sourires et marques de sympathie, il s’inséra dans un groupe qui lui avait semblé sympathique avec l’intention de ne rester qu’un court moment. La salle était comble de personnes qu'il ne connaissait pas… Elle en faisait partie !
Sans flagornerie, il aurait avoué sur l'instant qu’aucune des jeunes filles présentes dans cette salle ne lui donnait l’envie de la courtiser, aussi courtoisement, il fit acte de présence sans aucune intention particulière de conquête. Pour se consoler, il s'était persuadé que dans moins d'une heure, il irait, s'il arrivait à s'éclipser retrouver sa charmante conquête de la veille… Une très jolie blonde, qui ne cessait d’accaparer ses pensées.
Il avait gardé le souvenir de cette grande table ovale autour de laquelle ils s'étaient tous attablés pour discuter, boire, chanter et manger leurs parts du gâteau d’anniversaire.
Le hasard avait voulu qu'elle fût assise à l’extrémité opposée à celle où il se trouvait. Elle n’était pas vraiment belle, ni bien grande pourtant, elle accrocha son regard. Contrairement à d'autres qui l'entouraient, il la trouva différente. Assise entre deux de ses amies, elle fumait cigarette sur cigarettes.
De par ses attitudes simagrées, il remarqua et cela lui parut évident, qu’elle dénotait dans ce milieu qui ne semblait pas être le sien. Attirés sans doute par ses mignardises, quelques garçons boutonneux aux sourires conquérants tournaient autour d’elle comme des mouches autour d'un pot de miel avec l’envie affichée de faire un petit tour de danse dans ses bras.
Elle semblait tout comme lui profondément s’ennuyer. Cela se lisait clairement sur son visage même de la place éloigné qu'il occupais.
Il se serait sans doute discrètement éclipsé après que son camarade eut soufflé ses vingt bougies si la mère de ce dernier qui le connaissait, ne l’avait pas retenu en l’agrippant par sa manche.
- James, voyons ! Ne me dite surtout pas que vous vous ennuyer. Resté donc encore un peu, rien que pour me faire plaisir... Juste le temps de faire danser ces quelques jeunes filles qui depuis que vous êtes arrivé vous dévorent du regard. Il suffit de les regarder, vous semblez tellement leur plaire.
Il avait encore dans les oreilles les premiers accords de ce morceau de Ray Charles qui lui donna l’envie de dérouler sous ses pas ce tapis rouge imaginaire qui le conduisait vers elle. La seule dans cette assemblée hétéroclite qui lui avait semblé appartenir à un milieu différent.
Il devait reconnaître pour être totalement sincère que cela fût fait sur le moment sans grand enthousiasme, presque en traînant les pieds avec la ferme intention de s’éclipser sitôt la danse achevée.
Il pestait contre cette femme qui l'avait presque obligé à rester dans cette ambiance de fête foraine qu'il détestait. Qu'importe, il l'occulta de ses pensées qui déjà allaient vers cette grande jeune fille blonde de dix-neuf ans belle à se damner au sourire merveilleux qui l’attendait dans une sphère bien plus calme et différente que celle où il se trouvait.
Ce milieu de potache, cette ambiance de cancre lui pesait… Une assemblée disparate parmi laquelle, il ne se sentait plus tout à fait à son aise.
Autour d’elle, l'ayant devancée de plusieurs longueurs, déjà trois ou quatre garçons aux sourires conquérants se pressaient.
Encore loin, la voyant ainsi entourée, le visage enveloppé d’une épaisse veloute de fumée, il avait failli rebrousser chemin.
À quoi bon, s’était-il dit de perdre son temps, alors que sans l’intervention de cette femme, il aurait déjà pu se trouver loin.
En éconduisant ses prétendants, elle avait fait le vide, il était évident qu’elle ne souhaitait pas danser.
Arrivé à sa hauteur, il vit sur ses lèvres comme une petite pointe de mépris. Hautaine, elle semblait ne pas le voir avec un regard qui le transperçait comme s'il était transparent et qu’a ses yeux, il n’existait pas.
Il ne put sur l’instant s’empêcher de sourire devant cette montagne d’arrogance. il avait bien entendu en découvrant cette posture, décidé d’annuler sa demande.
Déjà d’un regard circulaire, il avait balayé la salle pour découvrir plusieurs jeunes filles sans cavalier qui le croquait du regard. Que lui importât laquelle, du moment qu'elle fut disponible.
Au moment de faire volte-face, il avait remarqué dans son regard comme une interrogation qui semblait attendre une réponse… Réponse à laquelle, il répondit par un bref petit sourire contraint. Sans transition, il se tournait déjà vers la première jeune fille qui se trouvait à sa portée.
À son grand étonnement, et avant même qu'il puisse faire sa demande, elle s’était levée cigarette à la main et avec un aplomb déconcertant s'était dirigée vers lui avec un petit air mutin en posant sur lui du haut de son mètre cinquante un regard interrogateur.
Surpris par sa démarche, il l’entendit lui susurrer du bout des lèvres sur un ton qu’elle voulait badin.
- Vous ne voulez donc pas danser avec moi ?
En souriant, il la jaugea tranquillement du regard puis, prit la main qu'elle lui tendait pour l’entraîner vers le milieu de la piste où ils allèrent se mêler à la multitude. Vraiment, sans l'avoir cherchée, cela lui valut le regard haineux de tous ceux qu’elle avait repoussé ainsi que la mine de désapprobation de la jeune fille qu'il avait délaissée.
Sur ce premier slow, les yeux mi-clos, de suite elle s’était laissé enlacer. Plaquant son corps sans pudeur contre son torse, elle l’observait la tête relevée posée sur son cœur pour s’assurer sans doute qu’il battait à l’unisson... Elle s’appelait Corinne.
À la fin du morceau, il ne savait pas encore pourquoi, mais il était resté. Par la suite, ils avaient dansé et encore dansé. Elle lui avait offert ses lèvres, qu'il avait prises… Puis, avant de la quitter, il avait émis le souhait de la revoir. Elle ne lui avait encore pas dit non.
C’est comme cela qu'elle entra dans ma vie par accident. Sans que je n'y prenne garde, elle m’avait harponné, prise dans ses filets, sans que j’eusse envie de m’en échapper.
Paradoxalement, je n’avais pas oublié mon rendez-vous. Je dois tout de même avouer que je flottais sur un petit nuage. Deux conquêtes, en deux jours, étaient de l’ordre de l’exceptionnelles. Cette demoiselle était un paradoxe. Moi qui avais le goût des filles de ma taille plutôt jolies, alors qu’elle, elle ne l’était pas vraiment, je me demandais réellement ou je m’étais égaré ?
Elle me sembla si petite, et tellement fragile, que je ne sais ce qui se passa, mais j’eus envie de la posséder tout entière.
Après l’avoir quitté souriante en compagnie de deux de ses amies, c'est dans les couloirs du métro parisien que je me précipitais vers mon rendez-vous galant.
Quel contraste, ce fut en la retrouvant assise au fond de l'arrière-salle de cette brasserie du septième arrondissement. Attablée furieuse, elle m’attendait en consommant sa troisième tasse de café. Un instant, elle m’avait foudroyé du regard.
- Que t’arrive-t-il, m’avait-elle demandé sur un ton nimbé de reproche ? J’allais partir ! Je pensais que tu ne viendrais plus.
Mon dieu qu’elle était belle avec ses grands et beaux yeux d’un bleu très pâle… Un bleu azuréen qui faisait songer aux lagons paradisiaques des mers du Sud. Un regard profond, sensuel, qui pouvait aussi selon les circonstances s’assombrir et vous foudroyez lorsqu’on la contrariait. Ce qui était sur l'instant le cas.
Qu’ils étaient magnifiques ses longs et beaux cheveux blond doré que j’avais la veille si longuement caressée. Une magnifique chevelure luxuriante qui en ondulant avec nonchalance au rythme de ses mouvements sensuels cascadait avec grâce sur ses rondes et belles épaules que j’imaginais douces et adorables.
Son visage était gracieux et fier, elle avait des pommettes hautes, une peau de pêche avec un petit nez charmant et un regard amoureux qui me défiait.
Elle s’appelait Helka. Elle était finlandaise en stage dans une prestigieuse maison de couture… Elle venait d’avoir dix-neuf ans.
« - Comment avais-je pu faire attendre une telle beauté, fallait-il que je sois fou ? Encore aujourd’hui, je ne me l’explique pas. »
Le samedi suivant je la retrouvais encore plus belle et follement attirante. Je crois qu’elle m’aimait. Était-ce parce que je dansais un peu mieux que les autres ? Ou bien peut-être encore pour des raisons qui lui étaient toutes personnelles… Une raison secrète, qu’elle ne me révélera jamais. Pourtant, lâchement, j’invoquais un prétexte familial fallacieux pour ne pas la retrouver le lendemain.
À ce jour encore en me remémorant cet épisode sordide de mon existence, j’en éprouve de la honte et une profonde tristesse.
Le lendemain, le dimanche 13 octobre, je me rendais à un autre rendez-vous. Dangereux de courir deux lièvres à la fois. Mais à cette époque, j’étais jeune et vigoureux, vingt et un ans à peine et je voulais croire que le monde entier et que toutes les femmes qui la peuplaient m’appartenaient.
En longeant le boulevard Lannes inhabituellement encombré, je passais en voiture devant l’immeuble où dans un de ses appartements reposait la dépouille d'Édith Piaf décédée le vendredi précédent, le onze, dans le Midi de la France dans sa propriété de Grâce.
Ne sachant à cette époque qu'elle logeait à cet endroit, ni le pourquoi de cet immense attroupement, nous passâmes sans trop nous poser de questions. Elle fut inhumée au cimetière du Père-Lachaise le lundi quatorze.
C’est ce repère marquant qui me permet de dater avec exactitude le jour de ce premier rendez-vous à l’église de Sainte Jeanne de Chantal de la Porte de Saint-Cloud. Ne possédant pas encore de véhicule, n’étant pas vraiment en avance, un ami de ma sœur avait absolument voulu me rendre ce service en m’y déposant avec sa Dyna Panhard.
En franchissant le seuil de l’église, passant d’une vive lumière à la pénombre du sanctuaire, je mis un certain temps pour retrouver toute mon acuité visuelle.
Ne connaissant ce lieu, ni sa topographie, je fus un instant désorienté. Soudain, une silhouette m’apparut sous la nef gauche tout près de l’autel assise au premier rang sur un long banc en bois. Elle était là, elle m’attendait. Toute ma vie, ce fut ainsi. Toutes mes femmes m’ont souvent longuement attendu.
Souplement, tel un félin, je m'étais glissé silencieusement à ses côtés. Nullement surprise par ma présence, je la retrouvais souriante. M’avait elle entendu arriver ? Je ne le lui avais pas demandé. Heureuse sans doute de me retrouver, elle s'était emparée de ma main en la serrant très fort.
- Jimmy, j’ai cru que tu ne viendrais plus, m’avait-elle, tendrement chuchotée à l'oreille en y posant un rapide petit baisé. Elle garda ma main encore le temps d’une dernière prière.
Ce ne fut qu'une fois arrivé sur le parvis de l’église dans la clarté retrouvée que je pus lui soumettre mon désir d’aller nous asseoir dans un lieu plus propice à la conversation afin de nous concerter et décider, de la suite a donné à notre après-midi.
Corinne qui connaissait son quartier bien mieux que moi qui y venais pour la première fois, trouva ma proposition judicieuse et ce fut de commun accord que nous prîmes place à la terrasse du café Cardinal agréablement situé sur la place de la porte de Saint-Cloud.
En la découvrant en pleine lumière, il me fut évident qu'elle était loin d’être aussi belle que ma ravissante Helka que je regrettais déjà profondément d’avoir délaissé. Mais Corinne qui était très différente, avait un petit quelque chose qui me retint.
Avait-elle une conversation plus riche, plus structurée en un sens plus intéressant ? Sans aucun doute. Peut-être était-ce dû à son expérience des salons et à son âge avancé frisant les vingt-trois années. Presque une demi-décennie de plus que ma ravissante blonde... Une beauté finlandaise, qui soit dit en passant, ne disposait peut-être pas encore de l'expérience des salons et la pratique des belles paroles, mais possédait sans conteste un bien plus précieux que tous les trésors de la terre... le privilège de l’intelligence. Pourtant, tout en sachant cela, je restais là à l’écouter béatement sans savoir encore vraiment ce qui me retenait.
Nous parlâmes de tout et de rien pour enfin nous décider à aller voir un bon film. À cette époque très cinéphile, je connaissais l’emplacement et les films qui se jouaient dans chacune des salles qui jalonnaient la capitale. Je lui suggérais d’aller sur les grands boulevards où le choix des salles qui proposaient des films récents, allait de la porte Saint-Martin, à la place de la Madeleine.
Comment savoir après tant d’années quelle fut le jour précis où je fus tombé amoureux de Corinne ?
Si je disserte sur ce sujet c’est que ce fut vraiment la première fois de ma courte existante que je ressentais ce doux émoi. Un sentiment complexe, totalement irraisonné, dénué de toutes rationalités que jamais, je n’avais éprouvé auparavant pour aucune autre.
Pourtant, je crois bien me souvenir que ce fut le jour où nous allâmes pour la première fois au cinéma. Les évènements de cet après-midi et du lieu où cela s’était passé, sont restés profondément gravés dans ma mémoire.
Nous avions quitté le secteur huppé de la Porte de Saint-Cloud à l'ambiance mortifère pour nous rendre après un court trajet métropolitain dans un quartier bien plus populaire, et surtout bien plus animer au pied même de la Porte Saint-Martin devant laquelle se déroulait pétillant le long ruban plein de vie des grands boulevards. Notre choix se porta unanimement sur cette grande salle mythique.
Cléopâtre, une réalisation de Joseph Mankiewicz était le film-phare affichée en lettres lumineuses au fronton du cinéma le REX… Une superproduction qui m’était face à face un Richard Burton incomparable et une Elisabeth Taylor somptueuse.
C’était un film très récent sorti le 25 septembre de l’année 1963. Ce fut ce film grandiose qui remporta notre adhésion.
Ce cinéma hors normes pour l’époque était doté d’une salle magnifique du fait de sa décoration originale. Le ressentie qui fut le nôtre en y pénétrant pour la première fois était surprenant. Cette immense salle nous donna l’impression d'avoir été téléportée sous la voûte d’un ciel étoilé d'Andalousie par une douce et belle soirée d’été.
Le ressentie de cette sensation de bien-être fut sans doute aussi provoqué par la douce fraîcheur d'une climatisation agréable qui équipait à cette époque cette immense salle de cinéma qui était le premier en France à en être doté.
Au fronton côté rue, une immense affiche géante ornait sa gigantesque façade. Ce cinéma fantastique était situé sur les grands boulevards de Paris face à la station de métro Bonne Nouvelle.
Arrivé après le début du film, nous ne trouvâmes aucune place de libre et ce fut sur des strapontins, l’un derrière l’autre, sur la rangée latérale droite de la salle que nous dûmes prendre place.
Notre déception fut immense. Assise derrière moi, je lui avais tendu ma main qu'elle emprisonna et garda jusqu'à la fin de la longue première partie du film. Quelques fauteuils à l'entracte se libérèrent ce qui nous permis de quitter nos strapontins inconfortables et de prendre enfin place l'un à côté de l'autre dans de somptueux fauteuils mœlleux.
Royalement installé, je passais tout naturellement mon bras autour de ses épaules et dans la lumière décroissante, annonçant le début de la deuxième partie du film, je posais mon premier petit baisé de la journée sur le bord de ses lèvres et une main caressante sur son sein sans qu’elle protestât.
En quittant la salle, les bords du Nil et les pyramides d’É-gypte, le soleil à l’extérieur avait cédé sa place à la pénombre. La séance avait été longue, vraiment très longue. Je ne saurais me rappeler d’une façon cohérente du déroulement de ce film, ni d’ailleurs de son épilogue, car mes préoccupations de ce jour furent captées par d’autres plaisirs. Je pouvais en sortant lui dire enfin… Tu.
Le spectacle avait été long et tant mieux, trois heures passées à s’aimer. En sortant heureux, nous constatâmes avec surprise que la nuit était tombée. Il était tard, après un dernier verre rapidement consommé au café du coin, je lui proposais de la raccompagner.
Ravie par ma proposition, elle me confia être sensible par ma démarche, mais déclina gentiment mon offre en m’en dissuadant avec des arguments que je dois reconnaître était réaliste.
Déjà, impatiente, peur de rentrer trop tard, après une dernière gorgée et un ultime baisé, elle se sauva rapidement.
Un sentiment nouveau venait de naître, il me sembla qu'il fut en ces instants réciproquement partagés. Une longue période de plénitude s’ouvrait devant nous. Nous ne pouvions alors plus nous passer l’un de l’autre.
L’évocation de cet événement d'antan pourtant déjà si lointain, mais dans son esprit encore si proche, lui rappelait une douloureuse blessure qui malgré les nombreuses années écoulées n'avait pu totalement se cicatriser.
Le souvenir de cette aventure pourtant combien délicieuse à son commencement déclencha malgré lui en se le remémorant une vague émotionnelle qui pernicieusement en remontant du tréfonds de sa mémoire provoqua une vague émotionnelle incontrôlable qu’il ne sut réfréner et qui en un instant le submergea.
La sonnerie de son téléphone cellulaire posé à quelques mètres de là sur la grande table l’extirpa à point nommé de ce raz-de-marée émotionnel.
- Chérie ! Voudrais-tu m’apporter ce téléphone ? J’ai bien l’impression qu’ils doivent avoir un problème avec Barbara sur le tournage.
Alva au corps de Diane en tenue d’Ève s’extirpa du spa telle une déesse avec un déhanché de star pour s’emparer avec grâce de l’appareil qui n’arrêtait pas de sonner.
- Décroche mon amour, veux-tu, avant que la sonnerie ne cesse et dis-moi ce qu’ils me veulent.
- Allo… Allo. Oui… J’écoute !
- Oh ! C’est vous mademoiselle Amandusson, pardonnez-moi de vous déranger si tard, pourriez-vous me passer un instant monsieur Marval ? Nous avons un petit problème d’ego avec mademoiselle Woods... Nous ne savons plus quoi faire.
- Chéri, c’est pour toi ! C’est Ryan Roberts un de tes réalisateurs. Tu ne t’étais pas trompé, c’est encore Barbara qui fait des siennes.
- Oh ! Je vois... je vais lui parler.
Quelques instants plus tard, après qu’il eut mis fin à la communication, tout était par miracle rentré dans l’ordre.
Alva, subjugué par ce qu’elle venait d’entendre se trouva littéralement sous l'emprise du charme de cette voix douce si tendrement posé au timbre très particulier empreinte d’empathie et d'un charisme incroyables. Il venait de terminer sa conversation tout en douceur avec la belle Barbara sans avoir élevé un seul instant la voix.
Elle souriait heureuse de se savoir aimé par cet homme aux talents sans égal et trouva mille raisons qui justifiaient l’amour sincère qu’elle lui portait malgré leurs dix-sept années de différence d'âges… Une différence, qui pensa-t-elle, les rapprochait encore davantage.
Elle venait d’avoir quarante et un ans, mais n’en paraissait à peine vingt-cinq. Heureuse, elle se laissait emportée par la vague de tendresse qu’il lui prodiguait journellement. Pas un jour encore ne s’était passé sans qu’il ne parvienne à la surprendre. D’ailleurs comme ce soir, il l'avait fait sans le vouloir.
- Je n’arrive pas à comprendre qu’après l’avoir quitté, tu aies gardé une si grande emprise sur elle.
- Peut-être parce qu’elle m’aime encore ?
- Et toi ! L’aime tu encore ?
- Oui ! Bien sûr, à ma façon.
- Alors ! Pourquoi là tu quitté pour moi ?
- Parce que tu possèdes tout ce qu’elle n’a pas.
- Tu t’en tires toujours par une pirouette.
- Tu te trompes Alva ! Jamais sur ce sujet je ne te mentirai. Notre histoire ne peut être comparée à aucune de celles que j'ai pu vivre par le passé... Toi, je t'aime d’amour.
Tu habites en permanence mon cœur en y occupant tout l'espace. Je ferai tout pour te garder. Jamais, je ne pourrai me résoudre à l'idée de te perdre.
- Que de bien belles phrases bien ponctuées ! Mais pensestu vraiment tous ce que tu viens de me dire
- Non seulement je le pense, mais te le prouve journellement. Ne suis-je pas près de toi alors que je devrais normalement me trouver sur les lieux du tournage ? C’est cela que Barbara m’avait reproché.
En vérité, ce n’est pas moi qui ai quitté Barbara. C’est elle qui s’en est allée sans un mot, sans un geste, sans rien de tangible pour me faire savoir pourquoi.
- Cela, je ne le savais pas ! J'étais plutôt enclin à penser que ce fut le contraire.
- Pourtant, comme tu le vois, je continue à la faire travailler alors que plus personne ne la demande. Je ne veux pas te faire croire que je n’éprouve plus rien pour elle, car cela serait te mentir d'une façon éhontée. Oui, je l’ai tendrement aimé, mais sans doute beaucoup moins bien que toi.
- Pardonne-moi Jimmy, mais Barbara est si belle, qu'il m’arrive parfois d’être malade de jalousie.
- Crois-tu vraiment que j’aurais pu ce soir te laisser seule ma chérie… Alors que tout le long de chaque jour, je ne pense qu’à te retrouver pour t’aimer et t’admirer dans ta plus tendre intimitée. Me crois-tu assez fou pour renoncer à cela ?
Dans le cas improbable où tu ne l'aurais pas encore éprouvé, sache que je t’aime bien au-delà de tous ce que tu pourrais imaginer. Tu es devenu pour moi l’alpha et l’Oméga… Ne te l'ai-je pas encore prouvé ce soir en choisissant de rester à tes côtés ?
- Moi aussi, je t’aime mon Jimmy. Cela me fait du bien de t’entendre me parler d’amour… Tu le fais tellement bien.
- Dommage que ce coup de téléphone nous ait perturbés.
- Mais non mon chéri, bien au contraire. Veux-tu que je t’apporte un verre ?
- Oui, c’est une excellente idée.
De nouveau dans une nudité intégrale, elle quittait le bassin bouillonnant avec un déhanché ravageur telle une nymphe de l'Olympe pour franchir délicatement sur la pointe des pieds les quelques mètres qui les séparaient du magnifique bar en acajou qui l'attendait à l'ombre d'un immense palétuvier.
- Est-ce qu'un Scotch te conviendrait, lui demanda-t-elle, en se retournant de loin ?
- Non ! Ce soir pas d’alcool... Presse-moi s’il te plaît plutôt une belle et grosse orange bien juteuse.
- Après tout tu as raison, un bon jus de fruits par cette chaleur sera le bienvenu.
- Oui ! Surtout si c'est un jus bien frais et pas de ces cochonneries vendues en boîtes de fer-blanc !
De nouveau resté seul, il ferma lentement les yeux. La seule évocation de ce téléphone fit émerger du fond de sa mémoire des souvenirs anciens qui le transportèrent à une époque où le téléphone n’était pas comme aujourd'hui un acquit... Mais un privilège !
Un passé pourtant heureux par bien des aspects empreint de fougues et de naïvetés. Une prérogative particulière accordée à la jeunesse.
Comment aurait-il pu oublier ces soirées de l’année 1963 quand après avoir rapidement dîné il quittait son petit appartement familial du Xe arrondissement de Paris pour se précipiter vers un téléphone ?
Un moyen de lui parler chez l'un de ses camarades de l'époque… Un camarade, s’il l'avait été à ce moment, depuis longtemps ne l’était plus. Il habitait au bord du canal Saint-Martin, plus précisément sur le Quai de Valmy.
« - Un personnage méprisable à double-face influençable sans discernement, insignifiant et sans aucune personnalité que je ne nommerai pas ici. On l’appelait entre nous Bunny, peut-être, se reconnaîtra-t-il ? »
Quoi qu’il en fût, j’y allais pour la rejoindre par la voix. Corinne était très bavarde, ce qui fit que nous parlions des heures entières sans discontinuer. Cela se passait en soirée dans un des bureaux d’une entreprise désertée par son personnel après 18 heures dont les parents de cet ancien pseudo camarade cumulaient les charges ménagèrent à celui de concierge responsable du gardiennage.
Nous parlions alors de tout et de rien comme le faisaient tous les amoureux du monde. C’était une époque où encore peu de particuliers possédaient une ligne téléphonique.
La vision de la beauté somptueuse d'Alva dans toute sa splendeur le fit revenir sur l'instant au moment présent. Pour lui plaire, elle avait noué autour de sa taille avec raffinement un très joli paréo dissimulant en partie ses merveilles.
« - Mon dieu, ne put-il s'empêcher de penser... Qu’elle est belle, que de chemins parcourus depuis ce passé improbable. »
Après avoir déposé sur la table deux grands verres remplis de jus d’orange nature fraichement pressé, elle vint à lui ondulante, serviette de bain à la main en souriant pour le sécher.
James jouissait d’une heureuse hérédité. Les années passantes n’avaient pas encore réussi à marquer son corps de jeune homme de traces indélébiles.
Elle le frictionna énergiquement en le couvrant de petits baisés fripons qui le firent frissonner de la tête au pieds puis, quand il demanda grâce, elle noua amoureusement autour de sa taille un paréo plus masculin. Ce rituel leur était habituel. New York en été pouvait être parfois caniculaire.
En hiver, quand son calendrier le lui permettait. Ils s’envolaient vers les Bahamas ou sur leur voilier de 92 pieds un (28 mètres), ils continuaient à profiter du soleil.
- Chérie, à chaque fois que je te vois, j’ai envie de t’embrasser.
- Est-il bien vrai ce gros mensonge ?
- Oui, il est vrai lui dit-il en la prenant tendrement dans ses bras. Ce n'est pas un mensonge, mais seulement ma vérité... Cela fait combien de temps que nous nous connaissons ?
- Tu dis cela comme si tu ne le savais pas… Cela fait trois ans, où bien si tu préfères, deux cent quarante-sept jours et onze heures.
- Non... tu te trompes ! Douze, passées de trente minutes. Je t’aime tellement mon trésor.
Heureux, la tête dans les étoiles, jouissant chacun de la partielle nudité de l'autre, ils prirent place autour de cette grande table en bois de sycomore adroitement disposée au sommet de cette haute tour de Colombus avenue dont l'immense terrasse pour préserver leurs intimités avait été judicieusement aménagée en un luxuriant jardin tropical.
Ce fut ainsi entouré de palmiers et de bananiers, assis au pied d'un immense bassin peuplé de poissons exotiques de récifs coralliens qu'ils dégustèrent ce délicieux jus d’orange gorgé du chaud soleil de la Californie… Une boisson rafraîchissante que chaque soir sa somptueuse Alva lui préparait amoureusement.
Il ne pouvait s’empêcher de l’admirer, de la contempler, ni de la regarder évoluer dans toute sa splendeur avec ses jolis seins dressés sans penser avec un petit tiraillement agréable dans le bas des reins à la merveilleuse nuit d’amour qui les attendaient.
En songeant à l’amour, il ne pouvait dissocier celui qu’il avait vécu bien des années auparavant avec une autre, en un autre temps, à une autre époque... dans une autre vie…
Corinne en ce temps-là était une petite femme très désirable. Cela faisait quatre mois et dix jours que nous nous fréquentions. Nous avions vraiment le désir de concrétiser notre amour.
Cela se passa par un frais, mais très bel après-midi ensoleillé de février dans un petit hôtel-trois-étoiles du VIIIe arrondissement.
Je ne me souviens plus du nom de l’hôtel, ni de celui de la rue, mais ce dont je me souviens parfaitement, c’est de la réception, de ma gêne face au préposer, ainsi que du grand escalier qui menait à notre chambre jusqu'à sa disposition.
Je n’ai pas non plus oublié tout ce qui s’y était passé, ni surtout l'instant où mes yeux brûlants de désirs s’étaient posés sur ses cuisses gainées de nylon avec une telle intensité, qu’elles les avaient croisés.
- Jimmy, je ne te connaissais pas ce regard.
- Ni moi tes si jolies jambes ainsi gainées de bas résille.
Un long et insupportable silence s'était ensuivi. Je me souviens de m’être lentement levé sans la quitter un instant du regard et de l’avoir tendrement prise par la main… Sans un mot, les joues enfiévrées, elle s’était laissé entraîner sans réticence le souffle court et le cœur battant.
Impatient, je l’avais attiré à moi presque avec brutalité en posant ma main sur sa poitrine et en tordant avec douceur la pointe d’un sein dressé à travers son fin corsage.
Amoureuse, elle avait soudé ses lèvres gourmandes contre les miennes et ce fut ainsi pris de vertige que nous nous laissâmes chuter tendrement enlacer sur ce grand lit moelleux qui nous reçut avec douceur.
Ma barbe naissante racla sa peau fragile, mais elle s’accrocha en me rendant avec fougue mes baisers. Mes mains avaient investi son corsage et pétrissaient ses seins comme pour les broyer. Son corps qui se tordait de plaisir laissait échapper de doux petits soupirs.
Sans même ôter sa jupe, nous fîmes de suite l’amour. Elle avait enfoui sa tête tout contre mon épaule et nous restâmes un long moment ainsi apaisé à savourer ces instants de bonheur.
Nous étions à ce moment-là si tendrement enlacés, que, jamais, nous n’aurions pu imaginer qu'un jour nous pourrions nous séparer.
Ce jour, elle devait m’avouer tout l’amour qu’elle me portait et vraiment à cet instant-là, ce sentiment était réellement partagé.
Nous avions ainsi blotti l'un contre l'autre longtemps parlés d’avenir et d’amour... Cela fut si sincèrement exprimé, que je n’eus en ces instants d'intense intimité aucune raison de ne pas la croire.
Malheureusement, nous n’avons plus renouvelé cette expérience. Corinne avait eu beaucoup de mal à supporter le regard ambigu de certains des employés de l’hôtel.
Trois semaines plus tard nous participions à une soirée amicale très spéciale. Il se trouvait que par le choix de la profession que j’exerçais... Une activité en étroite relation avec le milieu très fermé de la haute couture, il m'était indispensable de développer un savoir-faire qui demandait une grande dextérité manuelle ainsi que le savoir dessiner.
J’ai toujours apprécié l’art sous toutes ses formes avec une préférence affirmée pour l’art pictural. Ce fut la raison principale pour laquelle, je participais studieusement et régulièrement à ces cours du soir de perfectionnement en dessin.
Notre professeur était un ancien prix de Rome. Un homme délicieux comme jamais pareil, je n’ai encore à ce jour rencontré.
Il était de coutume pour se rapprocher des traditions des beaux-arts d’organiser chaque année une belle fête. Une soirée festive à laquelle j’avais convié Corinne qui accepta de m’y accompagner. Ce fut aussi pour moi l’occasion de la présenter à mon professeur et à quelques-uns de mes amis du moment.
Nous avions sagement dansé sur des musiques à la mode jusqu'à vingt-deux heures en prenant activement part à la fête ne consomment que des jus de fruits et en ne croquant que des petits gâteaux secs. Tout cela se déroulait sans folie sous le regard bienveillant de notre professeur.
Comme il était tard pour la raccompagner au moyen des transports en commun, elle prit un taxi qui la ramena confortablement et en toute sécurité à la Porte de Saint-Cloud où elle demeurait.
Pendant qu’elle s’y rendait, et bien avant que je ne rejoigne mon domicile de la rue Louis-Blanc, avec quelques camarades joyeux nous prîmes un dernier verre face à la centrale syndicale de la CGT dans un petit café-brasserie sans prétention où nous avions nos habitudes... Le Balto était un petit troquet sympathique proche de mon domicile qui avait l'avantage de posséder le plus beau baby-foot de ce quartier populaire, ainsi qu'un superbe flipper qui, même durement bousculé, ne faisait jamais tilt.
Cette petite fête intime qui par tradition se tenait chaque année eut lieu en mars 1964 dans une des classes dans les étages de l’école Eugène-Varlin située dans la rue du même nom.
La voix familière tendrement mélodieuse, qui s’éleva, le ramena presque à regret à l’instant présent.
- À table… À table ! Cria presque Cloudy leur jolie cuisinière portoricaine d’un jour.
Émergeant lentement de ses pensées avec une pointe de nostalgie, James se leva souriant en prenant tendrement la main de sa somptueuse Alva.
- Viens, ma chérie, ne la faisons pas attendre. Elle s’est donné tant de peine à nous préparer ce fastueux dîner. Ne la décevons pas.
- Je m'en garderai bien !
- Tu me sembles bien incisive... peut-être, même un peu jalouse ?
- Non, pas vraiment ! D'abords, pourquoi voudrais-tu qu'elle soit déçu ?
- Parce que pour nous préparer ce repas, elle y a mis tout son cœur et, Cloudy comme tu le sais, est très sensible.
James accordait un respect profond pour tous les gens qui le servaient ou collaboraient au développement de son vaste empire financier.
Cloudy, était une jeune Portoricaine de trente-trois ans… Une fabuleuse beauté brune très typée qui était à son service et qu’il connaissait depuis plus de quinze années… Dire qu'elle était à son service, pourrait être interprété comme un terme totalement péjoratif compte tenu du rôle déterminant qu’elle tenait dans sa vie affective. Il la rémunérait au même tarif que le meilleur de ses directeurs de marketing.
Jamais, il n’aurait pu concevoir qu'une autre la remplaçât. Elle avait été celle qui dans un passé difficile l’avait consolée et tendrement aimée... Présente, elle le fut à ses côtés aux moments les plus dramatiques de son existence en acceptant de rester fidèlement à ses côtés pour l'aimer, le rassurer en continuant à le servir et même à le nourrir, sans être rémunéré.
Depuis, les choses avaient bien changé, discrète, elle gardait leurs secrets enfouis au fond de son cœur sachant que les maîtresses passaient, et qu’elle, fidèle à ses sentiments, restait.
James savait qu’elle l’aimait toujours, aussi faisait-il tout pour la garder proche de lui et lui donner tout ce qu’un homme à femmes qu’il ne pouvait s’empêcher d’être devait offrir à une femme qu’il faisait souffrir en silence.
Il n’y pouvait rien, il était fait comme cela, il avait besoin de conquérir. Il aurait voulu toutes les aimé. Pourtant, parfois, il les quittait pour une autre et même quand lui-même à son tour était abandonné, il ne pouvait s’empêcher de continuer à les aimer comme il en était avec Barbara.
Pour lui, l’amour ne se divisait pas. Il restait entier et intact pour chacune qu’il avait chérie. Paradoxalement, malgré toutes ses infidélités, jamais aucune d’elles n’avait cessé de l’aimer... Sauf une ! Celle dont il se souvenait retrouver dans ses années de prime jeunesse par les après-midi d'hivers maussades et pluvieux.
Les après-midi d’hiver pluvieux de la capitale nous les passions assis à faire des projets dans certains cafés proches de la place de la porte de Saint-Cloud ou parfois, quand nous étions les seuls clients, nous flirtions tendrement.
Nous avions nos habitudes au café des Fontaines avenue de Versailles, au Cardinal qui se trouvait sur la place au numéro cinq et le plus souvent aux Trois obus rue Michel-Ange.
Ce fut dans ces lieux déserté les dimanches que nous nous retrouvions impatients après une longue séparation de six jours. En semaine, au vu des circonstances, nous n’avions réellement pas la possibilité de nous retrouver.
En effet, il était mathématiquement impossible, sinon improbable de nous retrouver en semaine.
En quittant mes occupations professionnelles situées dans le quartier des Champs-Élysées à 18 heures, il me fallait raisonnablement prendre en compte la fatigue d'une journée de labeur passée à travailler debout, ainsi que des affluences de pointe d'un métro parisien surchargé, sans occulter la distance importante qui nous séparait. L'addition de tout cela fit, qu’il ne fallait même pas y songer.