La dernière Valse - Victor Perlaki - E-Book

La dernière Valse E-Book

Victor Perlaki

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Beschreibung

Columbus Story est une longue et grandiose saga qui déroulera son long ruban mystérieux d'un récit aux événements fascinants, palpitants, qui vous feront rire ou pleurer mais qui ne vous laisseront jamais indifférant. Vous découvrirez avec étonnement ses nombreuses péripéties surprenantes... parfois poignantes. Vous serez surpris par ses multiples rebondissements et la découverte de ses nombreux mystères. Une fresque monumentale, passionnante, éditée en son intégralité sur un ensemble de plusieurs volumes dont le deuxième est consacré à " Épilogue... tome 10". Récit passionnant qui continuera à tracer avec fascination le sillon de la saga pour vous mener avec ravissement et bonheur, tout en douceur, vers un épilogue inattendu et heureux.

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Veröffentlichungsjahr: 2024

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Du même auteur:

***

De Bagatelle à Central Park 2020 - Manhattan Story... Volume 1 Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson

L'intangible Vérité 2020- Manhattan Story... Volume 2 Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson

Destination Stockholm 2020 - Manhattan Story... Volume 3 Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson

***

L'inconnue du 47ème 2020 - Columbus Story... Volume 1 Avec Bruce Chandler et Maureen Parker

La Nymphe d'Atlanta 2020 - Columbus Story... Volume 2 Avec Jaffrey Cleversid et Elisabeth Chandler

La Dame du Taxi Jaune 2020 - Columbus Story... Volume 3 Avec Bruce Chandler et Maureen Parker

La Sirène de Philadelphie 2020 - Columbus Story... Volume 4 Avec Bruce Chandler et Maureen Parker

***

A paraître prochainement :

Colombus Story... volume 6 Destination Thurso

***

Tous droits de traduction et de reproduction réservé pour tous pays.

Copyright © Victor Perlaki 2024

Bruce

Hélène, je suis très gêné, car, je ne voudrais en aucun cas vous faire de la peine. Vous savez bien que j’éprouve une grande affection à votre égard… Pourquoi gâcher ce temps de plénitude que nous éprouvons à être ensemble ? Comprenez que je ne peux aller où l'envie me pousse et que ma morale réprouve. Accordez-moi jusqu'à demain pour trouver les mots justes qui vous feront sentir à quel point vous êtes devenue importante pour moi.

V. Perlaki

LES FAITS

Les œuvres d’art et les endroits décrits dans cet ouvrage sont authentiques. Certains lieux sont idéalisés, mais jamais en leurs défaveurs.

L’intrigue romancée est entièrement imaginaire. De même, les noms, des personnages, de certains lieux, les actions sont fictifs, ou utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnages réels, morts ou vivants, ne serait que pure coïncidence.

V. Perlaki

***

Étonnant, captivant, ce roman fourmille de rebondissements, de voyages, d’intrigues, nous entraînant de New York à Philadelphie, de Snowmass à Atlanta en passant par Vienne, Madrid et Venise dans le monde fascinant de la mode et de la finance Victor Perlaki est aussi l’auteur du précédant roman de la série Columbus Story La Sirène de Philadelphie... tome 4

***

Table des matières

Parutions du même auteur

À ma femme

Bruce

Les faits

Préface

Paradoxe

CHAPITRE PREMIER - Samedi 10 août 2013 01 Paradis Island

.

CHAPITRE 2 - Vendredi 23 décembre 2011 01 Dolores

CHAPITRE 3 - Lundi 12 août 2013 01 Paradis Island - New York

CHAPITRE 4 - Mardi 13 août 01 New York - Cabinet Samuel & Spencer

CHAPITRE 5 - Mercredi 14 août 01 Ballade Irlandaise Cork - Dublin

CHAPITRE 6 - Jeudi 15 août 01 De Cork à Dublin

CHAPITRE 7 - Vendredi 16 août 01 Professeur Parker

CHAPITRE 8 - Samedi 17 août 01 Andy et Marie

CHAPITRE 9 - Dimanche 18 août 01 Philadelphie

Épilogue

Remerciements

Composition

L'auteur

Loi du 11 mars 1957

PRÉFACE

Columbus Story est une longue et fascinante saga sentimentale... Une fresque romanesque monumentale qui vous emportera dans un tourbillon émotionnelle qui ne faiblira jamais.

Vous accompagnerez pas à pas des personnages attachants aux destins poignants... Une histoire incroyable qui se mêle, s’immerge, dans le monde très fermé de la noblesse madrilène.

Une action palpitante qui au jour le jour déroulera son long ruban d’évènements qui vous mèneront à côtoyer un milieu judiciaire improbable... Un récit étonnant qui vous transportera au gré du cheminement des personnages dans le cadre exceptionnel des États-Unis d’Amérique,

Un voyage fascinant, surprenant, entre New York et Philadelphie, Atlanta et Denver, les Bahamas et Nassau sa capitale sur l'île de New Providence... Paradis Island et Snowmass dans le Colorado petit village royaume du rodéo entouré de montagnes.

Puis, plus loin encore, au-delà des mers dans la vieille Europe à Madrid en Espagne avec sa cathédrale d’Almudena, son triangle d’or et son site royal de San Lorenzo del Escurial... À Vienne en Autriche avec ses musées, ses palais et son école espagnole d’équitation... Puis, Venise en Italie...

Venise, la resplendissante avec ses gondoles et ses palais magnifiques. Ses musées fastueux aux œuvres d’art magistrales. Ses monuments millénaires, son café Florian et sa Fenice opéra prestigieux qui, comme le Phénix, renaîtra plusieurs fois de ses cendres.

PARADOXE

D'une beauté envoûtante, la Comtesse Dolores Cleversid de Bélamondo dévastait le cœur de tous ceux qui la côtoyaient. Si belle, que peut osaient l'approcher, plus somptueuse à l'apogée de ses cinquante-quatre ans, qu'au printemps de son quinzième anniversaire.

En conduisant son puissant bolide, un fougueux V8 de 422 chevaux, elle donnait libre cours aux pensées qui l'habitaient.

Elle se revit dans les arènes de Madrid pimpante et joyeuse avec l'arrogance de la jeunesse. Piquante comme les épines d'une rose à peine éclose, fraîche comme la rosé du matin... Bien des souvenirs impérissables ressurgissaient du tréfonds de sa mémoire.

« - Mon Dieu... qu'il était beau mon Ronald, grand et fort, fringant et si séduisant. »

Elle se souvenait encore de son sourire guerrier et enjôleur, ainsi que de ce regard dévastateur qui l'avait subjuguée.

Un regard fier et tendre d'une sensualité sauvage, sans ambiguïté... Un regard, auquel rien ne pouvait résister.

Un regard doux, qui l'avait bouleversé. Un regard qui encore à ce jour lui donnait des frissons.

Comment aurait-elle pu oublier ce sourire de jeunes loups vainqueurs ? Un sourire ravageur qui ne l'avait pas laissée indifférente.

Elle n'avait que quinze ans, mais ressentait encore sur ses lèvres le premier baiser qu'ils avaient échangé. Depuis ce jour, ils ne s'étaient pratiquement plus jamais quittés.

Son petit Jaffrey vint au monde très exactement neuf mois après leur première rencontre. La Comtesse Dolorès de Bélamondo venait d’avoir seize ans...

CHAPITRE PREMIER

Samedi 10 août 2013

Partie : 1Paradis Island

comme en tout temps l'aéroport de la Guardia se trouvait incroyablement encombré de gens de toutes sortes pressés, fébriles, qui à un rythme immodéré, qui ne se comprenait pas, se croisaient, s'entrecroisaient frénétiquement en tous sens comme s'ils couraient après un temps qu'ils ne pouvaient rattraper.

Tous ceux qui y venaient pour la première fois ne pouvaient ne pas ressentir cette sensation très particulière de se trouver immergé au centre d'une masse mouvante avec l'impression oppressante de se débattre au milieu d'une ruche géante.

Dans cette foule bourdonnante se côtoyaient fiévreusement toutes beautés et laideurs s'exprimant dans un langage divergent. Situation très particulière parfaitement décrite dans la Bible vécue par les ouvriers d'antan bâtisseurs de la gigantesque tour de Babel.

De nombreuses lignes intérieures s'y trouvaient desservies, essentiellement exploitées dans sa plus grande majorité par des compagnies Low cost qui assuraient avec des appareils ancestraux aux sièges éculer, des rotations immodérées.

New York, en ce milieu d''après-midi d'août, rôtissait sous un soleil de plomb. La température, sans y être caniculaire, se trouvait particulièrement élevée. Après l'Autriche, Vienne et ses merveilles et les bureaux climatisés de Columbus avenue, la différence était surprenante.

La toute nouvelle Comtesse, la délicieuse, la pimpante Nymphe d'Atlanta, la merveilleuse Comtesse Élisabeth Cleversid de Bélamondo avait adopté sous les regards affolés de certains, une démarche délicieusement déhanchée d'une sensualité déconcertante, tout comme elle l'eut faite en défilant pour de prestigieux couturier. Elle voulait à chaque instant séduire son Prince de mari.

Le vol de la compagnie Spirit Airlines de 12 h 00 à destination de Nassau via Miami se trouvait affiché. Jaffrey submergée de travail au cabinet avait eu beaucoup de difficultés à se libérer de ses dossiers.

L'affaire Bertholot progressait à grands pas, les nouveaux documents reçus en attestaient. Jaffrey préoccupée, occupée à transcrire une nouvelle stratégie qu'il venait d'échafauder, en avait presque oublié qu'ils devaient prendre un avion. Ce fut sa secrétaire, la délicieuse Shannon qui avait dû le ramener gentiment aux réalités de l'instant.

- Chéri, je suis furieuse, nous sommes horriblement en retard.

- Oui, tu as raison mon cœur, je suis impardonnable. Mais cette affaire est si importante pour notre avenir, qu'elle mobilise toute mon énergie. Comment pourrais-je me faire pardonner ?

- Oh ! Jaffrey, tu ne changera donc jamais, toujours le mot juste à point nommé pour désamorcer toute explosion. Mais pour te pardonner, c'est une autre histoire, je te réserve ma réponse pour ce soir.

En effet, arrivés dans le satellite d'embarquement, ils furent parmi les derniers retardataires à monter à bord.

- C'était juste chéri, un peu plus, et on le ratait !

- C'est vrai, comment te contredire, alors que tu as raison. D'ailleurs, tu as toujours raison... de plus, j'adore quand tu me disputes.

- Jaffrey... Mon Jaffrey, qu'il est bon de vivre à tes côtés. Tu me rends tellement heureuse que je me demande parfois comment j'ai pu vivre jusqu'ici sans toi.

- Dire que j'ai côtoyé ton frère pendant deux longues années et jamais, il ne m'a parlé de toi.

- Tu sais, Bruce est très possessif... surtout, quand il s'agit de moi.

- Tout comme toi, quand il s'agit de lui !

Oh ! Ne soit pas jaloux... c'est mon petit frère !

L'appareil, pendant qu'ils conversaient, arrivait réacteurs ronflants face à la longue piste de décollage. Longueur plus que suffisante pour un appareil de ligne intérieur qui de surcroît était de taille modeste.

Comme à l'accoutumée, Élisabeth prise d'appréhension avait fermé les yeux et enfouit son joli visage au creux de l'épaule de son mari. Ce ne fut qu'une fois l'appareil stabilisé en altitude de croisière, bien au-dessus des nuages, qu'elle consentit à ouvrir un œil craintif sur tout ce qui l'entourait.

Jaffrey adorait ces instants de tendre intimité où elle se confiait tout à lui. Ne lui avait-elle pas dit un jour...

« - Si un jour je dois mourir, je voudrais que ce soit dans tes bras. »

C'était parti pour un vol de 2 h 56 mn vers Miami, Fort Lauderdale où une escale de 2 h 04 mn les attendait. Ils pensaient y arriver à 14 h 56, ensuite ce serait, si l'appareil ne prenait pas de retard, avec la compagnie JetBlue sur le vol de 17 h 00, qu'ils pourraient continuer leur voyage vers Nassau, capitale des Bahamas, pour y arriver après 53 minutes de vol à 17 h 53, où Bruce les y attendra.

- J'ai beaucoup réfléchi à ce que tu m'as dit tout à l'heure, lui rappela Jaffrey avec un air profondément pénétré.

- Cela ne m'étonne pas, tu n'arrêtes pas. Tes terrains de prédilection sont si nombreux que... ?

- Mais si, rappelle-toi... Au sujet de la réponse que tu devras me donner ce soir !

- Coquin... devine ? Jaffrey, tu es impossible, j'aime tellement quand tu es comme ça !

- J'affectionne tout comme toi ces instants de bonheurs qui nous ramènent à notre adolescence...

Pendant toute la durée du vol, ils n'avaient cessé de se taquiner comme deux collégiens amoureux. Élisabeth adorait badiner, tout comme Jaffrey aimait tendrement marivauder avec sa chérie. Ils évitaient, quand cela ne leur semblait pas nécessaire de parler de choses trop sérieuses.

Au son significatif du premier volet qui se verrouillait, ils surent que la procédure d'approche venait de commencer. L'appareil en perte de vitesse perdait progressivement de l'altitude. Guidés par ses ordinateurs de bord qui, en calculant avec précision son positionnement et la pente progressive qu'il devait adopter, devraient immanquablement le mener avec une précision millimétrique au début de la piste 10R/28L de 2438 mètres de l'Aéroport international de Fort Lauderdale-Hollywood.

Lauderdale-Hollywood international Airport est un aéroport commercial situé dans le sud de l'État de Floride, dans le comté de Broward aux États-Unis entre les villes de Fort Lauderdale et Dania Beach à environ 5 km au sud-ouest du centre-ville de Fort Lauderdale. Un aéroport judicieusement implanté à 33,7 km au nord de Miami.

Comme prévu les roues de l'appareil frôlèrent telle une caresse des premiers traits de la longue piste bétonnée pour s'y poser avec une douceur insoupçonnée.

Il était 15 h 05 heures locales, une longue escale d'une heure cinquante-cinq minutes les attendaient. Après avoir localisé le satellite d'embarquement qui desservira leur prochain vol de 17 heures vers Nassau, ils s'attablèrent à la terrasse d'une cafétéria. Élisabeth avait des envies de chocolat.

- C'est la première fois que je vois mon frère dans cet état psychologique... Lui, qui d'habitude n'a peur de rien, si fort et si sûr de lui, un combattant redoutable, au sang aussi glacé dans l'action que celui d'un reptile.

- Non ! Moi cela ne m'étonne pas. Bruce est comme cela, en dehors de son cercle intime, il peut devenir un fauve impitoyable. Mais au cœur de celui-ci, il est totalement différent. C'est un garçon charmant, galant, prévoyant, fidèle en amitié, et surtout très protecteur envers les siens.

- Oui ! Mon Bruce est comme cela et encore plus que ça. Il est aussi très secret, même pudique sur ses qualités et performances qu'il a développées au cours de son service armé. Une période qu'il évite d'évoquer, comme s'il voulait totalement l'occulter.

D'ailleurs, je ne sais si l'on t'a parlé de cette histoire. En vérité, je dois t'avouer que si je la connais, ce n'est pas par lui... c'est maman qui me l'a rapporté.

- Tu sais, à moi non plus, de cette période militaire, il ne m'en a jamais parlé... C'est drôle, c'est comme s'il en avait honte ?

- Peut-être a-t-il ses raisons ? Quoi qu'il en soit, un jour, au cours d'une permission, il avait remarqué sur le visage de maman que quelque chose n'allait pas. Tu le connais, il l'avait questionné et ne lui avait laissé de répit tant qu'elle ne lui avait pas avoué son tracas...

« - C'est notre voisin, leur fils, lui confia-t-elle, un garçon d'une très forte corpulence qui chaque samedi soir prend un plaisir évident à nous narguer !

- Il vous nargue ! Mais comment cela ?

- Il a fait installer dans le coffre de sa voiture des hautparleurs de très forte puissance qu'il fait hurler chaque samedi soir pratiquement jusqu'au petit matin.

- Mais enfin ! Vous ne lui avez-vous pas demandé de faire cesser ce vacarme qui vous empêche de vous reposer ?

- Mais bien sûrs que si, à plusieurs reprises, mais pour toute réponse... ils augmentaient la puissance de leur nuisance. Je ressens encore aujourd'hui dans mes oreilles et mon estomac la perception de ces battements sourds et répétés.

- Tu me dis, ils... Ils étaient donc plusieurs ?

- Oui ! Toute une bande, au moins six à huit et des plus corpulents encore que le fils de notre voisin.

- Papa n'a t-il donc pas été voir son père ?

- Si, bien sûr, que si, comme tu t'en doutes. Mais il a été très mal reçu. Il lui a répondu arrogamment, sur un ton très agressif, que si nous n'étions pas contents, nous n'avions qu'a déménagé.

- Vraiment ! Il c'est permis de dire cela à papa ?

- Oui, malheureusement... Mais nous ne voulions pas t'en parler. Tu sais, ils sont trop nombreux et très fort. Je ne veux pas qu'ils te fassent du mal.

- Ne t'en fais pas ma petite maman... je vais m'en occupé tout à l'heure. »

- Comme tu t'en doutes... il s'en était occupé ! À un tel point, que le samedi suivant, la nuisance sonore infernale fut remplacée par un silence sépulcral. Nos voisins les plus proches n'étaient quant à eux pas dupes, tous savaient que Bruce se trouvait en permission. Je me demande même, s'ils n'avaient pas attendu qu'il le fût.

Jamais, il n'avait voulu dire à qui que ce soit ce qu'il leur avait dit ou fait. Imagine toi ! Même à moi, il n'a rien voulu dire. Quoi qu'il en soit, la semaine suivante, après qu'il fut retourné à son casernement, le fils et le père conjointement, après avoir guetté le retour de papa de l'hôpital, étaient venus tous deux s'excuser presque à plat ventre en leur affirmant que cela ne se reproduira jamais plus.

- Bruce peut être très persuasif. Tu penses, instructeur des nageurs de combat à la Navy ! En tout cas, il a dû leur faire très peur. Je suis certain qu'il ne les a même pas touchés...

Élisabeth avait repris des forces en ingérant une quantité impressionnante de chocolat. Jaffrey commençait à se poser des questions sur ces envies répétées qui ne lui étaient pas habituelles. Quoi qu'il en fût, le temps avait passé, il leur fallait se rendre à leur point d'embarquement.

Ce fut un vol court, d'une durée d'un peu plus de 50 minutes. Comme prévu, l'appareil se posa en douceur à 17 h 53 sur la piste asphalté 09/27 de 2537 mètres de "l'Aéroport International Lynden Pindling"... Aéroport principale des îles Bahamas situé sur l'île de la New Providence, à l'ouest de Lake Killarney et à 15 km de Nassau.

Devant la sortie des voyageurs, solidement campé sur ses jambes, un grand garçon athlétique d'une prestance inhabituelle, scrutait un a un les passagers qui en émergeaient guettant le moment où de ce courant anonyme surgirait la somptueuse silhouette de sa sœur

Élisabeth, belle à croquer, perché sur des talons de dix centimètres se déplaçait au bras de son mari d'une affolante démarche ondulante qui enfiévrait tous ceux qu'elle croisait.

En la voyant ainsi resplendissante, le visage du beau garçon athlétique se fendit d'un magnifique sourire.

- Élisabeth... Élisabeth !

- Bruce !

Le spectacle de la sœur et du frère qui se retrouvaient fut à la hauteur de l'amour qu'ils se portaient.

- Élisabeth chérie... laisse-moi te regarder, tu deviens plus belle-de-jour en jour. Que je suis heureux de pouvoir enfin te serrer dans mes bras. Si tu savais, comme, j'ai attendu cet instant.

- Tout comme moi mon Bruce, ne le dit surtout pas à Jaffrey, mais je me languissais de toi... tu m'as tellement manqué !

- Moi aussi je me languissais de toi... les autres ne peuvent pas comprendre. Il n'y a qu'à toi que je peux me confier.

- Je sais mon chéri... d'ailleurs, tout comme moi.

- Si tu savais l'enfer que j'ai vécu !

- Je m'en doute... mais dès lors, cela fait partie du passé, songe à l'avenir et à ton enfant en devenir... Seigneur, que je suis heureuse pour toi, pour moi aussi, sans doute égoïstement, je te l'accorde, mais aussi pour papa et maman.

- Papa et maman sont arrivés, il y a quelques heures.

- Mon petit papa chéri... Vite, dépêchons-nous. Je suis sûr qu'il m'attend.

- Pour t'attendre ! C'est peut dire, depuis qu'il est là, il ne parle que de toi. Ma princesse par ci... ma princesse par là.

Jaffrey légèrement à l'écart avait savouré en souriant les retrouvailles de son épouse avec son frère.

- Bruce, que je suis heureux de vous revoir !

- Et moi donc, depuis deux jours je n'ai pensé qu'à cela.

Pendant qu'ils s'échangeaient des nouvelles et certaines informations professionnelles. Élisabeth déjà rivée à son téléphone conversait avec ses parents.

Bruce et sa merveilleuse épouse s'étaient installé au Coral Tower Atlantis. Un hôtel fastueux, situé sur la presqu'île de Paradise Island… Un bout de terre reliée à Nassau, capitale des Bahamas, par deux ponts. Le Sir Sidney Poitier Bridge, à l’Ouest et le Paradise Island, bridge, à l’Est.

Les 15 kilomètres qui les séparaient de la capitale ne furent qu'une simple formalité. Après avoir traversé le Paradise Island Bridge, puis, emprunté la Machey Street, et enfin continué sur la Paradise Beach, le fastueux hôtel de luxe leur apparut dans toute sa splendeur.

Élisabeth impatiente, très excitée à la perspective de revoir ses parents, rongeait son frein... Son père lui manquait terriblement. Elle aurait voulu, si cela eût été possible, vivre dans une grande demeure près de son mari avec ses parents et son frère tous réunis sous un même toit. Un fantasme qu'elle savait irréel, mais qu'elle cultivait intimement dans son jardin secret.

Les retrouvailles furent inénarrables tant, elles furent multiples et émouvantes. Toute la famille se trouvait réunie autour de la somptueuse Maureen qui rassuré, conforté, avait retrouvé son merveilleux sourire.

La soirée fut belle, la température idéale et le repas succulent. Il était tard, même très tard. Le temps était venu de se retirer. Bruce, comme à son habitude, et davantage encore depuis qu'il était devenu un nanti, dépensait sans compter. En surprise, il leur avait réservé une suite à faire pâlir de jalousie le plus riche des pachas d'orient.

Ce n'est qu'une fois seule, après qu'elle eut embrasser son père, qu'ils purent s'étreindre pour échanger un long et interminable baisé d'amour. Élisabeth semblait n'éprouver aucun signe de lassitude. Le fait d'avoir retrouvé sa famille l'avait surchargé en énergie.

- Peut-être me diras-tu maintenant ma chérie ce que je dois faire pour me faire pardonner ?

- Oh ! Toi, tu n'oublis jamais rien... Déshabille moi chéri !

Ils firent longuement l'amour, sans échanger le moindre mot.

- Jaffrey chéri, je te trouve bien silencieux ?

- Oui, c'est vrai, je pensais à maman. Ce soir en voyant toute la famille réunie, je n'ai fait que penser à elle... Elle me manque tellement.

- Je sais cela chéri, je voudrais tant porter avec toi ce lourd fardeau que tu n'arrives à alléger.

- Que veux-tu, je n'arrive pas à occulter les affres qui ont précédé le départ de maman ? Parfois, ces souvenirs me hantent, mais d'un autre côté cela me permet de la retrouver dans mes songes.

Fatigué par cette longue journée, ce fut Élisabeth qui tendrement blotti dans ses bras trouva la première un sommeil apaisé. Jaffrey, quant à lui, qui se remémorait cette dramatique soirée de Noël où sa mère les avait quittés, resta longtemps éveillée. Puis, c'est en retrouvant devant ses yeux clôt l'image souriante de sa merveilleuse maman qu'il se laissa lentement aller dans les bras de Morphée

Nassau Bahamas

CHAPITRE 2

Vendredi 23 décembre 2011

Partie : 1Dolores

D'une beauté envoûtante, la Comtesse Dolores Cleversid de Bélamondo dévastait le cœur de tous ceux qui la côtoyaient. Si belle, que peut osaient l'approcher, plus somptueuse à l'apogée de ses cinquante-quatre ans, qu'au printemps de son quinzième anniversaire... Plus ravageuse encore que le jour où elle rencontra son Ronald dans les arènes de Madrid.

En conduisant son puissant bolide, un fougueux V8 de 422 chevaux, elle donnait libre cours aux pensées qui l'habitaient en les laissant vagabonder vers ceux qu'elles chérissaient.

En se l'imaginant, elle se revit dans les arènes de Madrid pimpante et joyeuse avec l'arrogance de la jeunesse. Piquante comme les épines d'une rose à peine éclose, fraîche comme la rosé du matin.

Bien des souvenirs impérissables ressurgissaient soudain du tréfonds de sa mémoire.

« - Mon Dieu... qu'il était beau mon Ronald, grand et fort, fringant et si séduisant. »

Elle se souvenait encore de son sourire guerrier et enjôleur, ainsi que du regard dévastateur qu'il lui avait portés... Un regard franc et fier d'une sensualité sauvage, sans ambiguïté, auquel rien ne semblait pouvoir résister.

Regard tendre aussi, qui l'avait bouleversé. Un regard qui encore à ce jour lui donnait des frissons. Comment aurait-elle pu oublier ce sourire de jeune loup vainqueur. Un sourire ravageur qui ne l'avait pas laissée indifférente.

Elle n'avait que quinze ans, mais ressentait encore sur ses lèvres le premier baiser qu'ils avaient échangé. Depuis ce jour, ils ne s'étaient pratiquement plus jamais quittés.

Son petit Jaffrey vint au monde très exactement neuf mois après leur première rencontre. La Comtesse Dolorès de Bélamondo venait d’avoir seize ans.

La route déroulait devant ses yeux attentifs son long ruban d'asphalte grisâtre. Elle venait de quitter son petit garçon... Son Jaffrey qui venait d'avoir trente-huit ans et qui malgré son âge, restait son petit garçon, son bébé à elle, le seul qui comptait et qu'elle ait eu... il était toute sa vie.

Denver était maintenant loin derrière, parti à 14 heures, elle venait de parcourir en 47 minutes ses premiers 60 kilomètres en dépassant Idaho Springs que longeait la route 70.

Son fils viendra les rejoindre dans le ranch familial pour la sainte soirée de Noël qu'ils fêteront ensemble, tout comme toujours jusqu'ici, ils l'avaient fait.

La neige avait commencé à tomber la veille à petits flocons serrés, la route pourtant était parfaitement dégagée avec une visibilité qu'elle trouva tout à fait acceptable.

Elle avait passé deux nuits dans leur appartement de Denver. Une magnifique résidence dans un immeuble luxueux qui leur appartenait située en plein centre-ville. Elle y venait chaque année en hiver avec son Ronald quand le climat montagnard de Snowmass, les y incitait.

Pendant son court séjour, hormis le temps qu'elle avait passé à couvrir son fils de baisers, elle avait acheté pour ses chéris de beaux cadeaux avec lesquels elle comptait bien les surprendre lorsqu'ils les découvriront au pied du grand sapin de la nativité.

Elle adorait ces instants d'intimité, ces soirées de plénitude et les moments qui les précédaient. Ces fêtes sacrées lui permettaient de mettre en exergue toute sa créativité en décorant avec un art consommé et un raffinement sans pareil leur beau sapin de Noël.

Concentré, les deux mains soudées sur son volant, les yeux rivés sur la route, elle savourait avec un plaisir non dissimulé le ronronnement mélodieux de son V8. Un moteur puissant aux rugissements sauvages, qui propulsait à une vitesse effrénée son magnifique coupé rouge. Une voiture de sport splendide, une Ford Mustang GT 5.0. Véhicule redoutable de puissance qu'elle adorait pousser jusqu'aux dernières limites de ses possibilités, une bête féroce qu'elle était arrivée à maîtriser à la perfection.

Ce bijou fabuleux, était un cadeau somptueux que son Ronald lui avait offert pour son cinquantième anniversaire. Elle avait bien protesté, mais pas bien longtemps, en réalité... vraiment si peu.

La Comtesse Dolores Cleversid de Bélamondo était une femme superbe, terriblement séduisante, qui n'avait pas pris le temps de vieillir. Son regard fier, presque hautain, la rendait encore plus désirable, sinon, totalement inabordable.

Ses yeux noirs au regard de braise, son nez parfait, ses pommettes hautes et ses lèvres sensuelles très finement ourlets, se magnifiaient, quand elle souriait… Des jolies lèvres carmin, pulpeuses, qui captaient les regards et attiraient les baiser.

Elle était d'une beauté époustouflante, un véritable miracle de la nature, une bombe à retardement... Ses longs cheveux noirs ondulants encadraient un visage à la beauté transcendantale. La noblesse de son port, additionné à la beauté de ses traits et aux charmes de ses formes, en faisait une beauté, une créature de rêve inaccessible.

Elle venait de dépasser Georgetown...

« - Mon Dieu ! Déjà 80 kilomètres de parcourus, Jaffrey mon chéri... je regrette tellement d'avoir été contrainte de te quitter. »

La voie était libre, aucune voiture à l'avant, ni dans son rétroviseur. Elle conduisait instinctivement, ce qui lui permettait de donner libre cours aux pensées qui l'assaillaient en les laissant vagabonder sur des chemins où elle aimait aller gambader.

Elle avait gardé en elle le son de la voix de son fils qui déjà, lui manquait terriblement.

« - Maman, enfin maman... pourquoi tant de hâte ? Reste encore avec moi... Je suis si bien près de toi ! Pourquoi partir maintenant, alors que demain nous pourrions faire la route ensemble ?

- J'aimerais tant mon chéri... mais je dois rentrer. Tout d'abord parce que ton père m'attend, et ensuite parce que, je voudrais que tous soi prêt quand tu arriveras. »

Pourtant... elle aurait voulu lui crier...

« - Moi aussi mon cœur, je suis si bien avec toi et encore bien plus, que tu ne peux l'imaginer... tu es toute ma vie, ma fierté et ma joie de vivre... Je t'aime tant mon chéri ! »

Jaffrey était devenu en quelques années un avocat redoutable, un pénaliste de renom incontournable. Certain même, l'avait surnommé "l'Aigle de Denver". Bloqué en ville, il n'avait pu se libérer pour de multiples raisons, mais la plus importante était, qu'il devait se rendre au palais de justice pour plaider en milieu d'après-midi.

Son Ronald aussi lui manquait terriblement. Avant de se quitter, le matin même, avant qu'elle ne prenne la route pour Denver, il lui avait fait l'amour avec une fougue inhabituelle, presque, comme à leurs premières fois, où encore comme si ce fut pour la dernière fois.

Elle venait de laisser derrière elle Silver Plume, il était à peine 14 h 59 et se rapprochait de Silverthorne qui n'était plus qu'à 34 kilomètres par la route 70 qu'elle continuait à suivre assidûment. Elle espérait y être, si elle gardait cette cadence, aux alentours de 15 h 20... Cela lui laissait, pensa-telle, encore le loisir de rêver un peu.

Bien qu'elle ne fût pas de nature passéiste, elle ne put s'empêcher de faire ressurgir des profondeurs de sa mémoire des souvenirs qui lui étaient impérissables... Des souvenirs intimes, ceux qu'elles ne pouvaient oublier... ceux de leur première rencontre.

D'un geste précis et combien gracieux, presque sensuel, avec sur les lèvres une moue d'une candeur indéfinissable, elle enfourna un disque vinyle dans la fente de son lecteur glouton qui le dévora instantanément. Une musique vigoureuse, aux tonalités puissantes, chaleureuses, mais combien à ses oreilles harmonieuses, s'éleva fougueuse en emplissant instantanément l'espace réduit de son habitacle.

Les trompettes stridentes, totalement déchaînées de la musique d'introduction à la corrida fusèrent de toutes leurs puissances harmoniques à ses oreilles,... Elle entendait les cris de la foule en liesse et les ollé tonitruants des Tendidos qui s'élevaient assourdissants saluant l'entrée des toréadors dans l'arène. Dolorès ému ne put empêcher ses larmes de couler de ses grands beaux grands yeux noirs... Elle venait de retrouver ses quinze ans.

Elle se revit dans les gradins de la prestigieuse arène madrilène, jolie comme un cœur, belle à croquer comme une friandise assise dans la zone réservée à la famille royale. Elle assistait souriante et fière au côté de son père le très influant et respecté Comte Juarez de Bélamondo, Grand d'Espagne à cette corrida qui avait pour vedette le très célèbre matador Manuel Benitez Pérez dit « El Cordobés »... Matador prestigieux, qui avait mis fin à sa carrière, en 1971 et qui revenait en cette année de 1972 pour une prestation exceptionnelle.

Le spectacle fut grandiose, mais son regard n'avait pu se détourner de ce grand garçon blond et robuste au sourire ravageur, qui la dévorait du regard tout comme si, elle était l'une des seps merveille du monde. Il s'appelait Ronald, il avait dix-huit ans... mais cela, elle ne le saura que plus tard.

Dolores, la jeune Comtesse de Bélamondo du haut de ses quinze printemps était une très jolie jeune fille très courtisée aux longs cheveux bruns avec de grands yeux noirs au regard de braise. Très sollicitée, elle allumait le feu dans le cœur de bien des garçons qui l’approchait et qui souvent s’y brûlait les ailes.

Ronald désemparé n'avait su comment l'approcher. Cette beauté lui avait semblé sembler totalement inaccessible, car, très entourée par un garde du corps robuste, et un père très protecteur.

Son père qui n'était pas dupe, avait bien remarqué l'intérêt que portait son fils à cette jeune beauté.

« - Ronald, mon grand, ça te dirait d'aller serrer la main d'El Cordobés ?

- Bien sûr, papa ! Mais crois-tu que l'on nous laissera passer ?

- Pour cela, ne t'inquiète pas mon garçon, fais-moi confiance ! »

Ce ne fut que dans les coulisses de l'arène, ou entraîné par son père qui y avait ses entrées, qu'il put enfin la contempler de près.

La mustang rugissante se trouvait dès lors à la hauteur de Frisco qu'elle laissa rapidement derrière elle. Depuis son départ de Denver à 14 heures, elle avait parcouru 123 kilomètres et étonnamment, il n'était que 15 h 28, elle se trouvait largement dans les temps. Il lui faudra tout de même faire attention, car, dans 8 kilomètres, dans une douzaine de minutes, à la Wheeler jonction, la route deviendra la Highway 91 en direction de Leadville.

Dolorès se souvenait en frissonnant de l'instant où leurs regards s'étaient croisés. Ce fut un choc émotionnel incommensurable qui l'avait totalement bouleversé.

Spontanément, sans réfléchir, elle avait répondu à son sourire comprenant sur l'instant que leur pacte d'amour venait d'être scellé. Elle avait pris conscience malgré son jeune âge, que jamais plus, elle ne pourrait en aimer un autre que lui. Cette certitude inaliénable était restée depuis ce jour inoubliable, ancrée définitivement dans son esprit.

Après ce premier contact tout avait été très vite. Ils s'étaient donné rendez-vous en secret, et arriva, ce qui devait inéluctablement arriver.

Ronald rentré aux États-Unis lui écrivait chaque jour, et c'est de là-bas, à Snowmass, qu'il apprit la nouvelle de sa grossesse. Une semaine plus tard, ils se retrouvaient pour ne plus jamais se quitter.

Ni le père de Dolores, ni le sien, ne s'étaient opposés à leurs unions. Ils avaient pressenti qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Et quand bien même, ils s'y seraient opposés, cela n'aurait sans doute rien changé... Deux mois plus tard, ils étaient mariés. La cérémonie fut simple, mais chaleureuse, entourée de leurs plus proches.

Pendant que Ronald terminait laborieusement par correspondance ses études d'ingénieur des chemins de fer du Colorado tout comme l'eut fait son grand-père, Dolorès, quant à elle, avec son petit ventre rond, avait repris le chemin de l'école. Cela avait été la condition incontournable imposée par son illustre père.

« - Papa, papa... mon petit papa chéri. Je m'en veux tellement de ne pas aller te voir plus souvent, mais l'Espagne et vraiment trop loin... Ce soir, je t'appellerai sans faute. »

En pensant au téléphone, le sien à cet instant vibra. Avant de décrocher, elle su par avance que c'était lui.

- Allo... Allo ma chérie, est-ce que tu m'entends bien !

- Oui, parfaitement mon amour.

- Où en est tu ?

- Je suis un peu plus loin que Frisco, je suis en train de longer sur ma droite "Robinson Lake".

- Oui, je vois très bien, tu as déjà parcouru deux tiers de ton chemin. Fais attention en traversant Leadville, c'est parfois très encombré.

- Ne te fais pas de souci, je ferais très attention. Tu me manques tellement mon Ronald !

- À moi aussi, tu me manques cruellement, je n'attends que l'instant où je pourrais te serrer dans mes bras... Soit prudente ma Dolores, je t'aime très fort ma petite tigresse. Je vais raccrocher, je ne veux pas te distraire plus longtemps de ta conduite.

La traversée de Leadville ne posa pourtant aucun problème à la virtuose du cerceau qu'était Dolorès. Elle y était arrivée comme elle l'avait pressentie à 15 h 51. Après avoir quitté rapidement la zone des habitations, longée l'aéroport de "Lake County Airport", et arrivée sur la route 24 aussi nommée le "Top of the Rockies Byway", elle put reprendre sa vitesse de croisière

Sa Mustang était un monstre de puissance. Un 8 cylindres en V de 4 921 cm3possédants 32 soupapes avec injection multipoints d'une puissance de 422 ch. Elle pouvait atteindre allègrement en quelques secondes les 250 km/h.

Le parcours une fois de plus après la route 24 changeait de nom un peu avant "Twin Lakes réservoir", à l'embranchement qui menait vers Balltown, près des bords de l'Arkansas River pour devenir la 82.

Le panorama vu de la verdoyante vallée entourée de montagnes aux cimes enneigées, était tout simplement grandiose... Un véritable paysage de cartes postales.

La Mustang rugissante sortie enfin des méandres vicieux de cette route tortueuse longea à vive allure sur sa gauche une immense étendu d'eau qui portait le nom évocateur de "Twin Lakes Réservoir". Puis, sans intermède, survint une autre suite de virages vertigineux qui requérait toute son attention. Une route en lacets, qui gravissait un flanc de la montagne, un parcours qu'elle connaissait bien pour l'avoir souvent emprunté. Elle restait consciente à chaque instant du danger et des pièges que recélait cette route périlleuse.

Elle se rapprochait de son Ronald chéri, mais s'éloignait inexorablement de son petit Jaffrey qu'elle adorait, cette seule pensée vu côté cœur, y déclencha la révolution, ce fut le chaud et le froid, le feu et la glace.

Bientôt, pensa-t-elle, elle sera à Aspen... encore 85 kilomètres à parcourir, ce sera sa dernière ville avant Snowmass Village. Il ne lui restera plus alors que 16 petits kilomètres à parcourir sur la route 82 jusqu'à la rivière "Brush Creeke". Ensuite, la route changera une fois de plus de nom pour devenir la "Brush Creek Rd", et cela... jusqu'à sa destination.

Encore quelques dizaines de minutes de patience, pensa-telle à attendre, et si ses prévisions s'avéraient exactes, elle sera dans les bras protecteurs de son mari aux alentours de 17 h 35 en ayant parcouru depuis Denver, sur des routes difficiles, 272 kilomètres en 3 heures 35 minutes. Cette pensée coquine fit fleurir sur ses lèvres un petit sourire malicieux. Néanmoins, la voiture qui la suivait depuis un moment... l'agaçait.

« - Mais enfin, que fait-il ? Pourquoi ne m'a-t-il pas encore doublé ? Ce n'était pourtant pas les occasions qui lui en ont manqué. »

La route 82, aussi nommée le "Top of the Rockies Byway", serpentait dangereusement avant les quelques kilomètres qui la séparaient d'Aspen en passant de vallée en vallée en slalomant vertigineusement entre les nombreux pics rocheux.

À la sortie d'un virage serré, la puissante Porsche jaune qui la suivait, déboîta avec une extrême rapidité pour se porter à sa hauteur en vociférant et en accompagnant virtuellement ses propos de gestes équivoques.

Dolores concentrée sur sa conduite ne l'avait à peine regardée, mais par contre, elle voyait arriver à grande vitesse le prochain virage, soudain, elle prit conscience que la Porsche n'aura plus le temps, ni la place pour la doubler et encore moins la possibilité de se rabattre sur son arrière. Présentant un danger imminent, submergé sous un flot d'adrénaline, elle pesa de toutes ses forces sur sa pédale de frein en serrant les dents très fort... Trop tard, en face, sortant du virage, la masse énorme d'un camion se profila. En un instant, ce fut l'apocalypse, la Porche s'encastra dans un fracas épouvantable sous l'énorme mastodonte en provoquant un nuage de fumée et une immense gerbe d'étincelles. La Mustang trop proche ne pouvait à cet instant éviter la collision.

Tout se passa en un millième de seconde, Dolores crispé, voulant éviter le choc frontal, tenta dans un ultime réflex de survie de passer dans le minuscule espace de route laissée libre par les deux véhicules en mouvements. Sa roue ripa, dérapa sur le bord escarpé gravillonné de l'accotement non stabilisé, hésita un instant, et bascula dans le vide... Le film entier de son existence défila devant son regard terrorisé en une fraction de seconde, puis, ce fut le choc, et le néant.

Ronald inquiet venait de l'appeler une énième fois, l'appel n'aboutissait pas. Cela arrivait parfois, pensa-t-il, entre les chaînes montagneuses où le signal ne passait pas. Après plusieurs tentatives improductives, il se décida à patienter.

Une attente qui ne dura pas vraiment longtemps, car, seulement après quelques secondes, son téléphone sonna.

- Allo... Allo... Papa !

- Jaffrey, c'est toi mon grand ?

- Oui, papa ! As-tu des nouvelles de maman... Où en est-elle ?

- Je ne sais pas fiston, quand nous nous sommes parlé, elle était à la hauteur de Robinson Lake, un peu avant Leadville, depuis, je n'arrive plus à la joindre. C'est curieux, il est presque 17 h 40, elle devrait normalement être arrivée.

- Peut-être a telle été bloquée dans la traversée de Leadville... C'est courant, tu sais !

- Oui, peut-être... Pardonne moi, un appel entrant, c'est peut-être maman... je te rappelle.

« - Enfin, elle m'appelle ! »

- Allo... Allo chérie, je ne t'espérais plus !

Une voix grave, qui se voulait apaisant, lui répondit...

- Monsieur Cleversid sans doute ?

- Oui, c'est bien moi... À qui ait je l'honneur ?

- Je suis le sergent Maxwell... Votre épouse à eux un accident sur la route 82 à quelques kilomètres d'Aspen... elle a été hospitalisée en urgence.

- Un accident ? Transporté en urgence ! Mais où... dans quel hôpital ?

- À "Aspen Valley Hospital" !

- Est-ce grave sergent ?

- Je ne sais pas monsieur Cleversid, les médecins vous renseigneront.

Après ces derniers mots, il avait raccroché... Ronald, sentait que ses jambes ne le portaient plus, le feu aux tempes, la tête bourdonnante, l'estomac noué, il sauta t'el un automate dans sa Rang Rover et démarra en trombe.

Mille pensées confuses, incohérentes, perturbaient son esprit, il n'arrivait plus à contrôler ses émotions...

« - Il faut absolument que j'appel Jaffrey... Mon Dieu non, non, je ne peux le perturber avant que je ne prenne moi-même la mesure de l'évènement. Il se prépare pour une audience importante, il sera toujours temps de l'appeler plus tard. Oui, ... bien plus tard. »

Devant l'accès aux urgences, une ambulance aux portes arrière grandes ouvertes était stationnée. L'infirmière derrière son comptoir identifia de suite la haute silhouette du cow-boy qui venait de franchir le seuil. Ronald était éminemment connu et respecté par toute la population de son village, il connaissait le prénom de chacun des 2817 de ses habitants.

- Emma ! On m'a dit que ma femme avait été conduite ici.

- Oui, Ronald ! Ne vous inquiétez pas... elle est entre de bonne-main. Je vais appeler le docteur Wilson, c'est lui qui s'occupe d'elle... C'est le meilleur, il fait parfois des miracles.

« - Des miracles ! Pourquoi des miracles ? pensa-t-il en sentant le sol se dérober sous ses pieds, elle est donc si mal-en-point ? Seigneur... aidé nous ! »

Le docteur Wilson était un homme grand, maigre, à l'allure énergique et au regard vif qui dénotait une grande intelligence. Il dégageait une certaine sérénité qui rassurait.

Malgré tout, Ronald le sentait préoccuper. Il avait le front en sueur et encore sa calotte de chirurgien sur la tête.

Après lui avoir serré la main. Ronald, la gorge serrée, au bord du vertige, demanda inquiet...

- Ma femme ! Comment va-t-elle ? Est-ce grave docteur ?

- Oui, monsieur Cleversid ! Je ne vous cacherais pas que son état est préoccupant. Nous avons réussi à la stabiliser. Sa voiture a fait une chute de quinze mètres dans un ravin. Heureusement, sa voiture après avoir encore dévalé la pente sur une cinquantaine de mètres n'a pas pris feu.

Quand les sauveteurs son arrivée, elle respirait encore, mais elle avait perdu beaucoup de sang. Dans l'ambulance qui l'emmenait, elle a fait un ACR... un arrêt cardio-respiratoire, le médecin urgentiste lui a fait une première injection de 40 UI de vasopressine et pratiqué un massage cardiaque. Une intervention rapide qui a redémarré sa fonction respiratoire et cardiaque.

- Et maintenant comment va-t-elle ?

- Elle a plusieurs fractures, et perdues beaucoup de sang. Elle présente un traumatisme crânien avec une profonde blessure occipitale, cause vraisemblable de son profond coma. Ses fonctions respiratoire et cardiaque après sa transfusion ont été stabilisées.

- Docteur, que puis je faire ?

- Rien ! Sinon attendre, ses fonctions vitales ont été rétablies, l'hématome épidural a été diagnostiqué, l'hémorragie détectée et arrêtée. Le choc qu'elle a subi a été terrible, mais j'ai confiance... Madame la Comtesse possède toutes les armes pour s'en sortir.

- Mais docteur, demanda Ronald en craignant le pire. Que voulez-vous dire par hématome épidural ?

- Un hématome épidural est un épanchement de sang qui se forme entre l'os crânien et la dure-mère qui est le revêtement extérieur du cerveau. Il est généralement provoqué par la lésion d'une artère qui passe juste au-dessous du crâne, appelé artère méningée moyenne. Nous avons ponctionné l'hématome et procédé à l'hémostase.

- L'hémostase ?

- Oui, cela veut dire que nous avons arrêté l'hémorragie de l'artère.

- Et son visage, est-ce qu'elle... enfin est-elle ?

- Défiguré... Non ! rassuré-vous, son visage n'a pas été touché, ni la poitrine, ni les hanches. Ce sont la tête et les jambes qui ont tout pris. Pour les jambes, je ne m'inquiète pas de trop, mais le choc traumatique et l'arrêt cardio-respiratoire me causent davantage de souci.

- Docteur ! A-t-elle une chance de s'en tirer... Dite moi la vérité... je vous en prie ?

- Je ne peux dans l'état de la situation vous donner une réponse affirmative. Mais il faut vous préparer pour le pire ou le meilleur. Nous serons fixés dans une douzaine d'heures.

- N'y a-t-il pas autre chose à faire ?

- Non, elle est en état de choc. Il faut attendre que son organisme s'organise et reprenne ses fonctions naturelles. Après un arrêt cardiaque sur un organisme sain, il est plus prudent d'attendre.

- Est-ce que je peux la voir ?

- Pas maintenant, nous venons de terminer les examens radiographiques et l'hémostase. C'est un miracle, elle ne présente aucune lésion interne, actuellement les infirmières terminent les bandages et effectuent les divers branchements. Mais si vous le désirez, vous pourrez revenir dans une petite heure et rester auprès d'elle toute la nuit si vous le souhaitez.

- Merci docteur, merci !

- Oh ! Une dernière chose, Je crois que vous avez un fils qui s'appel Jaffrey... Le célèbre avocat de Denver ?

Oui ! En effet c'est lui... Mais, comment le savez vous ?

- Qui ne connaît pas le Prince de Denver ? Prévenez-le, ce sera mieux.

Sur ces derniers mots, le docteur Wilson préoccupé le laissa sur place totalement désemparer. Ronald n'avait pas la force de retourner au ranch, ni celle d'ailleurs d'appeler son fils. Il voulait voir sa Dolorès, être à ses côtés, entendre son souffle et veiller sur les battements de son cœur.

Il était persuadé, qu'avec lui à ses côtés, rien de regrettable ne pourrait lui arriver. Moralement épuisé, il se laissa tomber sur un siège la tête enfouie entre ses mains.

« - Si elle me quitte, j'en mourrais... je ne pourrais continuer à vivre sans elle. Seigneur, donnez-moi la force de surmonter cette épreuve. Sans ma Dolores, je ne suis plus rien... Ne me la prenez pas ! »

En pénétrant dans la zone des soins intensifs, son sang se glaça à la vue de son beau visage d'une pâleur extrême. Elle était reliée à un respirateur et chaque battement de son cœur était transcrit par un bip sonore.

Une perfusion était branchée, elle respirait faiblement. La chambre où elle reposait était blanche, immaculée comme l'était son âme... Avant qu'il puisse pénétrer dans la pièce, on lui avait fait revêtir une tenue aseptisée. Même dans la douleur, elle restait majestueuse, sa tête avait été rasée et bandée. Ronald ne put retenir ses larmes en la voyant ainsi sans sa magnifique chevelure noire. Jamais, il n'aurait pensé que cela pourrait un jour leur arrivée. Il espérait se réveiller pour s'apercevoir que tout ceci n'avait été qu'un horrible cauchemar.

Pourtant, la vérité était tout autre, la réalité le rattrapait. Il tira sa chaise tout près de son visage et en écoutant les battements réguliers de son cœur, il susurra à son oreille des mots d'amour... des mots tendres, qu'elle aimait entendre.

Le tribunal avait suivi sa réquisition... Maître Cleversid, avait su convaincre, son client avait été remis en liberté sous caution. Jaffrey n'était qu'à moitié satisfait, car la caution demandée lui avait paru trop élevée, mais il savait que ce magistrat était connu pour être un juge retors. Lui-même, sur d'autres affaires, en avait fait l'expérience

En quittant le palais de justice, la seule envie qu'il eut, fut d'appeler son père pour savoir si sa mère était bien arrivée. Il était 17 h 30 passés de quelques minutes, peut-être un peu juste, pensa-t-il, pour qu'elle soit déjà arrivée, mais son père devrait pouvoir lui donner des nouvelles.

Une fois installé dans sa voiture, il composa hâtivement son numéro...

- Allo... Allo... Papa !

- Jaffrey, c'est toi mon grand ?

- Oui, papa ! As-tu des nouvelles de maman... Où en est-elle ?

- Je ne sais pas fiston, quand nous nous sommes parlé, elle était à la hauteur de Robinson Lake, un peu avant Leadville, depuis, je n'arrive plus à la joindre. C'est curieux, il est presque 17 h 40, elle devrait normalement être arrivée.

- Peut-être a-t-elle été bloqué dans la traversée de Leadville... C'est courant, tu sais !

- Oui, peut-être... Pardonne moi, un appel entrant, c'est peut-être maman... je te rappelle !

Jaffrey dubitatif pressentait le pire, une appréhension, un doute affreux qui fit place à une peur irraisonnée qui lui glaça le sang. Il composa fébrilement le numéro de sa mère. Cela sonna une fois, deux fois puis se commuta sur son répondeur.

Ronald anéanti par son chagrin en avait presque oublié qu'il avait promis à son fils de le rappeler. Mais sur l'instant, il s'en sentait incapable. De plus, dans sa précipitation, il avait laissé son portable au ranch.

« - Seigneur, il faut que je l'appelle, il doit se morfondre. Mais comment lui annoncer un tel drame ? »

Soudé au chevet de sa Dolores, il ne pouvait se résoudre à la quitter ne serait-ce un seul instant, elle était toute sa vie, tout son bonheur et sa joie de vivre, sa merveilleuse princesse d'amour... la mère de son unique enfant.

Il surveillait en écoutant les bips sonores qui ponctuaient les battements réguliers de son cœur... des impulsions rassurantes, qui lui permettaient encore d'espérer.

Jaffrey ne recevant aucune nouvelle de son père avait bien tenté d'appeler sa mère à plusieurs reprises, mais rien n'y fit, immanquablement tout ses appelles aboutissaient sur sa boîte vocale. Avec le portable de son père, le résultat semblait être dorénavant le même.

N'ayant eu aucun succès avec les téléphones de ses parents, il forma le numéro fixe du ranch...

- Allo... Allo... Papa ?

- Allo, oui... Oh ! C'est vous monsieur Jaffrey !

Jaffrey venait de reconnaître la voix de leur intendant.

- Où est papa ?

- Votre père n'est pas là. Il est parti en coup de vent sans rien nous dire. Nous ne savons absolument pas où il se trouve... de plus, nous ne pouvons le joindre, il a laissé son portable sur la commode.

Nous attendons d'un moment à l'autre madame la Comtesse. Mais elle tarde à arriver, et cela commence à nous inquiéter.

- Téléphonez tout de suite à la police, aux hôpitaux, et sitôt que vous aurez des nouvelles... appelez-moi !

Les yeux rivés sur le visage de sa Dolorès, il guettait le moindre de ses expressions en espérant un miracle. Pendant qu'il posait un baiser sur son front, une infirmière survint pour vérifier l'état de sa patiente et relever sur les cadrans des appareils de réanimation leurs données. Connaissant Ronald, et de le voir ainsi dans cet état, lui serra le cœur.

- Ronald tout et en ordre pour l'instant, les paramètres sont excellents... Il faut espérer, plus le temps passe, plus ses chances de guérison augmentent.

- Oui, Dora comme vous le dites... pour l'instant. Mais quand sera-t-il pour cette nuit, ou, pour demain ?

- Cela ne devrait qu'aller mieux ! Le temps joue en sa faveur.

- Dora, rendez-moi un service voulez-vous. Dite à Emma d'appeler Jaffrey, qu'elle lui dise où je suis et lui explique la situation. Qu'elle lui demande aussi de me pardonner pour ne pas l'avoir appelé plus tôt, mais je suis sûr qu'il comprendra que je ne peux laisser sa maman seule... surtout en ce moment.

Une fois l'infirmière partie, il reprit sa place et approcha son visage tout près du sien. Des idées folles se bousculaient dans sa tête, des envies de meurtre naissaient dans son esprit vis-à-vis de ce conducteur kamikaze qui avait provoqué l'accident.

S'il l'avait pu, il l'aurait tué une deuxième fois. Mais d'après les bruits de couloir, il aurait été décapité et partiellement carbonisé dans l'accident. Une inconscience qui lui avait coûté la vie et avait conduit sa Dolorès dans cet hôpital sur ce lit de douleur... et lui, enfin ce qui en restait, dans la morgue au sous sol.

Reprenant le contrôle de ses pensées, attentif au battement de son cœur, il ne voulait se souvenir que du meilleur.

Qu'elle souvenir merveilleux fut le jour où il avait pu la contempler de près pour la première fois... si près, qu'il aurait pu voir une poussière dans ses beaux yeux noirs.

Ce fut juste après la corrida dans les coulisses de cette immense arène de Madrid où son père l'avait entraîné. Il se la rappelait rayonnante de beauté, souriante aux côtés du célèbre Matador qu'était à l'époque El Cordobès... Sa vie avait vraiment commencé à cet instant.

Il se souvenait d'avoir été à l'aube de ses dix-neuf ans un cheval sauvage, un étalon impétueux, qui voulait croquer la vie à belles dents.

En croisant son regard, il s'était senti désemparé, subjugué par son merveilleux sourire. Elle avait réussi d'un seul regard à révolutionner ses sens. Comme paralysé, les jambes rivées au sol, incapable de faire un mouvement, il avait posé une main sur son cœur en s'inclinant respectueusement. Ce fut alors à sa plus grande stupéfaction qu'elle s'était avancée mutine en lui tendant avec une grâce désinvolte une petite main gantée...

- Je m'appelle Dolorès... Je suis la Comtesse de Bélamondo... et vous ?

- Ronald... Ronald Cleversid... Je ne suis pas Comte, ni rien d'autre d'ailleurs !

Leurs éclats de rire juvénile s'étaient tendrement mêlés pour n'en faire plus qu'un, comme, sans qu'ils le sachent encore, le fut à cet instant leur destin.

Elle avait des cheveux noirs aux reflets bleutés, des yeux de braise au regard tentateur, des lèvres pourpres gorgées de sève comme la fraise des bois et des jambes longues, longues, qui n'en finissaient pas.

Ronald subjugué n'avait plus qu'un désir... l'envie irrépressible d'avoir le bonheur d'être dompté par cette jolie amazone.

Jaffrey venait de raccrocher. La conversation qu'il venait d'avoir avec l'infirmière de l'hôpital, l'avait foudroyé. Emma qu'il connaissait, ne lui avait rien caché des circonstances de l'accident, ni de l'état préoccupant de sa maman et encore moins de l'abattement de son père.

Le ciel venait de s'écrouler sur leurs têtes, alors qu'ils s'apprêtaient à passer une merveilleuse soirée de Noël en famille. Il avait fallu que cette sournoise catastrophe apocalyptique vienne les terrasser.

« - Pourquoi seigneur ? Pourquoi, nous imposer cette épreuve inhumaine... pourquoi ? »

Il avait pris sa décision, la seule qui prévalait à cet instant. Louer un hélicoptère qui le déposera directement sur l'héliport de l'hôpital. Une fois décidé, il ne lui avait fallu qu'un court appel pour obtenir l'autorisation et un autre plus court encore pour réserver son vol.

C'est dans le taxi qui le menait vers l'héliport qu'il reçut l'appel de leur régisseur.

- Allo... Allo, monsieur Jaffrey ?

- Oui, c'est bien moi !

- C'est terrible, votre maman a eu un accident à quelques kilomètres avant Aspen, elle est hospitalisée à Aspen Valley Hospital !

- Oui, j'en ai été informé, on m'a prévenu de l'hôpital. Je suis en route pour l'héliport, je serais sur place dans un peu moins d'une heure trente. J'aimerais que vous vous rendiez à l'hôpital pour apporter à mon père son téléphone et surtout, resté y tout le temps qu'il me faudra pour y arriver. Soyez vigilant... papa m'inquiète tout autant. Surtout, dite lui bien que j'arrive.

- Bien patron, j'ai parfaitement compris la situation, vous pouvez compter sur moi. Je me mets en route immédiatement.

Ronald à l'évocation de ce doux souvenir se pencha encore davantage sur elle à l'effleurer de ses lèvres pour chuchoter à son oreille tendrement, sur un ton très doux...

- Te souviens-tu ma chérie de notre premier baisé ? Après notre éclat de rire, nous sommes restés face à face à, nous dévorer du regard... je n'avais pu me résoudre à lâcher ta main et toi tu n'avais rien fait pour la retirer. Mon père alors s'était avancé en compagnie du tien, j'ai bien voulu à cet instant la retirer, mais c'est toi qui en la serrant très fort m'en avais alors empêché.

« - Monsieur le Comte, permettez-moi de vous présenter mon fils Ronald, c'est un solide gaillard, il va sur ses dix-neuf ans, il fait des études supérieures pour devenir ingénieur des chemins de fer du Colorado.

- Enchanté jeune homme, je vois que j'ai affaire à un intellectuel, puis, en se tournant vers sa fille, je crois voir que vous avez déjà fait connaissance, lança le Comte en souriant.

- Papa, tu exagères !

Monsieur Cleversid, vous nous feriez un immense plaisir en acceptant notre invitation. Votre jour sera le nôtre. Notre jeune Comtesse et moi-même seront ravis de vous recevoir vous et votre fils en toute simplicité.

- C'est un grand honneur monsieur le Comte, mais malheureusement, je ne sais si nous pourrons honorer votre invitation... nous repartons dans trois jours.

- Qu'a cela tienne ! Pourquoi ne viendriez-vous pas demain, disons vers 16 heures ? Vous ne le savez sans doute pas encore, mais je suis un passionné de la race chevaline et à tout ce qui touche à l'équitation. Cela nous ferait tellement plaisir de vous entendre nous parler de votre élevage de Colorado Rangers, et puis, si j'ai bien observé, nos jeunes ont l'air de très bien s'entendre ! »

- Dolores... Dolores mon amour, te souviens-tu du regard que nous nous sommes porté à l'instant où mon père a accepté votre invitation ?

Le lendemain, nous étions au rendez-vous, mon père avait revêtu son plus beau costume et moi j'étais là, avec un bouquet de fleurs à la main... Mon Dieu, comme je m'étais senti bête, sinon, grotesque, mais mon père intransigeant, avait insisté.

- On ne se rend pas à une invitation les mains vides.

- Mais papa, je vais être ridicule !

- Bien au contraire, réfléchi ! Monsieur le Comte élève officiellement sa fille seule, son épouse est décédée à la naissance de celle-ci. C'est la seule femme de la maison. Aurait tu voulu que nous achetions une boîte de chocolats pour l'offrir au Comte, là alors, nous aurions été ridicules. Toutes les femmes aiment les fleurs, et tous les hommes aiment leurs en offrir... souviens-toi bien de cela mon garçon !

Cela Ronald ne l'avait jamais oublié, ni le regard affectueux que son père lui avait porté...

- En montant les marches qui menaient vers toi, mon cœur s'était mis à battre la chamade, puis, quand tu m'eus apparu si belle, je fus pris d'un trouble vertigineux... alors, tout ce qui m'entourait n'eus plus d'importance, tous avaient disparu, il n'y avait plus que toi et moi seul au monde, toi mon amour qui me souriait du haut des marches. J'ai alors pris conscience en le ressentant au plus profond de mon être, que jamais plus, je ne pourrai me passer de ta présence.

En recevant mes fleurs, tu m'avais embrassé sur les deux joues, c'est bête, mais cela m'avait fait rougir. Toi coquine, tu t'en amusait gentiment, puis, on nous a autorisés à aller au cinéma. Le lendemain, nous nous sommes revus, ainsi que le surlendemain le jour de notre départ. C'est ton père qui nous a conduits à l'aéroport.

T'en souviens-tu ma Dolores ? Mon amour, réponds-moi ? ne m'abandonne pas ! Ne nous laisse pas seuls, sans toi notre vie n'aurait plus aucun sens.

Ronald n'avait pu empêcher ses larmes de couler. Avec des sanglots dans la voix, il avait continué à lui parler, mais elle ne l'entendait pas. De dépit, il se prit la tête entre les mains et se laissa aller au désespoir.

Pour Jaffrey, son monde s'écroulait, sa mère en était la fondation, le pilier central de toute son existence. Il n'arrivait pas à croire qu'un pareil cataclysme soit venu saccager sa vie. Dans l'hélicoptère qui l'emmenait, mille scènes de sa vie resurgissaient du tréfonds de sa mémoire.

Le souvenir impérissable des deux années passées à Vienne aux côtés de sa mère. Ils ne s'étaient pas quittés un instant pendant tout le temps qu'avaient duré ses études dans la prestigieuse école d’équitation espagnole. Lieu, où, il fut initié dans le décor baroque du palais impérial des Habsbourg aux finesses de l’art équestre.

Comment aurait-il pu oublier ces soirées somptueuses, ou dans des salons fastueux, éclairés de mille lumières aux lustres de cristal étincelant, sous les regards admiratifs de la noblesse viennoise, ils avaient dansé, tourbillonné aux rythmes entraînants des valses de Johan Strauss.

Pendant que défilaient dans sa tête les images merveilleuses de cette période heureuse, aussitôt remplacée par d'autres non moins attachantes, l'hélicoptère entamait sa procédure d'approche.

L'hôpital se profilait avec sa grande croix peinte sur son toit, une croix rouge visible de loin et de très haut. Déjà l'appareil perdait de l'altitude pour finalement venir se poser avec une grande douceur et une précision millimétrique au centre du cercle qui lui était réservé. La scène surréaliste de cette arrivée dans la lumière déclinante de cette fin de journée hivernale ajoutait aux désarrois croissants de Jaffrey.

Horriblement angoissé, après s'être débarrassé de son casque et de ses écouteurs, il sauta souplement de l'appareil pour suivre un infirmier qui l'attendait pour le guider rapidement vers sa mère.

Jaffrey était l'enfant chéri de tout un pays. Qui ne connaissait pas le célèbre avocat qu'il était devenu ? Il ne se passait pas un mois sans que la presse locale ne fasse son éloge. Ils l'avaient surnommé... Le Prince de Denver ou encore bien souvent dans des titres tapageurs... l'Aigle de Denver. Tout le monde le connaissait, l'appréciait et l'aimait.

Pendant qu'il se désolait, l'infirmière venait relever les informations fournies par les appareils.

- Ronald pour l'instant tout est normal... vous verrez, tout devrait bien se passer. Il y a votre contremaitre qui voudrait vous parler. Il vous attend à côté de l'accueil.

- Dites-lui d'attendre encore. Tant que mon fils ne sera pas arrivé, je ne la laisserais pas un instant seul !

En descendant les marches qui le menaient vers ses parents, Jaffrey pensa qu'il était plus que temps qu'il arriva, la nuit avait commencé à tomber. Après avoir traversé prestement une myriade de couloirs aseptisés aux relents d'éther, il déboucha enfin à l'accueil des urgences ou une infirmière vêtue tout de blanc le guida vers le service des soins intensifs.