Rhapsodie Vénitienne - Victor Perlaki - E-Book

Rhapsodie Vénitienne E-Book

Victor Perlaki

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Beschreibung

Columbus Story est une longue et grandiose saga qui déroulera son long ruban mystérieux d'un récit aux événements fascinants, palpitants, qui vous feront rire ou pleurer mais qui ne vous laisseront jamais indifférant. Vous découvrirez avec étonnement ses nombreuses péripéties surprenantes... parfois poignantes. Vous serez surpris par ses multiples rebondissements et la découverte de ses nombreux mystères. Une fresque monumentale, passionnante, éditée en son intégralité sur un ensemble de plusieurs volumes dont le septième est consacré à "Rhapsodie Vénitienne... tome 7". Récit passionnant qui continuera à tracer avec fascination le sillon de la saga pour vous mener avec ravissement et bonheur, tout en douceur, vers un épilogue inattendu et heureux.

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Seitenzahl: 526

Veröffentlichungsjahr: 2024

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https://victortelmann.wixsite.com/victor-perlaki-books

Du même auteur:

***

De Bagatelle à Central Park 2020 - Manhattan Story... Volume 1 Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson

L'intangible Vérité 2020 - Manhattan Story... Volume 2 Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson

Destination Stockholm 2020 - Manhattan Story... Volume 3 Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson

***

L'inconnue du 47ème 2020 - Columbus Story... Volume 1 Avec Bruce Chandler et Maureen Parker

La Nymphe d'Atlanta 2020 - Columbus Story... Volume 2 Avec Jaffrey Cleversid et Elisabeth Chandler

La Dame du Taxi Jaune 2020 - Columbus Story... Volume 3 Avec Bruce Chandler et Maureen Parker

La Sirène de Philadelphie 2020 - Columbus Story... Volume 4 Avec Bruce Chandler et Maureen Parker

La Dernière Valse 2020 - Columbus Story... Volume 5 Avec Jaffrey Cleversid et Elisabeth Chandler

Destination Thurso 2020 - Columbus Story... Volume 6 Ronald Cleversid et Alisa Mckenzie

***

A paraître prochainement :

Colombus Story... volume 8Le Prince de Denver

Table des matières

Parutions du même auteur

À ma femme

Jaffrey

Les faits

Préface

Paradoxe.

CHAPITRE PREMIER - Lundi 26 août 2013

01 Vienne

CHAPITRE 2 - Mardi 27 août

01 Vienne - Venise

CHAPITRE 3 - Mercredi 28 août

01 Venise

CHAPITRE 4 - jeudi 29 août

01 Venise - Vérone

CHAPITRE 5 - Vendredi 30 août

01 Vérone - Florence

CHAPITRE 6 - Samedi 31 août

01 Florence - Denver

CHAPITRE 7 - Dimanche 1er septembre

01 Snowmass

CHAPITRE 8 - Lundi 2 septembre

01 Sonwmass - New York

CHAPITRE 9 - Mardi 3 septembre

01 Andy et la petite Marie

CHAPITRE 10 - Mercredi 4 septembre

01 New York - Procès Bertholot

CHAPITRE 11 - Samedi 14 septembre

01 Défilée à New York

CHAPITRE 12 - Jeudi 19 septembre

01 Denver

CHAPITRE 13 - Vendredi 20 septembre

01 Denver - le jour d'avant

Épilogue

Remerciements

Composition

L'auteur

À ma femme

Jaffrey

La Comtesse Caspriani venait d'avoir 57 ans, sans être très belle, elle portait sur son visage la dignité de son rang. La taille-fine et la poitrine arrogantes, elle n'était pas totalement dénuée de charme. Après s'être salué et présenté, la Comtesse volubile voulut, partager de lointain souvenir.

V. Perlaki

LES FAITS

Les œuvres d’art et les endroits décrits dans cet ouvrage sont authentiques. Certains lieux sont idéalisés, mais jamais en leurs défaveurs.

L’intrigue romancée est entièrement imaginaire. De même, les noms, des personnages, de certains lieux, les actions sont fictifs, ou utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnages réels, morts ou vivants, ne serait que pure coïncidence.

V. Perlaki

***

Étonnant, captivant, ce roman fourmille de rebondissements, de voyages, d’intrigues, nous entraînant de New York à Philadelphie, de Snowmass à Atlanta en passant par Vienne, Madrid et Venise dans le monde fascinant de la mode et de la finance Victor Perlaki est aussi l’auteur du précédant roman de la série Columbus Story Destination Thurso... tome 6

***

PRÉFACE

Columbus Story est une longue et fascinante saga sentimentale... Une fresque romanesque monumentale qui vous emportera dans un tourbillon émotionnelle qui ne faiblira jamais.

Vous accompagnerez pas à pas des personnages attachants aux destins poignants... Une histoire incroyable qui se mêle, s’immerge, dans le monde très fermé de la noblesse madrilène.

Une action palpitante qui au jour le jour déroulera son long ruban d’évènements qui vous mèneront à côtoyer un milieu judiciaire improbable... Un récit étonnant qui vous transportera au gré du cheminement des personnages dans le cadre exceptionnel des États-Unis d’Amérique,

Un voyage fascinant, surprenant, entre New York et Philadelphie, Atlanta et Denver, les Bahamas et Nassau sa capitale sur l'île de New Providence... Paradis Island et Snowmass dans le Colorado petit village royaume du rodéo entouré de montagnes.

Puis, plus loin encore, au-delà des mers dans la vieille Europe à Madrid en Espagne avec sa cathédrale d’Almudena, son triangle d’or et son site royal de San Lorenzo del Escurial... À Vienne en Autriche avec ses musées, ses palais et son école espagnole d’équitation... Puis, Venise en Italie...

Venise, la resplendissante avec ses gondoles et ses palais magnifiques. Ses musées fastueux aux œuvres d’art magistrales. Ses monuments millénaires, son café Florian et sa Fenice opéra prestigieux qui, comme le Phénix, renaîtra plusieurs fois de ses cendres.

PARADOXE

Soudain, le faisceau lumineux accrocha une forme mouvante… Une silhouette blanche, une apparition inattendue qui semblait sortir d’un songe. À la même seconde, tous les autres projecteurs en se rallumant se portèrent de toute la puissance de leurs éclats sur cette entité en mouvement.

Submergé, noyé, enveloppé, cerné par la lumière, Élisabeth éblouissante de beauté s’avançait. Le souffle coupé par l'émotion, les spectateurs en se la rappelant, assistait à son évolution.

Elle était celle que l’on attendait, celle que l'on espérait. Elle semblait comme flotter sur un nuage, son déplacement était aérien. Elle y mettait toute sa grâce, son charme et son talent. Sa beauté à cet instant était stupéfiante. La robe qu’elle portait était faite de dentelles finement ouvragées, profondément échancrées sur son dos ravissant.

Elle jouait de son talent assuré de sa séduction et certaine de l’effet qu’elle produisait sur son public. Un instant, son regard accrocha celui de Jaffrey.

Arrivée au bout du podium, à l’endroit où le tapis rouge finissait, souriante, elle découvrait des dents éclatantes d’une blancheur comparable à celles d’une rangée de perles d’A-koya. En rejetant avec grâce d’un mouvement de tête ses longs cheveux d'or en arrière, elle découvrait un visage d'une beauté sans pareille délicatement hâlée au soleil espagnol. Les flashs effrénés crépitaient sans discontinuité en la noyant sous un flot de lumière pendant que résonnaient les applaudissements qui montaient de la salle en discontinus.

D’un petit mouvement de hanches d’une sensualité qui dépassait toutes attentes, elle fit demi-tour en offrant à tous les regards la merveilleuse beauté de son dos dénudé.

CHAPITRE PREMIERLundi 26 août 2013

Partie : 1Vienne

Ce ne fut que tard dans la mâtinée, une fois que le soleil eu inondé de ses rayons vivifiant la luxueuse chambre que Jaffrey émergea d'un profond sommeil. La fille nue a ses côtés était belle a en mourir. Ses long cheveux blond qui encadrait son visage avaient la couleur de l'or. Subjugué, il posa sur ses lèvres boudeuses un doux baisé aérien. La belle se retourna et se lova toute entière avec une force insoupçonné contre le corps dénudé de son amant.

- Jaffrey, embrasse moi chéri !

- Tu es si belle ma chérie, lâcha-t-il dans un souffle en parcourant les courbes affolantes de son corps somptueux.

- Tu n'es pas mal non plus, tu sais !

Ce fut une journée viennoise qui commençait sous de bons auspices. Déjà elle songeait à cette soirée fastueuse où comme invités d'honneur de la Comtesse Esterhàzy, ils devaient se rendre... S'y rendre pour aller valser et pour s'y montrer.

Une soirée de bal qu'elle présageait par avance merveilleuse. Une réception qui leur était spécialement dédiée ou pour la première fois, elle, la toute nouvelle Comtesse de Bélamondo sera présentée à l'élite la plus prestigieuse de la noblesse de ce pays ainsi qu'aux plus influents notables de cette magnifique capitale autrichienne.

Toutefois pour l'heure, ses envies se trouvaient ailleurs... Une envie irrépressible d'aller se régaler d'un bon sandwiche préparée avec du pain frais garni de saucisses viennoises badigeonné de moutarde accompagné d'une pinte d'une bonne bière bavaroise.

La saucisse viennoise également connue sous le nom de "Knack", est réputée pour son craquant. La viennoise à base de veau de bœuf et de porc, est la saucisse la plus demandée. Sa chair particulièrement fine et délicate en fait le bonheur des petits et des grands !

Après s'être régalée, elle voulait se distraire en allant faire un petit tour au musée de madame Tussauds. Rien d'autres dès lors ne l'intéressait, sinon, peut-être encore, un petit Mc-Donald's tout comme à sa première venue, lors de leur voyage de noces.

Mais pour débuter cette merveilleuse journée, elle voulait profiter de la vie et se laisser tendrement aimer par son Jaffrey. Il était si tendre, si beau et si fort que jamais dans un passé récent elle n'aurait put croire à un tel bonheur.

Avant de lui faire l'amour, il l'avait longuement contemplé étendue nue exposée à son regard sur le drap de satin immaculé. Elle adorait cet homme qui avait su d'un regard ravir son cœur... Pourtant, beaucoup d'autres avaient tenté bien des fois de la séduire, mais aucun, n'y étaient parvenus.

Il était, certes, très beau, mais il n'était pas que cela. Il avait le geste, l'élégance et la manière, il demandait d'un doux regard à chaque fois la permission... Une permission qu'elle lui accordait en toute occasion heureuse et consentante avec un petit sourire que lui seul savait décoder.

Jamais encore avant lui une main n'avait pu se poser sur ses fabuleuses rondeurs. L'idée même qu'on la toucha l'aurait à cette époque répugné. Mais être caressé, être tendrement investi par ce magnifique hidalgo, lui fit à chaque fois tutoyer les étoiles.

Son regard la fascinait, il recélait tous les mystères de l'amour. Ses grands yeux noirs, au regard de braise la subjuguaient, la pénétraient comme s'il lisait au plus profond de ses pensées les plus intimes. Bien qu'elle n'eût aucun secret pour lui, néanmoins, à chaque fois qu'il le fit, cela la bouleversait. Inutile de dire a qu'elle point elle aimait son homme, celui qu'elle croyait ne pas exister.

- Jaffrey, dis-moi que tu m'aimeras toujours et que tu ne me quitteras jamais, lui demanda-t-elle en frémissant dans ses bras ?

- Pourquoi me demander cela, puisque tu connais déjà ma réponse ?

- Pour avoir le plaisir de te l'entendre dire une fois de plus.

- Me crois-tu assez fou pour quitter mon paradis ? T'abandonner pour aller vers quoi, vers qui ? Allez me fondre dans le néant. Tu es pour moi celle dont j'ai toujours rêvé.

- Jaffrey, cela ne peut être vrai, c'est bien trop beau pour pouvoir exister. Je crois bien qu'après toi, jamais plus, je ne pourrais aimer. Il ne me restera plus d'amour à donner, car, tout ce que j'avais en moi, je te l'ai donné.

Leurs ébats durèrent longtemps et aucun ne semblait vouloir que cela finisse. Ce ne fut qu'à dix heures qu'ils firent monter leur petit déjeuner et à onze qu'ils quittèrent leurs suites luxueuses repues et comblées, les sens rassasiés.

Jaffrey savait que les petits bistros et restaurants du Prater avaient la préférence de sa jolie compagne et en particulier celui du très touristique Prater Alm. Restaurant sans doute très touristique, mais où la nourriture était excellente et le service rapide et convivial.

La Paracelsus Zwickl de 50 cl qui leur fut servie à la pression était une bière délicieuse et bien fraîche qui fit le bonheur de leur palais.

Comme les offres distractives et les possibilités gastronomiques du Prater étaient variées et innombrables, elle donnait un choix étendu pour chacun selon ses goûts et ses envies. Elles allaient du simple sandwich dégusté au stand à saucisses chaudes, aux délices raffinées pour gastronomes avertis, rien de telle pour Élisabeth de céder à la tentation...

- Mon chéri, je t'assure, c'est fabuleux ! Tout ce que l'on sert ici ,et l'ambiance que l'on y trouve, est tout ce que j'aime.

- Tu sais sans doute que ce n'est pas le seul endroit qui propose ces plats et cette ambiance.

- Oui, je sais ! Mais ce lieu où nous sommes déjà venus, j'en ai rêvé et je voulais y revenir. Il revêt un parfum de bonheur que je voulais retrouver. Je me fiche de tout les autres !

- Oui, je peux comprendre et ne t'en incrimine pas. Mais néanmoins, tu dois savoir qu'il existe au Prater une bonne soixantaine de lieux de restauration, comme de nombreux snacks sans prétention qui servent d'odorantes galettes à l'ail hongroise appelé "Làngos", ou encore quelques stands typiquement viennois où l'on peut déguster des saucisses chaudes.

Mais on y trouve aussi, plusieurs tavernes traditionnelles bien souvent avec orchestre et musique de danse placée dans leurs jardins. Ils y a aussi à ne pas en douter des restaurants dignes des palais les plus exigeants.

- Oui, je sais tout cela mon chéri, et même que l'un de ces lieux est légendaire... le Schweizerhaus avec son immense jardin où, sous les frondaisons, les habitués commandent la célèbre bière Budweiser avec de non moins célèbres jambonneaux grillés, en Viennois nommé "Stelzen" ou des criques de pomme de terre appelées "Kartoffelpuffer".

- Je vois que tu es bien renseigné ma puce. Mais peut-être ne sais-tu pas qu'il y a aussi la prestigieuse auberge le Stadtgasthaus Eisvogel, qui suite à sa première ouverture, en 1805, s'est entre-temps établie avec sa vaste offre de cuisine viennoise de qualité comme l'une des institutions incontournables couronnée d'une étoile, et je peux continuer pour ne pas oublier le Kolariks Luftburg qui propose un jardin ombragé aménagé avec goût comportant une vaste terrasse et un jardin brasserie. L'établissement est réputé pour son atmosphère familiale avec un univers pour enfants et pour ses spécialités de barbecue allant des jarrets aux travers de porc.

Il y aussi le Kolariks Praterfee qui est quant à lui particulièrement apprécier des familles avec des enfants. Un menu dédié aux plus petit y est proposé ainsi qu'une vaste aire de jeux pour enfants comportant un château gonflable et un trampoline.

- Tu me sembles oublier chéri le Rollercoaster Restaurant qui promet une montagne de plaisir et de divertissement. Les plats sont paradoxalement envoyés sur le grand huit spectaculaire directement devant les clients attablés. Curieusement des robots préparent les cocktails et proposent un programme de danse sur un spectacle de lumière fantastique. Rien n'arrête le progrès !

- J'allais te le citer, mais tu m'as coupé l'herbe sous les pieds. Laisse-moi te parler du restaurant Meierei, où on peut goûter sur la terrasse tout en observant, de l'autre côté de la clôture, le chassé-croisé des cyclistes, joggeurs, skaters et autres utilisateurs de la Hauptallee.

Il y a aussi le Lusthaus qui gâte les papilles dans un cadre impérial. En toute logique, ce cadre plein de charme qui fut jadis le pavillon de chasse des empereurs, sert les spécialités de la cuisine viennoise ou autrichienne traditionnelle, parfaitement en harmonie avec les saveurs de saison.

Il y a encore le restaurant Altes Jägerhaus qui peut être fier, lui aussi, de son passé impérial, puisque, du temps des empereurs, il abritait les communs. Aujourd'hui, on y savoure une cuisine inventive et de qualité dans une ambiance soignée...

Mais malgré tout le prestige de ces lieux de restauration, Élisabeth ne jurait que par le Prater Alm avec ses tables et ses longs bancs de bois. La bière y était excellente et les saucisses que l'on y servait, appétissantes.

- Oh ! Jaffrey, il n'y a qu'avec toi que je peux me permettre ces incartades, boire une bonne bière à la place d'eaux plates sans saveur et me régaler de choses simples dont je raffole.

- Oui, j'aime te voir heureuse, mais pour te garder belle et voire naître notre bébé en bonne santé, il faudrait dorénavant que tu fasses davantage attention à ta nutrition.

- Une fois par ci, une fois par là, n'est pas coutume mon cœur. Crois tu que je ne veuille pas qu'il naisse en bonne santé ?

- Je ne crois rien de tout cela, mais je pense seulement qu'il te serait préjudiciable de bouleverser tes habitudes alimentaires qui t'ont permis d'être ce que tu es. D'ailleurs, toi qui es médecin, tu devrais savoir cela.

- Bien sûr, je sais tout cela ! Mais tu dois aussi savoir que la diversité des aliments est un bienfait pour le corps et l'esprit et pour le reste, je te fais confiance, car, je sais que tu y veilleras.

- Pour cela, ma friponne, tu peux me faire confiance. Je suivrai la gestation de notre petite fille au jour le jour.

- Pourquoi une petite fille ? Alors que moi je veux un garçon !

- Parce que le jour où nous l'avons conçu, j'ai pensé très fort à elle.

- Tu as fait cela, sans m'en parler ?

- On ne parle pas de ces choses en ces instants-là ! Oui, je la désire si fort que tu ne peux savoir à quelle point j'attends de la prendre dans mes bras. Sans doute, une magnifique petite qui te ressemblera.

- À moi, où penses-tu seulement à ta maman ? Brune comme elle, ou bien blonde comme moi ?

- Tu lis en moi comme dans un livre ouvert, mais que veux-tu, je ne peux m'empêcher de penser à elle. Imaginer que peut-être notre petite lui ressemblera, me transporte et me pèse en me donnant la sensation de me rendre coupable envers toi. Ne sois pas fâché, mais c'est un vide que je veux combler, mais au fond de moi, je sais bien que, jamais, je n'y parviendrais.

- Jaffrey chéri, ne sois pas triste, tu n'es bien sûr coupable de rien. Comment pourrai-je être jalouse d'une mère ? De plus, je n'ai pas besoin qu'elle me ressemble, car, avec moi, tu possèdes déjà l'original. Elle sera, ou il sera le premier, ce n'est qu'une question de temps et d'amour. J'ai pris la décision d'arrêter toutes activités tant que notre famille ne sera pas constituée. Je veux que nos enfants qu'ils soient blonds ou brun ais une mère à leurs côtés.

- Que fais-tu de ta profession, de l'exercice de ta spécialité si rare, de tes longues études difficiles et de tes patients qui t'espèrent ?

- Dorénavant, je ne veux être qu'à toi et à nos enfants. Le reste attendra jusqu'au jour de leurs scolarisations. Mais rassure-toi, pour rester dans le circuit, je consulterai une fois à deux par semaine.

- C'est un sacrifice monumental que tu m'annonces là, mais tellement bien pensé.

- Jamais, je n'ai envisagé en t'épousant d'autres solutions que celles-là. Je mangerais bien une petite pâtisserie... quant penses-tu ?

- C'est une excellente idée, elle est si judicieuse, quelle me donne l'envie de te croquer.

- Moi aussi ! Surtout quand tu me regardes ainsi. Aide moi a choisir quelque chose de bon !

- Par expérience le Mocchatorte serait un choix à ne pas négliger, sans parler du Kirschenstrudel qui aux fruits a un goût opposé au Mocchatorte qui est très chocolaté. Il y a aussi pour combiner un peu les deux le Mandarintote ou encore le Kirshtorte qui associe le chocolat et la vanille avec une garniture d'orange pour l'un et des cerises pour l'autre.

- Quel programme ! Je suis incapable de choisir... fais le pour moi.

- Je commande alors un de chaque et nous partagerons.

- Tu es encore plus gourmand que moi... mais une fois n'est pas coutume... Je sens que nous allons nous régaler !

En quittant le Prater Alm rassasié, ils ne purent ne pas voir la grande roue de Vienne.

La "Grande Roue" du Prater de Vienne reste un des emblèmes de cette magnifique capitale. À presque 65 mètres de hauteur, on peut y admirer une vue à couper le souffle sur la métropole danubienne.

La grande roue érigée, en 1897, pour le 50e anniversaire du règne de l'empereur François-Joseph, fait depuis partie du paysage urbain. Située à l'entrée du parc d'attractions, ses nacelles offrent en position haute une vue magnifique sur la ville et le Prater. Sa structure pèse 430 tonnes et sa roue à un rayon de 61 m. Elle tourne et tournera encore à une vitesse de 2,7 km/h.

Cette grande roue loin d'être anonyme a souvent tenu le premier rôle dans des films hollywoodiens comme jadis dans « Le troisième homme » avec Orson Wells où le James Bond « Tuer n'est pas jouer » avec Timothy Dalton. Elle a, d'ailleurs, été ajoutée en juin 2016 à la liste des "Trésors de la Culture cinématographique européenne" par l'European Film Academy.

Dans le hall d'entrée de la grande roue, huit wagons offrent une rétrospective sur 2000 ans d'histoire viennoise. Les wagons peuvent être loués pour des dîners exclusifs, des cocktails et des mariages. La grande roue de Vienne est ouverte toute l'année.

- Chéri ! Et si nous y montions ?

- Pourquoi pas, où n'irais-je pas sachant que tu serais là ? La dernière fois que j'y suis monté, c'était avec maman. La vue réellement y est fantastique. Avec toi elle sera mirifique !

- Jamais je n'aurais pu m'imaginer que quelqu'un d'autre pourrait un jour en dehors de papa, tant m'aimer.

- Tu oublies ton frère, qui ne jure que par toi et tes nombreux malades à qui tu as redonné goût à la vie.

- Serais-tu jaloux de mon petit frère ?

- Oui, terriblement sur l'instant, il serait mentir de ne pas le dire. Oui, je le fus viscéralement, toutefois, je dois t'avouer qu'après réflexion, je suis revenu à la raison en me demandant pourquoi pourrais-je l'être contre celui qui m'a permis de t'approcher. Tout le monde t'aime ma chérie, car, tu es de celle que l'on ne peut oublier. Celle que bien des hommes ont convoitée. Quand je t'ai vu pour la première fois, j'ai eu très peur de n'être pour toi qu'un tout venant, un de ceux que tu croises en passant sans même regarder. Une beauté totalement inaccessible.

- Si tu savais vraiment à quoi j'avais à cet instant pensé, tu serais étonné.

- Je ne peux le croire ! Toi la diva, la somptueuse créature, celle qui fait tourner toutes les têtes, toi... tu as eu peur !

- Oui, même très peur de ne pas te plaire. Je t'avais trouvé trop charmant pour être l'homme d'une seule femme, trop beau pour une fille toute simple comme moi.

- Toute simple ! Vouloir te désigner ainsi est un euphémisme, une litote, une antiphrase que, sans doute, ta modestie te dicte.

- Chéri, chéri, je me demande si tu prends parfois le temps de te regarder dans une glace ?

- Oui, cela m'arrive, mais cela ne veut pas dire que je sois le Don Juan à qui tu penses.

- Jaffrey chéri, tu es bien trop intelligent pour ne pas savoir que tu dis n'importe quoi. Toutes les femmes te dévorent du regard, certaines même, s'offrent à toi sur un plateau d'argent.

- Si tu veux le penser, cela te regarde. Néanmoins, il n'en existe qu'une pour moi et c'est toi mon amour, celle qui restera ma petite femme chérie à jamais.

- Tu es adorable, parles-moi plutôt de cette grande roue ?

- Oui, si tu veux ! Comme tu peux le voir, la grande roue avec ses quinze immenses nacelles est impressionnante par son gigantisme.

- Oui, je peux le croire pour une époque d'antan, mais dès lors on voit bien plus grand.

- C'est vrais, mais lui fut construite entre, 1896 et 1897, sur les plans des architectes anglais Walter Basset et Harry Hitchens à l'occasion du cinquantième anniversaire du couronnement de l'empereur François Joseph et pour l'époque, c'était colossal. Ce fut en ces temps la plus haute grande roue existante dans le monde.

Avant le bombardement de 1944 qui l'avait incendiée, elle possédait 30 cabines. À sa reconstruction, en 1963, il fut décidé qu'elle n'en compterait plus que quinze.

- Chéri, et si nous y montions ? Il n'y a presque pas de queue...

Dans une cabine peinte en rouge et blanc, grande comme celle d'un téléphérique, assise sur le banc central Élisabeth ravie contemplais la vue dégagée qui s'offrait à son regard. Jaffrey ne cessait de commenter tout ce qu'elle voyait défiler.

Il était presque 15 h 30 quand ils quittèrent l'une des nacelles de cette gigantesque réalisation. Tout Vienne avait défilé sous leurs regards éblouis.

- Dommage que lors de notre premier séjour, nous n'y soyons pas montés !

- Que veux-tu ma chérie, on ne peut pas tout faire en une seule fois. Cela nous a permis d'y revenir.

Leur prochaine destination était le musée de cire de Madame-Tussauds.

- Toi qui as passé tant de temps dans cette ville peut-être, pourrais-tu me dire quelques mots sur ce musée.

- Maman en effet adorait cet endroit, elle s'y amusait beaucoup, cela m'a permis d'y aller en sa compagnie une dizaine de fois. Ce que j'en sais pour m'être documenté, est que ce célèbre musée Madame-Tussauds constitue un incontournable du Prater, avec plus de 80 statues en cire et un espace découverte dédié à Sissi.

D'ailleurs, nous n'aurons pas à aller très loin, il se trouve sur cette place toute proche de la grande roue. Ce musée abrite tout le long de ses 2 000 m2 de salle, répartis sur trois étages 80 sculptures de cire.

On pourra croiser des personnalités autrichiennes et historiques comme l'empereur François-Joseph et sa Sissi, Wolfgang Amadeus Mozart, Falco, Marie-Thérèse où encore Gustav Klimt.

Il est prévu qu'en 2017, une surface de 200 m2 sera ouverte entièrement dédier à Sisi. Une rétrospective qui découvrira la face cachée de l'impératrice Élisabeth en vivant une de ses journées. Une technologie de pointe avec des animations 3D et des expériences sensorielles qui transporteront les visiteurs à l'époque de Sissi.

Dans le décor interactif conçu spécialement pour le musée, tu pourras également mesurer ton intelligence avec celle d'Albert Einstein, tu pourrais aussi, si cela t'amuse, jouer les chefs d'orchestres avec Johann Strauss en dirigeant de ta baguette le beau Danube bleu, ou encore t'exercer au penalty avec Hans Krankl. Le célèbre footballeur David Alaba est également présent.

- Merci, mais le football c'est pas mon truc !

- Aucune importance, puisque quelques stars internationales qui représentent le milieu artistique y sont également bien représentées. Par exemple Johnny Depp, Nicole Kidman, Robert Pattinson, Angelina Jolie, Julie Andrews, Maria von Trapp, tu sais, celle qui jouait dans la mélodie du bonheur ou encore Michael Jackson. Dans un autre registre, on trouve le Mahatma Gandhi ou encore Nelson Mandela qui resteront a jamais les porte-paroles emblématiques de la scène politique internationale.

Les sculptures de Madame-Tussauds fascinent le public depuis plus de 150 ans. Entre trois et six mois sont nécessaires pour la réalisation d'une sculpture de cire. Plus de 500 mensurations précises et près de 200 photos sont indispensables pour fixer le plus précisément possible toutes les particularités d'une personne. Plus de 800 heures de travail sont nécessaires pour chacune des figures de cire valant plus 200 000 euros chacune.

- C'est un investissement colossal qui depuis j'imagine à dus être largement rentabilisé.

- Sans doute, mais je doute fortement qu'il faille à un artiste confirmé 800 heures de travail pour réaliser somme toute une simple effigie en cire. Sans parler d'un coût de deux cent mille euros, ce qui serait à mon sens l'un des jobs le plus rentable de la planète.

- Mais d'où tiens-tu ces chiffres faramineux ?

- Du catalogue du musée, et sur Internet. Une communication sans doute faite pour inspirer un intérêt bien plus fort qu'il ne devrait l'être.

- Mais au fait ! Qui était cette Madame Tussauds ?

- À l'origine, elle était l'assistante d'une médecin qui avait créé des figurines de cire pour la recherche médicale. Ce ne fut que bien plus tard qu'elle fonda sa propre entreprise en devenant plus célèbre que son mentor.

Élisabeth contre toute attente s'y amusa follement en se faisant photographier par son chéri devant de nombreuses effigies. À 17 heures, ils quittaient l'endroit en jurant d'y revenir un jour avec leurs enfants.

Ils devaient se préparer, se parer pour répondre à l'invitation de la Comtesse Esterházy.

Arrivée sur le parvis du palais, elle se demandait où se trouvait l'entrée. Jaffrey en habitué la mena devant une porte imposante magnifiquement sculptée devant laquelle de chaque côté, torche flamboyante à la main, se tenaient deux valets très dignes en costume d'époque qui reconnaissant Jaffrey les salua.

Le hall gigantesque dans lequel ils pénétraient donnait naissance à un escalier monumental à double volée qui montait élégamment vers les salons du premier étage. En gravissant ses marches confortables, ils purent admirer a mis chemin en se retournant, le sol magnifique de l'immense hall tout en marbre de carrare agrémenté en son centre d'une magnifique rose des vents.

Sous les boiseries de son somptueux plafond qui se voulait baroque, se tenaient assemblés des hommes d'âges mûrs en smoking, très digne avec moustaches et barbes méticuleusement taillés. Tout à côté assemblé en cercle se tenaient leurs épouses replètes et caquetantes, arborant fièrement leurs doubles mentons. Plus loin, d'autres plus jeunes, ainsi que quelques-unes très jolies, se tenaient richement parés de leurs magnifique tenu de soirée.

À l'étage, aux dorures et aux fresques de toutes beautés, une porte immense à double battant grand ouverte laissait entrevoir des hommes vêtus de costumes d'apparat ainsi que de très belles jeunes femmes aux sourires éclatants parés de robes magnifiques. Devant l'entrée, se tenait un personnage très sérieux, l'air hautain qui les dévisagea et ne se dérida qu'après avoir vu leurs cartons d'invitation.

- Monsieur le Comte, cela fait si longtemps que madame la Comtesse votre mère et vous-même n'étiez venu !

Un peu vexé de n'avoir pas reconnu Jaffrey, il s'excusa d'un petit sourire contraint et pour se faire pardonner, il s'obligea à les annoncer avec la plus grande des solennités en tapant de son grand bâton d'apparat le sol très fort, puis, en citant leurs noms d'une voix non moins puissante.

- Monsieur et madame la Comtesse et le Comte de Bélamondo !

La Comtesse Esterházy en grande conversation avec un groupe de ses invités en entendant leurs noms rompit toute discussion pour se précipiter à leur rencontre.

- Jaffrey, quel bonheur de te revoir... Tu ne changeras donc jamais... toujours aussi charmeur ?

- Par contre, toi, tu deviens de plus en plus éblouissante !

- Toujours aussi flatteur ! Je te reconnais là. J'ai entendu dire que ta femme était une beauté.

- Pas plus que toi ma Josépha !

- Tu n'arrêteras donc jamais ! Soi sérieux, veux-tu, présente moi plutôt a ta belle !

En effet, la Comtesse Esterházy était une très belle femme très brune au port altier avec des yeux noirs ravissants et une bouche aux lèvres délicieusement ourlées.

- Ma chérie... mon amie la Comtesse Josépha Esterházy arrière-petite-fille de Sophia Maria Josépha, princesse von und zu Liechtenstein, Comtesse Esterházy von Galàntha...

- Oh ! Jaffrey, arrête donc avec cette litanie... Je suis réellement enchanté Comtesse, je suis heureuse de faire votre connaissance et merci encore d'avoir accepté mon invitation.

- C'est un plaisir auquel nous n'avons pu résister. Jaffrey m'a beaucoup parlé de vous !

- En bien, j'espère ?

- Avec le plus grand bien et une immense considération.

- Avec le plus grand bien, je veux le croire, mais avec considération, j'ai des doutes. Savez-vous qu'il a eu l'audace d'affirmer que la noblesse des Bélamondo remontait bien au-delà de celle des Esterházy ? Évidemment, je plaisante, ce ne furent que des divergences entre de jeunes étudiants exaltés que nous étions à cette époque à Madrid.

- Josépha, tu exagères, jamais je n'ai dit cela... en tout cas pas comme ça ! Nous avions seulement évoqué certaines réalités historiques incontournables. Je me souviens t'avoir dit que contrairement à la noblesse espagnole, celle Autrichienne avait été officiellement déchue de tous privilèges après la chute de l'Empire austro-hongrois, en 1919.

- Quelle importance, pour moi l'abolition officielle est sans conséquence, car, avec ou sans titre, je resterai toujours une Esterházy !

Historiquement, la noblesse autrichienne constituait la classe privilégiée de l’Empire. Le système de la noblesse autrichienne fut très proche de celui qui eut cours en Allemagne en raison de leur origine commune dans la noblesse du Saint-Empire. La noblesse a été officiellement abolie à la chute de l’Empire austro-hongrois, en 1919. Les anciennes familles nobles et leurs descendants font toujours partie de la société autrichienne contemporaine, mais ne disposent plus des privilèges qui furent les leurs.

Tout noble vivant dans un territoire soumis à l’autorité des Habsbourg et qui prêtait allégeance à l’Empereur et à la dynastie était intégré à l’aristocratie autrichienne. Cela s’appliqua donc aux membres des noblesses bohêmes, hongroises, polonaises, croates, dalmates ou encore lorraines.

Les différenciations nationales au sein de la noblesse dite autrichienne sont donc extrêmement difficiles, particulièrement après l’établissement de l’Empire austro-hongrois. Un noble Galicien pouvait ainsi être considéré comme un noble polonais, mais faisait partie également de plein droit de la noblesse autrichienne.

La religion, au même titre que les distinctions nationales, n’a pas prise sur la noblesse autrichienne. Un noble autrichien pouvant appartenir à chacune des religions professées au sein de l’Empire, catholiques en Autriche, Hongrie, Croatie, Dalmatie ou Pologne, protestants en Bohême ou en Transylvanie, grec orthodoxe en Galicie, Serbe orthodoxe en Voïvodine ou encore nobles juifs.

La noblesse autrichienne peut aujourd’hui faire référence à deux catégories... À la première, la noblesse historique qui résidait sur les territoires de l’Empire des Habsbourg et avait prêté allégeance à la dynastie, c’est-à-dire toute la noblesse autrichienne, jusqu’en 1918... La deuxième, l’actuelle noblesse d’Autriche, à savoir les citoyens de nationalité autrichienne dont les familles sont issues de la noblesse de l’Autriche géographique, du Tyrol et du Burgenland.

À partir, de 1453, les Archiducs d’Autriche obtiennent le droit d’accorder noblesse à des roturiers, de même que l’archevêque de Salzbourg, dont le territoire resta indépendant. À côté de l'Empereur des Romains (un titre détenu pratiquement sans interruption par l’archiduc d’Autriche, de 1438 à 1806), seules de rares familles souveraines détenaient ce droit à l’intérieur du Saint-Empire.

À l’époque de l’absolutisme, la noblesse résidante en ville se transforma lentement en noblesse de Cour (Hofadel). Le service à la cour devint peu à peu le but premier de la noblesse autrichienne, initiant une véritable culture nouvelle.

Au sein de la cour impériale, un cercle restreint forme la haute noblesse, appelée les 100 Familien (100 familles), qui possèdent d'immenses richesses en fortune et en terre et disposent d’une influence prédominante à la Cour et donc sur la politique et la diplomatie de l’Empire.

Après la disparition du Saint-Empire, en 1806, les souverains Habsbourg, devenus empereurs d’Autriche, en 1804, continuèrent à créer des nobles jusqu’à la chute de la monarchie, en 1918.

Certaines de ces familles obtinrent le droit de siéger comme pairs à la Chambre Haute du Parlement impérial (Herrenhaus) et au Conseil Impérial (Reichsrat) de l’Empire austro-hongrois.

Les nobles issus d’anciens États souverains, comme ceux du nord de l’Italie (Venise, Mantoue, Milan), furent également confirmés dans leurs droits et purent conserver leurs titres...

Le très beau parquet en chêne de la gigantesque salle de bal incrusté de marqueteries brillait sous l'éclat des immenses lustres de cristal de baccaras... lustres monumentaux suspendus qui descendaient du haut plafond doré orné de fresques magnifiques.

Jaffrey connaissait la plupart des invités pour les avoirs souvent côtoyés au temps où il passait avec sa merveilleuse mère des soirées mémorables à valser sous ces immenses lustres de cristal scintillants de mille éclats.

Toute l'assemblée semblait s'être figée en découvrant la nouvelle Comtesse de Bélamondo. Tout ce qu'ils avaient auparavant entendu sur elle semblaient être au-dessous de la réalité. Sa robe d'une splendeur rare, portée avec l'élégance et le savoir-faire d'un mannequin top-modèle, dépassait tout ce dont ils eurent pu s'imaginer.

Bien que sa parure fût très belle, elle n'aurait été rien sans la beauté somptueuse de celle qui la portait. Élisabeth souriante répondait par un hochement de tête gracieux à tous les saluts qui lui étaient adressés.

Sa robe faite de soie et de dentelles était digne d'une souveraine. Cette merveille fut le fait du Comte Juarez, le grandpère de Jaffrey qui l'avait fait confectionner dans le plus grand secret en Espagne et l'avait fait convoyer par un homme de confiance jusqu'à Vienne à l'hôtel où il savait qu'ils logeraient.

Pour la plupart fascinée, ne pouvaient détacher leurs regards de ce couple magnifique.

Un orchestre de douze musiciens en tenue de soirée se mirent à jouer selon la tradition la fanfare d'ouverture.

- C'est incroyable comme ces gens sont attachés à leurs traditions, fit remarquer Élisabeth.

- Ce n'est pas totalement faux, acquiesça Jaffrey, aucune ville au monde ne cultive la tradition des danses de salon avec autant de faste et de romantisme que Vienne.

- Votre époux à raison très chère Élisabeth ajouta la Comtesse Esterházy, saviez-vous que la valse, comme danse de couple par excellence, fut bien mal accueillie à l'origine.

- Mais pourquoi, donc, interrogea Élisabeth ?

- Il le fut de toute évidence en raison de la proximité physique des partenaires et du mouvement rotatif du pas de danse qui leur avaient semblé violents. La valse à cette époque faisait figure d'affront à la morale chrétienne.

- Il n'y a rien de plus doux, rétorqua Élisabeth, et de plus correcte que la valse viennoise. Depuis me semble-t-il, ses détracteurs ont changé d'avis ?

- Oui, mais ils y ont mis du temps ! Ce ne fut qu'après le congrès de Vienne, (1814-1815), convoqué dans la capitale autrichienne pour la réorganisation de l'Europe après la chute de Napoléon, qu'elle s'imposa comme danse de salon.

Metternich, le représentant autrichien, avait organisé un si grand nombre de bals que les réjouissances semblèrent prendre le pas sur la diplomatie, inspirant au Prince de ligne ce mot resté célèbre « Le congrès danse ! ».

- Je vois ma chère Josépha que tu connais bien tes classiques, fit remarquer Jaffrey, mais tu devrais ajouter que si l'œuvre du congrès de Vienne fut de courte durée, la valse de Vienne par contre devint la reine des danses... la danse des rois et des reines, celle des princes et des princesses et même celle des Comtesses... Une danse somptueuse à laquelle, il ne restait plus qu'à conquérir le monde

- C'est-ce qu'elle fit ! Lui répondit la Comtesse Esterházy du tac au tac. Comme vous le voyez chère Élisabeth, votre mari est incorrigible, il veut toujours avoir le dernier mot. Mais je parle, je parle et je manque à tous mes devoirs... Venez très chère, je vais vous présenter.

Un homme de grande taille à la barbe fleurie, aux cheveux blancs, les regardait venir à lui.

- Cher Baron, permettez-moi de vous présenter la Comtesse Élisabeth Cleversid de Bélamondo !

Puis, en se tournant vers Élisabeth.

- Chère Comtesse, permettez-moi de vous présenter le Baron Eötvös de Vàsàrosnamény.

Le Baron se plia respectueusement pour un baisemain dans la plus pure des traditions.

- Je suis ravi, croyez le bien chère Comtesse.

- Moi aussi tout autant cher Baron !

Puis ce fut une longue tournée de présentation qui s'ensuivit jusqu'à que l'orchestre n'entama les premières mesures de la première danse. Des jeunes femmes richement vêtues attendaient, selon la coutume, assise que l'on vienne les inviter à danser.

Cela ne tarda pas pour Élisabeth au mépris de la présence de son mari à ce qu'on l'invita. Une queue de jeunes prétendants s'était formée devant son siège, à son cinquième refus, Jaffrey d'un regard la pressa d'accepter, car, lui-même, devait faire danser la très belle Comtesse Esterházy.

Élisabeth pourtant refusa, bousculant toute convenance préférant regarder son époux valser avec cette femme enrubannée, que de danser avec un autre que son mari.

La tension était perceptible, aussi bien que Jaffrey renonça à faire danser la jolie Comtesse Josépha.

- Chérie, pourquoi te cabrer, ce sont les coutumes viennoises d'ouverture d'un bal, c'est la maîtresse des lieux qui doit être invitée selon l'étiquette pour une première danse. Comme ce fut fait lors de bals royaux donnés par l'Empereur François Joseph.

- Eh bien, qu'elle danse avec un autre !

- Chérie, tu sais bien que je n'aime que toi, sois sage, car, c'est elle qui viendra à moi, laisse-moi t'expliquer... Les bals de cérémonies de l'ancien régime étaient réglés dans le plus minutieux détail comme tout ce qui concernait l'étiquette.

Au commencement, tout le monde se trouvait assis, les dames devant, les cavaliers derrière. À l'ouverture du bal, l'Empereur se levait suivi de ses courtisans pour se rendre au point ou devait s'ouvrir le bal et dansait avec sa Reine ou avec une Princesse de sang.

Tant qu'il dansait, l'assemblée entière resta debout l'œil fixé sur le souverain. Ce ne fut que quand il eut regagner sa place que l'assemblée put en faire autant. Un Prince, le premier dans la hiérarchie, venait alors saluer l'Empereur, puis, l'impératrice, et dansait avec elle.

- Nous ne sommes plus au temps de l'Empire austro-hongrois, c'est une époque révolue !

- Oui, sans doute, mais les coutumes et l'étiquette perdurent... Faisant partie de la noblesse, on ne peut les ignorer en le foulant aux pieds.

- Tout cela est si nouveau pour moi... Fais ce que tu dois faire, mais moi, je ne danserai qu'avec toi !

La Comtesse Esterházy, sur son siège tout comme Élisabeth, avait décliné l'invitation du Prince von Odrowaz au risque de le blesser, puis, celle du vieux Baron Hofkirchen qui lui aussi semblait avoir oublié l'étiquette. Tous savaient qu'elle attendait le séduisant Comte de Bélamondo, le beau Jaffrey qui tardait à venir la chercher. La musique sur un geste du chef d'orchestre s'était tue et attendait que le couple Princier prenne place au centre de la salle.

La Comtesse Josépha contrariée se leva et se planta devant Jaffrey en le foudroyant du regard.

- Tu ne veux donc pas ouvrir le bal en dansant avec moi ?

- Je ne suis pas le mieux placé pour le faire, cela revenait de droit au Prince von Odrowaz.

- Pour cela, laisse-moi en juger !

- De plus, c'est toi la Reine et c'est à toi de venir chercher ton Prince, aurais-tu oublié l'étiquette ?

- Chère Comtesse, enchaîna-t-elle sans daigner lui répondre, j'espère que vous ne m'en voudrez pas d'emprunter votre époux pour cette valse.

- Mais pas du tout Comtesse, je ne voudrais en aucun cas fouler aux pieds cette coutume ancestrale !

Jaffrey se leva alors en souriant et accepta la main de la Comtesse Josépha pour la conduire avec élégance au centre de la piste. La musique aussitôt s'éleva, tout d'abord en volutes légère, puis, de plus en plus forte, rythmé aux trois temps binaires de la valse.

Le couple qui se complétait merveilleusement virevoltait en enchaînant des pas et des postures de plus en plus complexes.

Josépha en avait presque oublié sa rancœur heureuse d'être une fois encore, comme souvent par le passé dans les bras de cet homme qu'elle adorait... mais qui en avait choisi une autre.

- Josépha, pourquoi m'as-tu fait tout ce cinéma, alors que tu savais parfaitement que cela déstabiliserait mon épouse ?

- Que veux-tu, c'est viscéral, lorsque je te vois avec une autre, je ne peux m'en empêcher. Pourtant, à Madrid, tu m'aimais bien.

- Je t'aime toujours ma Josépha, et je crois que cela ne cessera jamais.

Tous les regards étaient fixés sur ce couple magnifique qui dansait avec une grâce et une maîtrise incomparables.

Jaffrey était de la race des seigneurs, fin, élancée, avec la vélocité d'un pur-sang et la beauté des Bélamondo.

Élisabeth abandonnée sur son siège n'en pouvait plus de jalousie et ruminait une vengeance impitoyable. Ce ne fut que de courte durée jusqu'à la venue du Baron Eötvös de Vàsàrosnamény qui lui prit la main, la forçant presque à se lever.

- Chère Comtesse ne prenez pas ombrage, je connais votre mari depuis bien plus longtemps que vous, c'est un garçon remarquable en tout point. Vous me semblez être comme sa maman la somptueuse Comtesse Dolorès qui ne pouvait supporter que son fils dansât avec une autre qu'elle. Pourtant, elle était sa mère. Toutes les femmes qu'il côtoie, en tombes systématiquement amoureuses, que voulez-vous, c'est un hidalgo, un étalon racé doté d'une capacité de séduction incomparable. Pourtant, soyez réaliste... c'est vous qu'il a choisi !

Élisabeth se laissa guider par le Baron sans un mot, sa robe pourtant somptueuse n'arrivait pas à la hauteur de la beauté de celle qui la portait. Sa démarche ondulante d'une sensualité sans pareil séduisit sur l'instant l'assemblée tout entière qui gardait le regard rivé sur le balancement gracieux de ses hanches.

La suite fut inénarrable tant la grâce de cette femme à la blondeur d'or était incommensurable. Le baron dansait à la perfection, sans doute moins bien que Jaffrey, mais beaucoup mieux que d'autres, qui pensait savoir bien danser.

- Regardez Comtesse, tout le monde nous regarde, c'est vous la reine de ce bal, car, aucune autre, ne pourrait vous ravir ce titre.

- Merci Baron, mais je ne souhaite être que la Reine de mon époux.

- La vérité est que votre époux est un fauve, un étalon fougueux que l'on ne peut mettre en cage, si vous faites cela, il se pourrait bien qu'il dépérisse. Vous ne voulez sans doute pas cela ?

- Non, bien sûr que non, qui voudrait cela ?

- N'oubliez jamais, qu'il vous a choisi et que vous l'avez accepté, cela est bien plus explicite que toutes autres considérations.

- Baron, vous êtes adorable, soyez en certain que je ne l'oublierai jamais.

- La valse se termine, je vous conseille de garder ce merveilleux sourire en le retrouvant, vous verrez, il ne vous en aimera que davantage.

Jaffrey en la retrouvant craignit le pire, mais rien de ce qu'il avait imaginé ne se passa.

- Jaffrey chéri, te voir dansé, est une régale de tous les sens, quand tu veux, tu peux être surprenant.

- Ne le suis-je pas journellement ?

- Mais si mon amour, tu l'es encore bien plus que cela !

- Élisabeth, c'est fini, j'ai donné à l'étiquette et aux traditions, maintenant, je ne veux être qu'à toi. Ce que tu as vu avec Josépha n'était pas mal, mais avec toi ! Ce sera merveilleux.

- Jaffrey chéri, je te retrouve enfin... je suis si heureuse.

- Pourquoi dis-tu cela, alors que je ne t'ai pas quitté un seul instant ?

- Parce que... parce que, n'y fait pas attention, fais-moi plutôt valser...

CHAPITRE 2Mardi 27 août

Partie : 1Vienne - Venise

Bien qu'il fût déjà 11 h 30, Élisabeth ne put réfréner quelques bâillements incontrôlés. En vérité, la soirée donnée par la Comtesse Esterházy avait duré tard dans la nuit suivie de leurs ébats amoureux dont ils ne furent assouvis qu'au petit matin.

L'aéroport Vienne Schwechat bien qu'il ne fût qu'à 18 km du centre de la capitale leur avait pris plus de quarante-cinq minutes pour y arriver dans un taxi épouvantable aux sièges éculés englué dans un embouteillage inimaginable. Le vol OS523 pour Venise de la compagnie Austrian Airlines sur Embraer décollait à 13:00.

- Chéri, je suis tout énervé, ce taxi minable qui n'avançait pas, un peu plus, il nous faisait rater notre vol. Nous aurions mieux fait de prendre en gare de Wien Mitte le City Airport Train qui n'aurait mis que 16 minutes et de plus nous aurions pu nous y enregistrer. De plus, il relie l'aéroport avec une fréquence d'une fois toute les 30 mn.

- Oui, bien sûr, si j'avais deviné dans quelle galère nous allions nous embarquer, j'aurais agi bien évidemment tout autrement. Mais, malheureusement, ce genre de mésaventure est imprévisible, surtout un jour de semaine... Un retard malencontreux qui, sans doute, doit, je pense, résulter d'un malheureux accident.

- C'est très possible, toutefois cela à ruiner mes nerfs, heureusement qu'enfin nous y sommes !

- Pas de panique chérie, il nous reste une bonne heure et demie... tu me sembles fatigué ?

- À qui la faute ?

- À l'amour !

- Tu t'en sors toujours avec une pirouette, pourtant c'était merveilleux, rien que pour cela, je reviendrai bien à Vienne des centaines de fois.

- Penses-tu ! Crois-tu que nous ayons besoin de Vienne pour nous aimer ? Tu verras mon amour, Venise est une cité merveilleuse pour ceux qui savent l'apprécier. Josépha a réveillé son amie la Comtesse Gabriella Caspriani qui a spontanément proposé de nous donner l'hospitalité dans son palais de la Strada Nova situé dans le quartier de Cannaregio.

- Avec toi, je me méfis des Comtesses ! Quel âge à t'elle cette merveilleuse créature ?

- Je ne sais pas, mais quelle importance ? Crois moi ma chérie, tu ne devrais pas craindre la concurrence... Tu ne te rends même plus compte a quel point tu éblouis !

- Alors, tu devrais être irradié !

- Je le suis totalement, je n'arrive pas encore à croire tout ce que, cette nuit, j'ai vécu. C'était si fort, que je n'arrive pas encore à croire que ce fut vrai.

- Moi non plus ! Ce matin en me réveillant, j'avais cru, avoir rêvé. Mais en te voyant à mes côtés, j'ai su que cela s'était vraiment passé.

Le vol sur l'Embraer 190 du constructeur brésilien fut sans surprise. En arrivant à l'aéroport Vénice Marco Polo à 14 h 05, après un vol de 1 h 05 minutes, une vedette aux armes de la Comtesse Caspriani les attendait.

Un petit homme bedonnant, pancarte à la main au regard vif, affublé d'une petite moustache triomphante les attendait souriant. Habillé de blanc et de rouge avec un chapeau de paille à large bord décoré d'un ruban noir, il avait l'allure d'un batelier authentique qui parcourait journellement les canaux de la cité lacustre.

Rapidement, ils se firent connaître, puis, sans préambule, sous un soleil brûlant, ils suivirent le petit homme qui les guida d’un pas vif vers l’embarcadère situé à une centaine de mètres loin de l'effervescence touristique. Il était temps qu’ils arrivent, Élisabeth commençait à montrer quelques signes de fatigue. C'est rapidement qu'ils embarquèrent dans une magnifique vedette rapide rutilante en bois d’acajou vernis.

D'une manœuvre savante, digne d'un batelier patenté, la luxueuse vedette quitta rapidement son amarrage en évitant quelques embarcations qui encombraient les abords du quai. Après avoir encore échappé à plusieurs accrochages avec des canots maladroitement manœuvrés, il s’élança avec fougue enfin libéré de toute contrainte avec toute la puissance de ses moteurs dans la vaste lagune vénitienne.

La puissante embarcation possédait une somptueuse cabine arrière... Un espace étonnamment spacieux aménagé avec un luxe outrageant avec des vitres panoramiques d’où l’on pouvait voir confortablement installer sur des coussins multicolores scandaleusement mœlleux, le paysage défilé.

Jaffrey enlaça amoureusement sa femme qu'il sentait fatiguer. Tout en caressant tendrement ses magnifiques cheveux blonds, il laissa gambader ses lèvres sur ses joues qu'il parcourut lentement en y déposant de doux petits baisers.

Pour enfin la détendre, il lui mordilla tendrement l'oreille pour y glisser quelques mots secrets et des souvenirs coquins qui la firent sourire, puis, lentement, avec une grande douceur, il guida sa jolie tête blonde tout au creux de son épaule pour la couvrir de baisés.

Elle se laissa aller au bonheur confiante tout contre lui détendu et prête à prendre plaisir à tout ce que lui offrira le spectacle qui se déroulera devant ses yeux. Un panorama, qu'elle espérait exceptionnel.

Le batelier subjugué par la beauté de ce couple, cherchait sans résultat en se triturant les méninges à mettre un nom sur leurs visages.

De prime abord au début, le parcours fut sans intérêt puisque la vedette se déplaçait à grande vitesse dans un vaste bras de mer. Ce ne fut que bien plus tard, après de longues minutes de navigation que l'embarcation croisa enfin très au large l’île de Murano à bâbord et ses ateliers de verrerie.

La vedette qui se déplaçait rapidement dû ralentir en s'engageant dans le canal de Cannaregio où la vitesse était sévèrement réglementée... Un canal aux berges mirifiques qui se jettera après une courte distance dans le Grand Canal.

À cet instant, l’aéroport Marco Polo était dès lors loin derrière eux, depuis, ils avaient déjà parcouru à grande vitesse près de 6 km.

Élisabeth lascive, en caressant tendrement la joue de son époux, lui demanda en le susurrant amoureusement...

- Chéri, crois-tu pouvoir me renseigner sur les lieux que nous verrons défiler ?

- Il est vrai que je n'ai pas eu beaucoup de loisirs ces derniers temps pour approfondir la question, cependant, je vais tout de même essayer pour te faire plaisir de faire un effort...

Évidemment, il ne disait pas la vérité, Jaffrey ne laissait jamais rien au hasard... Sachant qu'ils y viendraient, c'est un parcours qu’il connaissait parfaitement bien pour l’avoir minutieusement étudié.

- Bientôt, nous allons passer sous le pont Guglie… Ce pont sera le dernier que tu verras avant que nous n'arrivions sur le Grand Canal. Une fois que nous y serons, nous bifurquerons à bâbord en direction du célèbre palais Loredan Vendramin Calergi… Palais magnifique, que tu verras défiler sur la rive gauche. C’est un ancien palais de style gothique qui avait appartenu aux Mocenigo et qui plus tard, en 1536, fut acheté par les Loredan qui le firent transformer dans le style Renaissance.

- L'intérieur de ce palais doit être magnifique ?

- Oui, en effet, il l'est ! Ce que je peux encore t’en dire, c'est que la grande salle des réunions est décorée par une très belle toile "La Madone à l’enfant avec quatre sénateurs" de "Jacopo Robusti" plus connu sous le nom du "Tintoret".

Ce palais est actuellement le siège de l’institut vénitien des sciences, des lettres et des arts. Je crois aussi savoir, qu'elle possède une bibliothèque riche de plus de vingt mille ouvrages.

- Seigneur, c'est un lieu qui te conviendrait parfaitement.

- Pourquoi pas, j'adore m'instruire et comprendre le passé pour mieux appréhender l'avenir.

En effet, une minute plus tard, l'embarcation s'engageait à bâbord en prenant un virage serré pour se positionner en s’insérant avec adresse dans une circulation batelière intense.

Des Vaporettos, bateaux autobus des mers, des barges emplis de matériaux de construction divers, des corbillards et vedettes de particuliers, des gondoles et toutes sortes d’embarcations empruntaient cette large voie d’eau... Voie maritime très fréquenté qui était l’unique autoroute de la ville de Venise.

Après avoir dépassé le Palais Vendramin, que déjà, se profilait le plus beau des Palais vénitien qui se trouvait sur le Grand Canal... la fastueuse Ca’ D’Oro.

Jaffrey ne put s’empêcher devant une telle merveille architecturale, de la commenter.

- Nous sommes presque arrivés à destination, nous voilà rendu dans le quartier de Cannaregio. Tu as devant toi un chef-d'œuvre de l’architecture gothique flamboyant, au même titre que le Palais des Doges. Il abrite dans ses étages un musée dans lequel nous pourrions admirer le magnifique Saint Sébastien de Mantegna.

- Dommage que nous ne puissions pas disposer davantage de temps, ajouta rêveusement sa jolie blonde avec une petite moue de déception. C'est vraiment désolant de constater que faute de temps, il ne nous sera pas possible de découvrir toutes ces merveilles. Rien que d'y penser est un véritable crève-cœur, même, si je sais pertinemment, que cela ne nous serait pas possible.

- Si tu le souhaites vraiment, rien ne nous empêche d'y revenir un jour prochain seul, ou bien encore un peu plus tard avec nos enfants.

- Oui ! Ce serait fantastique mon amour, mais le monde est si vaste et tellement fascinant, alors... tu sais... ?

Le palais de la Comtesse Caspriani possédait un embarcadère situé dans son sous-sol. La vedette sans hésitation s'y engouffra. La moiteur du lieu et la pénombre qui y régnaient avant que la lumière fût, leur avaient semblé oppressantes.

La Comtesse qui les avait guettés était venue à leur rencontre pour les accueillir. Sur le quai, souriante en compagnie de son majordome et de deux de ses soubrettes, elle assistait à la manœuvre d'accostage. En apercevant le couple Princier, et surtout ce mâle superbe racé comme un étalon, elle éprouva un léger vertige.

- Je suis vraiment heureuse de vous accueillir... Merci d'avoir accepté mon invitation !

- C'est un vrai plaisir d'être à Venise et d'être logé dans une si belle demeure. Maman, ma beaucoup parler de vous et de votre chaleureuse invitation lors de son séjour à Venise. Permettez-moi de vous présenter mon épouse, la Comtesse Élisabeth de Bélamondo.

- Croyez bien que je suis honoré de votre présence, toute la noblesse de Venise ne parle plus que de vous, tous voudraient pouvoir vous inviter.

- C'est flatteur, mais nous ne resterons pour cette fois-ci que deux jours.

La Comtesse Caspriani venait d'avoir 57 ans, sans être très belle, elle portait sur son visage la dignité de son rang. La taille-fine et la poitrine arrogantes, elle n'était pas totalement dénuée de charme. Après s'être salué et présenté, la Comtesse volubile voulut, partager de lointain souvenir.

- Votre maman était pour moi une grande amie. J'ai un plaisir immense de vous recevoir. Il se trouve aussi, que j'ai croisé votre grand-père à Madrid, certes, il y a déjà bien longtemps lors d'un court séjour. Il était à l'époque en compagnie d'une très belle jeune femme, Alejandra, je crois ?

- Oui, elle est resté très belle, dans quelques semaines, elle deviendra la Comtesse de Bélamondo.

- Le Comte Juarez se remarie ?

- Quoi de plus naturel, ils vivent ensemble depuis plus de quarante ans !

- J'espère qu'il ne va pas m'oublier ?

- N'en douter pas Comtesse ! Grand-père n'oublie jamais ses amies.

- Certes... certes, je n'en doute pas. Venez, vous devez être fatigué. Giulitta et Agostina vont vous conduire à votre résidence.

Le Palais de la Comtesse Caspriani fut construit au XIIe siècle, puis, restauré au XVe siècle, à cette époque, il appartenait aux frères Ogkhos, de riches marchands originaires de la côte orientale de la Méditerranée.

Après avoir fui la Grèce, ils s'étaient installés à Venise, en 1112, et devinrent de riches négociants en épices.

Ce magnifique Palais se situe dans le quartier populaire du Cannaregio au nord de la ville.

Un édifice richement décoré qui reprend l'architecture traditionnelle des palais vénitiens qui comportent une façade en trois parties avec au centre du deuxième étage une loggia de style gothique ornée de quadrilobes et d'un listel finement dentelé disposé de chaque côté. Les fenêtres d'angle sont, elles aussi, des éléments typiques de la plupart des palais vénitiens.

La porte d'eau (portail d'accès depuis le canal) est toute particulièrement originale pour être surmontée d'un arc à plein cintre et d'être flanquées de deux fenêtres trilobées. On peut aussi remarquer juste au-dessus du canal, légèrement à droite, une petite fontaine qui permettait aux gondoliers de se désaltérer librement.

Élisabeth se trouvait ravie par la beauté du lieu, une longue pièce traversait le rez-de-chaussée jusqu'à une cour. Le sol de l'immense pièce était marqueté de marbres polychromes constitués de porphyre rouge d'Égypte, de cipolin vert de Grèce et de brèche coralline de Turquie.

Dans la cour au rez-de-chaussée, se trouvait un puits ou plutôt une citerne qui était chargée de recueillir l'eau de pluie, car, il n'y avait pas à l'époque d'eau potable à Venise.

Aux premier et deuxième étages, une pièce asymétrique qui servait de salon donnait sur des chambres latérales. Côté Grand Canal, le salon aboutissait à de larges loggias partagées par des colonnes et surmontées de claires-voies finement sculptées et méticuleusement dentelées. La baie était vitrée sur la partie supérieure avec du verre fixe, scellé dans les pierres sculptées.

Enfin rendue dans leur chambre, Élisabeth fatigué se laissa tomber de tout son long sur l'immense lit à baldaquin.

- C'est très joli mon chéri, mais quel entretien et sûrement très difficile à chauffer ?

- Penses-tu ! Tous les hivers, elle les passe dans sa résidence des Bahamas.

- Moi, je préfèrerais plutôt les passer avec toi dans les îles Hawaï à bord d'un voilier dont tu serais le fringuant capitaine.

- C'est une idée merveilleuse ! Pourquoi ne me l'avoir pas encore suggéré ? J'adorerai naviguer en te regardant allongé sur le pont à lézarder au soleil. Grand-père m'a toujours reproché de vivre comme un ascète et ne pas profiter davantage de notre fortune familiale.

- Pas besoin de cette fortune, nous pouvons sans problème y subvenir par nos propres moyens.

- C'est vraie chérie, mais cela dès lors n'a plus d'importance, puisque, nous ne sommes plus qu'un soudé l'un a l'autre jusqu'à la fin de nos jours.

- C'est vrai ce gros mensonge ? Tu le penses vraiment !

- Comment pourrait-il en être autrement ? Tu portes notre enfant et tu es la Comtesse de Bélamondo, celle qui a su embraser mon cœur, celle à qui j'accorde à jamais tous les droits. Il faudra t'y faire ma chérie, nous sommes riches, même très riches, alors, pourquoi ne pas profiter de cette manne qui nous tend les bras... la vie est si courte.

- Oui, puisque tu le dis, c'est que cela doit être vrai. Mais dans quelques mois notre petit sera là et nous ne savons pas encore ou nous allons nous établir ?

- Dans quelques semaines nous y verrons plus clair. Il faut que ce procès se fasse et que nous le gagnions. Il en va de l'avenir professionnel de ton frère. Je veux le voir établi sur New York avec l'auréole du gagnant du retentissant procès de l'affaire Bertholot.

- Pourquoi, tu ne songes donc plus à ce que nous nous établissions sur New York ?

- Non, mon amour, plus maintenant, je veux dorénavant que ce soit toi qui décides... Tu auras n'en doutes pas, un large choix. Tu pourras choisir entre Atlanta proche de tes parents, soit New York tout près de ton frère ou bien encore Denver à proximité de mon père.

Tu pourra aussi choisir de vivre à Madrid dans notre nid d'amours noyé dans la verdure ou bien dans notre propriété de San Lorenzo del Escurial avec grand-père et Alejandra ou bien encore dans n'importe quel autre endroit du monde où tu voudras aller.

- Pas à Madrid, ton grand-père va s'unir officiellement avec Alejandra, tu ne voudrais tout de même pas que nous lui usurpions sa place.