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Columbus Story est une longue et grandiose saga qui déroulera son long ruban mystérieux d'un récit aux événements fascinants, palpitants, qui vous feront rire ou pleurer mais qui ne vous laisseront jamais indifférant. Vous découvrirez avec étonnement ses nombreuses péripéties surprenantes... parfois poignantes. Vous serez surpris par ses multiples rebondissements et la découverte de ses nombreux mystères. Une fresque monumentale, passionnante, éditée en son intégralité sur un ensemble de plusieurs volumes dont le deuxième est consacré à " Épilogue... tome 10". Récit passionnant qui continuera à tracer avec fascination le sillon de la saga pour vous mener avec ravissement et bonheur, tout en douceur, vers un épilogue inattendu et heureux.
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Seitenzahl: 589
Veröffentlichungsjahr: 2024
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De Bagatelle à Central Park 2020 - Manhattan Story... Volume 1
Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson
L'intangible Vérité 2020 - Manhattan Story... Volume 2
Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson
Destination Stockholm 2020 - Manhattan Story... Volume 3
Avec James Marval, Barbara Woods, Alva Amandusson
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L'inconnue du 47ème 2020 - Columbus Story... Volume 1
Avec Bruce Chandler et Maureen Parker
La Nymphe d'Atlanta 2020 - Columbus Story... Volume 2
Avec Jaffrey Cleversid et Elisabeth Chandler
La Dame du Taxi Jaune 2020 - Columbus Story... Volume 3
Avec Bruce Chandler et Maureen Parker
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A paraître prochainement :
Colombus Story... Volume 5
La Dernière Valse
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Tous droits de traduction et de reproduction réservé pour tous pays.
Copyright © Victor Perlaki 2024
Alisa vous verrez… Jamais vous ne regretterez votre décision. Papa est un homme merveilleux, il a le don du bonheur et la volonté de rendre ses proches heureux.
V. Perlaki
Les œuvres d’art et les endroits décrits dans cet ouvrage sont authentiques. Certains lieux sont idéalisés, mais jamais en leurs défaveurs.
L’intrigue romancée est entièrement imaginaire. De même, les noms, des personnages, de certains lieux, les actions sont fictifs, ou utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnages réels, morts ou vivants, ne serait que pure coïncidence.
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Étonnant, captivant, ce roman fourmille de rebondissements, de voyages, d’intrigues, nous entraînant de New York à Philadelphie, de Snowmass à Atlanta en passant par Vienne, Madrid et Venise dans le monde fascinant de la mode et de la finance Victor Perlaki est aussi l’auteur du précédant roman de la série Columbus Story La Dame du Taxi Jaune... tome 3
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Parutions du même auteur
À ma femme
Jaffrey
Les faits
Préface
Paradoxe.
CHAPITRE PREMIER - Mercredi 10 juillet
01 Venise deuxième jour
CHAPITRE 2 - Jeudi 11 juillet
01 Venise troisième jour
CHAPITRE 3 - Vendredi 12 juillet
01 Venise quatrième jour
CHAPITRE 4 - Samedi 13 juillet
01 Venise - Paris - Atlanta
02 Vol Delta Airlines 8567
03 Transit à Paris
04 Vol Delta 8606, Paris - Atlanta
05 De New York à Snowmass
06 Fiançailles premier jour
.
CHAPITRE 5 - Dimanche 14 juillet
01 Fiançailles deuxième jour.
CHAPITRE 6 - Lundi 15 juillet
01 Fiançailles troisième jour.
CHAPITRE 7 - Lundi 29 juillet
01 Vienne premier jour
CHAPITRE 8 - Mardi 30 juillet
01 Vienne deuxième jour
CHAPITRE 9 - Mercredi 31 juillet
01 Vienne troisième jour.
CHAPITRE 10 - Jeudi 1er août
01 Vienne quatrième jour
CHAPITRE 11 - Vendredi 2 août
01 Vienne cinquième jour.
CHAPITRE 12 - Samedi 3 août
01 Vienne sixième jour.
CHAPITRE 13 - Dimanche 4 août
01 Vienne septième jour
CHAPITRE 14 - Lundi 5 août
01 Vienne huitième jour
CHAPITRE 15 - Mardi 6 août
01 Vienne - New York
CHAPITRE 16 - Mercredi 7 août
01 New York
CHAPITRE 17 - Jeudi 8 août
01 Cork
CHAPITRE 18 - Vendredi 9 août
01 En route vers les Bahamas.
Épilogue
Remerciements
Composition
L'auteur
Loi du 11 mars 1957
Columbus Story est une longue et fascinante saga sentimentale... Une fresque romanesque monumentale qui vous emportera dans un tourbillon émotionnelle qui ne faiblira jamais.
Vous accompagnerez pas à pas des personnages attachants aux destins poignants... Une histoire incroyable qui se mêle, s’immerge, dans le monde très fermé de la noblesse madrilène.
Une action palpitante qui au jour le jour déroulera son long ruban d’évènements qui vous mèneront à côtoyer un milieu judiciaire improbable... Un récit étonnant qui vous transportera au gré du cheminement des personnages dans le cadre exceptionnel des États-Unis d’Amérique,
Un voyage fascinant, surprenant, entre New York et Philadelphie, Atlanta et Denver, les Bahamas et Nassau sa capitale sur l'île de New Providence... Paradis Island et Snowmass dans le Colorado petit village royaume du rodéo entouré de montagnes.
Puis, plus loin encore, au-delà des mers dans la vieille Europe à Madrid en Espagne avec sa cathédrale d’Almudena, son triangle d’or et son site royal de San Lorenzo del Escurial... À Vienne en Autriche avec ses musées, ses palais et son école espagnole d’équitation... Puis, Venise en Italie...
Venise, la resplendissante avec ses gondoles et ses palais magnifiques. Ses musées fastueux aux œuvres d’art magistrales. Ses monuments millénaires, son café Florian et sa Fenice opéra prestigieux qui, comme le Phénix, renaîtra plusieurs fois de ses cendres.
Andy en accompagnant sa mère n'aurait pu s'imaginer un seul instant, rencontrer une si merveilleuse jeune fille à la chevelure de feu, au corps de liane...
Pendant un moment surpris par la splendeur de son visage, il resta admiratif devant la beauté de son petit nez adorable entouré par quelques petites taches de rousseur parcimonieusement disposées.
Mais, ce ne fut qu'en croisant son regard, qu’il comprit qu’il ne lui était pas totalement indifférent.
Si bien que l'instant d'après, ce fût elle, tout aussi troublé, qui s’empara de sa main pour la porter contre sa joue empourprée.
Une joue qu’il caressa tendrement, éblouis par tant de charmes et de beautés réunies... Une telle beauté qu'il en fut subjugué et totalement surpris par ce qui lui arrivait.
- Marie…Marie ! Réussit-il à lui dire en balbutiant et en cherchant des mots qu'il ne trouvaient pas. Vous êtes si belle que je...
- Que quoi Andy ! Lui demanda-t-elle frissonnante ?
- Vous le savez bien Marie ! Que j'aimerais que cet instant ne finisse jamais. Je brûle aussi d'envie de faire davantage votre connaissance.
- N’est-ce pas déjà fait ?
- Marie, vous êtes adorable ! J’aimerais… Mais j’aimerais tant vous revoir !
- Andy ! Mais... moi aussi !
En ouvrant les yeux, il fut surpris par le décor fastueux qui l'entourait, mais très vite, la réalité le rattrapa. Sa deuxième surprise fut qu'il était déjà 8 h 15. Bien que légèrement groggy par les effets du décalage horaire, il se sentait bien.
Pendant que sa somptueuse sirène dormait encore, pour ne pas prendre le risque de l'éveiller, ce fut avec mille précautions et félinité qu'il se glissa hors de leur couche regrettant déjà le doux contact de sa tendre féminité.
Leur rendez-vous programmé pour la visite du Pont des Soupirs et de ses geôles, suivies du Palais Ducal, était prévu pour 10 heures. Cela leur laissait que peu de temps pour se préparer.
Sans s'interroger davantage, il gagna rapidement la salle de bains, profitant de ce qu'elle reposait encore pour faire sa toilette.
Sous les jets vivifiants de la douche, son esprit vagabond allait déjà vers les lieux qu’ils allaient découvrirent recherchant avec application dans les greniers de sa mémoire les grandes lignes historiques des endroits prévus au programme des visites.
Sans qu’il l’eût tout d’abord remarqué, et réellement s'en y avoir songé, ni d'ailleurs envisagé, la porte de la salle de bains s'était légèrement entrebâillée laissant apparaître la somptueuse frimousse ensommeillée de sa Maureen... Sa fabuleuse Sirène aux cheveux d'or qui, après un sourire merveilleux, la repoussa pour le rejoindre
Sa belle n’était vêtue que d’un peignoir blanc… Un magnifique peignoir siglé aux armoiries de l’hôte. Encore sous l'effet de la surprise de son apparition, il la vit dénouer sa ceinture en le défiant du regard pour le faire glisser lentement au sol d’un mouvement gracieux de l'épaule sans prononcer le moindre mot.
Lorsqu’il lui fit face ébahie, il la vit se tenant devant lui dans sa plus tendre nudité, belle à en mourir, totalement offerte à sa vue en cadeau improvisé. Puis, sans préambule, en souriant, d'un déhanché ravageur, elle le rejoignit sous les jets vivifiants de la douche pour poser lascivement sur ses lèvres un doux baisé... en lui susurrant.
- Bonjour, mon amour... As-tu bien dormi ?
Bruce, quoique fortement décontenancé, machinalement lui répondit.
- Oui, et toi ma chérie ?
- Parfaitement bien. Si bien, que j’ai envi que tu me prennes dans tes bras et que tu m’embrasses.
Elle se lova, en s’abandonnant tout contre son torse athlétique pour se laisser enlacer par ses bras puissants. Ses lèvres légèrement entrouvertes souriaient en quémandant un baiser.
Ce fut alors, sous les jets chauds de la douche en toute intimité, l’échange d’un long et langoureux baisé. Un baiser, qu’ils n’oublieront sans doute jamais.
Puis, elle eut envi d’aller au-delà. Elle voulut qu’il la découvre en pleine lumière, être totalement sienne, entièrement et sans pudeur.
- Chéri ! J’aimerais que tu me savonnes de partout. Oui, vraiment... de partout.
Superbe comme a l’accoutumé. Vêtue d’un simple jean bleu pâle et d’un t-shirt jaune et vert, les cheveux tirés en arrière, Maureen était radieuse et parfaitement reposée avec dans le regard une lueur indéfinissable.
Ils venaient d’arriver sur la magnifique terrasse de l’hôtel Danieli... Le très chic restaurant de pleins airs du Palace qu'ils découvraient émerveillés... Surpris tout d'abord par la vue incroyable, imprenable, qu'elle offrait sur la lagune et ensuite par sa terrasse d'une beauté exceptionnelle baignée de lumière et tendrement caressée par les doux rayons d'un soleil matinal.
Ils avaient décidé ce matin d'y prendre en amoureux leurs petits déjeuners.
Le palace Danieli Excelsior avait été somptueusement rénové, en 2008 par le célèbre architecte designer Jacques Garcias. Une de ses plus belles réussites avait été en effet la terrasse du restaurant qui maintenant offrait une vue époustouflante sur la lagune ainsi que sur le Grand Canal et les îles environnantes. Maureen attentive et concentrée, s’imprégnait de la décoration de ce grand designer.
Bruce voulut profiter de ce temps d'avant d’être servi, pour lui rappeler la chronologie des visites prévues au programme de la matinée.
En souriant, elle le regardait en coin avec un petit air coquin. Dans ses jolis yeux bleus, il découvrait une lueur qu’il ne lui connaissait pas.
Il ne put s’empêcher de repasser dans sa tête le film des évènements récents de la matinée. En réalité, il ne pensait plus qu’a cela.
- Toi… Tu penses à la même chose que moi, lui dit-elle, sur un ton mutin.
- Maureen, ma chérie ! Arrête... tu me déconcentres.
- J’adore te déconcentrer.
La serveuse venait de déposer sur leurs tables un grand plateau chargé de toutes les bonnes choses qu'ils avaient commandées.
- Ce matin dès 10 heures, nous ferons la visite des plombs, de la prison de Casanova, de la salle des tortures et du pont des soupirs. Puis, ensuite, nous enchaînerons par la visite du Palais des Doges.
- Oh ! Alors, ne perdons pas de temps. Il est presque 9 h 15, nous avons juste le temps... Je t’adore mon Bruce.
- Je dois t’avouer une chose...
- Ah bon ! Mais quoi ?
- Ce que nous avons fait ce matin fut tellement inattendu et si merveilleux à la fois.
- Mon chéri… Tu m’as occasionné tellement de surprise ces dernières semaines, que, je ne saurais les dénombrer. Alors, à mon tour de te surprendre.
- Tu peux te vanter d’avoir réussi.
- Pourquoi… Tu n’as pas aimé ?
- Au contraire, ! J’ai trop aimé. Alors, tu comprends, je suis un peu chamboulé. C’est un peu comme si j’avais rêvé.
- Moi aussi, j’ai aimé ! Pourquoi, ne me le demandes-tu jamais ?
- Parce que, je n’ose pas.
- Je suis ta femme Bruce. Tu peux tout me demander, je suis certaine que tu le feras avec des fleurs. Cela me plaît de savoir que j’ai pu te rendre heureux.
- Je suis plus qu’heureux. Je suis au septième ciel. Je ne sais si nous pourrons tenir jusqu’au mariage.
- Je te l’ai déjà dit. Je ne veux appartenir qu'à toi... Je suis tout entière à toi mon chéri et cela pour le pire et le meilleur.
- Tu es adorable de me rassurer. Moi qui à parfois si peur que notre histoire ne soit qu'un beau rêve inachevé. Cela ne me frustre aucunement de t'aider à réaliser ton voeu, crois moi ma chérie, vraiment pas ! Car, ce que tu m'offres, va bien au-delà de toutes mes espérances. Seigneur, quoi te dire de plus ? Je suis heureux, c’est le principal non ? Cela est bien plus important que tout le reste...
- Je vais t’avouer une chose, qu'il faut que tu le saches. Ce voeu n’est plus mon souhait, ni ma priorité. Mes aspirations du moment ne sont autres que de vivre pleinement mon amour au présent avec l’homme que j’aime. Alors tu comprend, les convenances !
- Peut-être as-tu raison… Je ne sais. Mais pour moi, il est si bon de te désirer. On en reparlera si tu veux bien. Maintenant, il faut que nous y allions. C’est une visite sur rendez-vous.
- C’est vrai ! Cela m’était sorti de la tête… Alors, allons-y !
En se levant, il lui montra de la main l’îlot face à la place San Marco.
- Après, nous irons visiter la Basilique San Giorgio Maggiore et son monastère. Vois-tu ces coupoles d’ici ?
- Oui, bien sûr, je les vois.
- C’est une merveille architecturale. Nous prendrons le vaporetto n° 2... il nous y conduira.
Arrivé sur la grande place, entre les deux colonnes. Ils virent un petit groupe qui s’était formé. Cet agglomérat de touristes asiatiques ne pouvait être autre que celui des gens qui allaient participer à la visite de ce fameux pont des soupirs et de ses geôles.
La guide, comme surexcitée, agitait sans discontinuer un petit panneau au-dessus de sa tête… Une petite pancarte sur laquelle on pouvait lire "Itinéraires Secret"... En effet, il était exactement 10 heures, il était évident qu'elle venait de donner le signal du départ, car déjà, le groupe comme un seul corps, s'ébranlait à sa suite.
Comme ils ne s’étaient joints à la visite qu’à l'instant ultime, ils avaient opté de rester légèrement en retrait pour ne pas se mêler aux autres touristes formés en majorité d’asiatique bruyant.
- Ouf ! C’était juste, fit remarquer Maureen légèrement essoufflée. Jamais on ne les aurait retrouvés au milieu de cette foule.
- Si, devant le pont. Je pense qu’avant de pénétrer à l’intérieur, la guide y fera une courte halte pour nous instruire sur l’histoire archéologique de l’ouvrage.
En effet, arrivés devant le pont, ils eurent droit à une courte leçon d’histoire.
- Le Pont des Soupirs, commença-t-elle, est un monument très renommé de Venise. Il passe au-dessus du "Rio de Palazzo o Canonica" et relie les anciennes prisons aux cellules interrogatoires du Palais des Doges.
Deux fenêtres grillagées en pierres sont présentes sur chacune des deux faces de l’ouvrage. Son nom rappelle le soupir que les prisonniers poussaient avant de passer devant le juge. On trouve plusieurs ponts du même nom dans le monde, comme à Cambridge ou à Oxford.
Il a été construit dans un style Baroque par "Antonio Da Ponte", aidé par son neveu l’architecte "Antonio Contino di Bernardino" en 1602. Il est fait de pierres blanches d’Istrie et de marbre.
Le pont comporte deux passages séparés par un mur. En le prenant, on allait soit aux puits, des cachots sombres et humides situés au sous-sol, soit au plomb, où les prisonniers étouffaient dans la chaleur des cellules situées sous des toits recouverts de grosses plaques de plomb.
Bruce se trouva satisfait de l’exposé qui était exact et de plus, elle n’avait oublié personne, pas même le neveu.
Le groupe, une fois l’exposé terminé, se dirigea déjà vers le palais des Doges pour avoir accès aux geôles.
La visite se poursuivit sans grande surprise allant d’une pièce à une autre.
Puis vint le passage du pont... Pour aller des geôles, les anciennes prisons, aux cellules interrogatoires du Palais des Doges, il fallait passer par le pont des soupirs. Les touristes qui en passant regardaient par les ouvertures vers l'extérieur, devaient se sentir heureux et remercier le ciel de ne pas en être l'un de ses locataires à perpétuité.
La visite suivait son cours par les dédales du palais et sa grande salle des conseils. Une immense pièce réellement impressionnante... Puis, un peu plus loin, ils purent admirer des peintures du Titien et des plafonds entièrement décorés par Véronèse, et bien d'autres merveilles picturales de peintre moins connu.
Maureen par sa culture et sa formation possédait une sensibilité exacerbée face à l'art pictural. Bruce ressentait physiquement cette hyper sensibilité qui dans chacune de ses paroles s’exprimait.
Quand-elle se trouvait face à la beauté de certaines œuvres d'art, il lui arrivait parfois de ressentir une excitation proche de l'extase.
Comme il était celui qu'elle avait choisi. Celui qu'elle adorait au-dessus de tout, son unique amour... Celui qui avait accès à ses trésors et connaissait tous ses secrets. C'est pour cela qu'elle voulait partager avec son Bruce toutes ses émotions et son amour inconditionnel pour cet art qui la subjuguait.
À la vue d’une toile de Véronèse… Il avait senti sa main soudain se crisper sur la sienne comme un signal, un avertissement, un message subliminal qui tendrement accompagné d'une douce caresse... lui disait.
« - Regarde, tu es face à un chef-d'oeuvre... Un miracle des sens exécuté par la main d’un homme. Admire-le, contemple-le, et nourris-t-en ! »
En quittant le Palais, ses trésors et ses merveilles, il était presque 11 h 30, à la tour de l’horloge.
Maureen aurait voulu rester bien plus longtemps, mais il leur fallait partir pour espérer mener à bien le planning de leur journée qui se trouvait chargée.
L’île de San Giorgio Maggiore se trouvait en approche. Le vaporetto avançait à bonne allure. Assis à l’avant, ils pouvaient déjà admirer les formes harmonieuses de la Basilique dominées par son campanile de 63 mètres.
- Regarde chéri comme, il est haut ! Crois-tu que l’on puisse y monter ?
- Oui bien sûr ! Mais à pied.
- À pied ? Pourquoi pas ! Du moment qu'il nous est permis d'y monter.
- Non, je plaisantais ! Il y a un ascenseur, nous y monterons s’il n’y a pas trop de monde. La vue doit y être exceptionnelle.
La traversée à partir de la station du vaporetto situé à peine à 150 mètres du Palais des Doges, juste après l’hôtel Danieli, tout à proximité du Ponte del Vin, avait pris à peine une dizaine de minutes.
Dès que le bateau eut accosté. Maureen voulut tout d'abord visiter la Basilique. Bruce pas mécontent à ce qu’elle prenne l’initiative la suivit heureux de n’être plus qu’un simple touriste.
La vérité était, et il devait se l’avouer, qu’en matière d'art pictural, c’était elle qui était l’experte. Toutefois, lui qui n'était pas expert, avait, avant de partir, ingurgité tout ce qu'il fallait savoir sur ce majestueux édifice.
- Chérie, avant d'y entrer, te plairait-il que je partage avec toi tout ce que j'en ai appris ?
- Ce n'est pas vrai, tu t'intéresses même à cela ? Décidemment, tu me surprendras donc toujours. Mais bien sûr mon amour, tu sais bien que je n'attends que cela !
- Bien, bien, alors, je me lance... La Basilique est actuellement desservie par les Bénédictins de la congrégation de Subiaco.
- Quel effort !
- Ne te moque pas ! Attend plutôt la suite. Cette église possède une table séquencée réservée au clergé. Le chœur s’y trouve presque au centre et sa façade imite comme tu le vois à la perfection celui d’un temple.
Une fois à l'intérieur, on pourra y voir une bande filante qui unifie les quatre façades. À la droite du cœur, une porte conduit à la salle du conclave où avait eu lieu l’élection du pape Pie VII... Un espace, d'après ce que j'en ai lu, grandiose, sublimement décoré par un retable de Vittorio Carpaccio.
- De Vittorio Carpaccio, alors là, tu commences à m'intéresser.
- Seulement, maintenant ?
- Arrête ! C'est une façon de parler.
- Je te taquine ! Et si nous y entrions ?
Maureen éblouie, se trouvait fortement impressionnée par cette grandiose Basilique surtout célèbre pour son cœur décoré par plusieurs toiles du Tintoret.
- Regarde chéri, sur le mur de gauche... c’est La Manne du Tintoret et à ta droite, c’est l’immense toile de la Cène de 3,65 mètres sur 5,68 mètres. Une œuvre magistrale, qui reste l’une des plus célèbres du maître.
- Chéri, pourrais-tu me dire la date de la construction de cet édifice ?
- Attend ! Mais je n’en suis pas sûr… Je crois me rappeler qu’il a été commencé dans les années 1550... attend un peu, non, plutôt, en 1575, par Andréa Palladio, puis, et de cela, j’en suis certain, il fut terminé un siècle plus tard par Simone Sorella.
- Bravo, mon chéri... Quel effort !
- Ne croit pas cela. J’ai longuement révisé !
Ils restèrent encore un moment à admirer les magnifiques toiles du Tintoret, mais comme le temps leur était compté par un planning chargé, ils d’eurent quitté les lieux avec regret.
L’accès au campanile qui se trouvait au fond et à gauche de l’église, fit qu’ils purent y accéder sans sortir de la Basilique. Ce fut alors tranquillement, tout en continuant d'admirer les merveilles qui les entouraient, qu’ils se dirigèrent d'un pas indolent vers cette porte.
Après une courte attente, ils étaient prêts à monter au sommet de cette haute tour qui dominait l’ensemble de toutes les constructions de l’île San Giorgio Maggiore.
L’ascenseur du Campanile qui les fit monter à une hauteur de 63 mètres, ne les propulsa pas aussi rapidement vers les sommets que celui ou ils s’étaient rencontrés. Si bien que depuis, Maureen se méfiait des ascenseurs.
Après avoir exercé une petite pression sur sa main, elle se pencha à son oreille.
- Tu te souviens ?
- Oui... Mais ici, nous ne sommes pas seul.
- Heureusement !
En sortant de la cabine, ils reçurent à la découverte du panorama leurs premiers chocs émotionnels de la journée.
- Chéri ! La vue est tout simplement magnifique.
- Oui ! La vue y est même peut-être plus étendue que sur le Campanile de la place San Marco.
- Je ne sais, mais cela se pourrait bien. Regarde chéri, l’horizon de toutes parts s’étend sans obstacle. On aperçoit d’ici pratiquement tout Venise avec ses nombreux clochers et ses coupoles.
- Oui, c’est superbe ! On peut même voir les plages du Lido.
- Oui, c’est magnifique, mais on ne va pas tarder à descendre. Il fait frais, le vent du large souffle presque aussi fort que comme si nous nous trouvions au sommet d’un phare en pleine mer.
- Maureen chérie, tu as froid mon amour… Pourquoi, ne me l’avoir pas dit plus tôt ?
Spontanément, il lui frictionna le dos et la plaqua contre sa poitrine en l’enlaçant.
- Est-ce que cela va mieux chérie ?
- Oui, ça va aller, mais nous allons tout de même descendre. Mais avant de partir, regarde tous ces bateaux et ces gondoles sur la lagune de la Giudecca qui brillent au soleil. Dommage que le soleil soit contre nous. Cette après-midi, il nous aurait été plus favorable. Ce qui nous aurait permis de voir Venise en pleine lumière et de prendre de belles photos.
- On reviendra si tu veux.
- Penses-tu ! À une autre occasion peut être, si elle se présente ?
- Je te promets chérie que nous reviendrons un jour et avec un pull cette fois-ci.
Il y avait aussi sur cette île un théâtre de plein air, le Teatro Verde. Mais le temps du retour vers l’hôtel était venu.
Après avoir retiré ses chaussures Maureen se laissa tomber de tout son long sur le grand lit.
Les grains de sable de l'existence s'écoulaient inexorablement dans le grand sablier du temps. Sans pouvoir l'arrêter, ni le figer pour quelques instants, ils s'écoulaient inlassablement au fil des secondes et des heures implacablement quoi que l'on fasse pour le ralentir... Aussi bien qu'il était dès lors 12 h 45, un temps de bonheur et de découvertes qu'ils n'avaient vues passer.
Fort heureusement que la station du vaporetto se trouvait pratiquement à la porte de leur hôtel. Maureen semblait fatiguée, pourtant, ils n’avaient que très peu marché.
- Si tu te sens fatiguer, on peut ne pas tenir compte du programme de cette après-midi.
- Mais non, je ne suis pas fatigué. J’ai simplement besoin de reprendre mon souffle.
- Veux-tu que je fasse monter le déjeuner ou bien, préfères-tu manger sur la terrasse de l'hôtel ?
- Je ne sais pas trop ? Hier, nous avons déjà mangé ici, alors, nous devrions peut-être monter sur la terrasse, la vue y est si belle.
Le repas fut excellent, typiquement vénitien et confortablement consommé à l’hombre d’une tonnelle avec en prime, une vue panoramique exceptionnelle et totalement imprenable sur Venise. La même, que celui des nobles Vénitiens qui autrefois regardaient arriver les bateaux chargés de marchandises de l’Orient.
La Campo Santa Margherita, quartier étudiant en dehors des sites hyper touristiques, fut pour cet après-midi en partie, le terrain de prédilection de nos amoureux.
Après un court trajet en vaporetto. Reposés, ils prenaient plaisir à déambuler main dans la main dans le quartier de Dorsoduro.
- Chérie, quand nous arriverons au bout de cette rue, au détour de cette grande bâtisse blanche, tu pourras apercevoir l’église San Sebastiano.
- C’est là, je crois, lui répondit-elle, qu’il fut inhumé, en l’an 1588.
- Oui, c’est possible, mais je ne le savais pas. En fait, ce que j’en sais. C’est que l’intérêt de cette église très simple architecturalement est entièrement décoré de fresques et de nombreuses peintures de Véronèse.
- Oui, mon amour… C'est la d’ailleurs que réside tout son intérêt, mis à part bien sûr son caractère religieux. Par contre, savais-tu que sa construction achevée en 1550 dut attendre cinq années avant que Véronèse y travaillât. Il lui aura fallu près de 15 années de 1555 à 1570 pour en achever sa décoration.
- Je l’ignorais, comme beaucoup d'autres choses d'ailleurs, répondit Bruce humblement. Quinze années, c’est long, je suppose qu’il n’a pas fait que cela ? C’est pratiquement l’œuvre d’une vie.
- Oui, et non ! Car pendant la même période, il a travaillé sur l’immense plafond de la salle du conseil du Palais des Doges. Puis, entre 1556 et 1557, il collabora à une autre grande entreprise vénitienne qui le fit oeuvrer sur le plafond principal de la Libreria de San Marco.
Bruce devant tant d’érudition ne voulut être en reste.
- Je crois savoir qu’il disparut le 19 avril 1588. D’ailleurs, il repose en ce lieu.
- Oui, tout à fait, il repose ici. Ne penses-tu pas que si nous y entrions, ce seraient encore mieux que tous nos mots ?
L’église San Sebastiano est une construction du XIVe siècle de caractère classique avec des colonnes corinthiennes et un fronton surmonté de trois statues.
En y pénétrant, ils furent frappés par la beauté des œuvres d'art qui les entouraient. Les peintures de Véronèse font partie des plus grands chefs-d’œuvre de l’art avec des jeux de perspectives, une composition picturale hardie et exubérante. Maureen passionnée, désignait déjà des toiles qu’elle n’avait vu que dans des catalogues.
- Regarde mon cœur ! Le couronnement de la Vierge, le couronnement d’Esther.
Bruce impressionnée par la puissance picturale des œuvres ne put qu’apprécier en les découvrant. Interpellé par tant de beautés, il lâcha spontanément dans un souffle.
- C’est grandiose !
- Vois-tu la toile sur la droite de l’autel ? Il y est représenté la Vierge, Saint Catherine et un moine.
Maureen se sentait heureuse de pouvoir lui transmettre en partie son amour de l’art. Bruce n’y était pas totalement insensible. Surtout, quand cela venait de sa merveilleuse Maureen. Mais déjà, elle se tournait vers une autre oeuvre.
- Sur la gauche du cœur, tu peux voir Saint-Marc et Saint-Marcellin conduit au martyre. J’ai l’impression que l’artiste a voulue en faire une représentation plus cruelle.
Bruce qui n’avait pas perdu le fil de ses pensées avait retrouvé une information qui pouvait l’intéresser.
- Je crois me souvenir que dans la sacristie figure son Martyre de Saint-Laurent.
- Exactement ! Félicitation mon chéri, tu arrive sans cesse à m’intriguer. Décidemment, j'ai l'impression que tu veux me surprendre à chaque instant au-delà de toutes les surprises que tu m'as déjà fait.
- Moi qui croyais détenir une information que tu ne connaissais pas, il me semble que c’est raté.
- Je ne m’inquiète pas pour toi. Connaissant tes ressources, je suis certaine que tu auras mille occasions de te rattraper. Allons donc voir cette merveille dans la sacristie ! Ensuite, si tu veux bien, nous prendrons place sur un banc pour admirer les plafonds que j’aimerais photographier.
Après s’être rassasiés de toutes les merveilles picturales que contenait l’église San Sebastiano, ils poursuivirent leur chemin en plein soleil vers la Ca Rezzonico, un musée d'une richesse exceptionnelle qui se situait en bordure du grand canal.
Le musée Rezzonico, principalement consacré au XVIIIe siècle de Venise, reste une visite incontournable pour tout amoureux de l'art picturale.
En franchissant le pont San Sebastian, Bruce demanda si elle voulait qu’il appelât un taxi-vedette. Elle refusa tout net en prétextant qu’elle n’était absolument pas fatiguée.
- Tu en es certaine ma chérie ? Ce n’est pas à côté, et puis, c’est un musée où il faudra beaucoup marcher.
- Non, je t’assure. Si par hasard, je devais me sentir fatigué, tu me porteras.
- Comme tu voudras ! Mais sache que si tout de même tu te sentais fatigué, tu pourrais à tout moment changer d’avis.
Après avoir franchi le pont, la longue call l’Avogaria s’ouvrait devant eux.
- Regarde, chéri ! Ce n’est pas si loin que cela, nous arrivons déjà au pont de l’Avogaria.
- Oui, bien sûr… Mais la Calla Lunga de San Barnaba, après le pont, sera bien plus longue, enfin... tu verras.
À l’encontre de toutes attentes, Maureen n’accusait aucune envie de repos, ni aucun signe de fatigue. Si bien qu'en passant devant l’église de San Barnaba, elle souhaita la visiter.
- Sil te plaît chéri… S'il te plaît, regarde, comme elle est belle et puis, je pourrais me reposer tout en l’admirant.
- Pourquoi me demander la permission ? Alors que je ne n'aspire qu'à te plaire et réaliser le moindre de tes voeux. Mais bien sûr, voyons que nous y allons, et nous y resterons tout le temps qu’il te plaira.
- Oh ! Mon Bruce chéri… Tu n’es pas mon esclave. Mais simplement mon mari. J’aime te demander la permission parce que je t’aime, et en plus, cela me conforte dans l’idée que tu partages mes goûts, mes envies et mes folies.
- Je veux avec toi tout partager ma chérie, aussi bien le meilleur que le pire.
Tout cela fut exprimé dans la quiétude de l'intimité du creux de ses bras pendant qu'il lui caressait le visage et que ses lèvres gambadaient sur ses magnifiques cheveux blonds aux reflets d'or qui scintillaient de mille reflets au soleil éblouissant de juillet.
- J’aime quand tu m’embrasses ainsi...
Spontanément, elle lui rendit ses baisés. Les touristes qui assistaient à la scène pensèrent que ce garçon avait bien de la chance. Un couple de touristes allemand proposa même de les photographier sur le parvis de l’église. Proposition plus que sympathique, qu’ils ne refusèrent pas.
L’église de San Barnaba, un lieu de culte du IXe siècle reconstruit au XIVe siècle… Puis encore, au XVIIIe siècle par Lorenzo Boschetti était une réalisation époustouflante.
Il ne restait de la première construction que le Campanile. Sa façade était quant à elle, impressionnante.
Sa couleur ocre jaune, presque blanche, réalisée dans un style néoclassique délicatement agrémenté de ses hautes colonnes ioniques et de son tympan... Ressemblait en plein soleil, à s’y méprendre, à un temple grec.
Le haut de son fronton de forme triangulaire avec sa cimaise, sa corniche, et ses mutules qui l’entouraient, rappelaient les temples de la Grèce antique.
Au centre de ce triangle, il y avait une rosace de pierre sculptée avec ses frises. Son centre, et son pourtour, étaient ajourés par de petites ouvertures. Entre ses longues colonnes disposées a mis hauteur de l’édifice, il y avait deux alcôves concaves vides de leurs statues.
Le dessus, de la haute porte centrale finement ciselée, était encadré de deux petites colonnes ioniques qui reprenaient le même style que celui de la toiture, mais sans sa rosace.
En pénétrant dans l'édifice, Maureen constata que l’intérieur était de conception très simple. Il n'exposait que deux tableaux... un très beau de Palma il Giovane, et un autre de Véronèse.
Bruce, qui avait lu quelque passage descriptif sur église, qui en fait ne l’était plus tout à fait, cru bon, de partager le peu qu’il en savait.
- J’ai lu quelque part qu’on utilisait souvent cette église pour des expositions. Des scènes de plusieurs films y ont été d’ailleurs tournées ainsi que sur le Campo qui offre un décor spectaculaire. Entre autres, les films d’Indiana Jones et celui de la dernière croisade.
- Oui, cela ce peut. Mais ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse. Tu peux constater que nous n’y sommes pas restés bien longtemps. Pourtant, cela nous a permis d’y admirer la magnifique toile de Véronèse en toute quiétude.
Tout en discourant, chemin faisant, ils avaient emprunté main dans la main la Call Traghetto sur quelques centaines de mètres puis, une fois arrivés à son extrémité, ils s’engagèrent en bifurquant carrément sur leur gauche en direction de la Fondamenta del Traghetto.
Peu de temps après, et quelques centaines de pas plus loin, ils se retrouvèrent sur les bords du grand canal avec le musée Ca Rezzonico à leurs pieds.
En 1935, après de longues négociations, Ca Rezzonico fut acquis par le conseil municipal de Venise pour présenter les vastes collections d'arts vénitiens du XIIIe siècle.
- Bruce, mon chéri, je te promets de ne pas y rester plus d’une petite heure. Nous n'irons voir que les quelques toiles que j’ai en tête.
- Pourrais-tu parmi ces artistes peintres, m’en citer quelques-uns ?
- Oui, certainement… Mais là, tu me prends un peu au dépourvu. Enfin, je vais essayer de te satisfaire. Voyons, voyons ! Il y a tout d’abord... Pietro Longhi et bien sûr des toiles de Francesco Guardi et sans oublier Giandomenico Tiepolo.
- Oh ! Je vois que tu maîtrises ton sujet à la perfection, aussi, je ne me risquerais pas avec toi sur ce terrain marécageux ou je craindrais de m'enliser.
- Tu dois aussi savoir mon cœur que ce musée est l’un des plus beaux de Venise. Surtout, en grande partie en raison de son caractère unique où des objets qui ont été conçus pour des grands palais, y sont exposés dans un vrai palais. Le contenu et le contenant se trouvent ainsi harmonisés.
Il est aussi exceptionnel par la beauté des décorations de ses salles de l’étage. Des salles très lumineuses qui possèdent une vue imprenable sur le Rio Barnaba.
Les multiples fresques qui garnissent ses plafonds furent peintes par des artistes un peu moins connus à notre époque, mais de merveilleux peintres qu’étaient Jacapo Guarani, Gaspare Diziani, et surtout Giambattista Tiepolo.
Après cet échange de connaissances. Ils pénétrèrent dans les lieux et tout en passant d’une peinture à une autre, Bruce commençait à prendre plaisir à la découverte de chaque œuvre surtout quand c'était sa Maureen qui la commentait.
Il l’écoutait avec une très grande attention et telle une éponge, il enregistrait chaque mot, chaque détail du tableau qu’il comptait bien restituer en multiples occasions pour montrer à sa belle qu’il avait parfaitement retenu sa leçon.
En effet, après une analyse très pointue de sa chérie, cette peinture italienne du XIIIe siècle qu’elle commentait, reflétait avec exactitude d'après elle, le style et les croyances de son époque.
Après trois quarts d’heure de visite, Bruce commençait à décrocher, comme saouler par le défilement incessant des œuvres d'art les unes plus belles et plus magistrales que les autres qu'elle n'avait cessés un instant de commenter. A croire, qu'elles les avaient peintes elles-mêmes.
- Chéri, je te sens un peu fatiguer ! Viens, on va partir. En sortant, nous passerons par la salle du trône. Cette salle ne possède que trois pièces intéressantes.
Un trône rococo du sculpteur Antonio Corradini. Plutôt que de servir de trône aux rois, ce type de siège était souvent utilisé par les grands prêtres dans les nombreuses églises de la ville pendant des messes interminables.
La deuxième pièce, si l'on peut dire, est un plafond pain à fresque entière, représentant l’allégorie du mérite. Elle fut sauvée du Palazzo Barbarigo et décore maintenant la salle du trône.
La troisième pièce, encore plus remarquable, est un cadre photo. Ce célèbre cadre doré illustré avec des putti, des boucliers, et autres allégories à la gloire de la famille des Barbarigo.
Ils ne firent que traverser la salle en admirant ses beautés au passage. Maureen était subjuguée par la beauté des fresques du plafond. Admiration partagée par un Bruce devenu le temps de cette visite expert en peinture italienne du XIIIe siècles .
Après avoir quitté le musée et ses merveilles, enfin, ils se retrouvaient au bord du canal pour respirer librement après la chaleur étouffante des nombreuses salles d’exposition qu'ils avaient longuement parcourues.
Bruce cette fois-ci seul, sans la consulter, prit l’initiative d’appeler un taxi-vedette pour les conduire dans le plus grand confort au plus proche de la Basilique Santa Maria Della Salute.
Une étonnante merveille qui se trouvait sur les bords du grand canal, située presque à son extrémité sud sur la rive opposée à la place San Marco et de leurs hôtels... Édifice d’une beauté remarquable avec ses blanches coupoles étincelantes au soleil.
Ce fut à la demande de Bruce que la vedette fendait à petite vitesse les eaux du canal. Maureen, quant à elle infatigable, profitait de ce temps de parcours pour s’instruire.
- Chéri ! Je ne connais pas très bien les origines de cette église, en aurais-tu appris quelque chose dans tes livres ?
- Laisse-moi le temps d'organiser mes pensées. Tu te doutes bien que mon cerveau se trouve accaparé par les descriptions de toutes ces œuvres magnifiques ce que nous venons d'admirer.
- Oh... ! Ne joue pas le modeste avec moi. Je sais parfaitement de quoi tu es capable.
- Bien, puisque tu insistes... Tout d’abord, ce n’est pas une église, mais une Basilique. Elle fut construite entre 1631 et 1687 d’après les plans de Baldassare Longhena. Cette construction a vu le jour grâce à la volonté des Vénitiens.
En effet, ils avaient décidé d’élever cette Basilique pour remercier la Vierge d’avoir mis fin à l’épidémie de peste de 1630.
- Oui, mais bien sûr, chéri… J’y suis maintenant ! Cette épidémie avait fait des ravages considérables. Plus d’un tiers des habitants de Venise furent décimé. Sachant que la population de l’époque était d'environ 150.000 habitants, il est alors relativement simple d’en comprendre les conséquences.
- Oui, en effet ! On donne le chiffre de plus de 50.000 morts dus à l’épidémie. D’ailleurs, tous les 21 novembre, ils commémorent cet événement.
- Chéri, d’après ce que j’ai vu de loin, il me semble que cette Basilique représente vraiment le genre le plus pur du baroque vénitien ?
- Oui, mon amour, tu ne te trompe pas, elle a une architecture spectaculaire avec sa grande coupole blanche et sa forme octogonale. L’architecte l’a conçue ainsi pour évoquer la forme une couronne dédiée à la Vierge.
Comme tu l'as remarqué, la façade principale est de style classique. Elle est ornée de grandes demi-colonnes, alors que le reste de l’édifice est d’inspiration baroque. La Basilique est couronnée de deux dômes et de volutes qui lui donnent son aspect si particulier. Deux campaniles complètent l’ensemble.
- Oui, mais il me semble avoir remarqué sur des photos que l’extérieur n’est pas si simplement conçu que cela. Elle est même richement décorée.
- Très certainement, et tu as raison. L’extérieur est aussi richement décoré de statues. Sur la façade principale, tu découvriras qu’il a quatre évangélistes, et au sommet du fronton, une vierge à l’enfant.
Tu pourras aussi apercevoir au sommet du plus grand des dômes, une statue de la vierge. Tandis que sur le plus petit, une statue de Saint-Marc. On y trouve aussi de nombreuses autres statues d’anges et de personnages qui couronnent le pourtour de l’édifice.
- Je constate sans surprise que la mémoire t'est revenue instantanément...
- Oh ! Pas encore totalement... Dans la sacristie, nous pourrons voir les noces de Cana du Tintoret. Ce tableau a une particularité que peu savent, le peintre s’y est représenté.
Quand nous y serons, tu regarderas bien le premier apôtre qui s'y trouve de profil tout à gauche de la toile avec sa longue barbe blanche... celui à qui un jeune garçon de sa lourde cruche lui verse du vin.
- Cela, tu me l’apprends. C’est curieux, pourtant, j’ai étudié cette toile... j'espère qu'il y en a d'autre qui seraient aussi prestigieux ?
- Oui, mon cœur... Il y en a quelques autres. Plusieurs œuvres du Titien, comme Caïn et Abel, Abraham et Isaac, David et Goliath. Ce sont des œuvres peintes entre 1540 et 1549.
- Génial !
Mais il n’y a pas que cela… À l'intérieur, il y a un vaste espace central qui est entourées de six chapelles. Le sol de marbre à motifs géométriques est remarquable.
- Voilà, qui est précis.
- Je fais de mon mieux. J'espère avoir été jusqu'ici suffisamment claire ?
- Oui, sans aucun doute clair, mais peut-être pas tout a fait complet.
- Que veux-tu donc savoir de plus ?
- Tu n'as rien dis sur l'aménagement du maître-autel, ni aucun mot sur le statuaire intérieur.
- Oui , c'est vrai, tu as raison ! Oh simplement quelques détails supplémentaires. Je pensais te laisser la surprise de les découvrir par toi même. Mais puisque tu y tiens, le maître-autel abrite une belle icône byzantine de la vierge ainsi qu’un groupe de sculptures représentant une vierge à l’enfant sauvant Venise de la peste.
De plus, ce que j’ai oublié tout à l’heure, c’était que dans l’une des chapelles, tu pourras admirer la descente du Saint-Esprit du Titien.
Pour finir, tu dois aussi savoir que la Basilique repose sur plus d’un million de pilotis enfoncés dans le terrain meuble de la lagune. Il avait fallu à l’époque abattre une forêt entière pour fabriquer les pilotis qui la soutiennent.
- Alors là... tu m'épates !
- Je n'aspire qu'a cela...
La vedette venait d’accoster. En prenant pied sur la vaste esplanade, ils furent émerveillés par ce qui se révélait à leurs regards. C’était grandiose, mais sans grandes surprises en comparaison à leurs connaissances théoriques face à la réalité.
À l'intérieur, Maureen se trouva enchantée par toutes les beautés qui l’entouraient.
- Tu avais raison, le sol en marbre est d’une beauté exceptionnelle.
En une petite demi-heure, ils en avaient fait le tour et admiré avec les commentaires avisés de Maureen toutes les œuvres d’art qui s'y trouvaient.
Ce ne fut qu'en quittant cette magnifique Basilique où elle avait rencontré Dieu qu'une immense joie irrépressible l'étreignit.
Comment aurait-elle pu ne put ne pas se trouver satisfaite de cette magnifique journée de bonheur et de félicité, de découverte et d'amour partagé peuplé d'œuvres d'art magistrales ?
Cela fut pour elle une jouissance artistique de tous les instants. Elle mesurait avec lucidité le bonheur d’avoir pu le partager avec l’homme qu’elle aimait.
Un dernier coup d’œil en se retournant, et déjà le vaporetto de la ligne n°1 qui possédait un arrêt à la station Salute face à la Basilique était en approche.
La traversée du grand canal se fit pratiquement à la vitesse de l'éclair, si bien que quelques instants plus tard, ils purent prendre pied sur la place San Marco.
En voyant une multitude de touristes attablés à la terrasse du Florian, Bruce prévenant, mais surtout follement amoureux... lui demanda avec une infinie tendresse...
- Cela te ferait-il plaisir si nous prenions un verre à la terrasse du Florian avant d'aller à l'hôtel ?
- Chéri, je suis moulu… Je n’attends qu’une chose, c’est de retirer mes chaussures et de découvrir l’état de mes pieds.
- Oh ! Je ne le savais pas. Pourquoi ne m'en avoir rien dit ? Oui, tu as raison, rentrons directement à notre hôtel.
Le grand hall se trouvait investi par un groupe d’asiatique indiscipliné et bruyant.
Bruce dut attendre un moment avant de se décider à jouer des épaules pour arriver à franchir la masse compacte de touriste aggloméré devant la réception. Cela lui avait enfin permis de pouvoir entrer en possession de sa clef.
Néanmoins, un petit japonais vindicatif l’insulta dans sa langue natale. Bruce en le toisant, avait failli perdre patience et s’apprêtait à lui tirer sévèrement les oreilles, mais un regard appuyé de sa Maureen, l’en dissuada.
- Enfin de retour, lui lança-t-elle, en se laissant tomber de tout son long sur le grand lit moelleux !
- Oui, la journée fut longue. Mais combien riche en découvertes. Fait moi voire tes pieds ?
Il défit délicatement ses chaussures de sport et examina attentivement ses petits pieds mignons.
- Ils sont en parfaits états, juste une petite rougeur près de l’orteil. Attend, je vais te montrer un truc que j’ai appris à l’armée. Nous faisions cela après chaque retour d'une longue marche forcée.
Dans la salle de bains, il s’empara d’une petite serviette et l’imprégna d’eau froide. Avec ce cataplasme, il en entoura délicatement ses petits pieds.
- Oh... Chéri ! C’est délicieux. Je suis certaine maintenant que je vais aller mieux.
Bruce, après avoir passé une commande à la réception et un court passage dans la salle de bains, se laissa tomber sur un fauteuil et télécommande en main, alluma la télévision pour prendre connaissance des dernières nouvelles du monde.
Quelques instants plus tard, Maureen le rejoignit préférant quant à elle, visionner sur son Smartphone, un cadeau récent de son chéri, les nombreuses photos prisent tout au long de cette fabuleuse journée.
Ce fut une soirée d’été mirifique, le restaurant du palace affichait complet. Bruce prévoyant, avait réservé à tout hasard ce matin avant de partir une table superbement située. Une sage précaution qui s’avérait payante. Maureen avait retrouvé sa pleine forme, ses petits pieds par bonheur n’avaient subi aucun dommage.
La terrasse du restaurant Danieli offrait une vue époustouflante sur le Grand Canal, la lagune et les îles environnantes.
L’ambiance maritime de la mer Adriatique accompagnait l’envi de déguster ses plats aussi ingénieux que délicieux.
Elle avait enfilé une des petites robes qu’elle avait achetées à Rome pendant leurs transits. Inutile de dire combien elle était ravissante.
Bruce surpris ne put ne pas être fier comme Artaban en constatant le nombre excessif de regards d'envie qui se posaient sur sa somptueuse fiancée... Il ne put s'empêcher, en sachant qu'elle sera bientôt sienne, d'en retirer une certaine vanité.
Le menu était varié et hors de prix. Mais le cadre et l’occasion compensaient. Maureen commanda un plat de poissons tandis que lui opta pour un boeuf braisé.
Ils dissertèrent sur bien des choses, de futilités et même parfois ils abordèrent quelques sujets sérieux. Le repas avait été bon... mais sans plus. Rien d'approchant à la délicieuse cuisine de Barbara.
En quittant leurs tables, ils furent en accort sur le fait que s’ils n’avaient pas été aussi fatigués par leurs longues journées de marche, ils auraient préféré dîner sans aucune hésitation dans un petit restaurant sympathique hors des circuits touristiques. Comme l’était par exemple, le quartier de Dorsoduro.
Bruce avait voulu prolonger leurs soirées sur la place San- Marco en y faisant quelques pas pour admirer ses magnifiques monuments superbement illuminés.
Sur le grand canal, des gondoles aux fanons allumés formaient une myriade de points lumineux qui dansaient au ras de l’eau cadencée au rythme des vaguelettes qui les faisaient tanguer.
La soirée était douce, subtilement rafraîchie par un doux vent tiède venant de la mer. Un climat estival, tout singulièrement vénitien qui rendait l’atmosphère très agréable. La musique qui provenait du café Florian, ajoutait à la magie de l’instant.
- Cela te plairait-il mon amour si je te proposais de venir faire un petit tour en gondole ? Je sais, c’est fait pour les touristes me dira tu. Oui, bien sûr, mais aussi pour les amoureux, ce que je suis follement de toi.
- Je n’ai rien dit ! L’idée me plaît d’être dans une gondole à Venise dans tes bras.
Bruce, sans discuter vraiment sur les tarifs qu’il connaissait, exigea qu’un bon chanteur les accompagnât pendant toute la durée de leurs pérégrinations et qu’il chantât un répertoire du bel canto sans discontinuité.
La gondole sur laquelle ils prirent place était grande, vaste, et ventrue faite pour emporter plusieurs couples. Sur sa demande, ils furent seuls.
Le ténor qui les accompagnait chantait admirablement et on sentait qu'il prenait du plaisir en leurs interprétants avec passion tout le long de leur périple un répertoire qui parlait de soleil, de jolies de femmes et d’amour.
Bruce voulut que le gondolier restât silencieux et ne fit aucun commentaire sur les lieux de leur passage. Il désirait se plonger aux plus profonds des sentiments qu’il ressentait pour sa Maureen. Ces instants, il voulait les graver à jamais dans sa mémoire.
Maureen aux combles du bonheur ressentait les mêmes émois que son compagnon. Elle aussi souhaitait graver au tréfonds de sa mémoire pour garder enfoui au plus profond de son cœur le souvenir de ces tendres moments d'intimité.
Des instants de bonheur exceptionnels qui pourraient sembler pour certains surannés... foncièrement démoder pour ne pas ressentir des sentiments semblables à ceux qu'ils éprouvaient.
Il eut désir de l’enlacer tendrement, comme le faisaient tous les amoureux. Ce soir, il avait envie d’être comme tout le monde. Il lui parla d’amour en déposant tout d’abord de petits baisés sur son front, dans son cou, sur son joli petit nez, puis, sur ses lèvres qu’il goûtât et embrassa comme si ce fut la toute première ou la dernière fois.
Passionnément, elle frissonna sous ses caresses. À son tour, elle l’embrassa avec des petits baisés rapides et spontanés.
- Chéri, je suis si bien dans tes bras. Je voudrais que le temps ne puisse jamais ternir ce que je ressens pour toi. Gravons mon amour ces instants dans nos mémoires… Des instants merveilleux qui n’appartiennent qu’à nous.
- Maureen chérie… Je veux que tu l’entendes. Il est pour moi fabuleux d’être ainsi aimé d'une femme si belle au cœur sincère et pur comme l'est le tien. Je sais que tu n’aimes pas que l’on te juge sur ton physique... Aussi, je ne le ferais pas.
Pourtant, je ne puis m'empêcher d'être fière de te savoir si belle, fière d’avoir su te plaire. Mais encore bien plus heureux de bénéficier de l’amour que tu me portes.
La beauté ne dure pas, mais l’amour s’il est sincère reste indestructible. Sache qu’à chaque instant de ma vie, je ferais tout pour me montrer digne de ce doux sentiment dont tu m'honores.
Maureen voulut répondre du plus profond de son cœur à ces tendres et sincères mots d’amour.
- Il est vrai mon cœur, et sans vouloir être hypocrite, je dois t'avouer que c’est ton physique qui m’a dans un premier temps donné l’envie de te découvrir davantage... Te percevoir, dans le bon sens du terme... prendre la mesure de ta personnalité, d'appréhender ta façon de te comporter et d'agir face à certaines situations.
Je dois aussi t'avouer que ta tendresse et ton humilité mon profondément bouleversées. Je ne voudrais pas non plus m'étendre sans risquer de te gêner sur la douceur abyssale que tu me prodigues à chaque instant. Une délicatesse du cœur et de l'esprit qui a totalement chamboulé ma vie.
Après ces premières constatations, très vite j’ai mis ton apparence entre parenthèses pour ne me recentrer que sur tes acquis moraux, ton éducation, ton comportement et ton intelligence… Une intelligence que j’ai perçue de suite et cela bien au-delà de mes espérances.
J’ai adoré tout ce que tu portes en toi, tes valeurs, tes principes et surtout ce que tu projettes sur tes proches et même sur ceux qui le sont moins. Ce fut à ce moment-là, après t’avoir découvert de l’intérieur, que je suis vraiment tombée amoureuse de toi.
Mon amour, mon tendre amour... je t’avais reconnu et enfin trouvé après t’avoir si longtemps cherché. Je fus profondément touché par l’invitation que tu fis à Marie. Une démarche qui fut faite de ta seule initiative, alors que d’autres n’auraient sans doute pas eu cette délicatesse.
Tu es très intelligent et psychologue jusqu’au bout des ongles. J’avais, et n’en doute pas, reçu ton message en plein cœur. J’avais senti et prise conscience à ce moment précis que tu me voulais pour épouse.
J’avais perçu que ta démarche était multiple, j'avais compris très rapidement que son seul but n'avait été que de m'en faire prendre conscience.
Par ce message si tendrement subliminal, tu m’avais fait comprendre que pour toi la famille était par essence le cercle le plus important de ta vie. La base sacrée de tous tes engagements. L'alpha et l'oméga de toutes tes préoccupations. L'entité indéracinable profondément ancrée au plus profond de ton être... La valeur fondamentale qui nourrit ton existence.
J’ai aussi été très sensible aux attentions que tu portas à mes parents. J’aime ta douceur, ta pudeur et ta force de caractère. La liste serait longue et je suis certaine, qu’elle te gênerait si j’allais jusqu’au bout.
Tu es mon amour à moi. Je sais, c’est purement égoïste de te le dire ainsi. D’autres peut-être, ne te le diraient pas. Mais moi, je te le dis et j’aime te le dire en plongeant mes yeux dans les tiens.
Te dire vraiment que tu n’es qu’à moi. C’est pour cela que je veux être à tes yeux, toujours, et encore la plus belle de toutes les femmes qui te regardent. Mais je te rassure, tu es aussi très beau ! Mais cela, tu le sais déjà.
- Mon Dieu ! Ne dit plus rien ma chérie. Je suis rouge de confusion. Tu as percé à jour ma technique de séduction. J’en suis réellement confus.
Bruce s’en tirait par une pirouette, mais de plus en plus ses sentiments pour sa Maureen se confirmaient, se renforçaient et s'ancraient profondément en bouleversant ses sens.
La promenade sentimentale sur les canaux prit fin sur le dernier couplet du classique « d’O Sole Mio » qu’attendait le gondolier pour accosta à son embarcadère.
Bruce satisfait de leurs prestations, les récompensa largement pour leurs discrétions, et pour le plaisir qu’ils leur avaient procuré. Bruce était comme cela. Gentil avec les bons, et intraitable avec les mécréants.
Maureen se remémorait des confidences très personnelles que lui avait confiées Élisabeth… Des révélations faites au cours d’une longue conversation qu’elles eurent ensemble sans témoins durant la soirée d’anniversaire de Marie.
Elle lui avait relaté par le détail, en lui faisant promettre de ne pas en faire état devant Bruce, l’histoire de la petite prostituer qu’il avait tiré des griffes d’un proxénète pendant qu’il effectuait sa période militaire.
Depuis, la jeune femme qu’il avait confiée aux bons soins de ses parents était devenue docteur en médecine. Elle avait intelligemment suivi les recommandations du professeur Chandler à la lettre.
Maureen était parfaitement consciente des capacités de son Bruce, aussi bien qu'intellectuel, que physique. De plus, sachant qu’il était Capitaine de Corvette, instructeur commando, nageur de combat. Elle savait parfaitement qu’avec lui à ses côtés, elle ne craignait pas grand-chose.
Pourtant, jamais encore, il ne lui en avait parlé. Jamais un seul mot sur cette période n’était sorti de sa bouche… Des confidences, qui auraient pu lui relater en quelques mots le déroulement de ce temps de jeunesse passé sous les drapeaux. Bizarrement, c’était comme s’il voulait occulter volontairement certaines périodes de son existence.
D’ailleurs, elle avait bien remarqué sa réticence à répondre aux convocations de l’armée… Des convocations qui l’obligeaient en tant qu’instructeur gradé, de se replonger dans cette période qu’il voulait occulter.
Son Bruce était un fauve d’une douceur incroyable. Elle n’oubliait pas un instant qu’il pouvait devenir redoutable. Le petit Japonais de la réception l’avait vraiment échappé belle.
- À quoi, penses-tu ma chérie ?
- Mais, à toi mon amour, et aux instants merveilleux que nous venons de vivre. Allons-nous asseoir à la terrasse du Florian, nous pourrons y poursuivre confortablement nos échanges et nous imprégner de la magie de l’instant... C’est moi qui t’invite.
L’orchestre jouait une valse de Johann Strauss. Répertoire paradoxal pour Venise, alors que la musique traditionnelle de ce pays débordant de soleil et de joie de vivre, était si belle.
Il était tard. Les touristes devenaient de plus en plus rares, néanmoins le Palais des Doges magnifiquement illuminé continuait à entretenir la légende et l'ambiance de cette magnifique place.
Le café Florian qui restait ouvert toutes les nuits, employait un vieux garçon... Ce serveur courtois, propre, alerte et très pâle, qui faisait le service nocturne depuis trente-cinq années, leur apporta deux mokas fumants dans des petites tasses de Chine.
Maureen qui adorait la sophistication dans tous les domaines fut ravie par ce simple plaisir... une charmante délicatesse, qui l'enchantait.
Un peut plus tard la fatigue se faisant sentir, ils durent quitter a regret ce grand café que Bruce commençait à apprécier, mais d’après ses dires, seulement la nuit.
En franchissant le seuil du Palace, une autre musique les enveloppa. Celui du piano-bar qui emplissait l’espace de ses légères volutes mélodieuses en sourdine.
Après les délices du Florian, cela leur parut fade. Aussi, songeant déjà au programme du lendemain, ils gagnèrent leur suite sans délai.
Une journée belle sous tous rapports. Enrichissante par tous ses aspects leur avait été donné. Même fatigués, ils se sentaient heureux en songeant à la belle journée du lendemain qui les attendait… Une journée qui les mènera vers les Quartiers de San Polo et San Croce ainsi que vers celui de Cannaregio.
Ca' Rezzonico
Bruce, en s’éveillant, s’émerveilla de la douce présence de sa merveilleuse Maureen dont le visage embroussaillé par ses magnifiques cheveux d'or reposait tendrement alangui à ses côtés.
Ne voulant la réveiller, il dut réfréner une envie irrépressible de caresser ce corps de rêve aux courbes indescriptibles.
Quand enfin, il jugea le moment favorable pour s’extraire avec précaution de sa couche, il sentit une douce petite main le retenir tendrement.
- Tu me quittes déjà, lui demanda-t-elle, d’une petite voix rauque ?
- Maureen, mon amour… Tu ne dormais donc pas ?
En se penchant sur elle, il dégagea son joli minois en écartant avec des gestes tendres ses beaux cheveux blonds qui la recouvraient puis, tout en lui souriant, il caressa son beau visage et posa un petit baisé sur ses lèvres boudeuses tendrement offertes.
- Si ! Je dormais encore quand tu étais tout contre moi. Mais, quand tu ne le fus plus… Alors ?
Ils restèrent un long moment à s’émerveiller du bonheur d’être ensemble en jouissant dans l’intimité de leur couche de la nudité de leur corps.
Ce fut au milieu des cris de mouettes qui espéraient avoir une part du festin que se dressait le marché aux poissons. La Pescaria où Pescheria était le nom sous lequel ici on le désignait.
Après un petit déjeuner en tête à tête, leur première destination de la journée fut le marché aux poissons du Rialto. Ils se trouvaient dans le quartier de San Paolo.
Ils avaient reconnu sans peine sur le Grand Canal le pont principal appelé Rialto… Un pont, qui se composait d'une seule arche en marbre blanc. Il y avait toujours près du Rialto, une affluence de barques, de gondoles, et d'embarcations amarrées.
Dès qu’ils eurent franchi le pont, ils durent se rendre à une petite distance de là, tout au bout de l’île du Rialto, pour enfin arriver à la poissonnerie… Un marché aux poissons qui se distinguait par ses plus beaux poissons de l'Adriatique.
Exposé à leurs regards se trouvait des amoncellements d'esturgeon et de turbots, des empilements de trilles et de dorades, des paniers d'huîtres frais, d'oursins et de fruits de mer.
Soudain, sans vraiment l'avoir prévu, ni réellement souhaité, ils furent mêlés à une foule grouillante d'hommes et de femmes qui allaient et venaient au milieu d'un tourbillon étourdissant et un vacarme assourdissant de cris et de paroles.
Tous les genres d’hommes, toutes les beautés et laideurs s'y croisaient et s'entrecroisaient... Des gros, des minces, des rieurs, des tristes, des jeunes et des âgés. Ils étaient saoulés, comme abasourdi au milieu de ce vacarme permanent.
Tout était frais et à profusion au Marché du Rialto, leur disait un marchand en les hélant au passage. Devant eux, se trouvait le thon frais débité en tranche rouge.
Maureen fit d'abord remarquer, puis, questionna.
- Nous avons de la chance… Il fait très beau. Je croyais que le marché se trouvait à côté du pont et même sous ses arches ?
- Oui, ma chérie ! Au début, ce fut le cas. Il serait bon que tu saches, pour que tu comprennes bien, que l’origine du marché de la Pescaria remonte au moins au XIIIe siècle. D’ailleurs, on le retrouve relaté dans une chronique de l'époque. Dans les premiers temps, la Pescaria était en effet située à côté du pont du Rialto.
- Mais ! Pourquoi donc, a-t-elle été, déplacé ?