Désarmés, mais pas résignés ! - Lou-Ann'h Montana - E-Book

Désarmés, mais pas résignés ! E-Book

Lou-Ann'h Montana

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Beschreibung

Comment décrire, en quelques mots, la réalité du peuple palestinien en cet été 2010 ? Inimaginable ... est son sens de l'hospitalité. Impensable ... est la quantité de pressions et d'humiliations qu'il subit quasi quotidiennement. En juillet 2010, Lou-Ann'h Montana se rend en Territoires Palestiniens dans le cadre d'une mission civile. De Jérusalem à Jéricho et de Hébron à Jénine, elle découvre un peuple exceptionnel de force et de courage, luttant seul pour sauvegarder son territoire. Au fil de la mission, Lou-Ann'h et son équipe se confrontent à la réalité d'un pays occupé depuis plus de 62 ans. Par une approche didactique, Lou-Ann'h évoque les particularités de la Cisjordanie : checkpoints, camps de réfugiés, Mur de l'apartheid, bédouins, prisonniers, ... Aujourd'hui, en 2021, la situation des Palestiniens s'est encore aggravée, dans une quasi-indifférence internationale. Puisse ce journal de mission aider le lecteur à porter un nouveau regard sur ce peuple courageux et résilient.

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Du même auteur :

OunadikomJournal de mission en Territoires Palestiniens et Golan (2013)

Comme une louveRoman (2021)

Au peuple palestinien, À sa force et son courage, À son sens de l’accueil inégalable.

Sommaire

Dédicace

Territoires Palestiniens, où ça ?

Palestine : Terre Promise, terre volée

Comment décrire … ?

Vendredi 9 juillet

Samedi 10 juillet

Ben Gourion Airport

Ca y est, j’y suis

Jérusalem

La vieille ville de Jérusalem

Dimanche 11 juillet

Petite balade matinale

Début de mission

La Cisjordanie occupée

Lundi 12 juillet

Premières rencontres

Hébron, ville assiégée

Premier checkpoint

Hébron, zone H2

L’école palestinienne

La vie en zone occupée

Le soldat sur le toit

Sous la colonie juive, …

L’artisanat, une ressource

Le massacre de la mosquée d’Ibrahim

États d’âmes

De passage à Hébron

Hashem., Palestinien for ever

Mardi 13 juillet

Bethléem

Les réfugiés palestiniens

Le camp de réfugiés d’Aïda

Handala

Le Mur

À propos du Mur

Les Murs dans les Territoires palestiniens

Le Mur autour de Jérusalem

Al Walaja

Al Ma’sara

Mercredi 14 juillet

Iraq Burin

L’école de l’UNICEF

Jeudi 15 juillet

Jénine

La bataille de Jénine

Le diaporama

À Jénine et à ses martyrs

Pendant l’attaque, un drame parmi tant d’autres

Le Freedom Theatre

Arna

Notre accueil à Tulkarm

Vendredi 16 juillet

Ramallah

Le mémorial de Yasser Arafat

Manifestation non-violente à Bil’in

Samedi 17 juillet

Tulkarm

Baqa, ville coupée en deux

Les maisons détruites

Elle avait 11 ans

L’exploitation agricole de F. et M.

Les usines chimiques

Les zones

La force et le courage

Dimanche 18 juillet

Rencontre avec le Gouverneur

Lundi 19 juillet

Travaux aux champs

Qalandiya

Mardi 20 juillet

Taiybe

Mercredi 21 juillet

Les Territoires 48

Les prisonniers politiques

Karmiel

Akka

Camp d’été

Jeudi 22 juillet

Les bédouins de la Vallée du Jourdain

Vendredi 23 juillet

Manifestation non-violente d’Al Ma’sara

Visite clandestine au Dôme du Rocher

Samedi 24 juillet

Ce n’est qu’un au revoir, mes frères

Aéroport, checkpoint des voyageurs

Pour un keffieh !

Réflexion de fin de mission

Il est urgent de ne plus attendre

2010-2021 - quel bilan ?

En savoir plus

Territoires Palestiniens, où ça ?

Tout le monde a, au moins une fois dans sa vie, entendu parler du conflit israélo-palestinien. Pourtant, plus rares sont ceux qui parviennent à situer la Palestine -ou ce qu’il en reste-, sur une mappemonde. Et pour cause ! Depuis 1948, voire même un peu avant, le territoire des Palestiniens est occupé par un nouveau pays, l’Israël. 62 ans d’occupation plus tard, les Territoires Palestiniens tels que dessinés par l’ONU ne sont plus que des parcelles d’un pays légitime mais non reconnu. Depuis tout ce temps, la Palestine (appelons-la Territoires Palestiniens pour le moment) est souvent oubliée, à tort, par les cartographes. La bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem sont des Territoires Palestiniens.

Palestine : Terre Promise, terre volée

Un peu d’histoire …

1880440 000 Palestiniens (90 % de musulmans et 10 % de chrétiens). 15 000 juifs.

1918Mandat britannique. Jérusalem est considérée comme ville sainte par les musulmans, les chrétiens et les juifs.

Pendant tout le 19ème siècleL’antisémitisme apparaît. Le mouvement sioniste naît.

1934-1945La Shoah Les juifs persécutés arrivent en Israël.

1947L’ONU reconnaît la légitimité d’un État pour les juifs à côté d’un État palestinien. Création d’une ligne de partage pour 650 000 juifs et 1 300 000 Palestiniens. Les Palestiniens refusent cette décision. Les sionistes signent l’accord de partage mais ne renoncent pas à la conquête de la totalité de cette « Terre promise ».

De 1947 à aujourd’huiDe 1947, date du plan de partage de la Palestine sous mandat britannique, à aujourd’hui, l’histoire de la Palestine est l’histoire d’une injustice et d’une violence sans nom, commises pour le profit des puissances occidentales. La Palestine a subi de la part des Israéliens un véritable dépeuplement.

Entre 1948 et 1949750 000 Palestiniens sont chassés de leurs terres, 500 villages sont détruits.

En 1967300 000 Palestiniens subissent le même sort.

À tous ceux-là, il faut ajouter les nombreux déplacés des conflits successifs, des opérations de police, de la législation anti-retour, de la colonisation. Ce sont aussi des milliers de morts et des dizaines de milliers de blessés, des milliers d’hectares volés, d’oliviers arrachés et de maisons détruites.

Ce sont encore des centaines de milliers de prisonniers pour un jour ou une vie, parfois sans jugement. 11 000 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons et camps d’internement israéliens.

Comment décrire en quelques mots la réalité du peuple palestinien, aujourd’hui, en cet été 2010 ?

Inimaginable … est son sens de l’hospitalité.

Impensable … est la quantité de pressions et d’humiliations en tout genre subies quasi quotidiennement afin de le chasser de ses terres. Et pourtant, même si son cœur a été plus d’une fois meurtri, même si, pour la plupart des Palestiniens, il a subi plus que l’insupportable, ce peuple reste debout, plus digne, plus puissant que jamais.

Pendant que l’État voisin fait pousser le Mur de l’Apartheid, les Palestiniens font pousser des fleurs, et se battent pacifiquement pour une paix durable et un avenir possible pour les Palestiniens en Palestine.

La force du peuple palestinien ne réside pas dans ses richesses matérielles : l’occupant lui a déjà presque tout pris. La Palestine ne représente plus aujourd’hui que 12 % de son territoire initial, répartis en quatre « ghettos » sous contrôle plus ou moins total des autorités israéliennes.

Nous partageons le quotidien des Palestiniens depuis maintenant une semaine et nous ne recevons qu’attention, chaleur, et générosité.

Ils n’ont presque rien, et nous offrent tout.

Pourquoi les grandes puissances mondiales n’agissent-elles pas pour rendre à ce peuple justice et liberté ? Cette question, je me la pose sans cesse, sans jamais y trouver réponse …

Tulkarm, le 17 juillet 2010

Malgré cela, le peuple palestinien résiste et veut croire en une paix juste fondée sur les droits fondamentaux.

Le Mur est israélien, la fleur est palestinienne.

Plus puissante que les armes israéliennes, les Palestiniens sont dotés d’une arme indéfectible : le courage.

Vendredi 9 juillet

Ignorant que l’aéroport de Genève fermait ses portes entre minuit et 4 heures, je trouve portes closes à mon arrivée. Je passe donc ma première nuit à la belle étoile, allongée sur un des bancs jouxtant le hall de l’aéroport. Par chance, le climat est doux et les abords de l’aéroport au moins aussi sécurisés que les terminaux eux-mêmes.

Samedi 10 juillet

4 h 00 - L’aéroport ouvre enfin ses portes. Je n’ai pas vraiment dormi mais qu’importe : l’énergie me vient en voyageant. Lentement, le hall de l’aéroport de Genève s’éveille. Les passagers des premiers vols matinaux se présentent un à un aux guichets d’enregistrement des bagages. Le hall se transforme rapidement en une vaste fourmilière où grouillent une multitude de bipèdes de toutes nationalités. Acquittés des obligations administratives et sécuritaires, les passagers se répartissent entre les différents terminaux d’embarquement.

Le vol pour Munich est annoncé. J’embarque pour la première étape du voyage.

Une heure plus tard, c’est l’atterrissage à Munich, puis la correspondance pour Tel Aviv. Le contrôle préalable à ce vol est draconien : fouille complète du bagage à main, dans les moindres recoins, associée à une fouille à corps. La tension est perceptible. Israël est une destination sensible. Cette extrême vigilance nous assure finalement un vol paisible. Toutefois, dans l’avion, l’ambiance est réservée. Pas question en effet de s’épancher avec son voisin sur le but du voyage. Il y a ceux qui rentrent chez eux, ceux qui rendent visite à leur famille, ceux qui partent en pèlerinage, ceux qui partent en vacances à la mer Morte ou ailleurs ... Puis il y a les autres, les humanitaires, les anarchistes, les volontaires, les observateurs, qui se rendent discrètement dans les Territoires Palestiniens.

Ben Gourion Airport

14 h 30 - Aéroport Ben Gourion. Six mois que j’attends ce moment. Et aujourd’hui, je pose les pieds en Israël, passage obligé avant d’entrer dans les Territoires Palestiniens. L’aéroport est propre et relativement spacieux. Mais les 50 affiches de propagande sionistes exposées sans complexe me troublent. De la descente d’avion jusqu’à la douane, j’emboîte le pas des autres voyageurs. Peu à peu, je ressens un léger malaise. Difficile en effet de réaliser qu’à l’origine, ce territoire s’appelait Palestine. Les affiches et quelques autres éléments présents dans l’aéroport sont là pour nous rappeler l’Histoire, celle qui a fait du peuple juif un peuple martyr mais qui ignore complètement l’existence du peuple palestinien. Comme si Israël cherchait à justifier les mesures de sécurité omniprésentes.

Quelques mètres avant le contrôle douanier, les voyageurs sont orientés vers différentes files : les « européens » d’un côté, les « méditerranéens » d’un autre. Pour eux, l’entrée en Israël peut être différée de quelques minutes à quelques heures, voire même impossible. Dans ce cas, c’est au mieux la reconduite immédiate sur un vol retour, au pire un petit séjour en prison avant le retour. Pour ma part, mon type européen me place dans la « bonne » file. Mais l’accueil à la douane n’en est pas moins froid. Deux questions brèves et sèches : « Pourquoi Israël ? » et « Pour quoi faire ? » puis c’est le coup de tampon sur le passeport, sans un mot de bienvenue, sans un sourire.

D’ordinaire si attachée à la politesse, je ravale mon « merci » et quitte le guichet. Après avoir récupéré mon bagage, je repère la sortie donnant sur la gare routière afin de rejoindre Jérusalem. Aujourd’hui, jour du Shabbat, il y a peu de transport en commun. Un policier israélien me guide vers la station de bus. Premiers pas sur la « terre d’Israël » avant de monter dans le minibus qui parcourra, à fond la caisse, les 50 kilomètres séparant l’aéroport de la ville sainte.

Ça y est, j’y suis !

Jérusalem. Le chauffeur stoppe son minibus devant une place et me fait signe de descendre. À peine le temps de le payer et de récupérer mon bagage : le minibus est déjà reparti. Je suis maintenant seule, petite occidentale au cœur du monde arabe. La sensation est curieuse. Je suis quelque part à Jérusalem, à deux pas de la Vieille Ville, dans une rue où se mêlent camelots, badauds, véhicules en tout genre, et cela dans un brouhaha impressionnant et sous une chaleur accablante. Je consulte le plan que m’avaient adressé mes hôtes afin de trouver mon gîte.

Mais je ne rêve pas. Cette fois, ça y est, j’y suis ! Jérusalem, ville si mystérieuse, symbole de paix et pourtant théâtre de tant de conflits. Depuis ma plus tendre enfance, le conflit israélo-palestinien ponctue mes années de vie qui défilent inexorablement sans qu’une solution ne soit trouvée pour ce peuple. Consciemment ou non, les flashs info évoquant ce conflit m’ont toujours interpelé. Je trouvais en effet disproportionnées les représailles israéliennes contre les jets de pierres des jeunes palestiniens durant les Intifada. Puis il y a eu Gaza, où l’opération Plomb Durci menée par Israël en décembre 2008 et janvier 2009 a fait 1440 victimes côté palestinien et 30 côté israélien. J’ai alors cherché à en savoir plus sur ce qui opposait les deux peuples depuis tant d’années. Il m’est alors clairement apparu que les médias ne nous disaient pas tout. Le besoin de me rendre sur place s’est peu à peu fait sentir. Partir en mission civile me semblait être la meilleure option pour rencontrer les Palestiniens, et me faire une opinion sur la situation. Aujourd’hui, ce projet devenait réalité. C’était tout simplement génial.

16 h 00 - Il fait au moins 35°, je suis trempée de sueur, un peu flapie (because of the nuit blanche à squatter l’extérieur de l’aéroport de Genève), mais motivée. La mission débute demain. Caché derrière un grand portail gris, je découvre mon lieu d’hébergement pour les deux nuits à venir. Je suis accueillie chaleureusement par Herminia.

La résidence est rassurante, apaisante. Herminia me présente ma chambre, spartiate mais calme et fraîche, ce qui contraste avec l’activité intense de la rue et la chaleur extérieure. Immédiatement, je m’y sens à l’aise. Après avoir été informée des consignes, je pose mes bagages et pars explorer la Vieille Ville. Aussi fatiguée que curieuse, je tiens cependant à m’imprégner immédiatement de l’ambiance locale.

Jérusalem

Jérusalem est divisée en deux parties : Jérusalem-Ouest, réservée aux Israéliens et Jérusalem-Est, normalement destinée aux Palestiniens. Proclamée capitale de l’État d’Israël selon les Israéliens, et capitale du futur État palestinien selon les Palestiniens, Jérusalem se trouve depuis plus de quatre mille ans au cœur des tempêtes proche-orientales.

La Vieille Ville, quant à elle, bénéficie d’un statut international. Les lieux saints qu’elle abrite en font un symbole fort pour tous les croyants du monde entier : Mur des Lamentations pour les juifs, Mosquée Al Aqsa pour les musulmans et Basilique du Saint-Sépulcre pour les chrétiens.

Porte de Damas

Souk Khan Er Zait

« Au bout de quelques minutes dans le souk, je me sens aussi à l’aise qu’un plongeur aquatique avec sa bouteille d’oxygène. »

Chacun revendique donc Jérusalem comme capitale, et qui la perdra perdra la souveraineté symbolique de la Palestine. La situation y est donc très tendue. La politique colonisatrice d’Israël est donc l’annexion progressive mais continue de la partie allouée aux Palestiniens. Depuis 1967, ils s’emploient donc à déloger les Palestiniens, implantant des colonies visant à créer un Grand Jérusalem. Toutes ces petites colonies finissent par créer des conglomérats qui, à terme, doivent encercler Jérusalem puis réduire et supprimer la zone orientale palestinienne. Ce processus est illégal et internationalement reconnu comme tel, mais aucune puissance mondiale n’a su ou voulu le stopper.

Les 250 000 Palestiniens de Jérusalem-Est ont un statut particulier. Bien que désormais côté israélien du Mur, ils ne sont ni citoyens de l’État, comme les Palestiniens d’Israël, ni sur le même plan juridique que ceux de Cisjordanie et de Gaza.

La construction du Mur autour de Jérusalem-Est ajoute une difficulté supplémentaire au quotidien des Palestiniens, résidents ou non de la ville, car il les sépare totalement de la Cisjordanie. De ce fait, il est de plus en plus compliqué, pour un Palestinien de Cisjordanie, de rejoindre Jérusalem-Est pour travailler, étudier, se soigner, visiter sa famille, aller prier à la Mosquée Al-Aqsa, … Toutes ces actions sont conditionnées par une autorisation délivrée par Israël moyennant de contraignantes démarches administratives et le bon vouloir des militaires postés aux checkpoints.

À peine ai-je franchi le porche de mon hôtel que je suis déjà plongée dans l’ambiance orientale. Le dépaysement est total.

Je m’engouffre maintenant sous la Porte de Damas, puis dans le Souk Khan Er Zait. Les premiers pas sont difficiles. L’entrée dans le souk me donne le sentiment d’être Tintin au féminin. La ruelle est étroite et les étals sont partout : sur les côtés, au-dessus de ma tête. La chaleur, la foule, l’étroitesse de la rue semblable à un petit tunnel dont on ne voit l’issue ... J’ai l’impression d’étouffer. Mais je me rassure en pensant que si tant de personnes parviennent à déambuler dans cette atmosphère lourde sans tomber comme des mouches, je dois pouvoir le faire ! Moi qui me targue d’aimer le contact avec la population locale, c’est le moment de le prouver.

Je poursuis donc mon chemin et m’acclimate peu à peu. Au bout de quelques minutes dans le souk, je me sens aussi à l’aise qu’un plongeur aquatique avec sa bouteille d’oxygène. Je gère les sollicitations de toutes parts, aussi nombreuses que le souk compte d’échoppes. J’entends un nombre inouï de « welcome », ce mot magique inconnu à l’aéroport de Tel Aviv. Mais ce « welcome » peut aussi devenir un piège à touristes pour qui se laisse séduire par le sens de l’accueil -et du commerce- des marchands de tout poil. Je colle de partout à cause de la chaleur ambiante, mais j’essaie de ne pas trop y penser.

Au gré de mes envies, je m’engage dans une ruelle de la Vielle Ville, puis dans une autre. C’est ainsi que je me retrouve, au hasard de ma progression, dans le quartier juif, puis chrétien, puis arménien, et à nouveau dans le quartier arabe, le plus peuplé et le plus animé de tous. J’assimile la Vieille Ville à un parc d’attraction bâti façon labyrinthe. Ce pourrait être une formidable aire de jeu si les enfants de tous ces quartiers pouvaient jouer ensemble. Ce n’est évidemment que pure utopie car la mission me démontrera combien l’entente entre les enfants des différentes communautés sera difficile tant que les droits des Palestiniens ne seront pas respectés.

Dans la Vieille Ville, les militaires israéliens sont présents à chacune des portes de la cité et aussi dans les ruelles. À la moindre alerte, ils peuvent ainsi boucler le secteur. Jérusalem ne ressemble décidément à aucune autre ville au monde à ma connaissance. C’est un concentré de religieux et de religions qui cohabitent, se supportent et s’insupportent.

En fin d’après-midi, un petit vent bienfaiteur vient rafraîchir l’atmosphère. Je poursuis donc mon exploration de la Vieille Ville par une température plus clémente. Ces quelques heures d’immersion et les brèves rencontres faites çà et là m’ont permis de me familiariser avec la population. J’ai également repéré le lieu où les membres de la mission devront se retrouver demain.

Les commerces du souk ferment un à un leurs grands volets verts. Les ruelles se vident et deviennent méconnaissables. Les volets clos, aucune enseigne ne permet de situer telle ou telle boutique, et j’ai quelques difficultés à trouver mes repères dans ces ruelles métamorphosées. Les éboueurs cheminent avec leur petit tracteur étroit et leur remorque bringuebalante, deux fois plus haute que large. De temps à autre, la remorque emporte avec elle quelques marchandises suspendues aux échoppes encore ouvertes. À la sortie du souk, je rejoins la Porte de Damas, puis retrouve mon havre de paix pour y passer ma première nuit au Proche-Orient.

Dans ma chambre, une petite collation, une bonne douche et quelques préparatifs pour le lendemain avant de m’endormir sans tarder, heureuse d’être là, à Jérusalem, à la veille d’une mission que j’attends de vivre avec impatience.

Dimanche 11 juillet

Petite balade matinale