Destinée - Tome 1 - Anne Lejeune - E-Book

Destinée - Tome 1 E-Book

Anne Lejeune

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Beschreibung

Mélanie parviendra-t-elle à rompre la malédiction ?

Pour Mélanie, ce n’est pas compliqué, elle doit participer à une sélection annuelle, une sélection que toutes les jeunes femmes de son âge attendent avec impatience. Pourquoi pas elle ? Parce qu’elle se rend compte que cette sélection, qui a lieu année après année, a vu de nombreuses jeunes femmes disparaitre.
Le roi doit encore choisir 10 jeunes femmes, mais une seule retient vraiment son attention, pourtant il doit garder l’esprit ouvert, c’est de l’élue dont il a besoin, c’est elle qu’il recherche depuis si longtemps afin de rompre la malédiction.
Ensemble, ils vont parcourir des contrées, découvrir des clans, et des vérités, mais pourront-ils faire face au danger qui les attend ?

Dans un univers fantastique, découvrez une histoire d'amour sensuelle et mise à rude épreuve !

À PROPOS DE L'AUTEURE

Anne Lejeune, je suis née le 10 juin 1983. J'ai eu une enfance choyée. Ma mère m'a transmis son amour de la lecture. Donc dès que j'ai su lire, je me suis toujours ballader avec un livre, même quand je prenais un bain. Mes parents ont souvent dû rembourser les livres de la bibliothèque de l'école à cause de cela. J'ai grandi et tenté de construire ma vie. J'y suis arrivée seule avec 4 enfants. Mes parents sont aujourd'hui toujours derrière moi, je sais que j'ai de la chance.

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Destinée

Sera-t-elle sélectionnée ?

 

Réussira-t-elle à rompre la malédiction ?

 

Anne Lejeune

 

Romance

Editions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Graph’L

1

 

Mélanie.

 

— Au secours ! Lâchez-moi ! Hors de question de vous laisser m’emmener ! Laissez-moi tranquille, crié-je en espérant que l’on vienne à mon secours et en me débattant autant que possible.

Pourtant cela ne me mène nulle part, la prise qui me retient est puissante, ils sont trop forts.

Non, en fait, « il » est trop fort. C’en est presque surnaturel… 

Quatre hommes sont venus me chercher mais un seul me serre par le bras. Ont-ils peur que je ne m’enfuie ? Cela me paraît peu probable. Je pense qu’ils vont sûrement récupérer les autres femmes sélectionnées avant la destination finale, à moins qu’elles ne fassent pas autant de résistance et se rendent d'elles-mêmes auprès du roi, elles semblaient tellement heureuses d’être choisies…

— Tais-toi ! Quoique tu dises cela ne changera rien. Tu ne peux pas y échapper. Alors accepte-le, tu as été choisie ! prononce l’un d’eux d’un ton sec.

2

 

Quinze jours plus tôt.

Mélanie.

 

— Merde alors ! Il faut vraiment que je mette une robe ! Alors là, ils peuvent toujours courir !

Ma mère entre dans ma chambre et me sermonne.

— Tu dois la mettre Mélanie !!! Tu n’as pas le choix. La première partie de la sélection, c’est ce soir, il va falloir t’y faire !

— Pourquoi ? Je n’ai rien demandé ! Comment se fait-il que ma participation soit nécessaire ?

Ma mère s’assied sur mon lit, et je l'imite.

— On a déjà eu cette discussion, dit-elle d’un ton las, tu as vingt ans, c’est l’âge requis, et surtout tu es féconde…

— Tu sais que ça ne fait pas partie de mes projets, maman, c’est trop tôt, je ne suis pas prête, et n’ai aucune envie de me marier ou même d’avoir des enfants ! réponds-je en me levant pour protester.

— Il le faudra bien, car si tu es choisie, tu n’auras pas le choix. En plus, vous n’êtes pas loin de deux cents femmes cette année, toutes âgées de vingt à vingt-cinq ans. Il va devoir en choisir dix, tu as moins de chance d’être sélectionnée que de changer de comportement. J’aimerais te cacher, tu le sais bien, reprend-t-elle sur un ton plus compréhensif, mais il y a aussi tes frères et sœurs, tu sais ce qu’il se passera si tu n’es pas là quand ils viendront te chercher...

— D’accord, maman.

Elle a raison, si elle me cache, ils prendront mes frères et sœurs, et dieu seul sait ce qu'ils sont capables de leur faire… Nous devons les protéger, je dois les protéger…

— Alors cesse de faire l’enfant et prépare-toi… termine doucement ma mère avant de se lever et de quitter ma chambre.

Elle a raison, il est temps de m’habiller, mettre la robe prévue pour l’occasion, celle que le roi envoie chaque année aux nouvelles sélectionnées, la mienne est vert bouteille, bras et dos nus, le bas est évasé pour ne pas dire volant, et tombe juste au-dessus des genoux. Je finis par la coiffure et le maquillage. 

Bingo une idée vient de germer dans mon esprit.

Mes cheveux sont longs et bouclés, ils m’arrivent jusqu’aux fesses, roux, presque rouge, et comme leur couleur ne me convient pas, je les laisse retomber naturellement sur mon dos afin de couvrir celui-ci, cette crinière m'est enfin utile ! Une bonne dose de maquillage… Je commence par appliquer un fond de teint bien trop foncé par rapport à mon teint pâle, un contouring sur le menton, le front, sans l’estomper, du bleu extrême sur les paupières, un fard à joue bien trop visible sur mes joues, et du noir pour mes lèvres. Parfait, On dirait un vrai clown, si cela ne fait pas fuir le roi, c’est qu’il a un grave problème. Il ne me laisse peut-être pas d’autre choix que d'y aller, de mettre la robe prévue pour ce jour, mais il me reste tout de même une option : faire en sorte d’être un minimum repoussante. Je ne veux absolument pas être sélectionnée !!!

Nous sommes samedi, le samedi 16 février exactement et la sélection doit être faite par l’homme en question, que tout le monde appelle « le roi », en 2047, sérieusement ! C’est étrange, mes ancêtres ont toujours connu des présidents, même mes parents, et depuis une vingtaine d’années, cet homme, sorti de nulle part d’après ma mère, s’est proclamé roi, le plus bizarre dans tout cela, c’est que personne ne s’est jamais rebellé ! 

Depuis, tous les ans, il ouvre la sélection, c’est là qu’il va pouvoir faire un choix parmi toutes les jeunes femmes de vingt à vingt-cinq ans qu’y sont « conviées ». Cela se passe en deux temps, durant la première soirée, toutes les personnes ayant reçu un petit carton d’invitation à son nom aux lettres dorées, doivent être présentes. Aucune famille ne sait réellement comment cela se passe, mis à part le fait que le roi réduit le groupe de moitié. Pour la deuxième partie, il en choisit dix et bizarrement, jamais aucune ne revient, ni le lendemain, ni des années plus tard. On n’entend plus jamais parler d’elles. 

C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai peur d’y aller, pire que ça, je suis angoissée…

Avec dix femmes par an, il devrait déjà l’avoir trouvé sa perle rare ! Il devrait même avoir toute une ribambelle d’enfants !

Une longue voiture noire attend devant la maison, il me semble que ça s’appelle une limousine, toutefois je n’en suis pas certaine, ce ne sont pas des voitures que l’on voit souvent dans notre contrée.

Le monde est maintenant divisé en quatre contrées, il y a la contrée des Sept Lacs, qui comme son nom l'indique, contient sept points d'eau plus ou moins grands, la contrée Originelle, celle d'où a eu lieu la naissance de notre roi, celle d'Éden réputée pour ses montagnes et cascades et la dernière, celle où je vis, la contrée des baies, la seule où le monde est resté à peu près ce qu'il était, elle a conservé ses magasins, ses boutiques, ses routes, et ses cafés, les autres n'ont pas eu autant de chance, certaines guerres ont détruit ce qu’elles étaient à travers les siècles, la reconstruction s’est donc faite différemment, plus simple, moins onéreuse, mais surtout efficace. La plupart des grandes villes sont devenues de petits villages, les supermarchés des marchés. Le temps, qui est passé, a réduit l’humanité de moitié, les maladies du sang en étaient la cause principale, puis cela s’est stabilisé et a fini par devenir de plus en plus rare.

A travers la fenêtre, j’aperçois Devant un homme grand, brun, avec une longue cicatrice sur la joue gauche, appuyé nonchalamment contre le véhicule. Sa tenue est simple pour quelqu'un qui se fait transporter dans le luxe… Un jean et un tee-shirt sombre, sans motif…

Ça y est, il est temps pour moi de partir, j'ai l'impression d'aller droit vers ma propre exécution tant mon cœur bat violemment dans ma poitrine… 

Ma mère frappe à la porte de ma chambre me rappelant que c’est l’heure, néanmoins, je préfère retarder le plus possible ce moment fatidique. Ok, c’est ridicule, parce que quoi que je fasse, ça arrivera, cependant je le fais quand même, Et retarde au maximum l'échéance.

Je finis, avec mauvaise grâce, par rejoindre l’homme qui se présente sous le nom de Barthold, et monte dans la voiture à l’arrière avec lui. Il n’ouvre pas la bouche durant tout le trajet et ça m’arrange, je n’ai absolument rien à lui dire, puis je ne suis pas certaine de garder le peu que j’ai avalé… Par contre son regard ne me lâche pas, me mettant encore plus mal à l'aise...

On arrive devant un manoir immense, la vue qui s’offre à moi me coupe le souffle malgré la peur qui me tenaille. Son style ancien le rend magnifique. 

Une grande allée mène jusqu’à la porte principale, une fontaine avec un lion énorme crache de l’eau sur une partie de l'immense jardin, des parterres de fleurs immenses, jaunes, rouges, roses, violettes... Je suis subjuguée avant même d’avoir pénétré à l’intérieur.

Une autre chose m'intrigue, m'effraie également, pourquoi ai-je l'impression de me sentir à ma place, de devenir entière ?

L'homme ne me laisse pas réfléchir davantage qu'il me pousse à l'intérieur. Le hall est tout aussi sublime, l’entrée est faite de murs blanc cassé, avec des moulures au plafond. Un lustre pend, il est rouge vif et diffuse une lumière douce, ça fait des reflets sur les murs grâce aux motifs découpés dans le cuivre.

On me conduit dans une salle où il y a déjà pas mal de femmes, attendant à mes côtés de savoir si elles vont être choisies. J’écoute leurs discussions, mais préfère ne rien dire pour le moment, de toute façon faire des connaissances, ce n’est pas mon truc, ça ne l’a jamais été et ne le sera jamais, rare sont ceux que je laisse m'approcher...

— J’espère être une des élues… il est tellement beau le roi… déclare l'une d'elles.

— Tu as raison, je veux bien lui donner des enfants moi ! Autant qu’il en veut, répond une autre.

Sans commentaire ! Ce sont des folles ! Pourquoi ne se demandent-elles pas où sont passées les autres ? Ont-elles si peu de jugeotte ou bien sont-elles seulement trop éblouies par l’opulence qui se dégage de ces lieux ?

Un soupir d’agacement m’échappe attirant leurs attentions. Elles me détaillent sans vergogne avant que l’une des deux envahisse mon espace.

— A ta place je me préparerais déjà à rentrer chez moi… commence-t-elle, puis elle désigne mon visage. Tu pensais que c’était le carnaval ?

Elle finit en riant, aussitôt suivie par son amie. Si ces deux femmes pensent me blesser, elles se trompent, elles me confirment au contraire que ma mission pourrait être un succès. Je hausse les épaules avant de leur lancer un simple « tant pis… ».

Barthold, le gars qui m’a accompagnée vient toutes nous chercher, il est accompagné de trois autres hommes vêtus de la même manière, l’un d’eux expose un sourire carnassier, il me regarde.

— Ne rêve pas ! commencé-je tiraillée entre l’agacement et la crainte. Je ne serai pas ton casse-croûte, tu as l’embarras du choix, regarde autour de toi, si elles ne peuvent passer la nuit avec le roi, je suis certaine qu’elles seront ravies de la passer avec vous tous, lui conclus-je dans l'espoir de m'en débarrasser.

— Si c’est juste pour passer la nuit, nous avons déjà ce qu’il nous faut, me répond-t-il narquois.

Oh mon dieu, qu’est-ce que cela veut dire ?

Cela ne me rassure pas, pourquoi vouloir d’autres femmes si le manoir a déjà ce qu’il faut pour combler leurs besoins ?

Mais une fois de plus, je n'ai pas le temps de laisser libre cours à mes pensées...

Nous sommes toutes conduites dans une grande salle contenant une scène immense où nous devons monter, elle se trouve face à un trône. 

Non mais un trône, vraiment ?

Un lustre brille comme s’il était rempli de diamant, suspendu au plafond, de grands rideaux en velours rouges sont accrochés sur les six baies vitrées. Il y a aussi dix podiums disposés en deux groupes de cinq, partant de chaque côté du trône et allant jusqu’à la scène. Un grand buffet est installé contre le mur, face aux fenêtres, les couleurs rouges et blanches font la beauté de cette salle.

Tout à coup, une drôle de sensation me traverse le corps de part en part, m'obligeant à relever les yeux.

Il arrive… Je ne sais pas comment, mais je le sens…

Le silence se fait, je baisse mon regard, laissant mes yeux fixer le sol. Cet homme ne m'intéresse pas le moins du monde, enfin c’est ce dont j’essaie de me convaincre, d’autant que s’il perçoit un quelconque intérêt de ma part, il risque de me prendre dans sa foutue sélection !

Lorsque deux pieds s’arrêtent sous mes yeux. Je reste figée, exerçant un contrôle sur mon mental. Une étrange sensation me parcourt, rendant mes jambes flageolantes et mes mains moites. Il m'est impossible de résister, je relève la tête vers cet homme incroyablement beau, et surtout bien plus jeune que dans mon imagination. On dirait qu’il n’a pas loin de la trentaine, comment est-ce possible ? Ça fait déjà vingt ans qu’il « gouverne » si on peut appeler ça comme ça, alors à moins d’être monté sur le trône à dix ans... Il porte de longs cheveux argentés attachés en une tresse au-dessus d’une épaule, son teint est encore plus pâle que le mien, et ses yeux sont d’un bleu presque blanc. Il est vêtu d’une chemise blanche à volants, tombant négligemment sur un pantalon de cuir noir.Sa haute stature lui permet de me dépasser largement malgré que je sois debout sur la scène. Lorsque j’ai terminé mon inspection, je plonge à nouveau dans son regard, il m’hypnotise…

Comment puis-je me sentir attirée par cet homme avec tous les doutes que je ressens ?

Arrête de le regarder de cette manière, il va croire qu’il a une chance, pfffffffff, me rappelle ma conscience.

Hors de question, aussi beau soit-il. Alors je plaque un rictus mauvais sur mes lèvres, un rictus qui lui annonce la couleur : si tu me sélectionnes, tu vas en baver. Je l'observe effrontément.

Il se détourne enfin et file s’asseoir sur son trône.

Un de ses disciples, je ne vois pas comment l’appeler autrement, c’est son disciple de toute façon, prend la parole.

— Sa majesté le roi Alphée va faire le discours de début de la sélection.

Le roi Alphée se lève.

— Mesdemoiselles, bienvenue dans mon monde. Vous allez tout d’abord devoir vous restaurer, commence-t-il en jaugeant à nouveau. Concernant la deuxième soirée, vous serez informées le moment venu.

Les invités semblent boire ses paroles, et attendre impatiemment de savoir sur qui va se porter sa préférence.

Quant au roi, il nous regarde toutes, pourtant un frisson remonte le long de mon échine, j'ai la sensation qu'il ne voit que moi...

— Que le début de la sélection commence, annonce le roi.

Toutes les personnes autour applaudissent, qui sont ces gens ? Pourquoi le peuple ne comprend-t-il pas que ce qui se passe là n'est pas normal ? Suis-je la seule ce soir à me rendre compte que cette situation est invraisemblable !

Les femmes sur la scène applaudissent toutes également, du moins, toutes sauf moi. Je n’ai rien à fêter n’étant pas sûre de ce qui se passera ensuite, de ce qui nous attend... Le roi me fixe à nouveau et sans aucune discrétion. Je dois avouer qu’il attise ma curiosité, cependant l’ignorer est préférable, je ne voudrais pas creuser ma propre tombe...

Nous allons au buffet nous servir, je suis obligée de suivre les autres, même si mon estomac est trop noué pour pouvoir avaler quoi que ce soit. En arrivant à la table, je me fige, surprise. Une de mes voisines, Cloé, est là !C’est bon signe ! 

En fait non, elle a plutôt mauvaise mine, elle semble épuisée, elle est blanche, trop blanche pour être normal… Ses yeux sont tristes, j’attrape sa main avant de la relâcher prestement.

Sa peau est glacée !

Cloé recule et durant l’espace d’une seconde elle semble effrayée, cependant elle reprend vite son masque.

— Que se passe-t-il ? Pourquoi ressembles-tu à une morte vivante ? Où sont passées toutes les autres ? Pourquoi tu ne réponds pas ?

Les questions fusent sans que je n'y puisse rien. Pourtant, elle n’ouvre pas la bouche, et repart vers ce qui me semble être les cuisines, quand elle revient, elle me glisse quelque chose dans la main en me chuchotant « il ne faut pas que tu sois sélectionnée ! ».

Elle ne finit pas sa phrase, secoue la tête et repart derrière le buffet continuer le service. Qu’est-ce que ça veut dire ? J’ouvre ma main et découvre…

De l’ail ? Pourquoi ? Mon regard se porte vers le sien, elle me montre le cou et se le frotte vivement. Comprenant son message, je me masse discrètement la peau avec, en insistant lourdement, l’odeur est répugnante…

Tout ce qu’il se passe ici dépasse l'entendement, je n’ai absolument pas envie de rester pour découvrir la suite.

Un long, très long moment plus tard, c’est du moins l’impression que j’ai, les gardes nous regroupent encore une fois et font monter chaque section de 10 sur la scène, à tour de rôle. Le roi n’en choisit qu’une parmi chaque groupe, elles sont toutes superbes et magnifiquement apprêtées jusqu’au bout des ongles… Lorsque c’est à mon tour, je monte d’un pas plus assuré, certaine de ne pas faire partie des finalistes, mais rien ne se passe comme prévu. Le roi me fixe, puis m’adresse un signe de tête. C’est le signal… Je suis la dernière, la centième… Il m’a retenue pour la sélection finale malgré ma mauvaise présentation, je ne pourrais être plus angoissée. Une pause est accordée après cela à toutes les participantes. La moitié d’entre elles, peut déjà partir retrouver son foyer, je les envie, et ne comprends pas pourquoi elles semblent si peinées. Comme nous n’avons pas le droit de quitter la grande salle, je sens en permanence le regard du roi peser sur mon corps, me rendant de plus en plus fébrile... 

Lorsque nous remontons sur scène, le roi me fixe en prenant la parole.

— Mesdemoiselles, vous resterez ici quelques jours, voire moins pour certaines, afin de faire plus ample connaissance. Samedi prochain, j'annoncerai mon choix…

Le fait qu'il ne m'ait pas lâché des yeux durant son élocution me laisse entendre que c'est déjà fait, du moins en ce qui me concerne…

Je me dépêche de descendre de scène alors que Cloé nous conduit à travers des dédales de couloirs pour nous indiquer des chambres. Nous nous retrouvons à dix par pièces. Les lits sont superposés, c’est comme si nous étions en colonie de vacances… La pièce est spacieuse et pourtant je me sens étouffer. Certaines des femmes discutent entre elles, de ce qui s’est passé, de leur bonheur d’être encore présentes.

Cloé sort sans même jeter un coup d’œil dans ma direction. Je m’allonge sur l’un des lits sans regarder qui que ce soit, et rumine le déroulement de la soirée. Le roi l’a passé à m’observer, même si ça devrait être flatteur, ça me gêne, il me semblait avoir réussi à lui faire comprendre que je ne tenais pas à rester auprès de lui. Samedi prochain, je vais devoir me montrer plus direct....

Beaucoup plus tard, n’arrivant pas à trouver le sommeil, je me redresse et me faufile discrètement hors de la chambre après m’être assurée que les autres femmes dorment à poing fermé.

Je passe par un long couloir, m’arrêtant dès que j’entends le moindre bruit. Je ne suis pas certaine d’avoir le droit de me promener et encore moins en pleine nuit… J’avance le plus silencieusement possible, et trouve les escaliers. Peut-être que je pourrai fuir maintenant ? Ça m’éviterait de recroiser « Sa Majesté ». Je continue ma route, toujours sans faire la moindre rencontre, mais quand j’arrive enfin devant la porte d’entrée, l’image de mes frères et sœurs s’imposent à moi. Je ne peux pas les mettre en danger, si ma mère ne peut pas les protéger, il est de mon devoir de le faire. Alors je rebrousse chemin et décide de retourner me coucher.

Au moment de repartir, je sens une présence dans mon dos, je me fige, prise la main dans le sac, et je dois l’avouer, terrifiée. Un souffle froid sur ma nuque me donne des frissons.

— Où comptez-vous aller à cette heure de la nuit ? Vous voulez déjà me fausser compagnie ?

Le roi !

J’ai vraiment la poisse…

Il ne semble pas en colère, non. Je dirais qu’il est plutôt amusé.

— Non…Heu… Non… Non… Pas du tout... Balbutié-je. Je n’arrivais pas à dormir, me justifié-je, alors je suis sortie me promener… Je vais retourner me coucher… Bonne nuit.

J’amorce un pas en direction de l’escalier, mais il me retient. Mon cœur se met à palpiter, la peur me noue les entrailles, que va-t-il faire de moi ?

— Je peux peut-être vous aider à trouver le sommeil ? me propose-t-il de sa voix chaude.

— Non, merci…

Il est vrai que je n’y ai pas mis les formes, peut-il m’en tenir rigueur ? Je n’attends pas sa réponse pour le savoir, je me dégage et m’élance en courant jusqu’à ma chambre. Par chance, cette fois, il ne m’a pas suivi. Et puis comment cet homme s’est retrouvé derrière-moi sans que je ne le voie arriver ? Il devait, certainement, déjà être dans le hall, se réjouissant de mon dilemme à savoir si j’allais fuir sa demeure ou non.

Je sens que cette semaine ne va pas être de tout repos…

Le lendemain matin, je m’éveille aux aurores, le corps épuisé, et tendu. Je me lève et tourne en rond dans la pièce. La porte s’ouvre sur une servante ? D’environ mon âge.

— Vous êtes Mélanie Pears ? m’interroge-t-elle avec douceur.

Pour toute réponse, je hoche la tête.

— Alors venez avec moi. Je dois vous aider pour faire votre toilette.

Lorsqu’elle remarque mon air éberlué, elle reprend.

— Il le faut madame…

Je me décide à la suivre, ne souhaitant pas lui attirer le moindre problème et préférant garder ma hargne pour d’autres combats.

Elle me guide vers un étage supérieur et me fait entrer dans une salle d’eau. Salle d’eau qui n’a rien en commun avec la minuscule salle de bain de la maison où j’ai grandi. Elle est divisée en trois pièces ouvertes. La première étant l’endroit où s’habiller et se déshabiller, contenant un banc recouvert de cuir, des portants pour les serviettes et les vêtements, ainsi qu’une grande étagère contenant une multitude de produits de beauté féminins. La deuxième, une douche avec ce qui me semble être des jets de massage, et la dernière une baignoire où l’on pourrait se détendre à trois voire quatre personnes.

Le bain est déjà rempli, j’en déduis donc que c’est dans cette pièce que je dois me rendre, seulement, je ne peux pas me déshabiller devant cette femme, si ? Pas que je sois pudique, mais elle pourrait être gênée…

— Allez-y madame, je vais m’occuper de vos vêtements, vous trouverez de quoi vous changer dans ce coin ci… m’annonce-t-elle en m’indiquant une tenue décontractée, soigneusement posé sur un cintre contre l’étagère. Je ne l’avais même pas aperçu.

Puis, sans attendre davantage, attirée par l’odeur qui se dégage de l’eau chaude, je retire la robe que je portais la veille, ainsi que mes sous-vêtements. Sa réflexion et le linge qui m’attend, me rappelle que je ne suis pas la première dans cette situation, et que cette femme, malgré son jeune âge a certainement dû voir défiler un nombre indéfinissable de femmes. Il faut absolument que je m’en souvienne, car la beauté de cet homme est sans pareil, et nul doute, qu’il les fait tomber sans problème dans ses filets…

Pour preuve, où sont les autres des années précédentes ? Qu’a-t-il fait d’elles ? Ces questions ne cessent de me hanter…

Je laisse tomber mes réflexions pour le moment, il sera toujours temps d’y songer plus tard, et entre dans le bain. Je m’allonge doucement et laisse échapper un soupir de satisfaction.

Lorsqu’une heure plus tard, Jeanne, la jeune servante de 25 ans, vient m’aider à en sortir, je suis on ne peut plus détendue. Elle m’aide à me vêtir, malgré mon refus. Quand tout est terminé, elle me fait descendre les étages pour me conduire dans un petit salon, le roi est posté devant la fenêtre, dos à moi. Je me recule pour partir, malheureusement, Jeanne n’est plus là, et la porte fermée.

Il n’y a plus aucune échappatoire…

— Venez vous asseoir et vous restaurer…

Je me retourne et l’observe, sa main me désigne une petite table ronde dressée pour deux, avec tout un tas de nourriture différentes pour le petit déjeuner.

— Je ne savais pas ce que vous preniez, me dit-il.

Je m’avance et m’assieds sur l’un des fauteuils, tandis qu’il fait la même chose sur le siège d’en face. Son regard maintenant posé sur moi, me met mal à l’aise. J’attrape un petit pain, et en déchire des morceaux, que je mets au fur et à mesure dans ma bouche, cela m’évitera au moins de devoir converser avec lui.

— Vous m’intriguez… m’avoue-t-il après plusieurs minutes de silence.

Je dois dire qu’il a le même effet sur ma petite personne, mais il n’est pas obligé de le savoir… J’avale avec peu de délicatesse ce que j’étais en train de mâcher.

— Ha oui… Il parait que je fais souvent cet effet... mens-je effrontément. Maintenant je vous dis à la prochaine...

Je me lève, mais avant de pouvoir faire le moindre pas, je me retrouve plaquée contre le mur qui se trouve juste derrière mon siège. Au lieu de m’interroger sur la manière dont il s’est déplacé aussi vite, je me perds entre l’envie de rester collé à lui, et celle de me dégager. Mon cœur bat à une vitesse effrénée et là encore, je ne sais si c’est à cause de la peur, où de sa présence si proche qui m’enivre totalement… Certainement un peu des deux...

— Vous ne semblez pas vouloir être là, et pourtant vous n’avez pas fui cette nuit… Même si vous n’aviez aucune chance d’aller bien loin… ajoute-t-il mystérieux, son souffle sur ma gorge.

— Je vous l’ai dit.... Je… Je n’arrivais pas à dormir… réponds-je haletante… Ça ira mieux ce week-end lorsque je serai de retour à la maison.

— Si vous le dites…. Maintenant rasseyez-vous et mangez !

Sa réponse énigmatique ne me dit rien qui vaille. Il se décale très lentement, comme s’il prenait plaisir à mon malaise et son ton sans appel me pousse à lui obéir.

Le reste du petit déjeuner se passe dans un silence royal, même le bruit des couverts ne vient pas le troubler. Jeanne est ensuite revenue avec une autre jeune femme de ma chambrée, et j’ai enfin pu rentrer chez moi. J’ai bien cru devoir passer une semaine entière en sa présence, chose que j’aurais été incapable de gérer…

A peine ai-je posé un pied dans la maison, que ma mère me questionne directement, jusqu’à tout savoir de la soirée, de la nuit et du petit déjeuner. Elle essaie de me rassurer, me rappelant qu’il y a encore énormément de choix pour le roi et qu’il ne faut pas que je m’inquiète. Elle ajoute même sur un ton assez cynique, ce qui ne lui ressemble pas :

« Pourquoi voudrait-il d’une femme qui ne veut pas de lui, alors qu’il peut avoir toutes celles qu’il désire ? »

Elle n’a pas tort… Je suis obligée de le reconnaître… Il va choisir les autres femmes et je vais pouvoir reprendre ma petite vie auprès de ma famille… La tristesse qui m’étreint à ce moment précis est incompréhensible, alors je laisse courir et monte retrouver mes frères et sœurs dans leurs chambres.

La journée a défilé si rapidement que la nuit nous a pris par surprise. J’ai fait manger ma fratrie, l’ai baignée et couchée avant de rejoindre moi-même mon lit. Ma mère devant aller travailler le lendemain de bonne heure, c’est mon rôle de m’occuper d’eux.

Allongée sur mon lit, j’observe le plafond, mes paupières se closent doucement, je résiste encore un peu, puis finis par me laisser emporter.

Je suis de retour dans le manoir, vêtue d’une robe aux manches bouffantes d’une autre époque, le roi me courtise avant de m’entraîner à l’écart des invités dans les grands jardins. Je le laisse faire avec envie lorsque sa bouche se pose sur la mienne pour la dévorer, pendant que de ses mains habiles, il délace mon corsage. Ma peau est bouillante de désir contrairement à la sienne, froide, et blanche. Ses lèvres parcourent mon visage et ses dents mordillent mon menton, la peau fine de mon cou.

Un cri retentit. Alphée me rattache mon corsage alors que je prends conscience de ce que je voulais lui offrir, puis m’attire jusqu’au manoir.

Le tableau qui s’offre à notre regard est digne des plus grands films d'horreur, du sang éclaboussé sur chaque meuble, des corps gisant sur le sol, des femmes, des enfants, ma famille… Une de mes mains se plaque inconsciemment sur ma bouche….

Je me redresse dans mon lit en sursaut, et en sueur.

Y a-t-il un message dans ce cauchemar ?

Incapable de me rendormir malgré le ciel encore noir, je me lève et sors de ma chambre, bien décidée à aller boire un café. Je tombe sur ma mère dans la cuisine et préfère ne pas lui parler de mon cauchemar afin de ne pas l’inquiéter. Les jours suivants se déroulent à l’identique : Réveil, m’occuper de mes frères et sœurs, les conduire à l’école, ranger la maison, préparer le repas, les faire manger après l’école, les devoirs, la douche, les dents, le dodo, sans oublier, les cauchemars emplis de passion avant que l’angoisse totale ne m’en sorte…

 

***

 

C’est terrifiée que je retourne au manoir dans la même voiture que le week-end précédent, habillée d’une nouvelle robe vert bouteille et mes cheveux toujours lâchés, pas par envie, mais par dépit. Je suis incapable de me détendre. Dès que j’entre, les images de mon cauchemar me reviennent à la perfection, les corps s’impriment là où ils n’étaient pas il y a à peine une seconde, le sang macule toujours les murs, les meubles et le sol.

Je tremble de plus en plus, ma respiration devient difficile… Je sens la crise de panique arrivée….

— Doucement ma douce, ferme-les yeux… me murmure la voix rassurante et chaude du roi à mon oreille.

Les flashs de nos baisers échangés dans cette partie de mon rêve me submergent, remplaçant les images cauchemardesques, la chaleur s’empare de mes joues. Je me dégage prestement de ces mains qui me maintenaient les épaules sans que je ne m’en rende compte et rouvre les yeux. Il a au moins le mérite de m’avoir libérée de ces détails terrifiants.

Jeanne vient me chercher afin de m’amener avec les autres dans la grande salle rejoindre les autres femmes déjà arrivées. Cloé manigance la même chose que le week-end dernier et m’apporte en douce de l’ail pour me parfumer. Je le saisis et sans hésiter, m’en couvre chaque millimètre de peau, pensant que l’odeur plutôt forte devrait le faire fuir, ce n’est pas parce que dans mes rêves je le laisse m’embrasser, que j’ai forcément envie qu’il le fasse quand je suis éveillée...

Lorsque toutes les femmes sont là, le roi annonce que c’est le moment pour lui de choisir ses futures conquêtes, ce n’est pas la phrase exacte mais c’est ce que cela signifie. Nous devons reprendre place sur la scène par groupe de dix, et il sélectionnera cinq jeunes femmes dans chaque groupe, une fois fait, chacune s'avancera, seule, devant les autres, et lui expliquera pour quelles raisons elle devrait être choisie…

Mes mains se mettent à trembler à cause de l’appréhension.  Étant dans la dernière section à passer, et surtout à prendre la parole, me rassure, plus c’est loin, mieux c’est…

La première s’avance.

— Pourquoi devrais-je te choisir ? l’interroge sa majesté.

— Votre Altesse, je suis parfaite pour vous, je connais la bienséance, je suis jolie, vous serez fier de vous promener à mon bras, de plus j’ai été ausculté il y a deux jours, je peux vous donner des enfants, ce sera même un plaisir pour moi.

—Très bien.

Il la remercie et, elle retourne à sa place dans le rang.

La deuxième s’avance, et la même chose se passe, bla bla bla, je suis parfaite, bla bla bla, je suis la meilleure…

Comment peuvent-elles vouloir ceci, et se vendre de cette façon ? C’est incompréhensible. Dans ma tête se profile un speech qui sera tout l’opposé. Lorsque c’est à mon tour, le roi me désigne du doigt en discutant avec une autre personne. 

Ce n’est vraiment pas mon jour de chance… pensé-je.

 Je décide de jouer le tout pour le tout ! Quand il me posera LA question, je ne me laisserai pas faire ! Et s’il tente quoi que ce soit, je ne serais pas docile ! Impossible... Forte de cette nouvelle résolution, je m’avance d’un pas ferme.

— Pourquoi devrais-je te choisir et qu’as-tu de si spécial ?

Finalement il me pose deux questions, ce n’est pas grave ma réponse est prête.

— Justement votre majesté, réponds-je en m'inclinant exagérément, ne me choisissez pas, il n’y a rien de spécial me concernant, je ne suis pas du même monde, il me regarde intrigué, vous avez les plus belle femmes sur cette estrade qui n’attendent que ça, alors faites leur plaisir, pour ma part cela ne m’intéresse pas, regardez, même mon maquillage est digne d’une enfant de 3 ans, bon je vais vous laisser finaliser votre choix et finir votre soirée, au revoir ! Ha j’oubliais, ne me remettez pas sur la liste l’année prochaine, ni les autres d’ailleurs, cela vous évitera une perte de temps inutile. Salut !

Me dirigeant vers l’entrée, du moins je l’espère, c’est tellement grand que je pourrai me perdre, et chaque couloir se ressemble !

Je n’en reviens pas qu’il m’ait laissé réciter mon dialogue jusqu’au bout, c’est étrange mais ça me rassure, personne ne me suit, c’est enfin terminé. Mon cœur est au bord de l'explosion, je n'arrive pas à croire que je l'ai remballé ! Il me laisse partir sans même tenter de me retenir…

Pourtant, quelque chose me perturbe, je sens comme un malaise me parcourir, comme si ce monde m'attendait et que je le fuyais sans même lui laisser une chance…

Lorsque j'aperçois la porte d'entrée à quelques mètres, je me heurte contre quelque chose de dur, ou plutôt quelqu’un, mon regard se porte sur celui qui a osé se trouver sur mon chemin !

Merde !

C’est le roi, comment a-t-il pu arriver si vite et sans que je le voie ?

Il ne pouvait pas me laisser partir tranquillement ? Mon discours n’était pas assez clair ?

Ce n'est pas parce que je ressens une force étrange m'attirer ici que je dois me laisser faire...

— Vous n’allez nulle part ! Du moins, pas dans l’immédiat.

Il me prend par la main sans attendre mon accord et m’entraîne dans d'autres couloirs, nous en traversons plus d’un avant qu'il ne me fasse entrer dans une pièce.

Oh bordel ! C’est une chambre !

Je me retourne pour partir, son corps m’en empêche, il est maintenant adossé nonchalamment contre la porte !

Comment fait-il pour se déplacer aussi rapidement ? À tel point que mes yeux ne le voient pas esquisser le moindre mouvement !

Il s’approche de moi. Me renifle ? Il me sent ! Non je dois rêver, personne n’agit de cette façon...

— De l’ail, dit-il, vous pensiez vraiment me faire fuir avec de l’ail ?

— Comment l’avez-vous su ? l'interrogé-je interloquée.

— L’odeur empeste la pièce.

— Pourquoi m’avez-vous amenée ici ? demandé-je en essayant de retrouver une contenance, ce qui me semble vraiment difficile au vu des circonstances.

— Ton sang m’appelle … Tu as envie que je te morde, tu vas même me le demander, m’annonce-t-il d’une voix chaude, plus que troublante.

— P … Pardon ?

Il me fixe droit dans les yeux, mon regard est pris en otage par le sien, fascinée, je ne contrôle plus rien, ni mon corps, ni mes émotions et encore moins mes désirs. Toutes les questions qui se bousculaient dans ma tête se sont volatilisées, une seule accapare toutes mes pensées...

— Mordez-moi...S’il vous plaît … lui demandé-je avec une pointe de supplication dans la voix.

Il me pousse doucement vers le lit et m’allonge avec délicatesse dessus. Il relève le bas de ma robe, ce qui se passe à cet instant me semble normal, au-delà du besoin qu’il m’a donné, je le désire.

Il approche sa tête vers l’intérieur de ma cuisse, tout près de mon intimité, la lèche. Je sens quelque chose de pointu frôler ma peau, puis, soudain, il mord dans l’artère fémorale m’arrachant un petit cri perdu dans le plaisir.

Je sens que mon sang bouillonne malgré ce qu’il aspire, ça me fait du bien, tout s’envole, mes craintes, mes soucis, ne reste plus que la délectation. Je me liquéfie sous l’intensité, la sensation est aussi envoûtante que le toucher de ses doigts sur mes cuisses. La seule envie qui me tourmente, serait qu’il ne s’arrête jamais, pourtant à mon grand regret, il le fait. Je suis à deux doigts de le supplier de recommencer...

— Ton sang est délicieux, délicat, sensuel, comme les petits bruits que tu pousses pendant que je m’en abreuve, dit-il en remontant le long de mon corps.

Soudain le sort est rompu, mon esprit m’appartient de nouveau et je réalise ce qui vient de se passer.

Il a bu mon sang !!! Merde alors !

— Vous êtes un vampire ! conclus-je en retrouvant mes esprits.

3

 

Mélanie.

 

Je le bouscule, il ne bouge pas d'un millimètre, son corps est aussi dur et froid que le marbre ! Ses canines sont encore apparentes, il semble calme alors que la colère et l’angoisse sont les seules émotions qui me dominent… Je savais qu’il y avait quelque chose de bizarre, cependant j’étais à des lieux d’imaginer cela. C’est un vampire, ça ne me choque pas plus que ça, par contre, qu’il se nourrisse de mon sang, c’est une autre histoire...

Un peu paradoxale je l’avoue…

Je me sens vraiment vulnérable et la position dans laquelle je me trouve ne m’aide en aucune manière. Je le repousse encore une fois, et là, il se laisse faire. Je profite d’être un plus libre pour redescendre la robe et couvrir un peu plus ma peau nue. Lorsque le tissu effleure la morsure, j’ai du mal à retenir un gémissement. Honteuse, je me lève et mets de la distance entre nous, plus par crainte de lui sauter dans les bras que par celle d’être blessée.

Le surnaturel a toujours existé, il y a une sorcière près de chez nous, alors pourquoi pas un vampire ? Et peut être qu’un jour, un loup fera son apparition, qui sait ? Ce qui cloche, c’est que là, il a bu MON sang et le pire, c’est que j’ai adoré ça ! Ou alors, ça venait de l’effet hypnotique, oui voilà, c’est ça, alors pourquoi ai-je autant envie qu’il recommence ?

Bon, ce n’est pas le moment de tergiverser, il est temps de partir, et le plus vite sera le mieux...

— Vous avez eu ce que vous vouliez ! Maintenant laissez-moi m’en aller… S'il vous plaît… le supplié-je à présent terrifiée.

— Non, enfin si, vous allez rentrer chez vous.

Le soulagement me submerge, il aurait pu me vider de mon sang ou obtenir bien plus de moi que ce que j'aurai voulu lui donner, et nul doute que j'y aurai pris beaucoup de plaisir.

Seulement l'apaisement est de courte durée...

— Vous reviendrez samedi, continue-t-il sûr de lui.

Je le regarde, choquée, s’en fout-il tellement que ça de ne pas être désiré ? Enfin, que l'on ne veuille pas se retrouver à ses côtés, lui servir de garde-manger ?

— Vous faites partie de la sélection, JE vous ai choisis pour faire partie de la sélection, JE vous ai choisis pour être la première. Dans six mois à la lune rouge, JE ferai de vous ma compagne, nous accomplirons le rituel qui fera de vous une vampire…

— Stop ! m'écrié-je en me redressant, choquée par ces dernières paroles. On arrête le délire ! C’est hors de question ! Boire du sang et enfanter pour un inconnu, ne font pas partie de mes projets. Laissez-moi partir et allez-vous rabattre sur toutes ses femmes en bas qui n’attendent que ça !

— Rentrez chez vous, une voiture viendra vous chercher samedi, Mélanie, dit-il calmement.

Comment connaît-il mon prénom ? Je ne le lui ai pas dit et comment ça à samedi ? Il est complètement barge ! Si sa « sublimissime Altesse royale » s’imagine que je vais revenir de mon plein gré…

Barthold me raccompagne, toujours muet.

Il est vraiment loquace celui-là ! 

Quand on se gare devant la maison, je me précipite hors de la voiture avant qu’on ne m’ouvre la portière, et entre dans ma maison en courant sans un regard en arrière.

— Alors, comment ça s’est passé ? me questionne ma mère.

— Il m’a choisie !!! Oh mon dieu maman, il m’a choisie, que vais-je devenir ?

Ma mère se met à pleurer, elle peut être dure mais elle nous aime. Elle pensait qu’avec toutes les femmes présentes, il me renverrait chez moi. C’était une erreur, les probabilités n’ont pas joué en ma faveur.

— Maman, si tu peux partir avec les petits, fais-le, je ne sais pas comment ça se passera, et je ne veux pas qu’il prenne mes sœurs plus tard, alors s’il te plaît, maman, cachez-vous.

Mes sœurs, Tessa et Éva sont encore très jeunes, elles ne devraient pas subir cela, il est de mon devoir de les protéger, surtout depuis le décès de mon père...

— Pourquoi ? Que s’est-il passé ? me questionne ma mère en essayant de se reprendre.

— Rien maman, ne pose pas de questions et fais ce que je te demande... Lui conseillé-je.

Mon intuition me dit que lui raconter que c’est un vampire, que peut-être ils le sont tous, serait une terrible erreur, ma famille ne serait sûrement plus en sécurité, alors je lui rabâche encore et toujours la même chose. 

— Pourquoi autant de femmes dans la fleur de l’âge sont sélectionnées chaque année et qu’ensuite elles disparaissent ? De plus il n’a toujours pas d’enfants, c’est louche si tu veux mon avis…

Ma mère ne répond pas, je vois bien qu’elle a du mal à assimiler tout ça. La pauvre, mon père a été recruté pour être garde du roi, il y a trois ans, et cinq mois plus tard, il est décédé dans le cadre de ses fonctions...

C’était terrible, ma mère n’a plus jamais été la même depuis, elle est là pour nous, travaille, prépare les repas, néanmoins elle a perdu sa joie de vivre. Et aujourd’hui, il faut que j’aille exactement au même endroit, là où mon père est mort… Il doit bien exister une solution pour y échapper, quelque chose me dit que si je remets les pieds là-bas, rien ne sera plus jamais comme avant, et je suis bien incapable de dire si c'est en bien ou en mal...

 

***

Le reste de la semaine passe beaucoup trop vite, on est déjà samedi, le roi a hanté toutes mes pensées, le pire, c’est que j’ai vraiment envie de le revoir, non, pas envie, besoin de le revoir, de sentir à nouveau ses crocs perforer ma peau…

Toute la semaine n’a été que désir et tentation, l'envie de le rejoindre était très forte, tellement que j'en avais du mal à trouver le sommeil. Cependant je ne peux pas me laisser aller, ce serait trop dangereux, alors j’ai décidé de sortir, d’aller flâner dans les rues, peut-être qu’en ne me voyant pas à la maison, il laissera tomber, du moins si c’est lui qui vient me chercher. Avoir de l’espoir, peu importe le contexte, me semble essentiel, surtout maintenant. Je ne me suis pas enfuie parce que je pense à mes frères et sœurs, mais s’ils n’étaient pas là, j’aurais pris ma mère et nous aurais emmenés dans une autre contrée…

Au détour d’une rue en fin d’après-midi, je tombe sur Barthold, fuyant dans le sens opposé, j’ai à peine le temps de parcourir quelques mètres qu’il me rattrape ! Ça doit en être un également…

Merde alors !!!

J’admets, il m’arrive d’être vulgaire, surtout dans certaines situations, et à mon avis, ça ne va pas s’arranger.

Il n’est pas seul, ses congénères…

J’aime bien ce mot, ça les définit plutôt bien.

Et lui, m’accompagnent jusqu’à la limousine.

— Au secours ! Lâchez-moi ! Hors de question que vous m’emmeniez ! Laissez-moi tranquille, crié-je en espérant que l’on vienne à mon secours.

Pourtant aucune des personnes traînants dans la rue, aucun des passants détaillants la scène, ne me viennent en aide, ils observent sans bouger, sans même être choqué par ce qu'ils voient…

Alors je continu à me débattre, néanmoins la prise qui me retient est puissante, ils sont trop forts.

Non, rectification, « il » est trop fort. 

Quatre hommes sont venus me chercher mais un seul me serre par le bras. Ont-ils peur que je m’enfuie ? Cela me paraît peu probable, je ne fais pas le poids face à un seul d’entre eux... Je pense plutôt qu’ils vont récupérer les autres femmes sélectionnées avant la destination finale, à moins qu’elles ne fassent pas autant de résistance...Elles semblaient tellement heureuses d’être choisies...

— Tais-toi, quoique tu dises cela ne changera rien. Tu ne peux pas y échapper. Accepte-le, tu as été choisie, prononce l’un d’eux d’un ton sec.

— Même pas en rêve ! dis-je en essayant de me débattre plus fort pour ne pas entrer dans la voiture.

Mes efforts semblent dérisoires, ils me poussent à l'intérieur si facilement que c'est comme-ci j'y étais entrer de mon plein gré… Celui au sourire carnassier de l’autre soir est présent, il monte juste à mes côtés me frôlant de sa jambe, je me colle contre la portière pour éviter qu’il ne me touche davantage.

— Regardez les gars ! interpelle-t-il les trois autres gardes ? Elle a l’air sauvage, pourtant elle a quand même compris qu’il ne faut pas m'chercher.

Il se rapproche et j’aperçois ses dents, aussi pointues que celles du roi. Il m'impressionne mais s’il faut que je me défende, ce n’est pas un problème !

J’attrape discrètement mes clés dans la poche de ma veste, en cale une entre mes doigts, j’ai peur c’est vrai, pourtant je ne me laisserai pas faire, il va le sentir passer.

Il vient encore plus près, pose ses lèvres sur mon cou, menaçant de le mordre ! « Maintenant ! » me dis-je, je mets toute ma force dans mon bras et lui balance sur la joue, il grogne de douleur, je retire la clé qui a troué sa peau en une chair sanguinolente et m’apprête à recommencer quand l’un des hommes présents dans le véhicule me freine dans mon élan.Mince, j’avais oublié les autres…

— Bordel, vous avez vu ? Jagur s’est fait battre par une petite humaine, s’exclame celui qui conduit en éclatant de rire.

— Cette petite garce va me le payer, n’est-ce pas ma belle ? Tu vas te rattraper, dit-il en me tirant les cheveux et me collant une gifle.

Puis il plaque sa bouche sur la mienne, beurk, il me donne envie de vomir, je le repousse de toutes mes forces.

Ma main se lève instinctivement vers ma joue, la douleur est présente, pourtant je suis sûre qu’il n’y a pas mis toute sa puissance, mais hors de question de lui donner le plaisir de me voir pleurer ou souffrir à cause de lui, alors je la rabaisse, puis le regarde avec haine.

— Jagur, lâche-la, elle est au roi, lui rappelle Barthold, celui qui était venu me chercher. Tu n’as pas le droit de la toucher, personne n’en a le droit d’ailleurs, il a été assez clair.

— Ça fera comme les autres, au final d’ici quelques jours elle sera à nous, et là ça va être drôle, surtout pour nous, on a plus de jouets, on a abîmé le dernier, reprend celui qui s’appelle Jagur avec un air malsain imprégné sur le visage.

Mon sang se glace.

Cloé ? Que lui a-t-il fait ? Que lui ont-ils fait ? À moins que ça ne soit quelqu’un d’autre…

Le roi...

Je regarde par la fenêtre, contemplant le paysage dont je serais bientôt privé, tout autant que ma liberté.

Deux d’entre eux essaient de me poser des questions auxquelles je ne réponds pas. Il me semble préférable de les ignorer.

Plus l’on se rapproche du manoir, plus je suis partagée. J’ai à la fois envie de fuir à toutes jambes, et en même temps mon corps aimerait qu’il recommence ce qu’il lui a fait, c’est comme une attraction, pire une obsession. Je secoue la tête, à avoir autant de pensées contraires, je vais devenir folle, ce n’est pas possible ! Le reste du trajet n’est pas mieux, des souvenirs me reviennent par flashs, le moment où il a lentement remonté ma robe, la douceur de ses doigts quand il l’a fait, lorsqu’il a planté ses crocs, quand il a aspiré mon sang …

Je me tortille sur place, jamais je n’avais ressenti une telle envie, un tel désir, c’est nouveau, puissant, intense, inégalable… Mon visage rougit, je me mords la lèvre et serre mes jambes l’une contre l’autre afin de tenter d'apaiser ce phénomène qui dure depuis une semaine...

Concentration Mélanie, ce n’est pas ce que tu voulais, ce n’est pas ce que tu veux ! C'est ce qu'il attend de toi !

Nous arrivons au manoir, je ne veux toujours pas entrer.

— Vous n’avez pas le droit ! Je ne veux pas être là !

Barthold me pousse jusqu’à me faire entrer dans la demeure.

— Laissez-nous, prononce une voix profonde derrière moi.

Une voix que je reconnaîtrais entre mille, c’est lui ! Le roi ! Une pulsion me pousse vers lui, me donnant envie de me blottir dans ses bras, et le laisser me faire toutes les choses inavouables qu’il voudrait, cependant, je ne bouge pas.

— Tu résistes. Bientôt tu ne le pourras plus… m'annonce-t-il avec certitude et une petite pointe d’arrogance. Viens, je vais te montrer où tu vas dormir.

La tentation est forte, seulement je n’esquisse toujours pas le moindre mouvement.

— Maintenant, gronde-t-il.

Incapable de résister davantage, mes jambes se mettent en mouvement, nous arrivons à une chambre, elle me semble familière, trop familière ! Bordel ! C’est celle où il m’a mordue !

— A qui est cette chambre ? demandé-je avec méfiance.

Mon esprit est assailli par les images de la soirée de samedi, me laissant nager en pleine confusion émotionnelle.

— A toi … Et… À moi, me répond-t-il avec un sourire.

Il joue avec mes nerfs ce n’est pas possible ! D’un seul coup il est tout près, mon corps frissonne, le traître !!! Il pose sa main sur ma joue meurtrie.

— Qui ? m'interroge-t-il d'une voix menaçante qui m’effraie.

Il s'en rend compte et baisse d’un ton, avant de continuer.

— Qui t’a frappée ?

— Ce n’est rien, je me suis défen…

— QUI ?

Cette fois la voix du roi gronde.

— Je ne connais pas son nom, mens-je sans savoir pourquoi. Puis de toute façon, ça ne changerait rien, d’ici quelques semaines, lorsque vous m’aurez vidée de mon sang et que je serai morte, vous ne vous demanderez pas qui, vous saurez que c’est vous !!! hurlé-je à bout.

Wahou, cette longue tirade m’a fait du bien, je n’aurai peut-être pas dû lui crier dessus, toutefois, ça soulage. Face à cet homme, ou plutôt ce vampire, je ne me reconnais pas… J'ai toujours été un peu rebelle, mais jamais au point de mettre ma vie en jeu...

— C’est mon droit de te saigner, dit-il sans la moindre compassion.

Je tente de reculer, le regardant à la fois choquée et effrayée tant il semble sérieux, il me retient. 

— Toutefois j’ai l’intention de faire de toi ma compagne.

— A d’autres, vous voulez juste une poule pondeuse et un bon repas frais !

Bon sang ! Je ne pourrai pas la fermer !

— Je dois avouer que ton sang est divinement bon, les autres me paraissent bien fades à côté. Il a quelque chose de spécial…

Sa langue caresse ses deux canines bien visibles, ce geste est troublant, presque érotique. Il me rappelle ce que dont j'avais envie toute la semaine et dont j’ai été privé…

Je secoue la tête et change de sujet sans oser le regarder.

— Où sont les autres ? On doit être dix, je veux bien leur laisser ma place ici, ça ne me dérange pas, mais alors pas du tout, tenté-je de négocier.

— On va discuter des règles tout de suite ! me reprend-t-il apparemment vexé. Tu dois être obéissante, faire absolument tout ce que JE te dis. Tu ne dois en aucun cas être insolente, donc tes petites piques, c’est terminé ! Si tu me trahis de quelquesfaçons que ce soit, la mort t’attendra, et pas en tant que vampire ! Me suis-je bien fait comprendre ?

— Dites que vous vouliez une esclave, ça ira plus vite, réponds-je agacée.

— Très bien, tu n’as pas compris. Première punition.

Je le regarde éberluée.

C’est une blague !!!

En un rien de temps, je me retrouve sur son épaule, portée comme un sac de patates, puis il se met en route. Les pièces défilent tellement vite sous mes yeux que je préfère les fermer. La nausée me retourne l’estomac, s'il ne me pose pas rapidement, il sera bon pour un lavage complet. Lorsqu'il s'arrête, je soulève doucement les paupières et découvre qu'il m'a emmenée dans ce qui me semble être des cachots.

— Tu passeras ta nuit ici, l’insolence n’est aucunement admise ici, tu vas devoir changer de ton quand tu t’adresses à moi.

Sa voix est froide, sans émotion.

Que répondre à ça ?  Je n’en vois pas l’intérêt, il me regarde attendant sûrement une réponse.

— Très bien, dit-il l’air déçu.

Il ferme et s’en va. Je me retrouve seule et sur le coup ma joie explose, premièrement je ne dormirai pas dans son lit, deuxièmement, il ne pompera pas mon sang, et troisièmement, ce n’est pas aujourd’hui que je croiserai les autres femmes qu’il a choisi.

Pourtant je déchante vite, une sensation de manque m’oppresse la poitrine.C’est inexplicable… Mes membres deviennent douloureux, mon estomac commence à se tordre. Plus le temps passe, plus ça empire, quand on m’amène à manger trois heures plus tard, je suis trempée de sueur, et dans l’incapacité de remuer, mon corps me fait horriblement souffrir…

Après un long moment, des mains fraîches et douces, caressent mes joues avant de glisser, la première, sous mes jambes et la deuxième dans mon dos, on me soulève, calé dans des bras vigoureux, je sombre.

 Je me réveille dans une baignoire, nue, me sentant légèrement mieux...

— Ça n’est jamais arrivé aussi vite, dit-il à voix basse.

Bordel ! Je porte ma main à mon cœur, tellement il m’a effrayée, il est derrière moi, dans la baignoire. J’essaie de me couvrir avec mes bras, j’ai confondu sa peau froide avec l’émail, ce qui n'est pas bizarre du tout !

Concentre-toi Mélanie, qu’a-t-il dit ?

— Qu’est-ce qui n’est jamais arrivé aussi vite ?

— La sensation de manque.

— Quoi ? C’est quoi ça ? m'écrié-je en me rappelant que c'est exactement ce que je ressentais dans cette cellule.

— Je t’ai mordu, et quand un vampire mord une humaine, celle-ci finit par être en manque si celui qui l’a mordu ne recommence pas. D’habitude, il faut environ trois semaines pour ressentir le manque.

Il semble désappointé.

— C’est pour ça que j’étais si mal alors… compris-je.

— Oui.

— Pourquoi ça m’arrive aussi rapidement ? M’avez-vous fait quelque chose de particulier ?

— Non ! Et tutoies-moi ! Tu es ici pour un long moment…

Il n'a pas tort, pensé-je. Comment pourrais-je fuir de ce manoir entouré et gardé par des vampires ? Sans se douter des pensées qui m'assaillent, il reprend.

— Je ne sais ni ne comprends, c’est la première fois. Peut-être y es-tu plus sensible. N’as-tu rien ressenti d’étrange en venant ici ?

— Heu … Non...

Je mens, c’est sûr, je ne dois même pas être convaincante ! Mais s’il découvre la vérité, il pourra en jouer...

— Il est impossible de se sevrer d’une morsure de vampire, surtout celle d’un des plus vieux.

Je ne comprends pas…

— Quoi ? Que veux-tu dire ?

— Que si je ne prends pas ton sang, tu mourras !!!

4

 

Mélanie.

 

Il faut que j’assimile sa réponse, alors il n’y a que deux choix et ce n'est pas réjouissant, qu’il me morde ou non, la vie peut me quitter, en prenant mon sang, il pourrait très bien ne pas se contrôler et me vider sans le vouloir...

Par contre il a raison sur un point, je l’ai senti sur la route, je le sens encore, plus les secondes passent, plus j’en ai envie, c’est même devenu un besoin urgent, à tel point que je ressens une douleur au creux de mon estomac.

— Alors mords-moi !

— Tu le sens ? N’est-ce pas ?

— Comment le sais-tu ? demandé-je naïvement.

Forcément qu’il sait. Je ne suis pas la première et ne serait pas la dernière… Cette pensée me fait mal bien plus que je ne le voudrais…

— Parce qu’il n’y a pas que toi, j’avais déjà envie de te mordre avant que tu ne passes la porte tout à l’heure, et maintenant que tu es près de moi, l’envie est encore plus forte.