Marquée - Anne Lejeune - E-Book

Marquée E-Book

Anne Lejeune

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Beschreibung

Alors qu’elle a été mordue par un loup avant la consécration, Éva tente de calmer son tempérament volcanique. Mais rien ne va. Malon, le responsable de sa morsure, continue de la poursuivre en clamant qu’elle est son âme sœur, mais contrairement à sa famille, elle n’est pas capable de le reconnaître. Comme si ça ne suffisait pas, son ex revient à la charge et elle n’est pas certaine de ses intentions. Sans compter les familles du clan Rubis à retrouver, et la guerre mêlant les loups, les sorciers, les vampires ainsi que d’autres créatures, qui se prépare. Va-t-elle réussir à tout gérer et protéger ceux qui lui sont chers ?

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Anne Lejeune

 

 

 

 

 

 

Marquée

Tome 3

 

 

 

Art en Mots éditions

 

 

 

 

1

 

Deux jours avant la consécration.

Éva.

 

La porte claque, je me regarde dans le miroir tout en pensant à ce mec. Ce loup est un psychopathe ! Avec un corps à tomber par terre... Sans aucun doute... Très grand, il me dépasse de plus d'une tête, des épaules larges, des cheveux bruns qui retombent en batailles sur sa nuque, un visage taillé au couteau, des yeux passant de marrons a mordorés, mais dans sa tête, c'est un véritable psychopathe quand même ! — 

— Putain de merde ! C'est vraiment un enfoiré celui-là ! Comment a-t-il pu me mordre ! Et après il vient me parler d'âme sœur ! Nous n'en avons pas la même notion apparemment !

Lorsque ses dents ont pénétré ma peau, la sensation était électrisante, délicieuse...

Une drôle d'énergie m'a alors parcourue, partant de ma poitrine pour remonter à la racine de mes cheveux et descendre à la pointe de mes orteils, jusqu'à ce que je sente un liquide visqueux et chaud, dégoulinant sur ma peau. La couleur rouge m'a complètement sortie de cet envoûtement dont il me retenait prisonnière. La fureur s'est emparée de mon âme quand j'ai compris ce qu'il avait fait.

Me marquer…

Non, mais il s'est pris pour qui !!!

Lorsque j'entends frapper à la porte, j'espère pour lui que ce n'est pas ce maudit loup qui revient à la charge. Je nettoie rapidement la morsure, elle fait la taille de sa mâchoire, soit environ dix centimètres de diamètre, le sang ne coule presque plus, ce qui est quand même étonnant...

— J'ARRIVE ! crié-je depuis ma salle de bain.

J'applique une compresse et la maintiens avec du sparadrap. Je remarque maintenant quelque chose d'étrange : je ne ressens aucune douleur, même quand je frotte la compresse et applique le désinfectant, rien…

Les coups sur la porte se font plus fort, ce qui m'irrite davantage.

— J'ARRIVE ! répété-je avec plus de verve.

Je m'empresse de coller un sparadrap pour maintenir tout ça, d'enfiler un tee-shirt et d'aller ouvrir, pour tomber nez à nez avec un de mes ex.

— Mathias ! Quelle agréable surprise ! lui dis-je sur le ton de l'ironie.

— Je sais, je peux entrer ? demande-t-il sûr de lui.

— J'étais un peu occupée là, vois-tu ! le rembarré-je en croisant les bras sur ma poitrine.

Décidément cette journée n'amène vraiment rien de bon !

Je n'ai pas spécialement envie de le voir, il est orgueilleux, narcissique, et puis je n'ai jamais ressenti la moindre passion avec lui, c'était bien, mais pas le nirvana non plus... C'est un blond aux cheveux plaqués en arrière, il arbore toujours un sourire suffisant, c'est dans sa nature. Je ne vais pas mentir et prétendre qu’il n'est pas beau, car il l'est, c'est indéniable, mais sa mentalité autant que son comportement égocentrique gâchent tout.

En ce qui concerne sa morphologie, il n'est ni maigre ni gros, néanmoins, en comparaison avec mon loup, pourrait le faire passer pour une allumette.

Et pourquoi je pense encore à lui ?

— Je pourrai t'aider... me dit-il en me poussant légèrement pour entrer.

— Mais vas-y, entre ! Fais-toi plaisir, dis-je sarcastique.

Même si depuis le début, je lui montre qu'il m'importune, que sa présence n'est en aucun cas désirée, il ne le remarque pas... Je suis certaine que même si j'écrivais en gros et bien noir sur mon front « DÉGAGE » il ne le verrait pas non plus. C'est désespérant.

— Merci.

Qu'est-ce que je disais déjà ? Il ne remarque rien... C'est vraiment un idiot…

— Tu fais dans les loups maintenant ? m’interroge-t-il tout à coup.

— Je ne vois pas en quoi cela te regarde !

Ce mec est exaspérant…

— On pourrait se remettre ensemble toi et moi... m'annonce-t-il avec un sourire qu'il espère sûrement charmeur.

— Non, mais tu ne vas pas bien ! J'ai déjà eu du mal à me débarrasser de toi, je n'ai certainement pas envie de recommencer ! m'exclamé-je.

Une fois de plus, il me répond comme s'il ne m'avait pas entendue, Mathias pense toujours qu'il est le centre du monde, il rêve, je préfère encore me taper ce psychopathe de.... Non. En fait, je préfère ne rien me taper du tout.

Conscience arrête de penser n'importe quoi !

— Allez quoi... Puis regarde ce corps.

Il fait un geste de la main pour se montrer de la tête au pied.

— Tu pourrais l'avoir à nouveau, termine-t-il.

Narcissique ! pensé-je en levant les yeux au ciel.

— Non, c’est gentil, mais je m'en passerai.

— Allez, on était bien tous les deux… continue-t-il avec insistance.

— Où vas-tu chercher ça ? Tu étais bien, toi ! Dès qu'on te regardait, il n'y avait que toi, toi et toujours toi qui comptais ! Alors si tu voulais bien te donner la peine de sortir, ce serait sympa !

Je le pousse jusqu'à la porte restée ouverte et le bouscule pour qu'il se retrouve dehors, mais, lorsque du coin de l'œil, j'aperçois Malon qui m'observe avec amusement, je décide d'agir d'une tout autre manière. J'attrape Mathias par le col de son tee-shirt et plaque ma bouche contre la sienne. Je l'embrasse langoureusement, je me donne presque en spectacle afin d'énerver le loup et surtout lui démontrer que je suis libre. Quand je me détache de lui, Mathias à l'air complètement étourdi par ce baiser alors que le loup lui nous fixe maintenant avec rage. La jubilation me sort par tous les pores. Dès que je rentre chez moi, je m’effondre contre la porte et m'essuie la bouche avec dégoût, ce baiser m'a écœuré.

Il embrassait bien pourtant avant... pensé-je sans comprendre...

Je me dirige dans ma chambre pour vérifier cette morsure, complètement perdue dans mes pensées, ils ont au moins le mérite de me distraire de ce qu'il se passe avec Aïmi. Je retire mon tee-shirt. Même le plus large des mouvements ne me fait pas mal, pourtant avec la taille de ses dents, je devrais encore le sentir... C'est ce qui est le plus étrange. Du moins, c'était ce que je croyais, mais lorsque je retire la compresse, il n'y a plus rien ! Ma peau est lisse et nette ! Je passe mes doigts dessus, m'attendant à un touché rugueux, mais non… Rien du tout !

Je me pince afin de vérifier que je ne rêve pas, mais lorsque je le fais, la petite douleur qui en résulte me montre bien que ce n'est pas le cas. M’a-t-il vraiment mordue ? Peut-être que je me trompe, que le loup n'était pas vraiment là, que ça sort de mon imagination... Mais là encore, c'est impossible. Le bandage est bien là, taché de sang pour me prouver le contraire. C'est fatigant…

Entre le physique et le moral, je suis exténuée. Alors je préfère me concentrer sur autre chose, quelque chose de bénéfique pour moi. Je retourne dans la chambre de Danny et m'assieds dans un rocking-chair près de son lit. Je m'endors, rapidement, en me balançant dessus...

 

Lorsque je me réveille le lendemain, j'ai l'impression que tout va de travers. Je renverse mon café en me le servant, ce qui ne m'arrive absolument jamais, en général je suis plutôt adroite. Je me brûle en voulant chauffer le biberon de Danny. Pour éviter d'autres maladresses, je laisse donc mes pouvoirs faire le reste de notre petit déjeuner, et de mon ménage, je ne prends plus de risque aujourd'hui. Quand j'entends frapper à la porte, je vais ouvrir, mais il n'y a personne, je baisse les yeux et découvre ce foutu tantral sur le pas de celle-ci.

— Maudit loup !

Je pense à le laisser sur le sol, et prendre le parti de l'ignorer, il finira bien par se faire une raison...

Ou alors...

Je change d'avis, ramasse le tantral et le jette en plein milieu de la rue. Il est sûrement encore là, étant donné que je suis rapidement allée ouvrir.

— Je ne t'appartiens pas ! Rentre-toi ça dans le crâne ! crié-je au dehors...

Deux sorciers du clan d’Émeraude se tournent dans ma direction, mais je n'y prête pas plus attention que ça, et retourne finir mon petit déjeuner.

 

Malon.

 

Alors elle veut jouer à ce jeu-là… Je suis peut-être patient, mais je ne partage pas ! Je me dirige d'un pas rapide vers le sorcier qui sort de chez elle.

— Tout va bien pour toi ? le questionné-je sur les nerfs.

— Génial, elle embrasse comme une déesse... me répond-il, visiblement inconscient du danger que je représente.

À mon avis, il ne se rend pas bien compte de « à qui il parle... ». Remarquerait-on sa disparition ? Je pourrai n'en faire qu'une bouchée, seulement ça ferait désordre... Cependant, l'image est si plaisante que je prends le temps d'y réfléchir davantage. Un sorcier arrogant étripé au milieu de la place... Ça ferait un super slogan...

— Eh ho... Tu es toujours là ? demande-t-il moqueur.

— Tu ne vas plus jamais t'approcher d'elle ! lui ordonné-je après avoir repoussé mes fantasmes meurtriers.

Il ricane.

— Tu penses vraiment que c'est un loup qui va m'en empêcher ? me nargue-t-il.

— Je ne le pense pas, je le sais !

— Et comment ?

Il tente de me pousser à bout, mais ce n'est pas de cette manière qu'il y parviendra...

— Elle m'appartient ! Et ça, tu ne peux rien y faire… Alors ne repose plus jamais tes sales pattes sur elle !

— De nous deux, c'est toi qui as des pattes, et sales...

Je me contrôle, encore, ce qu'il peut dire sur moi, me passe au-dessus de la tête, tant qu'il ne retourne pas la voir. Je me rapproche de lui de façon à ce que je lui murmure à l'oreille soit assez clair.

— Tu n'as aucune chance avec elle, tu n'auras rien de plus, donc soit tu la lâches, soit on arrangera ça à la façon de ma meute.

Je le menace ouvertement. Si ce sorcier croit une seconde que ce n'est qu’un jeu, il est à côté de la plaque. Autant qu’il le comprenne rapidement.

— Tu penses que je vais m'abaisser à un rituel animal ? Je vaux mieux que ça… Je vais t'apprendre quelque chose, c’est entre mes bras qu'elle a crié la première fois, et elle ne tardera pas à recommencer... C'est une belle garce !

Ses paroles transpirent de haine. Pourquoi la courtiser s'il la déteste autant ?

Je vois rouge, le sang pulse dans mes veines, il a dépassé les bornes ! Avant que je ne puisse me contrôler, je lui saute dessus plein de rage, toutes griffes sorties, avec la ferme intention de déchiqueter la moindre parcelle de sa peau, le plus petit morceau d'os.

Seulement ma prise est vide, je tourne la tête de chaque côté pour retrouver celui qui doit être ma victime, et le découvre derrière José. Mon second place ses bras en avant en me conseillant de ne pas approcher, son loup effleure la surface de sa peau, tout comme le mien, cela se remarque à ses yeux verts qui sont devenus ambrés.

— Calme-toi mon pote. Nous sommes sur leur territoire, nous ne pouvons pas faire ça… me conseille-t-il.

— Non, mais tu l'as entendu ? m'exclamé-je avec hargne.

— Ça oui, je l'ai entendu. Parfaitement même, mais tu sais aussi bien que moi que ça ne fonctionnera pas. Tu l'as marquée, je le sens depuis quelques minutes, me rassure José.

Il pivote ensuite face au sorcier qui, étrangement, ne fait plus le fier, il sait qu'il serait en charpie si José ne l'avait pas placé derrière lui.

— Quant à toi, tu vas rentrer chez toi ! Je l'ai retenu une fois, je ne le ferai pas deux ! Et cette sorcière, si tu avais un peu d'estime pour elle, tu n'en parlerais pas de cette façon !

Le sorcier commence à partir, mais finalement se retourne une dernière fois.

— Il ne l'aura pas ! s'énerve Mathias. Vous n'êtes même pas des hommes à proprement parler, et qu'est-ce que ça veut dire, il l'a marquée ? demande-t-il avec hargne après avoir repris contenance.

— Tu le sauras bien assez tôt ! Malon, viens avec moi. Je dois te dire quelque chose d'important à propos de Marek.

J'opine de la tête, c'est moi le chef, mais pour le coup, j'ai failli mettre l'accord avec les sorciers en péril, et par là même, la sécurité de ma meute...

Il faut que je me reprenne, j'en suis conscient, néanmoins, c'est difficile. Cette sorcière me rend complètement dingue…

 

2

 

Quelques jours après la consécration.

Éva.

 

Avec Tomas, Aïmi et Danny, nous allons récupérer le cinquième enfant. La cinquième famille. Nous ne savons pas du tout ce qui nous attend. Nous savons juste que c’est à 7 h de route, d'après la carte. Rien d’autre… Le trajet s'est déroulé sans encombre, nous avons fait une halte pour manger dans un parc. Heureusement que nous en avons emmené pour un régiment, car depuis qu'elle sait qu'elle est enceinte, Aïmi ne mange pas, elle dévore ! Elle engloutit tout ce qui se trouve sur son passage et qui est sucré, ce qui impressionnant à voir.

Lorsque nous arrivons enfin dans la ville de Cornage de la contrée des Baies, c'est un soulagement, faire autant de route, surtout avec un bébé en si bas âge est épuisant. Le pauvre, même allongé confortablement dans son siège, ne peut pas dormir tout le temps, puis il a besoin de sentir un peu de chaleur humaine... Pourtant il était nécessaire que je les accompagne, et même si la raison reste floue, je me dis que c'est peut-être à cause de ce don particulier…

Puis je dois avouer que j'en avais ras le bol d'être dans cette voiture. J'ai réellement envie de prendre l'air alors dès que le véhicule s'arrête, je descends pour me dégourdir les jambes. J'en profite pour prendre une longue inspiration avant de regarder où nous sommes. Le spectacle qui s'offre à nous est splendide, le paysage est rempli de plaines verdoyantes dans notre dos, alors que des arbres majestueux et remplis de feuilles vertes s'étendent à perte de vue. On peut entendre au loin le pépiement des oiseaux ce qui ne gâche rien.

Tomas vient vers moi.

— Je ne comprends pas... me dit-il.

— Quoi donc ? demandé-je totalement prise dans la contemplation.

— Le rubis brille, ça signifie que le sorcier ou la sorcière n'est pas loin, mais où ? Il n'y a que des bois devant nous…

C'est comme si mon cerveau se remettait en marche, je reviens à la réalité, me rappelant pourquoi nous sommes ici. Il a raison, cela ne veut dire qu'une seule chose : cette famille doit être cachée dans les bois...

— Il n'y a plus qu'à chercher… Il ou elle est forcément là.

Il acquiesce et attrape sa compagne par la main.

— On reste ensemble, m’annonce-t-il.

— Non, le contredis-je. Si c'est vraiment ce qu'on pense, il faut se dépêcher, on ne sait pas depuis combien de temps ce petit bout est ici, ni pour quelle raison. Et imagine qu'il ou elle soit seul… Le temps presse ! Alors vous vous allez d'un côté, et moi de l’autre.

— Et si tu te perds ? s'inquiète Tomas.

— Parce qu'à deux vous ne pouvez pas vous perdre ? le contré-je.

— Ben... Heu... Si... Mais... bafouille-t-il.

— Stop, le coupé-je, nous perdons du temps, allons-y !

— S'il te plaît, ajouté-je voyant qu'il commence à froncer les sourcils.

Il est vrai qu'en général je suis quelqu'un d'affirmé, mais là, à ce point, ça ne me ressemble pas…

— Très bien, mais tu fais attention à toi… accepte-t-il à regret voyant qu'il ne gagnera pas cette bataille.

— Promis.

Nous nous mettons d'accord sur ce que nous ferons pour retrouver notre chemin, errer dans les bois, incapables d'aller vers la sortie, n'est pas comme ça que je compte finir la journée. Puis nous nous donnons un symbole afin d'indiquer les lieux où nous serons passés. Nous nous séparons, je rentre de mon côté, entre les branches, avec juste Danny dans les bras. Ça me donne la chair de poule, les arbres se ressemblent tous, mais j'utilise le marqueur mental : je pose ma main contre un arbre, laissant une marque de celle-ci pour me souvenir du trajet, et une marque de deux doigts pour signaler que je suis déjà passée par là. Je continue de tourner, inspectant chaque recoin. Ne voyant rien, je m'enfonce un peu plus dans cette forêt dense. Heureusement que j'ai laissé des traces, parce que sans cela, je serai dans l'incapacité de revenir en arrière, cet endroit est un véritable labyrinthe.

Au bout d’un certain temps, totalement défaite, je rebrousse chemin. Je ne l'ai pas trouvé, mais peut-être que Tomas et Aïmi oui. Lorsque j'arrive à la voiture, je les vois qui m'attendent, seulement, à ma plus grande déception, il n'y a personne d'autre. À leur mine accablée, je comprends qu'ils espéraient ne pas me voir revenir seule.

— Vous ne l'avez pas trouvé ? demandé-je quand même sans vraiment trop y croire.

— Non, rien, me répond tristement Aïmi. Et je vois que toi non plus.

— Pourtant le rubis ne s'arrête pas de briller ! s'écrie Tomas aussi désappointé que je le suis. Que te dit ton instinct Éva ?

Je lui ai expliqué il y a quelque temps que je pouvais savoir où se trouvaient les êtres surnaturels, c'est ce qui, d'ailleurs, m'avait permis de trouver Danny. Je savais précisément où aller.

— Il me dit qu'il est ici... Dans ces bois. Je le sais, j'en suis certaine. Mais je n’ai rien vu… Et si finalement je me trompais… terminé-je désespérée.

— Je ne crois pas, on pourrait essayer autre chose, propose Tomas.

— Quoi donc ? s'enquiert sa compagne.

— On pourrait tenter de localiser ce jeune sorcier dans notre tête, pour savoir exactement où il est...

— D'accord, va pour le sort de localisation, approuvé-je.

— Merci, j'ai eu un blanc pendant une minute. Je n'arrivais pas à remettre le nom du sort… dis mon neveu honteux.

Sa réflexion me fait sourire. Avec le nombre d'incantations, de sortilèges et de potions qui existent, il m'arrive aussi parfois d'oublier certaines appellations...

Dès que nous sommes d'accord sur la manière de procéder, je ferme les yeux, et visualise le meuble qui se trouve contre le mur de ma salle à manger. Toujours mentalement, je l'ouvre et attrape des bougies. Lorsque mes paupières se soulèvent, je tends la main et regarde les cinq bien calées entre mes doigts. Je les dispose en cercle sur un coin d'herbe et m'assieds presque au milieu. Tomas me rejoint et prend la même position que moi : en tailleur. Nous collons nos paumes les unes contre les autres, les miennes contre les siennes. Nous avons découvert que cette façon de faire développait de façon plus importante nos pouvoirs, et les rendait plus puissants.

Tous les deux, les paupières baissées, nous pensons au rubis, ainsi que cette forêt. Les arbres se succèdent dans notre esprit, je sais que nous voyons la même chose, grâce au lien créé par nos mains soudées. Lorsque les images s'arrêtent de défiler, n'en laissant plus qu'une, bien nette, je l'observe. Elle représente des arbres, mais je ne vois toujours personne.

Je grogne de frustration avant de comprendre…

Nous avons forcément fait erreur !

— Ça ne marche pas ! s'énerve Tomas.

— Je pense que si au contraire.

— Mais pourquoi il n'y a que des arbres alors !?

Je constate qu'il est autant inquiet que frustré.

— Calme-toi. Je pense que notre petit protégé est bien ici, mais ce que je ne comprends pas, c'est comment fait-il pour déjà pouvoir se cacher de nos yeux ? C'est vrai, il ne devrait pas avoir plus de trois ans ! m'exclamé-je.

— Et si on s'était trompé ? reprend Tomas.

— Il ou elle est bien là ! affirmé-je.

— Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, écoute d'abord. Nous l'avons appris il y a trois ans, mais personne ne nous a dit que c'est à partir de ce moment que ces naissances ont eues lieu. Nous l'avons simplement supposé… Et si il ou elle, comme tu dis si bien, était plus âgé ? De plus, il est certainement seul, pour quelles raisons ? C'est un autre sujet à éclaircir, néanmoins je doute qu'une famille entière se cache là-dedans, termine-t-il en désignant du regard l'immense étendue de bois derrière moi.

— Je ne pense pas non plus. Et si tu as raison, il pourrait alors utiliser le sort de camouflage ! Ce qui serait un exploit pour un enfant… réponds-je excitée à cette idée.

— Comment l'aurait-il appris ? C'est un sort important qui nécessite une grande concentration. La moitié des sorciers adultes ne sont pas capable de le faire !

— On s'en fiche de ça ! On va suivre cette voie et essayer de lever ce sort.

Aïmi, qui tient entre ses bras Danny depuis que nous sommes revenus, se manifeste.

— Allez-y, je vais rester dans la voiture avec ce petit bout. Nous vous attendrons sagement. N'est-ce pas, lui demande-t-elle en souriant à Danny.

— Je ne veux pas te laisser seule, répond Tomas. Vous laissez seuls…

— Ne t'inquiète pas, le rassure-t-elle en l'enlaçant tout en faisant attention au bébé. Nous attendrons dans la voiture et je la verrouillerai.

Il acquiesce et l'embrasse, je me retourne pour leur donner un peu d’intimité.

Qu'est-ce que je les envie ! Avoir un compagnon qui me protégerait, me comprendrait, mais surtout m'aimerait, serait un pur bonheur. Malheureusement, je sais que cela me sera impossible à cause du lien étroit entretenu par des jumeaux. Il ne faut plus que je pense à ça. Le ruminer ne changera jamais quoi que ce soit…

Je me recompose un visage impassible, même en sachant qu’Aïmi n'en sera pas dupe, et reprends la parole.

— Je retourne du côté où j'étais.

— D'accord, je fais de même.

Je le vois s'arrêter à la lisière du bois, tout comme moi. Je me concentre en fermant les yeux et faisant abstraction de tout ce qui m'entoure, les bruits, du vent, de feuilles et autres de la nature.

— Ipsum nobis revelavit1.

Puis je m'engage à nouveau entre les arbres, repassant exactement aux mêmes endroits et ouvrant bien grands les yeux, scrutant chaque branche qu'un enfant pourrait grimper. Je me reconcentre une seconde après m'être enfoncée profondément dans la forêt.

— Ipsum nobis revelavit.

Puis reprends mes recherches, lorsque soudain je le vois. Un jeune garçon d'une dizaine d'années, ses vêtements sont déchirés et sales, son jean beaucoup trop court, tout autant que le gros pull qu'il porte. Il me scrute attentivement, et à découvert. Le pauvre doit penser qu'il est encore caché par son sort…

Je m'approche de lui, faisant comme si je ne pouvais pas le voir, continuant d'explorer chaque minuscule parcelle sous mes pas. Il ne bouge pas, ayant certainement peur de faire du bruit en brisant des branches sèches sur le sol, ce qui me rend la tâche plus facile. Lorsque je suis enfin assez près, je l'attrape en lui tenant fermement les mains, pour éviter qu'il ne se blesse en tentant de se dégager.

— Je ne te veux aucun mal… lui annoncé-je doucement. Je suis venue te chercher, je veux juste t'aider.

— Laisse-moi partir ! grogne le jeune garçon. Et puis d'abord qui es-tu ? Comment tu as fait pour me voir ? demande-t-il effrayé en continuant de se débattre.

D’un geste lent, je desserre légèrement ma prise pour limiter son angoisse.

— Je m'appelle Éva, et je suis comme toi. Une sorcière...

Il cesse de remuer instantanément, ses yeux me fixent écarquillés.

— Alors c'était vrai ! s’exclame-t-il se tenant toujours un peu en retrait, méfiant.

— Comment cela ?

— Je ne suis pas le seul à avoir des pouvoirs ! m'explique-t-il, étonné.

— Non, nous sommes très nombreux à être comme toi. Nous pourrons t'apprendre plein de choses, quoique tu m'as déjà l'air plutôt doué.

— C’est vrai que j'ai découvert quelques trucs, me répond-il, visiblement satisfait.

— Comment t’appelles-tu ? l'interrogé-je.

— Matthew.

— Enchantée Matthew. Est-ce que tes parents sont avec toi ?

Il secoue la tête négativement. Son visage qui était, tantôt inquiet, change littéralement, il est si triste que j'aimerai le serrer dans mes bras autrement que pour le retenir. Il ne peut pas rester seul ici plus longtemps, j'espère qu'il acceptera ma proposition...

— Est-ce que tu veux bien venir avec moi ? lui proposé-je.

— Où ça ?

— Dans notre clan, celui de Cristal, tu pourrais avoir un lit pour dormir et à manger, tu pourrais faire la connaissance d'autres enfants.

— Je veux d'abord une preuve que tu es une sorcière, m’annonce-t-il à nouveau méfiant.

Cet enfant a dû en voir beaucoup pour se tenir sur ses gardes de cette façon.

— Très bien. Alors, regarde.

Je ramasse une branche, et la tiens dans ma paume ouverte, face au ciel. Sous ses yeux ébahis, de petites branches apparaissent, ainsi que des bourgeons le long de celles-ci. De belles feuilles éclosent, devenant de plus en plus grandes jusqu'à avoir la taille maximale pour cette variété.

— C'est trop cool ! s'exclame-t-il à présent joyeux. Tu pourras m'apprendre ?

— Bien sûr, nous t'enseignerons tout ce dont tu auras besoin dans la vie. C'est promis, mais pour cela, il faut que tu viennes, tu veux bien ?

Il réfléchit une seconde avant de répondre.

— Oui...

Je lui tends la main, mais il la refuse et prend directement le chemin de retour, celui qui mène à la voiture. Je me demande s'il ne nous a pas épiés depuis le début. Ce jeune sorcier est surprenant…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3

 

Éva.

 

Le retour jusqu'au clan s'est fait dans les rires. J'ai présenté le petit Matthew à Tomas et Aïmi, puis nous avons directement pris la route. Je lui ai parlé de Danny qu'il a voulu prendre dans ses bras, être un grand frère aurait apparemment été une joie pour lui. Ensuite, il n'arrêtait pas de poser des questions sur le clan.

Comment il était ?

Qui vivait là-bas ?

Il est très curieux, ce que je pense être un bon point pour la suite. Nous ne l'avons pas encore interrogé sur le fait qu'il se soit retrouvé seul dans les bois, nous doutant qu'il doit avoir de bonnes raisons. Ni sur comment il a pu acquérir de telles capacités. Je ne tiens pas à retirer le sourire de son visage, j'essaierais d'en apprendre plus demain, avec tact. Je demanderai à Aïmi d'être présente, elle saura plus facilement ce qu'il ressent, poser les bonnes questions et également à quel moment s'arrêter.

Dans la voiture je lui ai donné un sandwich ainsi qu'une barre de céréales qu'il a avalée en un quart de seconde. Et dès que nous arrivons, je m'empresse de lui préparer un bon repas, il doit mourir de faim, surtout après toutes ces heures de route, puis il doit certainement être fatigué, ses yeux sont cernés.

Ce jeune adolescent me touche. Je m'interroge sur la manière dont il s'est retrouvé dans les bois, sans personne pour le soutenir, en imaginant que c’était la seule et unique solution pour sa survie… Ayant perdu mes parents très jeune, je m’aperçois que j'ai eu de la chance, beaucoup de chance. Au moins j'avais ma grande sœur, mon beau-frère, des vampires et d’innombrables sorciers, alors que lui…

Je me secoue afin de chasser mes idées noires, pendant qu’il me regarde m'affairer à la tâche avec une expression d'envie imprimer dans le regard. Pour aller au plus vite, je décide de lui faire une bonne omelette garnie, en espérant que ça lui plaise...

Lorsque j'ai terminé, je pose son assiette sur la table et m'en prépare une également, il attend patiemment que je m’asseye à côté de lui pour commencer à manger.

— Hum, soupire-t-il en avalant la première bouchée. Ché cro bon.

Il me fait rire et en même temps, j'ai de la peine pour ce garçon... Au lieu de lui poser les questions qui me tourmentent, je le laisse manger tranquillement en attaquant aussi mon assiette. Danny s'est endormi depuis un petit moment. Il est déjà très tard, presque minuit, et je remercie le ciel qu'il fasse déjà ses nuits, me souvenant qu'Adelina se réveillait régulièrement pour être nourrie et changée, et ce pendant plusieurs mois. Je n'avais jamais vu Mélanie aussi fatiguée.

Me levant pour débarrasser, je l'interroge sur ce qu'il pense être le mieux pour lui.

— Où veux-tu dormir ? J'ai une chambre de libre si tu veux, ou alors, chez Aïmi et Tomas, ils me l'ont proposée tout à l'heure. Je peux aussi te trouver une chambre chez des sorciers où il y a des enfants en attendant demain, ensuite, nous discuterons avec toi, de manière à savoir si tu te sens bien parmi nous.

— Je peux rester ici… me demande-t-il timidement.

— Avec plaisir, et le temps que tu voudras…

Je mets les assiettes dans l'évier, et jette le sort qui leur permet de se nettoyer d'elles-mêmes. La vaisselle vole au-dessus du bac à eau, et une éponge vient se poser dessus, elle frotte correctement chaque ustensile, utilisé pour le repas. Matthew observe ce manège avec attention.

— Allez, viens avec moi, lui dis-je après avoir terminé. Tu dois être exténué.

— Oui, c'est vrai...

Je lui montre la salle de bain afin qu'il prenne une douche et pendant qu'il le fait j'appelle Lyssa pour lui demander des vêtements. Elle arrive quelques minutes après, avec ce qu'il faut pour Matthew. Elle est allée frapper chez les Rivers, une famille de sorcier du clan Opale, pour emprunter de quoi dormir et le nécessaire afin qu'il puisse s'habiller le lendemain. On pourrait se servir dans un magasin ou encore dans des maisons humaines, mais ça serait du vol. Chose inadmissible pour nous les sorciers. Chaque vêtement que nous portons est conçu dans chaque clan. Plusieurs machines à tisser sont envoûtées pour créer tout ce dont nous avons besoin. Il sera toujours temps demain de faire ce qu'il faut pour le jeune Matthew.

— Il est où ? me demande Lyssa après avoir passé la porte.

— Il se lave, je pense que ça doit le changer des ruisseaux. Ne bouge pas, je vais lui donner les vêtements, je reviens, réponds-je à ma sœur en lui retirant le paquet qu'elle tient entre ses mains.

Je retourne rapidement à la salle de bain et frappe.

— Matthew ?

— Oui ?

— Peux-tu entrouvrir la porte, je t'amène de quoi te changer, le préviens-je.

Il fait ce que je lui demande avec un sourire attendrissant, puis me remercie.

— Quand tu auras fini, tu pourras me rejoindre au salon, je voudrais te présenter quelqu'un.

— D'accord.

Je retourne voir Lyssa et discute avec elle, en particulier, de Matthew. Nous nous retournons toutes les deux lorsque nous entendons une petite voix dire doucement « je suis là ». Le pauvre semble si gêné que je vais directement jusqu'à lui.

— Viens avec moi, ma sœur est dans le salon. Elle fait partie du même clan que toi.

— Du même clan ? m'interroge-t-il avec incompréhension.

— Oui, c'est ce que je t'ai expliqué dans la voiture. Chaque sorcier appartient à un clan. Moi je fais partie du Saphir, alors que Lyssa et toi du Rubis. Cela se voit à nos yeux dans lesquels se reflète la couleur de nos pierres. Tu auras le temps d'apprendre tout ça.

— Mais pourquoi sommes-nous au clan de... Il réfléchit avant de continuer. Cristal ? termine-t-il incertain.

— Oui, celui de Cristal. En fait, ce clan est fait pour réunir tous les sorciers sans distinction. Chacun à son propre village pour qu'il soit à l'aise et se sente chez lui, mais à côté, tout le monde se retrouve pour vivre ensemble.

— Et il n'y a que des sorciers ?

— Non, répond Lyssa. Il y a des humains, des arakaras, des loups et des vampires, mais sois tranquille, tu ne risques absolument rien, ajoute-t-elle précipitamment voyant qu'il commence à être effrayé.

— C'est quoi une arakara ? nous questionne-t-il intéressé.

— Si tu le veux bien, nous continuerons cette conversation demain, tu dois être fatigué et je t'avoue que je le suis aussi, réponds-je, las de cette longue journée.

— C'est vrai… confirme-t-il d'une petite voix.

— Allez viens, cette fois je t'accompagne à ton lit.

Il me suit tranquillement jusqu'à la chambre, j'ouvre la porte et il file directement se mettre au lit, je m'approche et remonte la couverture sur lui.

— Dors bien Matthew.

— Éva ? me rappelle-t-il.

— Oui ?

— Merci d'être venu me chercher...

— De rien. Jamais on ne t'aurait laissé, on n’aurait pas abandonné, il était impensable de repartir sans toi.

— Bonne nuit.

— Bonne nuit Matthew.

Je ressors et laisse la porte entrouverte, même si je pense qu'il n'en a pas besoin, je préfère, ça me rassure, je ne connais pas cet enfant, mais je pense qu'il a dû vivre des choses difficiles, des choses que personne ne devrait voir.

Je retrouve Lyssa dans le salon et m'installe auprès d'elle.

— Que vas-tu faire de lui ? s'enquiert ma sœur dès que je suis assise.

— Je ne sais pas, il n'a pas l'air d'avoir ses parents...

— C'est triste il est si jeune...

Elle n'a pas tort, néanmoins, ici, il a sa place. Il sera facilement accepté par tout le monde, et fera un grand sorcier...

— Jeune, mais fort... Je resterai derrière lui. Comme pour Danny, je me battrai pour que chaque enfant ait une famille, dis-je avec véhémence.

— Je t'aiderai, en fait je pense que tout le monde t'aidera. Tu sais qu'il leur faudra un homme dans leur vie ?

— Je sais, j'espérais pouvoir compter sur Brian Alphée et tous les autres…

Il est évident que ce n'est pas dans ma maison que ces garçons trouveront une identité masculine pour se construire…

— Et comment ça se passe avec Danny ?

— Génial, ce bébé est adorable, par contre je pense qu'il commence à faire ses dents, mais tu sais avec un peu de...

— Colodianne… dit-on en cœur ce qui nous fait rire.

— Tu t'en sors très bien avec lui.

— J'espère. Il est vrai que j'ai eu de quoi m'entraîner avec Tomas, Adelina et tes enfants.

— En effet, tu nous as toujours épaulés avec Tessa, mais toi tu es toute seule, ce qui rend la chose moins facile. Et pourtant quand on te voit avec Danny, on ne douterait pas une seconde que ce n'est pas le tien. Tu t'occupes de lui exactement comme une mère le ferait.

Ce qu'elle me dit, là maintenant, me fait du bien. Moi qui avais peur de ne pas y arriver, de tout faire de travers, ça me touche au plus profond de mon cœur.

— Merci, lui dis-je avec émotion en lui prenant les mains…

 

 

4

 

Malon.

 

Heureusement que José a écarté ce stupide sorcier de mes griffes, sinon j'en aurais fait de la charpie ! Comment peut-il parler d'une femme de cette façon ? De celle qui est mienne de surcroît !

Il n'y a pas d'autres mots pour décrire ce que je ressens pour Éva. C'est ma louve, et elle finira par l'accepter, qu'elle le veuille ou non ! Mais qu'est-ce que je raconte, elle le voudra, un lien indestructible existe entre nous, il faut juste qu’elle se souvienne de ce lien…

— De quoi voulais-tu me parler ? demandé-je à José en quittant mes réflexions.

— Attendons d'être à l'intérieur.

— Pourquoi, tu as peur que je te morde ? réponds-je en souriant.

— Tu n'imagines pas à quel point…

Il est extrêmement sérieux, ce qui n'annonce rien de bon…

Nous marchons côte à côte jusqu'à la maison qui est maintenant la mienne. Je dois avouer que les sorciers ont fait les choses bien. À première vue, le clan de Cristal ressemble à un petit village campagnard, tout ce qu'il y a de plus simple, mais lorsqu'on passe entre deux maisons, un chemin nous conduit à chaque réplique parfaite de différent clan. La grotte, où l'on devrait emménager ensuite, est presque terminée, mais je ne suis pas certain de vouloir y vivre. J'ai pris rapidement mes marques au sein de la maison qu’ils m'ont attribuée, et surtout je m'y plais. Pourtant un chef de meute se doit de vivre avec les siens, afin de les protéger. Cela fait partie des protocoles et ce, depuis des siècles…

Tout à mes pensées, je ne me suis pas rendu compte que nous étions arrivés. José ouvre la porte de ma maison en voyant que je n'en fais rien et nous fait entrer. Je sors de mon mutisme en me postant face à la fenêtre.

— Que se passe-t-il avec Marek ? l'interrogé-je.

— Tu avais demandé à Gweltoz et Élana de surveiller l'ancienne grotte ?

— Oui en effet. Et qu'ont-ils découvert ?

— Marek a créé une alliance... m'informe José.

Je me retourne brusquement, et me place face à lui.

— Avec qui ?

— Des chasseurs.

D'un coup de pied j'envoie valser la table du salon qui va d’exploser contre le mur. Je poursuis sans me soucier des dégâts.

— Est-ce que Gweltoz et Élana savent pourquoi ?

— Malheureusement non...

— Comment peuvent-ils en être certains alors ?

C'est vrai, peut-être qu'ils ne les ont vu qu'une seule fois, ça ne ferait pas d'eux des traîtres, traînant avec des tueurs sans pitié…

— Ils les ont vus rejoindre la meute de Marek à plusieurs reprises et être accueillis comme s'ils étaient les bienvenus. Puis Marek lui-même est allé les retrouver dans leur propre maison, lorsque Elana, a observé discrètement par la fenêtre de celle-ci, elle a vu qu'elle assistait à une sorte de réunion. Elle a vu un échange.

— Quel type d'échange ? demandé-je révolté par tout ce que j'entends.

— Un vieux morceau de papier, contre de l'argent.

— D'où Marek sort-il cet argent ? Car soyons clair, nous n'en avons jamais eu !

— C'est la question que j'ai posée à Gweltoz et Élana, cependant même eux ne le savent pas…

— Ça ne sent pas bon José. Et qu'y avait-il sur ce papier ? L'ont-ils vu ?

— Elle n'était pas assez près, et donc n'en est pas certaine, mais elle a dit que ça ressemblait à une carte.

Ça ne sent pas bon du tout ! Il est en train de préparer un mauvais coup, sinon pourquoi faire alliance avec des chasseurs…

— Je crois qu'il est temps de lui rendre une petite visite, je dois savoir ce qu'il manigance !

— Je suis entièrement d'accord avec toi. Veux-tu que j'appelle d'autres gars pour qu'ils viennent avec nous ?

— Non, sinon il va le sentir comme une menace. Si on veut garder un semblant de paix, il faut absolument que nous n'y allions que tous les deux. Par contre, il faut que tu préviennes la meute, pendant que moi, je vais m'occuper des sorciers.

José acquiesce avant de sortir, je quitte la maison à mon tour pour me rendre chez Tomas. J'aimerais aller voir Éva, mais je sais que je dois la laisser respirer. Lorsqu'elle connaîtra les effets de la morsure, elle risque d'être encore plus effrayée. Toutefois, il ne faudra pas que je tarde trop. Je regarde le ciel dans la nuit noire, ce qui me donne une précision sur les prochaines lunes. À ce moment, je comprends qu'il lui reste moins de deux mois. J'ai hâte, elle me manque tellement...

J'ai beau frapper à la porte, mais personne ne me répond. Vu l'heure tardive, il est probable que tout le monde dort.

Fais chier !

Je vais aller me coucher aussi et retournerai le voir demain matin à la première heure. Sauf que lorsque je me pointe, après avoir passé la nuit, je constate qu'ils ne sont toujours pas là. Je me rends chez Éva, parce que finalement j'ai vraiment besoin de la voir, mais elle est aux abonnés absents également.

— Salut le loup, tu cherches ma sœur ?

Je me retourne sur Tessa qui m'observe de façon suspicieuse.

— Salut. Oui, je voulais la voir avant de m'absenter jusqu'à demain, me justifié-je sans savoir pourquoi.

— Désolée pour toi, mais elle est partie pour la journée.

Oh merde !

Comment veut-elle que je la protège si elle se barre je ne sais où à tout bout de champ !? Elle est encore plus incontrôlable qu'avant…

Je m'exhorte à me calmer en espérant qu'il ne lui arrive rien. Et si je partais la retrouver ? Non, ce ne serait pas sérieux pour ma meute, j'ai avant tout des responsabilités auprès de chaque membre, et même s'ils comprendraient, il m'est nécessaire de garder la tête froide.

— Et sais-tu où je pourrai trouver Tomas ?

— Il est avec elle. Tu veux que je leur passe un message à leur retour ? me demande-t-elle.

Au moins Éva n'est pas toute seule...

— Dis juste à Tomas que je suis parti à la montagne aux loups, que je dois voir Marek, et qu'avec José nous serons de retour demain.

Il faudra sûrement que je le voie ensuite, mais ça, je le garde pour moi. De loin, je vois José venir à ma rencontre.

— Je te laisse, je dois y aller. Bonne journée.

Je n'attends pas sa réponse et file, cette sorcière me sort par les yeux, elle ne se préoccupe plus que de son âme sœur, laissant sa jumelle se débrouiller, seule, et triste. Et comme pour ça, je ne peux encore rien faire, mise à part entourer mon Évana, comme par le passé.

Avec José, à peine sortis du clan, nous nous métamorphosons, retrouvons une forme primaire, plus sauvage, celle de nos loups. Cela fait du bien de pouvoir se dégourdir les pattes, sentir l'herbe fraîche et humide, ne faire qu'un avec la nature…

Au début nous allons donc moins vite, profitant de notre forme puissante et de la nature qui défile devant nous. Puis passé un moment, nous accélérons, ayant hâte d'arriver à destination.

Lorsque nous sommes en bas de la montagne, je pousse un hurlement histoire de les prévenir de notre arrivée. Ils ne sont pas plus d'une dizaine à être restée, ce qui fait qu'ils ne doivent pas avoir de sentinelles. Quand nous sommes enfin devant la grotte, nous nous retrouvons nez à nez avec Marek.

— Que fais-tu ici ? Ce n'est plus chez toi, me rappelle-t-il narquois.

— C'est vrai, mais je ne suis pas venu chercher la guerre, l'informé-je.

— Ah non ! Pourtant, tu m'as bien fait suivre si je ne me trompe pas. Je pourrai même te dire par qui !

Marek me nargue, il sait que je ne dois pas m'énerver. Je suis sur son territoire maintenant...

— En effet, je voulais m'assurer que vous alliez bien et que vous ne manquiez de rien. Je voulais également vérifier que tu n'allais rien tenter contre nous. Tu étais plutôt en colère lorsque nous sommes partis, alors tu ne peux pas m'en vouloir de protéger les miens...

— Ça n'a pas changé ! Tu les as lâchement abandonnés, les tiens !

— Nous avons simplement changé d'endroit ! Tout le monde pouvait venir, il n'y avait pas d'exclu !

— Je ne crois pas non ! Frayer avec des sorciers, c'est indigne de nous ! s'énerve Marek.

— Parce qu'avec des chasseurs c'est mieux ? Je te rappelle qu'une de leur bande est venue jusqu'ici pour s'en prendre à notre meute ! Que Nathaniel, Alaric et Julius sont morts de leurs mains, sans oublier Céleste qui n'arrive pas à se relever.

— Tsssss, c'est à cause de leur vampire, c'est elle qu'ils cherchaient à la base.

Alors c'est comme ça qu'il justifie la perte des nôtres ? Comment Nathaniel a-t-il pu garder un membre aussi égoïste au sein de notre meute ? Ne s'est-il pas rendu compte que ce loup était pourri jusqu'à la moelle ?

— Ça ne leur donnait pas le droit d'attaquer les loups ! Quant à cette vampire, c'est aussi une arakara, et quoi qu'il en soit cette jeune femme ne mérite pas de mourir !

— Tu as drôlement changé Malon... Toi qui étais contre les sorciers, tu oublies que tu as perdu des êtres chers à cause d'eux !

Oh, alors là il fait erreur, ces moments resteront gravés à jamais dans ma mémoire...

— Je n'oublie rien… Mais tu te trompes de personnes, cette génération n'est pas la même. Ce ne sont pas les mêmes personnes, on ne peut pas les blâmer pour les fautes commises par leurs ancêtres qui sont tous morts à l'heure d'aujourd'hui.

Lui faire entendre raison s’avère bien plus compliqué que je ne l'imaginais…

— Détrompe-toi ! Et je compte bien me venger, nous avons attendu bien trop longtemps ! Nous sommes restés passifs à cause de Nathaniel, il était faible, et apparemment tu es aussi faible que lui, tu es indigne de diriger notre meute, mais ça ne durera plus très longtemps !

— Je t'interdis de t'en prendre aux sorciers ! Tu ne les connais pas, tu ne sais rien d'eux !

Il me renifle et m'observe ensuite avec confusion, peut-être même avec crainte.

— Ce n'est pas possible... me dit Marek. Ce n'était pas censé se produire ! s’écrie-t-il avec colère. Pourtant ça explique beaucoup de choses !

— Quoi donc ? demandé-je ne comprenant pas où il veut en venir.

— Tu es lié à l'une d'elles ! Tu l'as retrouvée ! C'est pour ça que tu les protèges. Je vois que tu as déjà oublié ta sœur !

Je m'approche de lui et lui envoie une droite dans la mâchoire. Du sang coule de sa lèvre, mais il ne bouge d'un pouce, il caresse le sang qui s'écoule, et l'exhibe fièrement avant de le porter à sa bouche.

— Tu as attaqué le premier, attention aux représailles ! me prévient-il. Tu peux t'en aller maintenant, et un conseil, ne renvoie personne m'espionner. Je ne serais pas aussi indulgent.

Puis il rentre dans la grotte, me laissant là, estomaqué. Je vais devoir découvrir ce qu'il manigance, et au plus vite ! Pour ce faire, nous allons avoir besoin d'aide...

5

 

Éva.

 

J'ai très peu dormi la nuit dernière. J'ai passé mon temps à me retourner, encore et encore, dans mon lit. Je me sens énervée et inquiète, je ne sais pas pourquoi et cela me dérange. Pourtant je me suis répétée durant de longues heures que tout le monde allait bien. Passant chaque personne en revu, même le loup. Je me dis qu'une petite séance de sexe, ne me ferait pas de mal. Mais hors de question d'aller voir Malon, il en serait trop fier, et me bassinerait les oreilles avec son truc d'âme sœur. Non, je vais aller voir Mathias, même s'il est narcissique, c'était bon. En fait non, après réflexion, c'était passable, mais je n'ai pas le choix, je sens mon envie bien trop présente à mon goût, grimper en flèche, je ne peux plus la contrôler.

Ni une ni deux, je demande à Lyssa de venir veiller sur les deux garçons qui dorment encore profondément. Mon besoin devient urgent, je fonce jusqu'à la maison du sorcier dès que Lyssa a franchi l’entrée. Mon désir est pesant, pressant, incontrôlable…

Je frappe à la porte et lorsqu'il m'ouvre avec un sourire que je trouve antipathique sur les lèvres, je manque de rendre mon petit déjeuner.

La douche froide…

— Désolée… balbutié-je. Je t'ai réveillé pour rien, je me suis trompée.

Je repars sans demander mon reste, la tête basse, alors que le sorcier m'appelle, pourtant je ne me retourne pas. Lorsque j'ouvre la porte de chez moi, je ne reconnais pas l'intérieur, du moins la disposition des pièces et du mobilier est identique, cependant ce ne sont pas les mêmes objets qui traînent sur les meubles, rien de tout cela ne m'appartient, comment cela se fait-il ? Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions qu'une bouche affamée s'empare de la mienne avec passion, me dévorant toute entière. Le feu qui me rongeait jusque-là explose, je repousse Malon, et lui retire son tee-shirt, j'embrasse son torse avec une intensité hors du commun, comme si son corps allait se désintégrer devant moi, avant même que je n'aie pu satisfaire notre désir, du moins le mien…

Il soupire de plaisir lorsque ma main attrape sa virilité à travers son boxer, je l'ai certainement sorti du lit en entrant chez lui sans m'en rendre compte. Comment, d'ailleurs, suis-je arrivée là ? Je n'en sais rien, je me poserai la question plus tard, pour le moment, seul compte mon plaisir. Je pose ma bouche sur l'objet de mon désir, je l'engloutis sensuellement, titillant doucement le méat, le faisant gémir.

— Putain ma louve… Ta bouche est un réel délice…

J'enroule ma langue autour de son gland pendant que je le suce en alternant entre douce lenteur et vivacité sauvage. Quand je sens son membre commencer à pulser, je suis moi-même au bord de l'orgasme, sans même m'être touchée, je ne me contrôle plus.

— Je veux que tu viennes dans ma bouche…

Ma demande a raison de lui, il jouit immédiatement là où je le voulais. Son sexe ne désenfle pas, en moins de temps qu'il n'en faut, il me retourne et je me retrouve nue couchée, la poitrine écrasée contre le carrelage froid, le contraste entre la fraîcheur du sol et la chaleur de ma peau exacerbe mon excitation. Mon désir n'est pas redescendu, il a au contraire évolué, devenant encore plus fort, tellement intense qu'il en est certainement palpable. Je ne pouvais déjà pas lui résister, mais là, je sens que je mourrai s'il ne me comble pas rapidement. Je sens ses doigts entrer en moi, je me cambre à leur rencontre tandis que ses lèvres prennent possession des miennes alors qu'il maintient, d'une main de maître, ma tête sur le côté. Tout mon corps est en feu, et je me rends compte à cet instant que lui seul peut l'éteindre... Il se détache de mon corps, laissant parcourir ses mains sur ma peau avec une douceur qui m'électrise. D'un seul geste, je suis à nouveau sur le dos... J'essaie de le forcer à diriger son sexe en moi, mais il ne me laisse pas faire. Je sais ce qu'il attend et je ne peux pas y résister sous peine de me consumer sur place, la pulsion est trop forte, mes sens sont sens dessus dessous, je jugerai pouvoir entendre son cœur qui bat aux mêmes pulsations que le mien.

— Prends-moi, s'il te plaît.

— Pourquoi ?

— Putain Malon ! J'en ai besoin maintenant !

J'ai envie de le supplier de ne pas me laisser comme ça à même le sol, j'ai besoin de le sentir.

— Je ne veux pas te partager ! grogne-t-il.

— Mon corps t'appartient ! Mais s'il te plaît, fais quelque chose ! Putain Malon !

Ma supplique le fait sourire, j'essaie de me redresser pour le retourner et pouvoir le chevaucher, mais il m'en empêche. Ses deux mains puissantes et viriles attrapent les miennes, et les bloquent au-dessus de ma tête. Dans cette position, maintenue par lui, je suis complètement offerte à ses désirs. Je vais pour encore le supplier davantage de me satisfaire, mais il ne me laisse pas descendre plus bas dans l'humiliation. Je le sens me pénétrer, enfin, d'un seul coup et profondément, ce qui me fait lâcher un cri de plaisir.

— Oh oui, Malon !

Mon bassin suit ses mouvements, chaque fois qu'il se retire, je le recule, chaque fois qu'il entre à nouveau, je l'amène à sa rencontre.

— Tu es à moi, Éva, à moi tout entière, ton corps l'a déjà compris lui.

Je me fiche de ses paroles, la seule chose qui compte pour l'instant, c'est la façon dont il me remplit, la manière dont il fait grimper le plaisir, je ne peux résister longtemps à ses mouvements de hanche, mon orgasme explose, serrant son sexe dans un étau, mais il ne s'arrête pas, son membre poursuit ses va-et-vient, lorsque je reviens à moi, je sens que mon désir n'est pas entièrement assouvi, pas plus que le sien.

— Encore ? me demande-t-il fiévreux.

— Encore… acquiescé-je dans le même état.

Il se retire et me retourne brusquement, je me retrouve dos à lui, il agrippe mes hanches et les redresse sauvagement, afin que je sois à quatre pattes, puis replonge au plus profond de mon intimité. Dans cette position, je le sens encore davantage, du moins si c'est possible. Il pose ses mains sur mes seins et me ramène contre lui, c'est sensuel, je tourne ma tête pour l'observer une seconde, voir ce mâle me dominer complètement, qui semble connaître le moindre de mes désirs. Lorsqu'il s'empare de ma bouche, je plonge ma langue à l'intérieur de la sienne, ses doigts vont à la rencontre de mon clitoris, annihilant mes toutes dernières pensées. Ils tournent autour, le pincent, je jouis encore une fois, les sensations sont encore plus violentes que la première fois, je pousse un cri de dément lorsque je le sens répandre sa semence dans un grognement guttural, ayant pour effet de prolonger mon orgasme, il nous laisse tomber tous les deux sur le côté, sur le sol froid de l'entrée. Cela ne me dérange pas, j'ai besoin de fraîcheur, mon corps est bouillant.

— Regarde-moi ! m'ordonne-t-il.

Je n'ai pas la force de résister, et encore moins de me battre, alors je tourne ma tête jusqu'à lui, pour le découvrir, redressé sur un bras. À cet instant, je me sens totalement à sa merci, incapable de contredire ses attentes, prisonnière de ses désirs, ainsi que de ses prunelles dorées. Il approche sa bouche de la mienne, et m'embrasse tendrement, ses mains me serrant davantage contre lui. Ce réconfort est le bienvenu, et je l'accepte avec plaisir.

Je me rallonge ensuite ne quittant pas ses bras, fermant les yeux, juste une minute. Mais lorsque je les rouvre, je ne suis plus sur le sol, mais dans un lit, nue, avec un bras m'entourant la taille. Il me faut un peu de temps pour me remettre tout ce qu'il s'est passé ce matin.

Merde ! Les garçons !

D'autant que c'est le premier jour de Matthew à la maison et je ne suis même pas présente à son réveil ! Je ne peux pas me permettre de les laisser, juste pour assouvir des pulsions !

Je me relève, déplaçant doucement le bras au-dessus de moi, espérant ne pas le réveiller. J'ouvre la porte de la chambre.

— Où est-ce que tu vas ?

Je sursaute, tant il m'a surprise.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te réveiller, je vais juste aller rejoindre Danny et Matthew.

À la mention du deuxième prénom, je vois ses yeux se plisser et ses sourcils se froncer, sa jalousie effleure chaque centimètre de ma peau.

— Du calme le loup ! C'est un jeune sorcier de douze ans, que nous avons trouvé dans les bois, sans famille.

Je baisse les yeux sur ce dernier mot, ça me désole tellement pour lui, nous au moins, nous avions Mélanie, mais lui...

Deux bras réconfortants me sortent de mes réflexions.

— J'aime ce que tu fais pour eux. Tu leur offres une famille.

— Une famille avec juste moi, réponds-je amèrement sachant pertinemment que ces deux sorciers finiront par avoir besoin de plus au fil du temps.

— Je ne pense pas non…

Je le regarde interloquée, ne comprenant pas ce qu'il sous-entend. Puis quand je le vois en train de s'habiller, je comprends qu'il n'en dira pas plus et retourne à l'entrée pour en faire de même. Dès que ma peau est recouverte de tissu, j'appuie sur la poignée, prête à rentrer chez moi. Malon me devance.

— Que fais-tu ? lui demandé-je étonnée.

— Je t'accompagne.

— Ce n'est pas nécessaire tu sais, je retrouverai le chemin toute seule.

Son visage se contracte, signe de mécontentement.

— Tu n'es peut-être pas prête à l'admettre, mais tu es à moi ! son visage s'adoucit. Et j'ai très envie de rencontrer ce petit Matthew.

— Hé ho, l'homme de Neandertal, m'exclamé-je agacée par sa possessivité. Mon corps à peut-être envie du tien jusqu'à l'épuisement, mais ça ne veut pas dire autre chose !

Loin de se froisser, ma réflexion le fait sourire.

— Jusqu'à l'épuisement… Il est vrai que tu t'es endormie comme une souche entre mes bras...

Il est fier de lui ! Ce qui a le don de m'énerver encore plus et en même temps de me réjouir. Lui aussi s'est endormi…

Nous quittons donc sa maison pour rejoindre la mienne, ensemble…

 

 

6

 

Malon.