Duo Sudarenes : Humour - Serena Davis - E-Book

Duo Sudarenes : Humour E-Book

Serena Davis

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Beschreibung

Les confessions du vagin

Si le vagin pouvait parler, quel coup de gueule pousserait-il ? À travers des anecdotes croustillantes de rencontres avec des hommes, l'auteure ressort ses dossiers pour révéler les pensées féminines les plus inavouées. Un livre plein d'humour, écrit d'une plume libérée et assumée.
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Sex&love.com : Petite parodie des sites de rencontres !  Adaptée en piéce de Theatre

Les sites de rencontres, une fausse bonne idée ?

Alice, 33 ans, divorcée, 2 enfants sur les bras, décide de s’inscrire sur un site de rencontres histoire de pimenter sa vie sexuelle et sentimentale. De déconvenues en lueurs d’espoir, Alice nous raconte la vraie histoire du sexe par internet.

Une comédie corrosive qui autopsie l'homo erectus de la tête… au sexe.



CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE



"Celles qui ont déjà testé les sites de rencontres se reconnaitront forcément dans certaines histoires, celles qui n'ont jamais sauté le pas se rappelleront de l’anecdote racontée par leurs copines… car ça sent le vécu à chaque ligne. Un texte drôle et dans l'air du temps." - Mélanie Courtois, magazine Sensuelle


À PROPOS DES AUTEURES


Serena Davis est une romancière et nouvelliste d'origine bourguignonne, née en 1985. Ses œuvres, prolifiques et éclectiques, sont les pièces d'un puzzle formant un ensemble littéraire des plus énigmatiques, un véritable projet.


Nathalie Cougny est publiée depuis 2011 et artiste peintre autodidacte depuis 1996. Née en 1967, elle vit actuellement en région parisienne avec ses 4 enfants. En 1998, elle quitte son activité professionnelle au sein de la direction d’un grand groupe pour se consacrer au bénévolat dans le monde artistique durant 10 années. Elle codirige dès lors une école d'Art de 200 élèves, organise de nombreuses expositions d'artistes et des événements au profit d’un établissement philanthropique.



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Les Duos Sudarenes

 

 

 

Les C.V*

*Confessions du Vagin

 

 

 

 

Serena Davis

 

Préliminaires

 

Cette partie aurait pu s’intituler « introduction » ou encore « prologue » mais, compte tenu du sujet abordé, c’est tout naturellement que j’ai choisi de l’appeler « préliminaires ».

Avant de vous nourrir d’anecdotes croustillantes concernant les hommes, je vais essayer, sans vous raser, de me présenter.

 

Qui suis-je ?

Moi, c’est Cynthia, célibataire parisienne, résistante à la vie de couple.

Je pense, donc j’écris. Des nouvelles, des comédies et des romans sur des sujets sérieux, tels que celui qui m’intéresse ici, le sexe ; qui m’intéresse tout court, en fait. Tous mes romans parlent de sexe, ce qui, venant d’une femme, même au XXIe siècle, continue de choquer. J’entends déjà les protestations de parents exemplaires - qui ont sûrement trouvé leurs gamins dans les choux - ou l’indignation d’une amie intouchable qui n’a jamais eu de sperme sur la joue.

Pour ces gens, la vie elle-même est un sujet tabou.

Mon âge ? Au fond, on s’en fout. Les femmes qui sont dans ma tête et qui se con-fessent dans ce recueil de textes ont tous les âges : 20, 30, 40… Bon, j’admets, les mineures, on les a écartées.

Mon orientation sexuelle ? Si ces textes sont, pour la majorité, hétéronormés, c’est parce qu’ils ont pour objectif de souligner, avec dérision et sans accusations, les différences fondamentales entre les hommes et les femmes (si si, je vous jure, il y en a !). Ce qui ne renseigne en aucune manière sur mes préférences sexuelles. Vous seriez surpris, je ne suis pas difficile.

 

Est-ce que ces histoires sont vraies ?

D’aucuns se demanderont si ces anecdotes sont inspirées de mon expérience personnelle. Si je répondais oui, je n’aurais plus qu’à aller me réfugier tout droit au pôle Nord. Bien que je sois photophobe, les gelées extrêmes ne sont pas trop mon kif. Alors bon...

Tant pis si je traumatise Huguette et ses petites fleurs, elle n’a qu’à fermer les yeux.

Si je dis que ce n’est pas moi,personne ne me croira.

Je vous embrouille, n’est-ce pas ?

Allez, encore une fois, on s’en fout. Accouche ! 

Non, pas de bébé en vue : je ne couche pas sans capote. PRÉ-VEN-TION (on n’en parle pas assez dans les livres).

 

Pourquoi ce livre ?

Pour deux raisons (que l’on juge bonnes ou pas) :

Parce que ça fait du bien.

Parce que ça ne fait pas de mal.

Bien sûr, ces textes n’ont pas de valeur universelle : il convient de ne pas généraliser. Et puis, ces petites anecdotes drolatiques pourraient, dans la plupart des cas, aussi bien s’appliquer aux femmes.

 

Pourquoi ce titre ?

Bien que notre siècle s’attache à la diffusion des valeurs de respect de la diversité sous toutes ses formes, nous vivons dans un monde qui voue un culte à la performance. Les mecs voudraient être les meilleurs et les nanas continuent d’évoluer selon la logique du « faire plaisir ». Ce contraste entre ce que l’on voudrait faire et ce que l’on fait pour plaire provoque un profond malaise qui n’aide en rien les relations entre les deux sexes.

Il est temps de casser nos coquilles, de libérer la parole du sexe féminin, pour que ce ne soit pas un monologue. Parlons sexe, parlons bien, osons dire les choses, confessons-nous sans tabou, vagin braqué et haut les seins !

 

Pour qui ?

Pour celles et ceux qui ont besoin de s’évader à travers des lectures légères.

Si vous êtes une fille, à déguster avec une boisson chaude et une pâtisserie, pas épilée, cheveux en vrac avec de grosses chaussettes Garfield !

Si vous êtes un garçon, ah bah, ne changez rien !

 

Fin des préliminaires (un peu, mais pas trop quand même), il est temps de passer à l’acte.

 

Cul-tivez-vous !

 

Nous, les femmes, n’avons pas la même notion du temps que les hommes.

Nous, les femmes, cherchons à jouir. La jouissance des hommes, au fond, on s’en fiche un peu1.

Les hommes, eux, cherchent à nous faire jouir, ils disent que c’est ainsi qu’ils prennent du plaisir.

Jusque-là, vous me direz, tout va bien : tout le monde est content !

En effet, c’est ensuite que l’affaire se complique. Une fois que la femme a joui, l’homme pourrait venir, lui aussi. Tout le monde repartirait comblé. Emballé, c’est pesé !

Il y a des hommes qui semblent ne pas comprendre quand c’est fini. Ces hommes s’appellent eux-mêmes des « endurants ». Mais ce sont les femmes qui endurent ces hommes qui durent !

Quand un homme me dit qu’il est « endurant », je fuis. Je sais qu’à un moment je vais finir par me faire chier.

Seulement voilà, ils ne le disent pas toujours.

Vous faites l’amour, c’est chaud, c’est bon, vous prenez votre pied et vous vous tortillez pour faire venir le mec. Et là, il continue, continue, continue, semble ne plus s’arrêter.

Vous vous cambrez, vous remuez de plus belle. Vous avez mal à la chatte ! Et surtout, vous n’avez pas que ça à faire. Mais non, tout content, le mec sourit comme un con.

Au début, vous le trouviez mignon et c’était bon. Vous le regardiez avec admiration. Vous savouriez ses attentions. À présent, dans votre tête, vous le traitez de tous les noms : « Mais tu ne vas pas bientôt finir, espèce d’****** de ***** ? »

Eh bien, moi, j’ai trouvé une astuce. Je me cul-tive !

J’apprends des poèmes. J’aime bien. En ce moment, j’étudie Elsa d’Aragon. Quand un mec est trop long, je récite mes strophes. De cette façon, je me tire en pensées, à défaut de me tirer physiquement.

Et puis, quand je récite un poème à un homme pour le séduire, cela me fait rire de me dire qu’il n’a même pas idée du nombre de mecs que je me suis tapés pour pouvoir le lui dire.

 

Plan B

 

Je n’ai jamais aimé les plans B.

S’il y a plan B, cela signifie que le plan A n’a pas marché. Le plan B est le second choix, celui que vous prenez à défaut du premier. Je ne fais pas dans le second choix. Seulement, parfois, ben je n’ai pas le choix du choix, je me résigne à B ! C’est bien un truc d’hommes d’inventer des plans B quand le plan A fonctionne...

L’avantage des rencontres sur Internet – parce qu’il y en a tout de même – c’est qu’elles peuvent être programmées. C’est comme être au restaurant et choisir ses plats à la carte. Une fricassée d’asperges sur un petit œuf mollet, accompagnée d’un petit nuage de mayonnaise en chantilly (vous remarquerez que j’invente n’importe quoi, voilà pourquoi je n’ai pas choisi l’orientation cuisine), un pavé de saumon sur lit de riz et ses petits pois et un flan pâtissier (ceux qui me connaissent savent que je ne jure que par ce dessert-là). Bref, au restaurant, c’est royal : on prend ce qui nous plaît, et il n’y a, en théorie et à moins que le cuisto ne soit complètement gauche, pas de mauvaises surprises !

Les rencontres sexy, c’est pareil : un petit scénario tout prêt avec un gars sélectionné sur photo. De l’apéro au flan, il y a vraiment moyen de préparer le rencart parfait. C’est oublier un élément : l’autre.

Je me souviendrai toujours de mon plan B le plus foireux. C’était sur un site dont, par respect et pour ne pas faire d’un cas particulier une généralité accusatrice, je tairai le nom. Ma recherche était claire : passer une soirée agréable, romantique, sans lendemain. C’était écrit noir sur blanc dans ma description.

« Jeune (la jeunesse est une question de point de vue) femme cherche homme courtois pour passer une soirée romantique et agréable. »

Voilà. Rien de plus, rien de moins.

Évidemment, plusieurs hommes répondent à l’appel. Tous aussi chou les uns que les autres. Dans cette nébuleuse de gentilshommes, un profil particulier sort du lot. Hervé, pompier, trente-neuf ans, retient tout de suite mon attention. Sa proposition ? Une soirée dînatoire chez lui, champagne, petits canapés, musique d’ambiance, massage sur lit de pétales de roses et plus, uniquement si affinités. Waouh ! Je crois rêver. En plus, le mec est beau, musclé, l’archétype du pompier. Je cille à la manière de Betty Boop.

Toute l’après-midi, je me pomponne, je me prépare. Rendez-vous rue de Rennes où le charmant éteigneur de feu m’attend sur son scooter.

Tandis que je me préparais, il n’a pas cessé de m’envoyer des photos du fameux TMAX dont je n’ai, entre nous, jamais eu rien à battre.

J’arrive à l’heure prévue, épilée, apprêtée, parfumée. Je sors du métro Montparnasse, je m’approche du point de rendez-vous. Devant l’UGC, j’aperçois un bel homme, grand, brun à la mèche rebelle, terriblement sexy avec son blouson en cuir sous lequel je devine des biceps gonflés à bloc. J’imagine déjà le beau retour veineux de ses bras puissants à l’effort.

Quelle chance ! À l’intérieur de moi, ça fourmille.

Seulement voilà. La vie n’est pas un conte de fées. Je vais vite déchanter. J’entends vrombir le moteur d’un gros scoot qui s’arrête sur le trottoir juste devant moi. Je n’ai pas encore vu le mec, pourtant, première déception : ce n’est pas le beau brun musclé qui est là. D’ailleurs, une jolie sirène le rejoint. Bon, tout n’est pas perdu. Mon galant pompier descend du scooter. Il est tout petit. On est loin du mètre soixante-quinze qui apparaît sur sa fiche. Tolérante, je me dis qu’après tout, moi non plus, je ne suis pas très grande. Je ne vais pas lui faire la leçon du haut de mon mètre soixante (ou presque).

Il retire son casque.

Mouvement de recul de ma part, enfin, à l’intérieur de moi-même. Je ne sais pas si ça s’est vu à l’extérieur.

À la place du beau pompier musclé que j’imaginais, j’ai devant moi un petit homme chauve, trapu, bien plus vieux que son âge « déclaré ».

Dans ces cas-là, vous avez deux options :

— Option A : vous fuyez, vous avez encore le temps ! Vous préférez passer la soirée seule qu’avec un homme au profil bidon.
— Option B : vous vous dites que le physique ne fait pas tout, et que vous allez peut-être, après tout, passer une superbe soirée. Vous pensez au contexte du plan A.

N’importe quelle femme aurait choisi l’option A. Bien sûr, je choisis l’option B.

Tout de suite, l’homme se présente. Je me dis qu’il est vraiment laid. Rapidement, il me reparle de son scooter. Son prix, sa valeur, sa puissance. Oui, oui, ok. Je pense à mon massage. Bon, on y va ?

Je monte derrière le scooter. Hélas, nous n’allons pas très loin. Au premier feu rouge, il tourne sa tête casquée vers moi (je me dis d’ailleurs que le casque lui va mieux) et me dit :

— Bon, j’ai un peu changé les plans.
— ...

Là, évidemment, je commence à paniquer.

— C’est-à-dire ?
— Ha, ha, surprise !

Surprise ? Une surprise qui change la surprise, ce n’est plus la même surprise. C’est comme si le restaurateur m’avait dit : « Il n’y avait plus de saumon, je vous ai mis du thon ». Ce n’est pas tout à fait pareil. Mais encore, du thon, ça passe. Là où ça commence à puer, c’est quand, à la place du thon, on te propose du saucisson.

C’est à peu près ce qui s’est passé ensuite.

Direction le pont Alexandre III. Mon motard gare son super TMAX au-dessus du pont et, hélas, retire son casque. Non, non, remets-le...

Il ouvre alors les deux grosses sacoches de son scooter et en extrait une bouteille de vin rouge, un sac de verre brisé – effectivement, emmener deux verres à pied dans un scooter en marche ! – et un petit panier en osier.

— Bon, me dit-il, pour les verres c’est foutu, mais heureusement, j’avais prévu des gobelets.

J’hallucine, le mec est en train de me dire qu’il avait prévu qu’il casserait ses verres, mais qu’il les a pris quand même !

Bon. Je commence à comprendre qu’en lieu et place de l’apéro sélect, je vais me taper un pique-nique avec Charles Ingalls.

On n’en est pas loin.

Nous descendons sur les quais de la Seine. Il y a foule. De nombreux jeunes sont venus prendre l’apéro. On ne portait pas encore de masque à cette époque.

Dommage, là, ça m’aurait arrangée !

Après avoir étalé une petite serviette à carreaux rouge et blanc, mon petit échanson me sert un gobelet de vin rouge. Autant vous dire que, dans un gobelet, même un bon vin a l’air d’un vieux pinard tout rouillé ! Mais bon, soyons gentils.

Je vous promets, j’ai essayé… j’ai vraiment essayé…

Mais voilà qu’après m’avoir parlé de ses enfants, il se met à me raconter l’histoire de ses relations particulières avec sa grand-mère. Mais genre pas juste un peu. J’ai droit à trente minutes sur la vieille.

Moi qui ne mange jamais de chips (je fais attention à ma ligne), je descends le paquet en un clin d’œil. Et trois verres de vin !

J’essaie d’écourter et, parce que le vin me monte à la tête et que j’ai vraiment faim, je suggère :

— Bon, et si on allait manger ?
— Ah, mais tu as déjà fini tes chips ?
— …
— Ne t’inquiète pas, j’ai du saucisson !

Et là, le coup de trop : le mec me sort un vieux saucisson puant qu’il brandit sous mon nez en souriant comme un con. On est loin de la version "champagne - blinis saumon" !

Là, je ne peux plus. Ma libido n’est plus au point mort, elle est en dessous de zéro, retombée comme un soufflé raté.

— On y va ? demande-t-il.
— Euh, oui…

Une fois que nous arrivons en haut, mon « oui » hésitant se transforme en un « non » ferme.

— Écoute, je ne peux plus te suivre.
— Comment ça ?
— Ben, tu sais, le pique-nique, la grand-mère et tout, ce n’est pas vraiment ce qui était prévu… du coup, je n’ai plus très envie, à présent.
— T’es sérieuse ?

Le mec se vexe.

— Oui, je suis sérieuse. Peux-tu, s’il te plaît, me ramener au métro ?

Là, coup d’accélérateur du mec frustré qui me déverse comme un sac poubelle à l’entrée du métro. Mais ouf ! Je l’ai échappé belle.

Une fois rentrée chez moi, je consulte mon téléphone. Quarante messages ! Deux avec photos. Je gagne du temps, j’ouvre les deux derniers, ceux qui contiennent les photos.

Je lis :

« Tu ne sais même pas ce que tu as loupé, tu vas regretter. »

Sur la photo, un bouquet de roses rouges.

D’accord…

Je hausse les épaules, ouvre le suivant, curieuse de savoir ce que j’ai loupé d’autre.

Je lis :

« Là, tu vas voir ce que tu as vraiment manqué ! »

Second avertissement. Attention…

Et là, je crois halluciner !

Dans son écrin, une véritable bague… de fiançailles !

Je n’avais jamais vu le mec avant.

J’ai moins regretté le pique-nique. Finalement, le plan B m’a sauvée du plan A.

 

Conte de Morphée

 

On m’a trop longtemps martelé la tête avec des contes de fées. Lorsque j’étais petite, les dessins animés modernes à la Mulan ou Rebelle, ceux où les filles s’émancipent, n’existaient pas. Du temps de mon enfance, les petites filles écarquillaient de grands yeux devant des princesses sauvées de leur détresse ou réveillées d’un long sommeil par des princes beaux, preux, courtois et ténébreux.

La vie m’a un peu endurcie. Comme dirait un de mes ex : « le Choco Prince, c’est au rayon gâteaux. » Inutile de vous dire que lui n’est pas un prince, comme beaucoup d’autres. Je ne me gave pas de biscuits pour autant !

Mes aventures amoureuses, toutes avortées jusque-là, auraient dû me servir de leçon. Mais non ! Par moments, mon cerveau me joue des tours et continue de me faire croire qu’un miracle se produira, comme une résurgence de mes rêves d’enfant.

Alors que je suis assise dans le métro, à la station La Défense, un jeune homme s’installe face à moi.

Il me regarde de ses beaux yeux noirs. Il a le teint hâlé, des cheveux ébène légèrement bouclés, le visage anguleux et un nez aquilin ; un charme exotique. En tailleur jupe, mon petit attaché-case aux pieds, j’ai la tête encore un peu au bureau. Je ne me sens pas l’âme vagabonde, je ne me sens pas le cœur léger. Lui, si. C’est un peu déroutant. C’est aussi très excitant. Ignorant les gens autour de nous, le beau gosse me drague ouvertement.

— Bonjour, me dit-il d’un accent suave, je m’appelle Badre.

Je réponds timidement.

Je baisse les yeux vers le sol, me demandant ce que les gens autour de moi vont penser. Ça, c’est ma façade « sainte nitouche ». En apparence, dure comme le roc. Au fond de moi, je jubile et je suis déjà toute gaga. Un vrai chamallow.

Un prince saharien. Dites-moi que je rêve ! Je me pince. Non, non, tout est vrai. Il est bien là.

— Vous êtes très jolie. Je voulais vous le dire, j’aime beaucoup votre visage et votre couleur de cheveux. Un vrai soleil !

Je me teins les cheveux au henné d’Égypte. Ça ne les abîme pas et ça leur donne une couleur feu. À ces mots, je plastronne !

Il me semble que je rougis. Je réponds timidement :

— Merci.

Timidité d’apparat. Je crève d’envie de mordre à l’hameçon ! Parfois, on aurait juste envie de faire disparaître les gens autour de soi. La pudeur me retient.

Je ne sais pas s’il s’en aperçoit. Toujours est-il que sa carte de visite apparaît sous mes yeux. Je feins la surprise, l’air limite outré. Je la prends quand même et la range prestement dans la poche extérieure de mon sac à main, l’air de dire « Bon, je prends, mais c’est pour jeter plus loin ».

Arrivée à la station Charles de Gaulle - Etoile, je checke sa carte. Badre Khoury, sculpteur. En deux secondes, je trouve sa trace sur Internet. Il possède un site où il présente son travail, des sculptures monumentales. Quelques articles de presse à son actif. Un artiste syrien connu au talent reconnu. Mon prince !

Je me demande à quel moment il convient de le contacter. Si je l’appelle tout de suite, ça fait un peu morfale. Non, je vais attendre un peu. Un jour, une semaine ? Bon, je l’appelle tout de suite !

Répondeur. Je laisse un message.

« Bonjour Badre. Nous nous sommes vus dans le métro. Je suis désolée, il y avait du monde, je me sentais un peu gênée. Je serais ravie que vous me rappeliez. Je vous laisse mes coordonnées : 06 44 64 90 21 (au cas où les lecteurs chercheraient à me joindre à ce numéro, ils pourront laisser leur message sur la ligne « anti-relous » de France Info. Je n’allais tout de même pas publier le mien ! Pour l’avoir, cherchez-moi plutôt dans le métro).

Quelques minutes plus tard, Badre me rappelle. Eurêka ! Je ne cache pas ma joie. Je bafouille. Super, comment paraître plus crétine que ça ? J’ai envie de me mettre des baffes.

« Ah oui, oui, un verre vendredi soir ? Ah oui, bien sûr ! Dans le douzième ? Oui, euh… bon, d’accord. »

Je raccroche. Comme une débile, j’ai dit oui à tout. Le 12e arrondissement, c’est juste à l’opposé de là où j’habite. No comment ! Voilà, un mec me plaît et moi, au lieu de résister un peu, genre tu ne m’attraperas pas comme ça, je m’aplatis, je rampe. Une vraie petite chenille !

Jour J. Je le retrouve à la station de métro Nation. Je suis tout apprêtée, toute jolie. Mon Dieu, j’avais oublié qu’il était si musclé. Pectoraux dessinés sous un T-shirt blanc moulant et biceps débordants, jean et petites tennis de ville, il est trop sexy ! Je fonds. D’habitude, je suis sûre de moi. D’habitude, je domine, car je sais d’avance que la relation ne mènera à rien. Mais lui semble réunir toutes les qualités du monde. Il m’intimide. Cette fois, c’est différent. C’est certain.

Mais très vite, le rêve se floute et l’affaire se complique.

Nous cherchons un bar.

— Ça te dérange si on se pose dans un bar sans alcool ?
— Non, pas du tout.
— Je veux dire… un bar qui ne vend pas d’alcool.
— Je ne comprends pas.
— En fait, j’aimerais un truc sain, genre cocktail de fruits frais.

Après quelques minutes de marche, on finit par trouver un bar à smoothies. Cela semble convenir à Monsieur.

En même temps, un homme qui prend soin de lui, c’est plutôt charmant, non ?

Je me tiens en face de lui, il prie. Je jette un regard convoiteux sur ses avant-bras. Ils sont poilus et entourés de bracelets en cuir torsadé. Mon péché mignon. Je les imagine déjà enserrant mes poignets, les veines gonflées. Non, non, restons calmes. On fait connaissance, là. J’ai besoin d’une douche froide…

— Qu’est-ce que tu fais dans la vie ?
— Je suis écrivaine. Et toi, tu es sculpteur alors ?
— Oui. Mais je n’en vis pas. Je fais autre chose à côté. Je suis ingénieur dans une boîte de fabrication de composants électroniques.
— En tout cas, tes sculptures sont magnifiques ! Je pensais même que tu étais célèbre.
— Oh, mais je le suis ! Mon travail est reconnu, mais le talent ne rend pas riche pour autant. On vit rarement de sa passion. C’est difficile. Je vends quelques toiles, mais pas assez pour ne faire que ça. En dehors de l’écriture, tu as d’autres passions ?
— Oui. Je lis. Beaucoup. De la littérature classique, plutôt, et surtout des…

Il me coupe. S’empare de nouveau de la conversation.

— Connais-tu le yoga Zarala ?
— Euh… non…
— C’est une méthode qui vient d’Inde. Elle a été inventée par Zaroi, maître spirituel international. Elle a fait des adeptes dans de nombreux pays. En France, nous sommes 6 000 à le suivre. Il y a souvent des rassemblements à Paris. Le weed-end prochain, si tu veux, il y en a un.

Un gars qui aime les smoothies et le yoga, après tout, ça change !

— Sinon, d’autres passions ?
— Non, je ne peux pas.
— Pourquoi ?
— Parce que cette discipline demande beaucoup de disponibilité.
— Comment ça ?
— Je vais te montrer !