Everlove.exe - Tifa Six - E-Book

Everlove.exe E-Book

Tifa Six

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Beschreibung

Jaesang et Minji arrivent sur Everlove avec un objectif : récupérer leur compagnon, Jung. «Tu es là pour une semaine Jaesang. Une semaine où tu vas pouvoir découvrir, observer, et profiter d'être avec le familier que tu as choisi d'adopter ! Tu n'as pas à t'en faire pour Jung. On lui a trouvé un maître ici le jour même de son retour.» «Jung, je te retrouverai, où que tu sois.»

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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À ma communauté de lectrices et lecteurs bienveillant(e)s, merci pour tout votre soutien.

Merci à Gwen et Deborah qui m’ont relu avec encore plus d’emballement pour ce tome 2.

Merci à ma moitié pour ses retours.

TABLE DES MATIÈRES

CHAPITRE 1

LE PEUPLE DES FAMILIERS

CHAPITRE 2

LE CHEF DE MEUTE

CHAPITRE 3

UNE DIFFICILE ADAPTATION

CHAPITRE 4

PERTURBANTES RETROUVAILLES

CHAPITRE 5

LES MOTIVATIONS DE JAESANG

CHAPITRE 6

LES RÈGLES DE JUNG

CHAPITRE 7

PLANS POUR UNE JOURNEE

CHAPITRE 8

UNE PROMESSE

CHAPITRE 9

COLE ET LUCE

CHAPITRE 10

ESPRITS TROUBLÉS

CHAPITRE 11

CETTE PROIE

CHAPITRE 12

REFLECHIR ENSEMBLE

CHAPITRE 13

SCANDALE AU MARCHE

CHAPITRE 14

YOOSEOK

CHAPITRE 15

UNE AUTRE JOUISSANCE

CHAPITRE 16

FERVEUR BESTIALE

CHAPITRE 17

DIVERSION

CHAPITRE 18

AU MILIEU D’IMPASSES

CHAPITRE 19

LA REVOLUTION DANS L’AME

CHAPITRE 20

LE FAMILIER DU FAMILIER

CHAPITRE 21

PARIER SUR L’AVENIR

CHAPITRE 22

TUMULTE ET CONFIDENCES

CHAPITRE 23

LE SYMBOLE D’UN LIEN

CHAPITRE 24

LE REFUGE

CHAPITRE 25

À L’ÉPREUVE DES COUPS

CHAPITRE 26

LE PERTURBATEUR

CHAPITRE 27

UN FOYER

CHAPITRE 28

SOIXANTE NEUF

CHAPITRE 29

UN NOUVEAU PROJET

CHAPITRE 30

LA GRANGE DES BRANTORS

CHAPITRE 31

LOYAUTE DE FAMILIERS

CHAPITRE 32

LA TOUR BLANCHE

CHAPITRE 33

SUR LE DÉPART

CHAPITRE 34

BLESSURES ET SENTIMENTS

CHAPITRE 35

CELUI QUI RÉCONFORTE

CHAPITRE 36

TERRIEN

CHAPITRE 37

YNERF ET L’ENTRAÎNEMENT AU COMBAT

CHAPITRE 38

LE PROTECTEUR

CHAPITRE 39

MARTEAU PIQUEUR

CHAPITRE 40

UN RETOUR ATTENDU

CHAPITRE 41

L’INITIATIVE DE JUNG

CHAPITRE 42

LE CLAN DES INTELLECTUELS

CHAPITRE 43

ASPIRER À L’INDÉPENDANCE

CHAPITRE 44

LA RÉSOLUTION DE JUNG

CHAPITRE 45

DÉRAPAGE

CHAPITRE 46

SOUS LA LUNE ROUGE

CHAPITRE 47

SEIZE JOURS

CHAPITRE 48

DANS LES TERRES SAUVAGES

CHAPITRE 49

LE DÉFI DE L’ALPHA

CHAPITRE 50

UNE NOUVELLE RECONNAISSANCE

CHAPITRE 51

LE COURAGE DU CHANGEMENT

EPILOGUE

ANNEXE 1

LEXIQUE D’EVERLOVE

ANNEXE 2

CARTE D’EVERLOVE

CHAPITRE 1 LE PEUPLE DES FAMILIERS

« Bienvenu Jaesang. Nous sommes ravis de t’accueillir sur Everlove. »

Jaesang ouvrit les yeux et tangua un peu avant de retrouver son équilibre. Vingt-quatre heures après l’annonce faite par l’application concernant son transfert vers Everlove, Jaesang avait littéralement était téléporté ailleurs. Il n’avait rien compris à ce qui s’était vraiment passé, mais il avait senti son corps se faire happer vers un vide bientôt comblé par un air nouveau. Son cœur avait battu la chamade, et seule la main de Minji dans la sienne avait pu lui permettre de ne pas flancher.

Bien qu’il en ait douté jusqu’à la dernière seconde, Jaesang était dans un autre monde. Celui-ci lui semblait déjà terrifiant puisque c’était celui qui renfermait tous les mystères derrière les règles étranges auxquelles les familiers obéissaient donc. Mais de ses craintes et ses appréhensions, il ne laissa rien paraître. On le fixait, on le détaillait, on l’évaluait sûrement déjà. Alors Jaesang resserra plus la main de Minji en soutenant chaque regard.

Et des regards, il y en avait beaucoup. L’assemblée qui se tenait devant lui comptait une trentaine de personnes. La première chose que Jaesang nota fut la différence de vêture qu’il semblait y avoir avec lui, et osa-t-il penser, avec les habitants de la Terre. De couleurs chatoyantes ou pastel, chaque tenue était richement colorée. Plusieurs personnes portaient ce qui s’apparentait à de longs manteaux ou tuniques amples. Everlove semblait avoir une mode bien à elle, accessoirisée de bijoux en tout genre qui attiraient facilement l’œil.

Cette première constatation passée, Jaesang put distinguer facilement les humains des familiers. Ces derniers étaient reconnaissables par leurs oreilles ou leurs queues, mais surtout, aucun ne s’autorisait à le regarder directement. Seuls les humains, leurs maîtres, le dévisageaient sans gêne. Lui, mais surtout Minji, qui semblait être passé au scanner de leurs regards critiques et même désireux pour certains.

Jaesang fronça un peu les sourcils en se rapprochant de Minji. Il n’aimait pas du tout qu’il soit regardé ainsi et il se soucia immédiatement de ce qu’il pouvait en ressentir.

Mais Minji n’avait rien vu de tout ça. Il avait lui immédiatement baissé les yeux en voyant la petite assemblée d’accueil. Il avait entendu dire qu’à chaque fois qu’un maître arrivait, un tel groupe se réunissait dans la belle salle du hall des dirigeants. Cet endroit restait inaccessible à la plupart des familiers, hormis ceux convoqués avec leur maître ou ceux qui y travaillaient. C’était donc la première fois que Minji s’y trouvait, mais malgré sa curiosité, il ne se permit pas d’observer l’endroit comme il l’aurait voulu. Car ce qu’il désirait encore plus que d’admirer la grande pièce, c’était de montrer qu’il connaissait sa place, et qu’il était un familier bien éduqué pour son nouveau maître.

Les murmures laissèrent place au silence le plus complet dès lors qu’un homme de grande taille fit quelques pas vers Jaesang. Ce dernier porta alors son attention sur cet homme qui affichait un léger sourire apaisé. Il tendit la main vers lui en se présentant.

« Je m’appelle Igor, je supervise tout ce qui se passe sur Everlove. Et voici Rog, mon familier. »

Jaesang comprit donc qu’il devait s’agir de l’équivalent d’un maire humain, ou peut-être même de quelqu’un avec encore plus de pouvoir. Il serra donc cette main pour éviter de s’afficher comme contestataire d’entrée de jeu. Il voulait tout d’abord prendre la température et savait qu’il avait beaucoup à comprendre et à apprendre avant de pouvoir décider d’un plan d’action pour récupérer Jung.

« Enchanté. J’ai beaucoup de questions. Vous connaissez déjà Minji j’imagine. » annonça Jaesang en se décalant pour laisser une place plus importante à son compagnon.

Il fut un peu interloqué de sentir la main de Minji tirer légèrement en arrière. Il tourna plus les yeux vers lui et comprit que lui s’était remis en décalage, un peu derrière lui, comme s’il devait rester moins visible. Cela déplut à Jaesang mais là non plus, il ne fit pas de remarque immédiate.

« Nous allons répondre au mieux à tes questions Jaesang. Nous connaissons déjà Minji. Un familier prometteur, je ne suis pas étonné qu’il ait remporté un scénario choix du cœur. » dit Igor calmement.

L’homme à l’allure de dirigeant regarda alors Minji qui n’avait pas relevé ses yeux une seule fois. Le collier qui scintillait discrètement autour de son cou attira l’attention de Rog qui s’adressa à lui directement.

« Un bien beau collier… sois en fier en toutes circonstances Minji. Tout à l’heure, vous paraderez dans la ville, nous allons t’habiller pour le mettre en valeur.

— Parader ? » répéta immédiatement Jaesang en trouvant ça complètement disproportionné.

Igor sourit et écarta un peu son bras pour inviter Jaesang à marcher avec lui. Ne voulant pas lâcher la main de Minji, Jaesang resserra son étreinte mais se rendit alors compte que c’était Minji qui se dérobait. Il le regarda alors et le vit rester en arrière pour marcher avec Rog. Jaesang fit non de la tête à Minji en lui tendant de nouveau sa main mais Igor intervint.

« Laisse-les discuter entre eux Jaesang. De la même manière que j’ai beaucoup de chose à t’apprendre, Rog doit informer ton familier de la suite. Appartenir réellement à un maître n’a juste alors été que de la théorie pour lui, nous devons compléter sa formation. Ne t’en fais pas cependant, ce sera rapide, tu le retrouveras pour la parade puis nous vous laisserons ensemble.

— Je ne veux pas être séparé de Minji. Là où il va, j’irai aussi, réagit immédiatement Jaesang en se demandant si le sentiment d’abandon que ressentait les familiers ressemblait donc à ça.

— Maître, vous avez beaucoup de choses à apprendre pour comprendre Everlove. Ne vous en faites pas pour moi, je suis en sécurité et je vous appartiens maintenant. Je serai bientôt de nouveau avec vous. »

Minji dit ça en hochant un peu la tête pour que Jaesang n’oublie pas qu’il devait se concentrer sur la bonne apparence que lui aussi devait donner afin de préserver leur réelle intention. À contre-cœur, Jaesang consentit à laisser Minji puisqu’il lui avait demandé directement de lui faire confiance.

Il s’éloigna alors avec Igor et Minji le regarda un moment avant de baisser de nouveau les yeux car il se savait encore regardé par les autres maîtres qui avaient assisté à leur arrivée.

« Tu as de bonnes manières Minji. Et je constate que tu sais habilement rassurer ton maître pour lui faire prendre les décisions favorables à son épanouissement. Je te félicite. » dit alors Rog.

Rog était le familier le plus connu de ses pairs. La place que lui accordait le dirigeant humain d’Everlove, son maître Igor, étant sans pareil pour un familier.

« Merci Rog. J’aime mon maître de tout mon cœur, n’hésita pas à

répondre Minji.

— Comme cela devrait être le cas. N’oublie jamais que tu lui dois tout. Il semble être un maître bienveillant. L’est-il ? Tu peux tout me dire. Viens, marchons. »

Une fois qu’ils furent hors des regards, Minji reprit la parole.

« Mon maître est le plus doux et le plus prévenant. Je mesure ma chance et son amour est mon trésor le plus précieux.

— Je suis content de l’entendre. Quelle est sa manière de te punir ?

— Il… ne me punit pas.

— Vraiment ? Considère que tu as eu de la chance jusque-là. Peut-être que ça viendra, sois-y préparé Minji.

— Il n’est pas comme ça…

— Sur Terre peut-être. Mais on t’a appris que les humains ont tendance à changer en restant ici. Et il devra s’imposer face aux autres maîtres s’il veut se faire respecter. Lorsqu’il aura choisi le domaine dans lequel il souhaite prospérer ici, nous nous chargerons de lui proposer des familiers secondaires qui répondront à ses besoins. »

Le cœur de Minji se brisa pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’idée de devoir partager son maître ne l’enchantait guère. Mais cette annonce lui avait aussi rappelé que beaucoup de familiers n’avaient pas encore trouvé de maître et que leur destin était donc très incertain. Il ne répondit donc rien car il savait qu’il avait plus à écouter, qu’à parler.

« La présence de ton maître ici te protège de beaucoup de choses désormais. C’est un grand privilège pour toi d’être devenu familier principal. Tu auras toujours l’ascendant sur les autres familiers de ton maître.

— Comment pourrais-je avoir l’ascendant sur un dominant ? ne put s’empêcher de demander Minji.

— Ta supériorité ne sera pas physique mais émotionnelle. Tu as obtenu le cœur de ton maître et comme tu l’as dit, il s’agit d’un trésor. Protège le bien au quotidien pour que cet amour ne se ternisse pas. Tant que tu l’auras entre tes mains, la protection de ton maître sera suffisante pour dissuader tous les dominants de te faire du mal. Bien sûr, tu n’es pas un chef de meute et il est probable que ton maître te fasse intégrer la meute d’un dominant qu’il aura choisi comme protecteur. Mais il restera secondaire pour lui car c’est toi qu’il a choisi. Comme en témoigne le très beau collier qu’il t’a fait faire. Je n’en ai jamais vu d’aussi unique, il montre le lien très spécial qui semble vous lier. Alors montre le bien lors de la Parade Minji. Il en impressionnera sans nul doute plus d’un.

— Très bien… je ferai tout pour rendre mon maître aussi heureux que lui me permet de l’être. »

Rog hocha la tête et ils continuèrent de marcher en discutant de la nouvelle vie qui attendait Minji.

**

« Mange, mange Jaesang, nous avons ici des mets incroyables que tu ne trouveras pas sur Terre. »

Jaesang se trouvait maintenant dans la salle des banquets où Igor l’avait conduit. Cette pièce semblait ridiculement bien trop grande pour deux. Mais là aussi, Jaesang n’avait pas fait de remarque et avait mangé en commençant à poser ses questions.

« Alors où sommes-nous vraiment ici ? Qu’est-ce-qu’Everlove ?

— La question que posent tous les humains qui arrivent ici bien sûr. Je pense que je n’aurais pas besoin de te convaincre d’être ouvert d’esprit puisque tu as accueilli un familier. Tu as déjà vu des choses qui n’auraient pas dû exister n’est-ce pas ? Et bien c’est pareil pour ici. Everlove est un autre monde. Il est fait de ce que nous, humains, pourrions considérer être de la magie. Mais tout cela est normal pour ses habitants, les familiers. Ils appellent cela de l’énergie, un flux continu qui caractérise l’essence même de l’air présent ici. Les familiers sont eux-mêmes en partie faits de cette énergie, comme toute chose créée sur ce monde .»

… nous y voilà… c’est pas croyable…

« Donc les familiers constituent la population de ce monde ? Comment les humains sont-ils arrivés ici alors ? » demanda Jaesang en devinant une réponse qui lui faisait déjà peur.

Igor regarda Jaesang quelques secondes avant qu’un sourire n’apparaisse aux coins de ses lèvres.

« Tu connais déjà la réponse je crois. Tu es bien trop malin pour l’ignorer. Comment les Hommes sont-ils arrivés à des endroits où ils n’étaient pas attendus ?

— Par la découverte, la conquête et la colonisation.

— Exactement.

— Donc tu confirmes que les humains ont simplement colonisé ce monde et que les familiers n’ont pas eu le choix ? se révolta Jaesang.

— Non je n’ai pas dit ça. Je vais apaiser tout de suite tes craintes. Les premiers humains qui sont arrivés ici, ont été amenés par les familiers eux-mêmes. Pas l’inverse. Sais-tu pourquoi ?

— Non…

— Parce que les familiers sont un peuple qui ne peut survivre seul. Ils ont besoin de se lier à une autre race pour se sentir protégés et vivre sereinement leur vie. Ils sont faits ainsi et c’est pour ça qu’ils se sont mis à chercher un autre peuple. Pour pouvoir survivre afin de commencer à vivre. Livrés à eux-mêmes, ils sont perdus, deviennent violents et désordonnés et finissent par s’entretuer sans aucune logique. S’ils ne se lient pas à un autre être, ils disparaissent, tout simplement.

C’est pas vrai…

— Quoi… ? Ils disparaissent ?

— C’est en constatant cela que les familiers créateurs ont cherché un moyen de se lier entre eux. Mais cela n’a pas fonctionné. Ils avaient besoin d’un être différent de leur propre race. Les familiers créateurs ont alors essayé d’amener ici ceux et celles qui accepteraient de se lier à eux pour les sauver. C’est un familier créateur qui a créé l’application que tu as sur ton téléphone lorsqu’il a découvert que le peuple des humains pourrait être compatible avec le leur. Ne me demande pas de t’expliquer comment ça fonctionne, les détails techniques ou magiques me dépassent ! Tout ce que je peux te dire, c’est que ces familiers-là sont très intelligents et pleins de ressources pour sauvegarder leur monde. Et c’est donc ainsi que nous sommes arrivés. »

C’est eux qui ont donc amené les premiers humains ici…?

Jaesang resta figé en entendant cette explication de ce qu’était Everlove. Il se demandait s’il devait simplement croire ce que lui disait Igor sans chercher plus loin. L’homme ne sourcillait pas, ne semblait pas chercher ses mots et dégageait une assurance hors du commun. Disait-il simplement la vérité ou était-il habitué à raconter le même mensonge à chaque humain qui arrivait ici ? Et si c’était le cas, quel intérêt avait-il à le faire ? Autant de questions qui faisaient vivre le trouble dans l’esprit de Jaesang.

« Je suis très curieux de découvrir le monde d’Everlove, dit finalement Jaesang pour ne pas attirer trop de soupçons sur lui-même.

— Et tu le feras bientôt ! Tu en auras le loisir après la Parade. Tu te rendras rapidement compte que ce monde ne dispose pas de toutes nos avancées technologiques mais les familiers créateurs compensent généralement cela par l’énergie qui imprègne chaque chose ici. Une fois l’émerveillement et la confusion passés, je suis certain que tu y trouveras un charme indéniable Jaesang.

— Cela semble si irréel… pourtant j’ai bien vu des oreilles et une queue sur Minji… tu parles de magie, d’énergie, est-ce que cela veut dire que tous les familiers peuvent… hum… faire des trucs ? demanda Jaesang d’un air hésitant.

— Seuls les familiers créateurs peuvent manipuler l’énergie de ce monde pour l’adapter à ce dont nous avons besoin ici pour vivre. Jusqu’à une certaine mesure. Les autres familiers ont seulement accès à leurs compétences propres comme tu as déjà pu le constater. Certaines sont très utiles n’est-ce pas ? Que sait faire Minji ? J’ai entendu dire qu’il avait été un élève très appliqué pour développer ses compétences sexuelles. »

Jaesang faillit s’étouffer avec sa nourriture. La révolte immédiate qu’il ressentit prenait directement naissance dans son envie de protéger Minji de ce rôle dans lequel il semblait avoir été enfermé. Mais malgré son expression fermée, il ne trouva que de l’amusement dans celle de son interlocuteur.

« Ne sois pas gêné de parler de ce genre de choses ici Jaesang. Là aussi, tu te rendras vite compte que le sexe est une partie très importante de la vie des familiers. Plus importante que pour les humains certainement. Ils attendent beaucoup de leur maître et le leur refuser est assimilé à une punition pour eux. Ils ont des besoins très primaires. Ne nous mentons pas, c’est ce que nous apprécions le plus.

Non ! Vieux pervers… hors de question que je parle de l’intimité de Minji avec toi !

— Je croyais que les familiers avaient avant tout besoin de se sentir protégés ? N’est-ce pas plutôt ça le besoin le plus important que nous devrions combler ? »

Igor posa son verre en souriant à Jaesang. Il fit un signe de la main et Jaesang regarda deux familiers filles aux oreilles toutes sorties débarrasser des plats et les resservir d’autres choses. Jaesang agita sa main avec gêne pour ne pas être resservi. Il remercia la serveuse qui n’osa jamais le regarder et disparut comme elle était venue.

« Jaesang, je prédis que tu vas rejoindre le Clan des Intellectuels. Nous n’en avons que peu pour l’instant, j’observerai ton installation avec attention. »

Jaesang ne savait pas ce qu’était ce clan bien que son nom semblait le définir. Il trouva cependant que la phrase d’Igor sonnait plus comme une menace que comme des mots de bienvenue. Jaesang était si nerveux que la majeure partie de ce qu’il découvrait lui semblait peu rassurante. Sa seule réelle envie était de retrouver Minji, et le plus rapidement possible, Jung.

« J’aimerais savoir pourquoi je suis réellement ici. Le message sur l’application n’était pas très précis. Je ne comprends pas bien le but de mon arrivée maintenant que… que je suis avec Minji. »

Jaesang se garda bien sûr de préciser sa motivation personnelle afin de comprendre celle de ceux qui l’avaient fait venir ici.

« Tu es là pour une semaine Jaesang. Une semaine où tu vas pouvoir découvrir, observer et profiter d’être avec le familier que tu as choisi d’adopter ! Que du plus pour toi. Tu vas vite voir les possibilités qu’offre ce monde ! Il est encore relativement intouché car nous sommes finalement peu. Les opportunités sont presque infinies ! Et nous espérons que ce petit séjour te convaincra que le monde d’Everlove a tout ce qu’il te faut pour vivre une vie heureuse avec Minji, expliqua Igor.

— Je ne doute pas que ce monde soit incroyable mais… j’ai déjà un monde. Avec une vie, des projets, des amis… sur Terre. C’est là-bas que je veux vivre avec Minji.

Et Jung.

— Nous en reparlerons à la fin de ta semaine parmi nous Jaesang. Profite d’être ici, amuse-toi ! Ne nous embarrassons pas avec les détails pour l’instant. »

Jaesang avait lui très envie de connaître les détails en question. Alors qu’il allait répliquer quelque chose, une des familiers de tout à l’heure se rapprocha d’Igor, chuchota quelque chose à son oreille puis recula en baissant toujours les yeux.

« Je crains de devoir te laisser Jaesang. Le devoir m’appelle. Je te laisse entre les mains des meilleurs pour te préparer pour la Parade. Nous nous y reverrons. »

Igor se releva avec un air satisfait sur le visage. Avant qu’il ne quitte la pièce, Jaesang l’interpella, trop impatient d’avoir un début de réponse à donner à son cœur.

« Igor s’il te plaît, j’ai une dernière question. Qu’arrive-t-il aux familiers qui… ne trouvent pas de maître ? demanda Jaesang.

— Une question qui mérite une réponse détaillée Jaesang.

— J’imagine. Peux-tu simplement me dire le sort réservé à ceux qui sont renvoyés ici… après le scénario choix du cœur ? »

Igor fixa Jaesang un instant. Il était impossible de décrypter ce regard. Ami ou ennemi, Igor apparaissait déjà à Jaesang comme doté d’une capacité à ne montrer que ce qu’il voulait.

« Tu n’as pas à t’en faire pour Jung. Ta bienveillance t’honore mais je te rassure, on lui a trouvé un maître ici le jour même de son retour. »

Non non non non non !!!!

Le sang de Jaesang se glaça et son cœur se figea pendant une terrible seconde.

« Un… maître ? Si vite ?

— C’est le destin des familiers qui nous sont renvoyés. Nous ne perdons alors pas de temps et nous les associons rapidement à un humain d’ici. Pour leur survie. Jung était très convoité avant d’être envoyé sur Terre et il l’était aussi en revenant ici. Maintenant tu peux oublier son nom et te concentrer sur Minji. »

… jamais je ne l’oublierai. Jung… je te retrouverai, où que tu sois.

CHAPITRE 2 LE CHEF DE MEUTE

« Au pied ! »

Un familier de maison se mit à courir à l’appel de son chef de meute. Il fut vite essoufflé mais ceux de son espèce l’encouragèrent de loin en serrant leurs poings. Alors le familier déjà tout rouge courut encore plus vite jusqu’à arriver littéralement sur les rotules devant le chef de meute. Il haleta lourdement alors que ses camarades l’applaudissaient pour le féliciter d’avoir terminé son exercice. Il sourit alors, chercha sa respiration et releva ses yeux demandeurs d’attention vers son dominant.

« Tu es fier de moi, Jung ? »

Adossé contre le mur d’une petite cabane en bois, au milieu d’un vaste champ, Jung jetait inlassablement un fruit en l’air pour le rattraper avec la même main. Il finit par croquer dans le fruit, mâcha en fixant le familier épuisé devant lui, puis siffla d’une façon bien précise.

« Dispersez-vous ! Quinze minutes de cueillette et on rentre. J’ai d’autres caniches à fouetter. »

Tous les familiers se mirent à la tâche ordonnée et Jung s’accroupit pour être au même niveau que celui déjà au sol. Il plaça son fruit croqué devant la bouche du familier encore rouge et souleva ses sourcils. Le familier croqua à son tour dans le délicieux fruit qu’il n’avait pas le droit de manger si on ne le lui permettait pas.

« Merci Jung.

— T’as fait un bel effort Nijel. Ça se voit sur ton visage, t’as jamais été aussi rouge… même quand tu dis que tu fais ton max pour t’emballer sur ma queue. Content de découvrir que t’as donc encore de la réserve. »

Nijel baissa un peu les yeux mais Jung posa sa main autour de son cou et l’obligea à relever le visage sur lequel apparaissaient maintenant des yeux désolés.

« Tu m’as menti Nijel ? T’es plus endurant que prévu.

— Non Jung… ne me punis pas s’il te plaît…

— Tu fais pas d’effort. Dans une semaine, tu dois passer dans le lit du maître et qui est-ce qu’il va punir si t’assures pas hein ? Moi. Je t’ai déjà sauvé la mise une fois quand t’as piqué dans la réserve de bouffe Nijel. Je pourrai pas recommencer.

— Je… je veux pas aller dans le lit du maître… je veux rester avec toi Jung. »

Jung fronça les sourcils et relâcha violemment le cou du familier qui tomba au sol. Jung détourna ensuite les yeux et se redressa. Son dos portait encore la marque de la punition qu’il avait prise à la place du familier voleur. Ce dernier avait transgressé une règle dès qu’il avait rejoint la meute que leur maître avait donné à Jung.

« Arrête un peu de te comporter comme ça. Chacun d’entre vous appartient au maître et doit aller le satisfaire à tour de rôle, tu connais les règles merde ! La prochaine fois, il te battra sans retenir ses coups alors réagis !

— Tu me protégeras… tu l’as dit. »

Nijel s’agrippa au pantalon de Jung pour se relever et voulut lui offrir sa bouche mais le familier de garde refusa et le tint à distance.

« J’ai jamais dit ça !

— Si… je t’ai entendu le dire quand tu m’as pris derrière la grange. Tu l’as murmuré. Tu as dit que tu me protégerais de tous les dangers…»

Jung se figea un instant. Il ne comprit pas ce qu’il ressentit en entendant ce qu’il était certain d’être un mensonge. Jamais il ne dirait une telle aberration à un familier et seule la protection de son maître comptait.

« Tu racontes n’importe quoi Nijel. Tu as sûrement entendu l’une de ses voix dans ta tête.

— Non pas cette fois Jung. Je suis sûr que ça venait de toi, pas de moi.

— C’est ça… tu n’aides pas ta réputation de fou tu sais.

— Je ne suis pas fou ! Je garde juste en mémoire la voix de tous mes anciens maîtres… Un jour, l’un d’eux viendra peut-être me chercher. » murmura Nijel dont les yeux étaient partis ailleurs.

Jung soupira. Nijel était passé par plusieurs maîtres qui l’avaient tous abandonné. Le familier était devenu un peu fou après avoir vécu plusieurs abandons qui lui avaient détruit le cœur, et la tête.

« Donc c’est bien ce que je dis. T’as rêvé que quelqu’un voulait te protéger, dit Jung d’un ton décidé.

— Non ! C’était toi qui l’as dit. Redis-le-moi Jung… tu vas me protéger ? supplia presque Nijel.

— J’ai jamais dit ça putain ! Arrête de mentir ! cria Jung en espérant effacer une tension qu’il ne comprenait pas.

— Qui ment sur mes terres ? »

La voix de leur maître fit immédiatement reculer les deux familiers en même temps qu’ils baissèrent les yeux. Jung sentit Nijel trembler d’une peur réelle. L’instinct de protecteur de Jung le tirailla d’une manière qui n’aurait pas dû se manifester pour un familier.

Le maître s’arrêta à la hauteur de Jung, releva son menton et fixa ses yeux avec toute la violente passion qu’il lui portait déjà. Il avait désiré Jung depuis la première fois qu’il l’avait aperçu de loin dans la forêt avec les autres apprentis chefs de meute. Lorsqu’il avait été envoyé sur Terre, il avait ragé en imaginant sa chance de le posséder réduite à néant. Mais lorsqu’il avait appris son retour et sa mise aux enchères par Ynerf, il avait vendu l’une de ses terres les mieux placées et deux de ses familiers de chasse pour l’obtenir enfin.

« Tu es déjà de retour Maître. La chasse a-t-elle était bonne ? demanda Jung pour distraire son attention.

— Très mauvaise. Il me manquait mon meilleur atout. Toi.

— Nous pouvons y retourner maintenant si tu le souhaites. Je suis prêt.

— Plus tard peut-être. C’est lui le menteur dont tu parlais quand je suis arrivé ? »

Le Maître s’écarta un peu de son familier de garde pour regarder celui qu’il avait récupéré il y a peu de temps, perdu dans la forêt, tout juste abandonné de nouveau. Il le poussa un peu avec son pied et le familier se recroquevilla en boule en tremblant davantage.

« Je regrette déjà de l’avoir récupéré. Les autres m’ont bien dit qu’il ne me causerait que des problèmes pourtant. Ah putain… ces connards n’auraient pas pu lui tirer une balle dans la tête au lieu de le laisser déambuler partout ? On a bien le droit de débarrasser Everlove des rebuts dans son genre non ? Ça va encore être à moi de faire le sale boulot. Qu’il n’y en ait pas un qui ose défier ma place de maître de chasse après ça ! Allez, cours Nijel, je te donne une longueur d’avance. Finalement, ma journée va peut-être pas être si pourrie. »

Jung ferma les yeux un instant en sentant son cœur s’emballer pour une raison qui lui échappait. Il n’avait pas le droit de commenter les décisions de son maître et il le savait.

Et pourtant…

« Maître, s’il te plaît, laisse-le-moi. Je saurai te remercier. »

Le maître tourna de nouveau ses yeux vers Jung qui baissa les siens dès que leurs regards se croisèrent. Jung ressentit alors de la jalousie chez son maître. Il détestait que son familier de garde porte un peu trop d’attention à un autre que lui. Jung se demanda pourquoi il le provoquait ainsi pour protéger un familier aussi perdu que Nijel.

« Te le laisser ? Pour quoi faire ? T’as pas assez de toute la meute que je t’offre Jung ? Tu les baises déjà tous quand tu veux non ? Je suis pas un maître généreux avec toi ?

— Si Maître. Tu m’offres tout ce dont un familier de garde comme moi pourrait espérer. Mais lui… il n’est pas comme les autres. Il est fou. Donc il est plus dur à dresser. Et j’aime les défis. Ça me permet de développer différemment mes compétences pour mieux te servir toi après, expliqua Jung.

— Un défi tu dis… hm… pourquoi pas. C’est bien toi ça, acharné du travail. Le meilleur familier de garde et un dresseur hors pairs… Un dominant comme je les aime. »

Jung n’avait pas besoin de regarder son maître pour connaître son état. Il le sentait partout sur lui en plus de l’entendre dans le son de sa voix. Comme beaucoup de maîtres déjà eux-mêmes dominants, le sien prenait son plus grand plaisir à posséder un familier de garde à la réputation sulfureuse et autoritaire. Plus le familier était un dominant affirmé, plus le maître voulait le dominer à son tour comme preuve de sa place dans la hiérarchie.

« Merci Maître.

— Hm… tu vas me remercier oui. Fais rentrer ta meute et rejoins-moi à la maison mon beau. »

Jung inclina un peu la tête et ne releva les yeux que lorsque son maître fut assez loin. Il regarda alors Nijel qui le dévorait du regard avec des milliers de remerciements dans les yeux. Alors qu’il allait dire quelque chose, Jung le coupa immédiatement.

« Tais-toi. Tu m’as causé assez de problèmes depuis ton arrivée.

— Je me ferai pardonner Jung. Je te montrerai toute mon endurance cachée. »

Jung grogna pour faire taire le familier mais sentit que ce grognement se prolongeait en autre chose. Un instinct plus primaire qui ne faisait que le contrôler depuis qu’il était réapparu sur Everlove. Jung fixa Nijel tout en sifflant un coup fort et net. Il continua encore de le regarder alors que les autres familiers revenaient de leur cueillette avec des paniers bien chargés et bien trop lourds pour eux.

« Allez donner tout ça aux cuisines et puis c’est quartier libre jusqu’à ce que je revienne. » dit simplement Jung avant de s’éloigner vers la maison principale.

Là-bas, il entra comme le chef de meute qu’il était et tous les familiers détournaient le regard devant lui. Ils avaient vite compris qu’il était devenu le grand favori du maître dès qu’il l’avait adopté. Afin d’affirmer sa place, Jung avait dû combattre le précédent chef de meute de son nouveau maître. Il l’avait achevé selon ses ordres après avoir combattu avec une rage étonnante comme s’il faisait face à milles démons. Il était alors devenu le familier principal du maître et tous les autres s’étaient soumis à lui sans discuter.

Après avoir traversé plusieurs pièces, Jung toqua à la chambre de son maître et attendit son aval avant d’entrer.

Et dès qu’il le reçut, il pénétra dans la pièce, referma la porte, et se prépara à ce qui l’attendait. Il ne fallut pas longtemps pour que son maître le plaque contre le mur afin de lui rappeler qu’il n’était respecté ici que parce qu’il le permettait. Il le retourna ventre au mur et le déshabilla en partie, juste assez pour voir les muscles du dos qu’il avait déjà marqué plusieurs fois.

« Ta musculature se développe vite Jung. Quelle belle bête tu fais… tu fais bander ton maître comme personne tu sais. »

Jung ne parla pas. Il respirait lentement et attendait que son maître l’utilise comme il le voulait. Il lui était déjà arrivé d’annuler la venue d’un des familiers de maison dans son lit en se proposant à sa place, ce à quoi son maître ne disait jamais non. Jung se sentait parfois perturbé par la violence sexuelle que son maitre pouvait manifester sur les autres familiers. Son instinct de protection explosait alors dans son être sans qu’il n’arrive à le contenir. Il ne se comprenait plus et lorsqu’il arrivait à reprendre le contrôle pour redevenir le fier familier de garde qu’il était, il était déjà dans le lit de son maître alors il ne disait rien, et attendait la fin.

Il entendit son maître défaire son pantalon, et sans plus de préliminaire, celui-ci le déshabilla brutalement avant de s’introduire en lui. Jung serra le poing et s’empêcha de l’utiliser pour taper dans le mur. Il ferma les yeux puis les rouvrit en sentant la peau de son cou être durement mordue.

« Combien de mes familiers as-tu baisé aujourd’hui Jung ?

— Deux.

— Quoi c’est tout ? Ils ne te plaisent pas ? demanda le maître en faisant bouger son bassin.

— J’ai été occupé… à les dresser… Maître.

— Bien, bien… mais j’aime quand tu les baises Jung. Tu n’utilises pas assez ce moyen pour les punir. Demain tu m’emmèneras le moins doué des familiers de maison et tu le puniras devant moi. Je veux te voir à l’œuvre. Et après je te prendrai… il me tarde déjà. »

— Bien… Maître. »

Le cœur de Jung était verrouillé. Il ne ressentait ni amour ni haine pour son maître. Il n’avait pas le droit de ressentir le deuxième et son maître ne lui demandait pas le premier. Il exigeait seulement son obéissance parfaite lorsqu’ils étaient seuls et voulait le voir dominer tout ce qui bougeait dans son domaine pour concrétiser ses propres fantasmes après. Alors Jung le faisait. C’était là le destin de tout familier de garde qui tombait sur un maître plus dominateur que lui. Jung n’avait pas le droit de s’en plaindre et il le savait. Son maître lui offrait une bonne condition de vie et lui laissait faire presque tout ce qu’il voulait le reste du temps.

Sachant tout ça, Jung se demandait trop souvent pourquoi il avait au fond de lui, un lointain manque inconnu qui l’empêchait alors de profiter de son statut.

Il se rhabilla lorsque son maître eut fini de profiter de lui. Il se retourna et resta contre le mur en attendant un prochain ordre. Mais celui-ci fut donné à un familier à l’extérieur de la chambre qui entra alors avec un plateau qu’il déposa sur la table de la chambre avant de repartir.

« Mange Jung. Je t’ai fait cuisiner ta viande préférée. La plus chère. Celle que tu aimes tant hm ? »

Jung huma la délicieuse odeur et se lécha les lèvres en grognant légèrement. Cela excitait toujours son maître mais il ne pouvait pas s’en empêcher, l’odeur de la viande réveillant ses instincts de chasseur.

« C’est un grand privilège Maître merci beaucoup, dit Jung en commençant à dévorer le plat en question.

— Tu vas en avoir besoin. Je te veux dans la meilleure forme possible pour tout à l’heure.

— Je suis toujours prêt pour te servir Maître, tu vas m’envoyer en mission ?

— Pas cette fois-ci. Je dois me rendre à la Parade et tu vas m’y accompagner. »

Jung stoppa sa main qui tenait fermement le morceau de viande qu’il dévorait sans couvert. Il comprit immédiatement pour qui allait être cette parade et son maître observa attentivement sa réaction. Jung reprit en bouche son morceau de viande et tira dessus avec rage alors que son sang s’agitait partout en lui.

« Je veux regarder en face le minable humain qui t’as abandonné. Et toi Jung, ne veux-tu pas lui montrer qu’il a fait la pire erreur de sa vie ?»

Jung ne répondit pas. Tout s’agita en lui et son sang même se mit en ébullition. Il continua de dévorer sa viande avec une rage silencieuse. La souffrance qu’il ressentait lui était totalement inconnue. Criante, dévorante, si profonde qu’elle s’ancrait dans ses veines, mais aussi à un endroit qui n’aurait pas dû peser dans la balance, son cœur.

CHAPITRE 3 UNE DIFFICILE ADAPTATION

« Prospérité et Complémentarité !»

Ce slogan était scandé en boucle par tous ceux qui observaient la Parade. Les humains se reconnaissaient facilement puisqu’ils étaient les seuls qui pouvaient se permettre de soutenir le regard alors bien confus de Jaesang. La plupart des familiers avaient de toute façon leurs oreilles et queues de visibles, sans parler de leurs colliers, et regardaient bien plus discrètement le nouveau maître.

Jaesang avait été propulsé dans cette marche en son honneur sans rien y comprendre. Il avait eu l’impression que tout était allé trop vite. Il avait enfilé la veste et les accessoires proposés en même temps qu’il écoutait des explications sur la vie à Everlove. Personne n’avait pourtant semblé imposant, menaçant ou désagréable mais Jaesang avait quand même le sentiment d’avoir répondu à des attentes dont il mesurait encore mal les raisons.

Lorsqu’on l’avait amené à l’extérieur du hall pour la première fois, Jaesang avait été subjugué par une chose. Le paysage aux allures de campagne presque féérique. La nature d’Everlove était omniprésente même au sein de ce qui semblait être une ville. La verdure était luxuriante et l’air semblait si pur que même les poumons de Jaesang avaient pris quelques secondes pour accuser le coup.

Et partout, les regards curieux des humains qui commentaient à outrance son arrivée et ne cessaient de le fixer. Jaesang put alors se rendre compte que tous n’étaient pas aussi finement habillés que ce qu’il avait vu à son arrivée. Il retrouvait bien là une notion de classes sociales comme sur Terre. Jaesang imagina qu’ici aussi, tout était donc aussi régi par une forme de richesse.

Après avoir marché parmi ces inconnus, Jaesang avait enfin retrouvé Minji dont la beauté l’avait tout simplement époustouflée. Non pas qu’il découvrait tout d’un coup ses charmes, mais il était évident qu’il avait mis beaucoup de soin à se préparer pour lui. Il était vêtu d’une tenue légère aux couleurs pastel qui mettait en avant sa taille et ses fesses sans pour autant paraître vulgaire. Son chemisier était largement échancré et laissait voir sa peau blanche, mais surtout, son collier. Le bijou scintillait de loin en captant la lumière de ce que Jaesang constata ne pas être un mais deux soleils. Mais comme il était bien plus émerveillé par Minji que par cette incroyable découverte, son regard resta captivé par son compagnon.

Dès qu’il fut à nouveau près de lui, il s’assura qu’il allait bien et Minji lui offrit un sourire sincère pour réponse. Retrouver son maître faisait chanter son cœur et il ne pouvait cacher une petite fierté de montrer à tout son peuple qu’il appartenait au plus beau et bienveillant des maîtres.

Les cris de la grande foule rendaient difficile une conversation alors ils se contentèrent d’avancer plus, marchant au milieu d’une allée qui leur semblait réservée comme s’il venait de se dire oui. Jaesang ressentait tout un tas d’émotions qui auraient pu lui faire tourner la tête s’il n’avait pas eu le soutien de Minji. Sa seule présence à ses côtés arrivait à lui permettre de se souvenir pourquoi il acceptait tout ça alors qu’il trouvait cette exposition ridicule. Jaesang devait jouer finement cette partie dont il ne connaissait pas encore bien les règles. Il lui fallait retrouver Jung, et il savait que Minji était revenu ici avec ce même objectif.

Jaesang dut dire bonjour à beaucoup de personnes inconnues qui affluaient autour de lui et il se sentait comme un objet de convoitise sans comprendre bien pourquoi.

« Jaesang c’est ça ? Passe me voir à l’armurerie quand tu auras terminé d’installer ton familier dans ta nouvelle maison. J’ai tout ce qu’il te faut pour la chasse, dit un homme gigantesque.

— Quelles compétences à ton familier Jaesang ? Enfin pas celles pour le cul hein, les autres, j’ai un boulot pour lui s’il sait pêcher, enchaîna un autre.

— T’es toujours aussi con toi ! Tu as pas regardé son familier ? Il sort de la Tour blanche, il va pas aller trempoter dans la rivière avec tes minables familier pêcheurs ! Non, moi j’ai quelque chose pour lui Jaesang. Je suis le propriétaire du plus grand magasin de tissus d’Everlove. Je suis sûr que ton familier a des goûts raffinés, si tu veux que je le prenne à l’essai alo-…

— Regardez-vous, vous êtes pires que des vautours. »

La voix posée du nouvel arrivant fit taire les autres qui le mitraillèrent alors du regard. Jaesang les vit rouler un peu des mécaniques pour impressionner le nouveau venu, ce qui sembla ne pas fonctionner. L’homme d’âge moyen ne se laissa nullement impressionner et trouva sa place dans le cercle formé autour de Jaesang bien que personne ne voulait lui en faire une. Il inclina un peu la tête devant lui et se présenta.

« Bonjour Jaesang, bienvenue. Je suis Cole. Et voici Luce. Bonjour Minji. »

De tous les hommes pressés autour de lui, Cole était le seul à avoir salué Minji qui s’inclina alors devant lui. Il hocha ensuite doucement la tête vers Luce que Jaesang comprit être une familier en remarquant ses longues oreilles. Jaesang trouva enfin un peu de réconfort à rencontrer quelqu’un qui ne semblait pas avoir un besoin maladif de se distinguer de son familier en le nommant ainsi. Jaesang salua les deux et un des hommes pesta alors.

« Qu’est-ce que tu fous ici Cole ? On n’a pas besoin de toi, retourne lire tes bouquins !

— J’en ai justement un sur moi si tu veux apprendre quelques mots de plus. Ça ne te ferait sûrement pas de mal. » répondit Cole sans sourciller.

Lorsque l’homme commença à s’échauffer, son familier de garde fixa son regard sur lui en sentant son envie d’en découdre. Il avait l’air aussi colérique que son maître et n’attendait que son ordre pour pouvoir attaquer.

« Je te dis de te barrer vite fait putain ! On va s’occuper de l’intégration du nouveau !

— Et vous avez pensé à lui demander son avis dans tout ça ? Ah non, suis-je bête. Pour ça il aurait fallu avoir une once de bon sens. Et vous en êtes tous dénués. » se moqua Cole sans rire.

L’homme en colère claqua alors des doigts et la foule retint son souffle en voyant le familier progresser rapidement vers le petit cercle en grognant une menace. Mais avant qu’il n’arrive à hauteur de Cole qui n’avait pas bougé, il fut tiré en arrière par une main ferme.

Il grogna alors en se retournant, se prit une claque dans la tête et sentit l’odeur de la nouvelle menace qui le dissuada de riposter. Il secoua la tête, baissa ses yeux vexés et enragés et attendit près de son maître.

« Putain Zao mais tu te crois vraiment tout permis ! Le seul qui peut bastonner mon familier c’est moi bordel ! ragea l’homme.

— Toi et ton chef. Et jusqu’à preuve du contraire, c’est moi qui dirige votre bande de têtes de cons. Alors ferme ta gueule et tiens ton clébard en laisse. »

Jaesang avait eu un panel d’émotions entre peur, panique et incompréhension. Il était en fait soulagé que quelqu’un soit intervenu pour retenir le familier enragé de s’attaquer au dénommé Cole. C’était bien lui qui semblait le plus sympathique de toute cette assemblée. Jaesang ne cautionnait cependant absolument pas la violence exercée sur le familier qui, il se doutait, ne répondait qu’à l’ordre de son maître apparemment stupide. Et comme l’apparent sauveur semblait encore moins agréable que les autres, Jaesang resta sur ses gardes, surtout en voyant la façon dont il était en train de le regarder à présent.

« Alors c’est toi… Jaesang… je t’imaginais… plus grand. »

Les yeux de celui appelé Zao détaillèrent rapidement l’apparence de Jaesang comme s’il le jaugeait. Il comprit vite que cet homme-là devait être plus puissant ou plus dangereux que les autres puisque s’ils semblaient tous mécontents, aucun ne semblait vouloir se confronter à lui actuellement.

« Je m’appelle Zao. Je suis quelqu’un d’influent ici. Et le maître du Domaine de l’Est. Ma spécialité, c’est la chasse, déclara-t-il alors en souriant bizarrement.

— Alors j’imagine qu’on ne sera pas beaucoup amené à se côtoyer. Je déteste la chasse, s’affirma alors Jaesang avec aplomb.

— Évidemment… ha ha putain… laissez tomber les gars. Il ne sera pas des nôtres. On va le laisser au club des binoclards. Allez Cole, prends ta nouvelle chiffe molle et barre toi. »

Jaesang voulut répliquer sans savoir vraiment quoi mais la main que Minji glissa dans la sienne lui laissa penser qu’il voulait le dissuader de faire ça. Il regarda donc Cole qui hocha la tête et ils partirent ensemble sous les rires et autres remarques peu agréables des hommes de Zao.

« Il semble que tu fasses confiance au jugement de Minji. Tu sais donc te servir de ta tête, c’est ce que j’imaginais. Se confronter à de tels imbéciles n’aurait avancé à rien aujourd’hui. Au moins, maintenant, c’est clair pour chacun, dit alors Cole.

Clair… je suis totalement paumé oui. Jung, où es-tu ? J’ai besoin de toi, je suis perdu.

— Ça ne me semble pas du tout clair à moi. Je suis en apnée depuis cette… Parade. Je ne comprends rien à rien… » soupira Jaesang.

Minji entoura son bras et posa un peu sa joue contre son épaule.

« C’est le début, c’est normal Maître. Il y a beaucoup de choses à découvrir pour vous. Je vous aiderai.

— Hm ben je ne pensais pas devoir déjà me méfier de gros balourds comme ça. Finalement, des cons, il y en a dans tous les mondes hein… mais attends… ceux-là viennent de chez moi en plus ! Comment ils ont été acceptés ici ces débiles ? Clairement, vous n’avez pas gagné à leur arrivée.

— À qui le dis-tu… nous en parlerons plus en détails Jaesang. Mais pas ici. Trop d’oreilles traînent. Passe me voir dès que tu voudras et nous t’accueillerons avec plaisir. J’ai le privilège d’avoir été choisi par quelques esprits éclairés pour faire avancer au mieux le Domaine de l’Ouest. Il est plus petit que celui de Zao, mais bien plus intéressant. Je pense que notre façon de vivre vous correspondra mieux mais je vous en laisserai juges, expliqua Cole.

— D’accord merci. On passera… ça me fait penser que je ne sais même pas où est cette maison dont a parlé Igor… celle où on doit s’installer cette semaine.

— Elle se trouve en plein cœur de la ville. C’est une maison de transition, intervint alors Luce.

— De transition ? Vers quoi ? lui demanda Jaesang.

— Vers ce que tu souhaites pour le futur. Votre futur. » ajouta Luce en souriant à Minji.

Minji sourit tendrement à Luce. Il l’avait déjà aperçu auparavant car elle était une familier assez connue puisque partageant la vie du maître régissant le Domaine de l’Ouest. Luce était calme et sa voix douce s’accordait avec son apparence générale. Certains murmuraient qu’elle était très intelligente. Cole l’affirmait avec un respect que ceux du Domaine de l’Est moquaient.

« Tu resteras dans la maison de transition pendant une semaine avec Minji avant de décider où tu voudras vraiment t’installer. Je te dis à bientôt alors, essaie de profiter un peu de cette soirée en votre honneur. Il y a quelques gens accueillants si tu cherches bien. » sourit Cole avant de s’éloigner avec Luce.

Lorsqu’il fut seul avec Minji, Jaesang respira enfin un peu et lui demanda :

« Tu les connais tous ces gens ?

— De réputation. Les familiers en apprentissage comme je l’ai été n’ont le droit de venir en ville qu’à une seule occasion. Le reste du temps, nous vivons en dehors des murs de la ville et des domaines des maîtres. Nous restons entre nous, expliqua Minji.

— Pourquoi ça ?

— Afin d’éviter les complications… pour nous. Un familier sans maître n’a pas sa place en ville s’il veut éviter les problèmes. Sans personne pour nous protéger ou sans pouvoir afficher notre appartenance grâce à un collier, nous pourrions nous faire attaquer très facilement…

Mais quelle angoisse !

— Bon sang mais c’est flippant comme endroit en fait ! » s’exclama Jaesang.

Minji haussa un peu les épaules. Il n’avait jamais connu rien d’autre et les seuls moments où il s’était senti réellement en sécurité avaient été ceux passés auprès de son maître, sur Terre. Et plus tard, auprès de Jung. Cette pensée le fit soupirer.

« Du coup à quelle occasion tu as déjà été ici ? reprit Jaesang avec l’envie d’en comprendre plus sur le passé de Minji.

— Lors d’un évènement unique qui se déroule deux semaines après notre naissance. Ce n’est pas une naissance comme pour les humains bien sûr… En fait, un jour, nous apparaissons justes comme ça. Je suis né avec l’apparence que vous me voyez là Maître. Les miens ne sont jamais très jeunes ou très vieux, nous gardons la même apparence en tout temps.

Non… ? Sérieusement ?

— Sérieusement ? Waouh… je m’attendais pas à ça pour le coup… Je l’avais pas vu venir celle-là. Ok… donc l’évènement dont tu parlais c’est… ?

— C’est la journée où on laisse les apprentis familiers déambuler dans toute la ville sans que personne n’ait le droit de les toucher. Ni les familiers ayant déjà un maître, ni les maîtres eux-mêmes. La loi a été faite par Igor et elle est toujours respectée. Cette journée doit permettre aux maîtres de voir les futurs familiers afin qu’ils fassent leurs choix pour plus tard. Tous les familiers ne sont pas appelés à tenter leur chance avec un maître sur Terre. C’est un grand honneur lorsque ça arrive, une vraie chance. Pour tous les autres, ils rejoindront donc la meute d’un maître déjà installé ici ou ils seront adoptés par les dirigeants d’Everlove pour travailler au Grand Hall. La dernière option, c’est pour les dominants, ils peuvent être adoptés par le chef de la garde d’élite qui protège notre monde, Ynerf. Ces familiers-là sont plus puissants que tous les autres il paraît. J’ai tout appris pendant mes cours pour être un bon familier Maître. »

Minji se demanda s’il aurait voulu que son maître soit fier de lui en rajoutant ce détail. Il se dit que oui, par réflexe. Puis il se dit que Jaesang lui offrait déjà son amour contre des choses bien plus réelles et importantes que ce qu’il avait appris dans la Tour blanche.

« Que d’informations… merci de m’avoir expliqué Minji. J’ai encore tellement de questions. Mais quand tu parlais, ça m’a fait penser que je ne t’ai pas encore dit ce que m’a expliqué Igor. Je l’ai questionné tout à l’heure et… il a fini par me dire que Jung avait déjà un nouveau maître depuis son retour… Je n’arrête pas d’y penser.

— Oh non… Jung… je ne suis malheureusement pas très étonné. Jung fait un très bon chef de meute… il a dû se faire repérer rapidement lors de son passage en ville lorsqu’il était apprenti, dit tristement Minji.

— Mais… attends tu y étais toi aussi non ? Vous ne vous êtes jamais rencontrés ce jour-là ?

— Non c’est interdit. Les familiers élevés dans la forêt y vont un jour et ceux de la Tour blanche comme moi y allons sur un autre jour. Nous n’avons pas le droit de nous croiser car nos instincts sont alors encore… trop confus. Nous devons rester avec les dominants et les soumis de notre secteur.

— Pourtant, je me souviens bien quand tu as dit avoir fait le mur pour… enfin pour… enfin voilà quoi… toussota Jaesang en essayant d’éviter de repenser davantage à la raison.

— Hum… oui Maître… j’étais plus jeune et moins au fait de tout ça… mais c’était en dehors des règles. S’il vous plaît, ne le dites jamais à personne.

— Bien sûr que non. Minji, tu sais que tu peux me faire confiance. Je chercherai toujours à te protéger du mieux que je peux. »

La main de Jaesang caressa la douce joue de Minji avant que ce dernier ne pose un peu sa tête contre lui pour sentir sa chaleur, et la protection dont il avait besoin. Jaesang l’avait enlacé de ses bras, et caressait doucement son dos. Alors Minji ferma les yeux en souriant et en soupirant son apaisement.

Mais lorsqu’il rouvrit les yeux, il le vit. Là, un peu plus loin. Il était adossé contre un arbre, les bras croisés, et le regard figé sur lui. Un regard terrible qui lui fit froid dans le dos.

« Jung…

— Quoi ? Où ? Où ça Minji ? »

Et Jaesang le vit aussi. Il croisa un instant ce même regard glacial avant que les yeux de Jung ne se baissent, par obligation d’avoir croisé ceux d’un maître.

CHAPITRE 4 PERTURBANTES RETROUVAILLES

« Jung ! Tu es là, enfin… j’ai cru que je t’avais perdu. »

Jaesang avait parlé avec son cœur qui débordait de tout ce qu’il voulait dire. Il avait pris la main de Minji, et avait marché jusqu’à l’endroit où se tenait Jung. Là où la ville s’arrêtait et où une immensité de champs commençait. Contre le premier arbre, silencieux et immobile, était posté Jung. Il ne releva pas les yeux en les voyant arriver.

Minji sentit alors une rage contenue dans ce que dégageait le familier de garde. Il en était alors la parfaite représentation : imposant, fort, et un esprit déterminé à ne pas flancher. Minji eut peur et ce ressenti l’affecta encore plus. Il pressa un peu la main de Jaesang, comme pour le prévenir que quelque chose n’était pas normal, mais ce dernier n’y réagit pas. Il continua au contraire de chercher le regard de Jung.

« Jung, c’est nous… nous sommes là pour toi, retenta Jaesang.

— Pour moi ? répéta Jung avec une rage au bord des lèvres que seul Minji avait pu ressentir.

— Bien sûr. Je n’ai pas de mots pour exprimer ce qui s’est passé à ce moment-là…Je ne vais pas te lâcher comme ça. Jamais. Je vais aller parler à Igor et je vais lui expli-…

— Pourquoi tu fais ça ? Tu veux juste me torturer ? Tu penses que je ne suis pas assez humilié comme ça ? »

Jung… non…

Les mots et le ton alors plein de reproches de Jung brisèrent le cœur de Jaesang alors qu’il le pensait déjà suffisamment fêlé. Le familier qui avait du mal à se contenir davantage s’éloigna de lui en rageant entre ses dents, une froideur glaçante dans les yeux.

Ses yeux, il les releva justement lorsqu’il fit face à celui qui n’était plus que pour lui, le familier qui avait remporté la partie que lui avait perdue. Alors il se mit à grogner, d’abord doucement, en le fixant avec méchanceté.

« Toi… siffla-t-il entre ses dents.

— Jung… » murmura Minji en se sentant trembler.

Jaesang avait espéré que quelque chose de bien se provoque si Jung et Minji se retrouvaient face à face. Mais à l’évidence, c’était l’opposé qui était en train de se produire, et ça le terrorisait complètement. Il prit alors le bras de Minji en sentant qu’il n’avait pas d’autre choix que de le protéger devant ce Jung-là. Il le tira derrière lui et resta seul face au visage colérique du familier de garde. Ce dernier du alors baisser les yeux et il détourna la tête en grognant étrangement.

« Maître, il ne se souvient pas. » murmura Minji avec une voix brisée.

… non… pas ça… je vous en prie…

Jung tourna de nouveau son regard vers Minji et grogna d’un coup sec. Le familier se paralysa alors sous le regard effaré de Jaesang.

« Jung arrête ! C’est nous… tu nous connais ! Je t’en prie, ne me dis pas que tu ne te souviens de rien du tout… c’est pas possible…

— Ah parce que tu voudrais que je me souvienne de ton abandon ? Pourquoi tu cherches à me torturer davantage hein ? C’est ça ton truc alors ? Tu es un maître qui blesse par les mots et non par les poings ? »

Jung s’autorisa alors à regarder un humain en face quelques secondes. Quelques secondes qui suffirent à Jaesang pour sentir la violente attaque que Jung avait voulu déployer sur son cœur et qui l’avait inévitablement atteint.

« Je ne peux peut-être pas m’en prendre à toi, mais je te conseille de garder ton caniche là où tu peux le voir. Tu voudrais pas qu’il lui arrive une bricole j’imagine… puisque c’est lui que tu as choisi. Il est important pour toi, n’est-ce pas ? »

La voix de Jung se brisa un peu, preuve d’un conflit qui le perturbait déjà trop. Jaesang avait reçu sa menace en plein cœur. Il ne reconnaissait pas Jung. Son Jung. Celui qui aurait tout fait pour protéger Minji. Jaesang secoua tristement la tête en faisant une mine désolée. Ce que Jaesang croyait sentir chez Jung à ce moment-là, c’était une crainte qu’il dissimulait sous une violence plus facile à projeter. Il posa alors sa main sur son bras par réflexe de vouloir le rassurer. Jung retira violemment son bras et tenta de le menacer alors qu’il n’en avait pas le droit.

« Tu n’as plus le droit de me toucher ! Je ne t’appartiens plus ! Je suis protégé par mon propre maître désormais ! »

Les yeux de Jaesang se remplirent de larmes et il mordit l’intérieur de sa lèvre car il ne pouvait pas rester impassible en entendant ce genre de choses. Il crut voir de la peine dans les yeux de Jung avant qu’ils ne redeviennent sévères et terribles de rage.

« Ici Jung. »

À l’entente de la voix de son maître, Jung baissa plus la tête et recula pour se placer à ses côtés. Celui-ci lui ordonna de libérer Minji de sa paralysie alors il le fit sans discuter.

Non pas lui… c’est lui le m-… non…

« C’est pas vrai… toi… ? »

Ces simples mots écorchèrent la gorge de Jaesang. Il passa un bras autour des épaules de Minji qui semblait encore plus effrayé après avoir été ainsi paralysé. Jaesang le serra contre lui sans quitter des yeux cet homme, Zao, celui qui avait affiché son inimité contre lui quelques instants auparavant. Zao, le nouveau maître de Jung.

« Et ouais. Moi. C’est moi le maître de Jung. Le seul. T’approches pas trop de lui où ça pourrait vite me gonfler ok ? Il est à moi. Je l’ai payé cher. Mais il en vaut le coup. »

Zao se délecta de l’air abasourdi et paniqué de Jaesang. Pour ajouter à sa démonstration de force et rendre très claire sa place, il passa un doigt sous le collier en cuir noir de Jung et le tira vers lui.

Jung eut alors une sensation bizarre en lui. Comme si quelque chose n’était pas à sa place et qu’autre chose lui manquait. Il émit une légère plainte entre ses lèvres mais comme son maître posa sa bouche dessus, il se tût et se laissa embrasser.

NON !!!

Jaesang fit un pas en avant et Minji accrocha son autre bras à lui. Il le tira en arrière pour l’empêcher de se laisser déborder par des émotions qui les mettraient en péril tous les deux, voire tous les trois.

Zao repoussa Jung sans douceur et il vacilla un peu, le regard dans le vide, la tête baissée.