Exhumation Du Roi Fae - Brenda Trim - E-Book

Exhumation Du Roi Fae E-Book

Brenda Trim

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Beschreibung

Bienvenue à l’Académie Bramble’s Edge. Une université où les Fae perfectionnent leur maîtrise des éléments. Exactement ce dont un être puissant a besoin, nest-ce pas ? Le problème ? Je ne fais pas partie de ces êtres puissants. Alors, quand mon heure est venue de rentrer à l’Académie, j’ai essayé d’échapper aux collecteurs, j’atterris, impuissant, au milieu de la cour, les ailes brisées. J’éprouvai immédiatement une attirance indésirable pour Maurelle, la femelle sexy, mais elle représentait un fardeau trop lourd pour mes épaules. Ma mère m’avait bien fait comprendre que je devais garder la tête basse et passer mes trois années ici sans attirer l’attention. Malheureusement, un simple sourire de Maurelle suffisait à me faire oublier mon nom. Et, pour aggraver la situation, le destin n'a cessé de nous réunir.

Bienvenue à l’Académie Bramble’s Edge, l’université où les Fae perfectionnent leur maîtrise des éléments. N’importe quel être puissant aurait certainement rêvé d’une telle éducation, non ? Le problème ? Je ne fais pas partie de ces êtres puissants. Alors, quand mon heure est venue de rentrer à l’Académie, j’ai essayé d’échapper aux collecteurs. Impuissant, j’atterris au milieu de la cour, les ailes brisées. Par la suite, je n’ai pas tardé à éprouver une attirance indésirable pour Maurelle. Cette femelle sexy représentait un fardeau trop lourd pour mes épaules. Ma mère m’avait fortement conseillé de garder la tête basse et de ne pas attirer l’attention pendant mes trois années ici. Malheureusement, un simple sourire de Maurelle suffisait à me faire oublier mon nom. Et, pour aggraver la situation, le destin ne cessait de nous réunir, mais pas pour des moments sensuels comme je l’aurais espéré ! Non ! Nous allions découvrir un complot pour empoisonner les étudiants, ainsi que l’existence d’un groupe secret d’assassins au service de la directrice. Quel genre d’école forme des tueurs au sang-froid sur son campus et fomente des complots mortels ? Avec un groupe de Fae meurtriers dans les parages, j’aurais dû rester dans ma chambre et me contenter d’étudier comme tout le monde. Mais je n’étais pas comme les autres élèves à l’académie. Je refusais que mon peuple se laisse manipuler et se trouve privé de sa magie élémentaire. La vraie raison de ma rébellion se révéla. J’étais l’héritier du trône Fae ! La seule personne susceptible de changer la vie de mon espèce. Rien de tel pour compliquer davantage ma situation déjà précaire. Les dangers augmentaient et je voulais revendiquer mon trône, mais ma prise de pouvoir aurait des retombées qui frapperaient d’innombrables victimes et je me sentais incapable de vivre avec cette idée.

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Exhumation du Roi Fae

Brenda Trim

Traduction parTHESEUS TOURS S.A. DE C.V.

Table des matières

CHAPITRE PREMIER

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

CHAPITRE IX

CHAPITRE X

CHAPITRE XI

CHAPITRE XII

CHAPITRE XIII

CHAPITRE XIV

CHAPITRE XV

CHAPITRE XVI

CHAPITRE XVII

CHAPITRE XVIII

CHAPITRE XIX

CHAPITRE XX

Conclusion

Du même auteur

Copyright © Février 2020 par Brenda Trim

Éditeur : Chris Cain

Couverture par Fiona Jayde

* * *

Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, lieux et incidents sont des produits de l’imagination des auteurs ou sont utilisés fictivement et ne doivent pas être considérés comme réels. Toute ressemblance avec des personnes, vivantes ou décédées, des évènements réels, des lieux ou des organisations relève de la pure coïncidence.

AVERTISSEMENT : La reproduction non autorisée de cette œuvre est illégale. La violation criminelle du droit d’auteur fait l’objet d’une enquête par le FBI et est passible d’une peine qui peut aller jusqu’à 5 ans de prison fédérale et 250 000 $ d’amende.

Tous droits réservés. À l’exception des citations utilisées dans les critiques, ce livre ne peut être reproduit ou utilisé en tout ou en partie par tous moyens existants sans l’autorisation écrite des auteurs.

Réalisé avec Vellum

Et soudain, vous savez… le moment est venu de relever un nouveau défi et de faire confiance à la magie des nouveaux débuts. À tous mes fans, merci d’avoir poursuivi ce voyage avec moi et d’avoir plongé dans ce Nouveau Monde sorti de mon imagination.

CHAPITRE PREMIER

« Tu dois partir, Ryk. Si tu ne t’enfuis pas, ils t’attraperont. Tu ne peux pas rester ici », exigea Galina. Sa mère fourrait des vêtements tirés du fond de son placard dans un sac en toile.

« De quoi parles-tu, maman ? Je ne peux pas te laisser. Je ne serai pas comme papa, je ne t’abandonnerai pas aux humains », objecta Ryker.

Sa mère interrompit ses activités en cours et le regarda. Il détestait voir des larmes déborder de ses yeux lavande. Elle travaillait si dur pour subvenir à ses besoins et le protéger de la corruption à Bramble’s Edge.

La vie de ses amis ressemblait à un jeu de balle au prisonnier. Ils parcouraient les rues de l’Edge en essayant de trouver du travail, de la nourriture ou pour se distraire.

En naissant sur les terres de Mag Mell, les Fae se prédestinaient à une existence difficile. Avant l’invasion des humains, le royaume leur appartenait. Mais après, les Fae de l’âge de sa mère durent déménager dans la petite zone de Bramble’s Edge. Dans l’Edge, les humains contrôlaient les Fae et les utilisaient pour améliorer leurs propres conditions de vie. Ryker ne savait pas à quoi ressemblait leur quotidien avant la relocalisation du peuple Fae à l’Edge et il s’en fichait. Survivre et prendre soin de la femme qui l’avait tant choyé déterminaient ses priorités.

« Tu es en danger ici, à présent. J’ai promis de te garder en sécurité. »

Ryker traversa la pièce et recueillit sa mère dans ses bras. Avec sa stature imposante, la tête de la menue Fae arrivait à la hauteur de sa poitrine.

Sa minuscule corpulence renforçait son aspiration à assurer sa protection maintenant. Elle avait toujours tellement bien veillé sur lui. Il devenait enfin capable de donner en retour. Il voulait envelopper ses ailes naissantes bleu et noir autour d’elle et la protéger de nouveaux sévices. Par-dessus sa tête, il voyait parfaitement les ailes orange et jaune de Galina.

Il se sentait soulagé d’avoir finalement commencé sa transition. Depuis des années, il attendait avec impatience le moment où il entrerait enfin en possession ses pouvoirs. À vingt-quatre ans, sa croissance se situait dans la moyenne. La plupart des Fae atteignaient cette étape entre vingt et un et trente ans, la majorité entamait leur transition vers la fin de la vingtaine.

Sa mère n’était pas vieille pour une Fae. Les Fae ne vieillissaient pas comme les humains, ce qui, selon lui, les rendait dingues. Par exemple, les cheveux blond cendré de sa mère ne reflétaient pas son âge et elle regorgeait de vie, plus que n’importe quel être humain à soixante-trois ans.

Son espèce avait vécu des centaines, voire des milliers d’années, et avait des capacités largement supérieures à celles des humains ordinaires. Bien sûr, certains maîtrisaient la précognition, la télépathie et des habiletés similaires dans le domaine spirituel, mais leur puissance ne rivalisait pas avec les compétences d’un Fae.

Ryker croyait que les Fae ne resteraient pas un peuple soumis pour toujours. Il était convaincu que son espèce finirait par récupérer son hégémonie. Ses ailes voletaient dans son dos pour lui rappeler la raison de cette conversation.

« Tu dois t’échapper et trouver le souterrain, ordonna Galina. Tes pouvoirs se manifestent. » Ses mots incitèrent Ryker à regarder par-dessus son épaule le bleu vif de ses propres ailes. L’impatience de découvrir l’étendue de ses capacités et ses expertises le dévorait, mais elle le terrifiait également. Tout allait changer et il ne se sentait pas prêt à cette métamorphose.

Les pouvoirs des Fae se précisaient après avoir atteint leur force maximale. Puis ils développaient leur capacité à contrôler les éléments. Certains provoquaient et utilisaient le feu, d’autres maîtrisaient l’eau, la terre ou l’air. De rares exceptions contrôlaient les quatre éléments ainsi que l’esprit.

« Oui, mais je peux les cacher. Je ne te quitterai pas. J’apprendrai à les contrôler. Je travaillerai pour que tu n’aies plus à faire le ménage dans les maisons du milieu. »

Les coups sur la porte d’entrée résonnaient dans le petit appartement. Avant d’aller répondre, sa mère porta sa main à sa bouche et regarda vers la fenêtre.

« Sors par la fenêtre pendant que je les renvoie.

— Pourquoi ont-ils eu l’idée de venir ici aujourd’hui ? » interrogea Ryker.

Il venait à peine de découvrir que ses pouvoirs se dessinaient. L’afflux soudain de puissance lui donnait l’impression que ses membres devenaient des fils sous tension. La couleur inonda ses ailes pâles. Tous les Fae naissaient avec des ailes claires, nuance pêche avec des motifs légèrement noircis. Elles changeaient de pigmentation pendant leur transition. La plupart du temps, les dessins devenaient noirs ou prenaient une tonalité sombre.

Les lumières de la salle de bain avaient explosé quand il avait essayé de prendre sa douche. L’eau était passée du chaud au froid et inversement avec une rapidité vertigineuse. Sa mère lui avait expliqué la situation et fait part de ses convictions. Elle pressentait que ses compétences se manifesteraient dans plusieurs éléments. Puis elle avait commencé à préparer ses valises.

« Rien ne les dépasse. Tu le sais, Ryk. Maintenant, pars ! ordonna-t-elle en le poussant vers la fenêtre. Trouve la Peridun derrière la maison de plaisir. Elle te guidera vers le souterrain. Je t’aime. »

Ryker passa son sac par-dessus son épaule et se dirigea vers la fenêtre sans réfléchir au risque d’infléchir sa volonté. Il n’avait aucune envie d’aller à l’Académie de Bramble’s Edge. Tous les élèves qui avaient suivi le programme en étaient sortis esclaves.

« Je reviendrai », promit-il.

La voix de sa mère résonnait avec force dans leur humble maison. Il souleva la vitre, le panneau grinça en signe de protestation. Au même instant, des coups de pied résonnèrent contre la porte. Ryker sauta par la fenêtre avec élan. Le bâtiment à proximité se situait à peine à un mètre cinquante de distance. Il atterrit sur un rebord crasseux et faillit glisser.

« Arrête. Ne décolle pas », ordonna un mâle depuis la fenêtre ouverte. Ryker se tenait en équilibre sur le minuscule balcon. Il étendit ses ailes en guise de réponse. Le Fae jura et se faufila par la fenêtre derrière lui. Ryker détestait se mettre en colère ou combattre son propre genre.

Chaque fois qu’il voyait la police patrouiller l’Edge, il se demandait combien de policiers Fae accomplissaient réellement cette tâche de leur propre volonté. Son instinct lui disait que dans le monde actuel, les apparences étaient trompeuses. L’état de leur royaume ainsi que la manière dont les humains avaient pris le pouvoir alimentaient les rumeurs. Les véritables enjeux devaient dépasser sa compréhension.

Ryker grogna et s’accroupit pour s’envoler. Un bruit de métal l’obligea à marquer une pause. Il lança un juron en battant des ailes pour essayer de décoller. Malheureusement, il bougea trop lentement.

Ses poignets tombèrent sur ses côtés à la seconde où les menottes magiques entrèrent en contact avec son corps. Ryker tomba à genoux et essaya de se dégager des contraintes. Il devait se libérer ou il finirait à l’Académie.

Du coin de l’œil, Ryker remarqua que plusieurs de ses voisins planaient à l’intérieur de leurs maisons et observaient la scène. Il voulait leur montrer que les Fae pouvaient riposter, mais il restait impuissant et devait se contenter de s’acharner en vain alors que la douleur dans son torse s’intensifiait.

Le ruban magique encercla sa poitrine et verrouilla ses mains en place. Il résistait férocement et la douleur infligée par le métal s’intensifiait. Une sensation de brûlure envahissait sa peau, un courant électrique le traversait. Il avait l’impression que l’acier était en train de fondre sur ses os.

« Ça ne sert à rien, Ryker. Laisse tomber. Suis-nous de ta propre volonté. Tout sera plus simple », déclara le mâle.

Levant ses yeux verts, Ryker remarqua qu’il se rapprochait. Il fut choqué de voir qu’il connaissait le Fae. Impossible de confondre ces yeux bleus, ces cheveux auburn, et ces ailes rouge et noir.

« Aidan ? C’est toi ?

— Oui. C’est moi. Écoute, tu dois te calmer. La magie se dissipera si tu arrêtes de lutter. L’Académie n’est pas aussi mauvaise qu’on nous le disait dans notre enfance. Tu apprendras à contrôler tes pouvoirs. Sans instruction, tu ne parviendras jamais à canaliser ta puissance et exercer tes capacités. »

Ryker voulait se moquer de son ami d’enfance qui avait l’air de réciter un message appris par cœur. Il ne pouvait pas oublier les histoires qu’ils avaient entendues sur les élèves mutilés par les pratiques pédagogiques. Et, parfois pire.

Les Fae n’avaient pas accès à la technologie, et ils n’avaient aucun moyen de découvrir la vérité sans aller à l’école. La malignité d’Aidan qui l’attirait vers l’autre mâle avait disparu complètement maintenant. Tout ça devait avoir un sens, non ?

« Ryker », sanglota sa mère depuis sa chambre. Un autre mâle posa ses mains sur ses frêles épaules, il surplombait sa petite taille. Les épaules bien droites, il lança un regard furieux. La menace planait évidemment sur eux. Et, elle remuait ses tripes et provoquait des nausées.

Le regard de Ryker balaya rapidement la zone. Il réfléchissait à ses options. Les Fae vivaient dans un environnement urbain, un champ de pierre, un anathème pour leur espèce.

Les histoires anciennes décrivaient Bramble’s Edge comme un centre commercial créé par les Fae. Les plantes et les animaux entouraient la zone de quinze pâtés de maisons sur quinze et alimentaient leur pouvoir. Ryker pouvait seulement imaginer l’étendue du royaume dans le passé. Les Fae n’avaient pas le droit de posséder des appareils de communication ou des ordinateurs. Il savait simplement que le mode de vie des humains était très différent du leur.

Il avait accompagné sa mère dans les maisons qu’elle nettoyait pour les humains du milieu. Ils regardaient des films sur des écrans géants et ils utilisaient encore bien d’autres gadgets dont il n’était jamais parvenu à deviner la fonction. Selon les rumeurs, les riches en possédaient bien davantage.

Un seul choix s’offrait à lui s’il voulait s’échapper et trouver un moyen d’améliorer le statut de son peuple. Se dresser sur ses deux jambes. Ryker prit appui sur le balcon et battit des ailes.

Heureusement, elles étaient déployées lorsque les menottes de confinement l’avaient encerclé sinon il aurait dû les emmener. Dans les airs, il surplombait entièrement l’Edge. La section des centaures s’étendait sur un pâté de maisons et demi tandis que les plus petits complexes d’appartements des Barghests ceinturaient les écuries de l’autre côté.

« Écuries… », un bien grand mot pour décrire le lieu de vie des centaures. En réalité, elle se limitait à une simple allée recouverte de foin éparpillé et un espace principal pour cuisiner. La seule tanière dont ils disposaient pour s’abriter de la pluie et de la neige se limitait à un toit et deux murs. Le bâtiment barghest servait d’arrière de leurs maisons, l’avant restait complètement ouvert.

Ryker dut mettre en œuvre beaucoup d’efforts pour réussir à planer par-dessus des immeubles élevés, mais quand il y parvint, il aperçut l’Académie et l’océan au-delà. S’il atteignait l’eau, il pourrait voler le long de la côte vers une région exempte de domination humaine.

« Tu es fou ? Tu n’y trouveras rien d’autre qu’un terrain vague. Tu n’es pas suicidaire, idiot ! » gronda sa voix intérieure alors qu’il élaborait rapidement son plan. Non, il n’avait aucune ardeur téméraire, mais les autres mâles avaient pris leur envol, alors il manquait de temps de réfléchir.

Quand il traversa la section d’Asrai, il se mit à rêver qu’il pourrait atteindre la liberté. Il essaya d’écouter son instinct et de passer en revue ses moyens d’action. Ce serait formidable s’il pouvait fusionner les ombres. Même si les ombres se raréfiaient en ce moment. L’invisibilité aurait représenté l’arme parfaite pour l’aider à s’enfuir.

« Ryker, tu dois arrêter. Nous avons averti les autorités », lança Aidan derrière lui. Effectivement, une seconde après, une sirène d’avertissement assourdissante retentit à travers l’Edge. Les Hobs et les brownies se précipitèrent vers un abri.

Le ruban resserrait maintenant sa taille, sa respiration devenait difficile. L’agonie faisait danser des taches dans son champ de vision. Ryker dans une explosion de vitesse esquiva l’attaque ultérieure qu’Aidan avait lancée dans sa direction.

La spirale métallique inutile tomba au sol et déclencha une pluie d’étincelles en atterrissant.

« On mérite mieux, Aidan. Laisse-moi partir.

— Je ne peux pas. Tu as évidemment perdu le contrôle sur tes pouvoirs, ils vampirisent ton comportement, Ryker. Arrête et réfléchis avant d’agir. »

La structure en pierre géante se profilait au loin, distrayant Ryker. À cette distance, il ne distinguait pas les détails. Mais inévitablement, une foule d’étudiants rassemblés sur la pelouse devant l’Académie observaient la scène.

Aucune évidence ne lui permettait de soupçonner un danger menaçant s’il se rendait à l’institution. À d’innombrables reprises au cours de sa vie, sa mère lui avait raconté les évènements pendant la guerre avec les humains et les retombées consécutives.

Le meurtre du Roi et de la reine Fae représentait le pire chapitre de leur histoire. Il avait rendu leur peuple vulnérable. Actuellement, personne ne portait le manteau royal. Ils se sentaient sans défense. Ryker imaginait souvent à quoi ressemblerait la vie sous le règne d’un monarque. Les humains ne rebrousseraient jamais chemin pour s’enfuir, mais il devait croire qu’un roi leur donnerait une couche de protection supplémentaire.

Ses efforts continus alourdissaient ses ailes, mais il refusait d’abandonner maintenant. Le bruit derrière lui obligea Ryker à récupérer chaque once d’énergie en lui pour l’acheminer vers ses ailes.

Il bondit en avant et accéléra son vol sous l’effort. Il vacilla dans les airs comme un aviateur ivre. Des coups de couteau traversèrent soudain ses membres, et accaparèrent toute son attention. Il tourna la tête et remarqua qu’il ne souffrait en réalité d’aucune blessure visible, malgré ses impressions.

Les Fae apprenaient dès leur plus jeune âge à ne pas voler loin parce qu’un bouclier enveloppait l’Edge. Jusque-là, ce simple avertissement ne concernait que les tout-petits. Alors que ses ailes s’engourdissaient et cessaient de fonctionner, Ryker réalisa la douloureuse vérité des pouvoirs qui contrôlaient leur vie.

Aidan et un autre Fae planèrent sur place et regardèrent Ryker tomber à terre dans un enchevêtrement d’ailes. Les bras attachés, il ne trouva aucun moyen de se protéger du danger.

Lorsque Ryker percuta le sol dur, sa vision vira au noir pendant plusieurs secondes. Son flanc heurta le sol avec une force suffisante pour faire éclater une pierre. Une de ses ailes était coincée sous son corps.

L’agonie suivit rapidement le bruit de craquement. Chaque centimètre de son corps lui infligeait une douleur terrible, il ne pourrait sûrement plus jamais utiliser son aile gauche. Heureusement, les ténèbres l’envahirent et l’avalèrent.

Il entendit les officiers se plaindre de la difficulté de gérer les Fae en transition ces temps-ci, puis il perdit connaissance sur cette dernière pensée :

« Parce que nous en avons marre. Nous sommes fatigués de vivre dans l’esclavage des humains. »

CHAPITRE II

L’estomac noué, Maurelle s’attardait dans la salle de bain au cas où le reste du petit déjeuner qu’elle était parvenue à avaler ressurgirait. Elle ouvrit la fenêtre, et elle apprécia la brise d’automne qui traversait la petite pièce. L’air frais la remplissait d’une énergie qu’elle ne saisissait pas pleinement, mais qu’elle aimait néanmoins.

Elle appuya ses mains sur le lavabo, et grimaça devant les cernes sombres sous ses yeux gris et le désordre dans ses cheveux roses, graisseux et emmêlés. Elle ne ressemblait en rien à la Fae vibrante qu’elle était d’habitude. Même les nuances rose et turquoise de ses ailes pâlissaient.

Son pouvoir s’était manifesté un an auparavant. Depuis, elle restait confinée à la maison. La couleur vive de ses ailes ne laissait pas la moindre équivoque. Même si leur illumination était ternie en ce moment, elle ne pouvait pas risquer de s’aventurer hors du minuscule appartement familial. Elle n’avait évidemment pas terminé sa transition. Elle aurait dû accomplir son devoir et se présenter à l’Académie de Bramble’s Edge.

« Tu as bientôt fini là-dedans ? cria sa sœur, Nyx, à travers la porte pendant qu’elle tambourinait contre le bois. Je dois me coiffer pour aller déjeuner avec Alek. »

Maurelle roula des yeux en mesurant l’urgence de sa sœur. Elle regretta aussitôt ce mouvement quand la douleur martela l’arrière de sa tête. Tout représentait une urgence pour ses sœurs cadettes, mais surtout pour Nyx. Elle avait quatre ans de moins que Maurelle. Mais, elle se rappelait de l’importance d’un déjeuner avec un mâle charmant à dix-huit ans.

« J’ai fini, croassa Maurelle en ouvrant la porte.

— Beurk. Ne t’approche pas ! On dirait que la Peridun de la dixième rue t’a jeté un sort. Je ne veux pas contracter ta maladie, l’informa Nyx en sautillant loin, hors d’atteinte.

— Merci, Nyx. Moi aussi, je t’aime », marmonna Maurelle.

Elle descendit le couloir étroit. Pour la centième fois cette année, Maurelle se sentait reconnaissante envers son père d’exercer un métier si prestigieux dans l’Edge.

Techniquement, il travaillait à Furness, la zone humaine à l’extérieur des bidonvilles de l’Edge où vivait la classe moyenne. Même les plus pauvres de Furness menaient une vie bien meilleure que n’importe quel Fae. Ils éprouvaient une complète indifférence du destin réservé aux Fae. L’Edge était séparée par des ronces si épaisses que la plupart des Fae ne pouvaient pas s’y faufiler. Cette barrière naturelle favorisait leur insensibilité.

Elle aimerait tellement qu’une place lui soit offerte pour son talent à Furness, ou même à Dornwich. Malheureusement, jamais son père ne recevrait une boutique dans la section d’élite de Dornwich. Dans l’opulence, les horloges et les humains affectionnaient particulièrement les montres de son père, pourtant jamais ils ne voudraient le voir travailler dans leur voisinage.

Les revenus de son père leur permettaient de vivre à proximité de Furness, où ils profitaient d’une vue parfaite sur la section humaine loin derrière les ronces. Le contraste entre les niveaux de vie lui brisait le cœur. Les hommes vivaient dans des maisons bien entretenues, la majorité vivait même dans des maisons individuelles. Les Fae eux s’entassaient dans des bâtiments en ruine qu’ils ne parvenaient pas à réparer ou à conserver, même avec l’utilisation de leur magie. Ils déployaient tous leurs efforts pour l’Edge. Les humains aimaient leurs espaces de vie soigneusement entretenus, les Fae préféraient garder un côté sauvage. Leurs rues de pierre lisse paraissaient austères et sans attrait pour Maurelle.

Les Fae ne possédaient peut-être pas de biens matériels, mais tous ajoutaient une dose de magie pour tapisser les pierres des rues avec de l’herbe et des fleurs et pour améliorer l’attrait du sol. Les aînés comme sa mère, une Fae de la terre, utilisaient leurs talents pour encourager les vignes à pousser et consolider les murs des pires bâtiments.

Occasionnellement, les humains éliminaient l’herbe et les fleurs et abattaient les vignes. Maurelle pensait qu’ils ne voulaient pas leur permettre de s’installer trop confortablement. Elle s’arrêta près de la porte ouverte de sa chambre et envisagea de s’allonger. Erlina écoutait de la musique sur son lit, alors Maurelle continua vers le salon.

Sa mère leva les yeux et lui sourit.

« Hey chérie ! Comment te sens-tu ?

— Pas terrible, répondit Maurelle. Entre mon ventre et ma tête, je rêve de me rouler en boule et de disparaître.

— Je t’ai préparé du thé au gingembre. Je peux courir chercher de la grande camomille pour soulager tes maux de tête. »

L’apothicaire se trouvait à deux pas, mais Maurelle détestait l’idée de devenir un fardeau supplémentaire.

Elle se dirigea vers le canapé en secouant la tête. « Ça va aller, maman. Le thé au gingembre sera parfait. »

Elle ne pouvait pas quitter la maison maintenant qu’elle avait commencé sa transition, sinon, elle serait traînée de force à l’Académie. Ses parents avaient tous deux fréquenté l’Institut lorsqu’ils avaient acquis leur pouvoir. Mais, lorsque les humains avaient pris le relais, l’Académie avait bien changé.

Sa mère et son père disaient que les Fae n’étaient pas les mêmes à leur sortie de leurs études. Ils ne pouvaient pas lui expliquer, mais ils refusaient qu’elle serve les humains et qu’elle réprime ses semblables Fae.

Assise sur le canapé, Maurelle se remit à gronder seule dans son coin. L’instant suivant, sa mère lui apporta le thé. « Merci, maman », exprima-t-elle en savourant le liquide chaud. Grâce à la tasse de thé, elle pouvait maintenant ignorer son mal-être facilement.

L’année dernière, des visions du passé la bombardaient dès qu’elle touchait le moindre objet. Jusqu’à présent, seule sa capacité de psychométrie s’était manifestée. Elle accueillait ses limites avec gratitudes. Elle n’arrivait pas à s’imaginer devoir gérer plusieurs facultés en même temps.

En parlant de situation gênante, pensa-t-elle… En allant vers le réfrigérateur pour prendre un verre, elle avait vu son père embrasser sa mère. Ses ailes s’étaient inondées de couleurs et l’électricité avait envahi son système. Aucun enfant ne veut voir son père esquisser des gestes intimes à l’attention de sa mère.

Un coup à la porte interrompit les rêveries de Maurelle. Elle pensait qu’Alek se trouvait là, pour venir chercher Nyx, alors elle continua de savourer son thé. Sa tête pivota au son de voix de mâles énervés.

« Votre fille viendra avec nous ! » informa un mâle à sa mère.

Le pire cauchemar de Maurelle se déroulait sous ses yeux. Pour la première fois de sa vie, elle aurait souhaité avoir accès à la technologie et posséder des appareils de communication pour appeler son père. En regardant le Fae aux cheveux auburn venu pour la récupérer, une seule pensée traversa l’esprit de Maurelle : courir.

Elle n’avait aucune idée d’où elle irait réellement si elle réussissait à s’enfuir. Tous les Fae avaient entendu des rumeurs sur le souterrain, mais elle ne savait pas où il se trouvait ou qui l’y emmènerait. En dehors de Bramble’s Edge et des établissements humains, le néant s’étendait à l’infini.

« Vous ne pouvez pas l’emmener. Elle est malade, elle ne peut pas aller à l’Académie maintenant », essaya de raisonner sa mère avec l’officier.

Nyx et Erlina se précipitèrent dans le couloir et s’arrêtèrent net en voyant les officiers. Leurs yeux vert pâle identiques croisèrent le regard de Maurelle qui trahissait la terreur qui l’habitait.

« Demi-tour, leur lâcha-t-elle en leur adressant un geste de la main.

— La maladie ne la dispense pas d’aller à l’Académie. Elle doit venir avec nous sur le champ ! » exigea le même officier.

Maurelle jeta sa tasse de thé en direction du mâle et partit dans le couloir. À son passage, Nyx et Erlina s’écartèrent de son chemin. Maurelle continua vers la chambre de ses parents, et saisit une paire de chaussures de sa mère.

Un cri lui fit tourner la tête juste à temps, ses sœurs se tenaient au milieu du couloir. Nyx perfectionna son regard de snobinarde attitré, croisa les bras sur sa poitrine et lança un regard noir. « Laisse ma sœur tranquille ! »

Maurelle avait ébauché un sourire en voyant Nyx placer ses mains pour relever ses seins vers l’avant. Cette technique de distraction échouait rarement, surtout avec les mâles Fae. Les Fae étaient une espèce lascive.

Ses parents de Maurelle n’avaient jamais évoqué le sujet avec elle, mais ils n’en avaient pas besoin. Son désir rageur lui suffisait pour comprendre l’importance du sexe dans sa vie. Nyx entamait cette étape, ce qui expliquait son impatience de déjeuner avec Alex.

Les exutoires sexuels adoucissaient les Fae et les aidaient à rester équilibrés. Maurelle suspectait que son manque de partenaires était responsable de sa maladie. Aucun exutoire ne parviendrait à rivaliser avec ces pouvoirs. Ils aidaient à se défouler.

Elle resta bouche bée en voyant l’indifférence de l’officier Fae devant les attraits de Nyx. Sans lui prêter la moindre attention, le mâle écarta sa sœur hors de son chemin. Maurelle se détourna de la fenêtre et jeta une chaussure à sa tête. Erlina commença à pleurer et s’appuya contre le mur en face de Nyx.

Avec tout ce mouvement, la tête de Maurelle palpitait, son estomac vacillait, la bile lui remontait dans la gorge. Elle se précipita vers le mâle. Elle entendait sa mère se disputer avec l’autre mâle dans le salon, mais elle devait se concentrer sur celui qui la poursuivait dans la chambre de ses parents.

Son visage affichait un regard furieux. Elle l’esquiva et courut de l’autre côté du grand lit pour le maintenir à distance. « Tu ne nous échapperas pas. Laisse tomber maintenant et tout se passera mieux pour toi. »

Elle secoua la tête et chercha un moyen de sortir de ce chaos. Si elle parvenait à atteindre la fenêtre, elle pourrait s’envoler. Elle doutait de ses capacités à tenir la distance avec le martèlement dans sa tête et son estomac détraqué, mais elle n’abandonnerait pas maintenant.

Le mâle s’accrocha à ses jambes, elle sauta et lâcha un cri sous la douleur intense. D’instinct, elle donna un coup de pied au Fae. Le spectacle devait paraître comique ! Ses bras se débattaient en l’air. Ses cheveux emmêlés virevoltaient autour de son visage.

Le pied de Maurelle percuta la tête du mâle. Elle se replia, continua son agression bâclée, et attrapa ses cheveux. Le bras du Fae s’écrasa contre sa poitrine et l’envoya voler à l’autre bout de la pièce.

Elle emboutit la commode avec une force qui dépassait tout ce qu’elle aurait cru possible. Sa main envoya les bibelots en verre de sa mère au sol dans un cliquetis bruyant. Au bruit et à la façon dont les petits objets se brisèrent sous l’impact avec le parquet, elle esquissa une grimace.

« Maurelle », cria Nyx.

Maurelle leva la tête pour voir le Fae sauter par-dessus le lit et atterrir à côté d’elle. Il passa la main dans son dos et sortit une boucle argentée. L’électricité jaillit de l’objet, sa bouche s’assécha aussitôt.

Son combat reprit quand elle commença à se tortiller et à jouer des coudes. Elle caressait l’espoir de lui casser le nez. Le bras du mâle autour de sa taille appuyait fort sur son ventre, elle craignait de vomir.

De sa main libre, il porta l’objet argenté à sa bouche et murmura un mot qui le fit vibrer. Sans qu’elle ait le temps de réaliser ce qui se passait, il l’avait frappée sur le côté. Le métal changea de forme et s’enroula à mi-torse.

Avec son sortilège, il avait espéré le verrouiller sur une autre partie de son corps. Ses ailes restaient libres, tout comme ses mains. Elle saisit le métal avec l’intention de retirer le dispositif d’attache.

À l’instant même où sa main agrippa l’objet, la chambre de ses parents et le Fae au-dessus d’elle disparurent. Comme chaque fois qu’elle utilisait ses pouvoirs, elle ne pouvait se concentrer sur rien. Cela dura pendant quelques secondes.

Sa vision s’éclaircissait ne laissant pour seul souvenir que l’impression générale gravée dans sa mémoire. Peu importe ce que l’autre côté toujours inconnu lui réservait, il avait éveillé une bonne dose de peur et de détermination.

Maurelle supposait qu’elle aurait dû prévoir la situation, tout bien considéré l’arme était maniée par un collecteur. Les collecteurs étaient peut-être Fae, mais elle réalisait très clairement qu’ils ne ressentaient pas la moindre empathie et masquaient toute identité individuelle.

Ses interrogations au sujet de l’Académie lui provoquaient déjà une angoisse insupportable. Elle refusait de voir sa personnalité s’effacer si profondément. Ses parents avaient souvent décrit leur séjour à l’université, mais elle avait la certitude que l’institution suivait une ligne directrice entièrement différente maintenant.

Lorsque le brouillard se dissipa dans son esprit, elle aperçut le plus beau mâle Fae qu’elle ait jamais vu. Sa longue période d’âpreté et son besoin sexuel accru sublimisaient-ils sa vision du mâle ?

Non, décida-t-elle en apercevant ses traits nets et ses magnifiques yeux vert profond, ses cheveux noirs en désordre, sa petite frange sur son front.

Son air de détermination faisait écho à son propre ressenti au moment où les policiers étaient apparus chez elle. Son cœur s’accéléra quand il grommela et s’envola dans les airs à toute vitesse. Elle voulait crier, l’avertir.

Les mains attachées, il ne pourrait pas parcourir de grandes distances. Le même dispositif d’attache étincelait autour de sa taille, elle réalisa qu’ils l’avaient utilisé sur lui en dernier.

Alors qu’il s’éloignait des Fae qui l’attaquaient, la gorge de Maurelle se serrait. S’il réussissait à s’échapper, alors l’appareil se détacherait d’elle. La trajectoire de son vol vacilla lorsqu’il regarda le mâle qui le poursuivait dans le ciel.

Quand l’océan apparut sous ses yeux, Maurelle retint son souffle. Ses parents lui avaient donné une description fidèle de l’Académie. Une végétation luxuriante ceinturait les grands bâtiments de pierre, des ronces d’un côté et l’océan à l’arrière.

La profusion d’étincelles l’obligea à détourner la tête. Son regard se déplaça à temps pour voir le mâle séduisant s’écraser contre une barrière invisible dans le ciel. Personne n’avait clairement expliqué à Maurelle ce qui se passerait si elle essayait de s’envoler. Elle savait tout simplement qu’elle le regretterait.

Elle contempla l’aile du beau Fae qui s’illuminait comme si la foudre l’avait frappée. En un éclair, il s’effondra au sol. Elle vomit à la vue de la scène. Elle regarda, les yeux grands ouverts. Son cœur se mit à battre la chamade quand il toucha le sol.

À son atterrissage, elle aurait juré que l’impact avait secoué la terre. Son aile était pliée derrière son dos et il saignait. La scène était effroyable, elle doutait que le mâle se remette un jour.

Avec deux officiers venus pour elle dans sa maison, Maurelle ne voulait pas se montrer si vulnérable. Elle força son esprit à quitter la vision et elle se concentra sur elle-même. Une pioche fendit sa tête et la bile remplit ses narines.

Elle parvenait à peine à ouvrir les yeux, comme s’ils restaient collés, les paupières fermées. Quand elle y parvint, le mâle aux cheveux auburn la soulevait du sol. Il la tenait par le col et par un bras.

Ses sœurs en larmes se blottissaient l’une contre l’autre. Maurelle bascula avec l’officier qui la tenait. Une fois sortie de ses visions, sa désorientation dura plus longtemps que la normale. Elle ne savait pas si cet égarement était provoqué par l’entrave ou par sa maladie.

Elle entendait sa mère supplier les collecteurs de la laisser partir, mais l’autre mâle refusait d’écouter. « Vas-tu coopérer maintenant ? »

Maurelle essaya de se libérer de la poigne de fer de l’officier sur son bras, mais la main figée sur le côté refusa de décoller et la rappela à l’ordre. Après un coup d’œil rapide, elle découvrit que les menottes s’incrustaient pratiquement à ses poignets.

« Non. Tu ne peux pas emmener ma fille », sanglota sa mère alors qu’il la traînait dans la maison. Elle se précipita vers le mâle qui tenait Maurelle. Le temps ralentit encore.

À la seconde où sa mère essaya de l’atteindre, l’autre mâle souleva un long bâton noir et lisse et frappa. Le bâton heurta son crâne avec un bruit sourd. Ses sœurs crièrent avec elle, la tête de leur mère vola sur le côté et son sang éclaboussa le mur.

« Qu’est-ce que tu as fait ? » aboya l’officier qui la tenait.

Ils nageaient tous en plein cauchemar, pensa Maurelle en regardant le corps meurtri de sa mère s’effondrer au sol. Son crâne en partie arraché, ses yeux bruns vides regardaient le néant.

« Maman », cria-t-elle. Son estomac se révoltait devant cette vision. Le thé qu’elle venait de boire remonta précipitamment, puis jaillit de sa bouche et de son nez. Maurelle essaya de voir si la poitrine de sa mère montait et descendait, mais elle fut hissée vers la porte avant de pouvoir établir un diagnostic.

« Allez chercher papa », cria-t-elle à ses sœurs. L’officier la poussait dans les escaliers. Le soleil brillant se moquait du chagrin qui crevait sa poitrine. Le Fae la conduisit vers un chariot, il la maintenait sur le ventre. Puis il pressa un disque contre le dos de sa manille et les chaînes tombèrent avec un son mat. Elle devait absolument se procurer une clé pour les menottes.

Rapidement, elle se remit debout et essaya de se précipiter pour rejoindre son père. Alors que la porte se refermait derrière elle, Maurelle regarda en arrière et vit ses sœurs blotties dans l’embrasure de porte de l’appartement qu’elles appelaient leur « maison ». Elle devait nager en plein cauchemar.

Son cœur se brisa en un million de morceaux, elle donna un coup de pied dans les barreaux qui la séparaient de ses sœurs. Elle ne pourrait pas réconforter son père ou l’aider à apaiser Nyx ou Erlina.

Ses doigts agrippèrent les barreaux. Elle hurlait vers qui voulait l’entendre pendant que les collecteurs la transportaient. Pour la première fois depuis la manifestation de ses pouvoirs, elle ne se trouvait pas projetée dans une vision.

La réalité de la vie avait l’ascendant sur son âme battue et refusait de lâcher prise. Ils avaient impitoyablement tué sa mère parce qu’elle s’opposait à envoyer Maurelle dans leur stupide académie. Comment pouvait-elle continuer quand sa douce et aimante mère était partie ? Elle n’avait même pas pu lui dire au revoir ni aider à envoyer son esprit vers l’au-delà.

Elle ne devrait pas se montrer aussi surprise compte tenu de la torture dont elle avait été témoin dans sa dernière vision. Quiconque permettait de pareilles horreurs se moquait éperdument des blessures causées par l’exercice de leur domination et de leur pouvoir.

CHAPITRE III

L’inflammation à l’épaule de Ryker provoqua une agonie atroce pendant qu’il scannait les images lumineuses sur la table devant lui. Il ne pouvait pas soulever son mauvais bras sans provoquer une douleur atroce. Depuis qu’il avait repris connaissance à l’infirmerie de l’Académie, il vivait bien mieux qu’il ne l’avait espéré.

Il trouvait réconfortant de voir que les humains n’avaient pas commencé un procédé diabolique dès sa première seconde à l’académie. Honnêtement, il était surpris de voir à quel point tout semblait normal. Dans leur jeune âge, tous les enfants Fae fréquentaient l’école pendant plusieurs années. Ils y apprenaient à lire, à écrire et ils découvraient tout ce qu’on enseigne à l’école.

Historiquement parlant, l’Académie de Bramble’s Edge aidait les Fae à affiner leurs pouvoirs tandis qu’ils devenaient de jeunes adultes. Elle mettait l’accent sur le contrôle des capacités de chacun plutôt que sur l’éducation formelle. L’apprentissage de la maîtrise des pouvoirs représentait peut-être réellement son seul objectif maintenant.

Rien de suspect ou d’infâme ne s’était produit depuis son arrivée. Ryker se sentait contraint de remettre en question ce qu’il avait entendu dire pendant son enfance, en particulier les propos de sa mère. Elle lui avait décrit les humains comme des créatures maléfiques déterminées à garder le contrôle de leur royaume.

En réalité, les Fae qui dirigeaient l’école n’assuraient peut-être pas de missions pour les humains. À en juger par la façon dont ils le traitaient, il ne pouvait s’empêcher d’envisager cette probabilité. Le guérisseur avait passé plusieurs jours à réparer son aile centimètre par centimètre, afin qu’il puisse finalement voler à nouveau.

Si l’Académie voulait le contrôler, l’asservir en esclavage, personne n’aurait pris autant de soin à guérir ses blessures. Il revoyait sa mère lui conseiller de ne faire confiance à personne, de garder la tête baissée et de rester loin des projecteurs.

Il accomplirait son temps à l’Académie sans se faire remarquer. Voilà son plan ! Il devrait se soumettre à une évaluation pour déterminer ses capacités et la source de son affinité. Un de ses camarades de dortoir appartenait à la ligue Fae de la terre, un autre à la ligue de l’eau, et un troisième avait révélé une affinité pour deux éléments.

Ryker trouvait ça inouï ! D’après ses connaissances, seuls de rares Fae s’alignaient sur plusieurs éléments, et lorsque cela arrivait généralement ces éléments se complétaient. Sans savoir pourquoi, il espérait maîtriser plusieurs éléments.

Il n’avait pourtant aucune idée des implications pratiques qui en découleraient pour lui. D’après Sol, il devrait assister à des séminaires et à des séances d’entraînement supplémentaires. Ryker aimait avoir du temps libre pour jouer à la balle au cerceau. Sol quant à lui se montrait très occupé en ce moment.

Ryker choisit sa nourriture, se tourna et scruta le réfectoire. Il n’avait jamais vu un endroit comme l’Académie de Bramble’s Edge. La taille des dortoirs dépassait largement celle de l’appartement qu’il partageait avec sa mère, et la cafétéria était immense. D’innombrables tables et tabourets remplissaient la pièce. Les Fae n’étaient pas autorisés à utiliser la technologie. Il fut donc surpris d’avoir recours à des images sur la table pour commander leur nourriture. Chaque fois qu’il touchait le bouton, il ressentait un picotement spécifique.

Ses camarades de dortoir lui avaient expliqué que les sélections du menu leur étaient apportées rapidement après avoir touché le bouton marqué du logo de l’école correspondant. Ryker avait toujours aimé le symbole de l’Académie. Ces lettres « BE » entourées par le buisson de ronces épineuses se connectaient à son âme. Tout dans l’Edge suscitait ses émotions intérieures.