Gaston couté - Alain-René Georges - E-Book

Gaston couté E-Book

Alain-René Georges

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Beschreibung

De la même époque qu’Aristide Bruant, Théodore Botrel et Pierre Mac Orlan, "Gaston Couté" a fait les beaux jours des cabarets montmartrois au début du 20ème siècle.

Ces poèmes colorés, directs, aux images audacieuses allaient au cœur des gens. Du côté des victimes, des rejetés de la société, c’est dans un style percutant qu’il faisait surgir des vérités implacables devenant le poète maudit de son temps.

Alain-René GEORGES raconte la vie d’un poète d’immence talent, ses rencontres avec des artistes tels que Picasso, Rictus, Poulbot, leur misérable vie de bohème à «La Belle Époque».

Parfois écrits en patois, sans dénaturer l’esprit de l’auteur, Alain-René GEORGES a remodelé certains écrits pour les rendre plus compréhensibles par tous.

Il en a fait un spectacle où sa musique résolument populaire renforce encore davantage la poèsie.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Alain Briand, né en 1951 à Brimberne en Couëron, a mené une vie riche et éclectique. Ajusteur-tourneur aux chantiers Dubigeon, coureur cycliste amateur, moniteur d’auto-école, puis GO au Club Med, il devient magicien-ventriloque et chanteur sous le nom d’ Alain-René Georges, interprétant notamment Gaston Couté et Bruant. Père et grand-père, il partage son parcours atypique dans ses écrits et expose son matériel de magie à l’auberge du Pot Bleu de Pissotte. Passionné, il dévoile les secrets de son art.

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Seitenzahl: 108

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Titre

Alain-René GEORGES

La Chanson d’un « gâs » qu’a mal tourné

Gaston Couté (Poète)

LA FLAMME DES POETES LIBERTAIRES

Paroles et musique de Alain-René GEORGES

(voir www.arg-magie.com)

Certaines vérités ne sont pas bonnes àdire

Les courageux poètes il ne faut pas maudire

C’est pourquoi sans détours nous voulons rendr’ hommage

Aux œuvres qu’ils nous ont laissées en héritage

REFRAIN

La flamm’ assoupie des poètes

Ne s’éteindra pas desitôt

Et c’est contre vents et tempêtes

Que leur chant s’élèr’a bienhaut

La flamm’ assoupie des poètes

Ne s’éteindra pas desitôt

Tant qu’il y’aura des interprètes

Qui chanteront leurs idéaux

De ce temps de bohème que l’on dit bell’ époque

Il nous est parvenu des œuvres qui provoquent

En nous des réflexions sur la vie que l’onmène

Est’elle plus heureus’ et surtout plus humaine

Si leur devis’ était d’être sans Dieu ni Maître

C’est qu’ils ne voulaient pas au pouvoir se soumettre

Quand celui-ci prônait d’mourir pour la patrie

Ils préféraient écrir’ que rien ne vaut lavie

Liberté d’opinion liberté de penser

Si les pouvoirs en place savent bien nous en priver

Nous savons désormais que les faussaires deDieu

Font d’une caricature les crimes les plus odieux

Si nous hissons tous ces véritables génies

Tout auprès du sommet de notre paradis

Nous mettrons cependant tout en haut dupavé

Celui de la chanson d’un « gâs » qu’a mal tourné

1« Tiens, v’là du dormant » (La berceuse du dormant, page 113)

« La chanson d’un “gâs” qu’a mal tourné » est le titre générique de l’œuvre complète du poète humaniste Gaston Couté. Il était né le 23 septembre 1880 à Beaugency dans le département du Loiret. A sa naissance, il avait une sœur âgée de quinze ans dénommée Lisa et leurs parents étaient meuniers au moulin des Murs. Deux années après la naissance de Gaston, la petite famille s’installa dans un autre moulin à Saint Pryvé près d’Orléans mais quelques mois après, ils prendront possession de l’un des deux moulins de Clan à Meung sur Loire. Le bien, nouvellement acquis était l’un des trois moulins les plus importants de la petite Beauce. Il fonctionnait grâce à une énorme roue installée sur la rivière « Les Mauves » qui, avant de se jeter dans la Loire faisait également tourner les roues d’une dizaine d’autres moulins. Aujourd’hui, en passant sur l’autoroute A11 en direction de Paris on aperçoit toujours à notre droite ce grand moulin de trois étages.

L’histoire de Meung sur Loire est liée à l’existence de son Château datant du début du 13ème siècle. Jehan de Meung dit « Clopinel » y avait poursuivi sur les instances de Philippe Auguste le roman de la Rose de Guillaume de Lorris, roman composé de 21780 vers octosyllabiques. C’était également dans ce château que fut emprisonné au 15èmesiècle, François Villon le poète maudit du moyen âge, pour crime de sacrilège (Profanation d’objets sacrés par mépris de la religion).

A la fin du dix-neuvième et début du vingtième siècle, il y avait de nombreux moulins en Beauce, le grenier de la France. Beaucoup furent détruits par incendie et les moulins restants furent transformés pour fonctionner grâce à l’électricité. Gaston Couté en écrivit un très joli poème « Les moulins morts » (page55)

Quant au Moulin de Murs à Beaugency, après le départ de la famille Couté, il devint tour à tour une usine de jouets, une imprimerie et le logement de plusieurs familles avant d’être détruit en 1944 par un bombardement aérien.

Les toutes premières années de Gaston se firent dans l’ambiance de la vie paysanne avec l’arrivée au moulin, des charrettes de sacs de blé et le départ des charrettes de sacs de farine, ceci après le travail inlassable du bourdonnant moulin. Le pain étant la nourriture principale des Français, la farine de la Beauce était en grande partie acheminée vers les villes tandis que les résidus servaient à nourrir les animaux tels que les porcs et les volailles. « Les oies inquiètes » (page57)

Face aux dangers divers et variés que constituaient la rivière et le moulin, il était normalement de la responsabilité de Madame Estelle Couté, la mère de Gaston, mais aussi de sa grande sœur de veiller sur l’enfant.

Grâce au travail du meunier, le père Eugène Couté, les affaires étant florissantes et le 26 novembre 1884, il acheta une propriété appelée « La Corne » située à quatre kilomètres de Meung sur Loire. Il s’occupait de la vigne, des plantations et sans doute d’un potager. « Chanson de vendanges » (page 59) « Après vendanges » (page 63) « Feu de vigne » (page 69) Sapré vin nouviau »(page 71) « Sur le pressoir » (page73).

Un matin de début septembre 1885, assis dans la charrette à côté de son père, avec un panier contenant son déjeuner préparé par sa mère, Gaston, qui quelques jours plus tard fêtera ses cinq ans, faisait son entrée à l’école communale de SaintAy.

L’année suivante, c’était à l’école de La Nivelle de Meung sur Loire qu’il poursuivit sa scolarité, emmené pour les premières fois par Lisa, sa sœur déjà âgée de vingt et un ans. Il semblerait, ce qui n’est nullement surprenant, qu’il fut un garçon turbulent. Gringalet, mais plein de vie, comme en attestent quelques photos existantes, il avait les yeux légèrement bridés, des pommettes saillantes qui lui donnaient un visage légèrement asiatique. Déjà, il manifestait une certaine propension à l’espièglerie. Seul ou avec des camarades, le jeudi qui était le jour de congé, s’était autour du moulin familial qu’il s’amusait avec tout ce qu’il trouvait dans la nature. Par exemple au printemps, dénicher le nid des oiseaux, en hiver, faire des boules de neige,etc…

2« Ah ! qué souleil et qué bon vent su’ les luzarn’s » (Mossieu Imbu. Page75)

Le 2 mai 1889, Rosa se mariait avec un garçon charcutier, Emmanuel Troulet. Le repas de noces avait lieu dans une grande pièce du moulin familial avec de nombreux invités présents : famille, amis et voisins. Le festin était composé de plusieurs plats et durait longtemps, l’après-midi et la soirée. L’un des invités ayant de la peine à supporter ses chaussures neuves, il les avait retirées afin de se soulager. Gaston qui comme ses petits camarades, trouvant le temps long se baladait parmi tout ce beau monde. Rien n’échappait à son attention, si bien que discrètement, il prit l’un des deux souliers pour non moins discrètement, le camoufler dans un endroit indécelable. A la fin du repas, le malheureux invité n’ayant pas retrouvé sa chaussure fut contraint d’emprunter une paire de sabots pour entrer chez lui. Ce fut que plusieurs jours plus tard que la maîtresse de maison en remontant l’horloge trouva le soulier disparu accroché à l’un des deux poids de la comtoise.

Sans tarder, le père Eugène Couté, par acte notarial, le 24 juin 1889 associa son gendre à la direction du moulin. Emmanuel Troulet, avec courage, s’adapta à son nouveau métier mais grisé par cette ascension sociale inespérée, il devint ambitieux. Lui qui jusque là affichait des idées conservatrices devint républicain invétéré. Après avoir été conseillé municipal, il obtint le fauteuil de Maire de Meung sur Loire puis devint Conseiller Général. Il fut nommé Président de presque toutes les associations de la commune. Il représentait l’ordre social tout en aimant l’argent et les honneurs. Épris de lui-même, il était le contraire de Gaston qui préférait la fantaisie. Comme son prédécesseur à la Mairie, le notaire, se considérant supérieur aux autres, tous deux, aimaient parsemer leur discours de l’adjectif « imbu ». « Imbu de sentiments favorables, je déclare ouverte la séance du conseil municipal » « Imbu des pouvoirs qui me sont conférés, je donne mon accord pour ériger une statue sur la place ». Ils deviendront les héros d’un monologue de Gaston « Môssieur Imbu » (voir page 75). Au cours de l’une des conversations d’un repas familial toujours très animé Emmanuel Troulet avait dit à Gaston : « Avec tes idées tu crèveras de faim » il lui avait répondu : « Toi tu crèveras d’indigestion ». Ces querelles contribueront pour une large part au départ de Gaston vers un autre horizon.

Les années passèrent et le jeune Gaston cependant très intelligent se désintéressait des sciences et mathématiques préférant la littérature, l’histoire et la poésie.

A onze ans, il était reçu le premier du canton au certificat d’études et obtint de ses parents, le droit de continuer l’école qui devait le conduire au Brevet élémentaire. Il suivra à cet effet les cours complémentaires dans la classe de Monsieur Petitbergien. Il y avait seulement deux classes d’une vingtaine d’élèves dans cette école et Gaston devint un élève indiscipliné. Cependant, Monsieur Petitbergien avait beaucoup d’indulgence pour l’enfant, car les narrations de Gaston faisaient le bonheur du maître. Pour la distribution des prix, il récita une poésie qu’il avait intitulée « Mon habit du dimanche ».

Mr Emile Berton né en 1886 à Meung sur Loire a bien connu Gaston Couté pour avoir passé un an avec lui dans la classe de Monsieur Petitbergien. Il expliquait que Gaston venait à pied à l’école distante de quatre kilomètres du moulin familial et qu’il arrivait toujours à l’heure. Mais, parfois, il attendait que tous les élèves soient entrés et la porte fermée, pour sonner. Madame Petitbergien, l’institutrice, se déplaçait pour ouvrir et disait d’un ton agressif : « Ah ! C’est encore toi ? ». Ce voyant reçu de la sorte, il faisait demi-tour et attendait que la porte se referme pour revenir déranger à nouveau la Maîtresse accompagnée cette fois-ci de Monsieur l’instituteur équipé d’une grande baguette de bois. Gaston courrait, s’arrêtant à chaque tilleul de la cour imitant un chien levant la patte pour uriner. Un coup de baguette sur les fesses le faisait repartir pour recommencer au tilleul suivant et ainsi de suite, faisant faire en courant le tour de la cour à son Maître. Là, enfin satisfait de son action, il rentrait dans la classe.

Estelle, la mère de Gaston en bonne ménagère était le pilier de la famille tandis que le père, Eugène Couté, grand gaillard, travailleur très fier, voulait qu’on dise le lui qu’il était minotier et non meunier, plus valorisant à cette époque. A l’avant-garde du progrès, il modernisa le moulin en installant l’électricité. Très hospitaliers, la maison était toujours prête pour recevoir et à chaque fois que, plus tard, Gaston présentera des amis parisiens, en leur honneur, on tuait le coq. Il appelait son fils le vilain petit canard mais il disait que s’il avait donné une dot à sa fille, fait de son gendre un associé, pour Gaston, il y aura toujours une place à la table familiale et une chambre prête à le recevoir.

Dans tous les cantons de la région, le marché aux grains avait lieu une fois la semaine et les meuniers y faisaient leur achat de blé. A cette époque, pas de lourdes formalités administratives. Pour conclure le prix, vendeur et acheteur se tapaient dans mamain.

Sans être avare, l’argent était sujet à conversation comme pour tous ceux qui luttent pour acquérir une bonne situation afin d’envisager pour eux et leurs enfants un avenir meilleur. Ils avaient d’abord pensé faire de Gaston leur successeur, mais ils s’étaient vite rendu compte qu’il n’était pas intéressé par les durs travaux manuels ni par le commerce. Ils ont donc décidé de lui faire continuer ses études pour en faire un fonctionnaire.

En 1895 le jeune Gaston Couté passa le Brevet élémentaire. A côté de lui, un camarade de classe éprouvant des difficultés en français et séchant sur sa narration regardait discrètement son bon ami Gaston. Sans être vu, ce dernier lui passa son devoir en lui disant de recopier au plus vite et se mit rapidement à bâcler une autre version. Son camarade fut reçu mais Gaston fut recalé.

C’était en septembre 1895, que sans grand enthousiasme, Gaston fit son entrée en classe de troisième au lycée Robert-Joseph Pothier à Orléans.(Robert-Joseph Pothier 1699-1872 était Juriste à ne pas confondre avec Eugène Pottier qui fut poète et révolutionnaire français et qui avait écrit notamment L’Internationale ). Accompagné de son père, en train de Meung sur Loire, en wagon de troisième classe, ils découvraient le grand bâtiment. Si l’enfant n’était pas émerveillé, son père voyait déjà pour lui les plus hautes destinées en compagnie de ses nouveaux camarades, descendants des plus importants dignitaires de l’Orléanais. Mais, coupé de la nature qui l’entourait jusque là, l’adolescent se sentait prisonnier et incapable de se soumettre à la sévère discipline de la pédagogie oppressive de l’époque. Néanmoins, sa volonté d’écriture ne le quittait pas et s’en trouvait même renforcée. En septembre 1896, il se décida à envoyer l’un de ses récits au journal « La Meunerie française », « Une lessive qui tombe un jour de Fête Dieu » et il eut le plaisir de se voir publié pour la premièrefois.