Guerres pour Troie - Philippe Lenoir - E-Book

Guerres pour Troie E-Book

Philippe Lenoir

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Beschreibung

La fin de l'âge du bronze fut caractérisée par des destructions massives. Au regard des textes anciens, notamment Hittites et Egyptiens, et de l'archéologie, l'histoire réelle des peuples de la mer Egée à cette époque répond à l'épopée tragique qu'Homére a su embellir au travers de l'Iliade et de l'Odyssée.

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Seitenzahl: 64

Veröffentlichungsjahr: 2022

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" Toutes les civilisations ont finalement fait l'expérience de restructuration de leurs composants matériels et idéologiques à travers une destruction et une re-création.”

Christopher MonroeScales of Fate (2009)

© par l'auteur de ce livre. L'auteur conserve les droits d'auteur sur ses contributions à ce livre.

A Mila pour qu'en écoutant les histoires des Dieux et des Héros elle puisse ainsi, selon Aragon, "se souvenir de l'Avenir".

sommaire

Le monde Égéen à l'âge du bronze

L'Iliade

les textes Hittites

les peuples en présence

L'Odyssée

le témoignage de l’Égypte

les Peuples de la mer

les mensonges de l'Odyssée

La migration d’Énée: des Teresh aux Étrusques

Louvites et Philistins

La Luwian connection

les Philistins

Destruction - Reconstruction

Annexes

Bibliographie

Le monde Égéen à l'âge du bronze

« Chante, déesse, la colère d’Achille, le fils de Pelée, détestable colère,... »

Ainsi, le premier cri de l'Occident est un cri de colère et celle-ci devient malheureusement le combustible de son histoire, de notre histoire.

Plus que de Troie, l’Iliade nous parle de cela, de cette colère, de cette « menis ». Achille préféra dans la mort la gloire immortelle à une vie longue et prospère. Ce ne fut pas le cas d'Ulysse. A la menis d’Achille, répond la metis d'Ulysse qui nous invite à être un homme préférant sa misérable condition à l’immortalité.

Mais intéressons nous au fond de la scène où se déroule la plus ancienne épopée de notre histoire. Troie vacille, Troie brûle. Des vagues humaines saisissent les navires non pas pour ce retour au pays tant attendu mais par désarroi dans une grande débandade.

La guerre de Troie n’a pas eu lieu mais des guerres pour Troie, dont la dernière engendra des destructions de villes et d’empires et de grandes migrations.

L’homo sapiens fut dès son origine homo locens: autrement dit, avec l'émergence de la pensée, il commence à raconter des histoires et à construire des mythes. De ces récits initialement racontés, Homère avec l'écriture put les coucher sur deux livres qui furent parmi les premiers récits de l'humanité: l'Iliade et l'Odyssée. Avec l'Iliade et la guerre de Troie, Homère nous amène sur les bords de la mer Égée et avec l'Odyssée c’est tout le bassin méditerranéen qu'il nous fait visiter.

Homère vécut à Smyrne vers 850 - 800 av.J.-C., une ville d'Anatolie occupée par les Grecs au sud de Troie. C'est le plus ancien poète que nous connaissons. Les épopées qu'il transcrit furent d'abord racontées oralement comme toutes les autres légendes ou faits historiques glorifiant des héros, tradition qui survivait encore il y a peu dans le Caucase ou en Serbie.

Certains doutent cependant de l'existence d’Homère et pensent plutôt à un groupe d’aèdes, de poètes. Mais qu'importe. On peut dire comme Jorge Luis Borges que « l’Odyssée a été écrit par Homère ou par un autre grec portant le même nom ».

L’Iliade et l’Odyssée furent donc composés en 48 Chants et ce, vers 800 avant J.-C..

Quels événements racontent ils et de quelle époque s’agit il ? Et quels étaient ces peuples de Troie et de Mycènes qui appartiennent tout deux au monde Indo-européen. Et la guerre de Troie a t elle vraiment eu lieu ?

Portrait d'Homère aveugle réplique romaine d’un original du IIéme Siècle ava. J.C. marbre du mont pentélique

guerriers Achéens sur un vase de la période Hellénistique (musée national archéologique d'Athènes)

Pour Jean-Pierre Vernant, célèbre historien de la Grèce, « contrairement à ce qu’a prétendu Giraudoux, la guerre de Troie a bien eu lieu." et il ajoute " La raconter après le poète qui l'a fait connaître, Homère, à quoi bon ! Ce ne pourrait être qu’un mauvais résumé. "

Qu'il me soit donc pardonné cette entreprise d'éclairer par de récentes découvertes archéologiques ces histoires qui paraissent de prime abord inventées. Comment aurais-je pu échapper à cette fascination qui a captivé et éveillé toute mon enfance ?

Précisons d'abord que ce furent de brillantes civilisations, Troie comme Mycènes, qui furent révélées grâce à l'intuition géniale et la ténacité d'Heinrich Schliemann, homme d'affaire Allemand et pionnier de l'archéologie. Les trésors trouvés en Grèce et à Troie par ce dernier reflètent un haut degré de culture qui s'étage de 1600 à 1180 avant J.-C., date de la fin de l'âge du bronze pendant laquelle apparaissent les traces de nombreuses destructions (nous aborderons ce point plus loin). Masques en or trouvés à Mycènes, fresques de Tyrinthe, palais richement décorés, salle de conseil avec en son centre le foyer ou megaron, tombes à coupole, ... un temps qu'Homère, quatre siècles après, raconte avec certains détails révélateurs d'authenticité. Les spécialistes arrivent à distinguer dans ces récits la part revenant à l'âge du bronze et celle du temps d’Homère, au début de l’âge du fer.

Par exemple pour ce qui appartient au bronze, la civilisation Mycénienne apparaît centrée sur des cités gouvernées par des rois, les wanax, cités-états qui souvent se combattent et parfois s'allient: ainsi Agamemnon menant la conquête de Troie avec l’armée des Achéens confédérés.

Troyens et Mycéniens ou Achéens ont un fond culturel commun, fruit d’invasions indo-européennes venant probablement des Balkans (pélasgiques ?) et du nord de la mer Noire, enrichi des nombreux liens culturels et commerciaux avec la Crète, le moyen orient et l'Égypte. En effet, il s'agit d'un monde ouvert avec une économie globalisée, interdépendante. Les navires sillonnaient alors la mer Égée et bien au-delà vers la Méditerranée occidentale. Les épaves des navires d'Ulu Burun (1300 av. J.-C.) et de Cap Gelidonya (1200 av. J.-C.) coulés au large des côtes anatoliennes recelaient des produits variés de diverses provenances: céréales et amulettes en scarabées d’Égypte, lapis-lazuli et étain d'Afghanistan, cuivre de Chypre, verre de Mésopotamie, armes et poteries Mycéniennes, essence de térébenthine et ébène de Nubie, ...

Les frontières entre ces états étaient fragiles. L’Égypte, la Mésopotamie et l'Assyrie étaient déjà relativement établis dans leurs puissances lorsque des nouveaux venus vinrent troubler cet équilibre: d'abord les Hittites dés le XVI éme siècle puis des peuples turbulents à ses frontières, les grecs (Achéens ou Ahhiyawa), la confédération des états d'Arzawa à l'ouest de l'Anatolie et les Phrygiens au nord.

Les peuples de Grèce et des Balkans (1500 - 1200 av. J.-C.)

carte du moyen orient au 13é siècle av. J.-C.Zunkir, contributeur Wikipedia

Des conflits éclatent pour préserver ou agrandir l'hégémonie de ces peuples. Ainsi la bataille de Qadesh (environ 1274 av. J.-C.) entre Ramsès II et le roi Hittite Muwatalli permit de maintenir les influences respectives des Égyptiens et des Hittites au niveau de Qadesh.

Des traités sont signés, des embassades établies, des embargos quelques fois ont été imposés (nous le verrons plus loin).

L'influence des peuples lllyro-Thraces est importante tant sur les civilisations Égéennes qu'Anatoliennes, formant le support ethnique et culturel des Troyens et de leurs alliés (Dardaniens, Moesiens,...). Ainsi, Troyens et Thraces ont la même réputation de dompteurs de chevaux. On retrouve aussi non seulement sur la côte d'Anatolie mais aussi en Crète le culte d'Apollon (Appalliunas en Louvite), de la Terre Mère (Gaïa, Cybèle) d'origine Phrygienne ainsi que les cultes à mystères l'accompagnant (Orphée, Dionysos, Attis, Cabires (célébrés à Samothrace), ...).

Des liens économiques et culturels importants entre ces différents peuples autour de la mer Égée et au-delà.