J'ai épousé ma liberté - Geneviève Steinling - E-Book

J'ai épousé ma liberté E-Book

Geneviève Steinling

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Beschreibung

Pauline attend Alexandre, un homme rencontré sur le net, pour un premier rendez-vous. Carla, la mère de la jeune femme débarque à l'improviste habillée en Statue de la Liberté. L'homme tarde, elles décident de diner au restaurant sans lui et prient Théo, un voisin, de lui remettre la clé de l'appartement. À leur retour, elles découvrent un individu endormi qui ne ressemble pas à la photo de l'homme attendu. Ligoté et réduit au silence, il devient la cible de Carla qui entretient une forte aversion pour la gent masculine. Une comédie extravagante et dynamique pour 2 F et 2 H.

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Seitenzahl: 71

Veröffentlichungsjahr: 2022

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À Julien, mon fils Pour toi

Sommaire

SCENE 1

SCENE 2

SCENE 3

SCENE 4

SCENE 5

SCENE 6

SCENE 7

SCENE 8

SCENE 9

SCENE 10

SCENE 11

SCENE 12

SCENE 13

PERSONNAGES :

PAULINE : La trentaine. Moderne, douce, fragile, un peu naïve.

CARLA : La cinquantaine. Mère de Pauline. Féministe à forte personnalité.

ALEXANDRE : La trentaine, intellectuel.

THÉO : La cinquantaine, bel homme sûr de lui, sympathique et taquin.

DÉCOR

Un appartement moderne.

ACCESSOIRES

Un paravent.

Un costume complet de la Statue de la Liberté.

SCENE 1

Pauline met de l’ordre dans le salon en chantant. On sonne à la porte.

PAULINE : C’est lui ! J’ai le cœur qui bat, qui bat, qui bat... Respirons ! Res-pi-rons !

CARLA :(Comme sortie d’une boite.) Surprise !

PAULINE :(Surprise et désappointée.) Maman !

Carla, habillée en Statue de la Liberté avec un grand livre sous le bras, entre.

CARLA :(Euphorique.) Ah ! Tu ne t’attendais pas à me voir. Pour une surprise, c’est une surprise !

PAULINE : Oui. Une sacrée surprise.

CARLA : Eh bien, tu ne m’embrasses pas ?

PAULINE : Si, si.

CARLA : Je suis crevée ! Mais alors crevée de chez crevée ! (Elle se laisse tomber sur le canapé.)

PAULINE : C’est quoi ça ?

CARLA : Une valise. Ma valise.

PAULINE : Je vois bien que c’est ta valise mais tu ne comptes pas t’installer ici, j’espère.

CARLA : Juste quelques jours… Disons, le temps qu’il faudra.

PAULINE : C’est aujourd’hui qu’Alexandre doit venir, tu ne te souviens plus ?

CARLA : C’est pour ça que je suis là, ma chérie !

PAULINE : C’est moi qu’il vient voir. Pas toi !

CARLA : On ne sera pas trop de deux.

PAULINE : Mais maman… Oh et cette tenue !… Oh la honte !

CARLA : Tu as honte de ta mère maintenant ?

PAULINE : Pas de toi mais de ta tenue.

CARLA : Pas eu le temps de me changer. Je reviens direct du club.

PAULINE : Du club ? Quel club ?

CARLA : Je ne t’en ai pas parlé ?

PAULINE : Non !

CARLA : Avec les copines, on a fondé le club « Jamais sans ma liberté ».

PAULINE : Et ça consiste en quoi ?

CARLA : À résister, voyons !

PAULINE : À résister… À qui ?

CARLA : Aux hommes… À « tous » les hommes… Les grands, les maigres, les gros, les petits, les nuls - enfin, ils sont tous nuls - les intellos, les beaux, les moches, les poilus, les…

PAULINE : Stop !

CARLA : Tu me demandes, je te réponds.

PAULINE : Toujours et encore cette idée fixe… Elle ne te lâche pas. (Elle prend en main la torche.)

CARLA : C’est la torche qui illumine le chemin pour éviter de les croiser.

PAULINE : Super lourde ! Comment on l’allume ?

CARLA : On ne peut pas.

PAULINE : Encore plus ridicule ! (Elle la repose.) Et ce cahier, c’est quoi ?

CARLA : La bible du club.

PAULINE : La bible du club ! Je n’y crois pas !

CARLA : Viens, je te montre… Viens donc ! Assieds-toi à côté. Ici.

(Pauline s’assied, Carla feuillette le livre.)

Règle n°1 : Ne jamais croire un homme…

PAULINE :(Se levant et énervée.) Maman, ce n’est pas le moment. Referme ça !

CARLA : On dirait que je suis de trop.

PAULINE :(Agacée.) Mais non !

CARLA : Si, si, je le vois bien, je dérange. Je pars.

PAULINE :(Hypocrite.) Tu ne déranges pas.

CARLA : Dans ce cas. (Carla se rassied.)

PAULINE : Mais ce serait mieux que tu me laisses seule aujourd’hui.

Elle lui met dans la main la torche et le cahier, elle lui tend la valise. Carla se lève, commence à faire quelques pas, s’arrête, regarde l’heure à sa montre, se retourne.

CARLA : Ah mais non, je ne peux pas : à l’heure qu’il est, il n’y a plus de bus.

PAULINE : Merde ! Je ne peux même pas te ramener en voiture, ça fait trop loin, le temps d’y aller, de revenir. C’est trop ! Pff !

CARLA : Tu veux vraiment me mettre dehors ?

PAULINE : Pour être franche, je préférerais être seule avec Alexandre au moins pour notre premier rendez-vous. (Air triste exagéré de Carla.) (Avec douceur.) Essaie de me comprendre.

CARLA :(Jouant la mère délaissée.) Je comprends surtout que ma fille ne veut plus de moi !

PAULINE : Ne me culpabilise pas, s’il te plait !

CARLA : Appelle un taxi et on n’en parle plus !

PAULINE : Je ne peux pas. Depuis l’orage hier soir, toutes les lignes sont coupées. Plus de téléphone, plus d’internet. Plus rien !

CARLA : C’est un signe. Je reste !

PAULINE :(Avec dépit.) Okay, tu restes. Mais que ce soit bien clair. Tu te fais discrète.

CARLA : Je suis la discrétion personnifiée.

PAULINE : Surtout avec cette tenue. (Changement de ton.) S’il te plait, maman, va te changer !

CARLA : Pourquoi ? Je suis très bien comme ça.

PAULINE : Imagine la tête d’Alexandre quand il arrivera s’il te voit habillée comme ça !

CARLA : Quand on prend la fille, on prend la mère. Bon, je passe aux toilettes, si tu permets ? Profites-en pour me servir un verre !

PAULINE : Quelle conne j’ai été de lui parler d’Alexandre ! Mais quelle conne !

CARLA :(Voix off.) Qu’est-ce que tu dis, ma chérie ?

PAULINE :(Agacée.) Rien ! Rien, je ne dis rien. (Elle essaie de téléphoner.) Toujours pas de connexion ! Merde, merde et merde et merde !

(Elle sort et revient avec de l’eau - Carla entre.) Je n’ai que de l’eau du robinet…

CARLA : Je pensais boire un petit remontant pour me ravigoter…

PAULINE : Désolée… (Elle pose son téléphone.)

CARLA : Alors toujours pas de nouvelles ?

PAULINE : Non. Je n’arrive pas à le joindre…

CARLA : Truc classique… Quand ils ne veulent pas que tu les emmerdes, ils coupent leur téléphone (Elle feuillette sa bible.) On en parle là-dedans. Attends, je vais trouver.

PAULINE : Je viens de te dire qu’à cause de l’orage, je n’ai plus de connexion.

CARLA : Verra qui vivra !

PAULINE : Ce qui veut dire ?

CARLA : Il ne viendra pas.

PAULINE : Il viendra. Tu veux voir sa photo ? Il est beau, tu ne trouves pas ?

CARLA :(Cassante.) Mouais...

PAULINE : Moi, je le trouve canon. Tu sais que son père est veuf…

CARLA : Et ?

PAULINE : Et rien.

CARLA : Ah j’ai compris ! Tu veux me caser…

PAULINE :(Pas convaincante.) Non.

CARLA : Je te préviens, ne t’avise pas à vouloir jouer l’entremetteuse parce que les hommes je n’en veux plus. Fini ! Je suis vaccinée.

PAULINE : On dit ça et puis…

CARLA : Et puis rien du tout… Je me suffis à moi-même et je veux le rester.

Revenons à ton spécimen. Il a quel âge ?

PAULINE : Trente deux.

CARLA : Qu’est-ce qu’il fait dans la vie ?

PAULINE : Prof.

CARLA : De sport.

PAULINE : Non, de lettres.

CARLA : Il a pourtant la carrure d’un prof de sport… Bon… Prof de lettres, tu dis ?

PAULINE : C’est quoi cette tête ?

CARLA : Quelle tête ?

PAULINE : Celle que tu viens de faire ! Qu’est qu’il y a encore ?

CARLA : Prof de lettres, c’est mauvais signe.

PAULINE : N’importe quoi !

CARLA : Prof de lettres… Synonyme d’intello… de coincé… Et surtout de chiant. De très chiant.

PAULINE : Qu’est-ce que tu en sais ? Tu ne le connais pas.

CARLA : Tout le monde sait que les profs de lettres sont d’un ennui !

PAULINE : Oh le cliché !

CARLA : Tu ne te souviens plus de Martin ?

PAULINE : Le type bizarre ! Celui qui portait de grosses lunettes violettes.

CARLA : Pas si grosses que ça.

PAULINE : C’est surtout qu’il avait un petit nez, tout petit, petit, petit, petit.

CARLA : Pas tant que ça.

PAULINE : Je t’avoue que je ne serais jamais tombée amoureuse d’un type pareil. Mais les goûts et les couleurs…

CARLA : Je n’étais pas amoureuse.

PAULINE : Bien sûr que si sinon pourquoi tu serais restée trois mois avec lui… Ou même quatre, oui, c’est ça, quatre.

CARLA : Mais non ! (Hochement de tête de Pauline.) Avec toutes les citations d’auteurs connus et inconnus qu’il me balançait à longueur de journée, j’ai eu vite fait de le larguer.

PAULINE : Alexandre est différent.

CARLA : T’inquiète pas, le côté chiant vient vite.

PAULINE : C’est plus fort que toi. Tu ne peux pas te réjouir du bonheur des autres, même de celui de ta propre fille.

CARLA : Mais si, ma chérie, tu sais bien, je ne veux que le meilleur pour toi … (Elle se ressert un verre.) Tu es vraiment sûre qu’il est célibataire ?

PAULINE : Évidemment qu’il est célibataire. (Carla la regarde avec suspicion.) Il me l’a dit.

Carla ouvre sa « bible ».

CARLA : « Ne jamais croire un homme ». Là, tu vois, c’est écrit.

PAULINE : Arrête !

CARLA : Quand il va arriver celui-là, je vais te le décortiquer… Mais alors quelque chose de bien.

PAULINE : Non ! Quand il arrivera, tu monteras dans ta chambre.

CARLA : Et tu me diras : « Monte dans ta chambre ! »

PAULINE : Oui.

CARLA : Oui ?

PAULINE : Maman, c’est la première fois que j’ai autant de points communs avec un homme et…

CARLA :