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Aujourd'hui, c'est la fête des mères et elle a dressé une jolie table. Comme chaque année depuis vingt ans, en ce jour très spécial, elle espère la visite de son fils qu'elle n'a plus revu depuis tout ce temps. Elle sort sa boite à souvenirs et redessine sa vie en s'adressant aux photos de son fils, de son petit-fils qu'elle ne connaît pas et de son ex-mari. Tour à tour joyeuse ou triste, en colère ou pleine d'espoir, sans porter de jugement, elle ouvre son coeur, toujours dans l'attente d'un retour possible. Une pièce intense et riche en émotions à jouer par une comédienne de soixante ans minimum.
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Seitenzahl: 34
Veröffentlichungsjahr: 2022
À Guillaume À Merrick
- La mère (la soixantaine).
Voix off :
- Le fils.
- Bernard, le voisin.
- Maryse, la voisine (téléphone).
- Catherine, l’amie (téléphone).
- Le livreur de fleurs.
- Voix d’enfants.
Chanson (refrain uniquement) :
« Les roses blanches » (paroles de Charles Louis Pothier, musique de Léon Raiter.)
DÉCOR
- un salon lambda avec une fenêtre sur rue.
ACCESSOIRES
- Une table dressée + une desserte garnie.
- Vingt bougies.
- Un poste radio.
- Un miroir.
- Un carton avec des photos.
- Un cadre avec photo du petit-fils.
- Un téléphone.
- Des roses blanches.
- Une peluche à musique.
Sur scène :
Une table de fête dressée avec 3 couverts.
Une desserte garnie.
La mère entre habillée en robe de fête.
Elle se regarde dans la glace, sourit.
Elle semble heureuse.
Elle allume le poste : « Les roses blanches. » (Refrain.)
CHANSON
C’est aujourd’hui dimanche
Voici des roses blanches
Toi qui les aimes tant.
La mère sort.
Va quand je serai grand
J’achèterai au marchand
Toutes ses roses blanches
Elle entre avec un vase garni de roses blanches fanées.
Pour toi jolie maman.
Elle éteint la radio.
LA MÈRE
Mes fleurs préférées.
Les dernières que tu m’as offertes.
Elles peinent à tenir la tête haute mais elles sont
toujours là.
Aujourd’hui, c’est ici qu’elles doivent être.
Elle les pose au centre de la table.
Voilà ! Très bien.
Et puis aussi…
Elle s’approche du buffet.
Vingt bougies sont posées l’une à côté de l’autre, dix-neuf sont à moitié consumées.
Elle les compte lentement jusqu’à la dixième puis compte très vite les neuf suivantes, elle s’arrête sur la vingtième toute neuve.
Et de vingt !
Elle pose la bougie au milieu de la table.
Aujourd’hui, ça fait vingt ans… Vingt ans !
Vingt ans que j’allume ce jour-là une bougie.
Une bougie va brûler toute la journée…
Elle l’allume.
Changement de ton.
Allons, allons, aujourd’hui c’est jour de fête.
Et fête est synonyme de joie.
D’espoir aussi.
Et maintenant… Ma boîte à souvenirs.
Elle sort et revient avec.
Mon amie fidèle.
Elle fouille dedans, joyeuse.
Tous ces souvenirs que je ressuscite chaque
année en ce jour si spécial.
Elle sort des photos qu’elle commente.
Là, tu venais de naître.
Ta toute première photo.
Ton premier cri.
Mon premier mot d’amour murmuré à ton oreille.
Tu as reconnu ma voix, celle qui te parlait quand tu étais là… là.
Elle touche son ventre et remonte sa main sur son coeur.
Soupir.
Tu étais beau… Si petit… Si fragile.
J’ai senti ton coeur battre contre le mien.
Tu étais là, bien là.
Bébé d’amour.
« Mon » bébé d’amour.
Un temps de souvenir heureux.
Elle continue à sortir des photos.
Et là ! Tes premières carottes.
Là ! Tes premiers pas.
Tes premières bosses.
Tes premières écorchures.
Tes premiers chagrins.
Toutes ces premières fois…
Un petit silence. Elle se souvient.
Quand je repense à cette première fièvre qui n’arrêtait pas de monter…
J’ai cru que j’allais te perdre.
C’était aussi une première fois pour moi, la première fois que je tremblais pour quelqu’un et ce quelqu’un, c’était toi.
Elle sort une photo.
Là, ta rentrée en maternelle.
Notre première séparation.
Quand la cloche a sonné, tu as pleuré.
Je luttais pour cacher mes larmes mais je devais me montrer forte pour deux.
Alors, je t’ai raconté une histoire…
Une histoire pour t’apaiser et aussi pour m’apaiser.
C’était l’histoire d’un bébé kangourou qui refusait de quitter la poche qui le gardait bien au chaud. Il grandissait et devenait de plus en plus gros jusqu’au jour où il s’est retrouvé prisonnier à l’intérieur.
Madame kangourou l’a aidé à sortir, elle l’a enlacé de ses grands bras. À cet instant, il a compris qu’elle ne l’abandonnerait jamais.
« Comme moi, avais-je ajouté en te serrant dans mes bras, je ne t’abandonnerai jamais. »
Combien de fois, t’ai-je raconté cette histoire !
T’en souviens-tu ?
Est-ce que tu t’en souviens encore ?
Est-ce que tu l’as racontée à ton fils ?
Parce que, oui, tu as un fils, toi aussi.
Oui, oui, je le sais.
On me l’a dit.
Qui ? Je ne m’en souviens plus.
C’était il y a longtemps.
C’était l’année où j’ai emménagé ici.
Avec du regret.